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LE CENTRE DE SEMENCES FORESTIERES D'AUSTRALIE INFORMATION SUR LES PROGRAMMES EN COURS ET SUR LA FOURNITURE DE SEMENCES EN VUE DE RECHERCHE

par

Tim Vercoe et Stephen Midgley
Australian Tree Seed Centre
CSIRO Division of Forestry
P.O. Box 4008, Queen Victoria Terrace, ACT 2600
Australie

INTRODUCTION

On estime que les essences arborescentes et arbustives d'Australie constituent à l'heure actuelle 30 pour cent des arbres plantés en reboisement dans les zones tropicales du globe. On les emploie à toutes sortes d'usages, depuis la production de bois d'oeuvre et d'industrie (y compris les bois à pâte) jusqu'à la stabilisation des sols et à l'apiculture. Le Centre de semences forestières d'Australie (Australian Tree Seed Centre) entre dans sa quatrième décennie d'activités de récolte et d'évaluation génétique de ces essences. Depuis que, au début des années soixante, la FAO avait demandé au Gouvernement australien de créer un centre d'information et de fourniture de semences d'eucalyptus, ce centre n'a cessé de se développer en incluant une large gamme de ligneux à usages multiples d'Australie, et il tient à l'heure actuelle quelque 30 000 entrées qui comprennent un millier d'espèces provenant de plusieurs milliers de sites de récolte. Les eucalyptus représentent environ la moitié de ces espèces, tandis que les ligneux à usages multiples sont représentés notamment par les genres Acacia, Casuarina, Grevillea, Melaleuca, Sesbania et Terminalia. La plupart des collections proviennent de populations naturelles, mais le Centre crée et gère un ensemble en expansion de vergers à graines.

Le Centre est financé par des subventions spéciales et par les ressources qu'il tire de ses activités de formation, de la vente de semences et de la fourniture d'information. Son effectif de personnel varie entre une quinzaine et une vingtaine de personnes dans les périodes de pointe de récolte.

ACTIVITES PASSEES ET PRESENTES

Récolte, documentation et expédition de matériel génétique
Au cours des cinq dernières années, en moyenne 40 mois-hommes par an ont été consacrés à la récolte et à la documentation de semences de ligneux. Des récoltes ont été effectuées dans tous les Etats d'Australie et dans les pays voisins d'Indonésie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée en collaboration avec des chercheurs de ces pays. Les récoltes sur des populations sauvages sont les plus courantes, et les arbres semenciers sont sélectionnés en fonction de leur représentativité génétique. Les normes minimales concernant le nombre et l'espacement des arbres semenciers sont strictement respectées. On dispose d'un nombre croissant de récoltes par arbres mères individuels. Le plan de récolte est dynamique et s'adapte aux demandes des clients et bailleurs de fonds, mais des plans généraux sont établis tous les deux ans. Les récoltes destinées à être envoyées au dehors sont effectuées suivant le Code de conduite volontaire pour la récolte et le transfert de matériel génétique proposé par la Commission des ressources phytogénétiques de la FAO (Division de la production et de la protection des plantes, FAO, Rome, 1993).

Les semences sont récoltées sur des peuplements naturels plutôt que dans des reboisements, sauf indication contraire; l'espacement minimum entre les semenciers est de 100 mètres. Tous les lots de semences, y compris ceux achetés à d'autres récolteurs, sont conformes à des normes minimales de documentation. Celles-ci comprennent des informations sur les exigences de l'essence, l'emplacement de la récolte (notamment latitude, longitude et altitude), la date de récolte, le nombre d'arbres récoltés. Pour les récoltes de l'ATSC on y inclut en outre des données sur les sols et la végétation associée, une description des arbres, des données phénologiques, des photographies et des spécimens botaniques.

Les lots de semences sont conditionnés conformément aux règles phytosanitaires du pays de destination, et chaque envoi est dûment enregistré pour pouvoir s'y reporter dans l'avenir. La Figure 1 montre la proportion de lots de semences expédiés vers les différentes régions du globe.

Figure 1. Pourcentages de lots de semences par région, 1992–93.

Figure 1

Evaluation de matériel génétique
L'ATSC a la chance de faire partie d'une organisation de recherche plus vaste, la Division forestière de la CSIRO, ce qui lui donne accès à une grande variété de résultats de recherche et de conseils dans des disciplines scientifiques diverses. Le Centre poursuit un modeste programme de recherche concernant le programme de vergers à graines, l'évaluation par isoenzymes de diverses essences importantes, et les conditions de la germination et de la conservation des semences. Outre ses activités propres, l'ATSC contribue aux programmes de recherche de la Division forestière en matière de sylviculture, variation génétique, systèmes de reproduction, biologie florale, analyse climatique et micropropagation.

