FAO/SMIAR - Rapport sur l'Afrique No.1, Avril 1999 - page 4

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PREMIÈRE PARTIE: VUE D'ENSEMBLE

En Afrique subsaharienne, bien que la situation alimentaire s'annonce favorable dans l'ensemble en 1999, de graves difficultés persistent au plan des approvisionnements dans de nombreuses régions. En Afrique de l'Est, la Somalie fait face à une grave crise alimentaire imputable à une série de mauvaises récoltes et à la persistance des troubles intérieurs. En Afrique australe, une crise alimentaire similaire est imminente en Angola en raison de la reprise des actes de guerre et de nouveaux déplacements de populations sur une grande échelle. En Afrique centrale, les deux Congos sont serrés dans l'étau de guerres civiles qui provoquent le déplacement de nombreuses personnes nécessitant une aide humanitaire extérieure. En Afrique de l'Ouest, la crise alimentaire qui se poursuit depuis de nombreuses années en Sierra Leone est loin d'être achevée et une situation d'extrême violence et d'insécurité ne cesse de déstabiliser la population rurale.

EN ANGOLA LA SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES S'ANNONCE DÉFAVORABLE MAIS AILLEURS EN AFRIQUE AUSTRALE LES PERSPECTIVES DE RÉCOLTE SONT BONNES DANS L'ENSEMBLE

En Angola, malgré les bonnes pluies tombées sur la plupart des régions depuis octobre, on s'attend cette année à un recul marqué des superficies ensemencées en raison de la reprise des troubles intérieurs depuis le mois de décembre. Beaucoup d'agriculteurs ont abandonné leurs terres pour se joindre au nombre croissant de personnes déplacées ou pour se réfugier dans les pays voisins. De ce fait, la récolte de 1999 s'annonce très inférieure à celle des dernières années, résultat qui ne fera qu'accroître la précarité de la situation alimentaire. Le pays devra donc se tourner dans une large mesure vers l'aide alimentaire pour satisfaire ses besoins vivriers au cours de la campagne de commercialisation 1999/2000. Les prix des denrées alimentaires ont enregistré une forte hausse dans de nombreuses régions, limitant l'accès aux aliments pour la grande majorité de la population. Des difficultés survenues dans les opérations de secours ont exacerbé la situation et la malnutrition s'est accrue, notamment parmi les personnes déplacées à l'intérieur du pays. Il est impératif de secourir le nombre croissant de ces personnes qui est estimé à l'heure actuelle à plus de 500 000 et se concentre principalement dans les provinces de Huambo, Bie, Malanje, Huila et Uige. Du fait que les secours devront être acheminés par avion à cause de l'insécurité grandissante, les prix des transports sont destinés à augmenter.

Ailleurs en Afrique australe, les précipitations ont généralement bénéficié aux récoltes de 1998/99 dans la plupart des pays. De fortes pluies tombées en janvier ont provoqué des inondations localisées dans certaines zones, et fait naître la crainte d'un fléchissement des rendements dû aux sols saturés d'eau dans certaines parties du Malawi, du Mozambique, de l'Afrique du Sud, de la Zambie et du Zimbabwe. Dans le centre du Mozambique, des inondations provoquées par des pluies torrentielles à la fin de février ont endommagé plusieurs districts de la province d'Inhambane causant des victimes et des pertes de récolte et de biens. Dans ces zones normalement menacées par la sécheresse, environ 40 000 hectares de terres cultivées ont été inondés et plus de 70 000 personnes touchées, alors que d'importantes voies d'accès sont restées submergées pendant plusieurs jours ou ont subi de graves dégâts. Le gouvernement a lancé un appel pour une aide internationale s'élevant à 12,4 millions de dollars E.-U. destinée à l'achat de vivres, de semences et d'outils, ainsi qu'à la réparation des infrastructures endommagées. Cependant, on signale en Afrique australe une extension des superficies ensemencées en maïs et autres cultures par rapport à l'an dernier. La production de céréales de 1999 devrait dépasser celle de 1998 (14,7 millions de tonnes) qui était cependant inférieure d'environ 15 pour cent à la moyenne.

