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Compte rendu technique du Cinquième congrès forestier mondial


Sylviculture et aménagement
Génétique et amélioration des arbres forestiers
Protection de la forêt
Economie et politique forestières
Enseignement
Produits forestiers
Forêt et pâturage sur les bassins versants
Forêt récréative et faune
Exploitation forestière et travaux forestiers
Foresterie tropicale

Sylviculture et aménagement

Dans le domaine de la sylviculture et de l'aménagement, les thèmes suivants ont été pris en considération: inventaire des ressources forestières, sylviculture des terres arides et semi-arides, évolution des idées et progrès récents en ce qui concerne la sylviculture et l'aménagement, écologie et pédologie forestières.

Le Congrès a recommandé d'intensifier les recherches sur l'adaptation de la photographie aérienne aux problèmes particuliers des inventaires dans les régions tropicales et sur la mise au point de techniques plus efficaces pour recueillir et analyser les données précises nécessaires pour les aménagements intensifs.

La mise au point de méthodes d'inventaire homogènes pour la mesure des divers et nombreux éléments d'estimation forestière est apparue comme particulièrement nécessaire.

On a noté les progrès récents et spectaculaires réalisés dans l'exploitation mécanique des données des inventaires, y compris les avantages des calculateurs électroniques qui permettent d'exploiter les données en quelques jours ou quelques heures, sur les méthodes anciennes beaucoup plus lentes et coûteuses. Les recherches futures devront porter sur l'étude de techniques plus efficaces appliquées aux inventaires de vastes étendues de forêts et à des inventaires plus ou moins intensifs.

La discussion sur la sylviculture des terres arides et semi-arides a montré la difficulté des problèmes rencontrés dans l'intégration de la forêt et du pâturage, dans la restauration du couvert végétal des régions soumises au pâturage intensif, et, en particulier, dans l'installation de forêts productrices du bois nécessaire aux populations locales. Des opinions furent exprimées en faveur de la création, sur les bons sols, de forêts soumises à une culture intensive. Ces «cultures accélérées d'arbres forestiers» sont prévues pour fournir un ou plusieurs produits bien définis nécessaires à la région.

L'amélioration du couvert forestier ou herbacé sur les sols pauvres, actuellement embroussaillés, fut également évoquée. La plantation d'arbres sur de tels terrains ne doit être envisagée qu'après avoir estimé le déséquilibre que pourront vraisemblablement apporter les arbres dans le bilan en eau du sol.

FIGURE 1. - Inauguration du cinquième Congrès forestier mondial, dans le Meany Hall, à l'université de Washington. La salle presque comble est gaiement pavoisée avec les drapeaux des Etats participants, disposés tout autour de la galerie en fer à cheval.

Photo: Service forestier des Etats-Unis

FIGURE: 2. - M. Egon Glesinger (à gauche), Directeur de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO, s'entretient avec M. B.R. Sen, Directeur général de l'Organisation.

Photo: The Timberman

Le Congrès, considérant l'urgence des mesures à prendre sur le plan forestier dans beaucoup de régions arides du monde, a reconnu la nécessité d'intensifier l'étude des problèmes variés et difficiles qu'elles impliquent.

Le thème des «cultures accélérées d'arbres forestiers» opposées à la sylviculture «naturelle» a soulevé des controverses sur la question de savoir jusqu'à quel point les forestiers pouvaient sans risque s'éloigner des conditions forestières «naturelles». Des études portant sur la même station doivent être poursuivies pendant une longue période de temps. Les deux conceptions devront trouver leur place dans les aménagements. Les forestiers doivent comprendre les relations de la forêt et des éléments du milieu, y compris les facteurs biotiques, et appliquer des idées et des techniques fondées sur la connaissance des lois naturelles. Les techniques de la sylviculture traditionnelle peuvent être en accord avec la notion d'utilisation multiple. En ce qui concerne l'aménagement, les méthodes les plus modernes employées en Europe et en Amérique du Nord ont retenu l'attention, notamment l'application des systèmes de placettes permanentes pour le contrôle de la production. La discussion des répercussions, sur la sylviculture, des prix des produits forestiers a permis d'explorer les limites actuelles et prévisibles imposées à l'intensité et au prix des opérations sylvicoles par les éléments du marché. La discussion porta également sur les techniques nouvelles du contrôle de la composition des peuplements, en particulier celles concernant l'élimination des espèces indésirables.

Dans le domaine de l'écologie et de la pédologie forestières, le Congrès a passé en revue les progrès récents réalisés dans la classification et la cartographie des stations, l'amélioration des caractéristiques physiques et chimiques du sol en vue d'accroître la production ligneuse, et l'influence de cette amélioration sur les maladies des arbres. Le Congrès a recommandé d'intensifier les recherches sur les systèmes d'évaluation de la productivité. Le rôle croissant des techniques d'amélioration du sol a été reconnu. Le concept de la forêt «complexe en équilibre dynamique avec son milieu» a été largement soutenu. La discussion a porté également sur le cycle des éléments nutritifs et ses modifications par les opérations sylvicoles. L'importance de l'idée de complexe écologique fut confirmée par la revue des progrès réalisés pour l'estimation indirecte de la productivité d'une station à partir de la mesure des facteurs du milieu. Il est apparu nécessaire de bien comprendre le sens des relations profondes qui existent entre la productivité de la station et l'ensemble des éléments du complexe écologique qui la déterminent. Par la connaissance de ces relations, il est possible de prévoir le type de station qui convient aux différentes espèces, et d'avoir une base pour estimer la productivité potentielle des diverses régions du monde et leur contribution future à la satisfaction des besoins mondiaux en produits forestiers.

