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Rapport sur les produits


Amérique du Nord
Europe

La pâte de bois

Ce rapport donne quelques lumières sur l'évolution de la production, du commerce et des prix de la pâte de bois en 1951, et quelques aperçus sur l'avenir, au début de 1952. Il ne comporte de renseignements que sur l'Amérique du Nord et sur l'Europe occidentale, mais étant donné que ces régions représentent à elles seules à l'heure actuelle plus des neuf-dixièmes de la production et de la consommation totales de pâte de bois dans le monde entier, ces données sont suffisantes pour montrer les tendances dominantes.

La production mondiale de pâte de bois en 1950 est estimée à environ 32.600.000 tonnes, soit 16% de plus que l'année précédente. Mais la plus grande partie de la pâte produite dans le monde est consommée en Amérique du Nord et en Europe, et une amélioration légère, voire même considérable, dans la situation de l'approvisionnement de ces régions n'allège pas nécessairement d'une manière sensible la pénurie de ces produits en d'autres parties du globe. De plus, il y a, même dans les régions comptant comme les plus importantes productrices de pâte, des différences notables entre la consommation des divers pays. Ce fait est illustré par les chiffres suivants, pris dans le dernier Annuaire statistique des produits forestiers de la FAO, et montrant la consommation par habitant de pâte et produits dérivés exprimée en poids équivalents de pâte dans certains pays, pendant l'année 1950:


Kg. par habitant

Etats-Unis

120

Canada

82

Suède

78

Finlande

68

Norvège

65

France, Autriche et Allemagne

30-35

Il existe actuellement en Afrique, en Amérique latine, en Extrême-Orient, et principalement en Nouvelle-Zélande, plusieurs programmes importants déjà en voie d'exécution, et des projets, dont l'étude est terminée, pour la construction de nouvelles usines à pâte. Sous l'impulsion du programme élargi d'assistance technique de la FAO, des projets sont à l'étude pour la création de nouvelles entreprises en différents pays, dont les ressources sont suffisantes, mais encore inexploitées, ou insuffisamment exploitées. En fait, on a demandé à la FAO, à la dernière conférence générale de novembre-décembre 1951, de recenser les possibilités d'accroissement de la production et d'amélioration des moyens de transport du bois de papeterie, tandis que les gouvernements membres étaient instamment priés de prendre les mesures nécessaires pour augmenter la production de bois de papeterie, d'envisager la création de nouvelles industries de la pâte et du papier, ou l'encouragement à ces industries, et d'obtenir de la FAO, dans le cadre du programme élargi d'assistance technique, l'envoi de missions d'experts pour les aider en cette matière.

Toutefois, il devra s'écouler quelques années avant que la plupart des projets déjà en application ou à l'étude, ne commencent à donner des résultats suffisants pour influer sur la situation des régions souffrant d'une sérieuse pénurie de pâte ou de papier. En même temps, des ressources auxquelles on n'avait pas encore fait appel sont maintenant mises à contribution en Amérique du Nord et en Europe. Par exemple, l'exploitation des vastes forêts de l'Alaska et du Labrador est envisagée. Il existe, dans la seule Finlande, des possibilités permettant d'accroître la capacité de l'industrie de la pâte d'au moins 370.000 tonnes de pâte chimique par an; dans un bon nombre de pays européens, la production de la pâte pourra être augmentée par une utilisation accrue des essences feuillues et des bois de basse qualité. La Suède semble déjà tirer un tiers de la matière première nécessaire à ses usines de pâte des «déchets» d'exploitation et d'usinage. L'importance relative des matières premières fibreuses autre que le bois, telles que la paille, la bagasse et l'alfa, est en voie d'augmentation dans plusieurs régions du globe.

Tendances de la production de pâte de bois el de papier journal (1937=100)

Le graphique ci-dessus, établi d'après l'Annnaire statistique des produits forestiers de 1951 montre les tendances de la production de pâte de bois et de papier journal, pendant les années d'après-guerre. Il ne tient compte que de la situation des principaux pays producteurs.

Amérique du Nord

Canada

Production

De nouvelles usines furent mises en service au Canada au cours de l'année 1951. D'après l'Association des producteurs de pâte des Etats-Unis; United States Pulp Producers' Association, la capacité totale de production de l'industrie canadienne devait augmenter et passer de 8.100.000 tonnes à presque 8.500.000 tonnes.

Les résultats de l'expansion et de la modernisation se reflétèrent dans les chiffres de la production. La moyenne mensuelle de la production de l'ensemble des pâtes pendant les 9 mois de 1951 fut de 9 pour cent, supérieure à la moyenne mensuelle pour toute l'année 1950, et la production, pendant cette période, atteignit plus de 80 pour cent de celle de 1950, indiquant que la production totale en 1951 serait probablement voisine de 8.200.000 tonnes. L'accroissement de la production de pâte chimique fut proportionnellement plus fort que celui de la pâte mécanique.

La pénurie de soufre qui sévissait dans le monde entier, et était ressentie plus sérieusement encore au Canada qu'aux États-Unis, fut atténuée grâce aux allocations faites par la Conférence internationale des matières premières de Washington. La production de soufre du Canada est en voie d'augmentation, mais est peut être encore insuffisante pour couvrir l'ensemble des besoins dans un avenir immédiat.

Exportations

Les exportations de pâte du Canada ont atteint des chiffres records pendant les huit premiers mois de 1951. Les expéditions vers les Etats-Unis furent alors de 15 pour cent supérieures à celles de l'année précédente, et les exportations vers d'autres destinations, peu élevées en 1950 et ne représentant encore qu'un sixième du total des exportations, s'accrurent brusquement de 230 pour cent. Les exportations de pâte chimique et mécanique augmentèrent, à l'exception des exportations vers les Etats-Unis de pâte au bisulfite blanchie, qui diminuèrent légèrement.

Il est important de noter que pendant la période de janvier-août 1951, l'accroissement total des exportations de pâte du Canada dépassa de presque 88 pour cent en valeur les exportations de la même période de 1950, mais d'environ 12 pour cent en volume. Corrélativement, le montant des exportations du bois de papeterie s'est accru de plus de 100 pour cent.

