Page précédente Table des matières Page suivante


L'utilisation des bois tropicaux pour la construction dans les pays de l'anase

F. Tesoro

Florentino Tesoro est directeur du Forest Products Research and Development Institute, National Science and Technology Authority, aux Philippines.

Les pays d'Asie du Sud-Est, face à l'expansion démographique et aux besoins croissants de logements, consacrent une part de plus en plus grande de leurs ressources forestières à satisfaire la demande intérieure. Parallèlement, l'amenuisement de ces ressources incite à rechercher de nouvelles sources de bois de construction et de nouveaux procédés pour les exploiter. L'auteur examine ici les utilisations présentes et futures du bois pour la construction dans certains pays de l'ANASE (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) et émet l'opinion que les besoins futurs seront couverts grâce à l'utilisation de sources non traditionnelles de matériaux ligneux et à l'adoption de nouvelles technologies.

· Bien que les matériaux de construction traditionnels tels que ciment, briques et tuiles abondent en Asie du Sud-Est et que la plupart des pays importent beaucoup de fer et d'acier pour le bâtiment, le bois reste le principal matériau utilisé, vu qu'il est disponible en quantités importantes dans la région. Il gardera sa place dans les années à venir, mais sous de nouvelles formes et avec de nouvelles provenances, à mesure qu'aux essences tropicales traditionnelles, dont les disponibilités diminuent, viendront s'ajouter des essences de reboisement et des essences indigènes moins connues grâce aux progrès techniques réalisés dans la transformation des bois.

Le tableau 1 indique les ressources forestières globales de la région. L'Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande ont à elles quatre une superficie boisée de 168,56 millions d'ha, soit 7,33 pour cent du total mondial et 14,11 pour cent des forêts tropicales du globe (CTFT, 1983). Il faut ajouter à ces forêts naturelles 3,169 millions d'ha de forêts artificielles.

Le tableau 2 présente les données les plus récentes sur la production de grumes dans les pays de l'ANASE, qui atteint actuellement au total 42,5 millions de m3, contre 58,5 millions de m3 en 1980 (soit environ 45 pour cent de la production mondiale de bois tropicaux). Cette diminution s'explique par le désir de conserver les forêts subsistantes, qui incite la plupart des pays à interdire les exportations de bois en grumes. On estime que la production de grumes se maintiendra pendant quelque temps à son niveau actuel, avec une forte probabilité de réduction ultérieure.

Tableau 1. Superficies de forêts naturelles et de plantations forestières dans les pays de l'ANASE

Pays

Superficies boisées
(milliers d'ha)

Pertes annuelles de superficies boisées
(milliers d'ha)

Plantation forestières
(milliers d ha)

Indonésie

122000

550

12000

Malaisie

20200

230

59,2

Philippines

10700

101

658,0

Thaïlande

15660

333

451,9

Total

168560

1214

3169,1

1Ile de Java seulement

Tableau 2. Données les plus récentes sur la production de grumes dans les pays de l'ANASE

Pays

Année

Volume(milliers de m3)

Indonésie

1982

3103,0

Malaisie

1983

33200,0

Philippines

1983

4430,0

Thaïlande

1983

1788,1

Total

42521,1

Tableau 3. Nombre d'usines et capacité de production de matériaux de construction dérivés du bois dans les pays de l'ANASE

Pays

Scieries1

Contra-plaqué

Panneaux du particulies

Panneaux de fibres

(nombre)

(milliers de m3)

(nombre)

(milliers de m3)

(nombre)

(milliers de m3 )

Indonésie

1736

95

5327

6

283

1

3

Malaisie2

904

44

690

2

4

-

-

Philippines

390

32

1500

1

10

1

54

Singapour

23

11

500

2

n d.



Thaïlande

498

8

100

3

30

3

70

1Nombre de scieries d'une capacité annuelle de plus de 500 m3 - 2Y compris Sara wak et Sabah

Sources: FAO 1980; CTFT. 1983: IWPA 1985

Tableau 4. Production de matériaux de construction dérivés du bois dans les pays de l'ANASE en 1981
(en milliers de m3)

Pays

Sciages

Contre-plaqué

Panneaux
de particules

Panneaux de fibres

Indonésie

5257

1553

n. d

1

Malaisie

6943

490

3

-

Philippines

1218

457

5

69

Singapour

n.d.

