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Le bambou en Chine: Perspectives nouvelles pour une ressource ancienne

Wenyue Hsiung

Wenyue Hsiung est professeur à l'Université forestière de Nanjing (Chine).

Pendant des siècles, le peuple chinois a employé le bambou pour une multiplicité incroyable d'usages. Mais on attend encore davantage de ce matériau à l'avenir, car forestiers et chercheurs chinois, de concert avec les bambusiculteurs et les utilisateurs, travaillent à améliorer les rendements et à mettre au point de nouvelles technologies pour son utilisation industrielle.

· Dans la culture chinoise, le bambou symbolise la douceur, la modestie et la sérénité. Il a, en effet, joué un rôle capital dans le développement de la culture et de la civilisation chinoise, et même de nos jours il conserve son importance dans l'économie Rurale et industrielle du pays.

De fait, bien que l'usage du bambou en Chine remonte à prés de 5 000 ans, l'accroissement actuel de la demande et le progrès des techniques de transformation font présager une croissance rapide de l'industrie fondée sur ce matériau. La recherche contribuera grandement à cette expansion.

La Chine est riche en bambous. Sur les 1 200 et quelques espèces et variétés de bambous, appartenant à environ 70 genres botaniques, qui sont connues dans le monde, elle en possède plus de 400, appartenant à 34 genres. Les ressources totales de bambusaies de la Chine, non comprises celles qui sont sous forme de sous-bois de faible hauteur ou de fourrés alpins, couvrent environ 3,4 millions d'ha, soit près de 3 pour cent de la superficie boisée totale du pays et un quart de la superficie mondiale de bambusaies.

BAMBOUS POUR LA CONSTRUCTION AU BANGLADESH (ci-dessus) ressource précieuse dans de nombreux pays / FAO

VANNERIE TRADITIONNELLE EN BAMBOU (à gauche) an usage depuis des siècles / DE SABATINO

Les bambous sont étroitement associés à la civilisation chinoise. On trouve trace de leur emploi dès le néolithique, comme le montrent les nattes et vanneries en bambou découvertes dans les ruines de Hemodu et Shishan dans la province du Zhejiang, qui remontent à 4 800-5 300 ans. Des objets de bambou figuraient dans les plus anciens caractères chinois connus, gravés sur des os et des écailles de tortue, qui ont été trouvés dans les ruines de la dynastie Yin (1600 1100 av. J.C.) à Anyang, dans la province du Henan. Sous la dynastie Zhou (1100300 av. J.-C.), on utilisait des petites tiges de bambou comme cannes à pêche; les événements historiques étaient consignés sur les grosses tiges fendues en bandes; on faisait des instruments de musique en bambou; et les pousses de bambou accompagnaient les plats de viande et de poisson. Sous la dynastie Jin (313-420), plus de 200 outils agricoles et objets d'usage courant étaient fabriqués en bambou. Il y a environ 1100 ans, les jeunes tiges de bambou étaient utilisées pour faire de la pâte à papier. Le papier de bambou amélioré était considéré en Chine comme le meilleur pour la peinture et l'écriture. Autrefois, les arcs et les flèches de bambou étaient des armes de guerre redoutables, et les premiers canons et projectiles ont été faits de tiges de bambou lorsque la poudre a été inventée en Chine.

Aire de répartition des bambous

Les bambous sont largement répartis en Chine, de l'île de Hainan au sud jusqu'à Beijing au nord, et de Langxiaan au Tibet jusqu'à l'est de Taiwan, couvrant ainsi fou tes les régions tropicale et subtropicale et une partie de la région tempérée. Ils poussent du niveau de la mer à 3 800 m d'altitude au Tibet et dans le Sichuan. Toutefois la plupart des bambous sont ther-mophiles et cantonnés surtout dans les bassins de rivières et les collines à sols fertiles et à climat humide des régions tropicale et subtropicale. Ecologiquement, les bambous à rhizomes minces se trouvent surtout dans les vallées du Huang He (fleuve Jaune) et du Chang Jiang (fleuve Yangtze), et ceux à rhizomes épais dans le sud de la Chine. Entre les deux, il existe une zone de transition avec les deux types de rhizomes.

Chercheurs et forestiers sont invités étudier les problèmes des bambous, avec l'appui financier du gouvernement.

