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L'Organisation internationale des bois tropicaux

Entretien avec M. B.C.Y. Freezailah, Directeur exécutif de l'Organisation internationale des bois tropicaux

· L'Organisation internationale des bois tropicaux (ITTO) est l'organisme exécutif de l'Accord international sur les bois tropicaux, qui est entré en vigueur en avril 1985. M. B.C.Y. Freezailah, ancien Directeur général adjoint du Département des forêts de Malaisie, a été désigne par le Conseil international des bois tropicaux comme premier Directeur exécutif de l'ITTO. Il a accordé cet entretien à Unasylva lors de sa visite au siège de la FAO en novembre 1986.

Unasylva: Bienvenue à Rome et à la FA 0, M. Freezailah. Tout d'abord, combien l'ITTO comptet-elle de membres?

M. Freezailah: L'Organisation internationale des bois tropicaux compte 40 membres: 18 pays producteurs et 22 pays consommateurs, et il y a lieu de penser que quelques autres pays y entreront à leur tour.

Consommateurs ou producteurs?

Les deux. A présent, les 40 pays membres représentent plus de 95 pour cent des ressources forestières tropicales et du commerce international des bois tropicaux.

En tant que Directeur exécutif nouvellement nommé de l'ITTO quels sont vos objectifs immédiats, disons dans les 6 a 12 mois à venir?

Mes tâches immédiates sont surtout d'ordre interne: meure en place le secrétariat et préparer la deuxième réunion de notre Conseil, qui doit se tenir à Yokohama au début d'avril 1987. Cette réunion du Conseil portera essentiellement sur le programme de travail de l'Organisation, et naturellement sur les besoins en personnel pour l'exécution de ce programme, ainsi que sur le budget.

Comment est financée l'ITTO?

Il y a deux comptes distincts à établir. Le premier est le budget administratif, qui est réparti entre tous les pays membres en fonction du nombre de voix que possède chacun. Les pays producteurs ont 1000 voix et les pays consommateurs également 1000 voix. En d'autres termes, le budget administratif sera partagé de manière égale entre les deux groupes.

Le nombre de voix de chaque pays membre consommateur est calculé en fonction du volume de ses importations. Pour les pays producteurs, la formule est un peu plus compliquée. Nous avons tout d'abord réparti 400 voix par tiers entre les pays membres d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine; 300 autres voix sont attribuées selon la part de chaque pays dans les exportations, et enfin les 300 dernières voix sont réparties en fonction de l'importance des ressources forestières. Ainsi, un pays qui conserve ses ressources forestières n'est pas pénalisé. Nous pensons donc que cette formule assure un équilibre entre les régions et qu'elle accorde une égale importance au commerce et à la conservation.

L'ITTO a été créée en vertu d'un accord de produits qui, à la différence des autres accords internationaux sur les produits de base, ne comporte pas de mécanisme de stabilisation des prix sous forme d'interventions sur les marchés ou de contingents de production. Actuellement, elle est par nature consultative et axée sur le développement.

Le second compte est le compte projets, pour lequel nous ferons appel a des contributions volontaires des institutions financières et au fonds commun lorsqu'il sera constitué.

Nous n'envisageons pas pour le moment de taire appel aux sources traditionnelles de financement. Nous voulons en ouvrir de nouvelles. Notre but est d'accroître l'apport net aux forêts et aux bois tropicaux.

Comment voyez-vous les rapports entre le Plan d'action forestier tropical et l'ITT0?

Le Plan d'action forestier tropical est un programme très important, que je trouve tout à fait remarquable. L'ITTO s'occupe surtout des bois feuillus tropicaux et des marchés d'importation-exportation. Nous avons donc un champ d'activité plus étroit que le PAFT, et i'intérêt direct que nous lui portons concerne ce volet particulier.

Quel sera le mode de fonctionnement essentiel de l'ITTO?