482

n. d.

-

Thaïlande

934

106

9

30

Sources: CTFT. 19&3 Wardle 1983.

Production et consommation de matériaux de construction dérivés du bois

Le tableau 3 indique le nombre d'usines de transformation des bois qui existent dans les pays de l'ANASE, et leur capacité installée. Les cinq pays possèdent au total 3551 scieries d'une capacité unitaire de plus de 500 m3 par an. La capacité des deux usines de panneaux de particules de Singapour n'est pas connue, mais la capacité totale des autres usines de la région est de 327000 m3. La capacité totale des usines de panneaux de fibres est de 127000 mètres cubes.

Le tableau 4 donne la production totale de sciages et panneaux dérivés du bois de ces mêmes pays en 1981. A noter que les chiffres de production de panneaux de particules de l'Indonésie et de Singapour, et de sciages de Singapour, n'étaient pas disponibles.

Les industries du bois de l'Asie du Sud-Est travaillent essentiellement pour l'exportation, bien qu'une partie de leur production aille aux marchés locaux pour répondre à la demande de bois de construction et autres. En 1983, l'Indonésie a utilisé sur place près de 4,1 millions de m3 de sciages, soit 77 pour cent de sa production, tandis que la Malaisie et les Philippines ont utilisé près de 55 pour cent de leur production de sciages, soit respectivement 3,4 millions et 0,66 million de m3. La production de sciages de la Thaïlande - 0,9 million de m3 - a dû être complétée par 0,4 million environ de m3 de bois importés pour répondre aux besoins intérieurs (CTFT, 1983). On n'a pas d'information sur l'Utilisation locale de la production de sciages de Singapour.

En ce qui concerne le contre-plaqué, la Malaisie a réduit ses exportations, qui sont passées de 78 à 75 pour cent en 1981, afin de satisfaire la demande de son industrie du bâtiment. De même, aux Philippines, la consommation locale de contre-plaqué a augmenté en 1980 par rapport à l'année précédente; elle a alors atteint 204 000 m3, mais elle a baissé de nouveau en 1981, et le marché local est resté peu actif au cours des années suivantes à cause de la récession économique (FAO/PNUD, 1983). De même, on note en Thaïlande une diminution générale de la consommation de contre-plaqué, due à un ralentissement de la construction en liaison, sans nul doute, avec la récession. Les autres panneaux dérivés du bois, tels que panneaux de particules et panneaux à liant de ciment (panneaux «fibragglo»), sont surtout destinés à la consommation locale, une très faible proportion étant exportée.

CONSTRUCTION D'UN CENTRE COMMUNAUTAIRE A SUMATRA des besoins croissants de on / A. MOYSE

Le bois conservera sa place comme matériau de construction, mais sous de nouvelles formes et avec de nouvelles provenances

Besoins de logements en Asie du Sud-Est

Les besoins les plus importants en matière de construction dans la région concernent les logements nécessaires à des populations en expansion. La population des pays de la région (Brunéi exclu) était estimée à prés de 270 millions d'habitants en 1982. La densité de population varie de 4 000 habitants/ km2 à Singapour à 45 habitants/km2 en Malaisie. Le taux moyen d'accroissement démographique est de 2,3 pour cent par an, avec un maximum de 3,0 pour cent en Malaisie et un minimum de 1,5 pour cent à Singapour. En raison de leurs populations nombreuses et du fort taux d'accroissement, les pays de l'ANASE ont du mal à faire face à leurs besoins de logements et d'autres infrastructures, l'Indonésie devra bâtir plus d'un million de logements par an durant les 20 prochaines années pour assurer des habitations décentes à sa population (Hidayat, 1984). De son côté, la Malaisie a dû construire au total, entre 1981 et 1985, 923 300 unités de logement, dont 284 400 pour combler le retard, 365 300 pour loger de nouvelles familles et 273600 pour remplacer des logements anciens devenus inutilisables (Sa, Salleh et Soon, 1984). En Thaïlande les besoins de logements pour la période 1982-1986 étaient estimés à 743 998 unités, soit une moyenne annuelle de 148 799 unités (Sinsuwong, 1984). Toutefois, l'Office national du logement n'avait prévu pour cette même période que 96 500 unités. Aux Philippines, on estimait en juin 1984 qu'il y avait un arriéré d'environ 1,2 million d'unités et une demande annuelle d'environ 200000 unités (Anon., 1983). Si la population atteint 70 millions d'habitants en l'an 2000, le nombre total de logements estimé nécessaire serait d'environ 10,5 millions d'unités (NEPC, 1977).