CERTAINES PARTIES DE L'AFRIQUE DE L'EST FONT FACE À DE GRAVES DIFFICULTÉS D'APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE

En Somalie, six années consécutives de mauvaises récoltes et l'épuisement des stocks vivriers ont gravement compromis la situation alimentaire. En outre, l'interdiction de l'Arabie saoudite d'importer du bétail en provenance de la Somalie depuis février 1998 en raison d'épidémies récentes, et la persistance des troubles intérieurs qui ont désorganisé toutes les activités économiques, ont rendu pratiquement inopérants les systèmes d'adaptation de la population. L'insécurité a également entravé les opérations de distribution des secours. La dégradation de l'état nutritionnel est aussi une cause d'inquiétude; d'après des enquêtes menées récemment aux abords de la ville de Qansaxdheere dans la sud de la région de Bay, les niveaux de malnutrition aiguë seraient alarmants. On signale des pertes de vies humaines dues à la famine dans plusieurs endroits, notamment dans les régions de Galgudud et de Bakool et parmi les populations déplacées à la recherche de nourriture. On estime à environ 1 million le nombre de personnes faisant face à des pénuries alimentaires dont 400 000 risquent la famine.

La situation alimentaire se dégradera ultérieurement après les mauvais résultats de la campagne secondaire "deyr" de 1998/99 et la hausse des prix des denrées alimentaires. Les estimations les plus récentes prévoient une production "deyr" combinée de maïs et de sorgho de 80 000 tonnes qui, bien que considérablement supérieure au niveau médiocre de 1998, est inférieure de 25 pour cent à celui d'avant les troubles intérieurs (1982-88). Malgré l'accroissement des emblavures en réponse à la hausse des prix des céréales, des pluies tardives et irrégulières ont grandement amenuisé les rendements. Ces pluies insuffisantes sont aussi à l'origine des pénuries d'eau dont souffrent la population et le bétail, notamment dans le nord-ouest du pays.

Une aide alimentaire d'urgence sera nécessaire pour les populations éprouvées, du moins jusqu'à la prochaine récolte principale en août, si l'on veut éviter de nouvelles souffrances et pertes de vies humaines. En outre les agriculteurs ont un besoin urgent de semences pour les semis de la principale campagne "Gu" qui commence en avril.

En Erythrée, le conflit qui se poursuit avec l'Ethiopie a désorganisé les activités agricoles et commerciales dans les zones de frontière où la situation alimentaire se dégrade. Elle est particulièrement grave pour quelque 100 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays qui ont fui la zone des combats, et pour 60 000 rapatriés de l'Ethiopie qui ont abandonné leurs fermes et leurs biens. Le gouvernement estime à quelque 450 000 les personnes touchées par le conflit et nécessitant une aide alimentaire, et il a lancé à cette fin un appel pour une aide internationale.

En Ethiopie, malgré une récolte céréalière exceptionnelle en 1998 et des excédents exportables, la situation alimentaire reste critique pour un grand nombre de personnes vulnérables, y compris les éleveurs des zones touchées par la sécheresse et les personnes déplacées par les conflits en cours le long de la frontière avec l'Erythrée. Une mission FAO/PAM réalisée en décembre dernier a estimé à 1,9 million le nombre de ruraux particulièrement vulnérables qui souffrent des effets de mauvaises récoltes localisées et qui nécessitent une assistance alimentaire pour une période de six mois. La situation des approvisionnements alimentaires est également peu encourageante pour les éleveurs dans le sud et l'est du fait du manque de précipitations pendant la saison des pluies. Cette situation a causé la dégradation des pâturages et des pénuries d'eau tant pour les populations que pour le bétail. On estime à 145 000 le nombre des personnes le plus gravement touchées dans la zone de Borena de la région d'Oromiya. Le gouvernement a lancé un programme de distribution de vivres dans les zones atteintes. La population touchée par la guerre avec l'Erythrée connaît aussi de graves difficultés alimentaires; il s'agit principalement de paysans de zones très pauvres vivant d'une agriculture de subsistance et qui n'ont pu rentrer leur récolte principale (meher). Une aide alimentaire internationale est fournie à 272 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Au Soudan, une récolte céréalière record a été engrangée en 1998 et le pays détient d'importants excédents exportables de sorgho. Toutefois, la brusque chute des prix du sorgho a découragé la moisson de cette récolte dans certaines zones et compromis les perspectives pour les semis de la campagne à venir. Par ailleurs, grâce à la baisse des prix, l'accès aux vivres s'est amélioré pour la majeure partie de la population. Cependant, dans le sud, la situation alimentaire reste précaire en raison de la persistance des troubles intérieurs, bien qu'une bonne récolte en 1998 et une distribution accrue de vivres dans la deuxième moitié de l'année aient nettement amélioré l'état nutritionnel de la population locale. La grave perturbation des activités économiques et l'insécurité qui subsiste dans le sud du Soudan imposent la poursuite de l'aide alimentaire. Une mission FAO/PAM qui s'est rendue dans le pays en décembre 1998 a estimé à 2,36 millions les personnes, notamment celles touchées par la guerre, qui ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence évaluée à 173 000 tonnes en 1999.

