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Les fonctions de production de la forêt

Son aménagement pour la production du bois et en vue d'autres objectifs économiques et sociaux


Le rôle des forets dans l'économie nationale
Comment déterminer la surface boisée nécessaire?
La forêt - richesse de l'homme
Comment aménager la superficie ainsi réservée?
Résumé

La réalité et l'importance des fonctions de protection de la forêt n'ont été reconnues qu'à une époque relativement récente. L'utilisation de la forêt comme source de bois ou d'autres services remonte à un temps bien plus ancien. Elle a débuté peut-être avec l'homme lui-même.

De temps immémorial la forêt a comblé l'homme de dons précieux: de quoi faire son feu et cuire ses aliments, de quoi se bâtir un abri, de quoi fabriquer ses outils et ses moyens de transport. La quantité et la qualité des produits ligneux que l'homme recherche maintenant ne sont plus les mêmes. La chimie moderne nous a appris à plastifier le bois, à le mouler, à le laminer, à l'imprégner, à le transformer en une variété stupéfiante de produits. Et cependant la moitié environ de notre bois est encore consommée sous forme de combustible. Et la plus grande partie de l'autre moitié, comme dans l'ancien temps, n'ayant subi que de grossières transformations, sert à notre abri et à nos moyens de transport.

L'homme primitif appréciait à leur haute valeur les qualités que nous reconnaissons encore à la forêt et qui en font pour nous une source essentielle de matière première: elle occupe de vastes surfaces; ses produits sont variés, faciles à travailler et s'adaptent à un grand nombre d'usages; elle se renouvelle d'elle-même après qu'on en a usé et même abusé. A l'inverse, cependant, les sociétés modernes trouvent au bois des défauts majeurs: sa grande variabilité, sa malléabilité insuffisante et l'imprévisibilité de ses caractéristiques, surtout son poids et son encombrement, ou plus exactement sa faible valeur à l'unité de poids ou de volume. Et ces défauts en viennent à causer des pénuries de bois, même dans les pays pourvus d'abondantes ressources forestières.

Dans leur ensemble, les forêts du globe, du moins si l'on considère la superficie dont elles disposent, devraient amplement suffire aux besoins du monde. Le problème qui se pose est de tirer un plus grand bénéfice pour l'homme de cette ressource énorme, pleine de potentialités diverses encore inemployées, et indéfiniment renouvelable. En effet, l'expansion économique, l'augmentation de la population et l'amélioration des niveaux de vie vont exiger de la forêt toujours plus de produits et plus de services. Ces exigences ne peuvent être satisfaites par des forêts dont n'est utilisée qu'une fraction de la potentialité.

C'est donc là le vrai problème de la foresterie mondiale. Les conditions semblent, pour le résoudre, plus favorables qu'elles ne l'ont jamais été. Sans doute le monde est encore en proie à bien des difficultés. Il est cependant un fait: c'est que, pour la première fois dans leur histoire, les nations se sont mutuellement engagées, dans leur intérêt même, à s'efforcer de tirer du sol une production plus abondante, capable de servir de base au relèvement du niveau de vie de leurs populations. En encourageant programme d'échange d'expérience et d'assistance a été formulé et mis en œuvre. Les forestiers sont, à l'échelle internationale, mieux organisés que jamais pour collaborer et pour coordonner leurs politiques et leurs programmes d'action en vue d'une meilleure utilisation des ressources forestières. C'est en tenant compte de ceci qu'il convient d'examiner le problème énoncé et de rechercher les objectifs à atteindre.

Le rôle des forets dans l'économie nationale

Avant d'aborder ce problème, il peut être utile, pourtant, de rappeler le rôle des forêts dans les économies nationales et régionales, ainsi que les problèmes d'ordre politique soulevés par la détermination des superficies à réserver à la forêt dans le cadre d'un plan rationnel d'utilisation des terres. En gros, sans parler de ses fonctions de protection, qu'elle peut exercer concurremment, la forêt produit au bénéfice de l'homme: du bois pour son chauffage, ses bâtiments et ses meubles, pour ses mines, ses voies de chemin de fer, ses lignes télégraphiques, échafaudages, pilots, etc.; de la matière première et des produits chimiques pour ses industries, principalement de la cellulose pour son papier; de la viande, des cuirs, de la laine et des fourrures provenant des animaux domestiques et sauvages qu'elle abrite; enfin elle constitue pour lui un lieu de délassement et de récréation.

Tous ces services sont rendus à une échelle énorme. On le comprendra mieux en remarquant que les forêts proprement dites occupent peut-être un quart de la surface du globe, que le poids du bois, leur principal produit, qu'on y exploite annuellement s'élève à 1 million de tonnes, et que la valeur estimée de ce bois est supérieure de 60 pour cent à celle de la production mondiale de charbon et de 100 pour cent à celle de la production d'acier brut ou de pétrole.