Evolution de l'utilisation du bois dans la construction

Les forêts de l'Asie du Sud-Est sont essentiellement des forêts denses tropicales. On trouve dans les différents pays des essences identiques ou comparables, mais le type et la nature des matières premières tirées de ces forêts changent actuellement. Autrefois, lorsque les ressources forestières étaient encore abondantes, on utilisait en général des arbres de grand diamètre, et l'exploitation se limitait à un petit nombre d'essences commerciales. Devant la diminution rapide de ces ressources, on utilise des arbres de plus petite dimension et une plus large gamme d'essences. En outre, on se soucie davantage de productivité et on cherche à utiliser plus complètement les arbres. Ces tendances ont entraîné une diversification des produits ligneux employés dans la construction.

Ce qui fait obstacle à l'utilisation des essences peu connues pour la construction et autres emplois analogues, c'est l'absence ou l'insuffisance d'information sur leurs propriétés.

TRAIN DE GRUMES AU KALIMANTAN (INDONESIE) la demanda d'essences secondaires s'intensifie / C. COSSALTER

Essences peu connues et bois de petit diamètre. Les forêts denses tropicales des pays producteurs de bois de l'Asie du Sud-Est se caractérisent toutes par la richesse de leur flore arborescente. Un nombre énorme d'espèces botaniques peuvent être considérées comme productrices de bois d'œuvre. En Indonésie, on estime ce nombre à quelque 4 000, tandis qu'on connaît 2 500 essences à bois d'œuvre en Malaisie péninsulaire et 3800 aux Philippines. On estime que les forêts thaïlandaises renferment un nombre comparable d'essences à bois d'œuvre. Cependant, seule une faible proportion de ces essences a acquis une importance commerciale. En Indonésie, 400 essences seulement sont utilisées pour des usages divers, dont 120 à peine sont connues sur les marchés intérieurs et internationaux (Martawijaya et Kartasujana, 1981). De même, seules 400 essences ont une valeur commerciale en Malaisie, et 200 environ aux Philippines. Le Département royal des forêts de Thaïlande enregistre la production en volume de 128 essences, ce qui pourrait signifier que ce sont ces essences qui sont commercialement importantes en Thaïlande 1983).

Le très faible pourcentage d'essences commercialement utilisées dans les forêts de l'Asie du Sud-Est indique qu'un grand nombre d'autres essences pourraient se prêter à un emploi dans la construction. Presque toutes ces essences restées jusqu'à présent inutilisées ont de faibles volumes, sont très disséminées et ont des diamètres relativement faibles, de sorte que leurs propriétés et leurs emplois n'ont pas été entièrement étudiés et classifiés. Cependant, à mesure que les disponibilités d'essences plus communes et recherchées diminuent, la demande de ces essences moins utilisées s'accroît, et un nombre croissant d'entre elles trouvent des emplois dans la construction, sous forme de sciages (traités, en cas de besoin, avec des produits améliorant leur durabilité) ou de contre-plaqué. En outre, ces essences peuvent servir à fabriquer d'autres matériaux de construction tels que panneaux de particules, panneaux de fibres ou panneaux à liant de ciment. Leur emploi dans la construction sous forme de panneaux de bois reconstitué de divers types permet de remédier à certains de leurs défauts.

