La longueur du réseau ferroviaire mondial est actuellement estimé à 1.250.000 kilomètres environ et le nombre des traverses de chemin de fer utilisées à 3 milliards, dont 95 pour cent sont en bois. Comme les traverses sont lourdes, encombrantes et relativement bon marché, leur rôle dans le commerce international du bois est habituellement considéré comme peu important.
Le présent article a notamment pour objet d'examiner la situation actuelle en Europe et dans les pays du Proche-Orient. En général, les pays importateurs situés dans cette région s'approvisionnent en traverses sur les marchés européen et américain.
Différents types de traverses
Le terme «traverse de chemin de fer» s'applique à chacun des supports de section rectangulaire ou sensiblement rectangulaire, destiné à être posé transversalement sur le ballast pour supporter les rails.
La quasi totalité des traverses utilisées en Europe sont en bois et sont fabriquées par les scieries ou en forêt. En raison de la disparition de la main-d'œuvre spécialisée, on peut s'attendre à voir diminuer la production sur coupe. L'Europe ne fabrique pas de traverses équarries à la hache comme on en trouve fréquemment sur le continent américain et ailleurs. Les traverses peuvent être fabriquées avec des feuillus ou des résineux, ces derniers servant à différents usages, suivant les circonstances. Les feuillus qu'on utilise à cette fabrication sont principalement le chêne, le hêtre et le charme; les résineux généralement utilisés sont le pin sylvestre (Pinus sylvestris), le pin maritime (Pinus pinaster) et le mélèze. En Espagne, on se sert également d'eucalyptus pour la fabrication des traverses. On utilise les arbres dont le tronc atteint de 80 à 120 centimètres de circonférence, à 1 m 30 du sol, ou bien les surbilles et les branches des grands arbres qui se trouvent dans la futaie ou le taillis-sous-futaie.
Les traverses de voie normale (1 m 46) utilisées en Europe peuvent se classer en trois catégories différentes: les traverses allemandes mesurant, 16 cm x 26 cm x 2 m 6 ou 2 m 7; les traverses françaises mesurent 14 cm x 26 cm et possèdent la même longueur; les traverses anglaises, 12,5 cm x 25 cm. Ces chiffres s'appliquent aux traverses dont les quatre côtés ont été sciés. Toutefois, certaines marges sont prévues pour les flaches et la flèche avec trois ou quatre spécifications. Il existe également des traverse, dites «suédoises» ou «saxonnes» dont les faces supérieures et inférieures sont sciées, mais dont les côtés suivent le contour naturel de la grume non équarrie (brute).
La longueur des traverses d'aiguillage ou de croisement varie entre 2 m 60 et 5 m ou plus; les traverses industrielles ont de 1 m 80 à 2 m et les traverses de croisement ont habituellement de 1 m 30 à 2 m.
La durée utile d'une traverse dépend de sa résistance aux champignons, aux insectes et aux efforts mécaniques. On protège les traverses contre la pourriture les injectant aux moyen de produits chimiques. Le produit le plus fréquemment utilisé est la créosote, mais on se sert également de solutions à base de sels de cuivre ou de zinc. Grâce à ces injections, la vie utile d'une traverse peut être prolongée de 5-8 à 25-30 ans. Les traverses doivent présenter certaines propriétés mécaniques. Les détériorations des traverses dues à des tares mécaniques sont plus fréquentes qu'autrefois, parce que le tonnage et la vitesse des trains ont augmenté. Les traverses sont surtout endommagées par la pression, se fendent ou sont détériorées du fait que les rails s'y enfoncent, etc.
Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, Les usines d'imprégnation existant en Europe ont été remises en état. Toutefois, les produits chimiques, en particulier les disponibilités en créosote et en acide sulfurique sont encore insuffisants.
Un certain nombre de pays, notamment l'Allemagne et la Suisse, font un usage considérable de traverses en acier. Selon le Comité de transport de la Commission économique pour l'Europe, la demande en traverses métalliques s'élèvera au cours des années qui vont suivre à 242.000 tonnes pour l'Europe à l'exclusion de la Russie. La fabrication de traverses métalliques est simple et peu coûteuse. Comme la quantité totale d'acier requise n'est pas considérable il devrait être possible de satisfaire sans difficulté la demande. La fabrication des premières traverses métalliques remonte à une époque caractérisée par une surproduction d'acier; elles coûtaient alors moins cher que les traverses de bois. En Suisse, les traverses métalliques, même munies d'un isolant qui permet de les utiliser sur les voies ferrées électriques, coûtent actuellement moins cher que les traverses de bois. Toutefois, les traverses métalliques ne possèdent pas la même élasticité que celles de bois. Elles sont bruyantes et, à la longue, plus onéreuses, car le matériel roulant demande à être réparé plus souvent. Enfin, elles ne peuvent être utilisées à proximité immédiate d'usines d'où s'échappent des vapeurs ou des gaz attaquant les métaux. Nénmoins, dans certains pays, elles peuvent jouer un rôle important en raison de leur résistance aux termites.