États-Unis

Production

La capacité de production de la pâte s'est beaucoup accrue. Suivant les chiffres communiqués par l'Association des producteurs de pâte des Etats-Unis, la capacité de production théorique totale de l'industrie de la pâte de ce pays devait passer d'environ 14.700.000 tonnes en 1950 a plus de 15.900.000 tonnes en 1951, dans le cadre du gigantesque programme d'expansion et de modernisation déjà en application sur une échelle réduite en 1946-47, et qui doit se poursuivre en 1952.

Le développement de l'industrie ne se poursuit pas seulement dans les plus importantes régions productrices de pâte, dans la région des grands lacs et dans l'ouest, mais aussi dans les états du sud. Il s'est produit, en plusieurs points, un accroissement sensible du volume de bois feuillus utilisé comme l'un des constituants de la matière première. Un fait intéressant est le projet qui doit doubler, en la portant de 300 à 600 tonnes par jour, la capacité de production de la nouvelle usine de pâte à dissoudre de Natchez, Mississippi, qui commença à fonctionner en 1950 et a été la première à adopter le nouveau procédé au sulfate en utilisant des feuillus pour la fabrication de la pâte à dissoudre.

Il n'a été prévu qu'une faible part de cet accroissement de capacité de production pour les usines produisant pour le marché, et on a, par suite, considéré que les besoins des papeteries non-intégrées, c'est-à-dire celles qui dépendent du marché de la pâte, ne sont pas encore satisfait. Un autre trait de l'expansion actuellement réalisées est que, contrastant avec la capacité de production fortement accrue dans le groupe des pâtes au sulfate, celle de la pâte au bisulfite semble être restée pratiquement stable.

Pendant le premier semestre de 1951, un accroissement considérable a été enregistré dans la production des pâtes de toutes qualités, à l'exception des pâtes à la soude. Les pâtes au sulfate blanchies et semi-blanchies, de qualité papetière, se maintinrent à environ 27 pour cent, et les pâtes à dissoudre et certaines pâtes spéciales d'alfa-cellulose à environ 30 pour cent au-dessus du niveau du premier semestre de 1950.

L'ensemble de la production de pâtes de toutes qualités pendant le premier semestre de 1951 s'éleva à environ 7.500.000 tonnes soit 17% pour cent de plus que le chiffre de la période correspondante de 1950.

Pendant la seconde moitié de l'année, la consommation accusa une certaine diminution, et vers la mi-novembre, les stocks détenus dans les usines productrices et consommatrices de pâte, manifestèrent un accroissement lent, mais continu. Le principal facteur modifiant la courbe fut la détente du marché du papier à l'automne, situation qui semblait refléter un excédent considérable dans la production du papier. En novembre et au début de décembre, la production de papier s'abaissa légèrement au-dessous de la capacité de production théorique des papeteries, qui est actuellement de 10 pour cent inférieure à leur capacité réelle. Une semaine avant Noël, la production de papier était de 95,1 pour cent de sa capacité théorique. Le fléchissement de la production de toutes les catégories de cartons a été encore plus remarquable et a commencé plus tôt; la production de carton atteignit en septembre 86 pour cent et en novembre 82 pour cent de sa capacité théorique. D'un autre côté, la production de papier de journal fut très élevée en octobre, et la production des dix premiers mois de 1951 fut de 9,1 pour cent supérieure aux chiffres de la période correspondante de 1950.

Dans ces conditions, la production de pâte fut en légère régression par rapport aux niveaux maxima élevés qu'elle avait atteint au début de l'année. Néanmoins, l'ensemble du rythme de production ne fut pas affecté d'une manière appréciable par le relâchement du marché et, d'après les premières estimations, la production totale de pâte des Etats-Unis en 1951 atteignit le chiffre élevé d'environ 15.000.000 de tonnes, supérieur d'à peu près 12 pour cent au niveau de 1950.

Commerce

Les importations de pâte pendant le premier semestre de 1951 furent un peu supérieures aux niveaux de l'année précédente; les importations canadiennes se sont accrues d'environ 14 pour cent. Vers la fin d'août, le montant total des importations avait atteint 1.500.000 tonnes soit 6 pour cent, de plus que l'année précédente, Les importations du Canada s'élevaient à 77 pour cent du total.

Les importations en provenance de quelques pays d'Europe furent affectées par les prix-plafonds dont il sera question plus loin. Les arrivages de pâte en provenance de l'Europe furent, pendant les huit premiers mois, de 25 pour cent inférieurs aux chiffres de 1950. A cette époque, les importations de Suède étaient tombées à 183.000 tonnes, ce qui représente une diminution de 34 pour cent sur celles de l'année mais les importations de Finlande n'avaient que légèrement diminué, et celles de la Norvège avaient, en fait, augmenté. La même évolution s'est poursuivie pendant les deux mois suivants, et au début de novembre 1951, le montant total des importations en provenance de l'Europe n'avait atteint que 385.000 tonnes, contre 521.000 tonnes l'année précédente. Les achats en Finlande et en Norvège continuèrent à un rythme normal.

D'après les premières estimations, les importations totales de pâte pendant l'ensemble de l'année 1951 se sont élevées à environ 2.090.000 tonnes, un peu au-dessous du chiffre de 1950, qui était de 2.160.000 tonnes. Tandis que les importations en provenance du Canada augmentaient, celles en provenance de l'Europe diminuaient. Les arrivages de pâte en provenance de la Suède ont diminué de 35 pour cent par rapport à ceux de 1950, et les importations en provenance de la Finlande de 11 pour cent, tandis que les importations en provenance de la Norvège ont légèrement augmenté.

Les exportations de pâte des Etats-Unis ne représentent que des quantités très limitées, si on les compare avec le volume de la production ou même les importations. En 1950, les exportations ne dépassèrent que d'un peu plus de 5 pour cent le volume des importations de la même années, mais, pendant le premier semestre de 1951, le total des exportations de pâte fut relativement élevé, plus de 95.000 tonnes, et avait déjà dépassé le volume des exportations de l'ensemble de l'année 1950. Les plus fortes augmentations furent enregistrées dans les exportations de pâte au sulfate et de pâte au bisulfite écrues. Le contingent des exportations de pâte au sufate écrue, pendant le troisième et le quatrième trimestres de 1951, fut fixé à 25.000 short tons (22.675 tonnes) pour chaque trimestre, tandis que le contingent pour les pâtes à dissoudre et les pâtes chimiques spéciales fut de 7.000 short tons (6.349 tonnes) pour chacun de ces deux trimestres. Les contingents pour les pâtes au bisulfite blanchies et écrues et les pâtes au sulfate blanchies et semi-blanchies furent de 7.000 short tons (6.349 tonnes) pendant le dernier trimestre de l'année. Si ces contingents étaient entièrement utilisés, le total des exportations pendant l'année 1951 devrait être plus de deux fois celui de 1950.

