Page précédente Table des matières Page suivante


Le travail de la FAO


La troisième session de la Conférence de la FAO
Deuxième session de la Commission consultative permanente des Forêts et des produits forestiers
L'activité de la Sous-Commission de la technologie mécanique du bois
Première réunion de la Sous-Commission de la chimie du bois
La Commission économique pour l'Europe coopère avec la FAO à la solution de la crise du bois en Europe
La participation de la FAO à la cinquième Conférence forestière de l'Empire britannique

La troisième session de la Conférence de la FAO

Le 1er septembre 1947 était journée forestière à la session annuelle de la Conférence de la FAO à Genève.

En deux séances plénières, la deuxième Commission de la Conférence a passé en revue la politique mondiale des forêts et produits forestiers. Ses décisions, constituent une étape importante, non seulement dans le développement de la coopération internationale entre forestiers, exploitants, producteurs et consommateurs de bois, mais aussi dans l'évolution vers une nouvelle politique mondiale commune pour tous les produits du sol et de la mer.

En contraste avec celles des sessions annuelles précédentes, ces décisions portent sur un nombre limité de projets immédiatement réalisables d'intérêt majeur. Elles sont donc le signe que la FAO est passé de la phase des programmes à celle des réalisations pratiques.

C'est en vue de ce changement que la Conférence a inauguré à Genève une nouvelle formule pour ses débats.

Comme celles qui l'avaient précédée, la troisième session annuelle de la Conférence de la FAO consacra quelques journées seulement aux séances plénières et confia le travail principal à quelques grandes Commissions siégeant simultanément. Cette fois, il y avait trois Commissions chargées respectivement d'examiner: la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, les activités techniques de la FAO; les questions constitutionnelles, administratives et financières. Mais, alors qu'à Québec et à Copenhague chacune des Commissions s'était subdivisée en comités pour effectuer le travail de fond, les commissions de la sessions de la Conférence de Genève traitèrent leur ordre du jour en séances plénières.

Cette nouvelle procédure fut adoptée principalement à la lumière des expériences de Québec et de Copenhague. En effet, le renvoi des différents points de l'ordre du jour à des comités de spécialistes présente des inconvénients sérieux, illustrés de façon frappante par le sort des comités des forêts et produits forestiers aux sessions de Québec et de Copenhague. Ces comités avaient toujours réussi à formuler leurs recommandations et conclusions avec une unanimité étonnante. Cependant, ces résultats obtenus en vase clos retenaient à peine l'attention des principaux délégués de la Conférence et encore moins de leurs gouvernements. Approuvés par la Conférence, ils restaient en grande partie lettre morte et le but principal de la Conférence, qui consiste à formuler des programmes et des recommandations auxquels les gouvernements, par leurs votes, s'engagent à donner suite, n'était pas réalisé. Une expérience semblable était faite par d'autres comités techniques, mais le cas de celui des forêts est particulièrement frappant, car les chefs de gouvernements et même les ministres responsables de l'agriculture et de la production industrielle sont facilement portés dans tous les pays à considérer les problèmes forestiers comme une spécialité dont le soin doit être laissé aux spécialistes

La discussion des problèmes techniques en séances plénières évite les inconvénients des comités spécialisés. II est vrai que dans le cadre d'une telle discussion le temps disponible pour la Division des Forêts et des produits forestiers est très limité, et il en est de même pour les autres Divisions. En compensation, cette discussion se passe maintenant en présence des principaux délégués non spécialisés, du publie et de la presse, qui, de ce fait, se trouvent contraints de donner pendant six heures toute leur attention à des problèmes qu'ils n'ont pas l'habitude de suivre, et de se rendre compte de leur importance pour l'économie générale et le bien-être des peuples

Le Palais des Nations, à Genève, où se tint, du 25 août au 11 septembre 1947, la Se session de la Conférence de la FAO.

Evidemment, bien des forestiers se sont demandé si une seule journée de discussions justifiait un déplacement aussi long et coûteux que celui que représente pour beaucoup d'entre eux leur présence à la session annuelle de la Conférence de la FAO. La réponse est que le principal but de leur voyage est la participation à une grande œuvre commune dont les forêts constituent une importante partie. La fonction de chaque délégué consiste à présenter à ses collègues d'autres pays et d'autres secteurs de l'économie agricole et forestière ses problèmes particuliers mais en même temps à écouter leurs points de vue et à leur accorder une attention analogue à celle qu'il espère trouver auprès d'eux.

Il faut reconnaître d'ailleurs que les comités des forêts et produits forestiers des sessions annuelles de 1945 et 1946 avaient été loin d'évoquer les activités qui eussent été celles d'un Parlement mondial. D'une part, le temps avait été beaucoup trop limité pour permettre des discussions détaillés. D'autre part, la participation à ces comités n'était ni universelle ni complète; certains pays étaient représentés par des forestiers, d'autres par des exploitants, d'autres par des experts pour la technologie ou le commerce international du bois, et plusieurs pays n'étaient pas représentés du tout pour la simple raison que leur délégation n'était pas assez nombreuse ou ne comprenait pas de spécialiste forestier.

Au cours de l'année écoulée, des questions déterminées avaient déjà été étudiées par des conférences de spécialistes telles que les conférences statistiques de Washington et de Rome, et par des comités d'experts techniques. Cette pratique sera développée et permettra à la session annuelle de la Conférence d'examiner sur un plan supérieur une grande diversité de sujets bien étudiés. Les séances plénières de la deuxième Commission constituent le cadre idéal pour un tel examen

Les débats devant la Commission ne constituèrent d'ailleurs pas la seule forme de contact entre forestiers et experts en bois. Dès la première séance de la Commission, son remarquable Président, M P. J. du Toit, le délégué de l'Union Sud Africaine, recommanda aux spécialistes de se réunir en marge de la Conférence. Les forestiers ne manquèrent pas de profiter de cette suggestion et, pendant les journées qui précédèrent le 1er septembre, Monsieur Leloup, Directeur de la Division, put organiser plusieurs réunions, consacrées à un examen plus approfondi du rapport d'activités et du programme de travail pour 1948 préparés par lui. Présidées par le Professeur Saari, de la Finlande, ces réunions ont également permis de mettre au point le programme pour la discussion devant la commission et de désigner M. Bernard Dufay, Directeur général des Eaux et Forêts de France, comme rapporteur pour les questions forestières. Dès l'ouverture de la discussion, ce choix fut confirmé à l'unanimité par la Commission.