L'emploi de traverses en ciment armé remonte déjà à un certain nombre d'années; néanmoins, leur transport est difficile car elles pèsent de deux à trois fois plus que les traverses de bois. L'Italie les utilise sur une très grande échelle. Au cours de la dernière guerre, le Royaume-Uni a expérimenté un nouveau type de traverses de ciment armé qui semble donner toute satisfaction. Utilisées au cours des cinq dernières années, elles ne présentent aucun signe d'usure. Le Royaume-Uni construit actuellement une grande usine destinée à la fabrication de ce type de traverse de chemin de fer.
Situation du commerce des traverses de chemin de fer pendant la période d'entre les deux guerres
Les chiffres indiqués aux Tableaux 1 et 2 et relatifs au commerce international des traverses de chemin de fer, au cours de la période comprise entre la première et la seconde guerre mondiale, se trouvent dans les annuaires du Comité international du Bois, publiés d'abord à Vienne et plus tard à Bruxelles, dans les publications de l'Institut international d'Agriculture et dans Silvae Orbis.
TABLEAU 1. - IMPORTATIONS DE TRAVERSES DE CHEMIN DE FER
|
Pays |
Moyenne 1926-28 |
Moyenne 1931-33 |
Moyenne 1936-38 |
|
(en milliers de m³ (s)) |
|||
|
Belgique-Luxembourg |
67 |
38 |
84 |
|
Tchécoslovaquie |
35 |
1 |
12 |
|
Danemark |
24 |
15 |
6 |
|
France |
16 |
76 |
8 |
|
Allemagne |
411 |
17 |
69 |
|
Grèce |
5 |
7 |
6 |
|
Hongrie |
57 |
7 |
34 |
|
Pays-Bas |
72 |
77 |
76 |
|
Espagne |
160 |
30 |
... |
|
Suisse |
7 |
2 |
1 |
|
Royaume-Uni |
346 |
337 |
540 |
|
Chine |
41 |
135 |
105 |
|
Canada |
51 |
24 |
20 |
|
Etats-Unis |
94 |
37 |
32 |
|
TOTAL |
1.386 |
803 |
993 |
SOURCE: Walter Grottian «Die Umsatzmengen im Weltholzhandel 1925-1938», Silvae Orbis, Berlin, C.I.S., 1942, v. 140-141. Extraits dé la statistique annuelle.
TABLEAU 2. - EXPORTATIONS DE TRAVERSES DE CHEMIN DE FER
|
Pays |
Moyenne 1926-28 |
Moyenne 1931-33 |
Moyenne 1936-38 |
|
(en milliers de m³ (s)) |
|||
|
Autriche |
87 |
3 |
13 |
|
Tchécoslovaquie |
30 |
... |
2 |
|
Finlande |
16 |
1 |
7 |
|
France |
119 |
28 |
93 |
|
Allemagne |
49 |
34 |
3 |
|
Pologne |
364 |
157 |
255 |
|
Roumanie |
3 |
2 |
27 |
|
Suède |
47 |
19 |
11 |
|
Yougoslavie |
281 |
80 |
90 |
|
Pays-baltes 1 |
15 |
47 |
144 |
|
URSS |
96 |
282 |
186 |
|
Canada |
115 |
67 |
92 |
|
Etats-Unis |
336 |
153 |
173 |
|
Turquie |
9 |
1 |
... |
|
TOTAL |
1.567 |
874 |
1.096 |
SOURCE: Walter Grottian. «Die Umsatzmengen im Weltholzhandel, 1925-1938», Silvae Orbis, Berlin, C.I.S., 1942, p. 140-141. Extraits de la statistique annuelle.
1 Esthonie, Lettonie, Lithuanie.
A cours de la période 1926-1938, le Royaume-Uni, un des principaux pays importateurs, a importé en 1930 755.000 m³ (s). L'Allemagne également apparait comme un pays surtout importateur. De 1931 à 1935 ses importations diminuèrent considérablement, mais reprirent juste avant la guerre.
Les principaux pays exportateurs étaient la Pologne, la Yougoslavie, les Pays baltes, la Roumanie et la Russie soviétique. En 1930, l'URSS a exporté au total 579.000 m³ (s). Les Etats-Unis d'Amérique ont exporté de grandes quantités vers les marchés européens. La France a également exporté une certaine quantité, mais était au total un pays importateur. Elle exportait des traverses de feuillus principalement vers la Belgique et des quantités moindres vers les Pays-Bas et les colonies françaises; les traverses de résineux étaient expédiées principalement au Royaume-Uni et de petites quantités étaient envoyées en Espagne, en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas.
