Page précédente Table des matières Page suivante


Le travail de la FAO


Conférence forestière du Proche - Orient
Activités de l'assistance technique
Techniques d'exploitation et formation pratique des ouvriers forestiers
Centre de formation pour l'exploitation mécanique d'Extrême-Orient aux Philippines

Conférence forestière du Proche - Orient

Des délégations d'Iraq, de Jordanie, du Liban, de Syrie, de France d'Italie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis d'Amérique ont pris part à la Conférence forestière du Proche-Orient à Amman, du 13 au 20 décembre 1952. Le Directeur général de la FAO réunit cette Conférence après que le gouvernement du Royaume Hashemite de Jordanie eût généreusement offert son hospitalité.

Dès observateurs délégués par l'United Nations Relief and Works Agency et la Commission internationale du peuplier y assistaient. Des messages exprimant leurs regrets de ne pouvoir envoyer de représentants, et leur sympathie pour les buts poursuivis par la Conférence, furent envoyés par l'Afghanistan, l'Egypte, l'Iran et le Pakistan. Plusieurs fonctionnaires de l'Assistance technique de la FAO, en mission dans la région, assistèrent aux délibérations.

Parlant au nom du Directeur général à l'ouverture de la Conférence, M Marcel Leloup, Directeur de la Division forestière de la FAO dit que l'éveil du «sens forestier» dans les pays du Proche-Orient, dû en grande partie à l'initiative personnelle de précurseurs, dont il était heureux de voir un certain nombre dans l'assistance, avait permis de réunir la présente conférence. Le temps n'était pas encore venu, pensait-il, de voir ce qui pourrait être accompli en mettant en commun l'expérience des différents pays de la région, grâce à la coordination des efforts entre les différentes nations, et en utilisant au maximum l'aide offerte par la FAO pour établir une saine politique forestière. Il était inutile de déguiser le fait que, de toutes les régions du globe; le Proche-Orient était celle qui aurait à faire face aux problèmes les plus graves et les plus difficiles à résoudre. La foresterie, a-t-il dit, s'est heurtée à des coutumes invétérées et à l'incompréhension de la part de ceux-là mêmes qui auraient eu le plus à gagner à son succès.

La Conférence fut officiellement ouverte par Son Excellence Sayyid Musa Nasr, Ministre des finances de Jordanie, qui assista également à quelques séances d'étude. En Jordanie, le Ministre des finances est également responsable de l'administration des domaines d'état, y compris les forêts. Dans son discours inaugural, M Musa Nasr exposa sans réticences les causes de la dégradation des forêts de Jordanie et du Proche-Orient en général. En Jordanie, le rythme de la destruction s'est accru d'une manière notable pendant et immédiatement après In première guerre mondiale, époque à laquelle les vastes forêts de chênes, genévriers, pistachiers - et mêmes les oliveraies - ont été exploitées sans ménagement pour fournir du combustible aux chemins de fer du Hedjaz, et du charbon de bois pour les cités voisines. Une des premières mesures prises contre l'exploitation libre des forêts de la rive orientale (autrefois la Transjordanie) a été la promulgation de la loi forestière de 1927, qui plaça tous les bois et forêts, considérés comme propriété de l'état; sous la direction du Ministère de l'agriculture et des forêts. Toutefois, étant donné que l'état ne possédait pas de titres bien définis, de nombreuses contestations surgirent. La mesure suivante, de beaucoup la plus importante, continua le Ministre, fut la définition du droit de propriété dans chacun des villages du pays, ce qui eut pour résultat que toutes les terres incultes et la majeure partie des forêts existantes, furent cadastrées au nom du gouvernement. Afin d'éviter toute discussion future, les limites des forêts domaniales furent clairement bornées et reportées sur les relevés cadastraux.

En 1937, le contrôle et l'administration des forêts de la rive orientale furent confiés au Service des terres, rattaché au Ministère des finances. Finalement, en 1952, un service forestier fut créé et fut chargé des deux rives du Jourdain (la rive occidentale relevait autrefois du Service forestier de Palestine). Le personnel de ce nouveau service comprend actuellement 162 ingénieurs et gardes-forestiers. Sur la rive orientale, une superficie de plus de 200.000 hectares a été enregistrée comme forêt domaniale, et sur la rive occidentale, environ 900 hectares ont déjà été mis en réserve pour la foresterie. Il n'est pas douteux que de nouvelles régions seront mises en réserve au cours des opérations de répartition des terres, qui devront être achevées d'ici douze ans.