L'emploi et la promotion des essences peu connues ont fait l'objet de plusieurs colloques et sessions d'études (CESAP, 1982; PCARRD, 1983). Des directives en vue d'une meilleure utilisation et d'une meilleure commercialisation des bois tropicaux, notamment des essences peu connues ont été publiées (FAO, 1980a), et on utilise dans ce document des critères fondés sur les propriétés fondamentales des bois, telles que module de rupture, durabilité, aptitude au traitement, densité, facilité d'usinage, retrait, séchage, finition, etc., en vue de déterminer leurs emplois potentiels. En Malaisie, dans une série de rapports (Lim, 1982, 1983; Wong, 1977), on a identifié les emplois potentiels d'essences peu utilisées pour la construction, ainsi que les essences pouvant se substituer aux bois déjà connus et appréciés pour divers éléments du bâtiment.

Essences de reboisement L'agriculture itinérante sur brûlis et l'exploitation des bois ont fait diminuer rapidement la superficie des forêts naturelles en Asie du Sud-Est. Aussi les services forestiers de la région ont-ils pris diverses mesures pour reboiser les forêts exploitées et dégradées et les terres dénudées. La demande de bois de feu et de bois de pâte a également incité à mettre en place des plantations pour répondre à ces besoins. Le tableau 1 indique les pertes moyennes annuelles de surfaces boisées et les superficies reboisées.

Les principales essences de plantation sont des essences à croissance rapide: Eucalyptus spp., Albizia spp., Acacia spp., Leucaena leucocephala, Casuarina spp., Gmelina arborea, etc. On plante également des acajous (Swietenia spp.) et du teck (Tectona grandis).

Bien que ces essences soient destinées avant tout à fournir du bois de feu ou du bois à pâte, ou simplement à constituer une couverture végétale pour protéger le sol forestier de l'érosion, certaines d'entre elles sont utilisées dans la construction. Ainsi, Albizia spp. a été planté dans le sud des Philippines dans le but précis d'approvisionner en matière première une usine de pâte et papier; or on a utilisé également le bois d'Albizia pour la production de placages et de contre-plaqué, ainsi que pour des éléments de construction ne portant pas de charge. Leucaena leucocephala est essentiellement destiné à fournir du bois de feu, mais on l'utilise maintenant aussi comme bois d'œuvre et pour la fabrication de panneaux de particules.

A mesure que la demande de matériaux de construction continuera d'augmenter et que les ressources en bois des forêts naturelles diminueront, on fera de plus en plus appel aux essences de reboisement pour satisfaire cette demande. Ce qui fait obstacle à l'utilisation des essences peu connues pour la construction et autres emplois analogues, c'est l'absence ou l'insuffisance d'information sur leurs propriétés. Mais à mesure que leurs caractéristiques technologiques seront mieux connues, elles seront employées en nombre croissant dans la construction. Il deviendra indispensable de connaître leurs propriétés mécaniques ainsi que leurs caractéristiques de conversion telles que sciage, séchage, aptitude au traitement, usinage et finition.

L'hévéa est un arbre de plantation qui est également devenu une source potentielle de matériaux de construction. La superficie des plantations d'hévéas en Asie du Sud-Est est estimée à quelque 2,2 millions d'ha. La Malaisie vient en tête avec 1,72 million d'ha, suivie de l'Indonésie avec 427 000 ha de plantations domaniales, puis des Philippines avec 53 000 ha. Une forte proportion de ces plantations est âgée de plus de 30 ans, et les vieux hévéas improductifs doivent être remplacés. On estime qu'en Malaisie seulement le volume de bois d'hévéa provenant des plantations de remplacement atteint près de 9 millions de m3 par an, tandis qu'en Indonésie les plantations de remplacement portent sur près de 5 000 ha par an et fournissent chaque année un volume de bois estimé entre 720 000 m3 et 1,095 million de mètres cubes.

C'est en Malaisie qu'on a le plus étudié les propriétés et les emplois du bois d'hèvéa. Les études montrent que ce bois est facile à scier et à usiner mais qu'il est sujet à l'arcure et aux fentes en bout (Seng et Ten, 1983). Il est également sensible aux attaques d'insectes et de champignons, et a tendance à présenter des taches colorées lorsqu'il est débité. Toutefois, il se traite facilement même par des procédés à la pression atmosphérique (Hong et al., 1983). D'autres études ont montré que le bois d'hévéa peut être utilisé pour les âmes de panneaux lattés, les sciages, les meubles, les panneaux de particules, les lamellés-collés, et les planchers et parquets (Hing et Choh, 1983).

