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Le travail de la FAO


Sixième session de la conférence de la FAO
Notes sur l'assistance technique
Formation des ouvriers forestiers

Sixième session de la conférence de la FAO

Le jour de l'ouverture de la sixième session de la Conférence de la FAO à Rome, le 19 novembre 1951, le Premier ministre d'Italie, M. de Gasperi, remit officiellement à l'Organisation les nouveaux locaux de son Siège. Ces bâtiments représentent actuellement la réalisation concrète de béton1 et de marbre de la décision formelle prise à la dernière session régulière de la Conférence de transférer le siège des activités de la FAO de Washington à Rome.

1 Le texte anglais comporte un jeu de mots sur concrète qui T'eut signifier «concret» ou «béton» - jeu de mots intraduisible en français (Note du traducteur).

La simple tâche matérielle de transférer par-delà l'océan un important secrétariat international, avec son personnel civil et ses archives mit le Directeur général en face dé vastes problèmes. Des tempêtes sur mer, un des navires transportant le personnel et une partie des biens de la FAO en difficulté, ne sont qu'un aspect des ennuis encourus. Inévitablement, ce déménagement entraîna une sérieuse désorganisation du travail du secrétariat et des retards imprévus affectèrent le recrutement du personnel, l'adaptation à une atmosphère nouvelle, et le rétablissement d'un rythme régulier de travail. Au moment où se réunit la Conférence de la FAO, la plus mauvaise période était passée, et les délégués purent s'adonner, dans de spacieux locaux, à l'étude du programme qui les attendait.

Au cours de cette session de trois semaines, la Conférence admit quatre pays comme Membre de la FAO: l'Argentine, le Japon, le Népâl et le Laos. Ces décisions portent le nombre des membres actifs à 66 nations, la Chine et les pays d'Europe Orientale ne s'étant pas retirés de l'Organisation. La Conférence eut la tâche, pleine de mélancolie, de faire ses adieux à Lord Bruce de Melbourne, Président indépendant du Conseil de la FAO. Son intérêt inlassable et l'esprit vivifiant qu'il apportait à sa direction, ont été vivement appréciés, à la fois par les petites et les grandes nations membres de la FAO, et la Conférence exprima sa profonde gratitude pour les bienfaits que la FAO a retiré de sa longue carrière et des services éminents qu'il a rendu au cours de sa vie publique. La Conférence a procédé à l'élection de M. Josué de Castro (Brésil), comme nouveau Président du Conseil, et a renouvelé le mandat de M. Norris E. Dodd comme Directeur général jusqu'à la fin de la prochaine session régulière de la Conférence en 1953.

Mise en application du programme

L'idée maîtresse des délibérations de la Conférence fut que la FAO, utilisant ce titre pour exprimer les efforts combinés de tous les Etats Membres, devrait maintenant pouvoir manifester des résultats plus positifs. Les Etats Membres dans l'ensemble, n'ont que dans une faible mesure rempli les engagements qu'ils avaient pris en signant la constitution de la FAO, et, à quelques exceptions près, n'ont pas mis en application, avec l'ampleur nécessaire les recommandations qu'eux-mêmes avaient formulées à plusieurs reprises. Aucune grande cause ne peut être servie uniquement par la confession des insuffisances. «C'est là une occasion», dit le Directeur général «de prendre de nouvelles résolutions». C'est une lourde charge que les gouvernements eurent à entreprendre, «mais peut-on douter un seul instant que tout ce qu'ils accompliront suivant la ligne d'action proposée leur sera rapidement d'un grand profit?»