Au sujet de l'extension des activités de l'Union internationale des instituts de recherches forestières concernant la typologie forestière, le Congrès a fait les recommandations suivantes:

1. Extensions du programme du groupe de travail de typologie forestière de l'UIIRF, afin d'inclure l'étude d'autres méthodes de typologie - la plupart d'entre elles ont été discutées au cours de la réunion du neuvième Congrès international de botanique consacrée aux complexes écologiques - et d'aboutir ainsi à des conclusions pratiques sur la valeur relative des diverses méthodes et leur application à la foresterie.

2. Présentation, par ce groupe de travail, de méthodes pour l'évaluation des utilisations multiples d'un terrain forestier, en employant des combinaisons de caractéristiques forestières, pédologiques et climatiques qui puissent être appliquées directement par les forestiers praticiens.

D'autres recommandations ont également été adoptées:

1. Établissement par la FAO de procédés uniformes pour recueillir et enregistrer les données essentielles sur les plantations expérimentales.

2. Etude par la FAO de la possibilité d'obtenir des tarifs préférentiels pour le transport par avion des graines et du matériel vivant à usage expérimental.

3. Lancement par la FAO d'une campagne des «Forêts pour l'an 2000», afin d'aider à la conservation ou à la création de forêts dans les pays où la foresterie est peu développée.

4. Lutte sur le plan gouvernemental contre le pâturage des chèvres en forêt.

5. Etude des possibilités de création et de traitement, dans différents pays, de forêts placées dans les conditions écologiques optimales.

6. Recherches spéciales à entreprendre sur la question de savoir jusqu'à quel point la culture forestière peut s'écarter des conditions naturelles.

7. Etudes sur les «cultures accélérées d'arbres forestiers» à entreprendre pour savoir comment peuvent se développer et être productives des plantations successives sur le même terrain.

Génétique et amélioration des arbres forestiers

Le Congrès a fait le bilan des progrès réalisés dans l'amélioration des arbres forestiers et a discuté des propositions pour une coopération internationale dans les recherches de génétique et les diverses activités qui s'y rapportent. De l'avis général, une étroite coopération est nécessaire pour les échanges de matériel vivant et la certification des graines. Plusieurs solutions furent avancées, depuis un système de coopération volontaire jusqu'à un Code international à adopter par les pays membres, et rigoureusement appliqué.

Le Congrès a recommandé que la FAO s'attache à promouvoir un accord international en vue de faciliter les échanges de matériel pour les travaux d'amélioration, en particulier les études expérimentales.

Le Congrès a reconnu la nécessité d'une action visant à utiliser plus complètement les résultats de l'amélioration des arbres forestiers en vue de renforcer les programmes de boisement et reboisement, et de remplir les divers objectifs du principe d'utilisation multiple. Il a donc recommandé qu'une conférence technique soit organisée sur le plan mondial par la FAO, avec l'appui et la caution de l'Union internationale des instituts de recherches forestières et des organisations analogues, afin de coordonner et de favoriser le plus tôt possible le développement des techniques d'amélioration, la production en masse de plants améliorés, et l'adaptation de ces techniques et de ce matériel aux programmes de boisement et reboisement, sur des bases scientifiques et économiques rationnelles.

Le Congrès a approuvé les efforts poursuivis pour la normalisation des noms de plantes et recommandé, dans l'intérêt de la coopération internationale, l'emploi en foresterie du Code international de nomenclature des plantes cultivées.

La définition des objectifs de l'amélioration des arbres forestiers et la discussion sur la façon de les atteindre ont mis en relief l'importance, pour la génétique, des recherches fondamentales dans les sciences de base. Le Congrès a reconnu que l'amélioration des arbres par sélection, hybridation, polyploïdie et mutagénèse, et par l'action des facteurs du milieu, offre de stimulantes perspectives.

Protection de la forêt

Le Congrès a passé en revue les progrès récents réalisés dans la lutte contre les insectes, les maladies et le feu. Il y a une relation précise et directe entre les variations du temps et du climat d'une part, et d'autre part, les invasions d'insectes, les maladies à allure épidémique et les grands incendies; il est donc possible de prévoir les périodes dangereuses et de prendre à l'avance les mesures particulières de précaution qui s'imposent. On a étudié la possibilité de réduire les coups de foudre, principale cause de graves incendies de forêt, et certains progrès ont été enregistrés dans ce domaine.

