FAO/SMIAR: Rapport spécial sur l'Afrique, août 1997

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PREMIERE PARTIE: VUE D’ENSEMBLE

 

En dépit des sombres perspectives en Sierra Leone, des difficultés persistantes d’approvisionnements alimentaires dans la région des Grands Lacs et de la situation généralement précaire des disponibilités alimentaires en Afrique de l’Est, la situation alimentaire globale en Afrique subsaharienne est satisfaisante, compte tenu des récoltes suffisantes dans l’ensemble dans de nombreuses zones en 1996 et de la production normale en Afrique australe en 1997. En conséquence, les besoins totaux d’importations céréalières, y compris l’aide alimentaire, devraient diminuer en 1997. Cependant, les besoins d’aide alimentaire demeurent élevés et sont actuellement estimés à 2 millions de tonnes. 



DETERIORATION DE LA SITUATION ALIMENTAIRE EN SIERRA LEONE

A la suite des bouleversements politiques qui ont éclaté en mai, la situation des approvisionnements alimentaires en Sierra Leone s’est détériorée, et des conditions de famine pourraient bientôt se présenter si l’insécurité actuelle persiste. La plupart des effectifs des organismes d’assistance internationale ont été évacués et les projets de remise en état ont été interrompus. Le rapatriement des réfugiés de Sierra Leone se trouvant dans les pays voisins (plus de 318 000 personnes) a été suspendu. La situation des approvisionnements alimentaires s’est aggravée dans les principales villes, et le prix du riz a triplé à Freetown. Les organismes humanitaires ont commencé à distribuer quelques vivres aux groupes vulnérables à Freetown, Bo, Kenema et Makeni, tandis que les opérations transfrontalières de la Côte d'Ivoire et de la Guinée ne permettent que des acheminements limités de nourriture aux zones rurales touchées.

L’insécurité a gravement entravé les activités agricoles, en particulier les semis des cultures principales qui ont normalement lieu d’avril à juin, et compromettra la production vivrière de 1997. Contrairement aux attentes suivant le retour de la paix, les superficies ensemencées devraient être en forte baisse car les agriculteurs soit abandonnent leurs exploitations, soit renoncent à étendre les semis. Pour le riz -la principale céréale- les semis avaient déjà été effectués avant la crise, mais il fallait encore, dans l’ensemble, procéder au repiquage. Pour le mil et le sorgho, la préparation des terres était en cours et les semis allaient démarrer. Pour le manioc, l’incidence pourrait être moins élevée car c’est une culture qui demeure en terre. Pour toutes les cultures plantées, la baisse d’activité dans les champs et la distribution limitée d’intrants due à l’insécurité se traduiront par un fort recul des rendements.

Ainsi, les perspectives pour la production vivrière de 1997 se sont détériorées et le pays continuera à être fortement tributaire de l’aide alimentaire pour satisfaire ses besoins de consommation. Avant la crise, les besoins d’importations céréalières pour 1997 avaient été estimés à 260 000 tonnes et les besoins d’aide alimentaire à 80 000 tonnes. Les besoins d’aide céréalière pour soutenir les activités de réinstallation /remise en état entreprises par le PAM et le Service de secours catholique avaient été estimés à 60 500 tonnes. La situation est surveillée de près.

Au Libéria, la situation alimentaire s’améliore et la production vivrière en 1997 devrait légèrement augmenter. La paix et la stabilité relatives qui ont régné dans tout le pays ont eu une influence positive sur les activités agricoles. Fin juin, les précipitations étaient normales, et la période des semis pour le riz d’altitude (pluvial) vient de s’achever. La population agricole a été très absorbée par la préparation des terres et les semis, en particulier dans les comtés de Lofa, Bong et Nimba, considérés comme la région céréalière du pays. En conséquence, les superficies cultivées cette année devraient être sensiblement supérieures à celles de l’an passé. On a partiellement remédié à la pénurie d’outils manuels et de semences de riz par un programme massif de distribution de semences et d’outils, dont ont bénéficié jusqu’à présent, d’après les rapports préliminaires, 118 000 familles vulnérables, soit quelque 55 pour cent du total.

