Page précédente Table des matières Page suivante


Organisation des recherches du service forestier des Etats-Unis

Par EDWARD I. KOTOK

C'EST par les services du gouvernement fédéral des EtatsUnis que des recherches systématiques dans le domaine de la sylviculture et des produits forestiers ont été tout d'abord entreprises. Bien que des travaux importants de recherches soient aujourd'hui effectués dans un grand nombre d'universités, d'écoles professionnelles, d'entreprises commerciales et d'organisations industrielles le programme fédéral demeure à la fois le plus important et le plus complet. Ce document traite donc principalement de ces activités, en particulier de celles du service forestier, et de la façon dont elles sont organisées.

Développement historique

L'aménagement et l'utilisation efficaces des forêts et des pâturages, aux Etats-Unis comme ailleurs, doivent reposer sur une base scientifique qui ne peut être établie et maintenue que grâce à des recherches incessantes. C'est en 1876 que le Congrès autorisa pour la première fois le gouvernement fédéral à entreprendre des recherches en sylviculture. Un crédit assez modeste ayant été accordé dans ce but au Ministère de l'Agriculture. Ceci se passa quinze ans avant l'établissement des «réserves forestières» prises sur le domaine publie et vingt-et-un ans avant que des dispositions soient prises pour la protection et l'utilisation de ces réserves, appelées plus tard «forêts nationales». Des recherches furent entreprises pendant les cinquante années qui suivirent, d'abord sur une petite échelle puis sur une échelle de plus en plus vaste, dans les domaines de l'économie forestière, de la dendrologie et de la sylviculture, des produits forestiers, des influences forestières, de la lutte contre les incendies de forêts des insectes et des maladies des forêts, ainsi que de l'utilisation et de l'aménagement des pâturages.

Il fut admis vers 1908 que les régions forestières naturelles des Etats-Unis, dont il y a environ une douzaine, constitueraient les meilleurs centres de travail, aussi bien au point de vue administration forestière que pour les recherches forestières. C'est ainsi qu'en 1908 six bureaux administratifs régionaux furent établis dans l'ouest des Etats-Unis et que les premières stations régionales d'expérimentation forestière furent établies dans le sudouest; comme on le verra plus loin, cette organisation régionale des recherches forestières n'a pas cessé depuis de s'étendre et de s'améliorer. Ces principales régions forestières sont indiquées au Graphique 1.

En 1910, une nouvelle conception de l'organisation se fit jour et fut mise en application par l'établissement d'un laboratoire de produits forestiers travaillant en coopération avec l'Université de Wisconsin à Madison. Ce laboratoire, contrairement à ce qui se faisait dans les stations d'expérimentaion forestière, aborda les recherches sur les produits forestiers du point de vue national plutôt que régional. Ce système a également été maintenu depuis, les recherches régionales de détail étant toutefois un peu plus poussées ces temps derniers.

En 1915, par suite de l'importance grandissante des recherches sur les forêts et produits forestiers, une branche des recherches reliée aux principales unités de l'administration fut établie à l'intérieur du Service forestier. Les recherches forestières reçurent une impulsion remarquable il y a environ 20 ans, lorsque le Congrès des Etats-Unis, après avoir examiné une analyse approfondie préparée par un comité de la Société des forestiers américains, vota la loi du 22 mai 1928 sur les recherches forestières.

Législation

Le McSweeney-McNary Forest Research Act du 22 mai 1928 autorisa un programme fédéral coordonné pour les recherches forestières. Cette loi prévoyait également des autorisations spéciales pour l'octroi de crédits relatifs à divers types de travaux pendant une période de 10 années; elle ouvrait en outre les crédits supplémentaires qui pouvaient être ultérieurement nécessaires. Ces dispositions ont permis la réalisation du programme de recherches précisé dans cet article. La loi autorisait la création de quelque quatorze stations régionales d'expérimentation sur le territoire métropolitain des EtatsUnis, une en Alaska, une à Hawaï et une dans les possessions des Antilles.