En 1949, après qu'un noyau de techniciens ait été formé, le gouvernement accorda des fonds suffisants pour permettre de commencer sur une petite échelle, le boisement des régions dénudées. En 1950, on put entreprendre des opérations de grande envergure par semis direct, méthode qui, d'après les expériences antérieures, était la moins coûteuse et celle ayant le plus de chances de succès. De plus, l'United Nations Relief and Bords Agency avait entrepris, comme mesure d'assistance, le boisement d'environ 2.600 hectares, sous la surveillance du personnel forestier.

Après que le Ministre eut achevé de parler, M. Leloup déclara que les conditions existant dans cette région imposaient aux forestiers des obligations particulières. Ils ne pouvaient se contenter d'adopter uniquement une politique forestière, mais devraient également se préoccuper de la politique des pâturages, et même d'une politique agricole. Il était indispensable d'arriver à intéresser le petit fermier lui-même à la plantation d'arbres d'essences industrielles ainsi qu'à celle d'autres essences, telles que les arbres fruitiers et les arbres fournissant du fourrage, qui se révéleraient très utiles pour lui. Comment amener un fermier à planter un arbre chaque fois que cela pourrait lui être utile? C'était un des problèmes qui demandait la plus grande attention.

M Leloup parla devant une audience comprenant un grand nombre de fonctionnaires, de techniciens et de simples citoyens, dont les sentiments furent exprimés par M Fahran Shibalat, maire d'Amman, dans son allocution de bienvenue aux membres de la Conférence, accompagnée de souhaits pour la pleine réussite de leurs efforts.

TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE

Avant d'aborder l'étude de l'ordre du jour, la Conférence procéda à l'élection de A. H. Hiloue, Directeur des Forêts de Syrie, comme Président Y, es Salti, Directeur adjoint des forêts de Jordanie, et A. Berjaoui, Chef du Service de protection des forêts du Liban, comme Vice-Présidents, et nomma comme rapporteur H. Kittani, Directeur général adjoint des forêts de l'Iraq. Les principales décisions prises par la Conférence sont les suivantes:

Politique forestière et conservation

La Conférence recommanda aux gouvernements de prendre des mesures, parmi lesquelles l'utilisation des levés aériens pour hâter la mise en réserve, la delimitation et l'inventaire des forêts nationales, le règlement des contestations en matières de titres de propriétés, et la codification des droits et usages ab antiquo concernant les forêts. Les gouvernements doivent donner tout leur appui à la foresterie pour l'élaboration des programmes d'utilisation des terres, afin que le rôle de la foresterie ne soit pas subordonné aux besoins de l'agriculture et de l'élevage, mais maintenu à la place qui lui revient parmi les autres formes d'utilisation du sol. La fonction primordiale de chaque réserve forestière devrait être définie. La Conférence affirma la nécessité de doter chaque service forestier de pouvoirs suffisants, pourvus de bases légales, pour la protection et la mise en valeur des forêts domaniales de chaque pays.

Elle suggéra que toutes les formes de pacage incompatibles avec une sylviculture bien comprise soient interdites dans les forêts aménagées, principalement dans un but de protection ou de production. Dans les forêts où le pacage était considéré comme la forme d'utilisation du sol la plus économique et la plus satisfaisante, on devrait tout particulièrement réglementer l'intensité du pacage et enrichir les terrains de pâture forestiers par un aménagement scientifique de ces terrains et l'introduction d'espèces fourragères de qualité supérieure. Des compensations suffisantes ou un autre moyen d'existence doivent être accordés aux collectivités touchées par la restriction ou l'interdiction du pacage en forêt. L'introduction de races améliorées, l'application généralisée des méthodes d'engraissement du bétail à l'étable, et l'intensification de la culture fourragère furent préconisées. Une collaboration plus étroite devrait être établie entre tous les services intéressés à cette question, en particulier les services responsables de l'agriculture, de l'élevage et de la foresterie.

Finalement, la Conférence recommanda aux gouvernements de donner toute leur attention à l'accroissement et à la formation technique du personnel de leurs services forestiers.

Boisement et reboisement

La Conférence enregistra nombre de programmes de boisement intéressants, déjà exécutés dans les divers pays de la région. Il faudrait échanger entre pays les résultats de l'expérience déjà acquise, ou en voie d'être acquise.

Etant donné la dispersion des forêts naturelles, et, d'une manière générale, la rareté des bois de toute nature, les gouvernements devraient encourager par tous les moyens possibles la plantation sur les terres communales ou privées d'essences à croissance rapide, des peupliers ou des eucalyptus par exemple. On demanda à la Commission internationale du peuplier de fixer dans le Proche-Orient le lieu d'une de ses prochaines réunions.

