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Le monde forestier


Commission des forêts pour l'Amérique du Nord
10e Congrès forestier mondial

Commission des forêts pour l'Amérique du Nord

La Commission des forêts pour l'Amérique du Nord a tenu sa 15e session du 6 au 9 février 1990 à San Diego (Californie), à l'aimable invitation du Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique. Y ont assisté 36 participants venus des trois pays membres de la Commission (Canada, Mexique, Etats-Unis) et un observateur de l'Union internationale des instituts de recherches forestières. M. C.H. Murray, sous-directeur général et chef du Département des forêts de la FAO, représentait le Directeur général de l'Organisation.

Après avoir adopté l'ordre du jour, les participants ont procédé à un examen de l'état des forêts dans les trois pays membres.

Canada

En décembre 1988, le Service canadien des forêts a été élevé au rang de département fédéral à part entière du Canada (pour plus de détails, voir l'article consacré à la foresterie canadienne).

Mexique

La Commission a été informée que le secteur forestier reçoit, dans les priorités nationales, une attention croissante. La législation forestière révisée sert de cadre aux interventions forestières inscrites dans le plan de développement pour 1989-1994, qui contient des instructions précises concernant les programmes stratégiques applicables aux ressources forestières. Les mesures conçues pour faire progresser le secteur forestier prévoient la restructuration et le renforcement de l'administration nationale des forêts, la formulation d'un programme pour le secteur forestier, le renforcement des activités relatives à l'organisation et à la formation des propriétaires forestiers, l'amélioration de l'infrastructure routière, la création de nouveaux débouchés, l'encouragement des investissements, le financement et diverses incitations. L'aménagement intégré des forêts a été considéré comme un moyen indispensable de créer directement des emplois et des activités rémunératrices pour les populations rurales.

Les entreprises forestières que possède le gouvernement sont en train d'être transférées à des groupements organisés de paysans et à des investisseurs potentiels. Les organisations non gouvernementales à vocation écologiste s'intéressent de plus en plus aux activités forestières, et il serait bon d'obtenir leur plein appui et leur participation à la mise en valeur des forêts.

Etats-Unis d'Amérique

L'expose sur la foresterie aux Etats-Unis passait en revue les principales tendances enregistrées ces deux dernières années en matière d'aménagement des ressources forestières: souci croissant de la qualité de l'environnement, prévalence croissante d'une conception mondiale de l'économie et de l'environnement, demande croissante de produits forestiers et meilleure connaissance des pressions exercées sur l'environnement.

Le chapitre intitulé «Nouvelles perspectives de la foresterie» nous apprend que le Service des forêts des Etats-Unis s'efforce de mettre au point des systèmes d'aménagement des forêts qui préserveront ou enrichiront la diversité et la productivité des écosystèmes tout en assurant une production durable. Ce concept repose sur quatre prémisses importantes. Il faut tout d'abord poursuivre inlassablement l'effort de recherche pour s'assurer que les pratiques d'aménagement reposent sur des principes scientifiques valables. En second lieu, les valeurs attachées à l'environnement doivent être compatibles avec la production de denrées. Troisièmement, ii faut adopter, en matière d'aménagement des forêts, un vaste éventail d'approches diverses pour satisfaire aux objectifs autres que la production de bois d'œuvre et protéger les valeurs écologiques. Enfin, il faut élaborer des stratégies d'aménagement du paysage permettant de concrétiser toute une série de valeurs écologiques sans renoncer pour autant aux avantages économiques de la forêt.

La demande de bois d'œuvre aux Etats-Unis atteint des niveaux sans précèdent et les récoltes de 1987 et 1988 ont battu tous les records. Il est normal, dans ces conditions, que l'intensité de l'aménagement augmente également; c'est le cas en particulier des forêts non industrielles détenues par des particuliers. De fait, les plantations d'arbres procèdent à un rythme exceptionnel, avec 1,4 million d'ha plantés en 1988 essentiellement par des propriétaires privés.

Sur le plan international, une attention beaucoup plus grande a été consacrée aux forêts en 1989; le Service des forêts a augmenté les crédits consacrés aux travaux sur les forêts tropicales et coopère avec la FAO dans plusieurs domaines.

Comité des suppléants

Entre les sessions, le travail de la Commission des forêts pour l'Amérique du Nord est coordonné par un comité de suppléants. Son président a résumé les activités menées par le comité depuis la 14e session: publications, réunions et missions spéciales d'experts appelés à prêter assistance au lendemain de catastrophes. Une attention particulière a été consacrée au travail des huit groupes d'étude spécialisés dans les domaines suivants: amélioration des arbres forestiers; lutte contre les feux et prévention; insectes et maladies des forêts; sylviculture; vocabulaire multilingue; génie forestier; pollution atmosphérique; structures légères.

La Commission a pris note de l'excellent travail mené actuellement par le groupe d'étude sur l'amélioration des arbres forestiers, qui étudie la variation taxinomique des pins blancs d'Amérique du Nord, des pins à cône fermé et des taxons épicéa. Elle s'est également félicitée des progrès accomplis en ce qui concerne la préparation d'un glossaire en cinq langues de génétique forestière.