Grâce à cette préparation, les deux séances du 1er septembre purent couvrir un champ remarquablement vaste. En effet, après une présentation des travaux et du programme de la Division par son Directeur, la Commission n'adopta pas moins de 12 recommandations qui domineront en matière de forêts et produits forestiers, les activités de la FAO pendant l'année 1948 et même au-delà. Elles consistent dans les points suivants.

1) Approbation des recommandations de la Conférence internationale du Bois de construction de Marianské-Lazné.

2) Approbation d'une coopération intime entre la FAO et la Commission économique pour l'Europe au sein d'un sous-comité du bois pour l'Europe.

3) Recommandation de réunions périodiques des pays européens intéressés, dans le cadre de la FAO, afin d'échanger des renseignements et des opinions en ce qui concerne les problèmes auxquels ils ont à faire face en matière de politique forestière à moyen et à long termes.

Ceci impliquera une consultation périodique entre experts forestiers qui se traduira par la création d'une commission européenne pour les forêts et produits forestiers avec participation de tous les gouvernements intéressés.

4) Convocation en 1948 d'une conférence consacrée aux problèmes des forêts et des produits forestiers de l'Amérique latine.

5) Préparation d'une conférence forestière des pays d'Asie méridionale et orientale, si possible avant la fin de 1948.

6) Organisation en 1949 d'un troisième Congrès mondial de sylviculture et désignation provisoire de la Finlande comme lieu de ce congrès.

7) Envoi d'experts pour l'étude des problèmes forestiers du bassin méditerranéen et du Proche Orient

8) Développement de la revue Unasylva.

9) Approbation du programme statistique de la FAO, aussi bien pour l'inventaire mondial des forêts que pour les statistiques périodiques des produits forestiers.

Cette approbation rend possible l'exécution des conclusions des conférences statistiques de Washington et de Rome.

10) Recommandation aux pays membres de constituer des sous-commissions pour les forêts et produits forestiers dans le cadre des commissions nationales de liaison avec la FAO

11) Approbation du travail de la Commission consultative permanente des Forêts et des produits forestiers et notamment de sa méthode de travail consistant à déléguer à des sous-commissions chacun des problèmes spécialisés rentrant dans l'activité de la FAO.

12) Nécessité d'inclure un expert en matière de forés dans la composition des missions agricoles de la FAO.

La participation aux séances du 1er septembre correspondait pleinement à l'importance des questions traitées, et faisait ressortir l'importance que l'on attache de plus en plus au rôle des forêts dans l'économie mondiale. Le Professeur Myrdal, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Europe assistait en personne aux discussions portant sur la politique forestière européenne, et M. F. L. McDougall, Conseiller de la FAO suivait de près les délibérations de la journée. Autour de la table où une place était réservée pour chaque pays membre ou observateur, pratiquement tous les sièges étaient occupés et les interventions aux débats ne furent limitées que par le temps disponible et dont l'observation était surveillée de près par le Président de la Commission. M. A. Fjelstad, le délégué de la Norvège, qui, depuis Hot Springs, n'a cessé de lutter pour la cause des forêts dans le cadre de la FAO, resta fidèle à sa tradition en attirant l'attention des délégués sur la disproportion entre le programme de la Division et son budget. Il fut suivi dans le débat par M. E. I. Kotok, Chef adjoint du Service forestier des Etats-Unis et participant fidèle aux travaux et débats forestiers de la FAO. M. Bernard Dufay donna de nouvelles preuves de la clarté et du courage qui caractérisent toutes ses interventions. On remarquait également: M. H. G. Winkelmann, délégué de la Suisse et M G. Zvérina qui avait représenté la Tchécoslovaquie à Copenhague, Paris et Marianské-Lazné.

A ces anciens amis étaient venus s'en ajouter de nouveaux, notamment le Professeur E. Saari, l'éminent forestier finlandais, chargé, comme Président de la délégation finlandaise, d'apporter l'adhésion officielle de son pays à la FAO. On retrouvait le Comte A. Ceschi, l'Autrichien bien connu pour son activité internationale d'avant guerre, de même que l'Inspecteur en chef des Eaux et Forêts de la Belgique, M. H. Colleaux et M. D. Caplan du Royaume-Uni qui, tous les deux, avaient participé si activement aux travaux et au succès de Marianské-Lazné. Enfin, l'intérêt croîssant des pays de l'Amérique latine se manifestait par la participation de forestiers venus du Chili, de la Colombie et du Brésil, et dont M. Ducci, le jeune organisateur d'une industrie forestière moderne au Chili, fut fréquemment le porte-parole

Les questions forestières n'ont pas été discutés seulement à la deuxième Commission de la Conférence. Les produits forestiers, et notamment le bois de construction, figuraient également à l'ordre du jour de la Commission I et un rapport assez complet traitant de la situation mondiale du bois de construction de la pâte de bois, des bois de mines et d'autres produits forestiers, avait été préparé à l'usage des délégués. La discussion de ces problèmes n'occupa cependant la Commission I qu'un temps assez court car le sujet avait été examiné à fond à la conférence de Marianské-Lazné. La Conférence de la FAO n'avait dans ce domaine pratiquement plus, à Genève qu'à confirmer les conclusions de cette antérieure conférence internationale du bois.

Il en sera autrement sans doute aux prochaines sessions annuelles de la Conférence de la FAO lorsque la Commission I passera en revue les activités du Conseil de la FAO - le nouvel organe d'action dont l'établissement constitue l'œuvre principale de la conférence de Genève. Le trois a déjà été inscrit parmi les produits qui retiendront l'attention immédiate de ce Conseil qui, pendant les mois à venir, suivra l'évolution des besoins et des disponibilités de bois sur le plan mondial et, plus particulièrement les travaux du sous-comité du Bois de la Commission économique pour l'Europe et ses efforts pour arriver à une entente formelle entre gouvernements au sujet de la production et de la distribution de bois en Europe.

A la session annuelle de 1948, la Conférence de la FAO sera d'autant mieux à même de délibérer sur les produits forestiers que, d'ici là, les statistiques recueillies par la Division des Forêts et des produits forestiers permettront de déterminer, pour la première fois d'une façon quantitative, la relation actuelle et future entre les besoins du monde en produits forestiers et la production de matières ligneuses par lis forêts de tous les continents.