En 1938, par l'intermédiaire du Comité mixte de la sylviculture et après une étude approfondie, le Congrès souligna de nouveau que «du point de vue des ressources forestières, la politique américaine évolue actuellement de la conception de l'exploitation à celle de l'élaboration et de l'exécution de plans d'aménagement continu et d'utilisation méthodique. Les connaissances nécessaires pour assurer cette transition sont aussi variées et complexes que l'état des terres forestières et leurs conditions économiques et sociales. Un plan de recherche organisée constitue le moyen le plus sûr, le plus rapide et le plus économique de recueillir les renseignements nécessaires».

A la fin de la deuxième guerre mondiale, le Congrès a redemandé que l'on examine de nouveau la situation et que l'on prépare un plan national de recherches destiné à fournir l'armature d'un programme forestier et pastoral aux Etats-Unis. La guerre a fait ressortir de façon éloquente l'importance de la diminution des approvisionnements en ressources naturelles, ainsi que la nécessité d'acquérir les connaissances techniques nécessaires pour assurer la production et l'utilisation d'un approvisionnement suffisant en produits forestiers industriels. Elle a souligné le fait qu'une gestion plus satisfaisante et des efforts plus intensifs seraient nécessaires pour assurer des quanti tés suffisantes de matières premières forestières pour les besoins à venir et pour couvrir en même temps les besoins immédiats et aider à la création d'une économie saine.

Ci-dessus, bifurcation centrale du Ford Canyon dans l'Utah, très dénudé et érodé, source de graves inondations.

Ci-dessous, la confection de terrasses et le reboisement ont arrété le ravinement et l'érosion sur les pentes.

En réponse à cette toute dernière requête du Congrès, on a procédé à une étude de la situation aux Etats-Unis et à la préparation du programme de recherches. Il a été reconnu qu'une seule année ne serait pas suffisante pour financer et organiser un programme d'une telle ampleur, ni pour réunir le personnel nécessaire. Toutefois, pour être élaborés en toute certitude, des plans précis d'avenir ne peuvent guère porter sur plus de cinq années. L'état actuel des recherches et leur position par rapport à l'organisation du Service forestier des Etats-Unis figurent au Graphique 2.

Problèmes importants

Les recherches ont été organisées non seulement sur une base régionale, mais aussi en fonction des problèmes importants dont certains se posent dans un grand nombre de régions forestières naturelles, alors que d'autres ne présentent une urgence particulière que dans une seule ou dans quelques régions. Il en est résulté une grande souplesse dans l'organisation.

Les problèmes d'importance capitale ci-après sont indiqués à titre d'exemple pour illustrer quelques-uns des points principaux de ce programme.

Bois

C'est l'insuffisance des peuplements sur les terres forestières qui constitue le problème forestier le plus répandu et le plus critique. Dans l'ensemble, les peuplements de nos terres forestières ne sont pas la moitié de ce qu'ils devraient être. La croissance réelle est loin d'atteindre sa capacité maximum. Dans le sud, une des régions les plus productives des Etats-Unis, la production moyenne annuelle est inférieure à 2,2 m³ ® par hectare1 (200 board feet par acre). Cependant, dans la forêt expérimentale de Crosset, dans l'Arkansas, par exemple, la production a été portée à 5,6 m³ ® par hectare (500 board feet par acre) et atteindra probablement 7,8 m³ ® par hectare (700 board feet par acre). En même temps, le peuplement a été plus que doublé en volume et remarquablement amélioré en qualité. Les terres forestières des Etats-Unis pourraient parfaitement produire deux arbres là où il n'en pousse qu'un seul à l'heure actuelle.

1Dans cet article le volume de bois est indiqué en mètres cubes de la façon suivante: m³ ® = mètres cubes de bois rond; m³ (s) = mètres cubes de bois scié.