D'autres recommandations portèrent sur le certificat de qualité et d'origine des graines, sur l'échange de matériel botanique en vue de recherches, et sur les conseils donnés par la FAO concernant les meilleures méthodes de récolte et de stockage des graines.

Propagande forestière et éducation du public

Afin qu'une publicité efficace soit donnée aux efforts des différents pays pour développer la notion de l'intérêt des forêts et de la foresterie, on conseilla aux gouvernements d'inculquer une «conscience de l'arbre» aux enfants de tous âges, par l'intermédiaire des professeurs, et de faire naître un mouvement d'opinion favorable par l'intermédiaire de personnages influents appartenant à la politique et à l'administration et de dirigeants communaux dont les avis sont généralement recherchés et suivis par les villageois. Etant donné que le travail forestier ne peut réussir sans l'appui populaire, les fonds consacrés à la publicité pour la foresterie et l'éducation des masses n'ont pas été gaspillés. L'intérêt du publie devrait être stimulé en lui présentant des «étalages» sous forme de démonstration pratique de plantation d'arbres, éclaircies et autres pratiques approuvées.

On demanda à la FAO de patronner, en liaison avec les services forestiers des pays arabes, la traduction et la publication d'une terminologie forestière simple, en Arabe, comportant la définition des termes techniques.

Produits forestiers et industries du bois

De grands efforts sont accomplis dans la région pour accroître la production forestière future par l'introduction d'un aménagement forestier systématique. La Conférence recommanda instamment aux gouvernements de poursuivre ces efforts. On reconnut que l'utilisation des produits forestiers pourrait beaucoup s'améliorer par l'adoption de meilleures méthodes pour la fabrication du charbon de bois, en particulier par l'utilisation de fours de métal ou de maçonnerie.

Son Excellence Fawzi-Selou, Président de la République de Syrie, de la première célébration, de la fête de l'Arbre d'Damas, le 25 décembre 1952.

Beaucoup de pays du Proche-Orient sont, ou vont devenir, d'importants exportateurs de fruits, ce qui a soulevé la question de l'emballage et de la caisserie. On demanda à la FAO de fournir une documentation sur les nouveaux types d'emballages, et sur la fabrication et l'emploi des panneaux de fibre, de copeaux et du bois reconstitué.

Une recommandation porta sur la recherche des essences forestières locales qui pourraient fournir des produits tannants; on proposa l'introduction dans les programmes de plantation d'essences riches en tannin.

Les besoins des populations de cette région en bois de chauffage ne pourraient être satisfaits sans continuer à endommager les forêts restantes. Les gouvernements devraient mettre sur pied une politique permettant de remplacer le bois de chauffage par d'autres sources d'énergie, telles que l'énergie électrique, les gaz liquéfiés et les produits pétroliers, dont la région dans son ensemble, dispose en abondance.

Assistance technique

On reconnut que l'assistance technique pourrait, dans cette région, prendre deux formes: une dont bénéficierait chaque pays en particulier, et une autre dont bénéficieraient collectivement tous les pays de cette région. Cette dernière est, en fait, le complément de la première, et présente la plus haute importance pour la mise en valeur du Proche-Orient. On insista tout particulièrement sur la nécessité d'établir un centre de recherches forestières pour le Proche Orient, où tous les aspects scientifiques et techniques des: problèmes de foresterie, particuliers à la région, pourraient être étudiés. La traduction et la publication en Arabe de la littérature de toute nature fut également examinée. La Conférence recommanda que les gouvernements intéressés, après consultation de la FAO parvinssent à un accord en vue dé créer au moins une école forestière commune pour la formation des gardes forestiers; les cours y, donnés seraient en Arabe. En même temps, les gouvernements devraient envisager la possibilité d'obtenir, par l'intermédiaire de la FAO, les services d'un personnel de préposés forestiers parlant Arabe, appartenant à des pays où le service forestier est déjà bien développé, pour l'enseignement et la formation pratique d'un personnel local.

Commission forestière du Proche-Orient

La Conférence reconnut qu'il serait de l'intérêt de tous les pays de cette région de pouvoir échanger d'une manière régulière les informations concernant les politiques forestières et les problèmes de technique forestière. Elle recommanda donc à la Conférence de la FAO d'approuver la création d'une Commission forestière du Proche-Orient, dont le secrétariat serait fourni par la FAO et la Commission composée de délégués gouvernementaux.