En 1930, les importations européennes atteignirent le chiffre maximum de 1.653.000 m³ (s) et décrurent à partir de l'année suivante. Ce recul du commerce correspond à une tendance générale dans le monde. En 1929, les traverses représentaient 2,5 pour cent de toutes les exportations de bois, mais en 1937 ce chiffre n'était plus que de 1,9 pour cent.
Commerce international après la seconde guerre mondiale
Pendant la guerre, la plupart des pays européens se trouvèrent dans l'impossibilité d'exécuter une bonne partie des travaux d'entretien des voies ou d'établir de nouvelles voies ferrées. De ce fait, le marché des traverses resta calme et les pays s'efforcèrent de faire face à leurs propres besoins en s'adressant à la production nationale. Par suite du manque de produits chimiques, il fut utilisé peu de traverses imprégnées.
Depuis la fin de la guerre, la demande en traverses a considérablement augmenté, non seulement à cause de l'arriéré des travaux d'entretien et de la nécessité de remplacer les traverses non traitées qui se sont rapidement détériorées, mais également par suite des destructions importantes causées par les opérations militaires au cours de la dernière année de guerre. Ces destructions ont particulièrement atteint la France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie et la Russie soviétique, mais les dommages causés en Afrique, du Maroc jusqu'en Egypte, ont été également considérables.
Besoins existants
Différents organismes internationaux qui se sont occupés des besoins en bois, en particulier le Comité du bois de la Commission économique pour l'Europe, on reconnu que l'ampleur considérable que pourrait prendre la demande de bois se trouve limitée par la production.
Jusqu'à une date récente, les disponibilités en traverses n'ont pas en réalité été inférieures à la demande, car les différents pays ont fait passer au premier plan les achats d'autres produits. Lorsque les travaux essentiels de réparation et de reconstruction auront été terminés, les autres travaux de restauration des réseaux ferroviaires pourront attendre. La durée utile des traverses peut être prolongée par la diminution de la vitesse des trains et par l'adoption d'autres mesures de sécurité.
Au mois de juillet 1947, les représentants des Etats Membres qui ont participé aux travaux de l'Organisation pour la Coopération économique européenne ont examiné leurs besoins en traverses pour les années 1948-1951. Les pays représentés au CCEE ont connu une pénurie en traverses de résineux pendant toute la période sus-indiquée. Toutefois, le déficit en traverses de feuillus ira diminuant de 651.000 m³ (s) en 1948 à 172.000 m³ (s) en 1950, et disparaîtra en 1951.
TABLEAU 3. - TRAVERSES BOIS FEUILLUS
Besoins et disponibilités des pays participant au CCEE et des zones occidentales d'Allemagne
|
Détail |
1934-38 |
1948 |
1949 |
1950 |
1951 |
|
(en milliers de m³ (s)) |
|||||
|
Besoins pour la consommation |
1.117 |
1.911 |
1.529 |
1.365 |
1.181 |
|
Production et importation prévues en provenance des territoires d'outre-mer |
986 |
880 |
644 |
643 |
644 |
|
Importations prévues en provenance des pays ne participant pas au CCEE |
131 |
1.031 |
885 |
722 |
537 |
|
Importations prévues |
131 |
380 |
450 |
550 |
537 |
|
Déficit |
... |
651 |
435 |
172 |
... |
SOURCE: Comité de Coopération économique européenne, rapports techniques, Volume II (juillet-septembre 1947).
TABLEAU 4. - TRAVERSES DE CHEMIN DE FER EN RÉSINEUX
Besoins et disponibilités des pays participant au CCEE et des zones occidentales d'Allemagne
|
Détail |
1934-38 |
1948 |
1949 |
1950 |
1951 |
|
(en milliers de m³ (s)) |
|||||
|
Besoins pour la consommation |
1.415 |
1.661 |
1.557 |
1.552 |
1.552 |
|
Production |
940 |
1.130 |
1.079 |
1.079 |
1.079 |
|
Importations prévues en provenance des pays ne participant pas au CCEE |
475 |
531 |
478 |
473 |
473 |
SOURCE: Comité de Coopération économique européenne, rapports techniques, Volume II (juillet-septembre 1947).
Dans le numéro de juillet 1948 du Foreign Commerce Weekly le Ministère du Commerce des Etats-Unis a fait remarquer que, sur la base de dix traverses par mètre cube, les besoins des pays représentés au CCEE s'élèveraient de 1948 à 1951 à 123 millions de traverses. Au cours de la même période, on estime que la production atteindra, dans ces pays, le chiffre approximatif de 72 millions de traverses. Les besoins d'importation sont donc de l'ordre de 51 millions de traverses. Le rapport ajoute qu'il semble que les Etats-Unis pourront livrer de 8 à 10 millions de traverses au cours de ces quatre années.