Prix

Après le mouvement de hausse des prix de la pâte, général dans le monde entier pendant l'année 1950, de grandes différences se firent jour, dans les prix payés sur différents marchés, et aussi sur les prix cotés sur un même marché, pour des pâtes de différentes provenances. Ainsi, au début de 1951, il y eut un écart exceptionnellement large entre les prix de la pâte d'Amérique du Nord et celui de la pâte Scandinave sur le marché des Etats-Unis. Tandis que le prix de la pâte au bisulfite blanchie du pays augmentait de $118 par short ton (907 kg) livrée, pendant le premier trimestre de 1950, a $135 l'année d'après, c'est-à-dire seulement de 14 pour cent, la pâte au sulfate écrue de Scandinavie, par exemple, passa pendant la même période de $ 82,50 à $ 162,50 par short ton (907 Kg), à quai, soit une augmentation de 113 pour cent.

Un ordre de blocage des prix de la pâte produite dans le pays fut donné vers la fin de janvier 1951. Pendant les mois suivants, la disparité entre les prix des produits du pays et des produits importés devint de plus en plus marquée, particulièrement après l'augmentation des prix suédois pendant le deuxième trimestre. Les prix des marchés passés pendant le second trimestre pour la pâte au bisulfite blanchie, par exemple, comparés avec les prix de la production intérieure furent les suivants (par short ton séché à l'air): production des Etats-Unis $135 à $145; production canadienne $160 à $175; productions finlandaise $225 et suédoise, $250 à $290, à quai; au début de juillet, un prix plafond, sur la base du niveau des prix finlandais, fut introduit pour les importations en provenance de l'Europe. Les prix d'importation furent fixés à $200 pour toutes les pâtes écrues à la cellulose, $225 pour les pâtes au bisulfite blanchies et $230 pour les pâtes au sulfate blanchies, toutes par short ton, à quai.

En général, les prix de la production canadienne ont été de $15 à $25, et plus encore dans le cas de la pâte au sulfate blanchie, supérieurs au prix de la pâte de production intérieure. D'un autre côté, les prix maxima de la pâte en provenance de l'Europe ont dépassé de 50 à 70 dollars les prix de la pâte canadienne sur le marché des Etats-Unis. Les principales raisons de cette différence en faveur des pâtes en provenance d'outre-mer furent, d'abord, des considérations de qualité, et, en second lieu, les difficultés prévues par les papeteries non-intégrées et semi-intégrées, totalement ou partiellement tributaires du marché de la pâte, pour se procurer un approvisionnement suffisant.

Bien que les prix maxima pour les pâtes d'outre-mer aient entraîné une diminution des approvisionnements en provenance de la Suède, la situation du marché de la pâte, en fait, sembla rester satisfaisante pendant toute l'année 1951. Quand la tension qui avait régné sur les marchés de la pâte et du papier au début de l'année se fut relâchée à l'automne, les prix commencèrent également à donner quelques signes de détente. A la mi-novembre, il devint douteux que certaines qualités de pâte, provenant du marché intérieur et disponibles à cette époque, puissent être écoulées aux prix plafonds. Cette situation se vérifia particulièrement pour certaines catégories de pâte kraft. En conséquence, il y eut à nouveau, vers la fin de l'année, une spéculation sur la possibilité d'une baisse des prix élevés des pâtes européennes.

Prévisions pour l'Amérique du nord

La capacité de production de la pâte aux Etats-Unis et au Canada doit, suivant les prévisions, s'accroître encore en 1952. La capacité théorique des Etats-Unis doit, estime-t-on, atteindre environ 16.800.000 tonnes à la fin de l'année, et celle de l'industrie canadienne environ 8.700.000 tonnes, ce qui accroîtrait la capacité globale de production de l'Amérique du Nord au début de 1953 de 1.100.000 tonnes par rapport à 1951. On prévoit déjà, en particulier, que l'approvisionnement en papier de journal sera bientôt suffisant pour répondre à la demande réelle.

Toutefois, les exigences des constructions de la défence retarderont probablement le déblocage de l'acier et autres métaux de construction nécessaires à l'expansion de l'industrie de la pâte, et on croit que le rythme normal ne pourra être rétabli que pendant le second semestre de 1952.

Europe

Production

La forte demande de pâte a entraîné en plusieurs pays des exploitations de bois de papeterie et des modifications du mouvement international de ces bois. Les exportations de bois de papeterie de la République fédérale allemande tombèrent presqu'à zéro en 1951, et les exportations de Pologne, de Yougoslavie et de Suède allèrent en diminuant. Au contraire, les exportations de la Finlande pendant le premier semestre de 1951, s'accrurent presque d'un tiers par rapport au volume des exportations de la même période en 1950. A la fin d'août 1951 les exportations de bois de papeterie de ce pays s'élevaient à 2.140.000 ms. soit 75 pour cent de plus que pendant l'année 1950. A l'exception de quantités inconnues expédiées des pays d'Europe orientale vers l'U.R.S.S. et des exportations accrues de la Finlande vers la même destinations, toutes les exportations européennes de bois de papeterie allèrent pratiquement vers les pays de la même région.

Pendant le premier semestre de 1951, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas et la République fédérale allemande purent accroître considérablement leurs importations de bois de papeterie, tandis que la situation des approvisionnements en Suède était améliorée à la fois par des achats plus importants en Finlande, et par la diminution de ses exportations. Les importations de bois de papeterie en provenance du Canada furent importantes, pour le Royaume-Uni. La France reçut aussi un certain volume de bois de papeterie du Canada, et, d'après les rapports, les premières cargaisons de bois de papeterie furent expédiées du Canada vers la République fédérale allemande pendant le dernier trimestre de 1951.