VOYAGES D'ÉTUDES

Pendant et après cette Conférence diverses tournées d'étude furent organisées avec le concours des gouvernements du Royaume Hashmite de Jordanie, du Liban et de la Syrie, afin de permettre aux participants de discuter sur le terrain de quelques-unes des questions étudiées au cours des réunions. La visite d'une exposition forestière organisée par le service forestier eut lieu à Beyrouth, où les délégués assistèrent également à la fête de l'Arbre, traditionnellement célébrée au Liban pendant le mois de décembre. Les participants assistèrent également à la première célébration d'une fête de l'Arbre à Damas. Le Président de la République de Syrie, et le Premier Ministre, ainsi que divers autres ministres et membres du corps diplomatique, assistaient à la cérémonie (voir page 90).

Activités de l'assistance technique

Vingt-sept pays du globe, de l'Islande au Chili, de In Libye à L'Iran, et du Pakistan aux Philippines, bénéficient de l'assistance technique de la FAO en vue d'assurer la conservation et une meilleure utilisation des forêts à des pâturages, et d'accroître lu production des industries forestières. Dans bien des cas L'assistance technique est entrée dans une nouvelle phase, l'élaboration des programmes et la mise en exécution des mesures recommandées par les spécialistes au cours de la première période. Ces photographies illustrent les différente travaux entrepris par la FAO.

Syrie. Lorsqu'arrive l'hiver, les pentes sont dépouillées de tout ce qui leur reste de bois pour fournir du combustible, il existe cependant encore en Syrie quelques belles forêts qui pourraient être sauvées de la destruction. Un fonctionnaire de la FAO aide, par ses conseils, à la mise en réserve et à l'aménagement des forêts, en particulier des forêts formées surtout de Pinus halepensis, dans le district de Latakia, où on obtient une abondante régénération.

Chili. Une des plus importantes missions de la FAO a travaillé au Chili et a reçu un plein appui du Président et du gouvernement. Elle a collaboré avec la Banque internationale à l'établissement d'un rapport très complet sur «l'Economie agricole du Chili», qui doit servir de base pour la future mise en valeur du pays. Une nouvelle école forestière a été créée et dotée d'un personnel international fourni par la FAO.

Ceylan. Ces pirogues à balanciers primitives (cataramans) pourront être graduellement remplacées par des embarcations motorisées modernes, quoique toujours construites en bois. Les experts de la pêche de la FAO pensent que des embarcations plus puissantes pourraient permettre de vendre le poisson en plus grande quantité et meilleur marché. Pour la première fois, les plus grands spécialistes de la forme, la construction, L'armement et l'exploitation de bateaux de pêche se rencontrent, en octobre-novembre, aux congrès internationaux organisés par la FAO à Paris, en France et à Miami (Etats- Unis).

Inde. Des propositions pour l'amélioration de l'industrie du contreplaqué ont été faites par un spécialiste en mission. Une des principales difficultés qu'il rencontra dans presque toutes les manufactures produisant du contreplaqué pour la fabrication des boites à thé, est l'absence de séchoirs mécaniques. Les feuillets de placage sont généralement séchés au soleil sur les toits ou sur le sol, autour des usines, et leur

Islande. Ainsi que nous l'avons indiqué dans la rubrique «Nouvelles du monde», un forestier de l'Alaska a conseillé l'extension du programme de plantations, utilisant en grande partie des graines de l'Alaska, qui ont fourni d'excellentes réussites L'Islande a une politique forestière, bien qu'elle n'ait aucune forêt. Elle a réservé certains terrains pour y créer des forêts, voté des lois pour les protéger, et fait naître dans l'esprit du public la conscience desrichesses représentées par les forêts.

Paraguay. Une mission plus importante se rendra au Paraguay en 1953 en vue de fournir des conseils pénétrant davantage dans, le détail en ce qui concerne les mesures préconisées par la première mission. Un nouveau code forestier a été élaboré et des propositions ont été faites sur la structure d'une administration forestière. Soixante pour cent de la superficie du pays sont boisés, et la plupart du temps à l'état de forêts vierges. Les produits forestiers représentent plus de 50 pour cent du montant des exportations du pays, pour la majeure partie sous forme de bois ronds semblables à ce radeau de grumes sur la rivière Alto Parana.

Iran. Un spécialiste de l'aménagement des pâturages a étudié la conservation et l'amélioration des forêts et des terrains de parcours de l'Iran.

Techniques d'exploitation et formation pratique des ouvriers forestiers

La Commission forestière européenne de la FAO possède un Comité de techniques d'exploitation et de formation pratique des ouvriers forestiers dont les attributions sont: «entretenir une collaboration internationale dans les domaines de l'abattage, du façonnage et de la vidange des bois, afin de soutenir les efforts nationaux, visant à accroître la productivité, y compris la libération de main-d'œuvre, la diminution des déchets, d'intensifier les mesures prises pour prévenir les accidents, et d'améliorer le niveau de vie des ouvriers forestiers».