Les pays adhérents doivent; donc envisager les mesures propres à couvrir le reste de leurs besoins, c'est-à-dire de 40 millions de traverses environ, en s'adressant à d'autres sources.
Le Comité des Transports de la Commission économique pour l'Europe a également examiné les besoins de tous les pays européens, à l'exception de l'Espagne et du Portugal. Les besoins en traverses ont été estimés pour 1918 et les années suivantes à 3,8 millions de m³ environ. Ce chiffre est tiré du Tableau 5 et a été ajusté par les soins du Secrétariat.
En ce qui concerne l'Espagne, le rapport publié par le Ministère du Commerce des Etats-Unis indique que les besoins des chemins de fer de l'Etat espagnol sont de l'ordre de 2,2 millions de traverses et ceux des lignes privées de 600.000.
Il convient d'ajouter à ce chiffre les quelque 3 millions de traverses supplémentaires qui sont nécessaires chaque année pour réparer les dégâts causés par la guerre de 1936 à 1940. Etant donné que la production intérieure ne dépasse pas 2 millions de traverses par an, il faudra procéder à des importations. Jusqu'à présent, le Portugal en fournissait de petites quantités, mais les restrictions récentes imposées à l'égard des licences d'exportation pourraient avoir pour effet de les limiter davantage.
TABLEAU 5. - BESOINS EN TRAVERSES DE BOIS
|
Pays |
Longueur des voies ferrées |
Besoins |
|||
|
Traverses de chemin de fer |
Bois rond |
||||
|
km |
(milliers) |
(milliers de m³) |
|||
|
Besoins connus |
|||||
|
|
Allemagne: Zone française |
7.200 |
200 |
28 |
|
|
|
Autriche |
7.500 |
1.100 |
150 |
|
|
|
Belgique |
8.000 |
1.500 |
1 215 |
|
|
|
Danemark |
3.000 |
455 |
1 65 |
|
|
|
France |
62.000 |
7.700 |
1.100 |
|
|
|
Italie |
20.500 |
² 3.500 |
500 |
|
|
|
Luxembourg |
500 |
41 |
6 |
|
|
|
Norvège |
5.000 |
450 |
1 65 |
|
|
|
Pays-Bas |
5.000 |
³ 1.000 |
1 143 |
|
|
|
Pologne |
35.000 |
3.000 |
1 430 |
|
|
|
Tchécoslovaquie |
14.900 |
1.700 |
240 |
|
|
|
Total partiel |
168.600 |
20.646 |
2.942 |
|
|
|
Moyenne par km. |
... |
122.5 |
16,3 |
|
|
Besoins inconnus |
|||||
|
|
Allemagne |
||||
|
|
|
Bizone |
36.000 |
|
|
|
|
|
Zone soviétique |
15.700 |
|
|
|
|
Bulgarie |
3.400 |
|
|
|
|
|
Grèce |
1.500 |
|
|
|
|
|
Hongrie |
8.500 |
|
|
|
|
|
Roumanie |
10.500 |
|
|
|
|
|
Suède |
8.400 |
|
|
|
|
|
Suisse |
4.300 |
|
|
|
|
|
Yougoslavie |
10.100 |
|
|
|
|
|
Total partiel |
98.400 |
|
4 1.600 |
|
|
|
Total |
267.000 |
|
4.542 |
|
|
|
Royaume-Uni |
59.100 |
5 4.000 |
570 |
|
|
|
GRAND TOTAL |
326.100 |
|
5.112 |
|
SOURCE: Commission économique pour l'Europe (Comité dos Transports).
1 Moyenne d'estimation en mètres cubes, modifiée parle Secrétariat.
² Le chiffre de 6.800.000 traverses indiqué dans le rapport a été réduit par le Secrétariat à celui qui figure au Tableau 5.
³ Le chiffre de 1.583.000 traverses indiqué dans le rapport a été réduit par le Secrétariat à celui qui figure au Tableau 6.
4 Estimation établie sur la base de 16,3 m³ par kilomètre de voie ferrée.
5 Estimation utilisant le facteur dont se sert le Bureau de la Statistique, de 7 traverses par m³.
Quelles sont les ressources en bois dont dispose l'Europe pour faire face à l'importante demande qui existe ?
Au cours de sa première réunion, la Commission européenne des Forêts des Produits forestiers de la FAO a procédé à un examen général des ressources et des disponibilités existantes en ce qui concerne les peuplements de bois d'œuvre. Elle a constaté qu'il serait possible de faire face aux besoins en traverses de bois feuillus, mais que l'Europe, à l'exclusion de l'URSS, continuera de connaître un déficit en traverses de bois résineux. Les besoins d'importation des principaux pays consommateurs ne pourront être satisfaits qu'en fonction de la production et des besoins intérieurs des pays producteurs de l'Europe orientale.