Compte tenu de la forte reprise des échanges et des activités commerciales, la situation des approvisionnements alimentaires s’améliore. Les populations déplacées rentrent spontanément dans leurs zones d’origine. Les données recueillies par diverses organisations indiquent qu’au moins 50 000 réfugiés libériens se sont réinstallés dans les comtés de Lofa, Nimba et Grand Gedeh durant les cinq premiers mois de l’année. De même, le nombre de personnes déplacées à Monrovia et Buchanan est en fort recul, et les populations se déplacent essentiellement vers Grand Bassa, Rivercess, Bomi et Cape Mount. Les disponibilités alimentaires sur les marchés urbains sont stables et les prix des denrées ont généralement baissé depuis le début de l’année. Toutefois, la situation des approvisionnements alimentaires dans les zones rurales continuera à être précaire, en particulier durant la saison de soudure d’août-septembre. Dans l’ensemble, le Libéria continuera à dépendre de l’aide alimentaire dans un futur immédiat, en particulier dans les régions comptant un nombre élevé de rapatriés.

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DE GRAVES PROBLEMES D’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE PERSISTENT DANS LA REGION DES GRANDS LACS

En dépit d’une amélioration sensible des conditions de sécurité dans la région des Grands Lacs, de graves difficultés d’approvisionnements alimentaires persistent, dues en grande partie aux mouvements massifs de population au cours des déplacements récents et en cours.

Au Rwanda, il faudra nourri 1,6 million de personnes en plus durant la seconde moitié de 1997 par rapport à la même période de l’an dernier, soit un accroissement de 25 pour cent. Pourtant, selon les estimations, la production vivrière totale en 1997 serait inférieure de 18 pour cent au niveau de 1990. L’accès à la nourriture est devenu extrêmement difficile pour ceux qui dépendent des achats sur le marché car les prix ont grimpé en flèche. En conséquence, il faut encore une aide alimentaire substantielle. Toutefois, cette assistance devra être ciblée avec soin afin d’éviter des livraisons excessives qui pourraient décourager la production vivrière par la suite.

Au Burundi, d’après les estimations, la production en 1997 serait inférieure de 4 pour cent à la moyenne d’avant la crise, en dépit d’une amélioration de la fourniture d’intrants et des meilleures conditions de sécurité récemment. Une grande part de la population des zones intéressées par le conflit n’a pu cultiver ses terres durant les dernières campagnes et se trouve par conséquent en situation d’insécurité alimentaire, avec des taux élevés de grave malnutrition. Une aide alimentaire d’urgence importante continue donc à être nécessaire.

La situation des approvisionnements alimentaires demeure critique dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Des cas de grave malnutrition sont signalés parmi les réfugiés rwandais et les conditions de sécurité sont encore tendues. De source humanitaire, le nombre de réfugiés connus restant dans le pays serait d’environ 24 000 personnes, outre quelque 190 000 personnes déplacées. Fin juillet, environ 42 000 réfugiés rwandais avaient été rapatriés en avion depuis la ville orientale de Kisangani. En outre, quelque 5 000 personnes ont été rapatriées d’Amisi, Kindu, Punia et Tingi-Tingi. Quelque 50 000 réfugiés rwandais ont été signalés au voisinage de Mbandaka, près de la frontière avec le Congo Brazzaville, tandis que de petits nombres de personnes déplacées à l’intérieur du pays sont signalés à Walikale, Kirotshe, Rutshuru et certaines parties des provinces de South Kivu et de Shaba.

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LA SITUATION ALIMENTAIRE DEMEURE PRECAIRE EN AFRIQUE DE L’EST

L’impact de la sécheresse qui a frappé la plupart de l’Afrique de l’est au cours de la dernière campagne (des petites pluies) se fait encore sentir dans tous les pays concernés.