La première réunion du Comité a eu lieu à Genève en mars 1952, et une seconde réunion a été tenue à Helsinski, du 16 au 25 février 1953 sur l'invitation du Comité national finlandais de la FAO, et des délégués de huit pays: Allemagne occidentale, Autriche, Finlande, France, Italie, Royaume-Uni, Suède et Suisse y assistaient.

Le Comité a souligné l'importance des méthodes de rationalisation du travail forestier, afin d'intensifier la productivité en matière de foresterie et d'aménagement forestier, et de l'amélioration des outils et du maté riel. On estime que des méthodes rationnelles d'exploitation sont facilement applicables et déterminent un accroissement immédiat de la production, tout en assurant une saine muse en valeur de la forêt. De plus, on estime qu'une telle rationalisation peut accroître les ressources en bois d'œuvre en rendant plus économique l'exploitation des forêts éloignées ou inaccessibles.

La première réunion du Comité sous la présidence de M. Winkelman (Suisse), a défini les principales questions à étudier. Il fut décidé de passer en revue les travaux de recherche entrepris en différents pays sur les techniques d'exploitation, d'examiner la question de la comparaison des rendements d'exécution et de faire une enquête sur la mécanisation des travaux forestiers. L'organisation internationale du travail (OIT) a offert de collaborer à l'étude concernant les écoles de formation pratique pour les ouvriers forestiers.

Les délégués qui assistèrent à la seconde réunion du Comité, décidèrent de dresser un inventaire complet des instituts effectuant des recherches sur les techniques du débardage, et de publier cette liste en même temps qu'une bibliographie. Cet inventaire serait révisé tous les deux où trois ans.

Démonstration de transport des bois par tracteur lors de la réunion du Comité des techniques d'abattage en Finlande.

Une étude internationale sur les rendements d'exécution concernant l'abattage des conifères de certaines dimensions, dans certaines conditions atmosphériques, certains habitats, etc. doit être entreprise, mais on rencontrera de nombreuses difficultés avant d'obtenir des résultats sûrs dans ce domaine. La comparaison des tableaux de rendement, des contrats concernant les salaires et un questionnaire sur les «meilleures méthodes», telles qu'elles sont enseignées dans les écoles pratiques ou les cours, est à l'étude. Il est question d'organiser un cours pratique international pour les chronométreurs, probablement en Suisse.

Le Comité a approuvé un rapport provisoire sur l'«Utilisation des scies mécaniques» qui sera soumis, après rédaction définitive, à la prochaine session de la Commission de foresterie européenne, à l'automne de 1953. Une étude sur le «Chargement mécanique du bois en Finlande» a fait l'objet d'un court rapport, et on décida de le compléter avec la documentation provenant des autres pays. On estima que l'étude sur les «Critères et l'équipement spéciaux des tracteurs», qui a été entreprise en collaboration avec la Division de l'industrie et des matériaux de la Commission économique pour l'Europe était d'une importance considérable, non seulement pour ceux qui utilisent des tracteurs, mais également pour les constructeurs de tracteurs. Après mise au point, cette étude sera probablement publiée, et une nouvelle et vaste étude sur les principales utilisations des tracteurs - dans la construction des routes le débardage, les transports et là culture du sol - est en projet.

D'autres enquêtes ultérieures permettront d'élargir le rapport provisoire, rédigé par le Secrétariat du OIT sur la formation technique des ouvriers forestiers. Il sera déposé à la prochaine session de la Commission européenne des forêts.

Le Comité a ainsi suscité un précieux échange d'informations et d'expériences entre les différents pays sur la rationalisation des techniques des travaux forestiers. En collaboration avec l'Union internationale des organisations de recherche forestière, il a donné un nouvel élan aux recherches effectuées dans ce domaine et a permis de réaliser d'utiles études visant à accroître la productivité dans les travaux forestiers.

Centre de formation pour l'exploitation mécanique d'Extrême-Orient aux Philippines

En septembre et octobre 1952, quarante ingénieurs forestiers, fonctionnaires des services gouvernementaux d'exploitation du bois, instructeurs de collèges forestiers et membres du personnel technique et administratif de compagnies d'exploitation forestière, désignés par les gouvernements de onze pays du sud-est de l'Asie, arrivèrent a Manille, dans les Philippines, pour y suivre des cours pratiques d'exploitation mécanique. Ces cours avaient été organisés par la FAO en collaboration avec le gouvernement de la République des Philippines. Les pays représentés et le nombre de stagiaires envoyés par chacun d'eux étaient les suivants: Birmanie (5), Chine (1), Inde (3), Indonésie (3)

Laos (2), Malaisie (7), Bornéo du Nord (4), Pakistan (2), Philippines (5), Thaïlande (7) et Viet-nam (1). A la fin de décembre 1952, un nouveau stagiaire venant de Birmanie, s'inscrivit au cours pour une durée de deux mois.