La diminution des stocks de bois vierge dans les régions du nord-ouest des Etats-Unis et le remplacement des forêts vierges par des forêts secondaires soulèvent des problèmes nouveaux et entièrement différents de régénération, de production, d'aménagement et d'utilisation. Il est fort possible que l'avenir de l'industrie du bois dans ces régions dépende de la solution rapide du problème qui consiste à remplacer les forêts vierges par des forêts secondaires dans l'économie forestière.

Les régions rasées et complètement brûlées dans les Lake States (Etats bordant les lacs), devraient produire des essences précieuses au lieu de broussailles sous valeur. Les problèmes principaux portent sur l'élaboration de bonnes méthodes de plantation et d'entretien des peuplements en formation, et de protection efficace contre les incendies.

Dans l'Est, les essences de qualité inférieure ou d'une utilisation réduite qui couvrent des millions d'hectares de terrains boisés doivent être utilisées ou enlevées si l'on veut pratiquer un véritable aménagement forestier. Si l'on veut amorcer dans cette région la reconstitution et l'aménagement de forêts d'essences de qualité supérieure il faudra trouver des débouchés profitables pour cette énorme quantité de bois de qualité inférieure. C'est là que se pose pour le pays un des problèmes les plus importants de l'utilisation du bois.

Graphique 2 - SCHÉMA DE L'ORGANISATION DU SERVICE FORESTIER DU MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE DES ETATS-UNIS

Production annuelle des fermes expérimentales bien boisées (forêt expérimentale de Crossett).

La question du bois inutilisé constitue un autre problème d'utilisation d'importance nationale. Dans l'ensemble du pays on laisse actuellement dans le forêt le tiers de chaque arbre abattu. Un autre tiers est perdu au cours des opérations de transformation. Ce gaspillage, qui atteint des proportions impressionnantes, peut être réduit par de meilleures méthodes d'abattage et de transport, et par des procédés mécaniques et chimiques de transformation nouveaux et supérieurs.

Eau

La diminution des approvisionnements en eau, pour l'usage industriel et domestique, constitue dans tout le pays un problème des plus importants et des plus critiques. L'emplacement et l'expansion d'un grand nombre d'industries dépendent des approvisionnements en eau. La plus grande partie de la végétation de l'ouest se trouve menacée par la diminution des approvisionnements d'eau pour l'irrigation. En même temps, les dégâts causés par les inondations et la sédimentation sont de plus en plus importants. Ces problèmes sont en rapport direct avec le traitement des bassins de réception boisés. C'est à la recherche qu'il incombe de fournir la base des programmes pour le contrôle du débit des eaux à l'amont.

Pâturages

L'insuffisance de la production en fourrage, dans les centaines de millions d'hectares de pâturages surexploités, constitue un problème critique de reconstitution de la couverture d'un importance vitale pour la prospérité durable de l'Ouest. Ces terres subissent maintenant une érosion très forte et des inondations dévastatrices. La bonne herbe a presque entièrement disparu. Il n'est pas rare qu'il faille 40 hectares pour nourrir une seule vache pendant la saison du pacage. La capacité de ces pâturages pourrait être de 5 à 10 fois plus élevée par un meilleur aménagement et des méthodes d'ensemencement plus économiques.

Incendies

Les incendies qui ravagent chaque année les terres forestières et pastorales détruisent du bois et du four rage précieux ils réduisent la capacité de production de bois et de fourrage, et de rétention d'eau du sol bien que depuis quarante ans des progrès importants aient été accomplis pour la lutte contre ces incendies. La lutte contre les incendies et leur prévention constitue l'un des principaux éléments de la plupart des autres problèmes mentionnés cidessus.

L'objectif général du programme de recherche proposé est de découvrir et d'élaborer les solutions de ces problèmes.