Besoins des pays non européens, mais clients du marché européen pour leurs achats de traverses. Les pays du Proche-Orient, à l'exception de la Turquie, peuvent être considérés comme des pays importateurs effectifs ou potentiels de traverses.
Egypte. Il existe encore en Egypte un déficit important en ce qui concerne les disponibilités en traverses de chemin de fer. Au cours des sept dernières années, les traverses n'ont pour ainsi dire pas été remplacées. On estime que la demande immédiate pour l'entretien et le développement des voies ferrées, est de l'ordre de 3 à 4 millions de traverses. Le Gouvernement égyptien étudie la possibilité de se procurer les quantités nécessaires en Europe, probablement en Yougoslavie, du fait que les difficultés de change diminuent les possibilités d'achat en Amérique du Nord.
Irak. Ce pays utilise exclusivement des traverses de feuillus non traitées. Le «jarrah» australien (Eucalyptus marginata) est utilisé dans une certaine mesure. Jusqu'à présent, les principaux pays fournisseurs ont été la Turquie et l'Iran.
Arabie saoudite. Pendant longtemps, la demande de traverses a été insignifiante dans ce pays. Toutefois, l'aménagement de nouvelles voies ferrées, particulièrement en bordure du Golfe persique et au Hedjaz, a changé la situation. L'Arabie Saoudite s'est classée au cinquième rang parmi les clients des Etats-Unis en 1947, lorsqu'elle a importé environ 300.000 traverses.
Syrie, Liban et Palestine. Il y a tout lieu de croire que ces trois pays ne procéderont pour le moment à aucun achat.
Disponibilités existantes
En Pologne, des efforts considérables ont été faits en vue de développer la production forestière. Toutefois, la demande intérieure de traverses est importante (600.000 m³ (s) par an). La durée utile des traverses est de dix ans. Dans ces conditions, il est peu probable que la Pologne soit en mesure d'exporter dans un proche avenir vers le marché européen.
En Tchécoslovaquie, le plan biennal prévoyait la production de 169.000 m³ (s) des traverses pour 1947. La production atteinte cette année-là s'est élevée à 138 pour cent du montant fixé par le plan, soit 233.500 m³ (s) de traverses. En 1947, les exportations reprirent et atteignirent 27.000 m³ (s).
En Yougoslavie, le plan quinquennal prévoit pour 1951 une réduction des coupes de 16 pour cent par rapport à celles de 1939. Cette décision aura pour effet certain de diminuer le volume total des disponibilités en bois destinées à l'exportation. Toutefois, des mesures ont été prises pour augmenter la production industrielle. En 1951, la production de traverses imprégnées aura augmenté de 500 pour cent, d'après le plan. De ce fait, des quantités considérables pourront être exportées. En outre, la Yougoslavie a l'intention d'utiliser sur une grande échelle le ciment armé pour la fabrication de ses propres traverses. Le plan envisage également l'établissement de 2.000 kilomètres de voies ferrées, ce qui aura pour effet d'influer considérablement sur l'exportation des traverses qui a repris depuis la fin de la guerre.
TABLEAU 6. - EXPORTATIONS DE TRAVERSES DE CHEMIN DE FER
|
Pays exportateur |
1946 |
1947 |
Janv. - Juin 1948 |
|
|
(en milliers de m³ (s)) |
||||
|
Autriche |
- |
- |
- |
|
|
Tchécoslovaquie |
- |
27 |
4,9 |
|
|
Finlande |
2 |
13 |
1,0 |
|
|
France |
9 |
19 |
15,1 |
|
|
Allemagne: |
||||
|
|
Zone britannique |
- |
- |
- |
|
|
Zone française |
... |
... |
... |
|
|
Zone américaine |
... |
... |
- |
|
|
Zone russe |
... |
... |
... |
|
Norvège |
* |
* |
- |
|
|
Pologne |
- |
- |
1- |
|
|
Portugal |
... |
... |
- |
|
|
Suède |
52 |
²36 |
12,7 |
|
|
Suisse |
* |
... |
... |
|
|
Yougoslavie |
... |
... |
... |
|
|
Antres pays européens |
+10 |
... |
... |
|
|
URSS |
... |
... |
... |
|
|
Canada |
113 |
222 |
188,5 |
|
|
Etats-Unis d'Amérique |
+63 |
³410 |
124,7 |
|
|
TOTAL |
249 |
... |
... |
|
SOURCE: FAO/CCEE Statistique du Bois pour les années 1946-1947, Genève, mars 1948, et Bulletin trimestriel, Statistique du Bois, volume I, n° 2, Genève, octobre 1948.
+Chiffres soumis à la FAO Par les Etats Membres
*Quantités négligeables.