Avec les terrains de parcours qui leur sont associés, les forêts occupent plus de la moitié de la surface des terres du globe. On y comprend les parcours trop secs, trop accidentés ou trop rocheux pour pouvoir être transformés en pâturages améliorés, les formations ouvertes et les savanes où des ressources pastorales se rencontrent sous des peuplements d'arbres épars, les broussailles de type désertique, les prairies naturelles de montagne et les terrains de parcours alpins, situés au voisinage ou au-dessus de la zone forestière, et les vastes toundras du grand Nord. L'exacte surface des terrains de parcours n'est pas connue. Mais des millions d'hommes, bergers nomades et autres, en tirent leur subsistance. Ils font vivre indirectement d'autres millions encore qui préparent, transportent et vendent la viande, la laine, les cuirs, le lait et les autres produits d'origine animale. On ne sait pas davantage quelle est l'exacte proportion de la production mondiale de viande attribuable aux terrains de parcours naturels, mais elle doit être importante. Aux Etats-Unis, la moitié environ du gros bétail et 70% environ du troupeau ovin trouvent sur le range une part considérable de leurs besoins en fourrage.

Les matières brutes produites par la forêt constituent une richesse. Mais il faut y ajouter la richesse produite par la transformation de ces matières brutes. Car la plus grande partie en est travaillée par des moyens mécaniques ou chimiques et s'élabore en une grande variété d'articles utiles et de valeur accrue. La manufacture, a-t-on calculé, multiplie plusieurs fois la valeur de la matière première, au moins pour les régions les plus industrialisées de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Mais ce qui est plus important, c'est que la quantité de bois d'œuvre et d'industrie consommée tend à refléter le degré de développement industriel d'un pays et la vigueur de son économie. Par régions, le degré de développement industriel apparaît grossièrement dans les chiffres du tableau 1. La proportion de bois d'œuvre et d'industrie utilisée par rapport à la coupe totale varie de 10 à 12 pour cent pour l'Afrique et l'Amérique latine à plus de 80 pour cent pour les Etats-Unis et le Canada.

TABLEAU 1. - VOLUME TOTAL DU BOIS EXPLOITE ET DU BOIS D INDUSTRIE

Régions

1951

1952

Total

Dont bois d'oeuvre et d'industrie

Total

Dont bois d'oeuvre et d'industrie

Millions de m³ ®

Europe

266

161

261

160

U.R.S.S

355

190

365

205

Canada et Etats-Unis

381

381

375

309

Amérique latine

171

22

170

22

Asie

146

51

143

53

Afrique

92

9

93

10

Région du Pacifique

22

11

22

12

TOTAL MONDIAL

1413

754

1429

771

Source: FAO, Annuaire statistique des produits forestiers. 1953.

On veut encore noter ici quelques autres points importants. D'abord, si la grande masse du bois exploité est, comme on l'a dit, encore utilisée sous sa forme brute ou à peine modifiée par le sciage, la proportion utilisée pour la transformation en produits très élaborés, tels que les contreplaqués, les laminés, surtout le papier et ses divers dérivés, augmente de façon continue. Cette augmentation entraîne la production d'articles nouveaux et utiles, l'incorporation d'une valeur considérable aux produits finis, la création de nouvelles possibilités de travail et d'emploi. Mais ce n'est pas tout: du point de vue de la production forestière ce développement permet une utilisation accrue des bois de petit diamètre. Or, la possibilité d'écouler économiquement ces bois constitue, dans la plupart des cas, la clef d'une bonne sylviculture. En outre, le pourcentage du volume des bois ronds utilisés comme bois d'œuvre ou d'industrie augmente de façon lente et continue. La valeur moyenne du bois exploité s'élève donc et c'est là, comme on le conçoit aisément, un important stimulant pour l'ouverture aux exploitations de nouveaux massifs ou pour l'intensification de la sylviculture sur les forêts déjà exploitées de rendement médiocre.

Pour aussi loin qu'on puisse prévoir, les principales utilisations des forêts resteront la production de bois pour le chauffage, la construction, les utilisations rurales et les transports, la production de viande, de cuirs, de laine et de fourrures, et enfin les forêts procureront encore à l'homme épuisé par une vie trépidante des lieux de repos et de détente. Mais en dehors de toutes ces utilisations d'intérêt national, la politique du pays devra viser, dans toute la mesure possible, à faire de plus en plus de ses forêts une base de son industrie et de son commerce. En conséquence, après avoir tenu compte dans toute la mesure voulue des fonctions de protection de la forêt, la politique forestière nationale devra considérer la forêt sous son aspect de productrice de biens, et déterminer, en tenant compte de facteurs d'ordre local et régional d'une grande complexité, la place qu'elle devra occuper dans l'économie du pays.

Comment déterminer la surface boisée nécessaire?

Sur quels critères, donc, basera-t-on une politique forestière tenant compte des fonctions de protection de la forêt? D'une façon générale, cette politique doit viser «à satisfaire, dans la mesure du possible et compte tenu des possibilités économiques d'importation et d'exportation, les besoins en bois de ses habitants, de ses industries et de son commerce intérieur et extérieur»¹. Que signifie cet énoncé quand on l'examine de plus près pour l'appliquer à la situation particulière d'un pays?

¹ FAO, Politique, législation et administration forestières (Etudes des forêts et des produits forestiers, No 2). Washington - Rome, décembre 1950.