La prochaine session annuelle de la Conférence de la FAO sera marquée par une autre innovation résultant des décisions de Genève: dorénavant, les Présidents des Commissions consultatives permanentes appelés à suivre les activités des cinq divisions techniques, formeront un Comité de Coordination qui assumera les fonctions techniques et administratives de l'ancien Comité exécutif de la FAO supprimé par suite des changements constitutionnels votés à Genève. En ce qui le concerne, le Président de la Commission consultative permanente des Forêts et des produits forestiers prendra l'avis de ses collègues avant la session annuelle de la Conférence et pourra présenter leurs conclusions à la Commission II de la Conférence

Une procédure semblable avait, en fait été adoptée déjà cette année; le rapport d'activités et le programme de travail présentés par M Marcel Leloup à la Commission II, avaient au préalable été examinés et remaniés par la Commission consultative permanente des Forêts et des produits forestiers au cours d'une réunion tenue en juin de cette année à Washington. Cependant, cette procédure qui sera appliquée l'année prochaine sous une forme plus officielle, recevra ainsi une importance nouvelle.

II est prévu également d'attribuer lors de la prochaine session annuelle de la Conférence un rôle plus formel aux consultations entre forestiers et experts en matière de bois afin de leur fournir une occasion de discuter en détail les problèmes les plus intéressants avant de les soumettre à l'examen de la Commission II. De cette façon, les avantages de la nouvelle procédure qui a fait ses preuves à Genève seront retenus, tout en fournissant aux spécialistes venus de toutes les parties du monde des possibilités nouvelles pour entrer en contact les uns avec les autres et pour prendre une part vraiment active à l'élaboration de la politique mondiale de la FAO.

En attendant cette prochaine session annuelle de la Conférence le Directeur de la Division des Forêts et des produits forestiers a déjà commencé à donner suite aux décisions prises à Genève par la Conférence Le premier annuaire de statistiques forestières et du bois est sur le point de paraître. Le Sous-Comité du Bois de la Commission économique pour l'Europe a déjà tenu une première réunion et est prêt à se réunir une deuxième fais. Son Secrétariat installé à Genève, est composé d'officiers techniques de la FAO. Enfin la conférence forestière en Amérique latine se prépare activement.

Deuxième session de la Commission consultative permanente des Forêts et des produits forestiers

La deuxième session de la Commission consultative permanente des Forêts et des produits forestiers s'est tenue à Washington du 26 au 28 juin 1947. Cette Commission, composée des spécialistes renommés dans divers domaines des techniques forestières et de l'industrie des produits forestiers est l'organe consultatif chargé d'indiquer les mesures à prendre pour mettre à exécution les politiques adoptées par la Conférence la FAO au cours de sa session annuelle et de donner des avis à la Division à leur sujet.

Sept membres de la Commission, le Directeur de la Division des Forêts et des produits forestiers ainsi que les chefs de service de la Division assistèrent régulièrement aux séances. Divers autres membres de la Division étaient en outre présents aux séances dont l'objet touchait à leur sphère d'activité. M. Lyle F. Watts, Chef du Service des Forêts au Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis, a été nommé Président de la Commission, et M. H. G. Winkelmann rapporteur.

Le rapport sur les travaux de la Division en 1946/47, présenté par le Directeur a fait l'objet de l'examen de la Commission qui a concentré tout spécialement son attention, en premier lieu sur les conférences relatives aux statistiques des forêts et des produits forestiers, tenues à Washington et à Rome pour déterminer les principes généraux qui devraient guider les enquêtes statistiques; en second lieu sur la Conférence internationale du bois de construction de Marianské-Lazné, enfin sur les travaux des sous-commissions techniques et les récentes nominations dans le personnel.

Au cours de son examen du programme proposé par le Directeur de la Division des Forêts et des produits forestiers pour 1947/48, la Commission a approuvé, en reconnaissant leur importance considérable, tous les projets inscrits à l'ordre du jour. Les questions suivantes ont été discutées en détail.

La Commission a examiné et approuvé les épreuves du premier numéro de Unasylva, et suggéré que soit examinée la possibilité d'inclure régulièrement dans cette revue une section bibliographique qui couvrirait un domaine plus étendu aux points de vue géographique et idiomatique que n'importe quelle publication actuelle de documentation forestière ou xylotechnologique du même ordre. Il fut également souligné à quel point il serait important d'organiser la traduction de travaux techniques.

La Commission reconnaissant l'utilité des sous-commissions techniques a adopté leur classification en cinq catégories dans le cadre desquelles elles auraient les attributions suivantes:

Catégorie 1 (Sylviculture et aménagement forestier): a) Recherche b) Gestion.
Catégorie 2 (Technologie des produits forestiers): a) Technologie mécanique; b) Chimie du bois.
Catégorie 3 (Economie et statistique): a) Bois; b) Pâte; c) Papier.
Catégorie 4 (Enseignement): a) Enseignement forestier.
Catégorie 5 (Sous-Commissions spéciales): a) Forêts non exploitées.

Une distinction a été établie entre deux types de missions selon que c'est un pays Membre ou la FAO elle-même qui en prend l'initiative et en assure le financement. La Commission a estimé qu'il conviendrait d'organiser au cours de l'année qui vient, des missions de la deuxième catégorie chargées d'étudier les problèmes spéciaux de la région méditerranéenne et des forêts vierges de l'Amérique latine. En regrettant qu'on ait oublié de faire figurer un expert forestier dans la ´ mission envoyée en Grèce en 1946, elle a souligné à quel point il est important, en raison des rapports étroits existant entre l'agriculture et la sylviculture, de faire appel à des experts forestiers pour toutes les missions d'ordre général ou agricole.

Au cours de la discussion des problèmes régionaux, la Commission a donné son adhésion aux propositions du directeur sur les activités de la Division en Europe qui consistent principalement à continuer les travaux entrepris à Marianské-Lazné. M. B. Dufay, Directeur général des Eaux et Forêts au Ministère de l'Agriculture de France, a été élu Président de la Commission européenne des forêts et des produits forestiers qu'on propose de créer pour collaborer aux travaux de la Division dans les domaines qui ne sont pas du ressort du Sous-Comité du Bois de construction de la Commission économique pour l'Europe. La Commission a exprimé des doutes sur la question de savoir si l'allocation budgétaire suffirait à réaliser intégralement la partie des propositions relative à l'établissement d'un important service des forêts et des produits forestiers, fonctionnant en Europe comme un organe de la Division; elle a signalé qu'un échec dans ce domaine pourrait nuire aux activités futures de la Division et au prestige de la FAO en Europe.

Le programme proposé pour l'Amérique latine a été accueilli avec satisfaction, la Commission a affirmé, une fois de plus, qu'il serait bon d'entreprendre une enquête minutieuse sur la situation actuelle du pin du Parana. Quant à l'Extrême-Orient, principalement la Chine on a insisté sur l'urgence que présente le reboisement de vastes superficies, et la nécessité de prendre un ensemble de mesures bien coordonnées, dans cette partie du globe; enfin on a formulé l'idée qu'une conférence des forêts en Extrême-Orient, devrait être organisée, si possible, avant la fin de 1948.