Au Kenya, la situation globale des approvisionnements alimentaires demeure précaire avec un fort renchérissement des denrées alimentaires. La distribution de l’aide alimentaire se poursuit dans les zones pastorales et les zones agricoles marginales qui ont le plus souffert de la sécheresse.Toutefois, les perspectives de la récolte céréalière des "grandes pluies" de 1997, qui sera rentrée à partir d’octobre dans les principales zones productrices, sont favorables, compte tenu de pluies généralement suffisantes, en dépit du démarrage tardif de la saison et du temps sec qui a régné en mai. Dans les zones pastorales des provinces de l’est et du nord-est, les pluies se sont traduites par un rétablissement des pâturages et la reconstitution des disponibilités d’eau, qui ont amélioré progressivement la situation alimentaire.Cependant, malgré les cours élevés du maïs, des estimations préliminaires indiquent que les superficies ensemencées sont inférieures aux objectifs. Des précipitations tardives mais abondantes fin mars/début avril ont entraîné un retard des semis ainsi qu’une diminution des terres ensemencées en maïs, en particulier dans les régions fortement mécanisées de la Province de la Rift Valley qui a souffert de pénuries de machines agricoles. Le retard des semis a également accru la vulnérabilité des cultures devant un arrêt anticipé de la saison des pluies. Dans l’ensemble, selon les premières indications, la production de maïs devrait être supérieure au résultat inférieur à la normale de l’an dernier, mais inférieure à la récolte exceptionnelle de 1994.

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MISSIONS RECENTES D’EVALUATION DES RECOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN AFRIQUE

De février à juin 1997, le SMIAR a envoyé une série de missions d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires dans les pays suivants: Angola, Burundi, Kenya, Madagascar, Mozambique, Ouganda, Rwanda et Soudan. En étroite collaboration avec les parties concernées, les Missions ont effectué des estimations de la production céréalière et des autres productions vivrières ainsi que des besoins d’importations céréalières pour 1997 ou 1997/98. Dans certains cas, il s’agissait de mettre à jour les estimations réalisées fin 1996.

Angola: D’après une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires (avril/mai), la production céréalière de 1996/97 est de 431 000 tonnes, inférieure de quelque 14 pour cent à la campagne précédente, en raison des précipitations inférieures à la normale.Cependant, la production des autres cultures vivrières, en particulier des racines et tubercules, a été estimée normale. La Mission a observé que les besoins d’importations seraient de quelque 531 000 tonnes.

Burundi: En juin, une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires a estimé la production vivrière totale de 1997 supérieure de moins d’un pour cent à 1996 et inférieure de 4 pour cent à la moyenne de 1988-93. Les besoins d’importations de céréales, légumineuses, racines/tubercules, et bananes/plantains ont été estimés à 128 000 tonnes (équivalent céréales). La malnutrition parmi les personnes déplacées à l’intérieur du pays est en augmentation.

Kenya: Une mission FAO/SMIAR s’est rendue au Kenya en avril avec l’objectif principal de mettre à jour les estimations de la production vivrière et des besoins d’importations réalisées en décembre 1996, compte tenu de la récolte de la première campagne de 1997 réduite par la sécheresse. La Mission a constaté qu’il manque 721 000 tonnes de maïs- la principale denrée de base du pays- pour couvrir les besoins de 1997. L’essentiel de ce déficit devrait être couvert par les importations commerciales, ce qui laisse des besoins d’aide alimentaire estimés à 218 000 tonnes.

Madagascar: Une mission FAO/PAM s’est rendue dans le pays en mars pour évaluer les dégâts et les pertes causées à la production vivrière et aux infrastructures agricoles par le cyclone "Gretelle"qui a balayé le pays en janvier. La Mission a estimé les pertes totales de cultures à 7 000 tonnes de riz, 123 500 tonnes de manioc et 8 000 tonnes de cultures de rapport (essentiellement de café).Toutefois, étant donné que les perspectives de production dans les régions du pays non touchées par le cyclone étaient favorables, la Mission a conclu que le déficit pourrait être couvert en grande partie localement.