Facteurs sociaux

Les forestiers ont admis depuis longtemps un principe de base: c'est que la meilleure utilisation des terres, le meilleur type d'aménagement des sols sont ceux qui assureront finalement un avantage maximum à un plus grand nombre d'individus. Partant de là, une saine politique forestière doit, ainsi qu'on l'a vu, accorder la priorité à la satisfaction des besoins nationaux se rapportant à l'alimentation, au chauffage et à l'habitation. Les besoins en produits alimentaires sont les premiers par ordre d'importance. Dans des limites raisonnables, la politique doit donc encourager la colonisation des terrains boisés et le défrichement, en attribuant des terres aux colons ou en leur accordant des subventions. Mais elle devra alors tenir compte des conflits que peut susciter à long terme une utilisation des sols uniquement axée sur la satisfaction des besoins alimentaires et des difficiles problèmes que soulève la raréfaction des forêts, particulièrement dans les régions à population dense ou rapidement croissante.

L'homme a besoin, certes, de produits alimentaires. Il a presque autant besoin de chauffage et d'abri, qu'il s'agisse de l'habitant des forêts du Congo ou de l'Esquimau des régions arctiques. Peut-être cela ne signifie pas qu'il a besoin de bois. Mais, en bien des endroits, le bois est le matériau qui conviendra le mieux à la satisfaction de ces besoins. Et puis l'expérience montre qu'il existe un minimum de surface boisée au - dessous duquel il est imprudent de descendre, quelles que soient les pressions qui peuvent s'exercer pour consacrer plus de terres à d'autres utilisations agricoles ou industrielles. Cette expérience se vérifie même pour les pays où l'agriculture et l'industrie ont atteint les plus hauts degrés de développement, comme le Danemark, les Pays - Bas ou le Royaume - Uni. Il est donc clair que dans tous les cas la satisfaction des besoins réels du pays en chauffage et en matériaux de construction est le premier facteur que doit considérer la politique forestière.

Il est clair aussi que l'importance de ces besoins variera dans de larges limites, non seulement selon la possibilité de disposer en plus ou moins grande abondance d'autres combustibles, mais aussi selon des facteurs tels que l'organisation de la vie sociale et surtout le degré du développement industriel. Le chauffage au bois par exemple est commun dans les campagnes. Il diminue rapidement avec l'avance de l'industrie et il en résulte une tendance décroissante de la demande de bois de chauffage dont la politique forestière devra tenir compte. La conversion des taillis en futaies actuellement en cours dans de nombreux pays d'Europe n'a pas eu d'autre raison.

Parmi les facteurs sociaux influençant la politique forestière, on peut citer l'importance plus ou moins grande de la propriété de l'État, les droits d'usage établis par la législation ou la coutume et, surtout dans les pays bien boisés, la nécessité de réserver des zones de récréation, des parcs nationaux et des surfaces consacrées à la recherche scientifique. La vie moderne est de plus en plus complexe et centrée sur les villes. L'industrialisation des sociétés conduit ainsi à attribuer de plus en plus d'importance à la forêt, à la nature «vierge», uniquement dans un but de récréation. Ce besoin peut être satisfait par les moyens les plus variés: parcs urbains, forêts aménagées pour recevoir un grand nombre de visiteurs pendant les périodes de vacances ou le dimanche, périmètres dépourvus de routes, maintenus dans des conditions aussi primitives que possible, et où toute activité productive, telle que le pâturage ou les exploitations de bois, sont interdites. Quoiqu'il en soit, ce sont des besoins d'ordre national ou local variables avec les désirs du public, mais que la politique forestière doit prendre en considération.

Facteurs économiques

Les facteurs d'ordre économique dont elle devra tenir compte sont multiples et souvent étroitement liés aux facteurs sociaux. C'est l'aspect économique, en fait, qui domine l'étude d'une politique de la forêt considérée comme productrice directe ou indirecte de richesse, tout comme l'aspect «physique» domine la politique qui traite essentiellement de la forêt considérée dans son rôle de protection. Le plus important des problèmes ainsi soulevés est la détermination de la quantité et de la qualité des produits nécessaires pour la satisfaction des besoins domestiques et industriels mentionnés ci-dessus. La détermination de ces besoins et de leurs tendances est un problème économique. Les estimations auxquelles on aboutira, mises en regard des estimations de la productivité actuelle et potentielle des forêts, forment la base d'une politique visant à la satisfaction des besoins primaires du pays. Mais on devra tenir compte aussi de l'accessibilité physique des forêts et de la valeur relative des produits susceptibles d'en être tirés. Ces deux facteurs, mis en balance, en détermineront l'accessibilité économique. Une saine politique forestière visera alors au développement des routes et moyens de communication. Elle encouragera la recherche visant à développer de nouvelles utilisations des produits forestiers ou à améliorer la fabrication des articles auxquels ils servent de matière première, de façon à valoriser le peuplement forestier et à faire de son exploitation une opération économiquement viable. Dans le même ordre l'idées, la politique pourra, par exemple, favoriser l'amélioration des techniques de sciage et d'usinage.

De même, une saine politique économique cherchera à développer la formation des ouvriers de la forêt et des industries du bois, à améliorer leurs conditions de logement et de ravitaillement, et, en général, leurs conditions de vie. Elle cherchera à développer les marchés intérieurs et le commerce extérieur, compte tenu de la balance des importations et des exportations, ainsi que du degré désirable d'indépendance économique nationale. Elle prendra, là où les circonstances le justifient, des mesures destinées à promouvoir les coopératives forestières. Elle veillera à ce que les impôts pesant sur les forêts ne dépassent pas des limites raisonnables. Elle développera les assurances forestières et, si l'intérêt public l'exige, elle cherchera à développer des systèmes de prêts ou de subventions en faveur des propriétaires privés en vue de l'amélioration de la production de leurs forêts. Bien souvent la politique forestière dans cet ordre d'idées devra prévoir l'aide pécuniaire de l'État pour la construction de routes, le crédit forestier, l'institution d'un système d'imposition adapté à la forêt et pour le développement de conditions favorables de marché.

