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CHAPITRE 5:
Promouvoir des stratégies de diversification agro-alimentaire pour favoriser la sécurité alimentaire des ménages


De nombreuses personnes consomment trop peu d’aliments riches en nutriments pour mener une vie saine et productive. La sous-alimentation chronique affecte environ 215 millions de personnes en Afrique subsaharienne, soit 43 pour cent de la population (FAO, 1996b). Les maladies de carence en fer, vitamine A et iode sont également répandues. Près de 300 millions de personnes en sont affectées chaque année, et le nombre de personnes qui risquent d’être atteintes est encore beaucoup plus élevé. La malnutrition rend ses victimes plus vulnérables aux infections et entraîne de nombreux décès (voir aussi le chapitre 8). Pour faire face à cette réalité désolante, les gouvernements et la communauté internationale doivent unir leurs efforts de lutte contre la malnutrition et les carences en micronutriments.

Diversifier la production alimentaire en vue d’un approvisionnement constant et facilement accessible

Il est impératif d’augmenter la production alimentaire et de la rendre plus accessible si l’on veut améliorer sensiblement la situation nutritionnelle. Il faut produire davantage d’aliments riches en micronutriments essentiels, largement disponibles et accessibles à tous pendant toute l’année. Réaliser cette ambition requiert la collaboration des travailleurs de différents secteurs: agriculture, pêches, forêts, petit élevage, industrie, commerce, communication, participation des femmes, économie ménagère et nutrition. L’application la plus large possible des technologies et des approches reconnues dans chacun de ces domaines, ainsi que le développement de concepts novateurs, contribueront ensemble à la solution des problèmes nutritionnels. Les résultats de la recherche devront être communiqués aux agriculteurs, et l’on devra s’efforcer de prendre appui sur le savoir-faire des producteurs locaux. Les consommateurs devront être impliqués. En particulier, il faudra les éduquer à prévenir les carences nutritionnelles.

Il est indispensable que l’accès aux approvisionnements soit rendu stable et constant pour que la sécurité alimentaire des ménages puisse être garantie. Plus élevés et constants seront les rendements du système de la production agricole, mieux il sera possible aux ménages d’accéder à suffisamment de nourriture. De même, les pratiques agricoles qui améliorent, en toute saison, la régularité du flux des différents produits alimentaires jusqu’aux consommateurs favorisent d’autant la sécurité alimentaire des ménages. La popularisation des techniques améliorées et adaptées de conservation et de séchage domestiques des légumes et des fruits entraîne une réduction des pertes et du gaspillage et permet d’utiliser plus complètement les produits frais, tels que les mangues, disponibles en abondance au moment de la cueillette. L’installation ou l’agrandissement des petites unités de traitement des produits alimentaires permet d’augmenter les quantités transformées et d’accroître ainsi, tout au long de l’année, la disponibilité et la variété des aliments riches en micronutriments sur les marchés urbains et ruraux. En conséquence, la demande des produits du secteur agricole augmente, et les consommateurs sont placés devant un plus vaste choix.

Les stratégies de diversification agricole et alimentaire dans les ménages et les communautés comprennent une série d’activités destinées à maximiser la disponibilité d’aliments nutritifs plus abondants et plus variés. Ces activités sont notamment les suivantes:

Certaines de ces stratégies sont analysées dans le présent chapitre. La diversification implique une gestion et une création de ressources orientées de façon telle que l’ensemble des mesures mises en œuvre concourent à améliorer le niveau de vie des habitants défavorisés des zones rurales.

Les cultures associées

Les systèmes agricoles traditionnels comportent une diversité de cultures, qu’il s’agisse de cultures mixtes ou alternées, en plus d’une association des activités agricoles avec l’élevage et l’aquaculture. La recherche concernant les types d’exploitation et les assolements met au jour des méthodes améliorées qui permettent d’obtenir des rendements plus élevés et plus constants. La recherche conduit plus sûrement à l’identification de solutions quand elle embrasse simultanément tous les aspects de l’exploitation agricole et porte aussi sur la connaissance des contraintes économiques et sociales et de l’environnement particulier des plus modestes cultivateurs.

Dans les petites exploitations, on peut souvent attribuer à la pratique des cultures associées des bénéfices, comme l’amélioration des rendements et l’augmentation des profits, et, par suite, des effets positifs sur la sécurité alimentaire, la consommation et la nutrition. Les cultures associées diminuent le risque d’échec des récoltes. Elles peuvent aussi réduire les besoins d’intrants coûteux si les fanes des légumineuses intercalaires, complétées par des phosphates minéraux, sont rendues au sol. Les cultures associées ou alternées offrent un surcroît de protection contre les parasitoses et autres maladies botaniques, et peuvent ainsi favoriser les profits et les revenus de l’exploitant. Tous ces avantages contribuent à réduire la vulnérabilité du système de production et à renforcer la sécurité alimentaire.