Les nouvelles méthodes de lutte contre les insectes forestiers, utilisant des techniques chimiques, biologiques et culturales perfectionnées, ont fait l'objet de discussions. Il est apparu nécessaire d'approfondir les connaissances de base sur la biologie des insectes forestiers et, en général, de la faune forestière, de mettre au point des insecticides plus sélectifs, et des techniques d'application plus efficaces. Le succès des explorations entreprises pour trouver des parasites et prédateurs des insectes forestiers, et l'introduction de ces ennemis naturels ont bien démontré l'intérêt de la lutte biologique, en particulier pour les espèces introduites en Amérique du Nord. Les recherches poursuivies sur les agents pathogènes des insectes mettent en évidence l'intérêt croissant des maladies à virus, champignons et bactéries pour la lutte contre certains groupes d'insectes. Une certaine protection contre les insectes nuisibles peut être assurée en maintenant les mélanges d'espèces naturelles, en enlevant les arbres plus sensibles et aussi en réalisant des éclaircies ou d'autres traitements culturaux afin d'accroître la vigueur des arbres et des peuplements, et de favoriser les agents biotiques protecteurs. La méthode de lutte la plus efficace contre les insectes résulte de la combinaison des techniques chimique, culturale et biologique.

L'accroissement de la demande mondiale en produits forestiers amène à accorder de plus en plus d'attention à la connaissance des méthodes de protection des forêts contre l'incendie. Un des problèmes critiques de la lutte contre l'incendie est le maintien d'une certaine souplesse dans l'organisation du combat contre le feu. Celle-ci doit être aussi peu coûteuse que possible, tout en étant capable de faire face à toutes les circonstances critiques. Cela a été réalisé en Australie, par la constitution de petits groupes de spécialistes auxquels viennent s'ajouter en cas de besoin, les habitants de la région et les ouvriers forestiers. Il est également possible de résoudre ce problème par l'emploi d'engins mécaniques et la mise au point de nouveaux produits chimiques plus actifs. Les avions sont maintenant largement employés aux Etats-Unis et au Canada à la fois pour déplacer rapidement les hommes et pour attaquer directement le feu. Le rôle de la recherche dans l'amélioration de la lutte contre le feu a été examiné par le Congrès. Il a paru nécessaire d'obtenir des données sur les caractéristiques des incendies de forêt et il a été rendu compte d'études récentes dans ce domaine.

Des pertes catastrophiques ont été causées sur tous les continents par des maladies introduites d'autres continents. Afin d'éviter le retour de telles catastrophes, il est nécessaire de mieux connaître les maladies existant dans toutes les parties du monde, de les identifier, de connaître la sensibilité des espèces forestières importantes des autres continents, et d'améliorer les règlements phytosanitaires.

Des produits toxiques préventifs et curatifs, employés depuis longtemps en agriculture, existent maintenant pour la lutte contre les maladies dans les pépinières forestières, les plantations et les peuplements. Ce sont des fongicides organiques, des phytocides sélectifs, des produits fumigènes pour la stérilisation du sol, et des antibiotiques systémiques. Ces produits chimiques sont les moyens d'avenir pour la lutte directe contre les maladies des arbres forestiers. Les pourritures des racines sont en fait des «maladies de mauvaise sylviculture» parce que leur fréquence est en relation inverse avec la qualité du traitement de la forêt. On peut lutter contre elles soit en changeant les méthodes sylvicoles, soit par des programmes spéciaux d'action directe.

Le Congrès a fermement recommandé que des recherches nouvelles soient entreprises dans le but de déterminer les facteurs responsables des épidémies et des grands incendies, et d'améliorer les mesures préventives et les techniques de lutte.

Economie et politique forestières

Les discussions menées au cours du Congrès sur l'économie et la politique forestières ont porté sur de vastes sujets d'intérêt général concernant des situations et des problèmes communs à la plupart des pays représentés: problèmes économiques et politiques relatifs à la conversion et à l'aménagement des vieux peuplements naturels; importance à donner à l'approvisionnement, à la demande et à l'analyse du marché dans l'expression d'une politique forestière; dispositions réglementaires concernant la foresterie; techniques rationnelles pour la conduite des petites forêts.

La discussion aboutit à la conclusion que le problème qui conditionne les progrès de la foresterie dans la plupart des pays est, à la base, celui de la structure, souvent mal adaptée, des marchés locaux. Dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans les pays dits sous-développés, le bois est surtout utilisé localement comme combustible, et les vieux peuplements naturels accessibles sont «écrémés» de leurs bois de qualité qui sont exportés. Souvent, bien que ces pays possèdent une grande richesse forestière, ils importent la plus grande partie de leur bois de construction, de papeterie, et autres produits forestiers primaires dont ils ont le plus grand besoin et qu'ils pourraient sans difficulté obtenir à partir de leurs propres ressources. En fait, la foresterie restera stagnante tant que des marchés locaux importants, pour une gamme de produits correspondant à la demande, ne se seront pas établis dans ces pays riches en bois. L'invasion des produits concurrents est un autre handicap majeur. L'étude de l'approvisionnement, de la demande et du marché des produits forestiers doit précéder, dans tous les pays, l'établissement de programmes prévoyant les étapes nécessaires pour favoriser le développement forestier, satisfaire les besoins en bois à long terme et maintenir le bois et ses dérivés à un niveau compétitif.