Facteurs techniques

Une fois reconnus les besoins domestiques et établies les conditions imposées par les divers facteurs qu'on a mentionnés, la politique devra, bien entendu, tourner son attention vers les facteurs techniques qui influencent la production: l'importance des ressources forestières existantes et potentielles, la qualité des produits qu'elles peuvent fournir, l'effet sur cette production du sol, du climat et de la topographie, enfin les conditions économico - sociales. Ce dernier facteur, par exemple, notamment dans les pays où les besoins de l'agriculture ne laissent que peu de place à la forêt, conduira la politique à s'orienter vers le développement de la production en provenance des forêts de protection (à condition d'y observer les précautions nécessaires), puis des haies, des plantations d'alignement, des brise-vent et autres plantations «hors forêt» qui, en fait, dans nombre de pays, assurent déjà la satisfaction d'une part importante de leurs besoins.

La protection des forêts contre le feu, les maladies et les insectes est une fonction qui incombe généralement à l'État, c'est encore là un des facteurs techniques qui orienteront sa politique. L'État cherchera aussi à éduquer le public et à développer sa conscience forestière. Il appuiera ou financera les recherches visant à améliorer les techniques sylvicoles et les méthodes d'aménagement applicables aux forêts et aux terrains de parcours forestiers du pays. Mais, s'il veut tirer pleinement parti de la capacité de production de ces terres, il devra aider les propriétaires, et surtout les petits propriétaires, à appliquer ces techniques et méthodes améliorées à leurs forêts et à leurs terrains de parcours. Le programme correspondant d'aide technique et d'éducation ne pourra souvent être mis sur pied qu'avec l'assistance Le l'État et sous son administration. En outre, la politique forestière peut avoir à imposer, dans l'intérêt général, une réglementation des coupes sur les forêts privées ou à soumettre l'exécution de ces coupes au contrôle d'agents compétents. C'est souvent à titre de compensation pour les restrictions ainsi imposées qu'elle mettra totalement ou partiellement à la charge de l'État les dépenses nécessitées par la protection de la forêt, les plantations, les services d'aide et d'avis, les dégrèvements d'impôts ou les constructions de routes auxquels on a fait allusion précédemment.

La forêt - richesse de l'homme

CHILI

Erosion avancée, véritable chancre du sol, résultant du déboisement. En détruisant le sol, ressource primordiale du monde l'homme court à sa perte: toute politique d'utilisation des terres doit être basée sur des principes rationnels de conservation du sol. S'il n'appartient pas aux forestiers de formuler de tels principes, puisque la forêt, si indispensable qu'elle soit, n'est qu'une forme de l'utilisation du sol, ces principes ne sauraient cependant être établis sans leur concours. La forêt et les terrains de parcours forestiers apportent en effet à la conservation du sol une contribution essentielle en stabilisant les terres et en régularisant l'écoulement des eaux.

CHINE

Près de Canton, débitage laborieux de planches minces dans des rondins de petit diamètre - tout ce dont on dispose - au moyen d'une soie maniée par deux hommes. Los méthodes de sciage, dont les plus frustes remontent à la préhistoire, sont maintenant soumises à une étude approfondie. La mécanisation seule n'est pas toujours la meilleure façon d'obtenir un plus grand rendement. Une gestion compétente, de bonnes installations d'entretien et une formation convenable de la main-d'œuvre sont aussi essentielles dans la plupart des exploitations mécanisées que des outils et des machines appropriés.

COSTA RICA

Un cultivateur transporte du bois de chauffage au marché de San José sur un char à bœufs à roues pleines. Les bois communaux, lés boqueteaux des fermes ou les arbres des haies et les brise-vent constituent une grande richesse pour les cultivateurs et les villageois, surtout dans les régions relativement peu boisées. Ils sont une source de bois d'œuvre et de chauffage pour la consommation locale et peuvent fournir un revenu d'appoint en espèces. Grâce à eux, les réserves forestières et les boisements des bassins de réception échappent aux exploitations en délit.

MALAISIE

Vidange par traîneaux en Malaisie centrale. Pour pouvoir être déplacées à bras, les grumes de Dipterocarpus doivent être débitées en courts billons. C'est également la pratique courante dans les forêts de l'Amazone et de l'Afrique équatoriale. Les tracteurs et le matériel d'exploitation moderne permettent l'extraction de billes plus grosses, plus lourdes, difficiles ou impossibles à manier par la force humaine ou animale. De nouveaux massifs se trouvent ainsi ouverts à l'exploitation et une utilisation plus complète des produits de la forêt est possible. Economie, réduction des déchets, tels sont les bénéfices qu'apporte progressivement à la forêt l'utilisation de machines et d'outils nouveaux.