En Tanzanie, la récolte de la campagne secondaire "Vuli" engrangée récemment dans le nord et les zones côtières du pays a été fortement réduite par des précipitations tardives et au-dessous de la moyenne pendant la saison des pluies. La production de maïs "Vuli" de 1998/99 a été estimée par une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires réalisée récemment à 228 000 tonnes, soit 60 pour cent de moins que le niveau réduit de l'an dernier et 40 pour cent de moins que la moyenne. Bien que la récolte Vuli ne représente que 17 pour cent de la production céréalière nationale, sa contribution aux approvisionnements alimentaires annuels des ménages vivant dans les régions de cette production est très importante. Les zones les plus durement atteintes sont les côtes, la région de Morogoro et les basses terres du Kilimandjaro et d'Arusha.

L'échec en 1998/99 de la production Vuli a grandement accru le nombre de personnes exposées à des pénuries alimentaires. Au moment de la dernière récolte principale en juin/juillet 1998, il a été estimé que 300 000 personnes avaient besoin d'une aide d'urgence en raison de pertes de récolte localisées dans les régions centrales de Dodoma et Singida où la sécurité alimentaire reste précaire à la suite de plusieurs mauvaises récoltes consécutives. Du fait de la production réduite de la campagne Vuli, le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire s'est accru pour atteindre environ 1,1 million. Le gouvernement a débloqué 10 000 tonnes de maïs de sa réserve céréalière stratégique pour les affecter aux programmes d'aide, et a lancé un appel pour la fourniture de 20 000 tonnes de vivres supplémentaires à distribuer aux 12 provinces touchées.

Au niveau national, la mauvaise récolte Vuli a accru la précarité de la situation des approvisionnements en maïs. Malgré la bonne récolte principale de 1998, les disponibilités intérieures de maïs subissent les effets de pertes durant le stockage plus élevées que prévu et de l'intensification des échanges transfrontières non officiels qui ont provoqué une forte hausse des prix de ce produit depuis décembre. Toutefois, le pays bénéficie d'amples disponibilités d'autres cultures vivrières (tubercules et plantains, en particulier) bien que, du fait de leur volume, elles tendent à se confiner dans les lieux de production. En outre, compte tenu de l'abolition des taxes d'importation sur le maïs, les importations commerciales devraient réduire sensiblement les déficits dans les mois à venir.

Au Kenya, d'après les prévisions, la récolte de maïs de la saison des "courtes pluies" de 1998/99 qui vient d'être rentrée n'atteindra qu'un quart de son niveau normal. Cette récolte ne représente que 15 pour cent de la production annuelle de maïs mais assure l'essentiel des disponibilités dans les provinces productrices de l'est, du nord-est, de Nyanza et de la côte. En raison des pluies tardives et insuffisantes tombées pendant la campagne agricole, les emblavures et les rendements accuseront un recul. Le temps sec a également réduit la production de haricots et de pommes de terre et nui aux pâturages et aux disponibilités hydriques.

Bien que la situation alimentaire soit favorable dans l'ensemble et que les prix du maïs, l'aliment de base, aient nettement baissé grâce à la bonne récolte principale des "longues pluies" de 1998, les approvisionnements restent précaires dans les zones de production des "courtes pluies". On signale de graves pénuries alimentaires dans certaines parties des districts de Kiambu, Kirinyaga, Maragua, Thika et Nyeri de la province centrale, ainsi que dans plusieurs endroits de la province orientale. La situation devrait se détériorer dans les mois à venir à la suite de l'épuisement des stocks alimentaires. Il est impératif de distribuer une aide alimentaire d'urgence dans ces zones.

