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Le monde forestier


Commission européenne des forêts
Déclaration de l'Amazonie

Commission européenne des forêts

La Commission européenne des forêts (CEF) est l'organisme régional statutaire de la FAO pour les questions forestières. Elle se réunit tous les deux ans pour analyser les tendances et les problèmes du développement forestier, conseiller les pays membres et la FAO sur des questions de politique et proposer des orientations pour des programmes futurs. Sa 24e session, tenue du 5 au 8 juin 1989 au siège de la FAO à Rome, sous la présidence de M. E. Clicheroux (Belgique), a réuni des délégations de 22 pays membres de la FAO, un observateur de la République démocratique allemande et des représentants de la Commission économique pour l'Europe des Nations Unies, de la Communauté économique européenne, de la Commission européenne d'agriculture, de l'Union internationale des instituts de recherches forestières et de la Fédération internationale des constructeurs et des travailleurs du bois.

M.C.H. Murray, Sous-Directeur général du Département des forêts, a accueilli les délégués au nom du Directeur général de la FAO. Il a rappelé que la FAO s'intéresse depuis toujours à la foresterie européenne et que la Commission est l'unique instance où soient prises des décisions concertées visant à résoudre les problèmes sociaux, politiques et économiques que pose la foresterie en Europe. Il a également insisté sur l'importance des relations commerciales entre l'Europe et d'autres régions, soulignant que les pays tropicaux ont besoin d'être appuyés pour concilier la conservation de leurs ressources forestières avec l'impératif de développement économique. Il a évoqué certaines propositions d'action unilatérale, par exemple l'interdiction des importations de bois tropicaux, et a exhorté la Commission à condamner énergiquement de telles mesures qui ne contribueraient ni à la conservation des ressources ni au développement du commerce international. Le Plan d'action forestier tropical (PAFT), au contraire, est la pierre angulaire d'un effort international coordonné, et M. Murray a remercié les pays membres de la Commission de leur appui au PAFT.

Les forêts des pays développés de nombreux pays réexaminent leurs politiques forestières

La première question de fond inscrite à l'ordre du jour était l'examen des rapports nationaux sur six thèmes:

Changements importants des politiques, lois et administrations forestières intervenues depuis la 22e session (1985). Beaucoup de pays signalent que la foresterie devient de plus en plus polyvalente et qu'ils attachent une importance croissante à la protection de l'environnement et à l'intégration de la foresterie dans la planification de l'utilisation des terres rurales, y compris le boisement de terres abandonnées par l'agriculture. La production de bois demeurait toutefois un objectif fondamental dans tous les pays.

Tendance des coûts, des prix et des revenus nets dans la foresterie publique et privée. Malgré l'emploi de systèmes de comptabilité différents, il résulte d'une comparaison entre revenus tangibles et coûts tangibles que, dans de nombreux cas, les revenus nets sont modestes ou même négatifs.

Toutefois, les nombreux biens et services autres que la production de bois n'étant pas compris dans le calcul du revenu net, celui-ci fait apparaître une image trompeuse. La Commission a convenu qu'il est plus que jamais nécessaire de chiffrer ces avantages. Il faudrait appliquer en foresterie des systèmes de comptabilité couvrant tous les types d'intrants et d'entrants, même ceux qui n'ont aucune valeur marchande apparente.

L'utilisation des forêts pour les loisirs gagne en importance

Foresterie, tourisme et loisirs. Les rapports indiquent clairement que partout en Europe le rôle des forêts comme lieux de loisirs et de récréation gagne en importance. Les délégations ont décrit les mesures permettant d'encourager ces usages tout en sauvegardant les arbres et les aires protégées. On s'efforce également d'offrir plus d'informations au public sur la nature, les forêts et la foresterie.

Nouvelles possibilités, nouveaux problèmes et effet de l'évolution des politiques agricoles. Dans maints pays d'Europe, on considère le boisement comme une des utilisations possibles des terres agricoles abandonnées à cause de la surproduction ou de l'exode rural. Mais pour cela, il faut de l'argent, notamment pour compenser les propriétaires du manque à gagner durant les premières années de la plantation. Il a été suggéré que l'amélioration des forêts existantes, plutôt que les boisements, serait un moyen plus efficace de réaliser les objectifs de politique forestière.

Protection des forêts. Dans beaucoup de pays, la protection des forêts est un grave sujet de préoccupation. Les problèmes ne sont pas partout les mêmes, mais les deux plus graves sont le dépérissement, attribué en premier lieu à la pollution atmosphérique, et les incendies. Plusieurs pays ont évoqué l'acidification des sols forestiers et les craintes qu'elle suscite pour la vitalité des arbres et la qualité de l'eau. Il a été convenu à l'unanimité qu'une surveillance régulière de la santé des forêts et de l'ampleur des dégâts s'impose, de même que l'adoption d'une approche intégrée de l'écosystème forestier.

Appui public à la foresterie privée et mesures visant à rationaliser la structure de la propriété. Les débats sur ce point ont porté sur les méthodes de financement en faveur de la foresterie privée appliquées par les pays participants. Dans les pays nordiques et en France, par exemple, les fonds proviennent en partie ou en totalité d'impôts et de redevances, de sorte que l'appui à la foresterie privée est entièrement ou partiellement autofinancé.