INDONÉSIE

Des enfants d'un village de Java ramassent du bois de chauffage dans une plantation de teck coupée à blanc pour préparer une nouvelle révolution. La pression de la population et les besoins élevés qui en résultent, à la fois en ce qui concerne la nourriture et le bois d'œuvre et de chauffage, ont amené à adopter un système qui permet aux villageois de cultiver le sol pendant un certain nombre d'années, en échange de quoi ils plantent et soignent les essences qui formeront ultérieurement les plantations. En 1952, une superficie de 43.000 hectares a été cultivée à Java suivant le système du taungya plus de la moitié de cette superficie était plantée en teck. Grâce à cette méthode d'assolement, le rendement de la récolte est maintenu à un niveau raisonnable ou même amélioré sans qu'il en résulte ni détérioration du sol, ni appauvrissement ou détérioration de la forêt.

JAPON

Coupe à blanc par petites trouées de Cryptomeria japonica âgés de 50 ans, dans le nord du Honshu. La régénération sera assurée par plantation l'année suivante. L'écorce a été levée sur les arbres pour être utilisée comme bardeaux. La terre cultivable étant un bien précieux au Japon, il est essentiel d'appliquer des pratiques rationnelles de sylviculture et d'aménagement dans les régions qui peuvent être consacrées à la forêt. L'intérêt général peut exiger la réglementation des coupes dans les propriétés privées ou un contrôle technique de ces coupes par des forestiers compétents.

Comment aménager la superficie ainsi réservée?

Après avoir passé en revue les facteurs qui influenceront les décisions relatives à la politique de production, il convient de se demander de quels moyens dispose cette politique pour influencer cette production. Ces moyens sont au nombre de trois:

1. L'extension de l'aire des forêts et des terrains de parcours forestiers productifs:

a) par semis ou plantations,

b) par la valorisation des produits susceptibles d'être fournis par les forêts économiquement inaccessibles, ou par la réduction des coûts d'exploitation, de transport, de transformation ou de commercialisation de ces produits.

2. L'amélioration de l'aménagement.

3. La réduction des déchets.

Sous chacun de ces points, les possibilités sont nombreuses et variées. On se contentera d'en donner ci-après des illustrations.

Extension de l'aire des forets et terrains de parcours forestiers.

Semis et plantations. La création sur une grande échelle de peuplements artificiels est l'un des moyens évidents d'augmenter la surface forestière d'un pays. De nombreux pays ont des plans importants de plantation portant pour la plupart sur des terrains qui avaient été autrefois boisés. En Europe occidentale par exemple, ces plans visent au boisement en 25 ans de 10 millions d'hectares - superficie qui devrait être d'ailleurs considérablement augmentée pour faire face aux besoins prévisibles. En Asie, c'est surtout pour augmenter les disponibilités en bois de chauffage et en charbon - de bois que de nombreux pays se sont engagés dans la même voie. Certaines de ces plantations sont irriguées. Mais dans la plupart des cas les terres ainsi boisées ne fournissent actuellement aucun produit utile.

Dans certaines parties du monde, les plantations d'essences à croissance rapide en vue d'utilisations spéciales ont donné d'impressionnants résultats. Les plantations de nouveaux hybrides de peuplier en Europe, en Argentine, en Uruguay et aux Etats-Unis, et qui s'étendent maintenant au Proche-Orient, méritent une mention toute spéciale. La Commission internationale du peuplier, sous l'égide de la FAO, à permis aux experts de nombreux pays d'échanger les fruits de leurs recherches et de leur expérience. L'accroissement des superficies complantées et des rendements des plantations témoignent du succès de son activité. De même l'introduction de nombreuses espèces d'eucalyptus² a été couronnée de succès dans les pays méditerranéens et en Amérique du Sud, notamment au Chili, et l'on a pu, grâce à ces espèces, établir sur des terres autrefois stériles des forêts produisant d'importantes quantités de bois d'œuvre et de bois à pâte.

² FAO, Les eucalyptus dans les reboisements (Etudes des forêts et des produits forestiers, N° 11). Rome, 1954.

La mécanisation des plantations, lorsque les circonstances s'y prêtent, a permis de réduire notablement leurs frais d'établissement, important avantage lorsque la main-d'œuvre est rare et coûteuse. Le temps et le travail nécessaires se trouvent aussi considérablement réduits. L'équipement mécanique des pépinières présente les mêmes avantages. Sans doute cette mécanisation n'est pas partout applicable, mais les bénéfices en sont si grands qu'on doit soigneusement essayer d'y recourir dans toutes les circonstances qui peuvent se présenter.

Si l'on veut étendre la forêt au moyen de plantations, il importe évidemment d'utiliser des graines d'origine géographique convenable et provenant, si possible, d'arbres d'élite. Pour favoriser les échanges internationaux de ces graines de haute qualité, la (conférence de la FAO a approuvé un modèle de certificats d'origine et de qualité ainsi qu'une formule douanière d'expédition destinée à accompagner les envois. L'organisation a également inauguré un service d'échangés de graines et publie annuellement un Répertoire des graines forestières contenant une liste de fournisseurs, privés ou gouvernementaux, et la liste des essences dont ces fournisseurs peuvent vendre ou échanger les graines.