Mozambique: La Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires qui s’est rendue dans le pays en avril a estimé la production de céréales de 1996/1997 à 1,47 million de tonnes, contre 1,33 million de tonnes la campagne précédente, soit un accroissement de 11 pour cent. La production de manioc avait également augmenté. La Mission a conclu que le pays aura un excédent céréalier estimé à 63 000 tonnes pour la campagne de commercialisation 1997/98.

Ouganda: La première Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires à se rendre en Ouganda (février) à cause des difficultés de production vivrière rencontrées dans les districts de l’est et du nord dues à la sécheresse, aux inondations et aux troubles civils, a estimé une baisse de la production de 1997 pour toutes les cultures, hormis les racines et tubercules. Cependant, les perspectives étaient sombres même pour les racines, en raison de graves infestations du virus de la mosaïque du manioc dans de nombreuses zones. En confrontant la production aux besoins, la Mission a conclu que le pays satisfaira tout juste ses besoins alimentaires en 1997, et enregistrera de légers excédents pour certaines cultures.

Rwanda: Une mission conjointe FAO/PAM (10-21 juin) a signalé qu’ à la suite du retour massif des réfugiés, le pays devra nourrir 1,6 million de personnes en plus durant la seconde moitié de 1997 par rapport à la même période de l’an dernier - soit une augmentation de 25 pour cent. La production vivrière totale en 1997 a été estimée considérablement inférieure aux niveaux d’avant la crise (1994), mettant à rude épreuve les disponibilités et les prix qui montent en flèche. La production de haricots a été fortement réduite pour la deuxième année consécutive. Les besoins d’importations (équivalent céréales) pour la seconde moitié de 1997 ont été estimés à 208 000 tonnes.

Soudan: Une mission FAO/SMIAR en avril a estimé la récolte de blé à un niveau exceptionnel de 650 000 tonnes, la deuxième récolte par ordre d’importance après le résultat record de 1991/92. La Mission a également révisé les estimations précédentes FAO/PAM à la hausse (2 pour cent) pour le sorgho et à la baisse (10 pour cent) pour le mil. La Mission a signalé que si les perspectives d’alimentation globales sont favorables, certaines provinces et états, essentiellement à l’ouest et au sud, se trouvaient dans une situation de sécurité alimentaire précaire.

En Ouganda, à la suite de récoltes de la première campagne de 1997 inférieures à la moyenne dans plusieurs régions du pays, la situation des approvisionnements alimentaires est devenue plus délicate. Les prix des haricots et du maïs ont plus que doublé par rapport à leurs niveaux d’il y a un an. La situation est particulièrement difficile dans les districts de l’est et du nord-est, qui ont été victimes de la sécheresse et des inondations, et dans les districts du nord, où l’insécurité entrave la production vivrière ainsi que la distribution de l’aide alimentaire. D’après les dernières estimations, le nombre de personnes touchées par la sécheresse et les inondations et ayant besoin d’une aide alimentaire s’élève à 612 000 tonnes. En outre, une aide alimentaire est requise pour environ 150 000 personnes déplacées dans le nord et 268 945 réfugiés.

Les perspectives pour les cultures vivrières de la deuxième campagne de 1997 sont généralement favorables compte tenu des bonnes pluies tombées en avril et en mai. Toutefois, dans certaines parties de l’est et du sud, où les semis ont été retardés d’un mois en raison de l’arrivée tardive des pluies, et où les précipitations ont été inférieures à la moyenne en mai, on prévoit des baisses importantes de rendements. Dans les districts du nord victimes des troubles civils persistants, la production devrait être en recul pour la deuxième campagne consécutive, compte tenu des réductions des superficies ensemencées dues aux mouvements de population.