LA RÉCOLTE DE SOIS D'OEUVRE AUX ETATS-UNIS a atteint des niveaux sans précédent

Le groupe d'étude chargé de la lutte contre les feux et de la prévention s'occupe actuellement de formation, d'échanges d'experts et d'équipement et de la coordination des opérations d'extinction pendant les grands incendies. C'est ainsi qu'il a joué un rôle appréciable dans la mise en application de la législation des Etats-Unis, qui autorise les activités transfrontières d'extinction des feux et le remboursement des dépenses supportées par d'autres pays pour combattre des feux aux Etats-Unis.

Ces deux dernières années, le travail du groupe d'étude sur les insectes et les maladies des forêts a été axé sur la lutte contre les scalytes, sur la pollution de l'air et la santé des forêts, et sur la lutte intégrée contre les ravageurs. Il continue un important travail d'élaboration des conditions de quarantaines applicables aux importations du Canada, du Mexique et des Etats-Unis.

La Commission s'est félicitée des projets de publication du groupe d'étude sur la sylviculture, qui comprennent notamment la mise à jour du Répertoire des sylviculteurs tropicaux et 19 nouveaux volumes de la collection «Arbres utiles des zones tropicales de l'Amérique du Nord». Le projet de tenir une réunion d'étude sur la recherche en sylviculture tropicale, à Campeche (Mexique) en octobre 1990, a également été approuvé.

La Commission a été informée que le groupe d'étude sur le vocabulaire multilingue est prêt, maintenant que les versions anglaise et française sont terminées, à commencer la conversion informatique de la version espagnole de la terminologie. Des procédures relatives à l'entretien et à la mise à jour périodique de la base de données sont également mises au point.

Le groupe d'étude sur le génie forestier agit en qualité de conseiller auprès des industries forestières, principalement au Mexique. Des consultations sur la formation, les méthodes de travail et la planification des opérations ont eu lieu au cours des deux dernières années.

Il a été reconnu que les objectifs initialement assignés au groupe d'étude sur la pollution et les dépôts atmosphériques se sont considérablement élargis pour tenir compte de l'intérêt croissant que suscitent les effets de la modification des climats dans le monde, de la raréfaction de la couche d'ozone dans la stratosphère et de divers autres phénomènes atmosphériques sur la santé, la productivité et la diversité des écosystèmes forestiers. Il a, en conséquence, été recommandé de modifier le nom du groupe d'étude qui devrait dorénavant s'appeler Groupe d'étude des changements atmosphériques et des forêts.

L'exposé consacré aux travaux du groupe d'étude sur les structures légères a mis l'accent sur la nécessité d'améliorer les logements de la population rurale et des familles à faible revenu dans diverses régions du Mexique. Il a été noté toutefois que les constructions en bois ne sont pas très bien acceptées au Mexique, alors qu'au Canada et aux Etats-Unis il existe une longue tradition de construction de maisons en bois. Un projet a été formulé en vue d'établir un manuel de construction de structures d'habitations en bois, réservant une place importante à une technologie adaptée au Mexique; mais les fonds n'ont pas encore été trouvés pour ce projet.

Le président du Comité des suppléants a également résumé les efforts menés bilatéralement dans la région et notamment les programmes associant les Etats-Unis et le Mexique en ce qui concerne l'aviation et les feux, la lutte contre les ravageurs, l'information, l'aménagement des terres, la planification, le bois d'œuvre, la gestion des bassins versants, la gestion de la vie sauvage et les loisirs. Les programmes associant le Canada et les Etats-Unis ont trait à des expériences sur les feux, à la pollution atmosphérique et aux dépôts acides; la collaboration entre le Canada et le Mexique s'exerce dans les domaines suivants: productivité des forêts, lune contre les feux, utilisation du bois dans la construction de logements, et pâte.

Questions techniques d'intérêt régional

La Commission a également examiné des communications traitant de trois questions techniques d'intérêt régional.

La première, consacrée au déboisement des forêts tropicales au Mexique, donnait un aperçu de la composition des forêts tropicales du Mexique et apportait des renseignements sur les mesures à prendre pour récupérer ou aménager les forêts des sept Etats du sud du Mexique qui sont le plus gravement touchés. Le gouvernement a introduit des incitations fiscales visant à encourager l'aménagement commercial des forêts tropicales soit par des entreprises, soit par des associations de cultivateurs. L'essentiel des efforts menés en matière de mise en valeur des forêts s'inscrit dans le cadre du Plan d'action forestier tropical lancé récemment.