Les systèmes agricoles basés sur les associations culturales jouissent d’une période de récolte prolongée; ils contribuent ainsi à réduire les disettes saisonnières et à renforcer la stabilité de l’accès des ménages à la nourriture. Ces systèmes réduisent aussi les risques d’érosion, car ils protègent le sol par un supplément de couverture végétale et l’enrichissent des résidus de culture utilisés comme engrais vert et comme paillis. Ces caractéristiques se traduisent par une durabilité et une stabilité accrues du système de production alimentaire.

La sélection des cultures intercalaires peut comprendre des légumineuses et/ou des oléagineuses - par exemple, graines de courges, arachides, soja, tournesol -, associées aux céréales comme culture dominante. Les fèves de légumineuses sont plus riches que les céréales en protéines et dix fois plus riches que les racines et les tubercules (tableau 22). D’autre part, en raison de leur composition différente, les protéines des légumineuses et celles des céréales se complètent mutuellement.

Toutes les protéines ne favorisent pas de façon égale la croissance. La qualité d’une protéine dépend du type d’acides aminés qu’elle contient et de leur proportion respective dans cette protéine. Les protéines de bonne qualité contiennent tous les acides aminés essentiels en proportions capables de promouvoir la croissance, quand elles constituent les seules protéines du régime alimentaire. Ces protéines sont appelées «protéines complètes» ou «protéines de haute qualité biologique».

TABLEAU 22

Comparaison entre le contenu énergétique et le contenu protéique de quelques céréales, tubercules, légumineuses et graines oléagineuses (pour 100 g)

Aliment

Energie
(kcal)

Protéines
(g)

Maïs, blanc

357

9,4

Riz, brun, décortiqué

357

8,1

Farine de fonio

343

10,5

Mils

345

10,4

Sorgho

345

10,7

Dolique

342

23,1

Haricot (Phaseolus spp,)

336

23,0

Arachide

549

23,2

Sésame

558

17,9

Soja

405

33,7

Farine de manioc

340

1,5

Manioc, frais

153

0,7

Farine d’igname

317

3,5

Igname fraîche

104

2,0

Patate douce

114

1,5

Taro

113

2,0

Plantain

128

1,0

Source: FAO/United States Department of Health, Education and Welfare, 1968.

Toutes les protéines animales sont des protéines complètes, capables de satisfaire les besoins protéiques de l’individu dès qu’elles sont consommées en quantité suffisante. Les protéines végétales contiennent aussi tous les acides aminés essentiels, mais, pour l’un ou plusieurs d’entre eux, en quantité insuffisante pour satisfaire les besoins de la croissance. Les protéines des fèves de légumineuses sont généralement riches en lysine, un acide aminé dont les protéines de céréales sont souvent pauvres, de sorte que les protéines des légumineuses constituent des suppléments intéressants pour les régimes alimentaires basés sur les céréales. Le tableau 23 montre la composition en acides aminés et l’indice chimique du blé et du pois chiche (Cicer arietinum), séparément et en combinaison. On obtient une qualité protéique optimale en combinant la protéine du blé à celle du pois chiche à raison de 2 pour 1.

Le contenu protéique total des légumineuses varie largement de l’une à l’autre, d’environ 12 pour cent pour certaines variétés de pois chiche à plus de 35 pour cent pour certains cultivars de haricot ailé (Psophocarpus tetragonolobus) et de soja (Glycine max) (tableau 24). Le contenu protéique diffère fort aussi d’une variété à l’autre de la même espèce. Par exemple, le contenu protéique du pois cajan (Cajanus cajan) peut varier de 13 à 20 pour cent selon le cultivar et les conditions de culture.

La diversité d’approvisionnements que procurent les systèmes de cultures associées est très favorable à l’aspect proprement nutritionnel de la sécurité alimentaire, notamment du fait que les jeunes feuilles de nombreuses légumineuses sont consommées aussi comme légume vert, apportant ainsi des sels minéraux essentiels, par exemple le calcium et le fer, outre des quantités significatives de vitamines A et C. Le tableau 25 énumère quelques-uns des nutriments présents dans les principaux groupes d’aliments d’origine végétale.

TABLEAU 23

Teneur en acides aminés essentiels du blé et des pois chiches
(Cicer arietinum) (milligrammes par gramme d’azote de l’aliment)

Aliment

Lysine

Thréonine

Méthionine

Leucine

Isoleucine

Valine

Phénylalanine

Tryptophane

+ cystine

+ tyrosine

Blé

179

185

253

417

204

276

469

68

Pois chiche

428

235

139

468

277

284

541

50

Blé 67 % +









Pois chiche 35 %

304

209

196

443

241

280

505

59

Protéine idéale

340

250

220

440

250

310

380

60

Indice chimiquea

89

85

89

100

96

90

133

100

a Indice chimique = contenu en acides aminés du mélange blé/pois chiche divisé par le contenu en acides aminés de la protéine idéale (oeuf) x100.

Source: Siegel et Fawcett, 1976 (cité dans FAO, 1990e).