En Ethiopie, la situation alimentaire a été généralement satisfaisante dans la plupart des régions, essentiellement grâce à la moisson principale record rentrée à la fin de l’année dernière.Toutefois, dans plusieurs zones, en particulier les régions pastorales du sud et du sud-est, la situation des approvisionnements est devenue critique, en raison des récoltes de la deuxième campagne ayant souffert de la sécheresse et de la détérioration des pâturages et de l’état du bétail. Dans certaines de ces régions, la récolte des petites pluies assure une grande partie de la production vivrière annuelle des ménages. La détérioration de la situation des approvisionnements s’est avérée particulièrement grave dans plusieurs zones de la région Somali et au sud de la Région Oromia qui jouxte la Somalie et le Kenya.

En Erythrée, où la moisson de céréales de 1996 a été médiocre, la situation des approvisionnements alimentaires demeure fragile, même si les prix des denrées sont stables compte tenu des ravitaillements transfrontaliers en provenance d’Ethiopie. Néammoins, le pays continuera à avoir besoin d’une aide alimentaire, estimée pour la campagne de commercialisation en cours à 289 000 tonnes.

En Somalie, la situation alimentaire s’est détériorée rapidement, compte tenu de la sécheresse associée aux conflits civls persistants. La récolte principale "Gu" rentrée en septembre dernier a été également médiocre. En conséquence, la production céréalière totale de 1996/1997 serait d’environ la moitié du niveau d’avant la crise. La situation précaire des approvisionnements alimentaires se traduit par une envolée des prix des céréales et un accroissement des ventes de bétail. Toutefois, la récolte Gu de 1997 s’annonce bonne, grâce aux bonnes pluies tombées depuis fin mars, même si les semis et les rendements ont souffert des pénuries de semences, des prix élevés des intrants et des troubles civils incessants.

Au Soudan, la situation globale des approvisionnements alimentaires est généralement satisfaisante, compte tenu de la bonne moisson de céréales en décembre dernier, et de la récolte de blé supérieure à la moyenne rentrée récemment. Toutefois, de nombreuses régions connaissent des pénuries localisées, notamment le Darfour et le Kordofan, l’état de la Mer Rouge et le sud, où le déficit vivrier total est estimé aux alentours de 600 000 tonnes. Une partie de ce déficit devrait être couvert par les échanges internes normaux, mais un grand nombre de personnes auront du mal à satisfaire leurs besoins de consommation, étant donné leur pouvoir d’achat limité. Une aide alimentaire d’urgence est nécessaire pour couvrir les besoins des groupes vulnérables en 1997, estimés à 74 000 tonnes de céréales, y compris 39 000 tonnes destinées à environ 2,6 millions de personnes déplacées et victimes de la guerre au titre de l’Opération Survie Soudan (OLS).

En Tanzanie, la situation des approvisionnements alimentaires demeure précaire dans les régions à régime de précipitations binaire touchées par la sécheresse du nord, du nord-est et de la côte. Ces mêmes zones semblent se préparer à une autre mauvaise récolte de la campagne en cours, en raison des pluies irrégulières. La récolte des cultures de la campagne principale dans les régions à régime pluvial unique du centre et du sud est en train d’être rentrée, mais la production devrait être inférieure à la normale compte tenu de l’irrégularité des précipitations dans certaines zones. Dans l’ensemble, la production céréalière de 1996/97 devrait diminuer de quelque 18 pour cent par rapport à la campagne précédente. A ce niveau, on prévoit un déficit d’environ 1 million de tonnes durant la campagne de commercialisation 1997/98.

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LES CONDITIONS INITIALES DE CROISSANCE SONT FAVORABLES EN AFRIQUE DE L’OUEST

La saison des pluies est désormais bien avancée en Afrique de l’Ouest. Jusqu’à présent, les précipitations ont été généralement régulières et largement diffuses dans la plupart des zones productrices du Sahel, à l’exception de l’ouest. Elles ont démarré fin mars/début février au Burkina Faso, et sont devenues
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NOTE SUR LES REFUGIES ET LES PERSONNES DEPLACEES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

La situation critique des réfugiés et des personnes déplacées en Afrique subsaharienne est au coeur des préoccupations. D’après les estimations en cours, il y aurait 13 millions de réfugiés dans le monde, dont environ 4 millions en Afrique sub saharienne, soit un tiers du total mondial.. Pour appeler l’attention de la communauté internationale sur l’ampleur du problème, la Journée des réfugiés d’Afrique a été célébrée le 20 juin 1997 par une série de manifestations et de séminaires portant sur le thème "Ensemble à la recherche de solutions". Il faut souhaiter que 1997 soit l’année des rapatriements dans la paix et la dignité dans le plus grand nombre de pays possibles.