La Commission a constaté avec regret que seuls quelques Etats Membres avaient créé des sous-commissions des Forêts, au sein des Commissions nationales de liaison avec la FAO. Elle considère leur existence comme indispensable aux travaux de la Division ces sous-commissions constituant le meilleur moyen d'organiser des relations suivies et d'assurer la collaboration nécessaire.

La Commission a estimé qu'il convenait de convoquer en 1949 un congrès mondial de sylviculture qui serait chargé d'étudier les nouvelles méthodes mises à la disposition des experts forestiers, grâce aux progrès scientifiques récents. Ce congrès mondial étudierait spécialement les pro" brèmes urgents de sylviculture, que pose le développement des forêts vierges, il examinerait les règles minima de gestion forestière capables d'assurer des rendements continus ainsi que les problèmes de reboisement, en tenant spécialement compte des progrès régents réalisés dans les domaines de la phytogéographie, de la phytosociologie et de ´ l'étude du sol.

La Commission a également examiné le rapport intitulé «Situation mondiale et perspectives pour les forêts et produits forestiers», présenté par le Directeur de la Division et donné son adhésion générale au plan et aux conclusions de ce rapport.

Enfin, la Commission a recommandé de mettre à la disposition des Etats Membres de la FAO, avant la troisième session annuelle de la Conférence de la FAO (Genève, 25 août), les documents que lui avait présentés le Directeur amendés conformément aux recommandations de la Commission, ainsi que le rapport de la Commission sur les questions exposées ci-dessus, de manière que ces gouvernements puissent avoir une vue d'ensemble de la situation mondiale dans le domaine des forêts et des produits forestiers et se mettre au courant des activités antérieures et des tâches futures de la Division.

L'activité de la Sous-Commission de la technologie mécanique du bois

La Sous-Commission de la Technologie mécanique du bois avait été créée par décision de la Commission consultative permanente à Oslo en août 1946. La Conférence de la FAO, lors de sa deuxième session, à Copenhague en septembre de la même année, ratifiant cette décision, avait fixé le programme de travail de cette Sous-Commission et demandé que les projets suivants soient pris d'abord en considération.

1) Normalisation des règles pour le classement des sciages et pour une classification technologique des bois suivant leurs usages.

2) Elaboration de normes pour les essais mécaniques du bois.

3) Elaboration de règles de construction à l'usage des architectes et des entrepreneurs, amélioration des règles de construction et emploi de dispositifs d'assemblage.

4) Méthodes d'amélioration des propriétés du bois au moyen de traitements chimiques.

Ces directives générales devaient être très rapidement suivies d'effet. La Sous-Commission fut constituée dès la fin de 1946. Elle comprenait une quinzaine d'experts qualifiés en matière de technologie physique et mécanique du bois, choisis soit en raison de leurs fonctions, soit en raison de leurs travaux antérieurs, dans les différents pays Membres. D'accord en effet avec l'avis formulé par la Commission consultative permanente, il s'agissait de réunir non pas des représentants de ces pays, mais des personalités capables d'envisager les différents problèmes techniques sur le plan international.

Pour éviter aux experts des frais de déplacements trop élevés, il fut convenu de scinder la Sous-Commission en deux groupes un groupe européen et un groupe américain. Les problèmes devraient être discutés par chacun de ces groupes séparément, les résultats obtenus par chacun d'eux devant être ensuite soumis à l'autre groupe. C'est en application de ces dispositions que le groupe européen fut convoqué à Zurich (Suisse) où il tint séance du 11 au 16 janvier 1947. Le groupe américain se réunit à son tour quelques mois plus tard, à Washington du 7 au 10 juillet.

Moins d'un an après la décision de Copenhague, la Sous-Commission de Technologie avait ainsi pu se constituer, entreprendre sa tâche, et arriver même sur certains points, à des conclusions intéressantes.

Nous nous proposons ci-dessous, sans entrer dans le détail des discussions, qui ont d'ailleurs fait l'objet de rapports et de comptes rendus spéciaux, de donner une vue d'ensemble des débats de la Sous-Commission d'examiner les principaux points qu'elle a eu à discuter et, le cas échéant, d'indiquer les décisions et conclusions auxquelles elle a abouti.

Ce sont les questions de normalisation qui ont été abordées en premier lieu. La nécessité de parler le même langage entre techniciens, de se servir de définitions identiques, de méthodes aussi voisines que possible pour les mesures, les essais, les spécifications des produits, devient en effet de plus en plus impérieuse, et cela aussi bien sur le plan national que sur le plan international. En matière de trois en particulier, un gros effort a été fait dans ce sens dans tous les pays, au cours de ces dernières années. La Sous-Commission a donc été d'avis d'essayer, dans toute la mesure du possible, d'examiner ce qui pourrait être fait à ce sujet sur le plan international.

Dès les premières discussions, il est apparu que les deux points principaux sur lesquels pourrait porter une possibilité de normalisation internationale étaient, d'une part, la question du classement technologique des sciages et de la standardisation de leurs dimensions d'autre part, le problème de la normalisation des essais de qualification physique et mécanique du bois et des matériaux dérivés du bois.

C'est à Zurich qu'a eu lieu la discussion la plus importante sur la normalisation des méthodes d'essai. Il a été décidé de demander aux différents laboratoires spécialisés dans les recherches sur le bois, de participer aux travaux de la Sous Commission. C'est le cas par exemple du Forest Products Laboratory de Madison (Etats-Unis) et de Princes Risborough (Royaume-Uni), ainsi que de l'Institut national du Bois (France) et du Laboratoire E.M.P.A. (Suisse), qui ont promis leur entier concours en vue de l'unification des méthodes d'essais. Un rapporteur a été désigné dont le travail doit être à l'heure actuelle à peu près terminé et sera prochainement soumis à l'appréciation des spécialistes de la Sous-Commission. Il n'est pas interdit de penser que des résultats importants seront acquis en ce domaine dans le courant de la présente année.