TABLEAU 24

Composition des graines mûres et sèches du haricot ailé comparée à celle d’autres légumes secs du commerce (%)

Légumineuse

Protéinesa

Graisses

Haricot ailé

37,6

21,5

Soja

40,2

21,6

Pois chiche

18,9

7,6

Dolique

24,4

1,6

a N x 6,25.

Source: Vietmeyer, 1975 (cité dans FAO, 1990e).

Perfectionner les cultures associées grâce à l’étude des systèmes agricoles et à la recherche appliquée

L’étude des systèmes agricoles peut contribuer au renforcement du bien-être nutritionnel et de la sécurité alimentaire des ménages de diverses manières. Centrée sur la viabilité des petites exploitations et caractérisée par une approche large et interdisciplinaire, la recherche dans ce domaine est vouée à promouvoir des styles de vie durables. Elle a aussi comme souci prioritaire d’augmenter la production alimentaire domestique et de renforcer les moyens de production des ménages agricoles.

TABLEAU 25

Nutriments présents dans les principaux groupes d’aliments d’origine végétale

Groupe

Nutriment

Céréales

Glucides, protéines, fibresa, vitamines du groupe Ba, fera et calciuma

Racines

Glucides, protéines, un peu de vitamine C

Légumineuses, graines oléagineuses, noix

Glucides, protéines, fibresa, fera, calciuma, vitamines du groupe Ba

Fruits et légumes

Vitamine C, vitamine A, fer, calcium, vitamines du groupe B, fibres

Note: Le régime alimentaire des groupes vulnérables peut ne contenir que de faibles quantités de ces nutriments.

a Des taux particulièrement élevés sont contenus dans les enveloppes.

Source: FAO, 1988b.

La recherche qui porte sur les systèmes d’exploitation agricole a l’ambition d’améliorer l’accès des ménages d’agriculteurs à la nourriture et au revenu, grâce à des interventions sur le choix des cultures et des pratiques agricoles, sur une intensification du petit élevage, sur le développement de technologies facilitant le travail et sur l’amélioration des techniques de stockage et de transformation des produits. Il faut donc que les stratégies d’encouragement à la diversification, comme les technologies d’associations culturales (y compris les systèmes d’associations des cultures avec l’élevage et/ou l’aquaculture) comprennent une aide à la recherche sur les systèmes d’exploitation, ainsi qu’aux efforts des planificateurs de recherche appliquée qui travaillent directement avec les producteurs au développement de systèmes locaux d’exploitation intégrée. La recherche sur les systèmes d’exploitation doit accorder une attention particulière à l’augmentation de la production de micronutriments des différents systèmes agricoles, et s’efforcer de développer des techniques efficaces de stockage et de conservation des fruits et des légumes que les communautés et les ménages soient capables d’appliquer.

Les services d’appui et de promotion des cultures associées

Une fois que les producteurs ont reçu les conseils des vulgarisateurs et accepté l’idée de la diversification des cultures vivrières, ils ont souvent encore besoin d’aide et de suivi avant d’adopter pour de bon les améliorations proposées. Le même type d’aide et de suivi peut se révéler nécessaire au niveau politique, dès qu’il s’agit d’intégrer des objectifs nutritionnels à la recherche sur les systèmes d’exploitation. Les sources possibles d’un tel appui comprennent l’administration, particulièrement les services de vulgarisation, en concertation avec les institutions financières, les banques agricoles, les groupements d’agriculteurs, les distributeurs de semences et d’engrais, l’industrie alimentaire et les autres sociétés privées qui voudraient tirer profit des politiques de diversification alimentaire.

L’objectif est d’arriver à fournir au bon moment les intrants, les avis et l’aide dont les agriculteurs et les autres producteurs ont besoin pour maximiser leurs profits, tout en minimisant les risques inhérents à l’adoption de stratégies nouvelles. Le développement de nouvelles semences, suivi de conseils sur les pratiques culturales et les intrants nécessaires, doit généralement s’accompagner d’ouvertures de crédit à faible taux et de mesures qui garantissent le droit de disposer des terres et réduisent ainsi les risques, surtout en zones marginales. Il faut également prendre des initiatives visant à garantir une demande effective et de bonnes conditions de commercialisation.

Les petits paysans sont tournés vers la maximisation de leurs profits: ils adoptent les technologies novatrices qui ne sont pas trop risquées et qui leur sont rapidement profitables. Pour eux, la notion de risque ne s’applique pas uniquement aux revenus monétaires, mais aussi à la durabilité et à la stabilité de la qualité de vie du ménage, dont l’accès à la nourriture constitue une dimension essentielle.

L’adoption de stratégies efficaces d’amélioration de productivité des systèmes mixtes d’exploitation débouche sur la production de divers aliments en quantité supérieure à la demande immédiate des communautés productrices. Il est donc nécessaire, avant de mettre en œuvre toute stratégie de diversification alimentaire, d’évaluer le marché potentiel des excédents de production. Il faut à la fois conduire des sondages auprès des consommateurs potentiels, faire la publicité des produits que l’on veut promouvoir et intensifier l’éducation nutritionnelle, afin de stimuler la demande des populations urbaines qui peuvent avoir perdu l’habitude de certaines denrées traditionnelles.