De même que les plantations peuvent être exécutées sur des terrains nus, mais en bon état, ou sur des terrains érodés ou détériorés par les coupes abusives ou l'incendie, de même le réensemencement et d'autres mesures appropriées permettront soit d'augmenter la capacité de production des terrains de parcours forestier, soit de réhabiliter les terrains endommagés par une utilisation excessive. Les exemples d'opérations de ce genre sont nombreux. Au Canada des semis d'Agropyron desertorum et A. cristatum ont permis d'obtenir des rendements de quatre à six fois supérieurs à celui des terrains de parcours appauvris et non réensemencés. Aux Etats-Unis, des proportions d'augmentation de trois à dix fois ont été obtenues. Dans ces pays comme ailleurs un tel succès dépend évidemment du choix intelligent des terrains à ensemencer, de l'utilisation d'espèces convenables, de la mise en œuvre de méthodes d'établissement appropriées, de l'exécution du semis à des époques favorables, enfin et surtout de l'aménagement rationnel du parcours sur les terrains ensemencés.

Parmi d'autres mesures expérimentées avec succès, on peut citer le repiquage de touffes de graminées Ce Cynodon daclylon et d'autres graminées à rhizomes se prêtant particulièrement à ce système) et de jeunes plants d'arbres fourragers ou de broussailles recherchées par le bétail, élevés en pépinières. Les méthodes de ce genre mises au point par les forestiers du Maroc pourraient utilement être copiées ailleurs. L'utilisation des engrais a, elle aussi, considérablement augmenté les rendements en fourrage dans diverses parties du monde. On peut également lutter contre la propagation d'arbustes épineux, tels que les Acacias sp. et le Prosopis julifora, lorsqu'ils sont indésirables, par des méthodes diverses qui ont été appliquées avec succès: destruction par le feu sous des conditions soigneusement contrôlées, traitements mécaniques, application de composés chimiques, méthodes biologiques. Des exemples de ces dernières sont l'introduction d'insectes prédateurs du cactus (Opuntia spp.) en Australie, en Afrique du Sud et à Hawaii, et de l'Hypericum perforatum en Australie et aux Etats-Unis.

Les insectes et les rongeurs jouent dans certains pays un rôle néfaste et peuvent causer de graves dommages aux terrains de parcours forestiers. Après de soigneuses recherches, des méthodes ont été mises au point qui permettent de lutter efficacement contre les sauterelles, les criquets, les fourmis, le lapin et les autres rongeurs.

L'ouverture des forets inaccessibles. L'énorme volume des bois, actuellement considérés comme inutilisables parce que physiquement on économiquement inaccessibles, pourrait alimenter d'importants marchés locaux ou internationaux. La recherche nous renseigne peu à peu sur les qualités des bois que renferment ces forêts inaccessibles, mais ce genre de recherche devrait être considérablement développé soit par l'industrie privée, soit sous l'égide des gouvernements. Les associations commerciales, si elles disposaient des informations fournies par ces recherches, pourraient aisément habituer leur clientèle à utiliser des essences encore peu connues. La normalisation de la nomenclature et des descriptions, l'adoption de classifications uniformes auraient un résultat analogue.

On s'intéresse beaucoup, dans nombre de pays, aux possibilités de développement d'industries de la pâte et du papier basées sur les ressources locales. Là où l'établissement de telles industries apparaît économiquement sain, l'énorme valorisation des bois qu'entraînerait la demande de matière première pour l'alimentation des usines locales permettrait évidemment l'ouverture des forêts inexploitées. Le résultat serait le même s'il était prouvé que certaines espèces peuvent se prêter à la fabrication de panneaux de fibres pour le bâtiment. Ainsi qu'on l'a indiqué, l'installation de nouvelles industries de ce genre doit être un élément de la politique forestière nationale.

Il est également possible de modifier les conditions d'accessibilité physique d'une forêt, mettant ainsi à la disposition du marché un important volume de matière première. Ce résultat sera généralement obtenu par l'ouverture d'un réseau routier, de préférence dans le cadre général d'un plan de développement des transports intéressant non seulement les forêts mais aussi d'autres ressources: minerais et peut-être aussi produits agricoles. Outre le développement des routes et aussi l'aménagement du flottage, les possibilités que présente la mécanisation des opérations d'exploitation - qui est discutée dans un autre article du présent périodique - méritent de retenir l'attention. On notera seulement ici que les constructeurs intéressés doivent être encouragés et guidés dans le développement de machines bien adaptées aux conditions locales particulières. Dans le même ordre d'idées, et comme on l'a déjà mentionné, on peut obtenir beaucoup de la formation des travailleurs forestiers et de l'amélioration de leurs conditions de vie et d'habitation.

L'amélioration de l'aménagement

L'organisation de la forêt en vue d'une production continue doit être accompagnée, sous peine d'un échec total, du développement de techniques appropriées de sylviculture et de protection du peuplement. Trouver les solutions qui conviennent à chaque ensemble de conditions locales exige toute la science, l'habileté et l'imagination des forestiers. Car la plus grande partie des forêts du monde ne bénéficie encore d'aucun aménagement réellement scientifique et de grandes améliorations restent possibles même dans les pays où les techniques sont les plus développées.