Quelques discours pleins de force furent prononcés par des ministres et différents délégués, puis la Conférence fit appel à tous les Pays Membres et leur demanda de préparer et de mettre en œuvre des programmes de mise en valeur, adaptés à leurs conditions économiques et géographiques, étalés sur les cinq années à venir, et visant à améliorer les conditions d'accroissement des productions alimentaires, agricoles et forestières. Ces programmes comportent un certain nombre d'éléments importants, tels que la mise en valeur des ressources en eaux, la prévision des besoins, les recherches et l'enseignement, mettant les connaissances techniques des pays les plus avancés à la disposition des autres nations et l'élimination des gaspillages évitables au cours de la production, de l'utilisation et de la répartition. La Conférence reconnut que peu d'éléments, si toutefois il en existe, sont plus importants que la diffusion des connaissances, l'éducation et les démonstrations et que ces sphères d'activité doivent faire l'objet d'une plus grande attention de la part des gouvernements et de l'Organisation. Il existe différents autres problèmes connexes dont la FAO doit souligner l'importance - réforme agraire (réforme terrienne) dans le sens le plus large, investissement de capitaux pour la mise en valeur, et émigration. Un certain nombre de ces problèmes intéressant la foresterie ont déjà été examinés par la FAO, et la manière dont ils pourraient être résolus et coordonnés est maintenant à l'étude.

Groupe d'experts forestiers

Telles furent les décisions générales prises par la Conférence concernant la politique d'ensemble. Les aspects de détail de cette politique firent l'objet de discussions techniques, et, en ce qui concerne la foresterie, plusieurs forestiers de haut grade et plusieurs chefs de service étaient présents. En comptant les autres délégués, ayant reçu pour mission de veiller aux intérêts forestiers, il y avait en moyenne 40 membres présents aux réunions du Groupe d'experts forestiers, comité de la Conférence qui, bien que n'ayant pas de statut officiel, prépare des propositions et des décisions qui seront par la suite soumises à la Conférence. Un des actes de la Conférence fut de supprimer les Standing Advisory Committees (Commissions consultatives permanentes) qui avaient été formées dès les débuts de l'Organisation afin d'aider le Directeur général à établir un programme équilibré pour les travaux de la FAO. Dans ce domaine elles sont maintenant largement remplacées par les conseils techniques, pour la foresterie, par le Groupe d'experts forestiers.

Les délégués élurent M. Lyle Watts, Chef du Service forestier des Etats-Unis, comme président du conseil, et M. M.D. Chaturvedi, Inspecteur général des forêts de l'Inde, fut nommé rapporteur. Pour la rubrique spéciale, Principes de politique forestière, qui est intégralement reproduite aux pages 2 et 3, M. O.J. Sangar, Directeur des Forêts d'Angleterre, fut choisi comme rapporteur. Le Groupe d'experts forestiers passa en revue l'ensemble des travaux de la FAO dans le domaine forestier au cours de l'année précédente, et approuva en principe les propositions du Directeur général concernant le programme à long terme. Il exprima sa confiance dans la manière dont avait été organisé le programme élargi d'assistance technique pour la foresterie, programme financé séparément, et jugea qu'il devait donner son appui à M. Leloup, Directeur de la Division des Forêts de la FAO, en essayant d'éliminer des activités qui entrent dans le budget normal de la FAO les projets d'urgence moins immédiate même s'ils ont déjà été recommandés à différentes réunions et sont particulièrement chers à quelques-uns des partis intéressés.

Recommandations de la Conférence

La Conférence, en approuvant les décisions du Groupe, décida qu'un quatrième Congrès forestier mondial devrait se tenir en 1954, en un lieu et à une date à fixer par le Conseil de la FAO après consultation avec les gouvernements intéressés. Il estima que le futur Congrès de sylviculture tropicale, dont la réunion avait été demandée par le troisième Congrès forestier mondial, devrait être plutôt incorporé au quatrième Congrès forestier mondial, qui offrirait l'occasion de discussions techniques sur les problèmes particuliers concernant les pays tropicaux.

