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Nouvelles du monde

On a reproduit ici un abrégé de nouvelles diverses qui paraissent susceptibles d'intéresser les lecteurs de UNASYLVA. Si ceux-ci désiraient avoir sur l'une ou l'autre d'entre elles des informations plus detaillées, des Forêts et des produits forestiers se ferait un plaisir de lui fournir toutes celles dont elle pourrait disposer.

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE. - La production forestière a augmenté de presque 100% entre 1945 et 1946 passant de 56.000 tones à 100.000 tonnes. L'okoumé en grumes représente 90% de ces totaux. Un tel développement ne pourra cependant pas être maintenu sans éliminer d'assez sérieux obstacles.

BELGIQUE:. - Le Douglas vert, Pseudo-tsuga taxifolia var. viridis, donne des résultats étonnants en Belgique. A l'arboretum de Gedinne, un compartiment de Douglas de 40 ans planté à un écartement de 2 m X 1,50 m, présente adjourd'hui un volume de 667 m3 à l'hectare après avoir fourni 260 m3 à l'hectare de produits d'éclaircie, ce qui correspond à une production moyenne annuelle à l'hectare de 23,2 m3. Pour la période 1935 à 1943 le taux d'accroissement a été de 5,9%. Les autres essences exotiques introduites qui donnent les meilleurs résultats sur cette station sont: Larix leptolepis, Abies grandis, Picea sitchensis, Picea excelsa dont la production à l'hectare varie entre 10 et 15 m3.

CANADA. - Une nouvelle exploitation forestière de vaste envergure vient d'être mise sur pied en Colombie-Britannique par l'acquisition de 4 à 9 millions de m3 (1.000 à 2.000 millions de board feet) de bois sur pied sur l'île de Vancouver. Il s'agit d'une société danoise dont les intérêts comprennent des exploitations de teck au Siam, des plantations de caout-chouc et des mines d'étain en Malaisie et d'autres entreprises réparties dans le monde entier.

On est en train de procéder à des essais d'ensemencement par avion. Des semences de pin blanc, pin rouge et épicéa rouge ont été répandues sur un compartiment de 240 hectares (600 acres) de forêts dévastées par le feu. Les semences ont été enduites de substances préservatrices afin d'augmenter le taux de germination. On a compté environ 12.500 semences par hectare (5.000 par acre).

On se sert maintenant d'hélicoptères pour combattre les incendies en forêts. On conçoit deux méthodes d'attaques une qui consiste à se maintenir au-dessus de l'aire ou le feu a commencé, en lançant des substances chimiques pour éteindre le feu dès le commencement et l'autre qui consiste à faire pleuvoir un barrage de ces substances chimiques contre la ligne du feu avançant. Des camions amèneront les substances ignifuges aussi près que possible des incendies. C'est là que les hélicoptères seront chargés et c'est de là qu'ils partiront pour attaquer le feu. Les récipients sont munis d'une fusée explosant au contact du sol.

CHILI. - Un rapport publié récemment contient des données intéressantes sur les ressources forestières du pays. Les forêts, plantations et broussailles comprises, couvrent 16.000.000 d'hectares soit un taux de boisement de 22% et une sur face de 3,2 hectares par tête. Les forêts commerciales représentent 1,1 hectare par tête, les broussailles qui ne peuvent fournir que du bois de chauffage représentent 55% de la surface boisée, les forêts naturelles 44% et les plantations 1% (principalement Pinus insignis et Eucalyptus). 76% de la surface des forêts naturelles peuvent donner des forêts exploitables, 80% des forêts commerciales sont à l'état vierge, 9% à l'état de forêts secondaires et 11% ont été déboisés par le feu ou l'exploitation à blanc. Le volume total de bois sain est évalué à 1.843 millions de m3 dont la plus grande partie se trouve dans les provinces du sud du pays; sur ce volume, 1.090 millions de m3 sont susceptibles d'être transformés en sciages 54% de la surface forestière est forêt privée, 43% forêt publique et 3% sous forme de propriété indéterminée ou litigieuse. Les principales essences d'intérêt commercial sont: Nothofagus obliqua Nothofagus procera, Laurelia serrata, Laurelia sempervirens, Persea lingue. Les résineux qui ne couvrent que 7% de la surface boisée se rencontrent en beaux peuplements comprenant l'Araucaria araucana syn. imbricata, Fitzroya cupressoides syn. patagonica. Le volume coupé annuellement est de l'ordre de 5 à 6 millions de m3 dont les 3/4 consistent en bois de chauffage. Mais le feu a prélevé au cours des dernières années une moyenne de 8.700.000 m3.