Bien que les importations de bois de papeterie des pays européens aient atteint environ 1.122.000 m³ à la fin de juin 1951, contre environ 766.000 m³ l'année précédente, les besoins furent encore loin d'être satisfaits.

On signale également que les principaux pays importateurs ont accru leur propre production de bois de papeterie, dans certains cas avec beaucoup de succès. Toutefois, la compétition pour les bois ronds, non seulement avec les scieries, mais avec les producteurs de bois de mine, s'est fait très fortement sentir.

La production de pâte de bois fut, à certains moments, menacée par le manque d'énergie électrique, et par la pénurie de combustible et de soufre, mais à l'exception d'un ralentissement ou d'une interruption temporaires de production de la pâte mécanique, dûe à une période de sécheresse ayant sévi dans certains pays, ces déficiences ne paraissent pas avoir sérieusement affecté l'industrie européenne de la pâte.

Au moment où nous écrivons cet article, quelques-uns seulement des chiffres définitifs, indiquant le montant de la production de pâte dans les différents pays européens en 1951 nous sont parvenus. Toutefois, des indications tendent à confirmer les prévisions précédentes d'après lesquelles le total de la production de 1950, estimé à environ 5.700.000 tonnes de pâte chimique et environ 3.300.000 tonnes de pâte mécanique sera atteint et même dépassé. Ce résultat serait dû à la période, relativement longue pendant laquelle les prix élevés ont prévalu, permettant aux fabricant de pâte d'exercer une compétition efficace sur le marché des bois ronds plutôt qu'à un accroissement de la capacité de production, qui, dans un certain nombre de pays, est en réalité restée inemployée pendant ces dernières années.

Dans l'ensemble, l'année 1951 a été favorable à la production de la pâte dans les trois pays septentrionaux.

Finlande. La capacité de production totale s'est accrue, et une usine de pâte chimique a beaucoup dépassé le niveau des années précédentes et a atteint, pour l'ensemble de l'année, 1.385.000 tonnes contre 1.194.000 tonnes en 1950. La production de pâte au sulfate, qui est d'environ trois septièmes de la production totale, s'est accrue plus que celle de la pâte au bisulfite; cette production est la plus élevée d'après-guerre, et n'est que de peu inférieure à la capacité de production théorique de cette industrie.

La production de pâte mécanique a, pendant quelques mois été affectée par la pénurie d'eau et d'électricité. Néanmoins, le total de l'année a été de 807.000 tonnes contre 719.000 tonnes en 1950.

Suède. Certaines sections de l'industrie de la pâte ont souffert de la pénurie de combustible, et surtout de la pénurie de bois. On a remédié à la pénurie du bois de papeterie, qui a affecté quelques régions de ce pays pendant ces dernières années, par des arrangements spéciaux. Par exemple, la province de Norrland, dans le nord de la Suède a sévèrement ressenti le manque de rondins, et les usines de pâte ont dû, non seulement se faire expédier un appoint de bois de papeterie en provenance des régions du sud du pays et en importer de Finlande du nord, mais aussi utiliser des bois de pin et d'épicéa de dimensions supérieures et inférieures à celles qu'elles utilisent habituellement. De plus, les feuillus ont pris de plus en plus d'importance dans la fabrication de la pâte; on indique qu'une des plus importantes usines de pâte au sulfate de la province de Norrland a utilisé du bouleau et du tremble pour environ 40 pour cent de sa production del 1951.

Pendant le premier semestre de 1951, la production de pâte chimique en Suède atteignit un tonnage de 1.250.000 tonnes soit 8 pour cent de plus que pour la période correspondante de 1950. Le chiffre des trois premiers trimestres de l'année était encore de 6 pour cent supérieur au niveau de 1950, et, suivant les premières estimations, la production pour l'ensemble de l'année 1951 a été de plus de 2.500.000 tonnes, dépassant ainsi très sensiblement le total de 2.460.000 tonnes de 1950.

Aucun renseignement définitif sur la production de pâte mécanique en 1951 ne nous est encore parvenu. Comme cette industrie n'avait pas été sérieusement affectée par la sécheresse de l'été, on s'attendait à ce que la production puisse dépasser le chiffre de 685.000 tonnes de 1950.

Norvège. Les approvisionnements en bois de papeterie durent être considérablement renforcés par des importations en provenance de Finlande et de Suède, ainsi que par une plus large utilisation de bois du pays, de petites dimensions. Les usines fabriquant de la pâte chimique fonctionnèrent à environ 85 pour cent de leur capacité de production, et des estimations récentes situent la production de l'ensemble de l'année à environ 520.000 tonnes, le total annuel le plus élevé depuis 1937, contre 483.000 tonnes en 1950.

Les fabriques de pâte mécanique luttèrent contre la pénurie d'eau et d'énergie électrique pendant le 1er semestre de 1951, la situation s'améliora ensuite et le retard fut compensé. D'après les prévisions la production de pâte disponible pour la vente atteindrait les quantités prévues, environ 365.000 t. en poids sec, dépassant un peu celle de 1950.

République fédérale allemande. En 1951, le plus grande producteur de pâte du continent européen, la République fédérale allemande, a été beaucoup mieux approvisionné en bois de papeterie que l'année précédente Pendant l'année forestière 1949-50, les ressources intérieures en bois de papeterie s'élevèrent à 1.674.000 m³; volume réel sous écorse, et les importations à 460.000 m³; les chiffres pour 1950-51 furent de 2.290.000 et 814.000 m³ respectivement. Les besoins en bois de papeterie qui ont triplés pendant ces 4 dernières années, ont pu être satisfaits partiellement en maintenant une légère différence de prix entre les bois de papeterie et les bois de mine, en faveur des premiers. D'un autre côté, l'activité industrielle fut menacée d'une pénurie de charbon.

