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Projets


Conservation des ressources
Besoins de la consommation en produits ligneux
Engagements a long terme


L'Honorable Shri Jairamdas Daulatram, Ministre du Ravitaillement et de l'Agriculture du Gouvernement de l'Inde, inaugure la Conférence internationale des Forêts et de l'Utilisation du bois à Mysore

«Je suis dans l'état d'esprit d'un invité lorsque les noces sont terminées», déclara le Président, Sir T. Vijayaraghavachariar, dans son allocution finale à la Conférence de Mysore. Les délégués exprimèrent ce même sentiment en termes variés, mais tous furent d'accord sur le fait que la Conférence Internationale sur les Forêts et l'Utilisation des bois de l'Asie et du Pacifique marquait une étape essentielle; elle avait, en effet, permis de fixer les bases d'un harmonieux travail de collaboration.

La conférence, parrainée par la FAO, s'est tenue à Mysore, (Inde) du 28 mars au 8 avril. Dix régions étaient officiellement représentées; cinq autres, et deux organisations internationales avaient envoyé des observateurs.

Ce fut la première réunion intergouvernementale qui ait été tenue pour étudier les problèmes forestiers particuliers à l'Asie et au Pacifique.

Avant de se séparer, les délégués décidèrent, d'un commun accord, que chaque délégation attirerait promptement l'attention de son gouvernement sur le rapport de la Conférence et sur les recommandations qu'il comporte. Ils firent également la déclaration suivante: «toute négligence d'un Gouvernement à reconnaître la grande valeur des ressources forestières entraînera des conséquences désastreuses pour l'économie du pays».

Les gouvernements de tous les pays de la région furent vivement engagés à constituer une Commission des Forêts et des Produits Forestiers pour l'Asie et le Pacifique. La Commission serait formée de représentants accrédités de tous les pays intéressés et se réunirait chaque fois qu'il serait nécessaire:

1) pour coordonner les divers sujets présentant un intérêt commun à toute la région;

2) pour examiner des problèmes particuliers dans le domaine des forêts et des produits forestiers, qu'il s'agisse de problèmes à résoudre d'urgence ou à longue échéance;

3) et pour faire des recommandations aux différents gouvernements par l'intermédiaire du conseil de la FAO.

La Conférence recommanda aussi au Directeur Général de la FAO de créer dans la région un groupe d'étude des questions relatives aux forêts et aux produits forestiers, formé de membres du personnel de la Division des Forêts et des Produits Forestiers de l'Organisation. La première tâche assignée à ce groupe d'études serait celle de faire adopter par les gouvernements les recommandations particulières de la Conférence.

La Conférence souligna en ces termes l'importance des forêts dans l'élévation du standard de vie: «Quelle que soit la manière adoptée pour remplacer la pénurie par l'abondance, les forêts et la pratique de la foresterie doivent jouer un rôle capital». Une autre résolution engagea les gouvernements à gérer leurs forêts de manière à servir les intérêts des populations rurales et urbaines; gagnant ainsi l'appui de la masse pour assurer l'établissement d'une saine politique de protection et de mise en valeur des forêts.

En résumé, les recommandations de la Conférence se sont groupées sous deux thèmes généraux: ménager les ressources pour les habitants et leur postérité et, d'autre part, faire face aux besoins immédiats de la consommation.

Conservation des ressources

C'est de la foresterie que dépend la protection ou la destruction des trois ressources vitales de la nature: les forêts elles-mêmes, le sol et l'eau. D'après les termes mêmes de la Conférence, «la perte du sol par l'érosion est l'un des problèmes les plus alarmants dans beaucoup de pays de cette région du monde. C'est un danger qui menace la prospérité de millions d'habitants et qui appelle de toute urgence un effort national, et même international, pour le combattre».

La Conférence fit ressortir avec force les effets désastreux de l'érosion qui sont: la diminution de la productivité du sol, la transformation des pluies en torrents dont les fréquentes inondations anéantissent les systèmes d'irrigation par les dépôts de sable et de vase qu'elles entraînent, compromettent l'utilisation des réservoirs d'eau et diminuent la navigabilité des rivières, l'abaissement du plan d'eau et la diminution des ressources d'eau superficielle utilisée en général pour l'irrigation.

Pour participer à la lutte contre la menace d'érosion, la Conférence engagea chaque gouvernement de la région à fonder un comité central pour coordonner l'élaboration et l'exécution des projets d'utilisation des terres, ainsi que les mesures prises pour la conservation du sol. Elle suggéra la promulgation d'une législation appropriée permettant de diriger l'utilisation des terres, de renforcer l'observation des mesures de conservation du sol, et d'une saine technique forestière sur toutes les terres, tant publiques que privées, chaque fois qu'il serait nécessaire. La Conférence émit également un vœu tendant à l'organisation de parcelles de démonstration dans le double but d'éclairer le public sur les avantages de la conservation du sol et d'un bon aménagement des forêts et de donner une instruction pratique au personnel technique.

Lorsque la conservation des forêts au niveau des sources des grandes rivières présente un intérêt commun à plusieurs pays, la Conférence engagea ces pays à unir leurs efforts et à se mettre d'accord sur les mesures pratiques aptes à résoudre leurs problèmes communs.

Besoins de la consommation en produits ligneux

La Conférence a fait ressortir que, actuellement, le bois de chauffage et les matériaux de constructions sont les produits forestiers dont on a le plus besoin dans la région. La pénurie de bois de chauffage et de charbon de bois dans certaines parties de la région a obligé à utiliser comme combustible le fumier sec des animaux, ce qui prive la terre d'un engrais indispensable. Le manque d'un approvisionnement suffisant et bon marché en sciages, en poteaux et autres matériaux de construction abaisse le niveau de vie de beaucoup de peuples asiatiques en retardant la reconstruction d'après-guerre et en compromettant le logement des personnes déplacées.