CHINE. - Le gouvernement provincial de Fou-kien a établi un programme provisoire de redressement économique dans lequel on note que le bois et le papier occupent une large place. On s'attachera d'abord à recenser les quantités de bois d'oeuvre produites dans la Province et les quantités de bois qui seraient nécessaires sur les marchés de Hong-Kong Changhaï, Han-keou, Canton, Tien-tsin Tsing-tao, Formose et Tchin-kiang. En ce qui concerne le papier, quatre usines seront établies et des expériences seront faites pour améliorer la qualité du papier et pour assurer aux travailleurs et à la direction des usines l'aide technique qui leur est nécessaire. 82% de la surface totale de la Province se trouve à une altitude comprise entre 200 et 500 mètres altitude trop forte pour la culture du riz Suivant une estimation de l'Institut de recherches de la Province, les terrains montagneux de la Province, plantés en thé, en bambou ou en bois auraient à l'unité de surface un rendement de 750 à 5.000 fois supérieur aux terrains de même nature consacrés à la culture du riz.

ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE. - Un planteur mécanique qui pourrait peut-être apporter des changements radicaux dans la pratique du boisement est en train d'être essayé. Il est destiné à être employé sur des surfaces découvertes et sur l'emplacement de coupes rases. Un tracteur léger peut le remorquer et une équipe de deux hommes suffit à le desservir l'un s'occupe du tracteur et l'autre du planteur proprement dit. II sera possible de planter environ 10.000 plants en huit heures de travail tandis que deux hommes n'en pourraient planter que 1.000 à 1.500 dans le même espace de temps. Un sillon profond de 23 centimètres (9 pouces) est ouvert dans le sol, la charrue soulevant la terre de chaque côté sans la tasser. Le plant est déposé dans le sillon et la terre est remise en place et tassée. Il paraît que l'opération est effectuée si minutieusement qu'il est difficile de se rendre compte où le terrain a été entamé. L'espace entre les plants est d'environ 2,5 m (8 pieds).

FINLANDE. - Il vient d'être fondé un Institut de génétique forestière pour l'encouragement d'études specialisées dans ce domaine. Le travail de l'Institut sera basé sur l'expérience acquise en Amérique du Nord, au Danemark et en Suède. Un recensement sera établi afin de rechercher des tiges et des peuplements d'élite pour en récolter les graines. Le personnel, les bâtiments et les pépinières nécessaires ont été mis à la disposition de cet Institut qui sera dirigé par un Comité duquel feront partie, entre autres le Directeur des Forêts de l'Etat et des représentants des agriculteurs et des industries du sciage, du contreplaqué et de la papeterie.

FRANCE. - D'après les statistiques officielles, le bilan des incendies dans les forêts des Landes (Départements de la Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne) s'établit comme suit pour les années de 1942 à 1946:

Années

Incendies

Superficies (ha)

1942

263

52.311

1943

544

100.949

1944

596

63.732

1945

385

88.814

1946

244

51.849

Total

2.032

357.655

Les chiffres ci-dessus comprennent en réalité des zones déjà parcourues par le feu antérieurement à 1942, mais on estime avec raison que les statistiques sont sensiblement au-dessous de la réalité. On en peut conclure que la surface effectivement boisée des Landes ne serait plus actuellement que de 600.000 ha contre 9.,0.000 ha au début de 1937, époque depuis laquelle les reboisements artificiels ont été presque complètement suspendus. 51,4% des incendies des 5 années considérées sont attribuables à des imprudences (fumeurs, tracteurs, campeurs, incinérations de déchets etc.), 16% à des causes exceptionnelles de guerre (occupation, tirs, bombardements etc.), 12% à des causes accidentelles (chemins de fer, lignes à haute tension), 11% à la malveillance, 6,4% à la foudre, 3,2% à la négligence des organisations de défense (reprises de feu).

