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Le travail de la FAO


Commission européenne des forêts
Voyage d'étude en France et au Royaume-Uni
La sylviculture des bois de ferme

Commission européenne des forêts

La Commission européenne des forêts de la FAO a tenu sa onzième session à Rome du 22 au 26 mai 1961 i. Un voyage d'études a été organisé du 27 au 29 mai par le Service forestier italien. Il comportait la visite des travaux d'aménagement des bassins versants, de correction des torrents et de reboisement dans les montagnes de Calabre ainsi que l'étude de la sylviculture et de l'exploitation pratiquées dans les forêts de Pinus laricio.

La session a été présidée par le président de la Commission, J. Jungo, Inspecteur général des forêts de Suisse. Deux rapporteurs - J. Q. Williamson (Royaume-Uni) et J. de Vaissière (France) - ont été désignés.

Résumé des rapports d'activités des différents pays

Les rapports d'activités présentés par les pays membres fournissent un excellent aperçu de l'état de la foresterie européenne en 1960. Les caractéristiques et les tendances essentielles sont résumées dans le rapport de la Commission.

L'une des tendances les plus marquantes est le développement des industries utilisant des bois de petites dimensions et des déchets. La plupart des pays signalent l'ouverture récente ou imminente d'usines de panneaux de fibres ou de particules. Parallèlement les fabriques de pâte et de papier, dont le nombre croît également, utilisent des bois de dimensions plus faibles et des quantités plus grandes de feuillus. En Allemagne, la production de panneaux de fibres a augmenté entre 1958 et 1960 de 30 % et celle de panneaux de particules de 74 %. En Suisse, la production de panneaux de particules a augmenté de 50 %, les déchets de scieries fournissant la moitié de la matière première. On expérimente une nouvelle fabrique de pâte utilisant des bois de toutes essences descendant jusqu'à 6 cm de diamètre. Les feuillus, les pins et les déchets de scieries fournissent 36 % de la matière première utilisée par l'industrie de la pâte et du papier. Au Danemark, l'industrie de l'emballage s'est équipée pour utiliser des billes de hêtre descendant jusqu'à 10 cm de diamètre et l'industrie de la pâte chimique à base de hêtre se développe. En Finlande, l'industrie de la pâte utilise l'épicéa écorcé à partir de 5-8 cm de diamètre et en Suède, la limite inférieure est encore plus basse, 4-7 cm. En France,

1 50 délégués appartenant à 21 pays membres y ont participé: Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Israël, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Turquie et Yougoslavie. Assistaient également des observateurs de la Commission économique pour l'Europe des Nations Unies, de l'Organisation internationale du travail, de la Communauté économique européenne, de l'Union internationale des instituts de recherches forestières et de la Confédération européenne de l'Agriculture. l'industrie du papier a consommé 142 000 m³ de feuillus en 1939 et plus d'un million en 1960. En Irlande du Nord, une usine de panneaux de copeaux a été mise en service et on projette l'installation d'une fabrique de laine de bois. En Pologne, en 1959 et 1960, les déchets de scieries sont entrés respectivement pour 40 % et 54 % dans l'approvisionnement en matières premières des usines de pâte; tandis qu'en 1959, l'industrie du panneau a absorbé 40 000 m³ de bois de petites dimensions. En Suède encore, où l'on estime que la production de pâte et de papier passera de 5 200 000 tonnes en 1958 à 6 700 000 tonnes en 1963 et où deux nouvelles usines de pâte au sulfate sont entrées en fonctionnement en 1960, la consommation des bois à pâte feuillus a doublé en cinq ans.

La chute de la demande de bois de feu, pourrait être freinée par un développement des méthodes de transformation du bois en copeaux en vue de son utilisation dans les chaudières de chauffage central - méthodes conçues dans les pays scandinaves et que la Suisse essaie de perfectionner.

L'augmentation de la consommation des feuillus pour la pâte - particulièrement tant que l'emploi des feuilles en mélange est encore au stade expérimental - n'a; pas amené les pays à abandonner la conversion en futaie des taillis et, plus spécialement, l'enrésinement. L'impression dominante qui ressort de tous les rapports est l'influence déterminante qu'exercent actuellement les besoins de l'industrie sur la gestion des forêts.