En Ouganda, malgré une deuxième récolte de céréales et haricots réduite en 1998, la situation alimentaire est généralement bonne grâce à d'amples disponibilités d'autres aliments de base comme les bananes/plantains et les racines et tubercules. Cependant, des difficultés d'approvisionnement affectent certaines zones des régions de l'est et du centre et le bassin du lac Victoria touché par le manque de pluie. La situation est particulièrement grave dans le sous-comté de Kifamba du district de Rakai qui a connu une suite de mauvaises récoltes. On distribue une aide alimentaire dans cette zone ainsi qu'aux 400 000 personnes déplacées dans les districts du nord de Gulu et Kitgum où des troubles intérieurs persistants ont sérieusement compromis la production agricole.


LA SITUATION DES CULTURES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES EN TANZANIE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires qui s'est rendue récemment en Tanzanie a constaté qu'à l'exception des zones de Kigoma et Kagera, les précipitations dans toutes les autres zones de production Vuli avaient pris du retard et étaient très inférieures à la normale, ce qui compromettait sérieusement les travaux de préparation de la terre et les semis. Les régions les plus durement touchées étaient celles de la côte et les basses terres d'Arusha, de Morogoro et du Kilimandjaro où les pluies étaient inférieures à 25 pour cent de la normale. A cause de ces pluies réduites, les emblavures et les rendements avaient accusé un fléchissement marqué et la production totale de maïs sera bien en dessous de la normale. Au cours des deux mois à venir, les précipitations seront également déterminantes pour la production agricole et les approvisionnements alimentaires, et elles auront une forte incidence sur le résultat des principales récoltes Musumi et Masika à rentrer à partir de mai. En cas de récoltes déficitaires, la situation alimentaire risque de se détériorer considérablement.

En outre, des pertes de stockage plus élevées que prévu avaient réduit les disponibilités locales de maïs de la campagne de commercialisation en cours. Ces pertes étaient à imputer à une combinaison de facteurs: emploi inefficace de pesticides, mauvaises conditions d'entreposage et hauts niveaux d'infestation de ravageurs. Des inspections après récolte des structures d'entreposage ont révélé que le niveau des pertes est bien plus élevé que ne l'avait prévu la dernière mission FAO/PAM du mois d'août qui n'avait pu bénéficier de telles inspections. Un autre facteur responsable de la diminution des disponibilités serait l'intensification des échanges de maïs transfrontières non officiels avec la Zambie, en raison de la hausse des prix due au recul net de la production l'an dernier. A ces réductions vient s'ajouter une demande accrue de maïs dans les régions de Dodoma et Singida où les principales récoltes de sorgho et de mil ont connu un déficit quasi total l'année dernière. Dans ces régions, la situation alimentaire est plus précaire que dans d'autres parties du pays en raison de pertes de récolte pendant trois années consécutives et de l'accès limité de la population à des denrées de remplacement telles que les bananes et les tubercules.

Le redressement soudain des prix du maïs fin octobre/début novembre sur une période relativement brève fait penser qu'en plus des pénuries, qui auraient eu des répercussions plus progressives sur les prix, il y a aussi eu un niveau élevé d'accaparement. Cet accaparement serait imputable notamment i) au manque, pendant ces mois, des pluies indispensables à la préparation des campagnes courtes et longues et ii) aux multiples avertissements lancés par la presse nationale de l'imminence de problèmes alimentaires: ce dernier facteur à été confirmé par les entretiens qu'a eus la mission avec des gros et moyens commerçants des zones excédentaires du sud.

Bien que les disponibilités et les prix du maïs et, dans une mesure moindre, du sorgho et du mil suscitent des inquiétudes, les approvisionnements en denrées telles que le manioc, les patates douces et les bananes sont satisfaisants dans les principales zones de production. Le riz, toutefois, est disponible en quantités suffisantes, mais son prix est encore hors de la portée des groupes les plus pauvres de la population qui ont un faible pouvoir d'achat.