L’Institut des ressources naturelles africaines de l’Université des Nations Unies (UNU/INRA) a demandé à 14 pays d’Afrique d’effectuer une série d’études sur les plantes alimentaires indigènes et autres végétaux utiles, afin de déterminer à quel point les ressources autochtones sont familières aux populations, l’usage qu’elles en font et les préparations qu’elles en tirent. Les données ainsi rassemblées permettront de mesurer la popularité des plantes comestibles locales et de définir les priorités et les stratégies de recherche et de formation qui s’y rapportent. Ces informations aideront à améliorer les systèmes d’exploitation qui font place aux plantes comestibles locales; à planifier des mesures de renforcement de la durabilité, de réduction du risque, de diversification de la production et de conservation du capital génétique des plantes africaines comestibles; enfin, à promouvoir des méthodes novatrices de culture, de transformation et de préparation.

En ce qui concerne les céréales à petits grains, comme le mil et le sorgho, il convient d’améliorer les techniques de transformation et de fournir ainsi des produits attrayants aux ménagères urbaines, qui se sont habituées à la commodité d’emploi du riz et des produits de boulangerie tels que les pains et les biscuits. La fabrication de casse-croûte à partir de diverses farines peut contribuer à ouvrir le marché aux excédents de production prévus. Bien entendu, l’introduction de ces produits sur le marché devra s’appuyer sur une large diffusion d’informations nutritionnelles.

Une bonne part des denrées alimentaires produites dans le cadre de systèmes d’exploitation diversifiés, comme les racines, les tubercules, les plantains, les bananes, les fruits et les légumes à feuilles, sont très périssables. Tout en promouvant leur production, il convient donc d’assurer à ces denrées des conditions de transport et de commercialisation acceptables pour éviter les pertes, dont le coût élevé serait inmanquablement répercuté sur le consommateur. Idéalement, les politiques agricoles favorables à la diversification devraient comporter un renforcement de tous les maillons de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, ainsi que la mobilisation d’aides aux niveaux national, régional et communautaire, par l’intervention des groupements de producteurs et de consommateurs.

Les jardins potagers

Les jardins traditionnels

Dans beaucoup de communautés agricoles, l’aliment de base principal est toujours le même; le caractère saisonnier de sa récolte implique une période de restriction, appelée quelquefois «période creuse» ou «saison maigre». Les produits du jardin potager peuvent compléter l’approvisionnement du ménage en période creuse et fournir également un supplément de revenu au moment où les autres sources d’emploi et de revenu sont limitées, à condition que l’on dispose d’assez d’eau pour l’arrosage. En général, ce sont plutôt les femmes qui entretiennent les jardins potagers; elles les arrosent et les fument souvent avec les eaux usées et les utilisent pour des cultures hâtives, par exemple celle du maïs vert, ou pour la production des fruits, des épices et des condiments servant à relever la saveur des plats.

Les jardins potagers exigent beaucoup de travail, mais comme ils sont généralement situés tout près de la maison, leur entretien peut être combiné avec les tâches ménagères et la garde des enfants. Souvent, les enfants portent l’eau et sont chargés du petit entretien; ils reçoivent aussi parfois quelques plantes ou un petit lopin à cultiver eux-mêmes. Les encouragements au jardinage que l’école peut prodiguer par le biais de la formation horticole et de l’éducation nutritionnelle, et peut-être aussi par l’implantation et l’entretien d’un jardin scolaire, aideront la jeune génération à se former utilement aux principes de gestion intensive des terres de culture.

Le jardinage se pratique selon des formes diverses, qui reflètent le style de vie et les habitudes de travail des personnes concernées. Ainsi, les citadins cultivent du maïs derrière leur habitation et souvent aussi devant; les commerçants très occupés font pousser des bananiers derrière leur boutique et éparpillent des semences de tomates sur les espaces humides entourant leur enclos privé; les enfants enterrent des noyaux de mangue dans les tas de détritus et les fossés qui bordent leur maison. Les jardins de ce type sont souvent disposés au hasard, avec des poules et des chèvres qui s’en disputent la végétation; néanmoins, l’intention et l’intérêt sont là, dans l’attente d’être canalisés.

Les jardins potagers ont hélas rarement retenu l’attention des pouvoirs publics, alors que les familles sont souvent dépourvues des ressources, des connaissances et des intrants nécessaires pour un jardinage efficace. Une étude menée au Ghana a montré que les systèmes traditionnels d’exploitation des jardins potagers se heurtent à plusieurs obstacles majeurs qu’il faudrait absolument lever, avant que la poursuite de ces activités ne mérite vraiment d’être encouragée (Asare, Oppong et Twum-Ampofo, 1985). Si l’on veut promouvoir l’expansion des jardins potagers, plusieurs facteurs importants doivent être pris en considération, comme la garantie de la propriété ou de l’usufruit de la terre pour ne pas décourager l’investissemement, ou encore la dynamisation des services de vulgarisation et de crédit afin de favoriser la multiplication des jardins et leur meilleure gestion.