Préoccupée par ces questions urgentes, la Conférence décida que, dans les pays déficitaires, des mesures immédiates doivent être prises pour développer pour chaque village la constitution de réserves de bois de chauffage formées d'essences à croissance rapide; les petits propriétaires doivent en outre être encouragés à réserver au moins une petite partie de leur terre pour y planter des arbres susceptibles de fournir du bois de chauffage, des poteaux, et du bois d'œuvre. La Conférence s'exprima ainsi: «Le caractère d'urgence de ce problème doit être constamment rappelé à l'attention des gouvernements, car la négligence à chercher une solution pourrait avoir de graves répercussions sur la vie sociale et sur l'agriculture».

La Conférence émit la suggestion que les gouvernements doivent aider à accroître l'approvisionnement en bois de chauffage et en charbon de bois, grâce à des subventions accordées aux transports des régions de surproduction vers les régions de pénurie aiguë; ils doivent de plus installer des fours à carbonisation modernes pour réduire les pertes au minimum; adapter et renforcer les lois exigeant un aménagement rationnel des bois privés. Si ces bois ne sont pas encore exploités pour le bien de la communauté considérée dans son ensemble, les gouvernements devront assumer la responsabilité de les aménager d'une façon convenable; ils devront enfin établir des plans de reboisement, tels que la plantation d'essences à croissance rapide, sur tous les domaines publics qui s'y prêtent, y compris, si possible, les bords des canaux, des routes, et des voies ferrées.

Il règne aussi une pénurie accentuée de bois sciés, de matériaux de construction et de produits forestiers de toute sorte. Ainsi que l'a fait remarquer la Conférence: «le pouvoir d'achat est généralement bas et ne permet pas une consommation individuelle correspondant à un niveau de vie normal. Actuellement la production n'est pas suffisamment élevée pour fournir des produits forestiers à des prix abordables pour la grande masse de la population». Les causes de cette production insuffisante sont les suivantes:

1) l'exploitation et l'utilisation exclusives de quelques bonnes essences privilégiées;

2) le peu d'attention accordé dans certains pays à un traitement efficace des forêts;

3) l'utilisation incomplète des espèces exploitées tant en forêt, qu'au cours des divers stades de transformation;

4) et l'absence de procédés modernes d'exploitation et de sciage, ainsi que le manque de moyens de communication et de transport appropriés.

La Conférence a demandé aux gouvernements de dresser des listes précises de leurs besoins en matière d'équipement forestier, d'outillage mécanique d'abatage et de sciage, et d'en informer la FAO. La FAO fut invitée à examiner les demandes d'importation de bois et les disponibilités d'exportation des différents pays de la région de manière à réaliser une balance rationnelle entre l'ensemble des demandes et des ressources. La Conférence reconnut que la politique commerciale de plusieurs pays avait besoin d'être examinée et que le développement du commerce devrait être stimulé par les gouvernements avec vigueur et prévoyance.

Engagements a long terme

La solution des deux problèmes les plus urgents pour le pays - la conservation des ressources naturelles, et l'approvisionnement en bois de chauffage et en matériaux de construction pour les besoins intérieurs - a été considérée par la Conférence comme impliquant aussi une tâche de longue haleine. Elle a résumé ainsi les mesures à prendre pour résoudre ces problèmes.

«Il est nécessaire de former d'audacieux projets de protection et de reboisement des bassins de réception des grandes rivières, - ces projets devront englober la lutte contre l'érosion du sol, des programmes de boisement, et les moyens de maîtriser les inondations - C'est de cette façon seulement que l'alimentation, l'agriculture, et l'approvisionnement en eau pourront être sauvegardés et que les conditions de vie seront améliorées... Une étude est nécessaire sur le plan international.

«Les différents pays doivent également moderniser leurs principes d'utilisation des ressources forestières et assurer un rendement élevé à la transformation des produits forestiers par la coordination des industries. Les méthodes traditionnelles d'exploitation ont certes un rôle à jouer mais la recherche et les progrès scientifiques ouvrent de nouveaux horizons au forestier. Les forêts et la sylviculture ne sont pas une fin en elles-mêmes mais elles ont pour but d'obtenir, sur la base d'une production toujours soutenue, les quantités et les catégories de produits forestiers indispensables à la population, à l'industrie, et au commerce.

«La Conférence engage tous les pays pendant cette période d'effort économique et politique à dresser des plans pour la conservation, l'expansion et la mise en valeur de leurs forêts».

A la session plénière de clôture, M. Marcel Leloup, Directeur de la Division des Forêts et des Produits forestiers et représentant personnel de M. Norris E. Dodd, Directeur Général de la FAO, a conclu: «Je voudrais vous demander de ne pas oublier que vous n'avez fait encore que vous mettre d'accord sur un programme de travail. Vous avez reconnu les difficultés et arrêté les solutions pratiques. Mais c'est maintenant que le travail commence. Il dépend de l'esprit de décision avec lequel nous aborderons ces problèmes, que cette Conférence porte ou non des fruits. Votre tâche, actuellement, est de réaliser tout ce que vous avez décidé de faire. La FAO sera heureuse de participer à ces travaux. Travaillant ainsi ensemble, je suis sûr que notre tâche sera, selon l'expression de notre vénéré Président, Sir T. Vijayaraghavachariar, a harmonieusement accomplie».


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