Ce projet eut pour origine les demandes adressées a la FAO par plusieurs gouvernements des régions situées au sud-est de l'Asie et réclamant l'envoi de spécialistes chargés de fournir leurs conseils sur les techniques d'exploitation mécanique. Ces demandes firent ressortir l'intérêt réel qu'il y aurait a introduire un matériel mécanique et des méthodes de vidange plus modernes que Belles généralement appliquées dans la plupart des pays de cette région. Il fut donc décidé de créer un Centre régional de formation aux techniques d'exploitation mécanique et Monsieur H. G. Keith (Canada), ancien Conservateur des forêts du Bornéo du Nord, fut chargé de mettre ce projet au point et d'en assurer la réalisation.

Apres examen approfondi des différentes propositions, le Directeur général de la FAO conclut que, du seul point de vue de l'exploitation mécanique, et en dehors de toute considération de conditions suffisamment soumises a une règle, généralement reconnue comme essentielles a une foresterie rationnelle, les Philippines seraient le pays le plus propice a l'établissement du centre d'instruction projeté, étant en fait le seul pays de cette région dans lequel l'exploitation mécanique soit la règle et non l'exception. A la suite des négociations qui s'ensuivirent, un accord, aux termes duquel ce pays offrait son hospitalité pour le centre projeté, fut signé a Manille le 3 avril 1952.

But du Centre de formation pratique

Le but du Centre de formation pratique d'exploitation mécanique fut clairement défini par Sir Herbert Broadley, Directeur du Programme élargi d'assistance technique de la FAO, dans les phrases suivantes:

«Le but des cours projetés est d'assurer la formation pratique d'un choix d'ingénieurs forestiers et de membres du personnel d'entreprises commerciales venus de différents pays d'Asie tropicale, en leur enseignant les techniques d'exploitation mécanique dans des fortes et dans des conditions qui se rapprochent le plus de elles de leurs pays d'origine. Il est essentiel que les stagiaires, a la fin des cours, aient acquis une idée claire, non seulement des possibilités, mais aussi des limitations de l'abattage et la vidange mécanique du bois, y compris le transport aux usines de transformation. Au cours d'un stage de six mois seulement, il est impossible de former des ingénieurs d'exploitation et des ouvriers qualifiés, mais les stagiaires doivent être en état, de retour dans leurs pays respectifs, de déterminer si les techniques de vidange mécanique peuvent être ou non appliquées d'une manière économique, et quel matériel ou queue méthode peuvent être utilises ou adaptes aux conditions locales. Si les cours permettent d'atteindre cet objectif, on peut estimer que le Centre a rempli son but».

Le plan originel prévoyait trente stagiaires, mais ultérieurement, et devant l'intérêt suscité par le projet, on obtint a grand peine l'autorisation d'en porter le nombre à trente-cinq, et, finalement, a quarante. Ce chiffre était encore insuffisant pour permettre d'accueillir tous les stagiaires que les gouvernements proposèrent de désigner, mats, ainsi qu'il fut constaté plus tard, encore trop important pour les possibilités actuelles, particulièrement en ce qui concerne la nourriture, le logement et les moyens de transport, et, sur le terrain, il fut défavorable aux observations.

Programme suivi

Le Centre de formation a été officiellement inauguré le 4 octobre 1952

Un programme assez détaillé avait été établi comme suit:

1 - 31 octobre:
Collège forestier, université des Philippines, Laguna, Philippines. Enseignement théorique et conférences données par l'instructeur et le personnel du Centre de formation. Conférences par le personnel technique sur le matériel d'exploitation les machines et le matériel annexe par les représentants et les agents des fabricants. Films cinématographiques et projections montrant les machines et le matériel etc.

1 novembre - 1 décembre:
Messieurs les délégués de la Compagnie forestière Massipit (Massipit Lumber Company), Camp d'exploitation de Tungao, Agusan, Mindanao, Philippines.

2 décembre 1 janvier:
Messieurs les délégués de la Compagnie d'exploitation forestière Basilan (Basilan Lumber Company) Camp d'exploitation de Mahayahay, île de Basilan.

2 - 29 janvier:
Messieurs les délégués de la Compagnie insulaire d'exploitation forestière (Insular Lumber Company), Camp d'exploitation du Col. Griffin, Fabrica, Negros occidental.