Coopération et coordination

C'est évidemment à la nation qu'il incombe directement de pourvoir à l'aménagement le plus efficace des millions d'hectares de terre publique. Le quart environ des terrains boisés et près des deux-cinquièmes des ressources en bois des Etats-Unis, ainsi que le tiers environ des terres pastorales, sont actuellement la propriété du gouvernement fédéral. Telle était en fait l'orientation des premiers programmes de recherches des stations régionales; mais il est vite devenu évident que le gouvernement fédéral ne pouvait pas négliger les intérêts nationaux dans l'utilisation des terres forestières et pastorales privées essentiellement similaires. Un aménagement convenable des forêts et des pâturages est une source d'emploi, de revenus publics, d'autonomie pour les communautés, de protection pour les bassins de réception, de distractions peu coûteuses et de bien d'autres avantages. Tout ceci revêt une importance particulière dans les districts ruraux.

Pépinière du Service forestier de la forêt nationale de Pike (Colorado) où cinq millions de plants sont produits ennuellement

Aux Etats-Unis 3.200.000 fermiers environ possèdent des terres forestières, et 1 million environ des propriétés sont constituées par des terrains boisés isolés et susceptibles d'exploitation. Les trois-quarts des forêts privées sont constitués par des propriétés de moins de 2.000 hectares (5.000 acres). Plus de 20.000 entreprises, grandes et moyennes, traitent les produits forestiers, et une nombre encore plus grand d'exploitations de moindre importance se livrent au sciage du bois, ainsi qu'à la récolte et à transformation d'autres produits forestiers. En raison de la diversité qui caractérise aussi bien les modes de propriétés forestières que les industries forestières les améliorations à apporter aux méthodes d'exploitation, comme aux autres opérations agricoles, doivent en grande partie faire l'objet de recherches dans des établissements spécialisés. Les recherches de caractère gouvernemental constituent le moyen le plus économique, le plus pratique et le plus efficace pour recueillir les renseignements nécessaires à l'aménagement de ces propriétés privées.

Les recherches relatives aux forêts et aux pâturages publics peuvent facilement être complétées et adaptées de façon à résoudre tous les problèmes relatifs aux propriétés privées. C'est par la coopération avec les organismes privés ou de l'Etat que les recherches locales, de même que l'application des résultats à toutes les parties du pays de façon uniforme et complète, pourront être accomplies avec le maximum d'efficacité. Le Service forestier a conclu, avec presque tous les organismes fédéraux ou des Etats s'intéressant à la sylviculture, ainsi qu'avec un grand nombre d'institutions privées et de particuliers, des accords officiels sur les recherches à effectuer en coopération. C'est grâce à ce travail en commun entre le Service forestier et d'autres groupes forestiers que l'on peut coordonner les recherches et concentrer les efforts de façon à s'attaquer efficacement aux problèmes forestiers les plus essentiels.

Cette adaptation des recherches du Service forestier aux besoins des différentes catégories de propriétaires forestiers, de consommateurs et de transformateurs dé produits forestiers, de même que la coordination des recherches du Service forestier avec celles des autres institutions, est facilitée par des comités ou conseils consultatifs en matière de recherches forestières. Ces comités sont généralement constitués par des représentants d'organismes publics et privés intéressés, comme les Services forestiers des différents Etats, les écoles d'agriculture et services de vulgarisation, les écoles forestières, les forestiers consultants, propriétaires de forêts, industries forestières et industries consommatrices de produits forestiers. Ces comités émettent des avis et aident à établir les programmes de recherches des stations régionales d'expérimentation forestière et pastorale.

Essai de résistance d'une arche en bois laminé au Laboratoire des produits forestiers des Etats-Unis.

La coordination des recherches en matière de sylviculture avec l'administration et l'aménagement des forêts publiques est assurée grâce au contact étroit maintenu à l'intérieur du Service forestier, entre les sections s'occupant des recherches et celles s'occupant de la gestion des forêts nationales. Une conférence-relative au programme de recherches qui se tient annuellement dans chaque station régionale, garantit en outre que les besoins administratifs reçoivent l'attention nécessaire. Ces rapports facilitent l'orientation du programme de recherches vers les besoins des administrateurs et des exploitants forestiers et tendent également à appliquer rapidement les résultats des expériences aux terres forestières nationales.