Les forêts privées jouent un rôle important dans l'économie du bois de plusieurs pays. Certains ont décidé qu'ils ne pouvaient se permettre de laisser l'avenir de leurs forêts privées entre les mains des seuls propriétaires, à moins que ceux-ci n'acceptent un régime de propriété particulier. En général, les grands propriétaires conduisent correctement leurs forêts. Mais, sauf dans certaines régions, ce n'est malheureusement pas le cas pour tous les petits propriétaires, qui possèdent une partie notable des forêts du monde entier. Pour une large part, les petites forêts appartiennent à des agriculteurs ou à des propriétaires qui ne sont pas directement associés à une industrie forestière. La production du bois n'est pas en général leur principale activité. Le Congrès a examiné les divers moyens d'améliorer la conduite de ces petites forêts. Il a fortement recommandé que le moyen qui sera jugé le meilleur s'accompagne des mesures suivantes: effort accru pour l'enseignement et formes varices d'aide et d'assistance de la part de l'Etat.

FIGURE 3. - M. Sen (au centre du groupe) traverse le «campus» pour se rendre à la cérémonie inaugurale du Congrès.

Enseignement

Les problèmes et les besoins concernant l'enseignement forestier pour les pays nouvellement venus à la foresterie ont été examinés sous l'angle de la nature et de l'importance des institutions nécessaires, et de la façon dont elles peuvent effectivement recevoir l'aide de l'Etat.

Le besoin considérable en techniciens et en ouvriers spécialisés, surtout dans les pays tropicaux, a été souligné de façon répétée. Le Congrès s'est beaucoup préoccupé de savoir si les écoles existantes pouvaient répondre à ces besoins. Les divers pays devraient intensifier leurs efforts pour assurer un enseignement professionnel aux individus les plus compétents. Le Congrès a reconnu que, pour certains pays, la meilleure voie consiste peut-être à les envoyer dans les bonnes écoles forestières déjà installées dans d'autres pays. Cependant, le Congrès a recommandé que d'importants centres internationaux d'enseignement et de recherche soient établis dans les régions du monde où la foresterie commence à prendre son essor, alors que chaque pays devrait prendre en charge ses propres écoles de gardes et établissements analogues destinés à la formation des techniciens. Le Congrès a recommandé que la FAO et les autres institutions internationales intéressées considèrent favorablement les demandes d'assistance sous forme de crédits ou de personnel, pour les deux types d'institutions; que, en outre, tous les pays de ces régions du monde mettent au premier rang de leurs objectifs la création d'un important noyau d'hommes ayant reçu une formation dans des établissements d'un niveau universitaire réel. Un tel groupe de forestiers expérimentés a été considéré comme une condition préalable essentielle pour l'établissement d'écoles de gardes et d'écoles professionnelles dans un pays. Ainsi, la foresterie doit conquérir le prestige que seuls peuvent donner à une activité des cadres hautement compétents ayant reçu un excellent enseignement professionnel. Ce prestige et ce respect sont indispensables pour influencer l'opinion publique et les gouvernements en les amenant à accorder une grande considération à la foresterie.

Le Congrès a estimé qu'il était nécessaire de former plus de forestiers dans le domaine de l'économie forestière. Il est hors de doute qu'un personnel de niveau scientifique est indispensable au développement des techniques modernes. Mais les pays ont également besoin d'hommes capables d'avoir des vues générales des divers facteurs économiques qui viendront peser sur les décisions à prendre pour le déroulement d'un programme forestier bien ordonné. Le Congrès a recommandé qu'un effort particulier soit fait pour leur formation par les organisations internationales et autres.

Le Congrès a également reconnu qu'il faut former en plus grand nombre des enseignants capables d'organiser et de diriger des cours de formation forestière à tous les niveaux. On a souligné le fait que, dans la plupart des cas, il n'est pas souhaitable de tenter de former des spécialistes au cours des années d'enseignement préparatoire; il est plus important de donner des bases solides dans les sciences fondamentales et les principes de la foresterie. La spécialisation sera acquise dans de meilleures conditions au cours des dernières années d'enseignement. Le Congrès a été d'avis que des écoles d'application ne devraient pas normalement être installées dans les pays de développement récent.

Les écoles existantes, avec un corps de professeurs et des moyens stables, peuvent accueillir un plus grand nombre d'étudiants. De concert avec les nouveaux centres d'enseignement et de recherche dont la création dans les régions tropicales a été recommandée, elles doivent suffire pour l'avenir immédiat. Le Congrès a recommandé, comme un complément à l'enseignement supérieur, que la FAO organise et dirige des séminaires régionaux où les forestiers venant de régions à conditions écologiques comparables pourraient échanger leurs connaissances.

Le Congrès a recommandé que certaines écoles forestières ou institutions spécialisées donnent un enseignement forestier sur le plan mondial pour préparer les professeurs et les techniciens aux missions à l'étranger placées sous l'égide de la FAO et d'autres organismes.