La production de pâte chimique dans la République fédérale se maintint à un rythme moyen de 47.000 tonnes par mois, de janvier à octobre 1951, ce qui représente une augmentation de 13 pour cent sur la moyenne mensuelle de toute l'année 1950. La production de pâte pour la fabrication du papier fut de 8 pour cent, supérieure à celle de la période de dix mois de 1950, tandis que la production de pâte à dissoudre, correspondant à un peu plus d'un quart de la production totale de pâte s'accrut d'environ 33 pour cent. La proportion de pâte de paille fut de 6,6 pour cent de la production totale de pâte. D'après les premières estimations, la production totale de pâte chimique dans la République fédérale allemande dépassa 560.000 tonnes pour l'ensemble de l'année 1951, contre 469.000 tonnes en 1950.

France. Le Plan Monnet de 1946 pour le développement de l'industrie, a prévu un accroissement de la capacité de production de pâte de 485.000 tonnes en 1947 à 746.000 tonnes en 1951 Par suite de difficultés financières et du fait que la consommation de papier et de carton ne s'accrut pas au rythme prévu, ce programme n'a été que partiellement exécuté. La capacité totale de production de l'industrie de la pâte de ce pays a été d'environ 540.000 tonnes en 1950, et de 619.000 tonnes en 1951, y compris 245.000 tonnes de pâte mécanique et environ 76.000 tonnes de pâte à base de paille. La fabrication de pâte à base de feuillus, qui avait été négligeable en 1948, fut estimée pour 1951 à 41.000 tonnes. Pendant l'année, la capacité de production de pâte de feuillus devait, pensait-on, s'accroître de 23.000 tonnes, et la capacité de production de pâte de paille de 41.000 tonnes.

L'approvisionnement en bois de papeterie fut l'une des plus graves sources d'inquiétude en 1951, du fait que les approvisionnements en provenance des forêts de la Zone d'occupation française en Allemagne arrivaient à expiration et que le volume supplémentaire de bois de papeterie provenant des exploitations consécutives aux incendies de forêt de 1950 avaient été utilisé. Les importations en provenance de Finlande et d'Amérique du Nord furent augmentées et pendant les 6 premiers mois de l'année, dépassèrent les importations correspondantes de 1950 de presqu'un tiers. Néanmoins, on estima que vers la fin de l'année 1951 il y aurait un déficit d'environ 420.000 stères, ou en gros 315.000 m³ de bois de papeterie résineux, dont une partie seulement pourrait être couverte par les quantités disponibles de bois de papeterie de peuplier, estimées à 200.000 stères.

On prévoyait que la production de pâtes mécanique et chimique de résineux n'accuserait aucun accroissement notable en 1951, mais une augmentation considérable de la fabrication de pâte à base de feuillus et de paille était prévue. Pendant les huit premiers mois de 1951, la production totale de pâte fut d'environ 18 pour cent supérieure à celle de la période correspondante de 1950; la production de pâte mécanique était alors de 15 pour cent supérieure aux chiffres de janvier-août 1950. Au moment où nous écrivons cet article, nous ne savons pas encore si la production élevée de pâte de toutes catégories de 1950, soit 566.000 tonnes, a été dépassée. On avait craint que la pénurie de soufre n'affectât sérieusement la production de la pâte au bisulfite.

Autriche. La capacité de production de l'industrie de la pâte en 1950, était d'environ 100.000 tonnes de pâte mécaniques et d'environ 280.000 tonnes de pâte chimique. Les chiffres relatifs à la production de cette année, plus de 93.000 tonnes et 250.000 tonnes respectivement, se rapprochent beaucoup du niveau théorique de la capacité de production. L'augmentation des prix des bois de papeterie amena de sérieuses difficultés en 1951. Pendant les 5 premiers mois de l'année, la production de pâte mécanique fut d'environ 42.000 tonnes contre 36.000 tonnes l'année précédente, et la production de pâte chimique de 109.000 tonnes contre 100.000 tonnes en 1950, soit une augmentation d'environ 11 pour cent sur l'ensemble.

Italie. L'Italie a produit un peu plus de pâte chimique que de pâte mécanique; en 1950, la production totale fut estimée à 128.000 tonnes de pâte mécanique et 138.000 tonnes de pâte chimique. En 1951, ce pays put augmenter ses importations de bois de papeterie, particulièrement en provenance de la Finlande, et pendant les six premiers mois de l'années, ses importations s'élevèrent à plus de 197.000 m³ contre 156.000 m³ l'année précédente. En conséquence, l'industrie de la pâte a travaillé à un régime plus élevé que l'année précédente. Pendant les huit premiers mois de 1951, la production de pâte mécanique a dépassé de 13 pour cent celle de pâte chimique pour la fabrication du papier de 46 pour cent et la production de pâte de textiles - qui n'entre que pour un peu moins d'un tiers dans le total de la pâte chimique - de 22 pour cent les niveaux de la période correspondante de 1950. La production de la pâte mi-chimique, représentant seulement environ 3 pour cent de la production totale de la pâte, a été de 36 pour cent supérieure au niveau de production de janvier-août 1950.

Exportations

Bien qu'il ne soit pas encore possible d'obtenir un tableau exact de l'évolution du marché européen de la pâte en 1951, il semble possible que le tonnage des exportations de 1950 soit dépassé.

Suède. D'après les premières estimations, les exportations de pâte chimique furent de 1.710.000 tonnes contre 1.800.000 tonnes l'année précédente. La décroissance fut plus marquée dans les groupes de pâte au bisulfite et au sulfate écrues (totalisant 908.000 tonnes contre 1.008.000 tonnes en 1950) tandis que les augmentations des exportations de pâte à dissoudre et de pâte au sulfate blanchie furent équilibrées par la diminution des exportations d'autres pâtes au sulfate blanchies. D'un autre côté, les exportations de pâte mécanique accusèrent une augmentation de 283.000 tonnes en 1950 à 297.000 tonnes en 1951.

Des taxes de compensation sur les pâtes exportées furent introduites au début de l'année, et furent plus tard augmentées d'une façon substantielle. L'expédition des exportations fut accélérée avant l'application des taxes de compensation les plus élevées, et les prix plafonds des Etats-Unis pour les pâtes européennes ne furent mis en vigueur que le 1er juillet. Ainsi, en juin, 319.000 tonnes de pâte furent exportées, 50.000 tonnes vers les Etats-Unis, contre 195.000 tonnes et 21.000 tonnes respectivement en juin 1950. Pendant les 6 derniers mois de l'année, l'activité se ralentit, bien que les expéditions vers les Etats-Unis n'aient pas complètement cessé, elles furent considérablement réduites. Pour la période de janvier à octobre, les 168.000 tonnes expédiées vers les Etats-Unis d'Amérique représentèrent presque 12 pour cent du montant total des exportations de pâte chimique.