Etant donné l'enchevêtrement des intérêts généraux inhérents à l'aménagement et à l'utilisation des ressources en bois, en pâturages et en eau, il est évident qu'un programme de recherches coordonnées est indispensable. Forêts et pâturages sont utilisés à de nombreuses fins. Si l'on veut que les méthodes de sylviculture appliquées réussissent - si l'on veut utiliser des millions d'hectares de terres avec profit pour la production de bois et de fourrage si l'on veut que le bois, ressource fondamentale, soit fourni en abondance pour être utilisé dans la fabrication d'une variété infinie de produits - les plans doivent alors tenir compte de l'identité fondamentale des problèmes biologiques et économiques soulevés par l'aménagement et l'utilisation des forêts, des pâturages et des eaux. Car la forêt constitue un tout biologique complexe dans lequel les divers éléments constitutifs, soit le sol, l'eau, la flore et la faune microscopique et macroscopique, le microclimat et les arbres réagissent les uns sur les autres, si bien qu'un changement ou une perturbation qui affecte l'un de ces éléments en même temps tous les autres. De même, le bois est une matière complexe présentant des propriétés physiques, chimiques, structurelles et mécaniques, ainsi que des propriétés d'utilisation étroitement interdépendantes, mais extrêmement variables, et soumises les unes et les autres à l'influence des conditions sylvicoles dans lesquelles les arbres grandissent.

Ce sont ces raisons qui ont déterminé la conception moderne qui consiste à faire aborder les principaux problèmes de recherches forestières de façon coordonnée, ou en groupe, par des experts spécialisés en plusieurs domaines. C'est ainsi que les phyto-physiologues, les pédologues, les entomologistes et les pathologistes des autres bureaux du Ministère de l'Agriculture, des université et autres institutions, travaillent fréquemment en étroite coopération avec les spécialistes de la sylviculture des stations d'expérimentation forestières.

Graphique 3. - CENTRES DE RECHERCHES DU SERVICE FORESTIER ET STATIONS D'EXPÉRIENCE

LÉGENDE
National forests: Forêts nationales
Purchase areas: Plans d'acquisition
Experiment station boundaries: Limites des régions de recherches
Headquarters regional experiment station: Centre des régions de recherches
Experiment forest: Forêts expérimentaux
Experimental range: Terrains pastoraux expérimentaux
Experimental forest and range: Terrains expérimentaux forestiers et pastoraux

Organisation et programme

Peu après que le contrôle des forêts nationales eût été confié au Service forestier, leur administration qui avait été centralisée à Washington, fut décentralisée et passa pour la plus grande partie (exception faite toutefois pour le contrôle général et l'élaboration de la politique à suivre) aux bureaux régionaux locaux qui se trouvent, en raison même de leur situation, en contact plus étroit avec les forêts et les personnes qui les utilisent. Il existait à l'origine six régions de ce genre. Il y en a maintenant onze, y compris l'Alaska et Porto-Rico.

L'organisation des recherches du Service forestier a évolué de façon sensiblement analogue. Après la création par le gouvernement des bureaux forestiers régionaux, les travaux de recherche furent placés directement sous le contrôle de ces derniers et y restèrent pendant quelques années. Les stations expérimentales devinrent ultérieurement indépendantes des bureaux régionaux, mais elles ont continué à garder avec eux un contact étroit. Bien qu'elles soient placées sous le haut contrôle de Washington, elles conservent une assez grande part de responsabilité dans l'élaboration et la réalisation des programmes de recherches.

La poursuite de ces recherches rentre maintenant dans le cadre des stations régionales d'expérimentation forestière et pastorale et d'un laboratoire des produits forestiers. Il existe actuellement douze stations régionales expérimentales; elles portent le nom des régions dans lesquelles elles sont situées: Allegheny, Appalachian, California, Central States, Intermountain, Lake States, Northern Rocky Mountain, Pacific Northwest, Rocky Mountain, Southern, Southwestern et Tropical. Le siège de cette dernière est situé à Porto-Rico. Le programme prévoit deux stations régionales supplémentaires, l'une en Alaska et l'autre dans les Great Plains (région des Grandes plaines), soit en tout 14 stations.