Le Congrès a reconnu que la plus large compréhension et le soutien de l'opinion publique mondiale sont nécessaires aux progrès de la foresterie. Des succès notables ont été enregistrés et on a pu s'assurer le concours d'un certain nombre de pays utilisant une grande variété de méthodes. Le Congrès a recommandé que ces méthodes soient étudiées et adaptées aux conditions locales par les pays qui ont besoin de renforcer leur programme d'information et d'éducation auprès du public.

Produits forestiers

Les diverses questions relatives aux produits forestiers traitées par le Congrès ont mis en relief l'importance de la recherche sur les produits forestiers pour faire progresser l'économie des régions forestières sous-développées, pour accroître la production des forêts et rendre possible une sylviculture intensive.

Les dernières découvertes sur la structure intime du bois obtenues grâce au microscope électronique, et les rapports entre la structure du bois et les propriétés physiques et mécaniques ont été examinés. On a passé en revue les éléments nouveaux qui permettent de préciser les propriétés chimiques du bois en insistant plus particulièrement sur les caractéristiques de la cellulose et de la lignine et leur relation avec la structure moléculaire, ainsi que sur l'augmentation de la gamme de produits obtenus par action chimique. Il y eut aussi des discussions sur les points suivants: importance de la qualité du bois et facteurs dont elle dépend; améliorations apportées au traitement du bois et application de l'automatisation dans ce domaine; possibilités d'intégrer les utilisations du bois; importance de la protection et de la préservation du bois; amélioration des rendements en pâte et progrès réalisés en ce qui concerne l'utilisation de nouvelles matières premières et plus particulièrement des bois feuillus.

Après avoir reconnu que la recherche sur les produits forestiers contribue de façons diverses à améliorer l'utilisation du bois et exerce une influence sur la foresterie, le Congrès a émis le vœu que d'autres pays créent des laboratoires de recherches sur les produits forestiers. Le Congrès a recommandé aux gouvernements, aux établissements d'enseignement et aux organismes privés d'accroître leurs efforts en matière de recherches sur les produits forestiers.

Le concept de l'utilisation multiple de la forêt a en contrepartie, la possibilité d'emplois divers pour les produits forestiers. Ceci est dû au fait que les diverses essences ont des caractéristiques très variables et qu'une même essence fournit toute une gamme de qualités de bois. Le Congrès a admis qu'il était important et possible d'améliorer la qualité du bois, vue sous l'angle de l'utilisation, en intensifiant les travaux de génétique et en pratiquant une meilleure sylviculture. Ceci est un argument de poids en faveur de l'accroissement de l'effort de recherche dans ce domaine.

Les progrès réalisés grâce à l'intégration des utilisations du bois ont confirmé l'importance de cette méthode. Le Congrès a recommandé d'encourager l'effort de coopération entre les industries en vue d'accroître les possibilités d'utilisation intégrée, et de poursuivre les recherches qui contribueront à généraliser cette méthode.

Le Congrès a admis qu'un des moyens permettant d'améliorer le pourcentage d'utilisation du bois consistait à employer des quantités notablement plus importantes de déchets de bois de formes diverses. Il a été souligné que, sous sa forme actuelle, c'est la sciure qui pose le problème le plus important pour être utilisée de façon pleinement satisfaisante. La recherche sur l'utilisation des déchets doit être poursuivie, et le Congrès a recommandé un effort supplémentaire pour étudier une nouvelle scie qui donnerait une sciure à fibres plus longues, plus facilement utilisable, sans pour autant réduire le rendement au sciage, ni augmenter les prix de revient.

En ce qui concerne la pâte et le papier, de gros progrès ont été réalisés au cours des dernières années: pour certaines pâtes, les rendements ont été augmentés de façon appréciable grâce à la mise en œuvre de procédés semi-chimiques, chimico-mécaniques (chemi-qroundwood) et à la soude caustique à froid; en outre la recherche a montré qu'il était possible d'augmenter le nombre des essences utilisables, en traitant les feuillus.

Le Congrès a admis qu'il était nécessaire, dans de nombreuses régions, de fabriquer davantage de pâte et de papier, et a recommandé d'intensifier les recherches sur les méthodes de fabrication de pâte avec des essences feuillues, en particulier avec des mélanges de feuillus, afin d'accroître les disponibilités en bois à pâte.

Le Congrès a reconnu que tous les organismes altérant le bois réalisaient une ponction considérable sur les ressources forestières et limitaient les services que peuvent rendre le bois et les produits forestiers. Il a admis qu'il était important de préserver et de protéger le bois, pour limiter ces pertes et accroître la vie utile des produits forestiers. Le Congrès a recommandé de tout faire pour que les informations concernant la protection et la préservation du bois soient largement diffusées, de poursuivre activement les recherches en vue de trouver des produits toxique préservatifs nouveaux et de mettre au point des méthodes de traitement plus efficaces, assurant une bonne pénétration du produit tout en affectant le moins possible les propriétés mécaniques du bris.