La Commission a vivement recommandé au Canada et aux Etats-Unis de mettre leur compétence et leur expérience à la disposition du Mexique, par l'intermédiaire de la Commission des forêts pour l'Amérique du Nord et dans la mesure où une telle coopération demandée. Pour mobiliser un soutien rapide et efficace en faveur des opérations et des mesures de suivi du Plan d'action forestier tropical au Mexique et démontrer, dans le cadre de la Commission des forêts pour l'Amérique du Nord, l'efficacité de ses prescriptions, la Commission a confié au Comité des suppléants la tâche d'assurer la liaison entre le Mexique et la FAO, d'identifier les besoins particuliers de soutien et la réponse éventuelle du Canada et des Etats-Unis, et de fournir aux autorités compétentes les renseignements voulus pour qu'une décision rapide puisse être prise. La Commission a recommandé qu'un soutien spécial soit fourni pour assurer la bonne mise en œuvre des initiatives du Plan d'action forestier tropical au Mexique.

La seconde communication traitait de la pollution et des dépôts atmosphériques. Les dégâts causés aux forêts d'Amérique du Nord ont suscité beaucoup de préoccupations, mais la plupart des forêts ne sont pas exposées à des taux de pollution appréciables et ne réagissent pas non plus de façon anormale. Bien que certains polluants atmosphériques puissent atteindre les forêts à des taux de concentration assez élevés, il est, dans la plupart des cas, extrêmement difficile d'établir un lien précis entre la pollution et l'état des forêts. La seule exception à cette observation concerne les forêts endommagées par l'ozone dans le sud de la Californie et au Mexique. On a considéré que, en règle générale, l'effet global de la pollution de l'air est relativement minime comparé aux dommages causés par les feux et par les ravageurs, mais qu'il s'agit néanmoins d'un stress qui peut et doit être évité.

La préoccupation que suscite l'effet des polluants sur les forêts est centrée autour des valeurs récréatives et esthétiques de la forêt, ainsi que de son rôle intrinsèque dans l'environnement mondial. Par conséquent, dans les trois pays de l'Amérique du Nord, la pollution de l'air doit être considérée comme un problème de société, né du souhait de la population d'avoir à la fois un développement industriel et un environnement propre. Il faut que les organisations forestières reconnaissent qu'elles ont un rôle légitime à jouer dans ce type de problème.

La troisième communication traitait des incertitudes relatives aux changements qui pourraient se produire dans l'environnement si les modifications climatiques annoncées se réalisent. Il est démontré que les concentrations de dioxyde de carbone, de méthane et autres gaz dits de serre dans l'atmosphère ont effectivement augmenté depuis le début de l'ère industrielle et avec l'accélération des déboisements, et que ce phénomène se poursuivra probablement au siècle prochain. On ne sait rien, cependant, de la nature des réactions, de leur ampleur ou de leur date. Il faudra faire beaucoup de recherches si l'on veut être un jour en mesure de prévoir des modifications de la composition des essences, des migrations et autres réponses de la forêt.

Pour de plus amples informations concernant la 15e session de la Commission des forêts pour l'Amérique du Nord, s'adresser au fonctionnaire chargé des réunions, Département des forêts de la FAO, Via delle Terme di Caracalla, 00100 Rome (Italie).

10e Congrès forestier mondial

Un congrès forestier mondial se tient tous les six ans, depuis que Rome a organisé le premier en 1926. Après Jakarta en 1978 et Mexico en 1985, Paris accueillera le 10e congrès en septembre 1991.

L'importance et le haut niveau des participants de la plupart des pays du monde, le volume considérable des contributions écrites émanant des spécialistes les plus éminents et la participation de 2500 à 3000 congressistes donnent à ce vaste rassemblement une solennité particulière.

LES FORÊTS DE FRANCE, cadre parfait pour le 10e Congrès forestier mondial

Un tel congrès - qui réunit des politiques, des administrateurs, des chercheurs, des enseignants, les meilleurs experts du monde et des professionnels de la forêt et du bois - a pour objet d'actualiser les connaissances, de confronter les idées, d'analyser les expériences, de formuler des propositions, de sensibiliser le grand public et les décideurs, et d'adresser des recommandations aux Etats.

Jamais la forêt n'a suscité autant d'inquiétude auprès de l'opinion publique et des gouvernements. Ce précieux patrimoine est en fait de plus en plus menacé par les exploitations abusives, les défrichements, les maladies, les accidents climatiques et la pollution, à tel point que de nombreux pays connaissent des phénomènes de désertification et des pénuries de bois.

«La forêt, patrimoine de l'avenir» est le thème choisi par le Gouvernement français et la FAO qui parrainent conjointement ce 10e Congrès forestier mondial. Ce thème permettra d'aborder tous les aspects de la conservation et de la mise en valeur des forêts et de chercher des solutions aux graves problèmes auxquels le secteur forestier est actuellement confronté dans tous les pays du monde.

A la séance solennelle d'ouverture de la Conférence internationale sur l'arbre et la forêt, dite «Silva», organisée par la France en février 1986, le Président Mitterrand déclarait:

«Les consciences sont alertées et les volontés prêtes à agir en commun pour sauvegarder un des patrimoines majeurs de l'humanité. J'espère que le prochain congrès forestier mondial, que mon pays accueillerait avec grand plaisir, pourra être l'occasion pour les forestiers et les scientifiques de constater de très réels progrès».

Comité d'organisation 10e Congrès forestier mondial


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