Les chiffres disponibles indiquent que, de 1980 à 1992, le nombre de réfugiés a augmenté dans le monde entier, avant de régresser lentement mais régulièrement. Au paroxysme, en 1992, le nombre total de réfugiés dans le monde s’élevait à 19 millions, mais tombait à 13,2 millions fin 1995. En faisant des comparaisons entre les régions, la diminution globale du nombre des réfugiés depuis 1993 s’explique par leur baisse en Asie (rapatriements en Afghanistan) et en Europe (rapatriements en Bosnie-Herzégovine), tandis que le nombre de réfugiés en Afrique sub saharienne non seulement augmentait mais dépassait l’Asie (voir graphique ci-dessous). Avec les nouveaux conflits et troubles civils en République du Congo et en République centrafricaine, on prévoit une intensification du phénomène.

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Au début des années 90, la fin de la guerre froide a laissé la place à un certain optimisme sur la réduction du nombre de réfugiés dans le monde, et notamment en Afrique, où les guerres par personnes interposées avaient été la norme dans les années 70 et 80. Plusieurs conflits armés de longue date dans diverses régions d’Afrique avaient commencé à perdre du terrain, ouvrant apparemment la voie au rapatriement de millions de personnes déplacées. Mais, à la fin de la décennie, de nouvelles formes d’instabilité persistante, l’escalade des conflits internes due à la distribution limitée et inégale des ressources, les guerres civiles et les luttes ethniques contraignent des millions de personnes à fuir les persécutions, la guerre ou les violations massives des droits de l’homme dans leur pays natal.

Les migrations massives vers les pays ou les régions voisines ont de graves répercussions sur la sécurité alimentaire des migrants et des habitants des zones d’accueil. Elles entravent les activités de production et désorganisent les marchés d’alimentation- provoquant souvent l’envolée des prix des denrées. La pression exercée sur les approvisionnements et les services locaux ainsi que la perception d’un traitement préférentiel des réfugiés créent des tensions entre les communautés des migrants et des autochtones. L’arrivée d’une vague de réfugiés et/ou de personnes déplacées à l’intérieur du pays accentue inévitablement la pression exercée sur l’environnement du pays ou du village d’accueil, accélérant le déboisement local, l’érosion des sols, la pollution de l’eau et l’épuisement des ressources.

Les migrations de masse entraînent également la baisse de la production du pays d’origine lorsque les déplacements de population se traduisent par l’abandon des terres cultivées ou non récoltées. L’impact négatif des déplacements de population sur la production vivrière a été manifeste au Rwanda, au Burundi et en Somalie où la plupart des champs ont été abandonnés, ce qui s’est traduit par une production vivrière bien inférieure à la moyenne. Les personnes les plus durement touchées par la violence et l’incertitude des déplacements sont les mères célibataires, les veuves et les jeunes filles. Dans de nombreux cas, plus de 75 pour cent de ces personnes démunies de tout sont les femmes et leurs enfants. Cette proportion peut s’élever à 90 pour cent dans certaines populations de réfugiés, lorsque les époux ou les pères meurent, sont faits prisonniers ou sont enrôlés pour combattre. La plupart d’entre elles se réfugient dans des zones reculées et peu développées, et doivent faire face à d’énormes problèmes de sécurité.

