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Le travail de la FAO


Commission européenne des forêts
Rapports d'assistance technique
Un programme forestier pour l'Afrique

Commission européenne des forêts

La huitième session du Groupe de travail permanent du boisement et du reboisement de la Commission européenne des forêts de la FAO a été organisée par la Turquie du 21 au 25 avril 1959. Elle fut présidée par Sir Henry Beresford-Peirse (Royaume-Uni), M. Jean de Vaissière (France) étant rapporteur.

Le groupe de travail a pris connaissance des opérations de boisement et de reboisement réalisées en 1958 par les Etats Membres de la région. L'extension des forêts existantes a porté sur 280 000 hectares, et 241 000 hectares de forêts dégradées furent l'objet d'un traitement d'amélioration, ce qui constitue un bilan satisfaisant. La surface des plantations nouvelles a atteint 38 000 hectares.

Les coûts actuels des plantations donnèrent lieu à une large discussion, et il fut décidé d'y consacrer des études plus approfondies.

La situation de la main-d'œuvre forestière fut examinée à la lumière d'une enquête préliminaire à laquelle avait procédé le Secrétariat. En l'absence de chiffres valables sur le nombre de travailleurs employés et sur la durée de leur période d'emploi, il a été proposé qu'une étude plus poussée soit faite en liaison avec l'Organisation internationale du travail (OIT).

En outre le Secrétariat présenta au groupe de travail un résumé d'une étude sur les politiques de boisement et de reboisement ayant trait, d'une façon générale, aux relations entre l'agriculture et la forêt. Il a été convenu que l'introduction de cette étude, qui constitue une prise de position de principe, recevrait une large diffusion auprès des gouvernements.

Enfin les participants firent le bilan des activités passées du Groupe de travail créé par la Commission européenne des forêts (CEF) en 1949. Il leur est apparu que le Groupe de travail avait largement rempli les missions définies par la Commission en 1950 et de nouveau en 1955, et que, dans ces conditions, il appartenait à la Commission plénière de décider de l'avenir de cet organisme. Le Groupe suggéra certains des objectifs qui mériteraient une étude plus poussée: nouvelles techniques de plantation, amélioration du sol, utilisation des engrais, protection contre le gibier, effets des traitements sylvicoles sur l'accroissement.

Avant la session de Turquie, les membres du Groupe de travail de correction des torrents de la CEF avaient été invités par le gouvernement grec à faire un court voyage d'étude dans la région de Salonique et la vallée du Strymon pour voir un travail d'aménagement de bassins versants. Après ce voyage, qui eut lieu du 19 au 21 avril, les participants rejoignirent Istanbul, où ils retrouvèrent les membres de l'autre groupe de travail. Ensemble ils prirent part à une réunion et à un voyage d'étude organisés conjointement avec la Sous-commission de l'utilisation des terres et des eaux de la Commission européenne pour l'agriculture de la FAO.

Cette première tentative, au niveau international, en vue de permettre des discussions sur le terrain entre agronomes et forestiers sur les problèmes de l'utilisation des terres, rencontra un appréciable succès. La tournée avait été bien préparée par l'Administration de l'agriculture et des forêts du gouvernement turc. Elle conduisit d'abord les participants à des bassins de réception situés au voisinage immédiat d'Istanbul où se trouvent posés les problèmes particuliers relatifs à l'extension des grandes villes. Le voyage se poursuivit ensuite vers Izmit, Brousse et Smyrne.

Les discussions furent immédiatement suivies de réunions de petits groupes et, finalement, d'une réunion plénière présidée par M. G. R. Yitterborn, président de la Sous-commission de la CEA, le président du groupe de travail du boisement et du reboisement de la CEF étant rapporteur. Les résultats de ces débats ont été communiqués aux deux Commissions.

Cet échange de vues, d'un intérêt considérable, conduit à penser qu'un mécanisme permanent devrait être établi tant sur le plan national qu'au niveau international pour assurer des contacts et une coordination entre les agronomes, les forestiers et les ingénieurs ayant à connaître des problèmes d'utilisation des terres et de conservation des sols et de l'eau. Il existe de nombreux sujets qui les intéressent tous et qui nécessiteraient, de ce fait, un examen en commun. Bien que limitée à la région européenne, cette expérience pourrait également constituer un modèle pour une meilleure coordination entre forestiers et agronomes dans les autres parties du monde.