Le Royaume-Uni fut le principal acheteur de pâte suédoise et pendant cette période de dix mois, absorba environ 151.000 tonnes de pâte mécanique, soit 61 pour cent du total des exportations suédoises de pâte de cette qualité, et plus de 327.000 tonnes de pâtes chimiques, soit 23 pour cent du total des exportations de pâtes chimiques. Les chiffres pour l'ensemble de l'année 1950 furent de 180.000 et 420.000 tonnes respectivement. Le montant des exportations vers quelques-uns des pays d'Amérique latine de janvier à octobre fut également important; plus de 64.000 tonnes da pâte chimique partirent vers le Brésil, et environ 47.000 tonnes de pâte chimique et 17.000 tonnes de pâte mécanique vers l'Argentine. Il y eut aussi un accroissement notable des exportations de pâte chimique vers le Japon.

La réduction des exportations suédoises vers les Etats-Unis pendant la dernière partie de l'année (pendant le troisième trimestre de 1951, les expéditions ne furent que de 30.000 tonnes contre 70.000 tonnes l'année précédente) paraît vraisemblablement résulter des importations accrues des marchés européens. D'un autre côté, par suite de la position de la balance commerciale avec l'Argentine, les autorités suédoises refusèrent, après la fin d'avril, de renouveler les licences d'exportation de pâte vers ce pays, et les ventes furent calmes jusqu'à ce que fût adopté, vers la mi-décembre, un plan permettant d'égaliser le coût des exportations et des importations.

Finlande. Les exportations de pâte en 1951 dépassèrent sensiblement celles de l'année précédente; le volume total fut de 982.000 tonnes de pâte chimique contre 886.000 tonnes en 1950. et 210.000 tonnes de pâte mécanique contre 177.000 tonnes l'année précédente.

Au moment où nous écrivons, nous n'avons encore aucune information précise sur la répartition des exportations de la Finlande en 1951. D'après les statistiques britanniques d'importation, le tonnage de pâte mécanique finlandaise importée au Royaume-Uni pendant les dix premiers mois de 1951 a été de 37 pour cent plus élevé que celui de la période correspondante de l'an née précédente, et seulement un peu inférieur au total des importations de 1950 qui était de 103.000 tonnes. Les importations de pâte chimique furent de 24 pour cent supérieures à celles de la période correspondante de l'année précédente, soit 300.000 tonnes, et très proches du montant total des importations de l'ensemble de l'année 1950, qui était de 322.000 tonnes. Les expéditions de pâte finlandaise vers les Etats-Unis ne furent pas affectées par l'introduction des prix plafonds, et, suivant les prévisions, les exportations de pâte chimique devaient atteindre environ 175.000 tonnes pour l'année contre environ 170.000 tonnes en 1950.

Norvège. Les exportations de pâte pendant le premier semestre de 1951 semblent n'avoir atteint qu'un niveau légèrement inférieur à celui de l'année précédente. A la fin de juin, les exportations de pâte chimique atteignaient 122.000 tonnes et la pâte mécanique 150.000 tonnes, contre 123.000 tonnes et 157.000 tonnes respectivement pendant la même période de 1950.

République fédérale allemande. Dans une certaine mesure, la République fédérale put accroître ses exportations; pendant les 6 premiers mois de l'année, les expéditions de toutes qualités de pâtes dépassèrent 49.000 tonnes, contre 26.000 tonnes un an auparavant. Cette tendance persista plus tard dans l'année, et, pendant la période de janvier à octobre, la moyenne mensuelle des exportations fut de 5.500 tonnes contre 4.700 tonnes en 1950.

Autriche. Les exportations de pâte chimique pendant le premier semestre de 1951 furent d'environ 52.000 tonnes, un peu moins qu'en 1950.

Importations

Les importations européennes de pâte pendant les 6 premiers mois de 1951, semblent avoir été plus importantes qu'un an auparavant, en dépit du fait que l'Allemagne et l'Italie en reçurent une quantité moindre. Plus tard dans l'année, les importations de la République fédérale allemande s'accrurent considérablement.

Royaume-Uni. L'importateur le plus important en Europe, le Royaume-Uni, accrut considérablement ses importations de toutes les qualités de pâte. Les totaux pour la période de janvier à novembre 1951, chiffrent des importations de pâte chimique à environ 922.000 tonnes, contre environ 784.000 tonnes pendant les mêmes mois de 1950, (948.000 tonnes pour l'année entière); pour la même période, les importations de pâte mécanique dépassèrent 462.000 tonnes contre environ 416.000 tonnes un an auparavant, et 506.000 tonnes pour l'ensemble de 1950. La masse des importations de pâte chimique en 1951 provenait, comme auparavant, de Suède et de Finlande. Tandis qu'en 1950 les arrivages de Suède étaient considérablement supérieurs à ceux de Finlande, la position se trouva renversée l'an passé. Les importations en provenance du Canada s'élevèrent d'environ 72.000 tonnes pour 11 mois de 1950 à environ 125.000 tonnes pour 1951; de faibles quantités seulement de pâte chimique vinrent des Etats-Unis.

La Norvège fut encore le fournisseur de pâte mécanique le plus important du Royaume-Uni, mais la quantité de pâte mécanique de bois non séché importée de janvier à novembre 1951 presque 165.000 tonnes) fut un peu moins importante que les importations provenant de cette même source un an auparavant. Les importations en provenance de la Suède et de la Finlande augmentèrent, et les arrivages de pâte mécanique humide en provenance du Canada, quoique d'importance moindre en volume absolu, furent, avec 35.000 tonnes, plus que quadruplés par rapport à 1950.