Le secrétariat reçut la mission de réunir et de publier, à intervalles de 5 ans, toute la documentation existante sur les ressources forestières de tous les pays du monde. Les résultats de la première enquête de ce genre ont été publiés en 1948, de telle sorte que la prochaine publication pourrait normalement être entreprise en 1953. La Conférence autorisa également le Directeur général à constituer, à titre temporaire, une Commission internationale du châtaigner (voir Unasylva, Vol. V, N° 4) et demanda à tous les Etats Membres d'organiser annuellement dans leur pays une «Fête mondiale des arbres» afin de faire naître dans l'esprit des masses une juste appréciation de la valeur des forêts. Elle adopta des modèles normalisés de certificats de qualité et d'origine pour les graines d'essences forestières, destinés à établir l'authenticité du matériel, et un modèle de formule d'envoi fut recommandé aux gouvernements, pour l'expédition des échanges internationaux de graines et de plants dans des buts scientifiques.

Une Convention internationale pour la protection des végétaux, ayant pour but de prévenir la propagation des maladies et des parasites des végétaux, et de faciliter la lutte contre ces fléaux, fut signée par les représentants d'un certain nombre de gouvernements.

On discuta longuement des meilleurs modes d'action que pourrait adopter la FAO, en ce qui concerne l'utilisation et la conservation des sols et des eaux et de la manière dont la question des cultures nomades devrait être étudiée, à la fois par les forestiers et par les agriculteurs. Le Programme de travail que le Directeur général proposa dans ce domaine fut approuvé, ainsi que le programme relatif à l'aménagement des pâturages et à la conservation des terres vacantes, qui comprend la création d'une nouvelle section à l'intérieur de la Division des Forêts, et qui doit travailler en liaison étroite avec la Division de l'Agriculture.

Accroissement de la production de pâte à papier

Enfin, la Commission examina une requête adressée à la FAO par le Conseil économique et social des Nations Unies, pour lui demander de contribuer aux efforts soutenus nécessaires pour remédier à la pénurie universelle de papier d'imprimerie et de papier de journal. Le Directeur général de l'UNESCO, M. Torres Bodet, a souligné la gravité de la situation présente, et fait ressortir que la situation s'était notablement aggravée depuis la conférence organisée par la FAO à Montréal, Canada, en 1949, pour l'étude des problèmes mondiaux de la pâte à papier. La Conférence a reconnu que c'est à la FAO qu'incombait la plus grande part des efforts tendant à remédier à la situation présente. Dans une certaine mesure, l'Organisation travaillait déjà dans ce but, mais elle devrait intensifier ses efforts. En conséquence, la Conférence a émis trois recommandations:

(1) que la FAO examine, en consultation avec la Conférence internationale des matières premières et d'autres organismes intergouvernementaux intéressés, la possibilité de développer la production et les moyens de transport du bois à pâte;

(2) que les Etats Membres:

(a) prennent des mesures en vue d'accroître les disponibilités en bois à pâte, notamment par une adaptation de leur politique forestière visant par exemple la plantation d'essences à croissance rapide pour la pâte, et la recherche et l'utilisation de matières premières de complément ou de substitution;

(b) étudient l'opportunité de créer de nouvelles usines de pâte et de papier dans des régions où des ressources permanentes en matières premières (y compris les matières premières nécessaires à la transformation) sont assurées en quantités suffisantes;

(3) que les Etats Membres profitent des facilités accordées au titre du Programme élargi d'assistance technique et adressent des demandes formelles à la FAO pour:

(a) des missions d'exploration qui aideront à choisir les emplacements éventuels de nouvelles usines de pâte et de papier compte tenu des conditions techniques et économiques locales;

(b) des missions qui donneront des conseils pour l'établissement de plans détaillés de telles usines, en tenant compte de la conservation des ressources forestières et de l'établissement des moyens de transport nécessaires;

La Conférence:

Invite le Directeur général à faciliter l'établissement rapide d'accords d'assistance technique à cette occasion et à soumettre des rapports périodiques au Conseil économique et social (ECOSOC) sur les progrès accomplis.

Notes sur l'assistance technique

La première année d'application du Programme élargi d'assistance technique a été marquée par un progrès continu, sinon spectaculaire, dans un certain nombre de pays. Plusieurs difficultés imprévisibles ont surgi, et il s'en faut que toutes aient pu être surmontées. D'un autre côté le travail assidu des experts envoyés en mission par la FAO en différentes parties du globe témoigne de la valeur du programme dans son ensemble.