Dans la culture chinoise, le bambou symbolise la douceur, la modestie et la sérénité.

Depuis 1950, la superficie des bambusaies chinoises s'est accrue rapidement (voir tableau 1). En particulier, celle de Phyllostachys pubescens, l'espèce commerciale la plus importante, a progressé de 82 pour cent; elle atteint maintenant 2,42 millions d'ha, soit 71,2 pour cent de la superficie totale de bambusaies de Chine.

Production et aménagement

Le tonnage sur pied total de bambous en Chine est estimé à 71,22 millions de tonnes, et la production annuelle à environ 7 millions de tonnes, soit approximativement 2 tonnes/ha, la part de Phyllostachys pubescens étant respectivement de 56,55 et 5 millions de tonnes. Les autres espèces importantes de bambous sont P. bambusoides, P. glauca, P. nidularia, P. viridis, P. propinqua, P. aurez, P. makinoi, P. nuda, P. aureosulcata, P. nigra var. henonis, P. flexuosa, P. congesta, P. praecox, P. vivax, Arundinaria amabilis, Pleioblastus amarus, Bambusa textilis, B. pervariabilis, B. rigida, B. oldhami, Dendrocalamus latiflorus, Sinocalamus affinis et Lingnania chungii Elles sont soit en peuplements naturels, soit plantées à plus petite échelle dans les zones qui leur conviennent et exploitées pour les tiges ou pour les pousses comestibles, ou pour les deux.

De nombreux bambous sont cultivés dans les villages pour les besoins locaux, en plantations qui vont de quelques touffes à un hectare ou plus. L'aménagement des bambusaies est pratiqué depuis fort longtemps, et les paysans chinois ont acquis une grande expérience de la sylviculture des bambous. On estime que ces plantations villageoises produisent 2 millions de tonnes supplémentaires de bambous chaque année.

Depuis quelques dizaines d'années, le gouvernement encourage les paysans à pratiquer l'exploitation intensive des bambusaies, avec coupes réglées, désherbage, travail du sol, fertilisation et élimination des parasites. On a noté des rendements annuels atteignant de 10 à 15 tonnes/ha à Shimen, Shuangyi et Moganshan (Zhejiang), à Taoyuan (Hunan), à Chishui (Guizhou) et à Changning (Sichuan) pour Phyllostachys pubescens, à Loning (Henan) pour P. glauca, à Bo'ai (Henan) pour P. bambusoides, à Huaiji (Guangdong) pour Arundinaria amabilis et à Guangning (Guangdong) pour Bambusa textilis et Lingnania changii. De même, la production de pousses de P. pubescens, P. praecox, P. vivax, Dendrocalamus la tiflorus et Bambusa beecheyana atteint de 20 à 30 tonnes par hectare et par an dans les provinces de Zhejiang, Fujian et Guangdong. Environ 10 pour cent des bambusaies sont à l'heure actuelle soumises à un aménagement intensif.

Utilisation

Les Chinois utilisent largement les bambous en raison de leurs multiples avantages: facilité de propagation, régénération vigoureuse, croissance rapide, forte production, maturité précoce, courte révolution, forme gracieuse. Les qualités des tiges - rectitude, légèreté, résistance, forte teneur en fibres et facilité d'usinage - en font un matériau idéal pour un grand nombre d'usages.

Ainsi, les bambous sont utilisés traditionnellement pour tous les éléments de construction des maisons, à l'exception des cheminées. On voit encore couramment des constructions en bambou dans les zones rurales, en particulier dans les provinces méridionales. Poutres, charpentes, planchers, murs, cloisons, plafonds, portes et fenêtres peuvent être faits en bambou entier ou refendu. Avec de longs bambous ligaturés ensemble on fabrique des échafaudages pour les grands immeubles, et les nattes de bambou servent de protection pendant la construction.

Evolution des ressources de bambous en Chine

Annèe

Total

Phyllostachys pubescens

Superficie
(10000 ha)

Tonnage sur pied
(10000 t)

Superficie
(10000 ha)

Tonnage sur pied
(10000 t)

1950

200,00

n.d.

133,33

n.d.