Sur la base des estimations de la superficie et des rendements ainsi que de la tendance des précipitations cette année, on s'attend à ce que la production de maïs Vuli de 1999 s'élève à 228 000 tonnes, soit 60 pour cent de moins que l'année passée et 40 pour cent de moins que la moyenne à long terme. Si l'on tient compte des stocks estimés à 120 000 tonnes, disponibles au début de février, les approvisionnements intérieurs en maïs pour les quatre mois restants de la campagne de commercialisation en cours s'établiraient à 348 000 tonnes. La plupart des stocks sont détenus par les gros commerçants et la réserve céréalière stratégique. Contre cette estimation, les besoins d'utilisation, y compris les vivres, les semences, le fourrage, les produits inutilisés et les stocks de clôture stratégiques, sont estimés à 909 000 tonnes. Pour couvrir ces besoins, le pays devra importer environ 561 000 tonnes dont 75 000 iraient aux importations commerciales négociées et 3 000 à l'aide alimentaire dans la filière. Le pays a donc un besoin d'importation non couvert de 483 000 tonnes dont 20 000 seront requises comme aide alimentaire supplémentaire au PAM. Entre-temps, le gouvernement a prélevé 10 000 tonnes de sa réserve céréalière stratégique à destiner aux secours alimentaires.

A cause des déficits de la production Vuli actuelle et de plusieurs mauvaises récoltes consécutives qui ont affecté certaines parties du pays, le nombre de personnes vulnérables aux pénuries alimentaires s'est accru considérablement. Au moment de la dernière évaluation FAO/PAM, il était estimé que 300 000 personnes nécessitaient une aide d'urgence. Cependant, ces chiffres se fondant sur l'hypothèse d'une récolte Vuli normale, les mauvais résultats de la campagne en cours signifient que davantage de personnes auront besoin d'une aide alimentaire supplémentaire. Le nombre estimé de ces personnes a dès lors été révisé et établi à approximativement un million, et un volume additionnel de 20 000 tonnes sera requis pour les secourir.

 

DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS LA SITUATION ALIMENTAIRE RESTE PRÉCAIRE

En République démocratique du Congo, la situation alimentaire reste critique, notamment dans l'est du pays. On signale une intensification des déplacements de populations résultant du conflit armé en cours. Une mission ONU s'est rendue récemment dans des zones contrôlées par les rebelles pour étudier la possibilité de relancer les programmes d'aide humanitaire au bénéfice des populations déplacées, y compris la fourniture d'intrants et de vivres. A la suite de discussions avec les différentes parties, il a été décidé de rétablir la présence de l'ONU dans la région de Goma. A Kinshasa, l'état nutritionnel de la population se dégrade car les prix des produits alimentaires de base continuent d'augmenter. D'après une enquête menée récemment auprès des ménages des abords de Kinshasa, 90 pour cent des dépenses familiales journalières vont à l'alimentation. De nombreuses zones agricoles qui ravitaillent Kinshasa sont isolées. En outre, le mouvement de denrées quittant Kinshasa pour Brazzaville a réduit les disponibilités vivrières. La situation des approvisionnements est également précaire à Lubumbashi où des inondations survenues l'an dernier dans les zones environnantes ont provoqué la destruction de 70 pour cent des récoltes, et où un grand nombre de personnes déplacées provenant des zones de Kalemie, Nyunzu et Nyemba se sont réfugiées. Dans les provinces bordant la République du Congo et l'Angola, on signale l'arrivée de dizaines de milliers de réfugiés fuyant les combats qui ont repris dans les deux pays.

En République du Congo (Congo Brazzaville), la situation alimentaire s'est nettement dégradée à Brazzaville en raison de la recrudescence des conflits qui a causé de nouveaux déplacements de populations dans la capitale. Des combats ont également éclaté dans la région de Pool au sud du pays. Les prix des denrées sont montés en flèche. On estime que 31 000 personnes déplacées vivant dans des camps à l'est de la ville sont entièrement dépendantes de l'aide humanitaire. Cependant, on signale une amélioration de la situation de la sécurité ces dernières semaines.

Au Burundi, des périodes sèches pendant la campagne A de 1999 ont entraîné une réduction de la production de céréales et légumineuses. En dépit de la précarité des approvisionnements de ces denrées de base, la situation est favorable pour d'autres cultures vivrières comme les racines et tubercules et les bananes. La suppression de l'embargo international imposé sur le commerce en 1996 a stimulé la relance des activités économiques et commerciales. Cependant, la situation de la sécurité reste très instable et continue à menacer les approvisionnements alimentaires en de nombreux endroits. Les difficultés sont particulièrement graves pour quelque 550 000 personnes qui vivent encore dans des camps de regroupement en raison de l'insécurité persistante et d'incidents épisodiques. Une aide alimentaire estimée à 50 000 tonnes sera nécessaire en 1999 pour quelque 300 000 personnes vulnérables.