En ce qui concerne la foresterie, 16 spécialistes ont terminé leur mission, 33 autres sont encore sur le terrain, tandis que différents gouvernements ont adressé à la FAO des demandes d'aide, ce qui pourrait exiger le recrutement par cette organisation de 60 nouveaux experts.

Pendant ce temps, 18 bourses ont été accordées, grâce auxquelles des forestiers de Birmanie, de Ceylan, de l'Inde, d'Indonésie, de l'Iran, de Syrie et du Siam poursuivent des études aux Indes, à Chypre, en différents pays d'Europe et aux Etats-Unis.

Missions accomplies

Ces derniers mois ont été marqués par l'achèvement de plusieurs missions forestières, qui figuraient parmi les premiers projets mis à exécution. J. Messines (France) a présenté son rapport sur la fixation des dunes de sable en Libye. Au Pakistan, les missions de A. Rule (Royaume-Uni) pour l'exploitation, de F. Cermak (France) pour le sciage et de G. M. Hocking (E.U.A.) pour les plantes médicinales, sont terminées et les derniers rapports ont été soumis au Siège de la FAO. Le rapport final de J. A. Von Mouroy (Autriche), qui a passé plusieurs mois en Birmanie, a été envoyé au gouvernement de ce pays; il y recommande la création de trois combinats, et son rapport a servi pour l'établissement d'un programme qui couvrira les quatre prochaines années. C. E. Simmons (Royaume-Uni) a accompli une mission d'un an au Honduras, et A. D. Décamps (France) une tournée semblable à Ceylan. M. Von Bottenburg, Conseiller Forestier en Colombie, G. Becker (Allemagne), entomologiste, M. Rocher (France), spécialiste de la conservation au (Guatemala et P. Allouard (France), expert industriel au Mexique, ont terminé leur missions. A. N. Barker (Royaume-Uni) et C. Letourneux (France), viennent de rentrer après une année de service en Thaïlande. F. F. Kollman (Allemagne) a terminé sa mission dans l'Inde. Les rapports de la Banque internationale ont publié les comptes-rendus des missions forestières en Bolivie, Uruguay et Surinam, auxquelles plusieurs techniciens forestiers de la FAO ont pris part.

Nouveaux accords

Des missions ou des experts isolés travaillent actuellement dans les pays suivants: Autriche, Brésil, Birmanie Ceylan, Chili, Ethiopie, Guatémala, Haïti, Inde, Iran, Mexique, Pakistan Paraguay, Siam, Thaïlande et Yougoslavie.

Depuis qu'ont paru dans Unasylva les dernières notes concernant l'assistance technique, un groupe de spécialistes a été envoyé en Yougoslavie: C. W. Scott (Royaume-Uni), conseiller technique, qui doit aider à organiser et équiper l'Institut du bois de Zagreb; C. Syrach Larsen (Danemark), qui doit donner des directives concernant le travail de la Division des semences et de la génétique de l'Institut de recherches forestières de Belgrade; H. Leibundgut (Suisse) pour l'aménagement forestier; A. Dugelay (France), pour la conservation du sol et la restauration des zones déboisées; J. Pourtet (France), conseiller technique pour le choix des essences à croissance rapide pour l'application des programmes de reboisement; F. Bender (Canada), spécialiste de l'utilisation du bois et des déchets; et J. S. Bethel (Etats-Unis), conseiller chargé de la modernisation de l'industrie du contreplaqué.

La FAO a envoyé deux experts au Paraguay - E. Saari (Finlande), conseiller pour les questions de politique forestière, législation et organisation des ressources forestières, et J. J. French (Etats-Unis) qui doit recenser les possibilités d'accroissement de la production du bois.