Panneaux à liant de ciment. Le bois sous diverses formes et dimensions, par exemple copeaux, particules ou laine de bois, est aggloméré avec un liant de ciment pour produire des panneaux à utiliser dans la construction. Les recherches sur ce type de panneau ont commencé il y a plus de 20 ans en Europe, mais c'est seulement maintenant qu'on s'y intéresse sérieusement dans les pays de l'ANASE. En fait, la Malaisie, l'Indonésie et la Thaïlande se sont déjà lancées dans la production commerciale de ce matériau. La Malaisie produit des panneaux de laine de bois et ciment et des panneaux de particules à liant de ciment. Les panneaux à liant de ciment peuvent être utilisés pour les murs extérieurs; ils ont de bonnes propriétés d'isolation thermique et acoustique, et résistent bien aux attaques d'insectes et de champignons. Ils offrent de grandes possibilités pour la construction de logements à bon marché, car leur coût est concurrentiel par rapport à celui d'autres matériaux (Anon., 1984). Ils sont légers, leur densité n'étant que de 600 kg/m3. Leur conductibilité thermique est inférieure à celle des panneaux de particules à liant de résine et comparable à celle des panneaux isolants de fibres.

Lamellé-collé. L'utilisation de bois lamellé-collé comme élément de charpente est peu répandue en Asie du Sud-Est et se limite surtout aux poutres et arcs cintrés. Aux environs de 1960, une entreprise de construction privée produisait aux Philippines des poutres lamellées, mais ce matériau n'a guère eu de succès. Depuis peu, cependant, on s'intéresse de nouveau aux éléments de charpente en bois lamellé, et en Malaisie ce matériau est reconnu comme domaine de recherche prioritaire.

Etant donné que l'on emploie de plus en plus comme sources de bois de construction des grumes de plus petit diamètre et de qualité inférieure, provenant de plantations plutôt que de forêts naturelles, le procédé du bois lamellé permet de convertir ces bois en éléments de construction de haute qualité. Il y a une dizaine d'années ou plus, le coût du bois lamellé était prohibitif, de sorte que ce matériau était peu apprécié, mais avec la hausse du prix des bois traditionnels il devient plus concurrentiel.

Une variante du bois lamellé est le bois de placages lamellés, fait de placages collés ensemble tous dans le sens du fil. On l'a utilisé au Japon dans les années 60 pour la fabrication de meubles et de pianos (Sasaki, 1981). Il permet d'utiliser des grumes de qualité inférieure et des bois d'éclaircie. Ces types de bois présentent de gros noeuds, mais la résistance reste bonne s'il y a un nombre suffisant de plis et si les noeuds sont répartis au hasard (Sasaki, 1981).

La production de placages lamellés peut servir de complément à la fabrication de contre-plaqué. Déjà au moins deux usines de contre-plaqué produisent aux Philippines des placages lamellés, classés comme mono-pli mais exportés au Japon. Il faudrait de nouvelles études sur diverses essences de faible diamètre et essences de reboisement pour mettre au point les techniques de fabrication. En outre, il conviendrait d'étudier l'influence des joints bout à bout, des fentes de déroulage, du collage et de l'épaisseur des placages sur les propriétés mécaniques. D'autre part, les coûts de production doivent être réduits de manière à avoir un produit concurrentiel plus largement utilisable.

Le bois de palmier dans la construction. Le bois de palmier fait maintenant partie des nouveaux matériaux de construction. Jusqu'à présent, le bois de cocotier (Cocos nucifera) est le mieux étudié et le plus utilisé. Bien que ce ne soit pas un bois véritable comme celui des troncs de dicotylédones arborescentes, son abondance en Asie, en Afrique et en Amérique latine en fait un matériau de construction très intéressant.