Les jardins potagers et la nutrition

Les jardins traditionnels sont encore aujourd’hui d’importantes sources de micronutriments dans les communautés rurales. Les familles pauvres puisent la plupart de leurs nutriments dans les aliments végétaux, qui sont moins chers et plus accessibles que les aliments d’origine animale. Dans les pays tropicaux humides, certaines plantes à feuilles vertes poussent spontanément à l’état sauvage, par exemple Amaranthus spp., Corchorus spp., Bidens pilosa, Gynandropsis spp., Celosia spp., Basella spp., Solanum scabrum, Solanum americanum, Hibiscus sabdariffa et Vigna unguiculata. Ces végétaux sont traditionnellement consommés comme légumes à feuilles dans les régions dont la climatologie rend la culture des légumes exotiques plus difficile. En général, les feuilles de ces plantes sont de bonnes sources de protéines, de phosphore et de fer, ainsi que de vitamines A et C et même, quelquefois, de vitamines du groupe B. La valeur alimentaire de ces légumes est souvent supérieure à celle d’espèces introduites récemment, comme les choux et les tomates. Le tableau 26 donne le contenu nutritionnel de quelques légumes à feuilles vertes largement consommés en Afrique.

Grâce à une sélection soigneuse, il est possible de composer un éventail de légumes et de fruits cultivables tout au long de l’année et d’en retirer un approvisionnement continu en micronutriments (figure 19). Les plantes vivaces à fruits jaunes ou oranges (mangue, papaye, groseille du Cap, goyave), les légumes-fruits (tomate, courge, citrouille, gourde, aubergine), certains légumes-racines (carotte, patate douce jaune), de même que la plupart des légumes-feuilles vert foncé, constituent généralement d’assez bonnes ou de bonnes sources de vitamines A et C. Certains arbres d’origine locale donnent des feuilles et des fruits riches en micronutriments, qui sont consommés dans les zones rurales: goyave et loquat, par exemple. Le tableau 27 décrit certaines ressources nutritionnelles du jardin potager.

Certains aliments de base sont d’intéressants fournisseurs de micronutriments, par exemple les feuilles de végétaux du groupe des racines et tubercules. Dans de nombreux pays de l’Afrique tropicale humide, les feuilles de manioc (Manihot esculenta) sont couramment consommées. Les mils sont de bien meilleures sources de fer que le blé ou le maïs.

La culture des fruits et des légumes présente des difficultés dans les climats froids, par exemple sur les hauts-plateaux d’Ethiopie ou du Lesotho. Là, les tentatives d’étendre la production des légumes-feuilles jusqu’à l’hiver seront nécessairement basées sur la sélection de cultivars tolérant le froid de l’espèce des Brassica, comme le chou frisé ou la moutarde. On peut aussi envisager d’adopter certaines pratiques locales de protection des cultures, comme les tunnels en plastique ou les serres chaudes qui accumulent la chaleur du soleil et protègent les plantes du froid et du vent.

L’échelonnement des dates de plantation des fruits et des légumes à cycle court et le choix de mélanges de variétés hâtives, moyennes et tardives de plantes annuelles et vivaces contribue à élargir la période des récoltes. Certaines variétés de manguiers, par exemple, permettent trois cueillettes par an, car un même arbre peut porter à la fois des bourgeons, des fleurs, des fruits verts et des mangues mûres. Il est ainsi possible d’éviter les insuffisances saisonnières de micronutriments, notamment de bêta-carotène dans le cas des mangues.

TABLEAU 26

Contenu nutritionnel de quelques légumes à feuilles vertes (valeurs par portion comestible de 100 g)

Aliment

Energie
(kcal)

Eau
(%)

Protéines
(g)

Graisses
(g)

Glucides
(g)

Fibres
(g)

Cendres
(g)

Calcium
(mg)

Phosphore
(mg)

Fer
(mg)

Equivalent
ß-carotène
(µg)

Thiamine
(mg)

Riboflavin
(mg)

Niacine
(mg)

Vitamine C
(mg)

Amaranthus spp.
