La liste ci-dessous montre la répartition par stations des grandes associations forestières du pays. Le grand nombre de ces associations montre clairement la nécessité de la décen tralisation du travail de la recherche forestière.

Régions

Principales associations forestières

Nombre d'espèces de grande importance commerciale

Northeastern (Nord-Est)

Epicea sapin(Picea-Abies)

2

Pin blanc (Pinus strobus)

2

Bouleau hêtre-érable-tsuga(Betula-Fagus-Acer-Tsuga)

4

Châtaignier-chêne de montagne-peuplier jaune (Castanea-Querous-Liriodendron)

11

Chêne-pin (Querous-Pinus)

5

Southeastern (Sud-Est)

Chêne-pin

14

Pins du sud (Pinus palustris, P. echinata, P. caribaea)

4

Châtaignier-chêne de montagne-peuplier jaune

19

Lake States (Etats des lacs)

Epicea-sapin

4

Pin de banks-pin rouge-pin blanc (Pinus banksiana-P. resinosa-P. strobus)

3

Bouleau-hêtre-érable-tsuga

5

Central States (Etats du centre)

Chêne-hickory (Querous-Carga)

25

Southern (Sud)

pins du sud

4

Chêne-pin

11

Cyprès-tupelo-gommier (Taxodium-Nyssa-Liquidambar)

19

Northern Rocky Mountains (Montagnes Rocheuses septentrionales)

Pin blanc de l'ouest (Pinus monticola)

3

Pinus ponderosa

3

Epicea-Sapin

4

Pinus contorta

1

Rocky Mountains (Montagnes Rocheuses)

Epicea-sapin

4

Pinus contorta

1

Pinus ponderosa

1

Tremble (Populus)

1

Intermountain (Entre-Montagnes)

Pinus ponderosa

1

Epicea-sapin

4

Pignon-génévrier (Pinus-Juniperus)

3

Tremble

1

Southwestern (Sud-Ouest)

Pinus ponderosa

2

Pignon-génévrier

4

Pacific Northwest (Région du Pacifique nord-ouest)

Sapin de Douglas (Pseudotsuga)

5

Pinus ponderosa

3

California (Californie)

Pinus ponderosa - Pinus lambertiana

7

Redwood (Sequoia)

1

Alaska

Epicea-Sapin

4

Bouleau - Peuplier- Epicea (Betula-Populus-Picea)

3

Laboratoire des produits forestier du Service forestier des Etats-Unis situé à Madison (Wisconsin) où sont centralisées les recherches.

Le laboratoire des produits forestiers se trouve à Madison (Wisconsin). La majeure partie des recherches relatives à l'aménagement des forêts, des pâturages et des bassins de réception s'effectue dans les bois et sur les pâturages mêmes. L'expérience a démontré que des centres expérimentaux trop éloignés les uns des autres même dans les forêts domaniales ou autres territoires du Domaine ne peuvent être administrés et protégés de façon satisfaisante, ni utilisés à des fins de recherches intensives ou de longue haleine. On a donc, afin de pouvoir disposer de laboratoires expérimentaux appropriés, réservé sur les forêts nationales existantes et autres terres fédérales, des zones déterminées qui sont attribuées de façon permanente à chacune des stations régionales pour leurs travaux expérimentaux. On trouvera au Graphique 3 l'organisation schématique des stations régionales d'expérimentation forestière.

Recherches sur les bois, eaux et pâturages

Au fur et à mesure du développement de ce programme de recherches le territoire des stations régionales existantes est réparti en une série de zones d'environ 4 millions d'hectares (10 millions d'acres) dont chacune réunit des conditions distinctes en ce qui concerne les types de couvertures forestières ou végétales, les sols, et les problèmes généraux relatifs à l'aménagement des terres et des eaux. Ces zones sont établies autant que possible en tenant compte des régions géographiques et économiques naturelles. Cinquante-six zones de recherches environ ont été établies à ce jour. Le plan en prévoit encore trente. Dans chacune de ces zones se trouvent un ou plusieurs centres expérimentaux répondant aux conditions les plus importantes. On procède sur ces terres forestières ou pastorales à des expériences intensives portant sur la protection et l'aménagement des bois, des pâturages et des eaux. Des méthodes nouvelles et meilleures sont expérimentées et éprouvées sur une échelle correspon dant au volume de la plupart des petites propriétées typiquement forestières ou pastorales.