La République démocratique du Congo (ex-Zaire jusqu’au 20 mai 1997), a été le théâtre d’un des plus vastes et plus tragiques mouvements de réfugiés de toute l’histoire du continent africain. Fin 1996 et début 1997, plus de 800 000 réfugiés rwandais qui avaient cherché refuge dans ce pays en été 1994, sont rentrés au Rwanda, ce qui porte le nombre total de rwandais rapatriés de Tanzanie et de République démocratique du Congo à plus d’1,3 million. Il y a eu d’autres rapatriements de masse dans d’autres zones de l’Afrique subsaharienne. Environ 40 000 maliens sont rentrés au Mali de Mauritanie et 300 000 réfugiés togolais sont rentrés dans leur pays du Bénin et du Ghana. Parmi les autres opérations de rapatriement similaires effectuées récemment -quoique à plus petite échelle- figurent les réfugiés somalis en Ethiopie et les réfugiés éthiopiens au Soudan. Les rapatriés posent de graves problèmes de réinsertion dans l’économie. Ils ont besoin d’une aide non négligeable pour une longue période avant de pouvoir reprendre les activités agricoles de façon normale.

En outre, une autre catégorie de personnes se trouve dans une situation similaire à celle des réfugiés, sans pour autant avoir traversé de frontière internationale. Il s’agit des personnes déplacées à l’intérieur du pays, qui sont estimées à 30 millions de personnes dans le monde entier, dont plus de 9,2 millions en Afrique. Elles vivent dans des conditions et un cadre hostiles, où elles sont dépourvues de toute protection et assistance. Les états souverains sont souvent peu disposés à permettre à la communauté internationale d’intervenir dans les problèmes concernant leurs propres citoyens sur leur territoire national.

Au cours des dix dernières années, les opérations d’urgence en Afrique subsaharienne ont été organisées principalement en réponse aux conflits civils. Avec l’intensification des situations d’urgence complexes dans les années 90, il s’est produit une escalade des coûts aussi bien matériels qu’humains. Par exemple, dans le cadre de la procédure d’approbation conjointe FAO/PAM, des opérations d’urgence d’une valeur totale de 1 235 millions de dollars E.-U: ont été approuvées pour l’Afrique subsaharienne entre 1994 et mai 1997. Environ 80 pour cent de ces opérations impliquent les réfugiés et les personnes déplacées qui sont victimes des troubles civils.

abondantes et généralisées fin mai/début juin. Au Mali, au Niger, et au Tchad, la saison des puies a démarré en avril dans le sud, et se sont propagées progressivement au nord vers la zone sahélienne en mai et en juin. Les premières pluies significatives ont atteint la partie orientale de la Guinée-Bissau et du sud-est du Sénégal début mai et l’est de la Gambie fin mai, avant de gagner le reste du pays et d’arriver au sud de la Mauritanie début juin. Début juillet, des précipitations généralisées -mais moins abondantes que fin juin- sont tombées dans les principales régions productrices du Mali et du Niger. De même, les pluies tombées début juillet au Tchad et dans le sud-ouest du Mali ont été plutôt abondantes, mais nettement inférieures dans le centre et le nord du Sénégal et le nord du Burkina Faso. Mi-juillet, les précipitations ont été abondantes au Mali, au Burkina Faso et au Tchad, mais ont subi une forte diminution dans l’ouest du Sahel, notamment au Sénégal et en Gambie.

L’émergence des cultures est satisfaisante dans l’ensemble, sauf dans quelques poches de la zone sahélienne du Tchad et du centre du Sénégal, où des réensemencements pourraient s’avérer nécessaires. Au Sénégal, la récente vague de sécheresse fera probablement souffrir les cultures si les pluies ne reprennent pas.

Dans les pays côtiers bordant le Golfe de Guinée, la campagne de croissance est en bonne voie. Au nord, les semis de mil et de sorgho touchent à leur fin dans la plupart des pays, tandis qu’au sud et au centre, le maïs et le riz semés en avril/mai ont une croissance satisfaisante. Les précipitations ont été abondantes en mai, avant de diminuer en juin tout en restant généralisées. Les précipitations cumulées fin juin étaient généralement normales ou supérieures à la normale. Le maïs de la première campagne est désormais en train d’être rentré dans les régions méridionales.

