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III. ADAPTER LE PROGRAMME AUX ZONES RURALES

Dans la plupart des pays en développement, l'école rurale nécessite un profond travail d'adaptation car les PB sont beaucoup trop axés sur les populations des cités. L'un des plus grands efforts d'adaptation réalisé à ce jour dans divers pays est celui consistant à prendre en considération le fait que certaines populations s'expriment dans une langue autochtone, d'où l'introduction de programmes d'enseignement bilingues et interculturels. Des composantes d'éducation à l'environnement sont venues s'ajouter ces dernières années. D'autres questions tout aussi cruciales (éducation à la santé, sensibilisation préscolaire, prévention du choléra, responsabilité parentale, etc.), commencent à être traitées au travers de programmes plus particulièrement dirigés vers la population adulte.

INTRODUIRE L'ÉCOLOGIE DANS L'ÉCOLE RURALE

L'éducation au service du développement doit intégrer à l'enseignement une question d'importance vitale: celle des problèmes touchant aux ressources naturelles et à la pérennité de leur utilisation. L'éducation à l'écologie est aujourd'hui incluse dans les systèmes éducatifs de nombreux pays, avec mission de s'attaquer aux problèmes correspondants.

Nous devons ici expliquer brièvement les raisons d'être du présent ouvrage. Elles peuvent être résumées en une seule phrase: l'éducation à l'écologie consiste à enseigner comment vivre en harmonie avec l'environnement. Elle cherche à montrer tout le poids des hommes sur leur milieu de vie, et à expliquer que l'avenir de celui-ci dépend de nos actes présents. Le paysage d'aujourd'hui résulte de comportements humains abusifs, qui l'ont dégradé avec des techniques d'exploitation inappropriées.

Dans le monde rural, l'environnement est plus qu'un moyen d'existence. C'est un lieu vital de ressources pour la population, qui vit principalement de l'agriculture et de l'élevage. Pour l'habitant de la campagne, l'environnement, c'est le sol, l'eau, la végétation, mais avec des caractéristiques très spécifiques. Soumis à une exploitation abusive, à laquelle s'ajoutent les pluies saisonnières et les vents, le sol s'érode facilement et s'appauvrit. L'eau, abondante pendant trois ou quatre mois, se raréfie le reste de l'année. La végétation, fortement dégradée dans de nombreuses régions, ne parvient pas à le protéger, ni à satisfaire aux besoins de la population en bois de feu et bois d'œuvre.

L'environnement a une importance cruciale dans l'économie humaine. C'est pourquoi nous devons apprendre et mettre en pratique des savoir-faire pour le conserver et l'utiliser sans le détruire. L'homme doit savoir comment améliorer le potentiel de son milieu de vie en tant que gisement de ressources, sans lui infliger des dommages irrémédiables. Quatre attitudes majeures sont alors à l'œuvre:

ÉDUCATION À L'ÉCOLOGIE ET PROGRAMME DE BASE

Pour intégrer les quatre aspects ci-dessus, l'éducation à l'écologie doit restructurer les objectifs et les contenus de l'enseignement. Cette réforme visera au premier chef les Sciences naturelles et les Sciences sociales. En un mot, ces disciplines sont des supports tout particulièrement indiqués pour qui s'intéresse aux contenus pédagogiques ayant un lien avec l'environnement et à l'usage qu'en font les êtres humains.

Mais l'éducation à l'écologie ne se limite pas à ces matières. Elle englobe la formation professionnelle et agricole et d'autres secteurs similaires visant essentiellement à former des travailleurs. Pour une simple raison: les élèves vivant en milieu rural doivent être formés à participer activement à la conservation de leur environnement et à une utilisation des ressources naturelles qui en assure la pérennité. Pour ce faire, ils devront posséder des techniques leur permettant d'entreprendre de telles tâches de protection, indépendamment de certaines connaissances et compétences intellectuelles. Citons, entre autres, les méthodes de labour inoffensives pour les sols, la production d'engrais et insecticides biologiques pour remplacer ceux d'origine chimique, la production d'arbres et d'arbustes pour la protection des récoltes, etc. Ces procédés doivent être enseignés aux enfants et apparaître dans le programme de base, car l'éducation à l'écologie doit rester omniprésente. Il faut chercher faire apparaître l'environnement dans toute observation ou dans la planification de toute activité.

La meilleure manière de développer cette composante de la scolarité consiste à entreprendre des projets de travail mineurs que réaliseront les enfants, avec l'aide de leurs familles. Ces projets seront mis au point à partir d'un problème affectant la communauté et que l'école peut aider à résoudre.

Exemple:

Un village a creusé des fossés sur les flancs d'une colline avoisinante, afin de réduire le ruissellement des eaux de pluie et en favoriser l'infiltration dans le sous-sol. Ce travail, extrêmement pénible, a été réalisé par des adultes. Cependant, l'on constate que les bords des tranchées s'érodent facilement et que l'ensemble de cet effort risque d'être réduit à néant. Pour empêcher les effondrements, les élèves de l'école décident de faire grandir un certain nombre d'arbustes et de les planter pour protéger les rebords menacés. Ils lancent alors un projet qui sera mis à exécution pendant le temps de formation professionnelle. Sous la direction de leur enseignant, ils créeront une petite pépinière, collecteront des graines de certains arbustes choisis, entreprendront tous les travaux nécessaires pour produire de jeunes plants et, au bout du compte, les installeront définitivement.

Nombre de projets de ce type ont déjà été réalisés avec succès dans des écoles rurales. On en trouvera une liste en Annexe II du présent ouvrage.

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