Italie. Il y eut une diminution marquée des importations de pâte chimique et mécanique en Italie en 1951. Pendant le premier semestre, les importations de pâte chimique furent d'environ 74.000 tonnes, moins d'un quart de celles de l'année précédente, et les importations de pâte mécanique étaient tombées d'environ 25.000 tonnes à 9.000 tonnes. Pendant les trois premiers trimestres de l'année, les importations de pâte mécanique n'atteignirent que 58 pour cent du niveau de 1950, quoique les arrivages de pâte à papier fussent très voisins des chiffres de l'année précédente, et que les importations de pâte pour la rayonne fussent en augmentation. Des estimations préliminaires pour 1951 font ressortir une diminution de 15 pour cent des importations de toutes les pâtes à papier, à la fois mécaniques et chimiques, et une augmentation de 43 pour cent des arrivages de pâte textile.

France. Les importations de pâtes chimique et mécanique s'accrurent considérablement pendant le premier semestre de 1951. Par contre, les importations de pâte en Allemagne diminuèrent légèrement. Elles augmentèrent plus tard dans l'année, et les importations de cellulose de papier pendant les dix premiers mois soit 167.000 tonnes étaient déjà très proches du total des importations de la même qualité de pâte pendant l'ensemble de l'année 1950.

Prix

Pendant la première partie de l'année 1951, la tendance à la hausse des prix de la pâte se poursuivit, et des prix extrêmement élevés pour certains lots spéciaux de pâte de Scandinavie purent être obtenus sur certains marchés. Toutefois, depuis le second trimestre de l'année, on a pu noter une certaine stabilisation, et les occasions disparurent de citer des prix invraisemblablement élevés. Ce niveau, qui persista sur les marchés d'exportation pour la pâte suédoise (à l'exception des Etats-Unis) pendant les deux derniers trimestres de 1951, fut environ 2,5 à 3 fois plus élevé qu'au début de la guerre de Corée.

D'après les chiffres officiels suédois, la moyenne du prix des exportations pour toutes les pâtes suédoises a montré les tendances suivantes (indices 1949=100)

1950

1er trimestre

100

2ème trimestre

109

3ème trimestre

121

4ème trimestre

159

1951

1er trimestre

198

2ème trimestre

303

3ème trimestre

329

4ème trimestre

329

Il est intéressant de comparer ces chiffres avec la valeur de l'indice unitaire pour la pâte mécanique et la cellulose sèche exportées de Finlande (indices 1935=100), telle qu'elle a été donnée par la Banque de Finlande:


Pâte mécanique

Cellulose sèche

Année entière 1949

1.249

1.144

Année entière 1950

1.386

1.355

1950: janvier-octobre

1.324

1.282

1951: janvier-mai

2.618

2.794

1951: janvier-juillet

2.837

3.034

1951: janvier-octobre

3.124

3.593

En décembre 1951, l'indice moyen des prix d'exportation de pâte chimique finlandaise était monté à 4.869 (1935=100). A la même époque, l'indice correspondant pour le contreplaqué n'était que de 1.947, celui des sciages 2.947, et les indices des prix d'exportation du papier et des grumes, 3.261 et 4.102 respectivement.

Dans ces conditions, le bénéfice des ventes de pâte d'exportation était manifestement d'une grande importance pour l'économie des trois pays septentrionaux, et des droits d'exportation spéciaux avaient été introduits en Finlande, en Suède et en Norvège. La nature et le montant de ces droits varient énormément d'un pays à l'autre, mais d'une manière générale, il y a une échelle mobile d'après les prix. En Norvège, par exemple, les droits sur les prix d'exportation de septembre 1951 furent presque de 25 pour cent pour les pâtes mécaniques, de 33½ pour cent pour les pâtes au bisulfite blanchies et 30½ pour cent sur les pâtes de rayonne. Les droits d'exportation étaient beaucoup moins sévères en Suède et en Finlande.

Dans les pays importateurs, la tendance des prix des pâtes d'origine étrangère fut, naturellement, influencée presqu'uniquement par l'évolution de la situation en Scandinavie, car il ne provenait des sources non-européennes que des quantités relativement peu importantes de pâte. En France, par exemple, la moyenne des prix pour toutes les pâtes au bisulfite écrues importées fut, en août 1951 de 229 pour cent environ plus élévée qu'un an auparavant, et 84 pour cent, plus élevée qu'en janvier 1951. Le prix de tous les krafts écrus importés avait à la même date, augmenté de presque 265 pour cent pendant la période des douze mois précédents, et de 103 pour cent depuis le début de l'année. Pour les prix des pâtes chimiques importées, les hausses furent d'environ 170 et 87 pour cent respectivement.

L'important écart des prix de la pâte sur les différents marchés pendant la dernière partie de l'année est illustré par le fait que les cotations de la pâte scandinave sur les marchés européens, y compris ceux du Royaume-Uni, furent d'au moins 25 à 30, ou même 3,5 pour cent, plus élevées que les prix plafonds fixés aux Etats-Units pour la pâte européenne. D'un autre côté, les prix plafonds d'importation aux Etats-Unis furent encore de 50 à 60 pour cent au-dessus des prix maxima de la pâte produite dans ce pays. En conséquence, il y eut encore un écart considérable en Europe entre les prix des pâtes importées de Scandinavie et les prix des pâtes provenant des Etats-Unis et du Canada.

Dans tous les principaux pays européens exportateurs de pâte, les prix du bois! de papeterie accusèrent une augmentation très substantielle pendant les derniers mois de 1951. Comme la demande de pâte demeurait ferme vers la fin de l'année, aucune baisse immédiate des prix n'était en perspective. Quelques prix furent fixés à un taux légèrement plus élevé, mais dans l'ensemble, les prix de la Suède et de la Norvège pour les exportations vers le Royaume-Uni, pendant le premier trimestre de 1952, restèrent à leur niveau précédent. Toutefois on a signalé que les exportateurs finlandais diminuèrent, au début de février, le prix de la pâte mécanique écrue vendue au Royaume-Uni, de telle sorte que la différence qui existait primitivement entre les prix de la Finlande et de la Suède, pour ce produit particulier, et sur ce marché, disparut.

Prévisions pour l'Europe

Une certaine augmentation de la capacité de production doit devenir effective dans différentes parties de l'Europe en 1952 et pendant les années suivantes.