1957

216,00

4563,30

149,44

3563,30

1965

230,55

5501,12

161,29

4382,22

1975

270,47

6369,31

199,62

5314,11

1980

338,82

7122,34

242,25

5655,10

Les bambous sont aussi couramment utilisés pour de nombreux autres travaux de construction. On construit des ponts faits d'un assemblage de grands bambous pour traverser les petits cours d'eau ou encore des ponts suspendus dont les câbles sont constitués de lanières torsadées de bambou refendu. Les radeaux de bambou restent un important moyen de transport dans les régions à cours d'eau peu profonds. On utilise aussi les bambous ronds, selon leur taille et leur qualité, pour fabriquer des échelles, des meubles, des instruments de musique, des articles de sport, des javelots, des arcs et des flèches, des cannes à pêche, des manches d'outils, des armatures de filets de pêche, des perches pour bateaux, etc.

De nombreux outils agricoles sont fabriqués en bambou: roues élévatoires pour l'irrigation, tuyaux pour l'eau, manches de houes, rateaux à main, grilles d'aération, tamis, cribles, châssis, vans, fléaux, perches de portage, récipients pour le grain, greniers et échalas pour vignes, haricots, courges, bananiers et cultures aquatiques.

Un grand nombre d'objets décoratifs ou d'usage courant pour la maison sont faits en bambou entier ou refendu, pots à fleurs, meubles, pieds de lampe, abat-jour, stores, rideaux peints, éventails, balais, brosses, baguettes à riz, corbeilles à fruits, nattes, étagères, manches de parapluie, séchoirs à linge, paniers, sacs à main, etc. Dans le sud du Yunnan, les villageois utilisent les plus grosses tiges de Dendrocalamus sinicus pour faire des seaux à eau.

Mais en dehors de ces utilisations traditionnelles, les bambous constituent une importante matière pour les industries modernes. On utilise du bambou refendu à la place de l'acier pour armer le béton dans certaines constructions. La fabrication de papier à partir du bambou est très ancienne et encore courante dans les campagnes chinoises. Il faut généralement quatre tonnes de tiges fraîches de bambou pour produire une tonne de pâte non blanchie. Les papeteries modernes n'utilisent guère le bambou comme matière première à cause des impuretés qu'il contient et du coût de la cuisson. Cependant, en raison de la demande croissante de papier, plusieurs usines modernes de fabrication de papier de bambou seront installées dans les années à venir.

Durant la seconde guerre mondiale, on a fabriqué en Chine du contre-plaqué de bambou pour l'industrie aéronautique. Avec les progrès de la technologie, on produit maintenant divers types de panneaux à partir du bambou. On confectionne des nattes en entrelaçant des lanières de bambou. Des placages déroulés sont obtenus à partir de gros bambous de 3 à 4 m de long prétraités à l'eau bouillante. On produit aussi des lames de bambou en ouvrant et déployant les grosses tiges après traitement à l'eau chaude, et on peut ensuite facilement les préparer et les coller ensemble en panneaux ayant les dimensions, le nombre de couches et l'épaisseur voulus, comme on fabrique du contre-plaqué de bois. Le contre-plaqué de bambou peut être utilisé pour les meubles, parquets, murs, portes, plafonds, caisses, coffrages à béton et pales d'éoliennes, et pour la décoration. On peut également fabriquer des panneaux de particules à partir de copeaux de bambou. En collant et moulant de fines lanières de bambou avec de la sciure, on confectionne des plateaux, des plats, des récipients et des fuseaux. Les produits utilitaires et objets décoratifs fabriqués à partir du bambou sont parmi les articles les plus demandés, tant pour l'exportation que pour la consommation intérieure.

Usages multiples des bambous

Les pousses de bambou sont considérées comme un légume nourrissant. Elles proviennent soit de plantations intensives soit de peuplements naturels et sont vendues à l'état frais, séchées, au vinaigre ou en boîtes conserve, surtout pour la consommation intérieure.

Les rhizomes de bambous monopodes servent à faire des cannes, des pipes, des fouets et des objets décoratifs. Les longs entre-nœuds des rhizomes de Pseudostachyum polymorphum, qui sont dotés d'une grande élasticité et d'une grande durabilité dans l'eau, sont utilisés traditionnellement pour fabriquer des armatures de filets de pêche. Les souches de bambou conviennent bien pour la sculpture artistique et servent aussi à faire du charbon activé. Les racines de bambous, débarrassées de leur écorce dure, servent à confectionner des cordons et des brosses.