Parmi les projets récents on note les suivants:

  1. Planification, coordination et suivi des essais internationaux de provenances (Acacia aneura, A. auriculiformis, A. mangium, Casuarina equisetifolia, Eucalyptus camaldulensis, E. grandis, E. tereticornis, E. urophylla, acacias de zone aride, Grevillea robusta):
  2. Etudes d'isoenzymes d'E. urophylla, E. pellita, A. holosericea, A. mangium (en collaboration avec le FRIM1), A. melanoxylon (en collaboration avec l'ANU2), Casuarina equisetifolia, Grevillea robusta;
  3. Etudes de morphologie des jeunes plants d'A. auriculiformis, E. urophylla, E. pellita;
  4. Etude de productions non ligneuses telles que fourrage, aliments humains, huiles essentielles, amélioration des sols;
  5. Amélioration génétique et étude de la reproduction d'A. auriculiformis, A. mangium, A. mearnsii, A. aulacocarpa, E. grandis, E. globulus, E. camaldulensis, E. urophylla, E. pellita, Grevillea robusta;
  6. Criblage des essences de forêt dense d'Australie présentant des semences récalcitrantes;
  7. Etude des champignons parasites des semences entreposées;
  8. Fourniture de semences au programme forestier de l'ACIAR3 en Asie et en Afrique orientale.

Par cette dernière activité, la Division forestière de la CSIRO aide à l'évaluation d'une très large gamme de génotypes sur le terrain. Des accords de coopération bilatéraux passés avec la Chine, la Thaïlande, le Laos, le Kenya, le Zimbabwe et le Pakistan ont abouti à la mise en place de plus de 200 essais d'espèces, provenances et descendances de plus de 150 espèces, comprenant des essences pour le bois d'oeuvre et d'industrie, pour l'agroforesterie et pour les plantations sur sols dégradés.

L'ATSC entretient des vergers à graines comprenant au total 34 hectares d'A. auriculiformis, A. mangium, A. aulacocarpa, E. grandis, E. pellita et E. urophylla, en collaboration avec le Service forestier du Queensland et la Commission de conservation du Territoire du Nord. Ces vergers fournissent la base des travaux de sélection et d'évaluation génétique tout en constituant des sites de conservation ex situ.

Le Centre collabore d'autre part à de nouvelles recherches sur les marqueurs moléculaires en vue d'étudier la variation génétique chez Acacia mangium.

Formation
L'ATSC offre une formation à trois niveaux: stages de formation et séminaires en Australie et au dehors, formation individuelle en techniques des semences, stages professionnels. Les stages de formation portent sur un certain nombre de domaines prioritaires tels que techniques de pépinière, radiographie, sélection et amélioration des arbres, bases de données (comportement des semences et des arbres).

Le programme de stages professionnels permet à des chercheurs de disposer de temps et de ressources pour évaluer et communiquer les résultats de travaux expérimentaux. Il a donné lieu à quelques excellents rapports sur la phénologie en Thaïlande, le comportement de provenances d'eucalyptus au Mozambique, le comportement d'acacias en Malaisie, le comportement de Grevillea au Rwanda.

Fourniture d'information
Un rôle essentiel de l'ATSC est la fourniture d'information relative à la sélection, au comportement, à l'amélioration, à la sylviculture et à l'utilisation d'essences australiennes. Il répond chaque année à quelque 2500 demandes de renseignements - pour une demande de semences il reçoit quatre demandes de renseignements. Cette fonction de conseil et d'information est fournie gratuitement, et est financée par les apports de projets et les ventes de semences. De nombreuses publications ont été produites, et l'ATSC élabore des systèmes informatiques d'aide à la décision pour aider à l'évaluation des stations et au choix des lots de semences, et à l'adaptation des espèces et provenances.

Accès aux ressources génétiques
Il n'y a à l'heure actuelle aucune restriction d'accès aux ressources génétiques forestières australiennes en vue de la recherche. Conformément à la Convention sur la diversité biologique, ces ressources sont considérées comme faisant partie du patrimoine de l'humanité, et elles sont partagées dans des conditions mutuellement agréées. C'est pourquoi il n'y a pas de restriction d'accès aux matériels tenus par le Centre, toutefois il faut des fonds pour leur entretien et leur expansion. L'ATSC est spécialisé dans les petits lots de semences pour la recherche et l'amélioration génétique, et entretient des installations scientifiques complexes. Il n'a pas un volume de commandes de semences et un chiffre d'affaires comparables à celui des fournisseurs de semences commerciales.