Un des programmes qui doit vraisemblablement être un des premiers appliqués est celui de l'expansion de l'industrie française de la pâte. On pense généralement que la capacité de production théorique de cette industrie doit, à la fin de 1952, être voisine de 790.000 tonnes, contre 619.000 tonnes en 1951. Dans l'ensemble de cet accroissement, la fabrication de la pâte à base de paille doit compter pour environ 51.000 tonnes, et la fabrication de la pâte à partir d'essences feuillues pour 79.000 tonnes.

Les rapports mentionnent des projets précis pour la construction en Finlande d'une nouvelle usine produisant annuellement 30.000 tonnes de pâte mécanique, et pour l'agrandissement d'une usine en Suède dont la nouvelle capacité annuelle doit être de 40.000 tonnes de pâte au sulfate, mais on ne pense pas que ces usines puissent fonctionner avant 1953. Dans la République fédérale allemande, une nouvelle usine, d'une capacité annuelle de 48.000 tonnes de pâte au sulfate et de 12.000 tonnes de pâte mi-chimique, est en projet. Ce sera la première usine de pâte au sulfate de ce pays et elle doit pouvoir satisfaire environ 40 pour cent des demandes pour cette qualité de pâte. On estime qu'un tiers des besoins de bois de cette nouvelle usine pourront être couverts par du bois de papeterie du pays et le reste par des déchets.

On signale qu'au Portugal, une nouvelle usine de pâte au sulfate, avec une capacité de production annuelle de 20.000 tonnes, est en construction. Cette production pourra satisfaire à la demande du pays, et laisser annuellement 5.000 tonnes pour l'exportation.

Jusqu'à présent, il est difficile de voir jusqu'à quel point la situation de l'approvisionnement en bois de papeterie de l'Europe en 1952 différera de celle de 1951. Les chiffres concernant les transactions commerciales pendant les 6 premiers mois de 1951 montrent que la Yougoslavie a pu considérablement accroître ses exportations de bois de papeterie vers la République fédérale allemande et l'Autriche et que le marché de vente de bois de papeterie de la Pologne a également été plu. actif qu'un an auparavant. La Yougoslavie, qui est le plus important fournisseur de bois de papeterie de l'Italie, a prorogé son accord commercial avec cette dernière jusqu'en août 1952. Les exportations polonaises de bois de papeterie pourront être affectées par la mise en marche de la grande usine de pâte et de papier, qui est actuellement en construction à Kostezyn, et dont la capacité de production doit être plus importante que l'ensemble de l'industrie de la pâte d'avant-guerre en Pologne.

Les exportations de bois ronds de la Finlande ont été régies par un système de licences depuis janvier 1952, ce qui signifie que la répartition des quantités exportables des bois de papeterie ne sont pas déterminées par les prix mais par des considérations relatives aux devises et à d'autres facteurs, dans le cadre de la politique commerciale officielle. Une des premières conséquences de cet arrangement a été un accord passé avec la Suisse., prévoyant l'achat de bois de papeterie (350.000 stères), qui doivent pratiquement couvrir le total des importations nécessaires à la Suisse en 1952.

Un des principaux facteurs agissant sur la situation de l'approvisionnement en bois de papeterie en 1952 sera encore l'âpreté de la concurrence pour l'achat de bois rond de petites dimensions par les différentes industries intéressées. D'après le Comité du bois de la Commissions économique européenne, il s'est produit vers la fin de 1951 une détente du marché européen du bois de papeterie, marquée par une légère baisse des prix et, par conséquent, une concurrence moins intense entre les acheteurs de bois de papeterie et de bois de mine.

Voici quelques indications quant à d'évolution du marché de la pâte en 1952. Les importations de pâte dans le Royaume-Uni sont régies par un système de licences depuis novembre 1951. D'après des rapports non encore confirmés, les importations des six premiers mois de 1952 seraient soumises à un contingentement réduisant l'ensemble des importations à un niveau inférieur de 7 pour cent à celui du premier semestre de 1951, la réduction quantitative étant estimée à 5 pour cent pour la pâte mécanique et 16 pour cent pour la pâte chimique. Les papeteries du Royaume-Uni devront également obtenir des licences spéciales pour l'utilisation de la pâte, et les contingents varieront suivant les différentes qualités de papier. De nouvelles réductions des contingents de pâte doivent être imposées à partir du début de mars. Ces nouveaux règlements affecteront naturellement les importations en provenance des pays septentrionaux.

Le «programme d'austérité», annoncé par le gouvernement français au début de février 1952, comporte de sévères réductions sur les importations. Bien qu'il soit prévu que les importations de pâte doivent être soumises à un système de licences, on ne voit pas encore nettement dans quelle mesure cette nouvelle politique affectera le volume total des importations de pâte.

La concurrence des pâtes provenant de l'Amérique du Nord sur les marchés européens a été, jusqu'à présent, d'une importance secondaire, étant donné la quantité relativement peu importante disponible ou allouée pour l'exportation, et la pénurie des dollars en Europe. Même si, comme on le croit, les Etats-Unis peuvent, en 1952, libérer pour l'exportation une quantité de pâte dépassant considérablement le tonnage des exportations de l'an passé, il n'est pas certain que la pénurie de dollars permette à cette pâte, en dépit de son prix inférieur, d'entrer en concurrence avec les produits de la Scandinavie sur les marchés d'importations européens. D'un autre côté, l'accroissement des exportations de pâte d'Amérique du Nord vers l'Amérique latine et quelques autres marchés non-européens, pourrait affecter les exportations de l'Europe septentrionale.

Au début de 1952, apparurent des indices d'une hésitation croissante à accepter les prix d'exportation de la Scandinavie, qui avaient subis une hausse par suite des taxes à l'exportation. Le Royaume-Uni et la France ont réduit de 20 pour cent les prix plafonds de la pulpe importée en provenance de tous pays, les Etats-Unis et le Canada exceptés: au Royaume-Uni, les nouveaux prix ont été applicables aux contrats passés après le 11 février, en France, aux contrats passés à partir du 1er avril. A compter de la même date, la France a levé les restrictions d'ordre quantitatif, de sorte que les importations de pâte de bois sont pratiquement libres.

Il est possible que les mesures prises par la France et le Royaume-Uni soient suivies par d'autres pays importateurs. Elles ont provoqué une certaine confusion sur le marché européen.


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