Ces centres d'expérience constituent un endroit où les forestiers consultants, les ingénieurs, les experts conseils, les propriétaires de terres forestières et pastorales et tous ceux qui s'intéressant à ces questions peuvent venir se rendre compte sur place du fonctionnement d'un bon système d'aménagement des forêts, des pâturages et des eaux, et se procurer des renseignements précis et détaillés sur la façon dont les opérations sont conduites. Quelquesuns de ces centres forestiers et pastoraux expérimentaux fonctionnent déjà et donnent de précieux résultats. Ce programme prévoit le développement méthodique et ordonné des centres existants et de centres supplémentaires.

Un petit groupe de chercheurs entourés d'assistants sont installés à un poste central bien situé, généralement dans l'une des zones forestières ou pastorales d'expérience ou à proximité. Non seulement ces hommes sont à la tête des centres expérimentaux, mais encore ils dirigent suivant les besoins les travaux de recherches en d'autres parties de la zone rattachée au centre de travail. Les zones forestières ou pastorales d'expérience constituent ainsi un élément distinct et essentiel du programme, mais les efforts ne se trouvent nullement limités à la région ainsi définie. Tels qu'ils sont employés ici, les termes «forêt», «bassin de réception» ou «pâturage expérimentaux désignent non seulement les travaux effectués à l'intérieur même d'une forêt, d'un bassin de réception ou d'un pâturage donné, mais encore les recherches supplémentaires effectuées en d'autres parties de l'ensemble de la zone. Ce plan permet non seulement de satisfaire les besoins locaux, mais aussi de travailler collectivement à la solution des problèmes régionaux et nationaux.

Utilisation des bois

Le programme de recherches sur l'utilisation des bois comprend les travaux effectués au laboratoire des produits forestiers. Dans ce domaine trois possibilités de couvrir les besoins économiques les plus urgents se présentent: a) possibilité d'employer une plus grande quantité du matériau actuellement inutilisé- 110 millions de m³ ® (4 milliards de pieds cubes) de bois et de déchets de scieries, et 42 millions de m³ ® (1,5 milliard de pieds cubes) de bois rendu inutilisable par des agents destructeurs sur les 370 millions de m³ (13 milliards de pieds cubes) représentant le total des prélèvements annuels et des arbres défectueux qui sont laissés sur les coupes; b) possibilité de convertir en articles utiles avec profit financier les arbres qui d'après les principes dictés par un bon aménagement forestier, doivent être enlevés du peuplement; c) possibilité d'obtenir pour le consommateur des produits dérivés de bois de qualité supérieure et meilleur marché. Pour cela, le programme de recherches sur l'utilisation du bois comprend: l'amélioration et l'extension de l'utilisation chimique. l'utilisation des bois de qualité inférieure ou peu utilisés, l'utilisation en temps de paix des produits dérivés du bois, sous leur forme naturelle ou transformée, dont la fabrication a été entreprise pour des buts de guerre, et enfin des améliorations continuelles dans de vastes domaines tels que l'assemblage, le séchage, la conservation! la peinture le collage et la fabrication de la pâte. Des usines témoins fonctionnent pour supprimer grâce aux recherches en matière de produits forestiers le décalage important qui se produit trop fréquemment entre la découverte d'un produit ou d'un procédé de fabrication et son application industrielle. Le programme prévoit également l'établissement dans les stations expérimentales forestières, de centres destinés à permettre aux propriétaires forestiers ou industriels utilisant les produits forestiers, et aux consommateurs de réaliser des bénéfices plus élevés grâce aux recherches effectuées sur l'utilisation du bois.