C'est ainsi qu'en Europe et dans les régions d'Asie où l'art de l'aménagement forestier est pratiqué depuis longtemps, la généralisation de la pratique de l'éclaircie, l'amélioration des méthodes de régénération, la conduite plus scientifique des peuplements mélangés, la conversion de taillis en futaies, le traitement des sols et l'utilisation de graines et plants de haute qualité sont quelques-uns des nombreux moyens qui permettraient d'obtenir une augmentation sensible du rendement. Au Danemark, par exemple, en dehors des régions de dunes et de bruyères, les méthodes de sylviculture intensive appliquées aux peuplements permettent d'obtenir une production annuelle moyenne de 10 mètres cubes à l'hectare. Et cependant on estime que, d'ici 25 ans, l'amélioration de ces méthodes pourrait relever ce chiffre de 50 pour cent. De même, la détermination scientifique de la capacité de charge des terrains de parcours forestiers, le réensemencement des terrains de qualité inférieure, l'éradication ou l'empoisonnement de la végétation nuisible, le développement des points d'eau, l'utilisation des engrais, l'application de systèmes de rotation et d'autres mesures analogues permettraient d'augmenter la productivité de ces terrains dans une proportion considérable.

Là où les techniques de l'aménagement et de la sylviculture sont encore inexistantes ou à l'état embryonnaire, l'augmentation de la production pose un certain nombre de problèmes majeurs. L'un des plus importants est de déterminer les méthodes de conversion qui permettront de transformer en forêt productive le vieux peuplement primitif où l'accroissement net des bois sains est très faible ou balancé par les pertes dues à la mortalité naturelle. C'est aussi l'un des plus difficiles à résoudre si l'on veut effectuer cette conversion avec un minimum de perte de temps et de productivité et sans gaspillage des bois existants. Un second problème est la réhabilitation, par voie de coupes d'amélioration ou par d'autres mesures similaires; des forêts décimées ou surexploitées par des exploitations commerciales effectuées sans aucun égard aux règles de la sylviculture ou à la productivité future. Des millions d'hectares ainsi traités par désir de profit immédiat, par insouciance ou par ignorance des potentialités de la forêt, ont été en effet réduits à l'état de boisements de très faible productivité. Un troisième problème est la recherche, pour les grands types de forêt, de méthodes de sylviculture assurant à long terme le rendement soutenu, et en particulier de méthodes convenables de coupes de régénération, de nettoiement, de dégagement, d'élagage et d'éclaircie susceptibles d'améliorer le taux d'accroissement et la qualité des peuplements. La solution de ces problèmes exige une connaissance détaillée du milieu et des caractères sylvicoles des essences principales, notamment du mécanisme de leur reproduction, des sols qui reçoivent la semence, des facteurs affectant l'établissement et le développement des semis, des phénomènes de concurrence et de résistance aux facteurs du milieu, et de nombreux autres éléments de ce genre. Elle exige aussi la synthèse de toutes les informations dont on dispose et la définition, sur la base de cette synthèse, d'une méthode pratique de sylviculture.

L'absence de ces informations est souvent l'obstacle essentiel à la solution des problèmes que l'on vient de mentionner et de bien d'autres. La recherche convenablement dirigée est le seul, mais puissant, outil qui permette de les rassembler rapidement et économiquement, par opposition à l'expérience hasardeuse et empirique, gaspilleuse de temps et d'argent. C'est pourquoi les pays les plus avancés ont largement développé leurs organismes de recherche forestière, ainsi qu'en témoigne une récente étude de la FAO³ préparée en collaboration avec l'Union internationale des organisations de recherche forestière, étude qui donne la liste des travaux de recherche actuellement conduits par les principaux établissements des pays membres.

³ FAO, Research in Forestry and Forest Products (Etudes des forêts et des produits forestiers, Né 9). Rome septembre 1953.

Le développement de techniques saines nécessite, comme on l'a vu, l'accumulation, puis la synthèse de connaissances portant sur de vastes domaines. Pour arriver à ce résultat, les outils dont on dispose sont: l'étude soigneuse des facteurs écologiques, l'observation dirigée et l'interprétation des résultats obtenus par les méthodes employées actuellement et dans le passé, enfin la recherche destinée à combler, aussi rapidement et économiquement que possible, les lacunes des connaissances actuelles. L'organisation de cette recherche nécessite donc un programme bien étudié qui ne peut être mené à bien que par un personnel hautement qualifié, tant au point de vue sciences de base qu'au point de vue techniques de l'aménagement et méthodes de la recherche scientifique. Il convient donc d'attacher de plus en plus d'importance à la création ou au renforcement des établissements destinés à former ce personnel et, en général, tous les cadres de la foresterie. Ce sont ces cadres qui assureront la diffusion des résultats de la recherche. Souvent, ainsi qu'on l'a vu, les services d'aide et d'assistance technique qui ont la charge de cette diffusion seront constitués et contrôlés par les organismes de l'État; mais dans certains cas l'organisation de coopératives pourra permettre aux petits propriétaires forestiers de bénéficier directement des connaissances acquises par ce personnel.

La réduction des déchets

La réduction des pertes de bois est l'un des moyens les plus directs d'augmenter la productivité des forêts. De grands progrès ont été réalisés dans la réduction des pertes dues aux incendies, aux maladies et aux insectes. Pourtant les uns et les autres prélèvent encore une énorme part tant des forêts que des produits forestiers manufacturés, une part qui souvent excède celle que l'homme utilise pour la satisfaction de ses besoins. Ici encore l'action indispensable nécessite à la fois l'éducation du public, la formation adéquate du personnel forestier, une organisation convenable des services et l'application intelligente et énergique des résultats de la recherche et de l'expérience. La prévention et la lutte contre le feu, dont les principes applicables à l'échelle mondiale ont été résumés dans une étude de la FAO4, ont fait beaucoup de progrès. Les études conduites à l'échelle locale ou régionale sur les insectes et les champignons servent de base aux méthodes susceptibles de réduire ou d'éliminer les pertes qu'entraînent leurs attaques. La chimie met à notre disposition de nouveaux produits toxiques qui constituent une arme efficace dans cette lutte incessante. Les développements de la génétique et de la sélection, permettant la production et la propagation d'hybrides résistants ou de races immunisées, commencent également à jouer un certain rôle à cet égard.