Cours de techniques statistiques

En septembre dernier, une série de cours de statistiques a été organisée à Helsinski, sous l'égide du gouvernement finlandais, de la FAO, des Nations Unies de l'Office international du Travail et de la Commission économique pour l'Europe. Une série de conférences sur les statistiques forestières fut donnée, dont voici le programme:

Statistiques de l'exploitation forestière -E. Saari.
Statistiques des entreprises forestières et leurs relations avec les statistiques des entreprises agricoles - N. A. Osara.
Statistiques concernant l'utilisation du bois - V. Pöntynen.
Statistiques des prix du bois - Paavo Harve.
Statistiques des salaires des ouvriers du bois - L. Heikinheims.

Centre d'étude méditerranéen

I. T. Haig (FAO) a fait deux conférences sur la mise en valeur et l'estimation des forêts, à un Centre d'étude méditerranéen, organisé par la FAO et certains autres organismes des Nations Unies, à Ankara, Turquie, en décembre 1351. Il traita de la préparation méthodique des programmes de mise en valeur, illustrant son sujet d'exemples tirés de sa propre expérience, au cours de l'application d'un de ces programmes au Chili.

Centre de formation d'Extrême-Orient

Le gouvernement des Philippines a admis le principe de l'organisation sur son territoire d'un Centre de formation technique pour l'exploitation mécanique en Extrême-Orient; on étudie actuellement les détails de l'accord, et divers gouvernements sont invités a y participer. M. H.G. Keith (Canada), qui vient récemment de prendre sa retraite comme conservateur des forêts dans le Nord de Bornéo, sera l'un des directeurs de ce centre. Après avoir visité différentes fabriques canadiennes d'outillage, il est arrivé à Manille pour commencer à organiser activement les cours de formation.

Brésil

R. Gachot (France) qui, avec K. McGrath (Australie), a fait des voyages d'étude au Brésil dans la région de l'Amazone, rapporte que les scieries y sont très nombreuses, mais reçoivent la plus grande partie de leur bois du bassin supérieur de l'Amazone par flottage. Ces usines ne possèdent qu'un matériel périmé et manquent d'ouvriers qualifiés; leur production réelle est inférieure à leur capacité de production théorique et aucune ne fournit plus de 2.000 m³ de sciage par an. Cependant, les hautes vallées de montagne ont besoin de bois scié pour la construction, mais les frais de transport pour ramener ce bois depuis les scieries existantes sont beaucoup trop élevés; il serait urgent de créer dans ce pays de nouvelles scieries de faible importance.

N. M. Gallant (Royaume-Uni) s'est récemment joint aux experts de l'assistance technique pour étudier les problèmes commerciaux.

Ethiopie

E. H. Swain (Australie), expert de la FAO en Ethiopie, écrit: «Le Ministre de l'Agriculture et des Forêts m'a demandé de servir de guide a Sa Majesté Impériale dans le stand forestier de la grande exposition (un arbre d'abondance déversant sur les comptoirs environnants tous les prouduits des forêts, depuis le charbon de bois jusqu'aux alcools). Comme je m'excusais des imperfections d'une foresterie naissante, qui venait tout juste de voir le jour en Ethiopie, - S.M.I. répliqua qu'elle était sûre que ce service naissant se développerait et atteindrait la perfection.»

Haïti

«Un des faits dont j'ai été témoin au cours de ma mission mérite peut-être d'être raconté», rapporte V. L. Burns, expert forestier de la FAO à Haïti. «Un paysan fut trouvé en train de couper la forêt sur un versant rapide. Le fonctionnaire avec lequel je voyageais s'arrêta pour lui dire qu'il était interdit de couper des arbres sur une pente aussi rapide et que, de plus, l'acajou et le pin étaient des essences protégées et qu'on ne pouvait abattre sans autorisation. L'homme fit remarquer qu'il n'y avait aucune de ces essences sur ses terres. Après examen, nous fûmes satisfaits. Afin de me faire une opinion, je me mis à parler avec ce fonctionnaire de l'évolution des associations. Dans cette région, l'acajou est une essence climatique, et ce que ce paysan coupait était en réalité un stade transitoire. Par habitude, nous parlions en langue créole, et le paysan écoutait. Ceci se passait au mois d'août. Je revins en octobre, et m'arrêtais pour parler à nouveau avec ce paysan. Il me montra avec orgueil de jeunes plantes d'acajou et de tavernau (Lysiloma latisiliqua) qu'il avait plantées à cet endroit. «Dans quel but avez-vous fait celà?» demandais-je. «Eh bien», répondit-il, «je n'ai pas compris ce que vous disiez, mais cela semblait important, aussi j'ai replanté ces arbres». Ce fait me frappa, aussi lui conseillais-je de créer une petite pépinière, et il est maintenant un adepte convaincu de la foresterie.»