Travaux de drainage, effectués en bordure de la route de Volfe Canyon en Californie.

Exploration des ressources

La connaissance exacte des ressources forestières constitue l'une des conditions indispensables à la réalisation des programmes destinés à améliorer l'aménagement et l'utilisation des forêts.

Les renseignements relatifs aux peuplements, aux taux de production et de prélèvement et aux besoins en bois, sont fournis par une enquête nationale SUI- les ressources forestières, effectuée grâce à un crédit accordé spécialement à cet effet. Dans un pays aussi vaste que les Etats-Unis, une étude détaillée de toutes les forêts, propriété par propriété ou zone d'aménagement par zone d'aménagement, serait de toute évidence impossible à réaliser au stade actuel et ne permettrait pas de recueillir assez rapidement des renseignements du même ordre pour chaque région forestière nationale ni pour l'ensemble du pays. L'enquête repose donc essentiellement sur des méthodes d'échantillonnage, analogues aux procédés de prospection par bandes employés dans les pays scandinaves. On a profité depuis quelques années des grands progrès qui ont pu être réalisés grâce aux enquêtes effectuées au moyen d'explorations aériennes. Etant donné que jusqu'à ce jour la moitié environ des Etats-Unis ont fait l'objet de cette enquête forestière, les dispositions de ce plan prévoient des efforts accélérés afin de terminer l'enquête le plus rapidement possible et de mettre à jour les renseignements obtenus sur les régions déjà explorées. On obtiendra ainsi des renseignements économiques de base qui seront utiles tant aux institutions publiques qu'aux particuliers et aux industries privées.

D'autres enquêtes économiques sur les ressources forestières visent à établir de meilleurs modes d'organisation et de financement des propriétés forestières. Des dépenses publiques et privées pour l'aménagement des terres forestières et pastorales doivent être justifiés et en rapport avec les revenus des méthodes de marketing des produits forestiers. Des possibilités pour un volume d'emploi permanent et plus élevé dans les exploitations forestières doivent être étudiées. De telles enquêtes constituent une aide directe pour déterminer les mesures et les politiques générales permettant de retirer, des différentes utilisations des forêts, les profits maxima.

Resumé

Ainsi, les principales caractéristiques de l'organisation des recherches dans le Service forestier des Etats-Unis sont les suivantes:

1. Etablissement d'une station forestière et pastorale expérimentale dans chacune des régions forestières naturelles, ayant reçu mission de s'attaquer aux problèmes des forêts, des pâturages, et des bassins de réception de la région en question.

2. Relations tendant à une vaste coopération avec les autres organismes et institutions de chaque région, pour aborder les problèmes de la manière la plus scientifique et la mieux coordonnée.

3. Consultations systématiques des personnes qui mettent en pratique, sur le plan administratif, les résultats des recherches sur les besoins et les programmes, et fourniture rapide de tous renseignements s'y rapportant.

4. Etude analytique, mise à jour régulièrement des problèmes régionaux et nationaux.

5. Etablissement dans chaque région d'un système de centres de recherches qui permettra d'élaborer l'application des méthodes aux conditions locales, et qui serviront en outre de centres de recherches de base et de démonstration.

6. Un laboratoire des produits forestiers central avec des centres régionaux, chargé d'élaborer les aspects régionaux particuliers de l'utilisation du bois.

7. Organisation et réalisation d'une enquête forestière à l'échelle nationale, comprenant l'élaboration et l'application des méthodes de recensements et d'échantillonnage.

8. Coordination des programmes dans un bureau central et respect des normes techniques, sous réserve d'une large mesure d'autonomie régionale dans le choix et la préparation des projets de recherches.

Lysimètre installe dans les forêts expérimentales de San Dimas en (Californie où sont mesures avec précision l'érosion, le ruissellement et l'utilisation de l'eau par la végétation.

Les photographies et graphiques qui illustrent cet article ont été gracieusement communiqés par le U. S. Forest Service.


Page précédente Début de page Page suivante