Nous nous orienterons vers l'action et la réalisation de projets. Notre secrétariat sera réduit, ce qui veut dire que nous réaliserons tous les projets et mènerons toutes les activités par l'intermédiaire d'organisations existantes. Le rôle de l'ITTO n'est pas de rivaliser avec qui que ce soit, et nous voulons éviter tout double emploi avec ce que font les autres. Nous agirons par le biais des programmes existants de foresterie tropicale, en les parachevant et en les renforçant.

L'objet de l'ITTO est donc bien défini. L'Organisation est axée sur un produit de base, les bois tropicaux. Nous travaillerons sur quatre programmes. Premièrement, nous mènerons des actions de recherche/développement. Ensuite, nous voulons promouvoir une transformation accrue et plus poussée des produits dans les pays producteurs; troisièmement, nous voulons établir un système plus efficace d'information sur les marchés; enfin, nous voulons promouvoir l'intensification et l'amélioration du reboisement et de l'aménagement des forêts.

Etant donné que le Conseil de l'ITTO rassemble tous ses membres, trois comités permanents ont été créés pour lui servir d'organes exécutifs: le Comité de l'information économique et de l'information sur le marché; le Comité du reboisement et de la gestion forestière; et le Comité de l'industrie forestière. Ils auront pour rôle de recommander, évaluer et mettre en œuvre des projets.

Les comités auront-ils des membres permanents?

Non, ils se composeront de membres de l'ITTO. Nous espérons que la présidence de chacun d'eux sera assurée par un pays membre éminent.

Aux termes de l'Accord sur les bois tropicaux, les actions de rechercher développement seront une fonction commune de chaque comité. Comment les choses se passeront-elles?

Cela signifie que nous n'avons pas de comité spécial de recherche/ développement, parce que c'est là une fonction de chacun des trois comités. Ainsi, nos projets de recherche sur l'industrie forestière seront pris en charge par le comité de l'industrie forestière, et ainsi de suite.

Que fera l'ITTO qui ne soit déjà fait par d'autres?

Comme vous le savez, en matière de bois tropicaux et de forêts tropicales il y a trois grands groupes de partenaires. L'un d'eux est constitué par les pays producteurs, qui veulent avoir une meilleure part.

Viennent ensuite les pays consommateurs, qui se soucient de leur approvisionnement futur. Et, enfin, il existe un troisième groupe d'importance grandissante: celui des partisans de la conservation et des défenseurs de l'environnement. Tous ont leur place dans notre réflexion à l'ITTO. Nous cherchons les moyens de coordonner et d'harmoniser tous ces intérêts, de sorte que les forêts tropicales continuent de procurer les biens et services qu'on attend d'elles. En conséquence, nous nous efforçons activement d'obtenir l'appui et la coopération des professionnels aussi bien que des partisans de la conservation. Ce sont les deux éléments qui, pensons-nous, doivent se rencontrer et agir ensemble si

Objectifs de l'accord international sur les bois tropicaux

Pour atteindre les objectifs pertinents adoptés par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement dans ses résolutions 93 (IV) et 124 (V) relatives au Programme intégré pour les produits de base, dans l'intérêt à la fois des membres producteurs et des membres consommateurs et compte tenu de la souveraineté des membres producteurs sur leurs ressources naturelles, les objectifs de l'Accord international de 1983 sur les bois tropicaux (ci-après dénommé "le présent Accord») sont les suivants a0 Offrir un cadre efficace pour la coopération et les consultations entre les membres producteurs et les membres consommateurs de bois tropicaux en ce qui concerne tous les aspects pertinents de l'économie des bois tropicaux, b) Favoriser l'expansion et la diversification du commerce international des bois tropicaux et l'amélioration des caractéristiques structurelles du marché des bois tropicaux, en tenant compte d'une part de l'accroissement à long terme de la consommation et de la continuité des approvisionnements, et d'autre part de prix rémunérateurs pour les producteurs et équitables pour les consommateurs et de l'amélioration de l'accès aux marchés, c) Favoriser et appuyer la recherche/développement en vue d'améliorer la gestion forestière et l'utilisation du bois, d) Améliorer l'information sur le marché en vue d'assurer une plus grande transparence du marché international des bois tropicaux, e) Encourager Une transformation plus intensive et plus poussée des bois tropicaux dans les pays membres pro docteurs, en vue de stimuler leur industrialisation et d'accroitre aind'accroîtresi leurs recettes d'exportation, f) Encourager les membres à appuyer et A développer les activités de reboisement en bois d'œuvre tropicaux et de gestion forestière, g) Améliorer la commercialisation et la distribution des exportations de bois tropicaux des membres producteurs, h) Encourager l'élaboration de politiques nationales visant à assurer de façon soutenue l'utilisation et la conservation des forêts tropicales et de leurs ressources génétiques, et A maintenir l'équilibre écologique des régions intéressées..