Feuilles crues

42

84,0

4,6

0,2

8,3

1,8

2,9

410

103

8,9

5 716

0,05

0,42

1,2

64

Feuilles cuites

43

84,5

4,0

0,9

7,1

1,3

3,5

506

62

1,7

-

-

-

-

52

Baobab
















Adansonia digitata
















Feuilles crues

69

77,0

3,8

0,3

16,1

2,8

2,8

402

65

-

-

-

-

-

52

Feuilles séchées

282

11,8

12,3

3,1

63,2

9,7

9,6

2 241

275

24,0

9 710

0,13

0,82

4,4

traces

Somet
















Bidens pilosa
















Feuilles crues

43

85,1

3,8

0,5

8,4

3,9

2,2

340

67

-

1 800

-

-

-

-

Feuilles séchées

33

88,6

2,8

0,6

6,0

1,3

2,0

111

39

2,3

-

-

-

- -

-

Vernonia amygdalina
















Feuilles crues

52

82,6

5,3

0,4

10,0

1,5

1,7

145

67

5,0

-

-

-

-

51

Feuilles séchées

194

27,4

32,5

1,5

28,6

-

10,0

105

536

5,5

-

-

-

-

20

Manioc
















Manihot esculenta
















Feuilles crues

91

71,7

7,0

1,0

18,3

4,0

2,0

303

119

7,6

11 775

0,25

0,60

2,4

311

Feuilles séchées

194

27,4

32,5

1,5

49,2

-

5,2

313

431

8,0

-

-

-

-

-

Cleome gynandra
















Feuilles, crues

34

86,6

4,8

0,4

5,2

1,2

3,0

288

111

6,0

-

-

-

-

13

Feuilles et tiges cuites

41

86,6

4,2

1,0

6,3

1,3

1,9

135

94

3,4

-

-

-

-

-

Patate douce
















Ipomoea batatas
















Feuilles crues

49

83,0

4,6

0,2

0,2

2,4

2,0

158

84

6,2

5 870

0,10

0,28

0,9

70

Feuilles cuites plus arachides

66

82,5

2,6

3,0

9,1

0,9

1,8

93

68

3,3

-

-

-

-

-

Source: FAO, 1990f.

FIGURE 19
Vivres obtenus dans un système de production et d’approvisionnement alimentaire de subsistance à Nchelenge, en Zambie


ALIMENT

Janv.

Févr.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juil.

Août

Sept.

Oct.

Nov.

Déc.

Manioc













Feuilles de manioc













Maïs en vert













Arachide













Patate douce













Feuilles de patate douce













Feuilles de haricot













Citrouille













Feuilles de citrouille













Pois bambara













Mil













Farine de maïs













Riz













Dolique













Feuilles de dolique













Champignon













Légumes sauvages













Mangue













Banane













Petit poisson séché













Poisson




























Disponibilité hasardeuse


Disponibilité certaine



Source: D’après Thuvesson, 1988.


TABLEAU 27

Quelques ressources nutritionnelles du jardin potager

Energie

Graisses

Protéines

Fer

Vitamine A

Vitamine C

Avocat
Fève de cacao
Fruit de
l’arbre à pain
Manioc
Maïs
Pomme de terre
Patate douce
Igname

Avocat
Caroube
Arachide
Soja

Fève de cacao
Noix de cajou
Dolique
Lablab
Arachide
Pois cajan
Soja
Graines de pastèque

Amarante
Cœur de bananier
Feuilles de manioc
Baselle
Haricots secs
Fruits secs
Feuilles de cassier
Oignon vert
Feuilles de moutarde
Epinard
Feuilles de patate douce

Feuille d’amarante
Papaye
Carotte
Feuilles de manioc
Baselle
Feuilles de cassier
Piment enragé
Mangue (mûre)
Persil
Oseille
Epinard
Feuilles de potiron
Feuilles de patate douce

Annone
Fruit du baobab
Pomme de cajou
Agrumes
Goyave
Mangue
Melon
Papaye (crue)
Pomme de terre
Corossol
Pomme cannelle
Poivron doux

Source: D’après OMS/UNICEF, 1985.

Les jardins potagers et les femmes

En matière de jardins familiaux et communautaires, les femmes jouent un rôle de premier plan. Non seulement elles sont chargées d’extraire des récoltes de ces petits lopins de terre, mais en plus, spécialement les plus âgées, elles possèdent souvent une connaissance approfondie des espèces locales de plantes à feuilles vertes comestibles. Elles savent préparer les légumes indigènes, les conserver et sécher leurs semences. Sur les marchés locaux, ce sont le plus souvent des femmes qui vendent ces légumes, frais ou séchés.

Les services de vulgarisation ont la tendance regrettable à se concentrer sur les cultures principales, de sorte que les cultivateurs des jardins potagers reçoivent rarement des semences améliorées, des nouveaux cultivars ou des conseils de culture. Or, on pourrait attendre d’importants bénéfices de la fourniture d’avis pratiques, de facilités de crédit et d’intrants horticoles, aux femmes en particulier, car ce sont elles qui font le gros du travail et se soucient le plus des besoins nutritionnels de la famille. Il serait judicieux d’encourager les femmes à s’organiser en groupes qui les aideraient à accéder aux intrants, à améliorer l’efficacité de leur travail et, en définitive, à augmenter la diversité et la productivité des jardins potagers.