L'application des propriétés des hormones végétales actuellement en cours d'étude à la forêt landaise pourrait être envisagée de trois façons: 1°) La principale consisterait à utiliser les propriétés rhizogènes de certaines de ces hormones pour assurer la reproduction par bouturage, ce qui permettrait en particulier, après les voir selectionnées, d'assurer par multiplication végétative la reproduction de races de pins à haute production de résine. Le développement des racines des jeunes semis pourrait être amélioré par l'emploi de ces hormones. 2°) Les hormones employées à haute dose permettent de provoquer la mort de certains végétaux. On peut donc espérer qu'elles pourront être utilisées un jour à la lutte contre l'enherbement et la formation des sous-bois qui constituent l'aliment principal des incendies dans la forêt de pin maritime. 3°) L'application de certaines hormones aux carrés où leur injection dans le tronc du pin maritime est susceptible d'activer la secrétion de résine.

Le bilan général de l'exploitation des produits forestiers marque un renouveau d'activité incontestable de 1945 à 1946. La production totale de bois d'œuvre a été en 1946 de 10.169.344 m3 de grumes soit 66% d'augmentation en comparaison avec les 6.066.343 m3 en 1945. La production totale de bois d'industrie a été de 22.515.027 stères pendant la même période, soit 9% d'augmentation par rapport aux 20.489.466 stères en 1945. En faisant l'analyse, chapitre par chapitre, on s'aperçoit que dans tous les postes, sauf ceux ayant trait au bois et aux charbons de bois pour gazogènes, où s'accuse une nette régression justifiée par le retour à l'emploi de l'essence pour les véhicules, on peut enregistrer une très notable augmentation.

GRÈCE. - 25% de la surface boisée a été ravagée par les effets de la guerre. 3/5 seulement de cette étendue sont susceptibles de se reboiser naturellement. Les forestiers limitent donc leur objectif actuel au reboisement artificiel des 2/6 restant et sont obligés d'interrompre le programme de reboisement entrepris avant la guerre. 15% seulement de la superficie est effectivement boisée, soit 1.918 millions d'ha. Les principales essences sont: le sapin, Abies cephalonica (229.000 ha); les pins, Pinus halepensis et Pinus brutia (420.00 ha); les chênes à feuilles caduques (671.000 ha) et le hêtre (193.000 ha). Il y a 43% de taillis, 26,5% de taillis sous futaie et 30% de futaies. Pour la reconstruction les besoins seraient de l'ordre de 3 millions de m3. Or on espère seulement tirer des forêts grecques 220.000 m3 de bois d'œuvre rond par an, quantité qui n'aurait pas été suffisante, même avant la guerre, pour couvrir les besoins courants.

INDONÉSIE. - Des plans détaillés pour mettre la production forestière sur une base de rendement soutenue sont en cours d'élaboration. Les centres de production seront Palembang (Sumatra), Bandjermasin et Sampit (Bornéo méridional) et Sorong (Nouvelle-Guinée néerlandaise). La plus grande partie de la production servait à couvrir les besoins locaux avant la guerre; on envisage maintenant l'exportation vers Singapour et la côte orientale. Les grandes forêts de résineux de Bornéo méridional dont les possibilités n'ont été reconnues que depuis quelques années pourront fournir du matériau à l'Europe et à l'Australie aussi bien qu'à certaines parties de l'Indonésie. La principale difficulté est celle du transport à cause du manque de bons ports.

MAROC. - Un plan de reboisement établi pour ce pays porte sur deux millions d'hectares de terrains nus et de forêts claires ou détruites. Ce plan doit être réalisé sur une période de 25 ans. Les 500 km de routes forestières en 1925 ont été étendues à 3.000 km. Une école forestière à Ifran donnera la formation initiale aux gardes forestiers.

POLOGNE. - La Pologne fait de grands efforts tendant non seulement à arrêter la diminution de la surface forestière mais à l'agrandir en procédant à des boisements et reboisements intensifs. 80.000 ha constituent une première étape de reboisement. La surface destinée à devenir forêt dans l'espace de 20 ans est de 20 millions d'ha. On prévoit aussi la reconstruction des scieries détruites pendant la guerre ainsi que la suppression de tout gaspillage par la réduction des contingents affectés au chauffage et l'utilisation maximum des déchets.