Les longues branches de Phyllostachys pubescens et les petits bambous sont couramment utilisés pour faire des liens de balais, des fouets et des clôtures. Les feuilles de bambou sont un bon fourrage pour le bétail. Les plus grandes peuvent être utilisées comme chaume de toiture, pour faire des chapeaux ou pour envelopper les aliments. Les jeunes tiges et les feuilles de Sinarundinaria sont la principale source de nourriture des grands pandas dans les montagnes de l'ouest de la Chine où ils vivent à l'état naturel. Les gaines des feuilles de bambous géants, qui sont très grandes, souples et résistantes, servent à faire des emballages, des chapeaux, des sandales tressées rustiques, des cordages grossiers, du matériau de remplissage et de la pâte à papier. Le jus recueilli à l'extrémité d'un tronçon de tige de Phyllostachys en chauffant à l'autre bout est un remède efficace contre la fièvre. Le tabashir, concrétion siliceuse qui se forme à l'intérieur de la tige de certaines espèces de bambous, est couramment utilisé comme tonique rafraîchissant, aphrodisiaque et pour d'autres usages médicinaux.

De même que les pruniers, les orchidées et les chrysanthèmes, les bambous sont un élément important de nombreux jardins. Leurs tiges colorées avec leurs noeuds caractéristiques et leur gracieux feuillage mettent toujours une note de beauté dans les parcs, les lieux de promenade, les sites historiques et les villages du sud de la Chine. Parmi les espèces couramment utilisées dans un but ornemental, citons le bambou écaillede-tortue (Phyllostachys pubescens var. heterocycla), le bambou galon chinois (P. aurez), le bambou doré (P. viridis f. youngii), le bambou jade-et-or (P. aureosulcata f. spectabilis), le bambou pourpre (P. nigra), le bambou pleureur (P. bambusoides f. tanakae), le bambou ventre-de-Bouddha (Bambusa ventricosa), le bambou boulier (Qiongzhuea tumidinada), le bambou carré (Chimonobambusa quadrangularis), etc. Les petits bambous comme Bambusa multiplex var. nana sont utilisés en haies vives.

Les bambous sont des végétaux précieux pour créer des brise-vent et assurer la conservation des sols, en raison de leur feuillage persistant et de leur système racinaire étendu. On les plante couramment le long des berges des cours d'eau, sur les rives des lacs et sur les pentes pour prévenir l'érosion. Dans les zones rurales, les paysans ont toujours des bouquets de bambous près de leurs fermes.

Recherche

Dans le passé, les bambous étaient considérés comme une ressource inépuisable en raison de leur propagation végétative et de leur régénération vigoureuses. Cependant, une exploitation incontrôlée a pour conséquence une baisse de rendement et de qualité Comme on prévoit que l'importance des bambous pour le développement rural et industriel s'accroîtra, on a prêté attention depuis quelques dizaines d'années à leur production et à leur utilisation. Chercheurs et forestiers sont invités à étudier les problèmes des bambous, avec l'appui financier du gouvernement.

ENTRAINEN D'UNE PLANTATlON DE BAMBOUS DANS LA PROVINCE DU HUBEI les superficies de bambusaies progressent rapidement en Chine / F. BOTTS

Biologie des bambous

Il règne une grande confusion dans la taxinomie des bambous en Chine et dans le reste du monde. Les botanistes et forestiers chinois ont fait un gros effort pour prospecter, récolter, identifier et classer les bambous poussant en Chine et sont parvenus à éclaircir la situation. De nombreuses espèces nouvelles ont été découvertes et décrites, et plusieurs genres nouveaux ont été créés. Un ouvrage sur les bambous en Chine est en préparation. Entre temps, un certain nombre de jardins de bambous ont été mis en place à Hangzhou, Nanjing, Guangzhou, Nanning, Chengdu et Anji. Ils servent de réserves de gènes pour poursuivre les études de génétique, sélection et taxinomie.