- Pas d'importations ou d'exportations.
... Données non communiquées.
1 Janvier - mars.
² Pendant les onze premiers mois de 1947.
³ Chiffres préliminaires obtenus d'après les estimations établies par la FAO.
TABLEAU 7. - IMPORTATIONS DE TRAVERSES DE CHEMIN DE FER
|
Pays exportateur |
1946 |
1947 |
Janv. - Juin 1948 |
|
(en milliers de m³ (s)) |
|||
|
Belgique |
36 |
35 |
1,5 |
|
Danemark |
12 |
9 |
7,0 |
|
France |
21 |
82 |
22,3 |
|
Grèce |
* |
1 |
0,7 |
|
Hongrie |
2 |
6 |
23,0 |
|
Italie |
- |
- |
28,9 |
|
Pays-Bas |
48 |
80 |
120,9 |
|
Pologne |
- |
1 |
... |
|
Suisse |
* |
1 |
7,7 |
|
Royaume-Uni |
84 |
297 |
120,1 |
|
Autres pays européens |
3 |
14 |
16,0 |
|
Egypte |
+14 |
... |
13,0 |
|
Autres pays du Proche-Orient |
* |
... |
* |
|
Territoires français de l'Afrique du nord |
+6 |
... |
... |
|
TOTAL |
226 |
- |
... |
SOURCE: FAO/CCEE, Statistique du Bois pour les années 1046-1047. Genève, mars 1048, et Bulletin trimestriel, Statistique du Bois, volume I, n° 2, Genève, octobre 1048.
+Chiffres soumis à la FAO par les Etats Membres.
* Quantités négligeables.
- Pas d'importations ou d'exportations.
...Non disponible
1 Janvier - mars.
TABLEAU 8. - EXPORTATIONS DE TRAVERSES DE CHEMIN DE FER DES ETATS-UNIS MOYENNE ANNUELLE 1935-1939
|
Pays de destination |
Volume |
Valeur |
||||
|
Traverses traitées |
Traverses non traitées |
Total |
Traverses traitées |
Traverses non traitées |
Total |
|
|
(1.000 de board feet) |
(dollars) |
|||||
|
Chine |
* |
36.459 |
36.459 |
* |
480.090 |
480.090 |
|
Canada |
5.581 |
1.573 |
7.151 |
225.370 |
41.006 |
266.376 |
|
Guatemala |
5.155 |
* |
5.155 |
159.092 |
* |
159.092 |
|
Costa Rica |
3.767 |
2 |
3.769 |
129.223 |
39 |
129.268 |
|
Pérou |
107 |
3.535 |
3.642 |
1.942 |
104.146 |
106.088 |
|
Honduras |
3.515 |
5 |
3.520 |
105.404 |
107 |
105.511 |
|
Cuba |
2.216 |
15 |
2.231 |
83.377 |
374 |
83.761 |
|
Mexique |
973 |
1.181 |
2.154 |
40.270 |
30.589 |
70.859 |
|
Panama |
1.964 |
1 |
1.965 |
74.704 |
56 |
74.760 |
|
Venezuela |
214 |
37 |
251 |
6.754 |
776 |
7.529 |
|
Pays-Bas |
* |
184 |
184 |
* |
2.060 |
2.060 |
|
Royaume-Uni |
99 |
37 |
136 |
1.487 |
552 |
2.039 |
|
Autres |
319 |
239 |
553 |
11.386 |
4.731 |
16.117 |
|
TOTAL |
23.910 |
43.268 |
67.178 |
839.015 |
664.525 |
1.503.540 |
SOURCE: Ministère du Commerce des Etats-Unis, World Trade in Commodities (Commerce mondial des produits), Vol. VI, 9ème partie, n° 4 Washington, mars 1948.
* Néant ou quantité négligeable.
