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Le travail de la FAO


Rapport sur la Conférence de Goma


Rapport sur la Conférence de Goma

La Conférence africaine sur les sols s'est tenue à Goma (Congo belge) du 7 au 16 novembre 1948.

M. Show et M. Terver, de la Division des Forêts et Produits forestiers, représentaient la FAO à cette réunion.

Cette Conférence réunissait les délégations du Portugal (Mozambique et Angola), de la Rhodésie du Sud, de l'Union française (Afrique occidentale française, Afrique équatoriale française, Cameroun et Madagascar), du Royaume-Uni et des colonies britanniques (Afrique orientale anglaise Afrique occidentale anglaise et Rhodésie du Nord), de l'Union Sud-Africaine, de la Belgique (Congo belge et Ruanda-Urundi), et de nombreux observateurs.

Organisation de la Conférence

La Conférence s'est immédiatement divisée en cinq sections, dont l'ordre du jour était le suivant:

1. Etude générale et régionale des sols.

a) Méthodes d'analyse et d'enquête; propriétés générales et classification.
b) Propriétés, classification régionale et cartographie.
c) Facteurs de pédogénèse; écologie et influence de la couverture végétale.
d) Utilisation des terres.

2. Causes et effets de la dégradation des sols.

a) Aspects généraux et situations régionales.
b) Destruction de la couverture végétale et causes diverses de dégradation.

3. Méthodes culturales et conservations des sols.

a) Techniques visant à éviter l'érosion.
b) Méthodes culturale
c) Jachères et récoltes de couverture.
d) Problèmes relatifs au pâturage et à l'agrologie.
e) Feux de brousse en général et dans leurs relations avec l'élevage.

4. Progrès de la mécanisation agricole et de la fumure.

a) Mécanisation de l'agriculture.
b) Fumure.

5. Problèmes économiques et sociaux intéressant la conservation des sols.

a) Organisation rationnelle de l'agriculture.
b) Démographie: regroupement et mouvements.
c) Problèmes forestiers intéressant l'économie indigène.
d) Propagande et éducation agricoles.
e) Divers.

La Conférence a offert une très intéressante occasion d'échange de renseignements techniques.

Plus de 150 spécialistes y ont pris part, la plupart hautement qualifiés et possédant une vaste expérience dans les domaines de la pédologie, de l'agriculture, de l'élevage, de la sylviculture, de la conservation et de l'amélioration des sols en général.

Forêts

Les principales conclusions de la Conférence en ce qui concerne les forêts ont été les suivantes:

La dégradation des sols africains provient surtout de mauvaises pratiques agricoles (agriculture nomade non réglementée) et à de mauvaises méthodes de pacage (pâturage excessif, extension inconsidérée des feux courants). Ces abus provoquent la disparition rapide de la couverture végétale avec toutes les conséquences qui s'ensuivent.

Si pour des raisons économiques et sociales il est absolument nécessaire d'utiliser le sol de façon intensive, Il n'en convient pas moins de veiller à la conservation des terrains. S'ils veulent mettre en œuvre un programme rationnel d'utilisation des sols, les gouvernements doivent, entre autres mesures, adopter une politique forestière bien définie prévoyant la constitution en réserves de domaines forestiers dont l'étendue dépendra des conditions locales. Non seulement les forêts de protection mais encore les forêts d'exploitation commerciale doivent être considérées comme faisant partie de la couverture végétale essentielle.

L'amélioration des jeunes peuplements dans les forêts exploitées commercialement suivant des méthodes rationnelles d'aménagement, doit progresser grâce la pratique du reboisement parmi les cultures indigènes. On y arrive en réservant des zones de culture temporaires sans nuire à l'état de la forêt. Lés territoires britanniques utilisent depuis longtemps cette méthode, qui a donné d'excellents résultats.