Des prospections, observations et expérimentations sont menées en ce qui concerne le mode de croissance, les caractéristiques morphologiques, les mécanismes physiologiques, les caractères anatomiques, le comportement écologique et la structure génétique de certains bambous importants tels que Phyllostachys pubescens, P. glauca, P. vivax, Arondinaria amabilis, Sinocalamus affinis, etc. Depuis les années 70, l'Université forestière de Nanjing et autres institutions effectuent des recherches sur la teneur en éléments nutritifs, les caractéristiques anatomiques, le méristème intercalaire, la structure de la tige et le pouvoir calorifique des principaux bambous. Un certain nombre de placettes ont été créées dans les zones de bambusaies, en vue d'observations phénologiques et d'expérimentations sur les flux de matière et d'énergie dans les écosystèmes de bambous en relation avec leur structure écologique et le traitement sylvicole appliqué.

Le mode de floraison de Phyllostachys pubescens, Bambusa textilis, B. pervariabilis, B. sinospinosa, Dendrocalamus latiflorus et D. minor a été systématiquement observé et enregistré, afin de faciliter les travaux d'amélioration génétique de l'Institut forestier du Guangdong. Plusieurs hybrides intéressants ont été créés: Bambusa pervariabilis x Dendrocalamus latiflorus (B. textilis) 1, B. textilis x D. latiflorus 4, B. pervariabilis x D. latiflorus 25 et D. minor x D. latiflorus 5. Ils sont tous supérieurs à leurs parents en ce qui concerne la rectitude des tiges, la vigueur de croissance, la résistance mécanique et la saveur des pousses. Le nombre chromosomique de leurs cellules somatiques a été observé et vérifié. Outre les nombres chromosomiques de 72 et 48 que l'on trouve couramment dans de nombreuses espèces de bambous, le nombre de 64 existe également chez Bambusa textilis et B. pervariabilis.

Sylviculture des bambous

Au début des années 50, les instituts forestiers du Guangdong et du Guangxi ont conduit des recherches systématiques sur la propagation végétative de Bambusa textilis, B. pervariabilis et Lignania chungii, qui sont d'importants bambous commerciaux de Chine méridionale. On a sélectionné des noeuds de tige et de grandes branches avec des bourgeons dormants pour faire des boutures qui ont produit un grand nombre de jeunes plants. Ces travaux ont beaucoup contribué au développement de la bambusiculture dans ces deux provinces.

Les recherches les plus importantes, menées par l'Université forestière de Nanjing, l'Académie forestière de Chine et autres institutions, portent sur la production de tiges de Phyllostachys pubescens. Les principaux thèmes de recherche sont la densité des peuplements, la protection, le désherbage, le travail du sol, la fertilisation et la lutte contre les ennemis des bambous. Les résultats obtenus, s'ajoutant à l'expérience traditionnelle, permettent de constituer un système intégré de techniques sylvicoles pour les bambous. A cet effet, les peuplements sont classés en groupes de rendement élevé, moyen et bas, en fonction de leur productivité et des conditions de station. Pour chaque classe, on détermine les techniques sylvicoles appropriées.

Les plantations de Phyllostachys pubescens sont traditionnellement soumises à un système d'exploitation bisannuelle alternée, qui présente des inconvénients du point de vue de la production annuelle. En conséquence, des études physiologiques et sylvicoles ont été faites pour convertir ces peuplements en peuplements réguliers.

Depuis les années 70, des recherches fructueuses ont été entreprises sur l'introduction de bambous en dehors de leur aire naturelle. On a ainsi réussi à acclimater des bambous méridionaux dans le nord de la Chine. Phyllostachys pubescens pousse bien à Wendeng et à Laoshan, dans la province du Shandong. Arundinaria amabilis, espèce originaire des provinces du Guangdong et du Guangxi, s'adapte au climat plus rigoureux de la vallée du Yangtsé. P. glauca, P. vivax et P. nigra prospèrent en dehors de leur aire septentrionàle. Bambusa textilis, B. pervariabilis, B. multiplex et Sinocalamus affinis ont artificiellement étendu leur aire de répartition vers le nord.

Lutte contre les insectes et les maladies

De nombreux insectes tels que Ceracris kiangsu, Otidognathus davidis, Atrachea vulgaris, Pegomyia kiangsuensis, Pantana sinica, Chionaspis bambusae Artona funeralis et Algedonia coclasalis ont causé de sérieux dégâts dans les bambusaies dans les années 60. Cependant, une série d'études sur leur cycle biologique, leur apparition et leur développement a permis de prendre des mesures de lutte efficaces.