A Washington, c'est la normalisation des dimensions des sciages qui a retenu l'attention. Si les méthodes d'essai ne sont, en fait, appliqués que par un petit nombre de spécialistes, les questions de technologie et de classement des sciages touchent très directement la grande masse des praticiens et des commerçants du bois. Des usages locaux, variant fortement d'une région à l'autre, dans un même pays, des habitudes commerciales, des questions économiques, des questions techniques, rendent le problème extrêmement complexe. Il ne peut être question bien entendu, car cela n'est pas techniquement réalisable, d'adopter une seule échelle pour la détermination de dimensions de tous les bois sciés, mais il est sans doute possible d'essayer de mettre un peu d'ordre dans l'anarchie qui règne actuellement à ce sujet. Pour prendre un exemple, il semble réalisable d'établir une liste-type aussi simplifiée que possible, dans laquelle devraient s'inscrire les différentes dimensions des bois résineux normalisées dans les divers pays. La Sous-Commission n'a pu régler en quelques jours une pareille question. Elle a démandé à la Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO de faciliter l'échange des informations sur les usages admis dans les différents pays en vue d'examiner dans quelle mesure une normalisation internationale des dimensions est possible. Le problème est encore à l'étude et sa solution avancera sans doute au cours des prochains mois.

A côté de cette question générale de la normalisation, un second point important, parmi les études mises au programme de la Sous Commission, est celui qui concerne l'étude des meilleures méthodes d'utilisation du bois dans la construction. L'utilisation rationnelle du bois doit en effet être envisagée comme primordiale. D'une part, en période de pénurie, elle permet d'arriver par l'économie de matière, à un allègement de la consommation. Mais, aussi, en période normale, elle permet à la construction en bois de soutenir la comparaison à la fois sur le plan technique et sur le plan économique, avec les autres types de construction et de défendre le bois contre les matériaux de substitution qui tendraient à l'éliminer. Tous ces points de vue ont été discutés et ont retenu l'attention des membres de la Sous-Commission. Il a été décidé de procéder aussi bien à l'étude des méthodes de construction les plus intéressantes qu'à celle de la réglementation de la construction Des progrès très substantiels ont été faits au cours de ces dernières années, dans différents pays. Il convient maintenant de les appliquer, et, si possible, de les améliorer encore. La Sous-Commission a estimé qu'elle devrait procéder à une étude complète des nouvelles méthodes de construction tant en Europe qu'en Amérique. Une enquête a été lancée sur la réglementation de la construction en bois dans les différents pays en vue de comparer les règles en vigueur et, d'essayer d'en tirer une codification technique tenant compte de l'expérience acquise dans le monde entier. En même tempe, il a été décidé de confier à des experts qualifiés l'établissement d'une étude: générale sur l'emploi du bois dans la construction des maisons et la préfabrication. De cette manière une large documentation va être réunie Il s'agira ensuite, en publiant d'une manière aussi détaillée que possible les résultats de cette étude, de mettre à la disposition des Etats Membres les principes de construction les, plus modernes et les plus rationnels.

Nous ne quitterons pas la question de la construction sans parler également de la protection du bois. Au cours de la réunion de Washington, la Sous-Commission a en effet porté son attention sur les méthodes modernes de préservation et sur les produits nouveaux qui peuvent être utilisés pour la conservation du bois. Le problème du traitement du bois dans certains pays tropicaux a été également examiné. L'emploi de méthodes de construction très étudiées, tenant compte de toutes les particularités du bois en tant que matériau, met, la plupart du temps, à l'abri des attaques des insectes et des organismes destructeurs du bois. Cependant il est des cas où les bois sont particulièrement exposés et où il est indiqué de les protéger. La Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO a été chargée de servir de centre d'information à ce projet; elle recueillera toute la documentation possible sur les produits de préservation et de conservation, puis elle diffusera cette documentation parmi tous les Etats Membres. Les laboratoires qui se sont particulièrement occupés de cette question, le Forest Products Laboratory de Madison en particulier, lui donneront à cette occasion, leur plus entier concours.

Telles sont les questions qui ont fait l'objet des discussions les plus importantes. Mais ce ne sont pas les seules. La Sous-Commission a été en effet amenée à traiter d'autres problèmes qui ont aussi une grande influence sur l'utilisation rationnelle du bois. L'utilisation des déchets, la transformation des sciures et copeaux en panneaux à base de fibre capables eux-mêmes de remplacer les planches et de se substituer au bois dans le revêtement des constructions, ont fait l'objet d'une délibération spéciale du groupe américain qui a été d'avis de suivre le développement de ces fabrications à la fois sur le plan technique et sur le plan économique. L'établissement d'une terminologie internationale en matière de technologie du bois serait également, de l'avis de la Sous-Commission de nature à faciliter les échanges internationaux en matière de recherche et de documentation entre les techniciens des différents pays. Un vœu a été émis pour que ce travail soit entrepris aussi rapidement que possible par là Division des

Forêts et des produits forestiers de la FAO, avec la collaboration des membres de la Sous-Commission et des laboratoires et autres organisations qu'ils représentent.

Il est donc permis d'espérer que l'année qui vient nous apportera déjà les premiers fruits de cette collaboration des technicines du bois de l'ancien et du nouveau monde qui s'est ouverte ces derniers mois sous l'égide de la Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO.

Première réunion de la Sous-Commission de la chimie du bois

LA Sous Commission de la Chimie du bois de la FAO s'est réunie pour la première fois le 3 septembre, 1947 à Appleton, Wisconsin, Etats-Unis, sous la présidence de M. Herman Mark de l'Institut Polytechnique de Brooklyn.

Les rapports ci-après furent soumis à la Sous-Commission:

1 Utilisation chimique du bois au Japon (H. R. Murdock).
2. Nomenclature, essai et caractéristiques (R. G. Macdonald).
3. Glucose de bois et alcool au sulphite (J. A. Hall).
4. La lignine (H. F. Lewis).
5. Résine de bois (E. Ott).
6. Méthodes améliorées de cuisson (E. C. Jahn).
7. Utilisation chimique du bois en Amérique latine (Herman Mark).

Les rapports sur la situation en Extrême-Orient et en Amérique latine ont souligné la nécessité d'assistance technique dans ces régions, et de l'envoi de chimistes et d'ingénieurs afin d'encourager une meilleure utilisation des produits forestiers. La Sous-Commission, considérera les mesures à prendre dans ce but.

Le rapport sur la nomenclature, les essais et les caractéristiques du bois a amené une entente entre les membres de la Sous-Commission, sur les possibilités d'une standardisation internationale. Il fut recommandé de présenter un rapport préliminaire sur ce sujet.

Des détails techniques fort intéressants furent donnés concernant le fonctionnement d'une fabrique de glucose de bois installée par le Département d'Agriculture des Etats-Unis et complétée en janvier 1947. Quoique cette fabrique ne fonctionne pas en ce moment, les ingénieurs chargés de sa construction sont d'avis qu'elle pourra fonctionner très efficacement et produire de l'alcool au délà de la capacité prévue.