TABLEAU 9. - EXPORTATIONS DE TRAVERSES DE CHEMIN DE FER DES ETATS-UNIS EN 1947
|
Pays de destination |
Volume |
Valeur |
||||
|
Traverses traitées |
Traverses non traitées |
Total |
Traverses traitées |
Traverses non traitées |
Total |
|
|
(1.000 de board feet) |
(dollars) |
|||||
|
Royaume-Uni |
8.387 |
83.294 |
91.681 |
582.716 |
5.773.130 |
6.355.846 |
|
Chine |
7.461 |
24.237 |
31.748 |
644.937 |
1.237.950 |
1.882.887 |
|
Pays-Bas |
919 |
20.815 |
21.734 |
91.054 |
1.586.386 |
1.677.440 |
|
Belgique |
382 |
14.829 |
15.211 |
31.191 |
1/111.875 |
1.143.066 |
|
Arabie saoudite |
466 |
10.057 |
10.521 |
28.914 |
571.312 |
600.226 |
|
Canada |
6.339 |
2.870 |
9.209 |
322.832 |
122.922 |
445.751 |
|
Guatemala |
3.788 |
7 |
3.795 |
311.292 |
887 |
312.179 |
|
Union Sud-Africaine |
1.635 |
120 |
1.756 |
150.204 |
12.042 |
162.246 |
|
Mexique |
1.2.37 |
427 |
1.664 |
59.074 |
22.360 |
81.434 |
|
Venezuela |
1. 660 |
* |
1.660 |
158.955 |
* |
158.955 |
|
Cuba |
1.535 |
* |
1.535 |
131.465 |
* |
131.465 |
|
Pérou |
* |
1.371 |
1.371 |
* |
113.836 |
113.836 |
|
Grèce |
823 |
350 |
1.173 |
41.313 |
32.500 |
73.843 |
|
République des Philippines |
1.023 |
* |
1.023 |
91.599 |
* |
91.599 |
|
Zone du Canal de Panama |
888 |
* |
888 |
67.873 |
* |
67.873 |
|
Corée |
* |
725 |
725 |
* |
30.500 |
30.500 |
|
Maroc français |
384 |
36 |
420 |
17.410 |
4.410 |
21.820 |
|
Egypte |
* |
312 |
312 |
* |
15.042 |
15.042 |
|
Salvador |
271 |
* |
271 |
24.390 |
* |
24.390 |
|
Irlande |
* |
165 |
165 |
* |
7.838 |
7.833 |
|
République Dominicaine |
141 |
* |
141 |
17.763 |
* |
17.763 |
|
Autres |
280 |
103 |
383 |
15.972 |
5.500 |
21.472 |
|
TOTAL |
37.619 |
159.768 |
197.387 |
2.788.984 |
10.648.490 |
13.437.474 |
SOURCE: Ministère du Commerce des Etats-Unis, World Trade in Commodities (Commerce mondial des produits), Vol. VI, 9ème partie, n° 4, Washington, mars 1948.
* Néant ou quantité négligeable.
L'Autriche n'a pas repris ses exportations, d'ail leurs insignifiantes avant la guerre.
La Suède envisage de restreindre ses programmes de coupe; cette mesure pourrait entraîner la diminution des quantités disponibles de tous les produits existant sur le marché d'exportation. Toutefois, rien ne permet de prédire que les exportations de traverses vont diminuer sensiblement. Les exportations suédoises se sont élevées en 1947, à 41.000 m³ (s) par rapport à la moyenne des exportations 12.000 m³ (s) pendant la période 1934-1939. Les exportations suédoises sont destinées principalement au Danemark, aux Pays-Bas, à la Belgique, à la Grande-Bretagne et à la Norvège.
L'Allemagne, qui, avant la guerre, était considérée comme un pays importateur net de traverses de chemin de fer, passa au rang de pays exportateur de 1946 à 1948; ses expéditions, principalement de traverses de résineux, étaient destinées aux pays d'Europe occidentale.
Les Etats-Unis, malgré leurs énormes besoins intérieurs, exportent à la fois des traverses de feuillus et de résineux. En 1947, les Etats-Unis en ont exporté environ 6 millions, chiffre qui indique une augmentation considérable sur les expéditions des années précédentes dont le volume n'a jamais dépassé un million de traverses. Ce chiffre est également supérieur au chiffre maximum enregistrée 1929, qui était de l'ordre de 5,4 millions de traverses. En 1947, les Etats-Unis ont exporté des traverses vers 27 pays différents, dont 15 en reçurent de grandes quantités. Les principaux pays destinataires sont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Belgique, qui absorbèrent 65 pour cent du volume total. Avant cette époque, ces trois pays étaient considérés comme des marchés secondaires pour les traverses fabriquées aux Etats-Unis.
Au mois d'avril 1947, les exportations des Etats-Unis commencèrent à prendre de l'importance, en particulier lorsque les traverses non traitées ne figurèrent plus sur la liste des produits d'exportation réglementés et furent placées sur la liste des produits dont l'exportation n'exigeait qu'une licence. Les traverses traitées demeurèrent sur la liste contrôlée et, en 1947, on n'exporta qu'un million de traverses traitées.