Rapports d'assistance technique

Plus de 1 000 rapports de missions d'assistance technique ont maintenant été publiés par la FAO. Ces rapports renferment les conclusions et les recommandations présentées par les fonctionnaires de l'assistance technique à la suite de leurs missions dans les différents pays.

Un cinquième des rapports publiés à ce jour traite de la forêt en général et concerne des missions effectuées dans 50 pays: 23 pour cent intéressent des pays de l'Asie et de l'Extrême-Orient, 18 pour cent l'Europe, 36 pour cent l'Amérique latine, 14 pour cent le Proche-Orient et 3 pour cent l'Afrique.

Il convient de rappelles que le programme élargi d'assistance technique de la FAO débuta par la conclusion d'accords d'assistance en vue du développement forestier au Guatemala et en Birmanie, en septembre 1950. Le premier rapport officiel d'assistance technique sur les questions forestières soumis par la FAO au gouvernement autrichien était intitulé: Investment Program for Forestry and Forest Industries. Il avait été préparé par Egon Glesinger - aujourd'hui directeur de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO - et par D. R. Cameron, qui était à cette époque à la tête du Bureau forestier de la FAO pour l'Europe. Le rapport a été présenté au gouvernement autrichien en 1950. Le prochain rapport publié portera le numéro 1087 et concernera un centre de formation en matière d'abattage et de débardage en Inde.

La majorité des rapports sur la forêt, près du quart, ont traité des plans de développement de la forêt et des industries forestières dans 31 pays différents, des limites extrêmes du bassin de l'Amazone au Brésil, à l'Afghanistan. Des études sur le développement de la production de pâte et de papier ont été effectuées en 1952/53 dans 17 pays répartis dans le monde entier ainsi que dans la zone des Caraïbes et l'Amérique centrale. Au cours des douze derniers mois, des enquêtes ont été menées sur les développements possibles du commerce du bois de teck la Birmanie, sur les perspectives d'industries forestières au Ghana et sur le potentiel de production de bois du Liberia.

Des levés de forêts et des cartes ont été réalisés par les fonctionnaires de l'assistance technique de la FAO dans certaines régions du bassin de l'Amazone et pour les forêts de teck du nord de la Thaïlande. L'utilisation de la photographie aérienne pour les inventaires de forêts a fait l'objet de 11 rapports relatifs à 7 pays.

En matière de recherches sur la forêt et les produits forestiers, 22 missions ont été effectuées dans 12 pays. Des missions de sylviculture et de reboisement ont été envoyées dans 18 pays, du Paraguay à Malte. La conservation des sols, l'aménagement des bassins versants et des domaines forestiers ont fait l'objet d'autres rapports. Seize rapports concernent tout particulièrement l'exploitation forestière, depuis le façonnage de bois à pâte en Indonésie jusqu'à l'exploitation en montagne au Mexique. Le développement des scieries, des fabriques de contreplaqués et d'autres industries de base, fait le sujet de nombreux autres rapports.

La FAO a organisé ou participé à l'organisation de nombreux projets régionaux, de centres de perfectionnement et de symposiums tenus dans diverses parties du monde. C'est ainsi que des rapports ont été publiés à la suite de plusieurs voyages effectués pour étudier aux Etats-Unis, la lutte contre les incendies de forêts, en Australie, les eucalyptus, en Tchécoslovaquie, la sylviculture des reboisements, enfin, en U.R.S.S. au cours de 1956, la sylviculture en zone aride.

Bien entendu, chaque rapport d'assistance technique est d'abord présenté sous forme confidentielle aux autorités du gouvernement intéressé. En général cependant, ce gouvernement donne son accord à la diffusion générale du document après un certain délai, et un nombre limité d'exemplaires peut alors être fourni à la demande. Il est fait mention des rapports au fur et à mesure de leur parution dans les Forestry Abstracts, publiés par le Bureau forestier du Commonwealth à Oxford, Angleterre.