Participant à la réunion de la Sous-Comission de la Chimie du bois, à Appleton, Wisconsin, on reconnais foi de gauche à droite MM E. R. Murdock, J. A. Hall, A. J. Stamm, C. P. Purvis, J. Cornell, G. Greaves, E. Ott, N. de Felsövanyi, S. C. Semmens, W. F. Gillespie, E. C. Jahn, R. G. Macdonald, J. R. Succar, E. L. Lewis et E. Mark.

L'Institut de la Chimie du bois à Appleton, Wisconsin, Etats-Unis.

Le rapport sur la lignine fit remarquer le manque d'intérêt pour les recherches fondamentales concernant cette substance. Un véritable programme de recherche serait d'un intérêt courant pour les industries de la pâte, du papier, du bois et de la chimie organique, et son utilisation pourrait influencer le bien-être économique du monde entier. La Sous-Commission indiqua que la création d'un prix annuel serait de nature à encourager les recherches dans le domaine de la lignine.

L'importance de la résine de bois est de beaucoup plus considérable qu'il n'apparaît à première vue. La valeur à l'unité et la valeur monétaire totale de ces résines est très élevée puisqu'elle représente une combinaison unique dans son genre de caractéristiques physiques et chimiques que l'on peut en obtenir par purification et modifications chimiques. Il n'est pas probable que des matières premières présentant des caractéristiques si variées soient jamais obtenues synthétiquement à un prix aussi peu élevé.

Le rapport sur «Les méthodes améliorées de cuisson», décrit les nombreuses améliorations introduites dans le courant des dernières années et indique des tendances bien définies dans la pratique industrielle visant l'emploi de procédés améliorés dans la fabrication de la pâte. Un certain intérêt s'est manifesté aussi pour l'utilisation de nouvelles espèces, particulièrement de bois durs. Le comité donna une attention toute spéciale aux procédés «semichimiques» de la fabrication de la pâte vu leur importance primordiale pour les pays arriérés en raison de la possibilité de les employer dans de petites fabriques ne nécessitant qu'un capital relativement réduit.

Depuis le début du siècle, l'industrie chimique du bois a fait des progrès extraordinaires. La production mondiale de pâte est à présent d'environ 25 millions de tonnes, chiffre de [tordre de la production des principaux métaux, des huiles minérales et des produits alimentaires de base. Néanmoins, ce chiffre n'est que peu important comparé à ce-lui du volume annuel exploité dans les forêts du monde entier, et cela indique donc les possibilités extraordinaires que l'avenir nous réserve.

La Commission économique pour l'Europe coopère avec la FAO à la solution de la crise du bois en Europe

LE NOUVEAU Sous-Comité du Bois de la Commission économique pour l'Europe s'est réuni pour la première fois à Genève du 15 au 19 octobre. Cette session marque le début d'un chapitre nouveau, riche de promesses, dans l'histoire de la coopération internationale, cette fois dans le domaine de la production et du commerce du bois européen.

Les débuts de cette coopération remontent à la fin de la première guerre mondiale; mais il a fallu la crise économique de 1932 pour déterminer le premier effort concerté. Les tentatives en vue de réglementer et de stabiliser le commerce européen du bois qui avaient été amorcées en 1932 par le Comité économique de la Société des Nations furent reprises par le Comité international du Bois (CIB) et ont abouti à la Convention des exportateurs européens de bois (ETEC), conclue en 1935 à Copenhague entre les neuf principaux pays producteurs de bois de l'Europe septentrienale, orientale et centrale. Interrompue par la deuxième guerre mondiale si l'on ne tient pas compte des efforts de l'Allemagne pour adapter le commerce du bois aux besoins de son économie de guerre - cette coopération fut reprise en 1945 par le Sous Comité du Bois du Comité économique provisoire pour l'Europe (EECE) et un an plus tard par la Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO. En mai 1947, la conférence internationale du bois de construction tenue à Marianské-Lazné réussit à faire l'accord sur un vaste programme international portant à la fois sur les développements à court terme et sur ceux à long terme. Et presque au moment même où l'on présentait à Washington le rapport sur le´ bois préparé à Paris par les seize pays participant aux réunions du Comité pour la Coopération économique européenne, le Sous-Comité du Bois de la Commission économique pour l'Europe commençait à travailler à Genève.

Bien que les institutions sous l'égide desquelles les conférences se tenaient aient souvent changé, ce sont à peu près les mêmes délégués qui assistent aux conférences internationales sur le bois et les produits forestiers, assurant ainsi aux travaux une continuité bien plus grande; qu'on pourrait tout d'abord le croire. La réunion de Genève eut pour président M. Gunnar Lange, sous-secrétaire à l'Agriculture de Suède, qui avait rempli les mêmes fonctions pour le Comité III de la Conférence de Marianské-Lazné. M. Dufay (France), M. Cerf (Belgique), le Comte Ceschi (Autriche), M. Bretherton (Royaume-Uni), et bien d'autres délégues s'étaient déjà rencontrés à Marianské-Lazné, à Paris, à Londres et à Copenhague, et parfois même aux conférences sur le bois tenues avant la guerre. - Un dicton français dit: «Les hommes changent, les institutions demeurent». Dans les relations européennes sur le bois c'est le contraire qui se produit.

Avant même de partir pour Genève, la plupart des délégués savaient que cette première session n'aboutirait probablement pas à des accords définitifs pour 1948. En sept séances le Sous Comité du Bois a pu cependant étudier la situation et arriver à une évaluation de la production et des besoins probables, d'où il résulte que le futur déficit européen en bois résineux se ramène à des chiffres bien inférieurs à ceux qui avaient été précédemment indiqués pour 1948 et les années suivantes. La Conférence de Marianské-Lazné avait admis, pour l'Europe, un déficit de 2,5 à 3 millions de standards. Six mois plus tard, le rapport de Paris fixait le déficit à 1.150.000 standards pour les pays participants, ce qui donnait, en tenant compte de la zone européenne tout entière - y compris les besoins de la région méditerranéenne et les obligations d'exportation de l'Europe vers d'autres continents - un déficit probable de l'ordre de 2.100.000 standards. La réunion de Genève a réduit encore ce chiffre de 25 pour cent.