SUÈDE. - Les Instituts de recherche ont classé environ 12.000 tiges d'élite d'épicéa et de pin pour en récolter les graines. On a recours à la réfrigération- artificielle pour étudier la résistance au gel de certaines espèces. C'est ainsi qu'on cherche à acclimater le Douglas, Pseudotsuga taxifolia. D'autre part des essais d'hybridation sont en cours en vue de combiner les qualités d'une certaine variété de pins du Norrland avec la croissance plus rapide de la variété de la Suède méridionale. Enfin, par exposition aux rayons X, on cherche à créer des variétés polyploïdes, susceptibles de donner des arbres géants de croissance très rapide. On est ainsi arrivé à obtenir un tremble tétraploïde, à 76 chromosomes, tandis que les trembles géants naturels n'en ont que 57 et le tremble commun 38. Le tremble tétraploïde serait exploitable dès l'age de 30 ans.

Produits

Production en

Augmentation
(pourcentage)

1939

1951

Industrie du bois:

Bois scié (1.000 m3)

...

1.650

...

Contreplaqué (m3)

18.500

48.400

252

Ameublements (mobiliers complets)

110.494

41.000

391

Bois hydrolisé (m3).

...

4.800

...

Traverses imprégnées (m3)

11.200

6.000

500

Produits de fibre de bois (tonnes

...

32.000

...

Industrie de la pâte de bois:

Papier (tonnes)

50.210

145.000

289

1 Chiffre de 1946.

TCHÉCOSLOVAQUIE. - Une surface de 150.000 hectares est prévue pour être boisée en 7 ans. Elle comprend 90.000 ha de forêts coupées à blanc pendant la guerre et 60.000 ha de terrains incultes.

Pour l'année 1948, il n'est prévu qu'une exploitation de 12,3 millions de m3 de bois comme partie du programme de coupes réduites répartie sur 20 ans afin de réparer les surexploitations effectuées pendant la guerre évaluées à 23 millions de m3.

UNION SUD-AFRICAINE. - Depuis son établissement en 1935 la Station de Recherche forestière de Jonkershoek au Transvaal a étudié l'effet des boisements sur le régime des eaux et sur la conservation du sol et des eaux. Les expériences seront achevées dans un demi-siècle. Un voyage de reconnaissance a été fait dans des régions où l'on prétend que le régime des eaux aurait souffert du fait du boisement. Le Département forestier tenterait me expérience dans les montagnes du Transvaal oriental afin de se rendre compte si les plantations de gommiers font tarir les rivières dont les sources se trouvent dans cette région.

YOUGOSLAVIE. - Le plan quinquennal 1947-1951 renferme des données du plus haut intérêt sur les méthodes que ce pays entend employer, aussi bien pour améliorer le rendement futur de ses forêts que pour développer ses industries du bois. On y relève notamment que les coupes en 1951 ne porteront que sur 18.500.000 m3, soit seulement 84% du volume exploité en 1939; du montant indiqué, 8.500.000 m3 serviront aux besoins de l'industrie au lieu des 9.500.000 m3 de 1939. Cependant, grâce à une utilisation rationnelle d'une part des bois de qualité, d'autre part des déchets de bois et aussi au développement de la fabrication de meubles, des usines de pâte de bois, etc., on s'attend à une augmentation considérable de certaines catégories de production comme l'indique le tableau suivant:

Au point de vue sylvicole, le plan quinquennal prévoit en outre le reboisement de 100.000 ha de vieilles coupes, de terrains dévastés par le feu, dénudés ou rocailleux, et l'aménagement régulier d'une superficie d'au moins 3 millions d'hectares. Une large impulsion sera donnée aux recherches, tant dans le domaine de la technologie du bois que dans celui de la sylviculture. Enfin d'importante développements sont prévus pour la construction de routes forestières et de moyens de vidange (250 km de routes pour tracteurs, 700 km de routes pour camions, 200 km de chemins de fer à voie étroite et 50 km de téléfériques), et pour la mécanisation des opérations d'abattage et de chargement.


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