Le cocotier est cultivé en plantations en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines et en Thaïlande Il devient improductif au bout de 50 ans et doit alors être remplacé. Aux Philippines, on estime la superficie totale des cocoteraies à 3,16 millions d'ha, renfermant 411 millions d'arbres dont 84 millions arrivés à maturité. L'Inde, l'Indonésie, la Malaisie, Sri Lanka et la Thaïlande possèdent ensemble 96,6 millions de cocotiers âgés (Mosteiro, 1985). A raison de 0,28 m3 de bois par arbre, le volume total de bois de cocotier disponible en Asie (Philippines comprises) serait d'environ 50,6 millions de m3 et pourrait compléter les réserves de bois de construction classiques.

L'importance du bois de cocotier en Asie et en Océanie a été soulignée lors des sessions d'étude qui se sont tenues dans le Royaume des Tonga en 1976 (Anon., 1976) et aux Philippines en 1979. Depuis lors, la FAO et l'ONUDI ont organisé plusieurs programmes de formation sur les propriétés et l'utilisation du bois de cocotier dans divers pays d'Asie. Enfin, des monographies sur la transformation et l'utilisation du bois de cocotier sont parues (FAO, 1985).

Les troncs de cocotier sont utilisés pour divers emplois tels que poteaux de transmission, ponts et piliers. Cependant, ils ont une très faible durabilité et s'altèrent en trois ans lorsqu'ils sont en contact avec le sol. Pour les utiliser à l'extérieur et au contact du sol, il est donc indispensable de les soumettre à un traitement de protection.

Aux Philippines, on trouve maintenant dans le commerce du bois de cocotier en sciages. Ces derniers sont environ 40 pour cent moins chers que les sciages classiques. Avec une meilleure connaissance des propriétés du bois de cocotier et des techniques de traitement et d'application, l'utilisation de ce bois dans la construction est appelée à se développer de manière appréciable.

Le palmier à huile a lui aussi été largement planté en Asie du Sud-Est, notamment en Malaisie où les plantations sont estimées à environ 1 million d'ha (les Philippines n'en ont qu'une superficie très limitée). En Malaisie, on étudie les propriétés fondamentales et technologiques du bois de palmier à huile, en prévision de son utilisation future.

Conclusions

Le bois restera un matériau de construction d'importance majeure dans les pays de l'Asie du Sud-Est au cours des prochaines décennies. Il sera utilisé en grande partie sous forme de sciages et de contre plaqué, mais les panneaux de bois reconstitué tels que panneaux de fibres, panneaux de particules et panneaux à liant de ciment seront de plus en plus employés. Les disponibilités de plus en plus faibles de bois provenant de forêts naturelles seront complétées par les produits des plantations, et un nombre croissant d'essences secondaires ou peu connues seront adoptées comme matériaux de construction.

L'avenir verra également se développer l'emploi de matériaux non traditionnels. L'hévéa s'annonce comme une importante source de bois non seulement pour les meubles, mais encore pour la construction. Les troncs de palmiers, notamment de cocotiers, fourniront aussi une large part des matériaux de construction d'habitations dans la région, en particulier pour les logements à bon marché. Enfin, les bois lamellés, de l'importance à mesure que les disponibilités de bois de grand diamètre continueront de s'amenuiser.

L'utilisation accrue de ces matériaux non traditionnels sera conditionnée dans une large mesure par la mise au point de technologies propres à en améliorer le rendement et la rentabilité. De même, de nouvelles technologies, telles que la production d'adhésifs de haute qualité et de matières de finition à partir de matières premières disponibles dans la région, amélioreront la qualité des matériaux de construction à base de bois.

Références

ANON. 1976 Coconut Stem Utilization Seminar. 25-29 Oct./976. Parrainé par le Gouvernement de Nouvelle-Zélande. Tonga.

ANON. 1983 Building for man: the National Shelter Programme in the Philippines. Reader's Digest (juin).

ANON. 1984 Trend of building material in Malaysia 1970-2000 Min. Housing and Local Govts. Malaisie.

CESAP. 1982 Technical properties and possible end-uses of lesser-known species of tropical timbers. Rapport sur l'utilisation des espèces peu connues de bois tropicaux (Asie du Sud-Est). Los Baños Laguna Philippines.