Sur les instances du chef de la délégation française, le principe du maintien du couvert forestier proprement dite a été étendu de façon à s'appliquer également aux régions où la futaie arrive aux confins des savanes et où la protection des forêts, déjà partiellement détruites, est absolument nécessaire.

La pratique des feux de brousse et des feux courants a fait l'objet d'une condamnation unanime et il convient d'en rechercher la suppression complète. Toutefois, reconnaissant que ces feux sont parfois inévitables en raison du caractère primitif des méthodes culturales en Afrique, et notamment de l'élevage, la majorité des délégués a admis qu'on doit tolérer cette pratique pendant quelque temps tout en la réglementant strictement. Partout où celà sera possible, sur des surfaces limitées on devra entreprendre de lutter contre le feu. Ailleurs, Il faut adopter des mesures préventives telles que les contre-feux.

L'agriculture

L'attention des délégués a été attirée sur l'importance de la mécanisation agricole, appliquée de façon à favoriser tant l'agriculture extensive que la conservation des sols. Les délégués ont formulé des réserves sur l'utilisation des engrais chimiques et ont demandé qu'il soit procédé à des expériences plus poussées. Toutefois, ils ont vigoureusement approuvé l'utilisation - des engrais organiques pour la reconstitution de certains éléments du sol.

La Conférence a également traité de la croissance rapide de la population indigène dans certaines régions et du problème particulier que créent les grands centres de peuplement. Pour ces régions, les délégués ont demandé l'adoption de mesures générales de lutte contre la dégradation rapide des sols, et de dispositions destinées a fournir le personnel, l'équipement et les fonds nécessaires, à leur application.

En ce qui concerne l'élevage, l'attention a été attirée tout particulièrement sur les dangers d'une trop grande concentration de bétail sur les pâtures de grand parcours, causée notamment par certains préjugés des indigènes qui considèrent les troupeaux comme des signes de richesse réelle.

Recommandations diverses

Bien que les délégués de la FAO n'aient pu assister aux dernières réunions ni à la dernière séance plénière, voici le texte de trois des plus importantes recommandations préparées par le Comité de rédaction.

1. Etablissement à Paris d'un Bureau interafricain d'information sur la conservation et l'utilisation du sol, qui recueillerait tous les renseignements relatifs aux aspects techniques, économiques et sociaux, pour les comparer avec les connaissances déjà acquises et les découvertes des institutions spécialisées dans ce domaine.

Le bureau établirait aussi un contact avec les organisations locales et comités régionaux indiqués plus bas, et servirait de moyen de communication entre ces organismes.

Une réunion d'experts devrait être prochainement organisée afin de déterminer de façon précise l'organisation et le rôle de ce bureau.

2. Création d'un centre de recherche chargé de généraliser les pratiques d'analyse du sol convenant le mieux aux conditions africaines et d'uniformiser les méthodes d'étude, de classement, de reconnaissance et de cartographie des sols. Ce centre serait également chargé d'élaborer une terminologie et une nomenclature universellement reconnue.

Ce Service pédologique interafricain pourrait être administré par l'Institut international pour l'Etude agronomique du Congo belge et avoir, son siège à Yangambi. Il devra être constitué de façon à mener sa tâche à bien, et disposer de fonds suffisants pour permettre à ses membres de voyager sur tout le territoire africain, de conduire des enquêtes locales et d'échanger les résultats des expériences.

3. En outre, il serait nécessaire d'établir des comités régionaux permanents qui s'occuperaient de la conservation et de l'utilisation des sols dans les différentes régions d'Afrique. Ces comités seraient constitués de représentants techniques de chaque région intéressée et se réuniraient au moins une fois l'an. Leur tâche principale consisterait à déterminer les meilleurs moyens de réaliser les objectifs adoptés, compte tenu des conditions locales existantes, et de proposer de plans communs d'action.

Une réunion d'experts, qu'il y a lieu de convoquer le plus tôt possible, déciderait de la division en régions géographiques, au moins a un nombre de trois: centre, est et ouest.


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