Perspectives de l'Alimentation No. 4, Septembre 1998 (FAO/SMIAR

CÉRÉALES

BILAN DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE

Selon les dernières informations, les disponibilités céréalières devraient être satisfaisantes pour 1998/99, malgré une légère détérioration des per-spectives de production de 1998, depuis le dernier rapport du mois de juin. La production mondiale de céréales devrait diminuer d’un pour cent en 1998 par rapport aux résultats de l’an dernier, pour s’établir à un niveau de 1 892 millions de tonnes (y compris le riz usiné), mais elle restera tout de même supérieure à la tendance pour la troisième année consécutive. Selon les prévisions, la production de céréales devrait être proche des besoins de consommation dont on anticipe une légère augmentation en 1998/99, et les stocks devraient rester inchangés par rapport aux niveaux révisés d’ouverture. Le rapport stock/ utilisation mondiale de 17,3 pour cent en 1998/99 resterait donc dans la fourchette des 17-18 pour cent que le Secrétariat de la FAO considère comme le niveau minimum requis pour préserver la sécurité alimentaire mondiale. Bien que la plupart des récoltes de 1998 soient déjà rentrées et que les probabilités d’une ultérieure détérioration des perspectives pour la production de céréales de 1998 soient réduites, le gros de la récolte mondiale de riz doit encore être rentré en Asie. Depuis la fin du mois de juin, des pluies persistantes, attribuées au phénomène météorologique La Niña, ont provoqué des inondations, et de grandes superficies de terres cultivées ont été submergées en Asie (voir encadré page 8) dans la région qui assure plus de 90 pour cent de la production mondiale de riz. Il est encore trop tôt pour évaluer toutes les conséquences des inondations, mais il est nécessaire de prévoir un suivi précis de la situation dans les semaines à venir. En effet, une détérioration des perspectives de la production de riz pourrait alimenter une hausse ultérieure des cours mondiaux de cette céréale, déjà très élevés pour la saison.

PRODUCTION, DISPONIBILITÉS, COMMERCE
ET STOCKS CÉRÉALIERS MONDIAUX

SOURCE: FAO
1/ Les données se réfèrent à l’année civile, première année mentionnée. Y compris le riz usiné.
2/ Production, plus stocks d'ouverture.
3/ Base juillet/juin pour le riz et les céréales secondaires et année civile pour le riz.
4/ Ne correspond pas exactement à la différence entre les disponibilités et les utilisations du fait de campagnes commerciales couvrant des périodes différentes selon les pays.

Comme on l’a déjà indiqué, les prévisions de la FAO pour la production céréalière mondiale de 1998 ont été révisées à la baisse (moins 19 millions de tonnes) depuis le dernier rapport en juin, et s’établiraient donc à 1 892 millions de tonnes (y compris le riz usiné). Les dernières révisions sont dues principalement à une nette réduction des estimations de production pour la CEI, où une grave sécheresse et des températures très élevées ont prévalu au cours des mois d’été, ce qui a fortement nui aux rendements dans plusieurs zones importantes de production. Toutefois, selon les prévisions, la production mondiale de céréales pour 1998 devrait être inférieure d’un pour cent seulement au volume exceptionnel de 1997 et rester au-dessus de la moyenne des cinq dernières années (niveau supérieur à la tendance).

Les prévisions pour la production de blé restent établies à 606 millions de tonnes, soit 1,5 pour cent de moins que la récolte de 1997, mais un niveau encore supérieur à la tendance. Les révisions à la hausse des prévisions pour les Etats-Unis, ainsi que pour plusieurs pays européens et l’Australie, ont été annulées par les contractions enregistrées ailleurs, notamment dans les pays de la CEI, mais aussi en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. En ce qui concerne les céréales secondaires, la FAO prévoit maintenant une production mondiale de 907 millions de tonnes pour 1998. Ce niveau est légèrement inférieur aux prévisions du dernier rapport, à cause des conditions de croissance non optimales dans certaines régions, (notamment dans la CEI ) mais pratiquement identique aux estimations de récolte de 1997. Bien que l’on prévoie encore une production de céréales secondaires supérieure à celle de l’année dernière en Asie, en Afrique, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, la croissance devrait toutefois être inférieure aux prévisions. Néanmoins, les divers accroissements obtenus dans ces régions devraient compenser les réductions de récoltes prévues en Europe et dans la CEI. En Amérique centrale et en Océanie, la production de céréales secondaires devrait être équivalente à celle de l’an dernier. La production mondiale de riz de 1998 est maintenant estimée à 566 millions de tonnes, soit 2 pour cent de moins que le niveau record de l’an dernier. Dans l’hémisphère Sud et autour de l’équateur, la récolte de riz de la campagne principale de 1998 est achevée et des estimations préliminaires prévoient une contraction de la production. Dans l’hémisphère Nord, l’essentiel de la production de riz doit encore être récolté, et de graves inondations ont endommagé les cultures dans plusieurs pays d’Asie. On ne connaît pas encore les conséquences exactes des inondations et les perspectives finales pour les récoltes de riz de 1998 restent encore incertaines.