4 FAO, La lutte contre les incendies de forets (Etudes des forêts et des produits forestiers, N° 5). Rome, août 1954.

Dans le domaine de l'utilisation, de grandes possibilités s'offrent pour la réduction des déchets et l'augmentation de la productivité. On connaît l'importance des déchets qu'entraînent habituellement le sciage et l'exploitation. La proportion de bois perdu dans ces opérations s'abaisse rarement au - dessous de 25 pour cent et s'élève trop fréquemment à plus de 50 pour cent du volume total de la coupe. Dans ce domaine aussi, la recherche est la condition nécessaire de l'amélioration des méthodes, des outils et des machines. Elle tend à accroître l'efficacité des opérations de coupe et de conversion, à rechercher de nouveaux débouchés pour la fibre dans la fabrication de la pâte, des papiers et des panneaux, à trouver de meilleurs produits de préservation. Ces développements et de nombreux autres, qui seront étudiés plus en détail à propos de l'utilisation des produits forestiers, sont riches de promesses pour l'augmentation de la productivité par la réduction des déchets.

Résumé

Outre son rôle fondamental de protection, la forêt joue donc aussi un rôle très important de production de biens de consommation directe et de matière première pour l'industrie. Les besoins en produits forestiers tendent assurément à augmenter, mais une concurrence sévère se produit entre les diverses formes de l'utilisation du sol comme entre le bois et les produits susceptibles de le remplacer. Les produits de la forêt ne pourront donc occuper dans l'économie nationale une place de choix que s'ils sont de bonne qualité, bien adaptés aux besoins de l'industrie, et aussi peu coûteux que possible. Le sol doit être utilisé avec le maximum d'efficacité.

Ceci n'est possible qu'avec de saines politiques forestières à long terme, qui ne sont pas moins nécessaires au développement d'une industrie forestière stable.

Une saine politique forestière visera donc à satisfaire, dans toute la mesure possible, compte tenu des conditions du commerce intérieur et extérieur, les besoins en bois du pays et de ses industries. L'un de ses principes de base étant la recherche, à long terme, du bénéfice maximum pour le plus grand nombre, elle tiendra compte des besoins nationaux en produits alimentaires, en combustible et en matériaux de construction, des nécessités de l'industrie et du commerce, des exigences de l'agriculture en matière d'utilisation des sols. Parmi les autres facteurs qu'elle devra prendre en considération, on a mentionné: le degré du développement industriel et le développement des besoins en bois qui en résulte, la structure de la propriété foncière, celle des droits et des coutumes affectant les forêts, l'accessibilité physique et économique des massifs boisés, les disponibilités en main-d'œuvre, le développement actuel et potentiel des marchés intérieurs et extérieurs, le rôle de la forêt dans les loisirs et l'éducation, l'importance des ressources forestières actuelles ou susceptibles d'être créées et leur productivité, les possibilités d'améliorer cette production en augmentant la surface boisée au moyen de plantations, en améliorant les méthodes d'aménagement et en réduisant les pertes et les déchets. Ce sont ces facteurs et d'autres du même genre qui détermineront le rôle et la place de la forêt dans le cadre de l'économie générale des terres. Les problèmes qui se posent au Congrès, s'il se place au point de vue des fonctions de production de la forêt, peuvent donc se résumer dans les quatre points suivants:

1. Quels sont les éléments qui déterminent les besoins réels d'un pays en produits ou services de la forêt?

2. Compte tenu de ces besoins et des facteurs économiques et techniques ayant une influence sur ce problème, comment évaluer la superficie boisée nécessaire et la place qu'il convient d'attribuer à la forêt dans le cadre de l'économie générale des terres et du développement économique du pays? Et quelles seront les variations de cette évolution sous l'action des différents facteurs à considérer?

3. Une fois la politique forestière déterminée, comment la traduire dans les faits par des mesures de législation, d'organisation, de financement de la recherche, de l'éducation et des organes de gestion?

4. Quelles sont les méthodes qui paraissent le plus aptes à améliorer la productivité des forêts et des terrains de parcours forestiers et comment les adapter au mieux aux besoins et aux possibilités du pays?

PROCHAINES RÉUNIONS

· Sont prévues pour 1955 les réunions suivantes des Commissions régionales des forêts de la FAO: troisième session de la Commission des forêts pour l'Asie et la région du Pacifique, à Tokio, en avril; cinquième session de la Commission des forêts pour l'Amérique latine, probablement au Venezuela, en mai ou juin; première session de la Commission des forêts pour le Proche-Orient, au début de l'année; neuvième session de la Commission européenne des forêts, à Rome en octobre.

· La huitième session de la Conférence de la FAO, organe directeur de l'Organisation, doit avoir lieu à Rome en novembre 1955. Le douzième Congrès de l'Union internationale des instituts de recherche forestière est prévu pour 1956 au Royaume - Uni.


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