Or cela laisse toujours un déficit de 1.600.000 standards représentant environ 30 pour cent des quantités indispensables de bois résineux que l'Europe occidentale et méridionale doit importer. Mais ce qui est bien plus inquiétant encore que l'importance du déficit est la question de savoir si cette estimation correspond vraiment à la situation réelle. Déjà en 1947, malgré une pénurie très aiguë, certains pays exportateurs n'avaient pas vendu tout leur bois disponible pour l'exportation. En mai 1947, des pays importateurs étaient encore convaincu que les besoins essentiels d'importation, tels qu'ils avaient été annoncés à Marianské-Lazné, représentaient le minimum qu'ils désiraient importer et qu'ils étaient prêts à payer; depuis lors, toutefois, les difficultés monétaires européennes se sont tellement aggravées que plusieurs pays importateurs ont dû annuler des contrats et interrompre les négociations pour d'autres achats de bois parce qu'ils ne pouvaient pas se procurer les dollars ou les devises fortes que les producteurs exigeaient. En même temps, quelques pays exportateurs décidaient de garder leurs stocks de bois: plutôt que de les vendre contre paiement en devises faibles qui ne leur permettraient pas d'acheter les produits qu'ils ont besoin d'importer.

Cette situation menace de devenir encore plus sérieuse en 1948. Avant d'entreprendre l'examen des mesures destinées à combler l'écart entre les approvisionnements prévus et les besoins réels, ou des plans devant assurer une distribution satisfaisante aies approvisionnements, le Sous-Comité du Bois a demandé au Secrétaire exécutif d'étudier la nature et l'ampleur des difficultés monétaires dans la mesure où elles affectent le commerce du bois, et de discuter avec les gouvernements et les organisations internationales compétentes les remèdes et les solutions possibles.

Le Secrétaire exécutif fut encore chargé de deux autres missions.

L'Union soviétique n'était pas représentée à la réunion; la Yougoslavie l'était, mais n'a pas pu prendre une part active aux discussions; et la Roumanie, qui avait été invitée, bien que non membre de la Commission économique pour l'Europe, n'envoya pas de délégués. Ces trois pays exportateurs pourraient, semble-t-il, contribuer d'une manière importante à accroître les approvisionnements en bois en Europe. L'Union soviétique et la Yougoslavie sont du reste membres de la Commission économique pour l'Europe et ont participé régulièrement aux travaux du Comité principal, on peut donc s'attendre à ce qu'elles prennent part également aux travaux des Sous-Comités techniques. C'est pour cette raison que le Secrétaire exécutif a été prié de se mettre en rapport avec les pays exportateurs non représentés cette fois ci pour leur demander d'assister à la prochaine réunion.

Un autre point qu'il faut éclaircir est celui des fournitures d'acier, d'équipement, de produits alimentaires et de charbon, qui sent nécessaires pour maintenir et accroître le rendement et les exportations de bois. Les pays producteurs ont présenté la liste des besoins qu'il faut satisfaire si l'on veut qu'ils atteignent leurs objectifs de production de bois. Ces demandes d'allocations spéciales ont été examinées par le Comité des Industries et des matériaux de la Commission économique pour l'Europe qui s'est réuni à Genève le 22 novembre. Ici encore le Secrétaire exécutif a été prié d'intervenir comme porte-parole du Sous-Comité du Bois, et d'user de son influence pour obtenir les allocations spéciales qui constituent une condition préalable et essentielle à un accroissement de la production du bois.

Outre ces questions relevant de la politique générale, le Sous-Comité s'est mis d'accord sur certains principes en matière de coopération internationale. Leur but principal est d'empêcher de graves déséquilibres dans la répartition au détriment des pays importateurs les plus faibles, par suite de ventes et d'achats effectués avant la conclusion d'un accord européen formel sur le bois.

Le rapport adopté à la fin de la réunion du Sous-Comité contient également un aperçu assez précis des travaux que doit entreprendre le Secrétariat. II prévoit le rassemblement et la diffusion de statistiques périodiques relatives à la production, la consommation et le commerce du bois. II demande au Secrétariat non seulement de se tenir au courant de la situation du bois résineux qui a été le sujet principal des délibérations de cette première session, mais encore de rassembler des renseignements sur les étais de mine, les bois durs, le contreplaqué, les panneaux de construction en fibres et les traverses de chemin de fer, dont le Sous-Comité a l'intention de s'occuper. Enfin le Sous-Comité a suggéré que des enquêtes soient faites sur la consommation du bois et les économies que l'on pourrait faire dans son emploi, et que des plans soient préparés pour le développement industriel de nouvelles ressources forestières.

Beaucoup de ces tâches ne sembleront pas bien nouvelles aux lecteurs qui ont étudié le rapport de Marianské-Lazné et les programmes des travaux de la Division des Forêts et des produits forestiers adoptés par la Conférence de la FAO lors de ses sessions annuelles. Cela se comprend. En effet, bien que le Sous-Comité du Bois de la Commission économique pour l'Europe ne s'intéresse qu'aux aspects régionaux, il est difficile de tracer une ligne indiquant où finit le domaine de la FAO et où commence la compétence de la Commission économique pour l'Europe. Voilà pourquoi les discussions amorcées dès avant la conférence de Marianské-Lazné ont abouti à un modus vivendi entre la FAO et la Commission économique pour l'Europe qui prévoit une coopération constante entre ces deux organismes en matière de sylviculture. Cet accord a été approuvé par la

Conférence de la FAO. II a également été approuvé officiellement par le Sous-Comité du Bois. Conformément aux dispositions de l'accord, un Bureau FAO des Forêts et des produits forestiers a été installé au Palais des Nations à Genève, OU un personnel de la FAO aide la Commission économique pour l'Europe à assurer le Secrétariat du Sous-Comité du Bois et à exécuter ses nouvelles taches d'ordre technique.

Le Bureau de la Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO à Genève pourra également se tenir au courant des faits nouveaux ne relevant pas du Sous-Comité du Bois de la Commission économique pour l'Europe. Il se tiendra en liaison constante avec le Bureau européen de la FAO installé temporairement à Rome. II pourra également prendre part aux travaux des diverses commissions européennes et des groupements de recherche, tant dans le domaine de la sylviculture que dans celui des produits forestiers.

Lorsque la FAO fut créée, avec son siège provisoire établi à Washington, beaucoup de forestiers et de spécialistes du bois européens qui avaient déjà participé à d'autres initiatives internationales exprimèrent la crainte que l'on ne s'occuperait pas suffisamment des problèmes qui les intéressaient particulièrement. Il leur fut répondu que leurs craintes n'étaient pas fondées et qu'un des premiers soins de la jeune Organisation serait d'établir les organes nécessaires en Europe.