Des maladies dues à des champignons tels que Stereostratum corticioides, Balansia take, Shirarua bambusicola et Ustilago shiraiana sont fréquentes dans les bambu-saies, mais elles provoquent rarement des dégâts sérieux. Le cryptogame le plus destructeur est Ceraptosphaoria phyllostachydis, qui cause la maladie dite du dépérissement terminal du bambou et a été découvert pour la première fois, au cours des années 60 dans des peuplements de P. pubescens de la région côtière du Zhejiang. Cette maladie s'est largement répandue dans le nord-ouest de cette province et dans les zones voisines, et a été désastreuse pour la production. Cependant, à la suite des études menées par l'Institut forestier subtropical sur son origine pathogénique, son développement et sa prévention, elle a pu être maîtrisée.

Des études sur le traitement des produits du bambou contre les moisissures et les insectes térébrants sont en cours dans certains instituts. L'Université forestière de Nanjing a obtenu des résultats remarquables dans la préservation de P. pubescens par traitement à l'acide acétique liquide à la pression atmosphérique.

Utilisation des bambous

Depuis les années 40, des études ont été menées sur les propriétés physiques, mécaniques et chimiques de plus de 70 espèces de bambous. Les résultats obtenus indiquent que la teneur en humidité des bambous est de 15 à 18 pour cent à l'air sec; le point de saturation des fibres de 30 à 35 pour cent; la densité de 0,60 à 0,77; le retrait radial de 4 à 5 pour cent; le retrait tangentiel de 3 à 4 pour cent; le retrait longitudinal de 0,3 à 0,5 pour cent; et le pouvoir calorifique de 4 550 à 4 680 cal/kg. Leur résistance à la traction est double de celle du bois et leur résistance à la compression de 10 pour cent supérieure. Ils ont une teneur de 40 à 60 pour cent de fibres, la longueur de celles-ci étant de 1 500 à 2 000 microns et la largeur de 12 à 17 microns. En fonction de leurs propriétés, on peut classer les bambous en plusieurs catégories: emplois demandant une résistance mécanique, bambou refendu, pâte et papier, et production de pousses.

On a mis au point des techniques et des machines pour répondre à la demande croissante de produits dérivés des bambous, notamment contre-plaqué, panneaux de particules et panneaux de fibres, et on les perfectionne sans cesse. Les opérations de transformation secondaire telles que cintrage, moulage, vernissage, polissage et teinture, qui sont très importantes pour les meubles, les objets artistiques et autres produits fins, font également l'objet de recherches.

L'accroissement du rendement en pâte et la diminution des coûts de cuisson sont des problèmes clefs à résoudre pour la fabrication de papier de bambou. Un approvisionnement régulier en matière première est également indispensable pour l'installation d'usines modernes. Ces questions sont aussi prises en compte dans les programmes actuels de recherche.

Un certain nombre d'universités, instituts et unités industrielles ont entrepris d'importants projets de recherche relatifs à la production et à l'utilisation des bambous. L'Institut de recherches sur les bambous, qui est le premier du genre en Chine, a été créé en conjonction avec le Laboratoire du bambou de l'Université forestière de Nanjing. Une organisation nationale de spécialistes des bambous (Chinese Bamboo Association) a été créée en 1984; elle a pour but de promouvoir les activités scientifiques et la coopération entre spécialistes des bambous tant en Chine qu'à l'extérieur. Il existe en outre trois périodiques scientifiques. Bamboo Research et Bamboo Information sont édités par la Chinese Bamboo Association et l'Institut de recherches sur les bambous, et le Journal of Bamboo Ressarch par l'Institut forestier du Zhejiang.

Conclusion

La Chine a un grand potentiel de production et d'utilisation des bambous. Bien que des résultats aient été obtenus et que les produits traditionnels aient acquis une bonne réputation, des efforts sont encore nécessaires pour accroître les surfaces plantées en bambous, améliorer leur rendement et utiliser pleinement toutes leurs ressources. La recherche sur les différents aspects de l'industrie du bambou n'en est qu'au stade initial. Il est urgent de poursuivre les études sur la taxinomie, la génétique et l'écologie, les traitements sylvicoles, la protection contre les parasites, les techniques de transformation et les usages multiples des bambous. Il faudrait encourager fortement les activités de recherche et la coopération scientifique internationale, afin de développer la production et l'utilisation des bambous en Chine et dans le monde.

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