Au Rwanda, les estimations les plus récentes font état d'une forte augmentation de la production vivrière totale de la campagne A de 1999 dont la récolte vient d'être engrangée. Cet accroissement est dû principalement à la bonne récolte de racines et tubercules. La production de bananes et plantains a également été satisfaisante. En revanche, des pluies irrégulières tombées pendant la période de végétation ont nui aux rendements en céréales et haricots et entraîné une baisse de production de 15 pour cent par rapport à la même période de l'année précédente. Les approvisionnements alimentaires, à l'exclusion des céréales, sont satisfaisants. Les prix des denrées de base (racines, tubercules, bananes et plantains) ont diminué tombant à un tiers de leur niveau de l'année passée. Cette baisse a amélioré l'accès aux aliments pour les pauvres. Cependant, la situation alimentaire reste précaire dans les préfectures du nord et du nord-ouest touchées par une insécurité persistante, en particulier celles de Gisenyi et de Ruhengeri. Sur les quelque 600 000 personnes déplacées à l'intérieur et vivant dans des camps, environ la moitié a été réinstallée dans de nouveaux villages. Une aide alimentaire internationale est encore nécessaire pour ces personnes.

PLUSIEURS PAYS SAHÉLIENS CONNAISSENT DES RÉCOLTES RECORDS MAIS LES DIFFICULTÉS ALIMENTAIRES PERSISTENT AILLEURS EN AFRIQUE DE L'OUEST

Dans les pays sahéliens, la production céréalière totale de 1998 dans les neuf pays membres du CILSS est estimée au chiffre record de 10,4 millions de tonnes (y compris le riz usiné), soit quelque 35 pour cent de plus qu'en 1997 et 20 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. Des récoltes records ont été engrangées au Tchad, au Mali et au Niger. La production était supérieure à la moyenne en Gambie et en Mauritanie, proche de la moyenne au Burkina Faso et au Sénégal mais inférieure à la moyenne au Cap-Vert. Cependant, on s'attend en Guinée-Bissau à une production céréalière bien inférieure à la moyenne en raison des troubles intérieurs qui ont compromis les activités agricoles.

Grâce à de bonnes récoltes, la situation des approvisionnements alimentaires s'améliorera en 1999 par rapport à 1998 lorsque de mauvaises récoltes localisées dans plusieurs pays sahéliens avaient réduit la production totale. Les agriculteurs devraient pouvoir reconstituer leurs stocks qui s'étaient épuisés à la suite des récoltes inférieures à la moyenne de ces dernières années. Les faibles prix des céréales pourraient également favoriser la reconstitution des réserves nationales de sécurité alimentaire qui étaient pratiquement épuisées au Burkina Faso, au Tchad et au Niger. Cependant, des difficultés alimentaires localisées sont prévues pendant la période de soudure, notamment dans le sud du Tchad, certaines parties de la Mauritanie et plusieurs zones à grave déficit vivrier traditionnel ailleurs. Les donateurs sont exhortés à entreprendre sans tarder des achats locaux dans les zones excédentaires du Tchad, du Niger et du Sénégal et à les destiner au transfert des vivres vers les zones déficitaires, à la reconstitution des réserves nationales et/ou aux opérations triangulaires.

En Sierra Leone, les perspectives pour 1999 restent défavorables en raison de la persistance de la violence et de l'insécurité généralisée. On signale de graves pénuries de vivres et de carburant à Freetown mais les activités économiques marquent une reprise grâce au retour des négociants et à la réouverture des banques. Cependant, le personnel de la plupart des institutions humanitaires internationales n'étant pas encore revenu dans le pays, de nombreuses activités prévues de remise en état du secteur agricole, notamment la fourniture de semences, d'outils et d'assistance technique, seront retardées ou très limitées. Pendant la prochaine campagne qui démarre en avril, et conformément aux tendances récentes, la production alimentaire sera vraisemblablement très réduite. Malgré des conditions agro-météorologiques favorables, en 1998 les emblavures étaient nettement inférieures à celles de 1997 en raison de l'insécurité et de la production céréalière évaluée à 400 000 tonnes seulement, chiffre inférieur de 20 pour cent à celui de l'année passée. D'après la FAO, en 1999 les besoins d'importations céréalières de la Sierra Leone s'élèveront à quelque 290 000 tonnes, y compris 140 000 tonnes d'aide alimentaire.