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SITUATION STABLE DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN AFRIQUE AUSTRALE MALGRE UN RECUL DE LA PRODUCTION

La moisson des céréales secondaires de 1997 est quasiment achevée dans la plupart des régions d’Afrique australe. La production totale moyenne est estimée à 17 millions de tonnes, inférieure de 12 pour cent au résultat record de l’an dernier. Les précipitations irrégulières en 1997 ont nui aux rendements. Par ailleurs, un temps anormalement froid en juin a retardé les récoltes dans certaines zones.

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D’après les estimations, la production céréalière en Angola est inférieure de 14 pour cent à celle de 1996, compte tenu de pluies inférieures à la normale. En revanche, la récolte devrait être supérieure à la moyenne au Mozambique et en Namibie du fait du temps favorable, de l’accroissement des semis et des rendements. Au Botswana, au Lesotho, au Malawi, en Afrique du Sud, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe, la production sera inférieure à la récolte exceptionnelle de l’an dernier, car les précipitations irrégulières ont réduit les rendements. En Afrique du Sud, la production de maïs devrait avoisiner les 8,5 millions de tonnes, soit nettement en-deçà des 10 millions de tonnes de 1996. A Madagascar, la récolte de riz de 1997 devrait être légèrement supérieure à celle de l’an dernier, mais des infestations acridiennes dans le sud pourraient nuire aux rendements. Les perspectives sont favorables pour le blé de 1997 de la sous-région, car l’eau est disponible en abondance dans les réservoirs à la suite d’une bonne saison des pluies.

Compte tenu de la récolte moyenne de 1997, la situation des approvisionnements alimentaires de la sous-région durant la campagne de commercialisation 1997/98 devrait être généralement stable mais nettement moins bonne que la campagne précédente. Toutefois, la disponibilité de gros stocks d’ouverture dans plusieurs pays permettra de réduire les importations de céréales. Les importations commerciales devraient couvrir une grande partie des besoins alimentaires, mais dans plusieurs pays, notamment, l’Angola, le Lesotho, Madagascar et le Mozambique, une aide alimentaire, y compris d’urgence, sera nécessaire pour les populations vulnérables.

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LES BESOINS D’IMPORTATIONS DEVRAIENT DIMINUER, TANDIS QUE LES BESOINS D’AIDE ALIMENTAIRE DEMEURENT ELEVES

Les besoins d’importations céréalières dans les pays de l’Afrique subsaharienne en 1996/97 devraient diminuer, compte tenu des récoltes généralement bonnes en Afrique de l’Ouest et dans certaines zones de la Corne de l’Afrique en 1996, et des récoltes satisfaisantes qui touchent à leur fin en Afrique australe. Les estimations de la production de 1996 et des besoins d’importations et d’aide alimentaire pour 1996/97 sont résumées dans le tableau 2. Les besoins d’importations devraient reculer de quelque 21 pour cent pour l’ensemble de la sous-région, tandis qu’on prévoit des baisses de 10 pour cent et de 47 pour cent respectivement pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe. En Afrique de l’Est, on prévoit une légère augmentation de 1 pour cent , due principalement à la récente sécheresse. En conséquence, les besoins d’aide alimentaire de la sous-région pour 1996/97 devraient diminuer de quelque 15 pour cent par rapport à la campagne précédente, tout en restant à un niveau élevé de 2 millions de tonnes. Les annonces d’aide alimentaire pour 1996/97 suffisent à satisfaire les besoins, mais il faudra, dans certains cas, accélérer les livraisons.
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SECTEURS D’ACTION PRIORITAIRE

La situation en Sierra Leone se détériore rapidement et pourrait se transformer en famine si les conditions d’insécurité diffuse persistent. Dans la région des Grands Lacs, en dépit de l’atténuation de la crise des réfugiés, de graves difficultés d’approvisionnements alimentaires subsistent au Burundi, au Rwanda et dans l’est de la République démocratique du Congo. On appelle l’attention de la communauté internationale sur les deux secteurs suivants nécessitant une aide:

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