Les dernières prévisions de la FAO établissent les échanges céréaliers mondiaux en 1998/99 (juillet/juin) à 199 millions de tonnes, soit 2 millions de tonnes de moins que prévu dans le dernier rapport et 8 millions de tonnes de moins que l’année dernière. On prévoit une diminution notable des échanges céréaliers mondiaux et le retour des échanges de riz à des niveaux plus normaux, ce qui neutraliserait largement la légère augmentation prévue pour les importations de céréales secondaires. Les importations mondiales de blé en 1998/99 sont maintenant estimées à 90,5 millions de tonnes, soit à un niveau légèrement supérieur à celui des prévisions précédentes, mais encore inférieur de 5,6 millions de tonnes aux estimations révisées pour 1997/98. La plus forte contraction devrait avoir lieu en Asie, à cause de l’effet conjugué de l’accroissement de la production intérieure dans certains pays et de l’effritement du pouvoir d’achat lié à la crise financière. Les échanges mondiaux de céréales secondaires s’établissent maintenant à 88,5 millions de tonnes, 2,5 millions de tonnes de moins que prévu précédemment, mais encore 1 million de tonnes au-dessus du niveau de l’année dernière. L’essentiel de l’accroissement est représenté par de plus fortes importations de maïs et d’orge dans certains pays d’Amérique latine. Il est encore trop tôt pour établir des prévisions réalistes pour les échanges mondiaux de riz, pour l’année civile 1999, mais d’après les premières indications, le volume des exportations devrait diminuer par rapport au niveau exceptionnel de l’année en cours, à cause des effets négatifs du phénomène El Niño sur la production, dans plusieurs pays importateurs.

L’utilisation mondiale de céréales en 1998/99 devrait progresser pour s’établir à 1 890 millions de tonnes, niveau légèrement supérieur à la tendance à long terme. A ce niveau, la progression de l’utilisation mondiale de toutes les céréales serait seulement de 0,7 pour cent par rapport à 1997/98, contre 1,3 pour cent au cours de l’année précédente et près de 3 pour cent, il y a deux ans. Un ralentissement de la croissance des utilisations de céréales pour l’alimentation animale devrait également freiner la croissance de l’utilisation mondiale totale. Le déclin progressif mais régulier du cours des céréales depuis le sommet atteint en 1995/96 a favorisé un accroissement de l’utilisation mondiale de céréales destinées à l’alimentation animale, notamment en 1996/97. Toutefois, avec la crise financière qui sévit en Asie depuis l’an dernier, et qui a favorisé la croissance rapide de l’utilisation des céréales pour l’alimentation animale, on a assisté depuis à un ralentissement de la tendance malgré une chute encore plus forte des cours internationaux. Les cours du blé et des céréales secondaires ayant encore chuté au cours des derniers mois, compte tenu des difficultés économiques persistantes de plusieurs pays d’Asie, rejoints récemment par la Fédération de Russie, la croissance de l’utilisation mondiale des céréales devrait être infime en 1998/99.

Les cours internationaux du blé et des céréales secondaires sont restés orientés à la baisse, par suite des perspectives de récolte généralement favorables pour 1998 et d’une demande stable d’importations. Les prix à l’exportation pour le blé sont maintenant de 30 pour cent inférieurs à ceux d’il y a un an et ont atteint le niveau le plus bas depuis le début des années 90. A la fin du mois d’août, le blé N°2 des Etats-Unis (HRW fob) était de 110 dollars E.-U. la tonne, soit 17 dollars E.-U. de moins qu’en mai et 44 dollars E.-U. de moins qu’il y a un an. Le prix à l’exportation de la plupart des principales céréales secondaires a également continué à chuter au cours des trois derniers mois. Vers la fin du mois d’août, le prix du maïs américain s’était effondré au niveau d’il y a dix ans, soit 84 dollars E.-U. la tonne. Les marchés mondiaux de céréales secondaires sont encore fortement influencés par divers facteurs : abondance des disponibilités exportables; perspectives de récolte favorables pour 1998 dans plusieurs des principaux pays producteurs; amples disponibilités de blé, à un prix compétitif, susceptibles d’être utilisées pour l’alimentation des animaux; et faible demande d’importations. En revanche, les cours internationaux du riz, de la plupart des provenances, sont restés fermes en juillet et en août, surtout du fait du volume limité des disponibilités exportables et d’achats supérieurs à la normale. L’Indice FAO des prix à l’exportation pour le riz (1 982-84 =100) était en moyenne de 131 points en juillet et août, donc en hausse par rapport aux 130 points de juin et à un niveau nettement supérieur aux 119 points de novembre dernier.

Selon les dernières informations, les stocks de céréales pour les campagnes agricoles qui se terminent en 1999, atteignent 330 millions de tonnes, soit une légère hausse par rapport aux estimations d’ouverture révisées. Un léger accroissement des stocks de blé et de céréales secondaires pourrait compenser une réduction importante des stocks de riz . Si les prévisions actuelles pour la production et l’utilisation s’avèrent exactes, le rapport entre les stocks et les utilisations au niveau mondial devrait rester au-dessus de 17 pour cent en 1998/99, niveau proche de celui révisé pour 1997/98, et dans la fourchette des 17-18 pour cent que le Secrétariat de la FAO considère comme le minimum indispensable pour garantir la sécurité alimentaire mondiale.