1-24 février:
Travaux d'exploitation forestière de la Compagnie minière Benguet (Consolidated Mining Company), Camp d'exploitation de Bobok, Mountain Province, Luzon.

25 février - 25 mars:
Collège forestier, université des Philippines. Révision des travaux et techniques étudiées sur le terrain. Distribution de catalogues des fabricants et de documents commerciaux. Rédaction de rapports. Conférences par des techniciens, des représentants et agents des fabricants de machines et matériel annexe d'exploitation. Films cinématographiques sur les machines et le matériel. Visites de différentes usines utilisatrices de bois et de produite forestiers a Manille et dans les environs. Séance de clóture du Centre de formation pour les exploitations

Un instructeur (Professeur G. Zamuco, professeur de technique mécanique d'exploitation du Collège forestier de l'université des Philippines), deux instructeurs adjoints (ingénieurs forestiers du Bureau forestier des Philippines) furent détachés auprès du Centre de formation pratique, et accompagnèrent les élèves pendant toute la durée des cours. Monsieur Florencio Tamesis, Directeur des forets, Philippines, fut nommé co-directeur honoraire du Centre de formation, et ses efforts infatigables assurèrent le succès des cours.

Alors qu'ils étaient les «hôtes» des différentes compagnies d'exploitation forestière, les stagiaires purent observer et étudier les différents travaux d'exploitation, et les méthodes et techniques propres a chaque compagnie. Des conférences furent faites par le personnel technique des compagnies qui les requirent, sur chacune des phases des travaux, et les stagiaires furent encourages a poser des questions.

Quelques détails sur les compagnies qui reçurent les étudiants sont donnés ci-après:

The Massipit Lumber Company. Cette compagnie détient une concession d'environ 47.000 hectares dans l'île de Mindanao, elle emploie chaque jour en moyenne 700 hommes pour les travaux d'exploitation, et 850 dans les scieries; sa production en 1952 fut de 26.328.243 td. ft. (62.000 m3) de bois de sciage, et 245.151 m3 de grumes. Les méthodes de débardage employées par la Compagnie sont: câbles a point de renvoi surélevés, câbles porteurs tendus, heel boom loaders, chèvres de chargement à flèche oscillante, treuil a vapeur et tracteurs de débardage Diesel, tracteurs, camions et transport par Les principales essences exploitées sont: l'apitong (Dipterocarpus spp.), le tangile (Shorea Dipolysperma), le red lauan (Shorea negrosensis), le bagtikan (Parashorea plicata), le lauan-almon blanc (Shorea almon), Pentacme contorta et le mayapis (Shorea squamata); toutes, à l'exception de l'apitong, sont vendues sous le nom d'acajou des Philippines)

The Basilan Lumber Company. Cette compagnie détient une concession de 24.000 hectares dans l'île Basilan, elle emploie quotidiennement une moyenne de 206 hommes pour l'exploitation, et 312 dans les scieries; sa production annuelle en 1952 a été de 42.000.000 bd. ft. (99.000 m°) (volume grumes). Les méthodes employées par la Compagnie pour l'extitaction sont: câble à point de renvoi surélevé, chèvre de chargement à flèche oscillante, chargeurs à moteur sur chenilles, tracteurs, débardeurs Diesel, triqueballes, camions et transport par eau. Les principales essences exploitées sont: L'apitong (Dipterocarpus spp.), le tangile (Shorea polysperma), le lauan rouge (Shorea spp.), le lauan blanc, Shorea almon, Pentacme contorta, le kalunti (Shorea kalunti) et l'almon (Shorea eximia).

The Insular Lumber Company. Cette compagnie détient une concession d'environ 66.800 hectares dans l'île Negros: elle emploie chaque jour une moyenne de 700 hommes pour les travaux d'exploitation, et 1.300 hommes dans les scieries; sa production en 1952 a été de 50.432.866 bd. ft. (119.000 m3) de bois de sciage. Les méthodes de débardage employées par cette compagnie sont: câble à point de renvoi surélevé, chargement à la chèvre, treuil à vapeur et tracteurs de débardage Diesel, tracteurs pour la construction de voies ferrées voies ferrées et locomotives. Les principales essences exploitées sont: le lauan rouge (Shorea negrosensis), l'almon (Shorea eximia), l'apitong (Dipterocarpus grandiflorus), le tangile (Shorea polysperma), le lauan blanc - mayapis (Shorea squamata), le bagtikan (Parashorea plicata).