Les jardins potagers et le développement

Il faut distinguer les jardins traditionnels, cultivés indépendamment de toute intervention, et les nouveaux jardins, qui reçoivent une assistance extérieure. De nombreux projets de jardinage, spécialement ceux qui visent à améliorer la situation nutritionnelle et financière des ménages, bénéficient du soutien d’organisations non gouvernementales (ONG) et de donateurs extérieurs. En général, les ministères de l’agriculture n’ont guère pris part à ces projets, parce que les programmes de développement agricole ne réservent encore à l’horticulture qu’une priorité médiocre et que les jardins potagers, en particulier, retiennent encore moins l’attention, malgré leur productivité potentielle. Par suite, les vulgarisateurs agricoles compétents en horticulture sont peu nombreux. Plus rares encore sont les vulgarisateurs formés aux techniques du jardinage tropical et les vugarisateurs aptes à promouvoir des régimes alimentaires sains et nutritifs.

Si le jardinage n’occupe pas une place de choix dans les stratégies de développement, cela est dû, du moins en partie, au manque de données sur la production des systèmes traditionnels de jardinage exprimée en quantités ainsi qu’en équivalent monétaire assez précisément pour illustrer l’importance de leur contribution à l’économie et au développement du pays. En conséquence, la plupart des programmes agricoles et de recherche ont tendance à sous-estimer, sinon à ignorer l’importance réelle ou potentielle du jardinage en tant que stratégie de sécurité alimentaire et, davantage encore, en tant que stratégie visant à couvrir les besoins en micronutriments.

Toutefois, à mesure que les bénéfices sociaux, économiques et nutritionnels du jardinage se font plus évidents, certains gouvernements et le secteur privé manifestent un intérêt grandissant pour ce type d’activité. Des études de cas menées au Bangladesh et en Amérique centrale sur les aspects économiques et sociaux du jardinage, et ses contributions à la consommation et au revenu des ménages, démontrent nettement que les jardins potagers génèrent des profits économiques remarquables et qu’ils représentent une stratégie viable d’augmentation des disponibilités alimentaires destinées à la consommation familiale (Marsh, 1994).

Dans un programme intégré de nutrition et de jardinage domestique aidé par la fondation Helen Keller International au Bangladesh, la consommation totale des légumes a augmenté de 30 pour cent, les jardins potagers du projet fournissant 80 pour cent des légumes consommés dans les familles. De plus, les revenus de la vente des produits des jardins ont servi surtout à l’achat de denrées alimentaires, et la prévalence de la malnutrition parmi les enfants des familles participantes a diminué d’autant. Dans une autre étude menée au Honduras et au Nicaragua, les jardins ont fourni une part importante des fruits, légumes, racines, tubercules, café, thé et plantes médicinales entrant dans la consommation familiale. On a pu conclure que les bénéfices combinés de la consommation familiale, des revenus tirés de la vente des récoltes du jardin (25 pour cent du revenu moyen au Bangladesh; une fraction variable au Honduras et au Nicaragua) et des moindres dépenses en produits horticoles ont contribué de façon remarquable au bilan économique des ménages.

Les données tirées d’un projet assisté par la FAO au Niger en faveur de la production et de la consommation des aliments riches en vitamine A, ciblé sur les groupes de femmes et leurs familles, ont montré que la proportion des enfants en bonne santé augmentait plus dans les zones du projet que dans les villages qui ne participaient pas (IVACG, 1994). Les éléments fructueux de ce projet ont été une éducation nutritionnelle vigoureusement poursuivie pour stimuler la consommation d’aliments traditionnels sous-exploités, comme les feuilles vertes; la culture de plantes sauvages, sources traditionnelles de vitamine A; enfin, la conservation des aliments par séchage solaire pour aider à prévenir les déficits alimentaires saisonniers.

L’information disponible montre clairement que le jardinage peut procurer aux ménages des bénéfices tangibles: présence d’aliments sur la table familiale, supplément de revenus, enfants en bonne santé. Un accès aisé aux fruits, aux légumes, à la volaille - et parfois aussi au poisson - qu’elles produisent, apporte aux familles rurales à faible pouvoir d’achat la garantie d’un régime alimentaire mieux équilibré tout en augmentant leur autonomie. La vente des surplus peut représenter une source de profits immédiats pour les producteurs - surtout pour les productrices - et pour les consommateurs, qui voient augmenter la quantité et la variété des denrées alimentaires disponibles sur les marchés locaux. Dans les communautés encore affectées de carences nutritionnelles spécifiques, ou qui semblent détenir un potentiel encore inexploité de création de revenus, les ménages peuvent être amenés à augmenter la diversité et la productivité des jardins potagers traditionnels, moyennant une aide des services publics ou des ONG. Le jardinage représente également un élément potentiellement important des stratégies de sécurité alimentaire en milieu urbain.

Le succès et de durabilité des projets de jardinage domestique dépend de plusieurs conditions importantes. Comme le potager constitue un système de production complexe et varié qui s’inscrit dans le contexte plus large de l’économie familiale, toute intervention spécifique visant à améliorer la nutrition exige que l’on comprenne suffisamment bien la situation locale pour adapter les objectifs du projet à la situation particulière rencontrée.