L'ATSC est autofinancé, et doit rentrer dans ses frais pour rester opérationnel. Il gère plusieurs projets qui financent l'envoi de semences à des chercheurs dans de nombreuses régions du monde, afin d'alléger les restrictions financières dont il risquerait autrement de souffrir; ces projets sont décrits plus en détail ci-dessous. Lorsqu'il n'y a pas de financement disponible par des projets, il peut être demandé aux chercheurs qui veulent des semences de participer aux frais de récolte, traitement et entreposage des graines. Cette contribution peut se faire sous forme d'échange de matériel génétique, information en retour sur le comportement des lots de semences fournis, ou plus couramment paiement en argent. Les entreprises privées et les projets financés par des donateurs doivent payer leurs semences, de la même façon qu'ils paient le carburant, la main-d'oeuvre, les équipements et fournitures. Le coût moyen des semences représente en général moins de 1 pour cent du coût total des projets, et étant donné que des semences de haute qualité sont un facteur essentiel de succès des programmes de reboisement, il ne faut pas lésiner sur ce point.

Les chercheurs désirant obtenir des semences doivent écrire à: Officer in Charge, ATSC (adresse ci-dessus) pour discuter des conditions.

PROJETS FINANÇANT LA FOURNITURE DE SEMENCES

Semences d'arbres australiens
Ce projet a été financé par l'AIDAB4, et fonctionne maintenant avec un appui de l'ACIAR5. II fournit une assistance aux pays en développement sous forme de semences, d'information et de documentation, et de formation. Les critères de choix des pays concernés sont assez souples, mais le projet est d'une manière générale destiné aux pays entrant dans les catégories de l'OCDE “les moins développés”, “à faible revenu” et “à revenu intermédiaire, tranche inférieure”. Les chercheurs ayant des doutes sur le statut de leur pays doivent contacter l'ATSC, qui examinera leur cas.

Amélioration de la productivité des arbres dans le Sud-Est asiatique
Ce projet, financé par l'AIDAB, est spécialement axé sur Casuarina equisetifolia (récolte de semences et essais) et les acacias pour les zones sèches du Sud-Est asiatique, et sur les techniques de modélisation climatique. Le projet appuie une formation en matière d'amélioration des arbres et de cartographie climatique, et fournit des semences pour essais.

Autres bailleurs de fonds
Divers organismes d'aide bilatérale et multilatérale au développement financent la fourniture de semences à des chercheurs. L'ATSC peut aider à l'élaboration de propositions à leur présenter à cet effet.

Commandes payantes
Lorsqu'ils ne disposent pas de financement par un projet pour se procurer des semences, les chercheurs peuvent discuter de leurs besoins avec le personnel de l'ATSC, et ils doivent s'attendre à ce qu'il leur soit demandé une contribution aux frais de fonctionnement du Centre par le paiement d'un prix d'achat. La fonction générale de conseil pour le choix des espèces et provenances est gratuite, et comme nous l'avons dit est payée par les ventes de semences.

CONCLUSION

La FAO avait, dans les années cinquante, lancé sa politique de semences agricoles par le slogan “De bonnes semences ne coûtent pas d'argent - elles en rapportent”, et cela vaut aussi pour les semences forestières. La réussite des projets de reboisement et de plantations agroforestières dépend pour une très large part de la qualité du matériel génétique utilisé. La plantation d'un plant de qualité médiocre coûte tout autant que celle d'un plant d'élite, mais les produits qu'ils fournira pourront être très différents d'un point de vue scientifique, matériel et économique. Les utilisateurs de ressources génétiques supérieures doivent être disposés à participer aux frais de prospection, de récolte et de fourniture de matériel génétique, et à fournir une information en retour sur leurs performances. La question de la propriété et de l'exploitation des ressources phytogénétiques mondiales est un problème complexe qui retient toute l'attention de la Commission des ressources phytogénétiques de la FAO et de la Convention sur la biodiversité. Les ressources génétiques forestières de l'Australie constituent pour de nombreux pays tropicaux et subtropicaux des ressources précieuses, qui grâce au Centre de semences forestières sont accessibles sans restriction. A condition que le Centre puisse continuer de se procurer les moyens nécessaires pour prospecter, récolter et distribuer ces ressources génétiques au profit de tous, les chercheurs continueront de recevoir des conseils et du matériel génétique de haute qualité.

Références

FAO (1993). Code de conduite pour la récolte et le transfert de matériel génétique (approuvé par la Commission des ressources phytogénétiques à sa Cinquième session tenue à Rome du 19 au 23 avril 1993). Division de la production végétale et de la protection des plantes, FAO, Rome, Italie.

Informations sur les Resources Génétiques Forestières No 21. FAO, Rome (1994)

1 Institut de recherche forestière de Malaisie

2 Université Nationale d'Australie

3 Centre australien de recherche agronomique internationale

4 Australian International Development Assistance Bureau

5 Australian Centre for International Agricultural Research


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