The Benguet Consolidated Mining Company. Cette compagnie occupe une concession de 15.000 hectares dans la Mountain Province de l'île Luzon, pour ses travaux d'exploitation et de sciage, elle emploie chaque jour une moyenne de 935 hommes; sa production, qui est consacrée au seul usage des mines de la compagnie, s'élevait en 1952 à 17.309.650 bd. ft. (41.000 m3) de bois de sciage, 2.933.642 linear feet (894.000 m3) de dosses et de croûtes et 1.500 m3 de bois ronds. Les méthodes employées par la compagnie pour l'extraction sont: les câbles porteurs aériens de North Bend modifiés, trolleys aériens, des tracteurs pour la construction des routes, des débardeurs Diesel. La compagnie n'exploite que des pins Benguet (Pinus insularis).

Expérience acquise par les élèves

Pendant leur séjour dans les Philippines, les élèves furent à même de comparer les mérites relatifs du débardage par camions, par temps sec et par temps de pluie, avec le débardage par voie ferrée du débardage par tracteurs avec le traînage, le câble à renvoi surélevé, le trolley aérien et les systèmes de câbles avec renvoi sur câbles porteurs, et du treuil à vapeur avec le débardeur Diesel qui présenteraient tous le plus grand intérêt lorsqu'il s'agirait de mécaniser le débard dans leurs propres pays. De plus, toutes facilités leur furent assurées lorsqu'ils eurent l'occasion de visiter, non seulement les scieries des compagnies qui les recevaient, mais aussi d'autres usines utilisant du bois et autres produits forestiers comme matières premières.

En même temps qu'ils étudiaient les chantiers des principales compagnies qui les recevaient, les élèves purent faire de courtes visites à des exploitations de moindre importance, et la plupart d'entre eux tirèrent grand profit de ces tournées supplémentaires. Malheureusement, quelques-uns des élèves n'avaient aucune expérience ni aucun entraînement pour le travail soutenu dans la jungle, et ils parurent parfois perdre de leur enthousiasme à mesure que se déroulaient les cours, particulièrement lorsque les travaux de débardage étaient accompagnés de tout l'inconfort qu'entraînent la pluie, la boue et la chaleur.

Ce fut en partie pour cette raison que le plan originel qui consistait à intégrer les élèves parmi le personnel des compagnies d'exploitation forestière pour les faire réellement participer aux travaux ne put être réalisé, mis à part le fait que leur grand nombre aurait, dans ces circonstances rendu la surveillance difficile..

D'une manière générale, on peut dire que l'objectif du Centre de formation a été atteint. La plupart des stagiaires purent juger des mérites relatifs des différentes méthodes d'exploitation qu'ils avaient vu aux Philippines et du type de matériel qui pourrait être le plus avantageusement adapté ou adopté dans leurs propres pays, et la plupart de ces hommes réfléchiront certainement à deux fois avant d'introduire un système quelconque, sans modification, au risque d'entraîner du gaspillage et la destruction de la forêt. Ils purent voir par eux-mêmes et ne tardèrent pas à juger et critiquer les dommages qui peuvent résulter d'un débardage mécanique effectué sans égard pour ses effets sur la forêt ou sans leur avoir accordé toute l'attention nécessaire. Il est donc extrêmement improbable que les élèves retournant dans leurs propres pays recommandent à leurs gouvernements ou à leurs sociétés l'adoption hasardeuse d'un système quelconque d'exploitation qui néglige les principes d'aménagement forestier. A la suite de leurs propres observations, ils ont compris les dangers si justement décrits dans une récente revue critique des activités de l'assistance technique:

«Il y a naturellement danger de voir que les techniques qui seront appliquées avec le plus de zèle, seront celles qui conduisent à la destruction la plus radicale des forêts ...».

Les élèves doivent, au contraire, être à même d'introduire, ou de conseiller l'introduction de méthodes de débardage mécanique soigneusement étudiées.

Avantages des cours au point de vue international

Le compte rendu de l'activité du Centre de formation pour l'exploitation mécanique serait incomplet si nous ne mentionnions pas les excellentes relations qui s'établirent, pendant les cours, parmi les élèves et avec les habitants des Philippines avec lesquels ils entrèrent en rapport. Lorsque nous considérons que ces quarante stagiaires, représentant presque vingt races différentes, provenant de onze pays, vécurent coude à coude pendant six mois, dans des conditions qu'on ne peut décrire comme confortables ni luxueuses, le fait qu'ils réussirent à maintenir pendant tout ce temps un niveau élevé de respect et de compréhension mutuels ne pourra manquer de nous prouver à nouveau qu'un intérêt commun prime toutes les différences raciales, religieuses et linguistiques.


Page précédente Début de page Page suivante