Le Congrès a constaté que, dans le monde entier, la production de panneaux de fibres et de panneaux de particules avait considérablement augmenté, ce qui s'avérait un facteur décisif et intéressant pour une meilleure utilisation du bois et surtout de ses déchets. Le Congrès a admis que ces résultats étaient le fruit de recherches importantes entreprises en vue d'augmenter la proportion de déchets utilisables, de créer des produits de meilleure qualité et de réduire les prix de revient.

Les recherches en cours sur la composition du bois et ses constituants ont permis de confirmer la complexité de la nature du bois dont on peut tirer de nombreux dérivés; il est en outre possible de transformer, par action chimique, les déchets de bois en divers produits intéressants, ce qui aboutit à une meilleure utilisation de la matière première. Le Congrès a recommandé d'intensifier les recherches fondamentales de chimie, pour mieux connaître les constituants chimiques, en particulier la cellulose, l'hemi-cellulose, la lignine et les produits d'extraction.

De plus, le Congrès a recommandé de prévoir des réunions périodiques de directeurs et autres responsables des laboratoires et organismes de recherches sur les produits forestiers des différents pays, pour examiner les résultats obtenus et coordonner autant que possible les différents programmes de recherche.

Forêt et pâturage sur les bassins versants

Le Congrès a étudié quatre grands problèmes de portée générale. Au cours des débats sur la protection des forêts, les participants ont été frappés par la similitude entre les problèmes posés par les avalanches, les inondations et les envasements, qui apparaissait dans des rapports sur le Japon, l'Inde et les Alpes. Mais les communications et les débats ont aussi montré que, dans les régions circumméditerranéennes, existaient de grandes différences entre les méthodes de lutte contre l'érosion torrentielle, les inondations et l'alluvionnement. Si les forêts jouent un rôle important en stabilisant les sols et en réduisant le ruissellement, il a été démontré que dans certains cas critiques, le reboisement devait être accompagné de travaux d'art, tels que banquettes de niveau, barrages, digues, dérivations et autres dispositifs de ce genre.

La discussion sur les rideaux-abris a démontré que ce genre de plantation se révélait efficace pour atténuer les effets de l'érosion éolienne, réduire l'évaporation, limiter les dégâts causés aux cultures par les vents de sable, et pour améliorer le climat local. Il est apparu que des thèses contradictoires existaient sur le point de savoir quel type et quel dispositif de rideaux-abris étaient les plus efficaces, On a remarqué que, d'une région à une autre, les types de réseau qui donnaient depuis longtemps les meilleurs résultats présentaient de grosses différences.

La séance, consacrée à l'aménagement des ressources en eau, a permis d'ouvrir un débat très intéressant au sujet de l'action des forêts sur l'approvisionnement en eau et sur le régime des cours d'eau. La nature et l'état de la forêt jouent un rôle important: la quantité d'eau qui s'écoule et la distribution de l'écoulement en dépendent. Lorsqu'un bassin donné est la source principale de l'alimentation en eau d'une ville, il peut devenir nécessaire d'envisager des aménagements techniques spéciaux; dans certains cas, lorsque l'eau est susceptible d'être utilisée à plusieurs fins, il faut éviter d'en altérer la qualité. Si la densité, le type ou la composition de la couverture végétale changent, il peut en résulter des modifications appréciables de l'approvisionnement en eau et de sa distribution.

Des activités comme l'exploitation forestière ou le pâturage ne peuvent être poursuivies que si l'on tient suffisamment compte des conséquences qu'elles peuvent avoir sur le ruissellement et l'érosion provoqués par des pluies violentes. Sur les pentes instables, il peut se révéler nécessaire de prendre des mesures spéciales pour la vidange des grumes, en utilisant par exemple des câbles aériens, pour éviter de trop remuer le sol. En ce qui concerne le pâturage, il convient de bien répartir les animaux, et de prévoir un système d'exploitation qui assure le maintien d'une bonne couverture végétale composée d'espèces fourragères intéressantes.

Le Congrès a recommandé que pour planifier l'utilisation des terres, on adopte une classification primaire qui permette de conserver l'eau, régulariser son écoulement et améliorer le climat local de la manière la plus efficace; il paraît donc souhaitable d'adopter comme unité de travail le bassin versant, le bassin de drainage ou le bassin de réception. Comme l'avaient fait de précédents Congrès forestiers mondiaux, il a de nouveau été recommandé d'associer étroitement les forestiers à l'établissement de ces projets.

Forêt récréative et faune

Le cinquième Congrès forestier mondial est le premier qui ait inscrit à son ordre du jour la rubrique récréation et faune. Cette décision a été prise pour tenir compte des rôles multiples de la forêt. Vu l'intérêt suscité par le sujet, on a exprimé l'espoir qu'il serait également évoqué au cours des Congrès futurs.

Ce sujet a été étudié au cours de trois séances, consacrées respectivement à la récréation, à la faune et aux réserves. Bien que chaque séance ait eu son propre programme, elles comportaient toutes des points communs.

En de nombreux pays, la fonction récréative des forêts prend une importance se développant de façon inattendue. S'il est souhaitable de voir le public apprécier les beautés de la nature en forêt, la présence d'un nombre croissant de visiteurs pose divers problèmes de gestion. Ces problèmes correspondent à des préoccupations telles que le danger d'incendie, les dégâts subis par les végétaux et les conditions d'accueil d'un grand nombre de personnes.