Le retour des hostilités à Bissau, la capitale de la Guinée-Bissau, le 31 janvier 1999 a provoqué de nouveaux déplacements de populations. Le conflit a éclaté dans la capitale en juin 1998 au début de la période de végétation et s'est étendu aux autres villes. Il a sérieusement perturbé les travaux de préparation des terres et les semis ainsi que la distribution d'intrants aux agriculteurs. Environ 400 000 personnes, soit près de 80 pour cent des habitants de la capitale, ont abandonné leur foyer pour se réfugier dans les zones rurales de Cacheu, Biombo et Quinara et les îles côtières ou des pays limitrophes comme le Sénégal et la Guinée. Un accord de cessez-le-feu a été signé à Praia le 26 juillet pour permettre la relance partielle des activités agricoles mais les combats ont repris en octobre, bouleversant la récolte.

A cause de l'insécurité qui sévit il est difficile de réaliser des évaluations de terrain. L'imagerie satellitaire montre que les pluies étaient généralement supérieures à la normale en août et septembre. La FAO a estimé la production céréalière de 1998 à 120 000 tonnes contre 174 000 tonnes en 1997, résultat qui représente un recul de quelque 30 pour cent et une baisse d'un tiers environ par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Au Libéria, la reprise de la production agricole et des approvisionnements alimentaires devrait se poursuivre en 1999 du fait de l'amélioration des conditions de sécurité. La production vivrière de 1998 a été estimée à 210 100 tonnes de paddy et à 313 300 tonnes de manioc; il s'agit d'une nette amélioration par rapport aux années précédentes. L'expansion des superficies ensemencées due au retour d'un grand nombre de familles d'agriculteurs et à des rendements accrus imputables à une plus grande disponibilité d'intrants (semences et outils, en particulier) et de services de vulgarisation sont les principaux facteurs responsables de l'accroissement de la production.

Une aide internationale est encore fournie dans une grande partie du pays et l'on signale quelques améliorations dans l'état nutritionnel de la population. Pour 1999, le Libéria nécessitera environ 155 000 tonnes de céréales pour couvrir ses besoins de consommation. Les importations commerciales sont estimées à 100 000 tonnes de riz et 5 000 tonnes de blé. Les 50 000 tonnes restantes devront être couvertes par une aide alimentaire comprenant 30 000 tonnes de blé et 20 000 tonnes de produits du maïs tels que la farine de maïs à distribuer aux populations déplacées.

ANNONCES ET LIVRAISONS D'AIDE ALIMENTAIRE

En Afrique subsaharienne les besoins d'importations céréalières en 1998/99 devraient baisser par rapport à 1997/98, grâce aux bonnes récoltes rentrées dans les pays sahéliens d'Afrique de l'Ouest et plusieurs pays d'Afrique de l'Est. Les estimations les plus récentes du SMIAR concernant la production de 1998 et les besoins d'importations et d'aide alimentaire de 1998/99 sont résumées au tableau 1. D'après ces estimations les besoins totaux d'aide alimentaire en 1998/99 tomberont à environ 1,6 million de tonnes contre 2,6 millions en 1997/98, soit une baisse de 38 pour cent. Quant aux annonces d'aide alimentaire céréalière en 1998/99, y compris celles reportées de 1997/98, elles s'élèvent à 1,46 million de tonnes, dont 0,95 million a déjà été livré.

DOMAINES D'INTERVENTION PRIORITAIRES

La situation alimentaire en Somalie suscite de graves inquiétudes. Après six mauvaises récoltes consécutives et des troubles intérieurs persistants, d'importantes fractions de la population du pays ont un besoin urgent de vivres et d'autres formes d'aide humanitaire. En Angola, une grave crise alimentaire est imminente à la suite de la reprise des actes de guerre et des déplacements de populations qui ont lieu sur une grande échelle. En République démocratique du Congo, notamment dans l'est, la production alimentaire continue à être compromise par les combats incessants, les déplacements de populations et l'insécurité généralisée. Eu Sierra Leone, l'insécurité et la violence éloignent les familles d'agriculteurs de leurs exploitations, perturbant de ce fait les activités de production alimentaire.

Dans ce contexte, l'attention de la communauté internationale est appelée sur les quatre domaines suivants où une intervention est requise:


FAO/SMIAR - Avril 1999
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