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Dehra Dun 1954

Le quatrième Congrès forestier mondial s'est tenu à Dehra Dun (Inde) du 11 au 22 décembre 1954. Ce fût un succès complet, tant par le nombre des participants, que par l'importance des questions débattues et la haute tenue des nombreuses interventions.

Quarante-six pays avaient envoyé des délégations quelquefois très importantes. Tous les états du pays invitant étaient représentés et l'ensemble de la délégation de l'Inde comprenait plus de 180 délégués. Parmi les pays ayant envoyé des délégations importantes, citons la France, le Pakistan, la République populaire de Chine, le Royaume-Uni et l'Union des Républiques socialistes soviétiques.

J'aurais aimé voir assister au Congrès ceux qui, ignorant le niveau élevé atteint par la foresterie dans l'Inde, avaient exprimé leur surprise de voir un congrès, traitant des problèmes forestiers, se réunir dans ce pays, laissant entendre que le Congrès n'était qu'une excuse à un voyage d'agrément au Taj Mahal et à la vallée du Cachemire, aux frais du gouvernement. Le degré de compétence des assistants les aurait éclairés. Ils auraient constaté que les «excursions» étaient de sérieuses tournées d'étude dans les forêts de l'Inde dont les forestiers professionnels purent tirer d'utiles enseignements, en grande partie à leurs propres frais.

C'est dans les congrès forestiers mondiaux que se fait le point des connaissances acquises dans les différents domaines de la foresterie: c'est là aussi que les experts peuvent discuter des meilleures méthodes à employer pour la plus grande satisfaction des besoins humains en produits forestiers, pour parvenir au maximum de l'utilité de cette richesse naturelle qu'est là forêt.

Mais ils ont également un autre rôle à jouer: c'est un rôle de propagande. Nous, forestiers, avons besoin, pour réussir dans notre action, d'être soutenus par l'opinion publique alors que, trop souvent, des politiciens et même des membres de gouvernements, par ignorance ou manque d'intérêt pour les problèmes à long terme, ne comprennent pas l'importance du problème forestier local, régional et mondial.

Il m'a donc été très agréable de voir que le gouvernement de l'Inde avait si bien compris cette fonction du Congrès, qu'à première vue l'on pourrait considérer comme accessoire.

Toutes les séances du Congrès ont été suivies par des reporters représentant les plus grands journaux du pays et, chaque jour, le lecteur de l'Inde pouvait lire dans ces journaux, sur deux ou trois colonnes, les comptes rendus les plus complets des différentes séances.

D'un autre côté, une active propagande avait été menée pour inciter les populations voisines à venir visiter l'Institut forestier où se déroulaient les séances. Il nous arrivait souvent, lorsque nous sortions de nos salles, de trouver dans les couloirs une file ininterrompue d'hommes, de femmes et d'enfants, curieusement intéressés par ces délégués venus de toutes les parties du monde. Ceux qui assistèrent aux discussions furent fortement impressionnés par les différentes expositions qui leur montraient non seulement l'importance du bois dans l'économie d'un pays, mais aussi les différents problèmes très complexes que pose la culture forestière.

Si l'ensemble des délégués ne nie pas l'importance de ces congrès, qui donnent à chacun l'occasion de mieux se connaître et d'avoir des contacts extrêmement importants pour le travail à venir, certains, peu nombreux je dois l'avouer, sont assez sceptiques sur leurs fonctions éducatrices et vont jusqu'à dire que de tels congrès ne leur ont rien appris. Je ne saurais laisser passer sous silence de telles remarques: il faudrait donc croire que de tels hommes portent en eux la science forestière infuse dans ses moindres aspects, ou alors qu'ils sont complètement fermés à ce qui n'est pas leurs préoccupations particulières.

Pour ma part, je dois avouer que je n'ai jamais été dans de telles réunions, même plus modestes, sans avoir acquis quelque chose et bien souvent dans le domaine où je m'y attendais le moins.

Mais durant un tel congrès, il n'est pas seulement question de problèmes techniques, de systèmes d'application pratique, mais aussi des problèmes humains si importants en matière forestière. Et je suis sûr que de ce point de vue, les délégués venus en Inde auront appris beaucoup de choses dont l'une, certainement très importante, est que des gens venus de tous les pays du monde avec des idéaux parfois très différents, ont pu discuter de leurs problèmes communs, n'ayant pour seul objectif que l'avenir de la forêt mondiale dans un monde qui assiste aux découvertes scientifiques les plus étonnantes et a besoin de paix pour faire prospérer la forêt et améliorer les conditions de vie de ses habitants.

Pour ces raisons, le gouvernement de l'Inde, qui a permis la tenue d'un tel congrès, et tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à l'organisation de cette réunion, méritent nos félicitations et notre reconnaissance.

Directeur de la Division des Forêt


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