Certains pays doivent résoudre le problème posé par la présence de trop nombreux visiteurs dans les parcs nationaux, tandis que d'autres ont à se préoccuper de créer des parcs et de les administrer. Les discussions ont mis en évidence le fait que parcs et réserves sont créés en fonction de critères qui varient selon la nature de ce qu'il faut sauvegarder. Actuellement, dans presque toute l'Afrique, l'attention se porte sur les réserves de faune. Il a été signalé que dans plusieurs endroits du globe on désirait créer des parcs internationaux à cheval sur les frontières.

Un certain nombre de pays, en Europe occidentale notamment' ont des lois sur la protection de la nature, qui définissent un programme et une politique nationale. Certaines de ces lois prévoient le classement de tout ou partie de propriétés privées, pour permettre la conservation de paysages agréables.

FIGURE 5. - Vue du glacier Emmons, situé au centre du Parc national du Mont Rainier, que les délégués ont visité au cours d'une des excursions organisées pendant le Congrès. Le mont Rainier fait partie de la grande chaîne de volcans éteints qui entoure l'océan Pacifique et dont le plus connu est sans doute le Fuji-Yama au Japon.

Photo A. Métro.

On a admis que la faune forestière était l'un des éléments de la forêt. Rapports et débats ont mis en évidence le fait que les animaux jouaient un rôle important sur le plan récréatif et sur le plan écologique: en effet, les animaux sont loin d'être des éléments inactifs dans le complexe forestier, puisque le gros gibier, les rongeurs et les oiseaux granivores peuvent avoir une influence sur la régénération. Le gibier des forêts est traité différemment d'un endroit à un autre, si dans certaines forêts des deux hémisphères l'augmentation de la densité de gibier est assurée, dans d'autres régions, la disparition totale de certaines espèces sur de vastes étendues ne pourra être évitée qu'en adoptant des mesures de conservation sérieuses.

Le Congrès a fait les recommandations suivantes:

1. Parmi les nombreux aspects de la gestion forestière, les gouvernements devraient donner une place au rôle récréatif de la forêt et à l'aménagement de la faune.

2. Puisque toutes les formes de vie animale exercent une influence sur la forêt, ou sont influencées par elle, il conviendrait de mieux connaître le rôle qu'elles jouent en forêt.

3. Les recherches sur la faune et sur le rôle récréatif de la forêt devraient contribuer à résoudre les problèmes de plus en plus importants que posent la présence de visiteurs, les dégâts qu'ils provoquent, et l'aménagement de la faune.

4. Il conviendrait d'utiliser les moyens d'information publics pour faire apprécier les beautés de la nature et encourager leur protection, ainsi que pour faire comprendre que la faune doit être protégée dans certaines régions et peut ne pas l'être dans d'autres.

5. Une coopération internationale s'impose pour créer des réserves naturelles et des réserves d'animaux contiguës de part et d'autre des frontières.

6. Les organisations internationales peuvent fournir une assistance technique aux nouvelles nations africaines ou à d'autres pays pour les aider à créer de nouvelles réserves ou à s'occuper de la faune.

Exploitation forestière et travaux forestiers

Le Congrès a étudié divers aspects de la planification et de l'exécution des travaux forestiers, envisageant de nombreux cas variant avec l'importance des travaux et avec la situation géographique. Il est tout à fait évident que les méthodes applicables dans une région peuvent rarement donner satisfaction quand on les transpose dans d'autres régions où les conditions forestières, sociales et économiques sont différentes. Cependant, la confrontation de l'expérience, acquise dans des conditions différentes mais bien déterminées, permet de dégager des principes de base qui seront utiles à tous ceux qui ont la responsabilité de travaux, quelle que soit leur importance et dans n'importe quel pays. Les débats, consacrés aux différentes phases de l'exploitation, à la construction des routes et à l'utilisation des câbles dans toutes les régions du monde, comportaient les points communs suivants: la nécessité dans tous les cas de faire le bilan financier de l'opération en se basant sur un inventaire correct des ressources en bois, et l'obligation de tenir compte des impératifs de la sylviculture, sans négliger toutefois les problèmes de protection, pour que la productivité de la forêt reste élevée.

Le Congrès s'est vivement intéressé aux problèmes de recrutement, de formation, de sécurité et de bien-être des travailleurs forestiers. Il a étudié les nombreux facteurs qui, en matière forestière plus que dans d'autres domaines, font obstacle au progrès social; mais évidemment tout le monde a été d'accord pour dire que c'était aux forestiers qu'incombait la responsabilité du progrès social de la main-d'œuvre forestière.

L'amélioration des techniques de travail en forêt et de la formation des ouvriers forestiers obtenues l'une et l'autre grâce aux efforts combinés de la Commission européenne des forêts de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, de la Commission économique européenne des Nations Unies et de l'Organisation internationale du travail furent l'objet d'assez longues discussions. L'opinion du Congrès fut que les réalisations du comité mixte formé par ces trois organismes étaient excellentes et qu'il faudrait intensifier ce genre d'activité et l'étendre à d'autres régions forestières, en particulier aux pays sous-développés.