TABLEAU 10. - EXPORTATIONS DE TRAVERSES DE CHEMIN DE FER DES ETATS-UNIS - JANVIER - MARS 1948
|
Pays destinataire |
Total |
Traverses non traitées |
Traverses traitées |
|
(1.000 de board feet) |
|||
|
Belgique |
5.947 |
6.947 |
* |
|
Egypte |
4.338 |
1.238 |
3.100 |
|
Royaume-Uni |
3.463 |
3.463 |
* |
|
Pays-Bas |
3.430 |
3.430 |
* |
|
Union Sud-Africaine |
1. 568 |
* |
1.568 |
|
Venezuela |
1. 288 |
* |
1.288 |
|
Canada |
877 |
203 |
674 |
|
Chine |
841 |
841 |
* |
|
Mexique |
387 |
181 |
206 |
|
Honduras |
383 |
* |
383 |
|
Guatemala |
321 |
* |
321 |
|
Autres pays |
788 |
342 |
446 |
|
TOTAL |
23.631 |
15.645 |
7.986 |
|
Moyenne mensuelle 1947 (12 mois) |
16.449 |
13.314 |
3.135 |
|
Moyenne mensuelle 1948 ( 3 mois) |
7.877 |
5.215 |
2.662 |
SOURCE: Ministère du Commerce des Etats-Unis, World Trade in Commodities (Commerce mondial des produits), volume VI, 9ème partie n° 9, Washington, Juin 1948.
* Néant ou quantité négligeable.
Au cours du premier trimestre 1948, les exportations des Etats-Unis de traverses traitées et non traitées s'élevèrent à 23,6 millions de board feet, soit une moyenne mensuelle moitié environ de celle de 1947 (voir Tableau 10). On peut attribuer au manque de devises l'importante baisse des exportations vers le Royaume-Uni et les Pays-Bas.
Pour cette raison, le volume des exportations pour 1948 sera sans doute très inférieur au chiffre record atteint en 1947.
Le volume des traverses traitées que les Etats-Unis étaient en mesure d'exporter pendant le deuxième trimestre de 1948, passa de 12 millions à 20 millions de board feet. Les traverses non traitées furent remises sur la liste des exportations réglementées le 23 juin 1948, en raison de la demande intérieure.
Avant la guerre, le Canada était à la fois importateur et exportateur de traverses. Après la guerre, il en a exporté de grandes quantités vers le Royaume-Uni et les Etats-Unis. En 1947, il exportait 2.216.000 traverses, dont 975.000 vers le Royaume-Uni, 808.000 vers la Chine, 139.000 vers Ceylan et 127.000 vers l'Union Sud-Africaine.
Avant la guerre, le Chili exportait de grandes quantités de traverses vers d'autres pays de l'Amérique du Sud et vers l'Allemagne. Ce pays pourra de nouveau reprendre ses exportations vers l'Europe. La principale essence qu'on rencontre dans ce pays est le «roble» (Nothofagus obliqua).
Le Brésil, qui possède d'immenses ressources forestières et qui est en relations commerciales avec le continent européen, est une source possible pour l'avenir. Les pays de l'Amérique centrale, en particulier Costa-Rica et le Nicaragua sont en mesure d'exporter certaines quantités.
Conclusion
Le marché européen des traverses a été relativement calme depuis la fin de la guerre, en raison du manque de devises et de la demande ralentie.
Dans la plupart des pays, les chemins de fer ont été nationalisés ou placés sous l'autorité de l'Etat et les achats de traverses sont devenus monopole d'Etat. Dans les pays où les chemins de fer appartiennent encore à des compagnies privées, la consommation de traverses est réglementée par un régime de licences d'importation. Sur le marché international, les achats de traverses dépendent par conséquent d'un ordre prioritaire établi dans chaque pays. Jusqu'à présent, malgré l'importante demande de traverses, d'autres produits ont bénéficié d'une plus grande priorité et leur achat a été facilité par des allocations des devises nécessaires.
De manière générale, les pays de l'Europe occidentale, en particulier le Royaume-Uni, sont encore obligés d'importer des traverses. Leur marché normal est le marché européen. Les achats ont repris en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie, mais sont loin d'atteindre leur volume d'avant-guerre. La Yougoslavie sera en mesure d'augmenter sa production de traverses qu'elle exportera principalement vers la France. La plupart des pays européens se verront obligés d'acheter de plus grandes quantités sur les marchés suédois et finlandais qui ont augmenté leurs exportations depuis 1946.
Les quantités de traverses que les pays européens sont en mesure d'exporter sont moins fortes que pendant la période d'avant-guerre en raison de l'augmentation de la demande intérieure des pays de l'Europe orientale. Ce continent se verra donc obligé de s'adresser aux Etats-Unis et au Canada pour une partie importante de ses achats, qui resteront pourtant limités par le manque de dollars et dépendront dans une large mesure du Plan Marshall. Les disponibilités exportables existant aux Etats-Unis seront réduites en raison de la demande intérieure.
D'autres sources d'approvisionnement européennes font défaut du, fait que l'Union soviétique ne figure pas sur le marché d'exportation. Pour cette raison, les pays européens chargés de l'administration de territoires en Afrique peuvent se tourner vers ces derniers. L'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, avec leurs vastes ressources encore inexploitées, offrent de nouvelles sources d'approvisionnement.