Cette promesse, la FAO l'a tenue. Les problèmes de la sylviculture et du bois qui se posent en Europe seront suivis sur place, et, de plus, seront étudiés dans le cadre d'une organisation qui les coordonnera aux problèmes des autres secteurs de l'économie européenne. Mais ils n'en seront pas moins étroitement intégrés à la politique forestière mondiale de la FAO, qui devient de plus en plus nécessaire si l'on considère la difficulté croissante des forêts d'Europe à subvenir, seules, aux besoins des populations de ce continent.

La participation de la FAO à la cinquième Conférence forestière de l'Empire britannique

LA 5ème Conférence des autorités forestières de l'Empire britannique s'est réunie à Londres le 16 juin 1947 et a poursuivi ses travaux jusqu'au 19 juillet. Sir Roy Robinson (depuis, Lord Robinson), président de la Commission des Forêts de Grande-Bretagne, présida les séances et M. D. Roy Cameron, chef du Service forestier du Canada, fut élu vice-président. Plus de 30 délégués britanniques, 71 délégués des Dominions et des colonies et des représentants d'organisations forestières ayant leur siège en Angleterre prirent part à la conférence ainsi qu'un représentant du Service forestier des Etats-Unis. La Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO avait été invitée à participer et envoya deux représentants.

La première conférence forestière impériale s'était réunie en Angleterre en 1920 et les conférences suivantes avaient eu lieu au Canada (1923), en Australie et en Nouvelle-Zélande (1928) et en Afrique du Sud (1935). Les projets d'organisation d'une conférence dans l'Inde en 1940 furent interrompus par la guerre:

Cette remarquable série sans précédent de réunions, qui réunit périodiquement les hauts fonctionnaires des services forestiers des régions si diverses du Commonwealth britannique, a pleinement réussi à favoriser la généralisation d'une bonne gestion des forêts. Elle a fourni l'occasion de rapports et de programmes couvrant une très grande variété de situations et de problèmes. Grâce à ces conférences un esprit de coopération et d'entraide s'est développé. En outre on a constaté que chacune des conférences avait rendu un service des plus précieux en stimulant, dans le pays où elle se tenait, l'intérêt du publie pour les questions forestières.

Les séances de la 5ème conférence se tinrent à Londres, Cambridge et Oxford et différentes forêts et installations industrielles d'Angleterre et d'Ecosse furent visitées. Des arrangements avaient été faits pour permettre aux délégués s'intéressant aux produits forestiers de voir autant d'installations industrielles que possible.

L'un des traits importants de la Conférence a été la présentation d'une série de rapports préparés par les autorités forestières du Royaume-Uni, des Dominions et des colonies, et décrivant le rôle joué durant la dernière guerre par les forêts du Commonwealth. Ces rapports, établis sur un même plan, passent en revue tous les aspects de la situation des forêts et des produits forestiers au cours des années de guerre, y compris la création et le fonctionnement des différents systèmes de réglementation et de contrôle institués par les divers gouvernements On s'est efforcé tout particulièrement d'attirer l'attention sur l'expérience acquise pendant la guerre afin que ses leçons ne soient pas perdues pour l'avenir. Les rapports étaient étayés de statistiques très complètes sur les ressources forestières, et la production, la consommation et le commerce des produits forestiers. Dans ces statistiques les moyennes annuelles pour la période quinquennale 1934-1938 sont utilisées comme base de comparaison et des chiffres détaillés sont donnés pour chacune des - années depuis 1939 jusqu'à 1945 inclusivement. Pendant que la Conférence siégeait ces statistiques furent rassemblées et résumées par le Bureau central de Statistique du Royaume-Uni et ces résumés furent publiés dans un rapport spécial.

Ouverture de la cinquième Conférence forestière de l'Empire britannique, Londres. le 16 juin 1947. (Photo: Sport & General Press Agency, Ltd.)

La Conférence établit des comités pour étudier les problèmes particuliers touchant à l'utilisation des terrains l'étude des ressources forestières, l'aménagement des forêts, la sylviculture et les mesures de protection, la recherche en matière de produits forestiers, les disponibilités en bois de construction et leur écoulement et l'enseignement forestier. A propos de ce dernier point des dispositions spéciales avaient été prises pour permettre aux délégués de voir le travail accompli par l'Ecole forestière et l'Institut forestier impérial d'Oxford. En sus du travail des comités, la Conférence, en séance plénière, reçut et discuta un grand nombre de documents techniques préparés par des experts appartenant aux différentes parties du Commonwealth.

La Conférence examina assez longuement la question de la coopération avec la Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO. M. S. B. Show chef du Service des Forêts de la Division et M. J. D. B. Harrison, chef de la section économique de ce service furent invités par le Président à exposer en détail les programmes de l'Organisation en matière de forêts et de produits forestiers et les méthodes grâce auxquelles on espère mener ces programmes à bien. Le projet de statistiques internationales a été examiné avec une attention particulière. Les représentants de l'Organisation ont reçu l'assurance que la FAO peut compter sur la coopération la plus étendue de la part des autorités gouvernementales représentées à la Conférence, dans la limite des moyens dont elles disposent.

Parmi des résolutions définitivement adoptées il y a lieu d'accorder un intérêt tout spécial à la demande qu'une étude préliminaire des ressources forestières de tous les membres du Commonwealth soit effectuée et achevée d'ici décembre 1957, en utilisant les derniers progrès dans la technique des levers aérophotogramétriques. Il a été recommandé que le Gouvernement du Royaume-Uni crée un comité technique des levers aérophotogramétriques des forêts pour donner des conseils d'ordre technique et pour faire connaître les méthodes perfectionnées. Une autre résolution insiste sur la nécessité de plans bien définis reposant sur le principe que chaque terrain doit être affecté au rôle pour lequel il est le mieux adapté compte tenu de l'économie générale. En ce qui concerne les disponibilités de l'approvisionnement en bois de construction, la Conférence a estimé que des coupes lourdes mais réglementées sont nécessaires et justifiées pendant la période critique d'après guerre, mais elle a demandé que les gouvernements accordent une attention suffisante à la protection des forêts et à la correction ultérieure des coupes excessives par la révision des plans d'exploitation.

Au cours des travaux le Président a rendu, un hommage tout particulier au Service forestier de l'Inde qui après 90 années au service de la sylviculture dans l'Inde et dans l'Empire, est à la veille d'être dispersé par suite de la création des nouveaux Dominions de l'Inde et du Pakistan. Par une résolution spéciale la Conférence a exprimé aux membres passés et présents des services forestiers de l'Inde et de la Birmanie son appréciation des grands services qu'ils ont rendus à la sylviculture dans les territoires qui leur étaient confiés et dans l'Empire britannique tout entier.


Page précédente Début de page Page suivante