Le Congrès a admis que la formation professionnelle et la sécurité sont intimement liées, à tel point qu'il est pratiquement impossible de les séparer si l'on se penche sérieusement sur le problème. C'est pourquoi, le Congrès, après avoir reconnu que le travail forestier, y compris les différentes phases de l'extraction du bois, se rangeait parmi les plus dangereux, a fait les recommandations suivantes:

1. Les gouvernements et les organisations patronales et ouvrières devraient faire un effort important en faveur de la prévention des accidents.

2. Il faudrait poursuivre et intensifier l'action entreprise actuellement dans les différents pays en faveur de la sécurité, ainsi que l'œuvre accomplie dans ce domaine sur le plan international, en s'attachant plus particulièrement aux points suivants: mise en commun par les différents pays de l'expérience acquise sur le facteur humain, consignes de sécurité dans l'enseignement professionnel, statistiques d'accidents en forêt et matériel de sécurité.

Le Congrès a aussi recommandé de poursuivre et d'intensifier l'effort entrepris dans les domaines suivants: les cours internationaux de formation professionnelle, les bourses destinées au personnel désirant faire des études à l'étranger, les ouvrages d'enseignement professionnel, les manuels sur le matériel et les techniques de travail, la mise au point de techniques de vérification de l'outillage forestier, et l'encouragement des recherches sur l'amélioration de la productivité; les organismes internationaux intéressés devraient s'attacher à coordonner ces différentes activités.

Foresterie tropicale

En ce qui concerne la foresterie tropicale, le Congrès a examiné quatre grandes questions: 1) régénération et plantation, 2) obstacles, 3) gestion intensive ou extensive, et 4) agriculture nomade.

Régénération naturelle et plantation ont fait l'objet de discussions animées; les délégués ont exprimé des points de vue qui reflétaient l'abondance ou le déficit en ressources forestières des régions qu'ils connaissaient le mieux. Il a été admis que les deux types de régénération se révélaient nécessaires en de nombreuses régions et qu'ils ne s'excluaient pas.

On a brossé un tableau assez sombre montrant que les ressources diminuaient et que de vastes superficies n'étaient pas gérées d'une façon rationnelle. Ce tableau, dont l'exactitude n'a pas été admise par tous les délégués présents, a provoqué un débat axé sur l'arrêt partiel des progrès de la foresterie dans plusieurs régions.

On est arrivé à la conclusion que le mode de jouissance des forêts le plus satisfaisant, dans de nombreux pays en voie de développement, consistait à déléguer pour de longues périodes à des intérêts privés une part plus ou moins importante des attributs du droit de propriété, l'Etat se réservant un droit de contrôle. Pour les concessions forestières, on a suggéré que l'Etat conserve le droit de prendre les décisions les plus importantes concernant le contrôle de la production, que les redevances soient révisées en fonction du cours de la monnaie et que la concession soit subordonnée à l'installation d'une usine de transformation, de la capacité voulue, et dont le sort serait lié à celui de la concession.

L'étude de la gestion intensive ou extensive de la forêt tropicale a montré que la ligne de conduite adoptée devait être influencée par un certain nombre de facteurs dont quelques-uns n'avaient qu'un rapport indirect avec les ressources ou les besoins en bois.

On a fait ressortir la grave menace que la culture itinérante fait peser sur les forêts existantes, dans de nombreuses régions tropicales. S'il a été admis que, dans certaines circonstances, cette pratique n'entraînait pas une destruction totale, la protection des forêts contre les empiétements de l'agriculteur nomade a cependant été considérée comme un problème de première importance pour la foresterie tropicale. On a présenté des techniques susceptibles de résoudre ce problème, mais valables seulement dans des conditions particulières. On s'est mis d'accord sur la nécessité de substituer une agriculture permanente intensive à l'agriculture itinérante, non seulement pour utiliser plus rationnellement la terre, mais aussi pour mieux satisfaire les besoins en produits agricoles des populations dont la densité augmente. En attendant, le rôle du forestier consiste, en les combinant, à poursuivre les tâches suivantes:

1. obtenir la création de réserves forestières là où la chose est possible;

2. accroître la productivité des forêts;

3. mettre au point des techniques forestières compatibles avec l'agriculture itinérante et adaptées au caractère particulier des terres abandonnées par le cultivateur nomade.

C'est pourquoi le Congrès a recommandé:

1. Que les gouvernements prennent immédiatement des mesures pour délimiter les zones qui, à l'intérieur de leurs frontières, doivent rester boisées, et demandent pour cela une assistance internationale ou bilatérale.

2. Que les pays où la culture itinérante et le déboisement présentent une certaine gravité demandent l'assistance technique et financière des organisations compétentes des Nations Unies ou de toute autre organisation.

3. De créer, le cas échéant, dans le cadre des Commissions forestières régionales de la FAO, des groupes de travail permanents, qui seraient chargés d'étudier dans le monde entier le problème de l'agriculture itinérante et de rendre compte des progrès réalisés au prochain Congrès forestier mondial.


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