Un programme forestier pour l'Afrique

On dit communément que l'Afrique est un continent en pleine fermentation. En 1957, la neuvième session de la Conférence de la FAO consacra beaucoup de temps à discuter du rôle et de la politique de la FAO dans cette région. Elle décida d'installer en Afrique, comme cela avait été fait antérieurement pour d'autres régions, un bureau régional: celui-ci doit permettre de renforcer la coordination entre les gouvernements dans les divers domaines d'activité de l'Organisation. Depuis lors, le Directeur général a désigné, comme représentant régional, M. P. Terver, antérieurement membre de la Division des forêts et des produits forestiers. Des fonctionnaires forestiers seront affectés au bureau régional qui va d'abord être installé à Accra, Ghana, vers la fin de cette année; un petit groupe travaille avec la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique à Addis-Abeba, et la prochaine session de la Conférence de la FAO étudiera également la création de deux autres sous-bureaux régionaux.

Quand on compare les tâches accomplies et le travail réalisé par les services forestiers des pays d'Afrique, on constate que beaucoup a été fait mais qu'il reste encore beaucoup plus à accomplir dans le domaine de la foresterie. Les restrictions budgétaires et la priorité donnée à la mise en valeur industrielle et agricole menacent de réduire les ressources dont disposent les services forestiers, et, par voie de conséquence, leurs cadres déja insuffisants. Les gouvernements ont besoin qu'on leur rappelle constamment que la forêt est une source directe et indirecte de richesse, et qu'elle a un rôle bien défini à jouer dans l'utilisation des terres, la conservation du sol et la régularisation du régime des eaux; enfin, que ces qualités sont constamment, et souvent de plus en plus, menacées de tous côtés. L'agriculture l'élevage du bétail et les plantations à but industriel réclament à grands cris de nouvelles terres. Et, dans la forêt même, le caractère de «cueillette» de l'exploitation du bois d'œuvre concentrée sur les seules espèces de la plus haute valeur commerciale peut appauvrir irrévocablement de vastes étendues.

L'inventaire des ressources forestières naturelles et l'étude de leur gestion par des observations et grâce au développement de la recherche (ce qui est particulièrement l'affaire de la Commission pour la coopération technique en Afrique au sud du Sahara - CCTA) ne sont encore que des champs d'activité partiellement explorés, et leurs résultats doivent être examinés corrélativement avec d'autres études sur les tendances des besoins en bois. L'absence de tels inventaires a souvent donné naissance à l'idée que les ressources forestières de certaines zones de la région étaient inépuisables.

L'aménagement de l'utilisation des terres est une nécessité immédiate en face de la pression démographique croissante et de l'expansion économique. Pendant les luttes pour le pouvoir qui accompagnent souvent les périodes d'évolution nationale, existe un risque constant de suppression des rares obstacles qu'il a été possible d'élever au cours des temps contre la destruction irrationnelle de la forêt. Le type d'action pour lequel la FAO a été créée et pour le développement duquel elle est directement responsable est donc, en Afrique, d'une nécessité urgente.

Pour attirer sur ces sujets l'attention des autorités nationales, la FAO a établi dans d'autres régions des commissions régionales forestières intergouvernementales. Celles-ci se réunissent périodiquement pour passer en revue les progrès des politiques forestières nationales. On y échange des vues sur les programmes de mise en valeur et les difficultés rencontrées sont examinées en tenant compte de l'expérience acquise dans d'autres régions. Ces échanges d'idées et les possibilités de contacts personnels ont en eux-mêmes une très grande valeur. Mais ce qui est plus important, ce sont les recommandations qui peuvent être faites aux gouvernements en vue de l'adoption de mesures destinées à aider au développement de l'économie forestière. Ces recommandations, venant d'un organisme international créé par les gouvernements eux-mêmes, ont généralement plus de poids que si elles sont présentées par des services forestiers isolés. Il est possible que les pays membres d'Afrique demandent en temps voulu à l'Organisation de créer une commission forestière régionale pour favoriser également la mise en valeur de la région.


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