(Voir la liste des membres de l'ITTO dans Unasylva 38 [155]: 59) l'on que la forêt tropicale survive durablement.

Je pense que l'avenir de la forêt passe par son utilisation rationnelle, qui est, j'en suis convaincu, sa seule chance valable.

Quel est l'objet de votre visite à la FAO?

Eh bien, comme je l'ai dit, l'ITTO entend éviter tout double emploi avec le travail qui est déjà fait par ailleurs. Nous voulons jouer le rôle de complément, et la FAO est, à mon avis, une organisation très importante. Elle a grandement contribué à la négociation de l'Accord, étant constamment présente aux réunions et fournissant les éléments de base qui ont permis d'élaborer le document définitif. Cela m'a donné l'occasion de connaître l'action de la FAO en matière de forêt tropicale, et de voir comment FAO et ITTO peuvent travailler ensemble. Comme je l'ai mentionné, l'ITTO agira sur la base de contrats, et le Département des forêts de la FAO est à cet égard un partenaire tout désigné, qui a le prestige, les hommes et les connaissances accumulées sur une longue période - et nous espérons recourir à la FAO pour l'execution de nombre de nos projets.

J'ai donc rencontré les directeurs du Département des forêts et leurs collaborateurs pour parler de ce qu'ils font et de ce qu'ils ont l'intention de faire, parce que nous cherchons à identifier les lacunes qui, de notre point de vue, subsistent dans les programmes existants et que nous pouvons aider à combler. Nous pourrons alors examiner ces activités et voir ce qu'il faut faire.

J'ai également eu l'honneur et le plaisir de rencontrer le Directeur général adjoint, et je suis extrêmement satisfait de son appui et de ses encouragements. Je veux exprimer ma gratitude pour l'accueil et l'esprit de coopération que j'ai trouvés au cabinet du Directeur général et au Département des forêts Tous mes espoirs se sont réalisés, et je quitterai Rome plein d'optimisme.

Avez-vous d'autres observations faire?

Oui. Je voudrais mentionner que l'ITTO a eu une très longue période de gestation et que tout au long de cette période un immense capital de coopération et de bonne volonté s'est constitué Cela, je crois, laisse bien augurer de l'avenir des bois tropicaux. Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour créer l'ITTO? C'est parce que les bois tropicaux constituent une ressource fort complexe. Tout d'abord, il existe trois régions productrices, chacune avec des priorités et des problèmes différente. Il y a également de très nombreux produits en jeu et il y a enfin les aspects de conservation et d'environnement. Rassembler tout cela en un accord bien conçu n'est pas chose facile. Le résultat fait honneur aux pays membres et à tous ceux qui ont participé aux négociations dont est finalement née l'ITTO. Il y avait tant de pays, tant de gens et tant d'organisations concernés que ce travail devait forcément prendre du temps. Mais je pense que c'est un bonne chose pour l'ITTO, car elle est bâtie sur des fondations très solides, qui nous permettront d'aller de l'avant.

Les organisations s'occupant d'environnement, l'ONUDI, et d'autres organisations étaient toutes là pour aider le secrétariat et apporter leur contribution, mais c'est naturellement la FAO qui a joué le rôle de pointe.


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