Cours de classement de bois d'Extrême-Orient

L'extension du commerce du bois, tant sur le marché intérieur que sur le marché d'exportation, contribue à favoriser la prospérité économique des pays d'Extrême-Orient. Le manque de précision dans l'identification des bois, et la diversité des pratiques en usage pour le classement de qualité, se sont avéré un obstacle dans le passé. La conférence régionale technique pour la normalisation du Bois qui s'est tenue à Dalat en 1950, et plus tard, la session inaugurale dé la Commission forestière de la FAO pour l'Asie et le Pacifique, ont suggéré l'organisation d'un cours de classement des bois, qui pourrait utilement aider à surmonter ces obstacles. A la suite de cette motion, la Fédération de Malaisie, avec l'approbation du Royaume-Uni, accueillit le cours de classement des bois d'Extrême-Orient, organisé sous l'égide de la FAO, et qui se termina à Singapour le 23 février 1952. Cette série de cours débuta à l'Institut de recherches forestières de Kuala Lumpur le 8 janvier, et se poursuivit à Singapour le 16 février. Dix-neuf représentants de sept pays différents y participèrent. Les sujets traités comprenaient les défauts du bois et leur terminologie, la théorie et les moyens pratiques de classer les grumes et le bois d'œuvre, une documentation sur les bois propres à l'exportation, et des travaux pratiques d'identification et de classement des bois. Tous les participants manifestèrent un vif intérêt, ainsi qu'en témoigne le résultat des examens qui eurent lieu à la fin des cours. Les communications reçues à la Division forestière depuis la fin des cours montrent que quelques-uns des élèves appliquent déjà leurs connaissances nouvellement acquises dans leur propre pays, au cours de leur travail professionnel.

Voyage d'étude sur l'eucalyptus

Plusieurs pays s'intéressent de plus en plus aux essences à croissance rapide, afin d'augmenter leurs ressources en combustible et en bois de papeterie. Certaines espèces d'eucalyptus, déjà très répandues dans plusieurs régions, offrent de grandes possibilités de développement économique dans ces deux domaines. Le choix des quelques espèces actuellement utilisées a été fait d'une manière empirique, plutôt que d'après des bases scientifiques. Un rendement plus élevé peut être obtenu par l'emploi d'espèces ou de races mieux adaptées aux conditions édaphiques et climatiques locales.

La sixième session de la Conférence de la FAO, se rendant compte qu'il pourrait être extrêmement utile aux forestiers de pouvoir étudier l'eucalyptus en Australie, dans ses stations nombreuses et variées, approuva l'organisation d'un voyage d'étude dans ce pays, sous l'égide du Programme élargi d'assistance technique. Le Gouvernement d'Australie a consenti à accueillir ce voyage d'étude, qui partira de Sydney vers le 1er septembre 1952. Les pays intéressés sont invités à envoyer soit de hauts fonctionnaires de leur Service forestier, soit des techniciens appartenant à des entreprises commerciales, chargés d'appliquer des programmes de reboisement ou de recherches. Le but principal de cette tournée d'étude est de montrer les essences australiennes dans leur stations naturelles, et de permettre aux membres participants d'obtenir des informations de première main sur leurs possibilités. Ce voyage comportera des études, des conférences, et des visites à des Instituts de recherches et à des usines, et devrait donner aux participants l'occasion de se familiariser avec la répartition des essences, les facteurs écologiques, climatiques et édaphiques correspondants, la vitesse de croissance, la régénération naturelle et artificielle, le traitement cultural des plantations et les différents modes d'utilisation, y compris les méthodes de sciage, de séchage et de fabrication de la pâte.