CTFT. 1983 Regional study for the commercialization of the timber resources in ASEAN countries. France. Centre technique forestier tropical.

FAO. 1980a Guidelines for the improved utilization and marketing of tropical wood species.

FAO. 1980b Production capacities: plywood, particle board and fibreboard. 1980. Rome.

FAO. Coconut wood processing 1985 and use. Etude FAO: Forêts n° 57. Rome.

FAO/PNUD. 1983 Proc. Technical Consultation on Wood-based Panels. 13- 17 janvier 1983. New Delhi.

HIDAYAT, B.Y. 1984 The prospect of agro-residues for building materials in Indonesia. Document présenté au Séminaire et atelier sur l'utilisation des résidus agricoles comme matériaux de construction à bon marché. Juillet 1984. Manille.

HING. L.W. & CHOH, S.H. 1983 Rubberwood - present and potential utilization. Proc. Rubberwood Utilization Seminar p. 49-54. 15 juin 1983. Malaisie.

HONG L.T., SAJAN, M.A. COH. T A. & SINGH. K.D. 1983 Preservation and protection of rubberwood against biodeteriorating organisms for more efficient utilization. Proc. Rubbenwood Utilisation Seminar p. 20-36. 15 juin 1983. Malaisie.

IWPA. 1985 Indonesian Wood Panel Association. Jakarta.

LIM. S.C. 1982 End-uses of Malaysian timbers. II. Wall panels and partitions. The Malaysian Forester, 45 (2): 263 269.

LIM, S.C. 1983 End-uses of Malaysian timbers. IV. Flooring. The Malaysian Forester 46 (2): 278-285.

MARTAWIJAYA, A. & KARTASUJANA, I. 1981 The potential use of Indonesian timbers. Indian Agric. Res. Dev. J.. 3 (4): 108-116.

MOSTEIRO, A. 1985 The need for industrial utilization of coconut wood. Los Baños. Laguna, Philippines. (Inédit)

NATIONS UNIES. 1981 Yearbook of International Trade Statistics.

NEPC. 1977 National Environmental Protection Council. Philippine Environmental Quality Report, p. 153. Manille.

PCARRD. Proc. 1983 Symp. on the Production of Lesser-used Species and Small-Diameter-Sized Timber. Philippine Council for Agriculture and Resources Research and Development. Los Baños Laguna, Philippines.

PCARRD. 1985 The Philippines Recommends for Coconut Timber Utilization. PCARRD Technical Bulletin Series 60. Los Baños Laguna, Philippines

THAÏLANDE. 1983 Forestry statistics of Thailand. Département royal des forêts.

SA. S.K.. SALLEH, R. & SOON, C.K. 1984 State of the art in housing in Malaysia. Document présenté au Séminaire et atelier sur l'utilisation des résidus agricoles comme matériaux de construction à bon marché. Juillet 1984. Manille.

SASAKI. H. 1981 Recent Developments in Laminated Wood Products in Japan. Proc. XVII IUFRO World Congress. Div. 3 Forest Products p. 146- 156.

SENG, H.K. & TEN, C.K. 1983 Processing of rubberwood. Proc. Rubberwood Utilization Seminar p. 11-19. 15 juin 1983. Malaisie.

SINSUWONG, C. 1984 State of the art in housing in Thailand. Document présenté au Séminaire et atelier sur l'utilisation des résidus agricoles comme matériaux de construction à bon marché. Juillet 1984. Manille.

SWEE, H.P. 1984 Low Cost Housing in Malaysia. Régional Meeting on Strengthening Engineering Capabilities for Low Cost Mass Housing p. 158-166. 29 oct.-2 nov. 1984. Jakarta/Bandong, Indonésie, CESAP.

WARDLE, P. 1983 Trends in production and trade of wood-based panels. Proc. FAO/UNDP Technical Consultation on Wood-based Panels, p. 309-318. 13- 17 janvier 1983.

WONG. T.M. 1977 Prospects for Timber in Housing. The Malaysian Forester. 40 (2): 101-108.


Page précédente Début de page Page suivante