Il est donc indispensable de collaborer étroitement avec les producteurs locaux, notamment les femmes, à l’identification des ressources et des contraintes locales ainsi que des moyens convenant le mieux à la promotion de potagers qui pourront prospérer durablement. Les aliments produits dans les jardins potagers auront d’autant plus de chances de se traduire en bénéfices nutritionnels pour la famille entière que l’on aura reconnu l’importance de l’éducation nutritionnelle et de la diffusion d’informations sur la valeur nutritionnelle des fruits et des légumes, et sur le rôle qu’ils jouent dans le régime alimentaire. La promotion de la diversification des cultures exige que l’on soit flexible dans le choix des espèces et des méthodes d’exploitation, que l’on veuille privilégier les variétés locales adaptées et que l’on accorde beaucoup d’attention à la fertilité du sol, à la lutte contre les parasites et autres maladies, au potentiel économique des potagers et à la conservation des ressources génétiques. Il est extrêmement important d’associer les femmes à tous les aspects de la gestion des jardins potagers et de leur donner une formation en nutrition, car ce sont elles, surtout, qui veillent à la nutrition de la famille et qui exécutent l’essentiel des travaux. L’évaluation des progrès du jardin serait sans doute coûteuse, mais elle aiderait à démêler les problèmes en fournissant des données chiffrées sur son efficacité et sur l’évolution de la consommation de ses produits. Les responsables politiques et les planificateurs pourraient trouver dans les résultats de ces enquêtes de bonnes raisons de majorer les investissements consacrés à l’amélioration de la productivité du jardinage. A long terme, la durabilité des activités de ce secteur dépend aussi de la solidité des structures communautaires spécifiques, qui doivent idéalement s’appuyer sur les organisations agricoles et les associations féminines locales.

Une publication de la FAO, intitulée Améliorer la nutrition grâce aux jardins potagers - Module de formation à l’intention des agents de terrain en Afrique, étudie l’intégration de la production agricole à la nutrition. L’ouvrage fournit un matériel très complet pour la formation des agents de terrain qui désirent aider les familles et les communautés à améliorer la production alimentaire familiale et la valeur nutritionnelle de leurs régimes alimentaires (FAO, sous presse).

L’agriculture urbaine

Dans les zones urbaines, les ménages les plus exposés au risque d’insécurité alimentaire et de malnutrition chronique relèvent, en général, des groupes économiques les plus faibles, qui n’arrivent pas à acheter suffisamment de nourriture. Il s’agit souvent des familles d’immigrants récents, qui n’ont pas réussi à trouver un emploi stable. Leurs revenus sont parfois si limités qu’ils ne peuvent acquérir qu’une nourriture de base, au prix le plus bas. En outre, comme ils n’ont pas de quoi payer un loyer, ils sont contraints de loger dans les bidonvilles de la périphérie urbaine. Ces familles cultivent souvent un carré de terre à côté de leur masure et gardent quelques poules à titre de stratégie de survie. Cependant, nombre de citadins bien établis entretiennent aussi leurs propres systèmes subsidiaires d’approvisionnement alimentaire pour compléter les achats qu’ils font sur les marchés urbains.

Les milieux officiels tendent à considérer l’agriculture urbaine, tout comme le commerce alimentaire de rue, comme une quantité négligeable et comme un phénomène transitoire, qui serait surtout le fait d’immigrants récents, installés illégalement et encore mal adaptés à l’économie de marché. Contredisant cette vision des choses, une enquête urbaine menée dans plusieurs pays, dont l’Ethiopie, le Kenya, le Sénégal, la République-Unie de Tanzanie et l’Ouganda (CRDI, 1993), a montré que l’agriculture urbaine apporte une contribution significative à l’approvisionnement alimentaire de nombreuses grandes villes. Une enquête conduite en Zambie a indiqué que les initiatives urbaines contribuent à la sécurité et à la diversité de l’alimentation des ménages, en particulier à l’abondance des micronutriments essentiels qu’ils consomment (encadré 19, tableaux 28 et 29).

La culture à but commercial de tomates, d’oignons, de légumes verts, de fruits et autres végétaux recherchés est un type d’entreprise qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans la périphérie de nombreuses villes africaines. Ces systèmes de production peuvent être très rentables et justifier le coût élevé des intrants qu’ils exigent, comme l’irrigation, les engrais et les pesticides. Il est essentiel que le lieu de production soit proche des marchés urbains, afin de protéger la fraîcheur des produits maraîchers très périssables et de faire en sorte que les vitamines et les minéraux qu’ils contiennent arrivent vraiment sur la table des consommateurs urbains.

Les travailleurs pauvres, qui pratiquent une forme diversifiée d’agriculture urbaine, peuvent satisfaire certains de leurs besoins nutritionnels, surtout leurs besoins vitaminiques et minéraux, en consommant une part de leur propre production. Cette capacité est d’autant plus importante que les légumes et les fruits vendus sur les marchés sont souvent trop chers pour les citadins les plus pauvres. Pour inscrire les jardins potagers urbains dans le cadre d’une stratégie alimentaire viable, il faut souvent fournir aux intéressés des facilités d’accès à la terre, à l’eau, aux semences, à la vulgarisation, à l’éducation nutritionnelle et aux marchés.


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