La Commission s'est également penchée sur trois thèmes spécifiques:

Résultats préliminaires de l'enquête de la FAO sur les politiques forestières en Europe. La Commission a noté que, d'après 28 rapports nationaux, les politiques forestières sont de plus en plus influencées par des considérations relatives à l'environnement et à l'aménagement des terres. Elle a souligné qu'il faut renforcer la collaboration avec les responsables de l'agriculture et de l'environnement, ainsi que d'autres secteurs connexes.

Effets hydrologiques des forêts et des autres types de végétation. Le président du Groupe de travail sur l'aménagement des bassins versants de montagne a présenté un rapport soulignant l'influence bénéfique de la végétation forestière sur le régime des torrents, et indiquant que les problèmes persistent dans les zones où l'on ne peut établir une plantation de protection et où les précipitations sont particulièrement violentes.

Organisation des sauvetages après les grandes catastrophes forestières. La Commission a examiné les rapports des représentants du Royaume-Uni et de la France concernant les chablis catastrophiques de 1987 et a conclu que la capacité de réagir de l'Europe gagne en efficacité.

Organes subsidiaires

La Commission a noté avec satisfaction les résultats notables obtenus grâce au travail du Comité mixte FAO/CEE/OIT des techniques de travail en forêt et de la formation des ouvriers forestiers. On a notamment évoqué le séminaire tenu en France en 1988 sur les contrats de travaux forestiers et le séminaire prévu pour 1990 au Royaume-Uni sur les produits chimiques en foresterie.

D'autres organes subsidiaires relèvent de la Commission: Groupe de travail mixte sur l'économie et les statistiques forestières; Comité AFC/CEF/CFPO des questions forestières méditerranéennes - Silva Mediterranea; Groupe de travail sur l'aménagement des bassins versants de montagne; Groupe de travail spécial sur les effets de la pollution atmosphérique sur les forêts; Réunion spéciale d'experts sur l'application pratique de la télédétection à l'évaluation des dégâts; Séminaire sur la valorisation des bois feuillus de deuxième qualité des zones tempérées; Séminaire sur les produits de la forêt méditerranéenne.

Tendances du secteur du bois en Europe

La Commission a souligné la grande importance qu'elle accorde à la prochaine édition de l'étude Tendances et perspectives du bois en Europe jusqu'en l'an 2000 et au-delà (ETTS V). Elle a exprimé un intérêt particulier pour la prévision des prix. Elle a estimé que l'Etude doit faire une grande place aux biens et services autres que le bois, mais que ceux-ci devraient faire l'objet d'une étude à part; elle a recommandé que l'on organise des séminaires sur la question.

La Commission a jugé que l'Etude devrait comprendre des informations sur d'autres régions et qu'il faudrait assurer la coordination avec les autres études régionales de la FAO et avec l'Organisation internationale des bois tropicaux.

Enfin, vu le coût de l'Etude, la Commission a invité les gouvernements à fournir des contributions spéciales en espèces ou sous forme d'experts qui travailleraient aux côtés du Secrétariat.

Déclaration de l'Amazonie

En Amérique latine, l'inquiétude que suscite la dégradation généralisée des ressources forestières et les problèmes que pose la réalisation des objectifs nationaux de développement socio-économique ont incité les pays de la région amazonienne à unir leurs efforts pour affronter ensemble la situation. Réunis à Manaus (Brésil), en mai 1989, pour réfléchir sur leurs intérêts communs et la possibilité d'une collaboration future, les présidents de la Bolivie, du Brésil, de la Colombie, de l'Equateur, de la Guyane, du Pérou, du Suriname et du Venezuela ont adopté la Déclaration de l'Amazonie.

Cette Déclaration souligne l'importance d'une «utilisation rationnelle des ressources de la région, afin que les générations actuelles et futures puissent profiter de cette richesse naturelle».

A ce propos, la Déclaration réaffirme «le droit souverain de chaque pays de gérer librement ses ressources naturelles, compte tenu de la nécessité de promouvoir le développement économique et social de son peuple et la conservation du milieu naturel».

Toutefois, la Déclaration souligne également que «les pays de l'Amazonie sont prêts à accepter la collaboration des pays des autres régions du monde, ainsi que des organisations internationales qui pourraient contribuer à mettre en œuvre les projets et programmes nationaux et régionaux..., et qu'il importe que les préoccupations exprimées par les pays très développés en matière de conservation de l'environnement se traduisent par des mesures de coopération dans les domaines financiers et technologiques».

A cet égard, la Déclaration demande que «des ressources supplémentaires soient orientées... vers les projets axés sur la protection de l'environnement..., y compris dans le domaine de la recherche scientifique pure et appliquée».

La Déclaration de l'Amazonie fait suite au Traité de coopération de l'Amazonie, adopté en juillet 1978, qui préconisait notamment la promotion de la recherche scientifique et l'échange de renseignements, pour faire en sorte que l'exploitation de la faune et de la flore de la région amazonienne soit planifiée de façon rationnelle, afin de préserver l'équilibre écologique de la région et la diversité.

Assurer la conservation des ressources est l'un des objectifs prioritaires de la Déclaration de l'Amazonie


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