Formation des ouvriers forestiers

Techniques d'exploitation et formation des ouvriers forestiers

Lors de sa septième session, le Comité du bois de la CEE a recommandé d'étudier les divers aspects de la productivité en sylviculture; cette étude a été confiée à la Commission européenne des forêts et produits forestiers, instituée par la FAO. A sa quatrième session, tenue à Rome en octobre 1951, la Commission a créé un Comité pilote des techniques d'exploitation et de la formation des ouvriers forestiers.

Ce Comité s'est réuni pour la première fois à Genève, du 25 au 29 mars 1952. L'Allemagne, l'Autriche la Finlande, la France, l'Italie, lé Royaume-Uni, la Suède et la Suisse y étaient représentés. De leur côté l'ONU, la CEE, le BIT et l'Union internationale des organisations de recherche forestière (UIORF) y avaient envoyé des observateurs. Les délégués ont assisté à une conférence de M. Hans Winkelmann (Suisse), sur la formation des ouvriers forestiers, ainsi qu'à la projection de films et de diapositives fournis par un certain nombre de pays ayant trait aux problèmes en discussion. D'autre part, invités par l'Office central forestier de Suisse, les membres du Comité ont visité un camp d'entraînement pour ouvriers forestiers à Bulle, dans le canton de Fribourg.

Programme de travail initial

Le Comité pilote a estimé qu'il fallait commencer par étudier les travaux passés et actuels, effectués par les Etats Membres, sur la rationalisation du forestage. Le programme initial de travail du Comité devrait se limiter aux questions suivantes:

1) Méthodes de travail

Le Comité a estimé que la comparaison sur le plan international de la productivité des opérations forestières permettrait de dégager les perfectionnements éventuels intervenus dans la technique, à la condition de trouver une base de comparabilité. Il a décidé de choisir, aux fins de cette comparaison, les emplacements types d'exploitations, et l'on a posé les conditions que ces derniers devraient réunir.

Le Comité a conclu également à la nécessité de mesurer le rendement standard de l'ouvrier forestier; un groupe de travail restreint a été créé pour étudier cette question.

Le Comité a estimé qu'il fallait comparer, sur le plan international, les barêmes de rendement en vigueur dans certains pays; le Secrétariat a été invité à se procurer les renseignements nécessaires auprès des Etats Membres, pour effectuer cette comparaison.

2) Mécanisation des opérations

Le Comité a décidé d'entreprendre une étude sur l'expérience acquise dans la mécanisation des opérations forestières, et particulièrement en ce qui concerne les scies et le matériel de chargement. Le délégué de la Suède a proposé de confier l'étude préliminaire de l'utilisation des scies mécaniques à une institution suédoise sous réserve de l'accord des autorités intéressées; l'étude sur la motorisation du chargement sera effectué par une institution finlandaise.

Le Comité a examiné la question de l'équipement des tracteurs, et des conditions qu'ils doivent réunir en sylviculture; il a dressé, à ce sujet, une liste qui devait être communiquée aux délégués pour examen et modification éventuelle. Le Comité a renvoyé l'examen du Répertoire des tracteurs (1951), publié par la FAO, à sa prochaine réunion, de façon à pouvoir prendre connaissance au préalable des modifications, le cas échéant.

Comme il est essentiel de fixer des critères pour les essais, le Comité a chargé le Secrétariat de constituer une documentation sur les essais des tracteurs et de l'équipement forestiers.

3) Formation des ouvriers forestiers

Le Comité a approuvé, en principe, le projet présenté par le Bureau international du Travail, pour l'étude de la formation des ouvriers forestiers et a prié le BIT d'entreprendre cette étude.


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