La Commission a noté avec satisfaction que les progrès réalisés en 1959 et signalés par les pays membres au triple point de vue extension des forêts (344 000 ha), plantations nouvelles hors forêt (47 000 ha) et remise en état de forêts (242 000 ha) étaient les plus grands qui aient été jamais constatés. L'augmentation des plantations nouvelles hors forêt a été particulièrement marquante. Sauf changements notables dans la situation économique européenne, on peut logiquement estimer que les progrès dans les prochaines années seront annuellement de l'ordre de 300 à 350 000 ha pour l'extension des forêts, de 50 à 60 000 ha pour les plantations nouvelles hors forêt et de 250 à 300 000 ha pour les remises en état de forêts.

Le manque de main-d'œuvre, aggravé par le fait que la plupart des forêts naturelles sont situées dans des régions où la dépopulation se fait sentir, pourrait constituer un obstacle, et peut-être le plus grave, à ce développement général. La Commission a étudié et suggéré un certain nombre de possibilités d'y remédier.

La question subsiste de savoir si l'ampleur de l'effort entrepris par les producteurs forestiers est à la mesure de l'augmentation des besoins en bois prévue pour l'Europe. En outre, les investissements nécessaires pour intensifier cet effort permettront-ils de fournir une matière première à des prix capables de triompher de la ´concurrence des matières premières de remplacement qui se développent également avec une grande rapidité?

De l'avis de la Commission, seule une réévaluation complète, s'étendant à tout le continent, des tendances de la production, de la consommation et du commerce du bois, peut permettre de répondre à ces questions. En fait, la FAO a déjà entrepris une telle réestimationen collaboration avec la Commission économique pour l'Europe, en même temps qu'elle procède à une étude spéciale du secteur des pâtes et papiers, financée par des subventions émanant d'associations de producteurs de pâte et de papiers d'un certain nombre de pays en Europe et hors d'Europe.

Incidence des projets d'intégration économique sur la foresterie européenne

Les autres points abordés au cours des discussions de la Commission ont été: les progrès des recherches sur l'amélioration des arbres forestiers, l'utilisation des engrais en vue d'accélérer la production des forêts, les insectes et les maladies, la protection contre le gibier et l'aménagement. Les fonds forestiers ont également donné lieu à de larges discussions qui font l'objet d'un article spécial dans ce numéro.

L'observateur de la Communauté économique européenne a entretenu la Commission de sa politique forestière commune concernant les forêts mais ne s'appliquant pas aux produits forestiers soumis aux règles édictées à leur sujet dans l'annexe I du traité de Rome. La Commission a également entendu une communication de M. du Vignaux, Directeur général des eaux et forêts de France, parlant au nom des délégations des pays membres de la Communauté économique européenne, indiquant qu'une politique forestière commune, qui devrait s'intégrer dans le cadre d'une politique agricole commune, restait à formuler. Désirant parvenir à une politique forestière commune, les membres de la Communauté ont décidé d'examiner en premier lieu un certain nombre de questions bien définies qui, du fait de l'établissement de règles s'appliquant à l'ensemble de la Communauté, pourraient conduire à modifier les lois et règlements des pays membres. Ceci sort de la compétence de la FAO mais la Commission européenne des forêts sera tenue au courant des développements de cette affaire. Un porte-parole de la zone européenne de libre échange a émis la même opinion.

Etant donné le déficit en bois de la Communauté économique européenne dans sa structure actuelle et l'augmentation prévisible des besoins, une politique forestière commune devrait être basée sur une action dynamique tendant à accroître la production et à réduire les prix de revient. Il ne semble pas probable qu'il s'ensuivra une réduction des importations de la Communauté dans son ensemble, en raison de la libéralité des tarifs douaniers extérieurs communs et de l'extension de la Communauté.

Aménagement du territoire et problèmes posés par les petites exploitations agricoles

Dans le cadre de la coopération entre la Commission européenne de l'agriculture de la FAO et la Commission européenne des forêts, celle-ci a entendu des communications émanant de plusieurs délégations sur les problèmes de l'aménagement du territoire et des petites exploitations agricoles.

Il semble que l'exode rural et la concentration urbaine, en dépit de leur influence sur la main-d'œuvre, ouvrent de nouvelles possibilités à la foresterie. Dans les zones actuellement en cours d'abandon, la forêt doit venir réoccuper une place importante pour procurer du bois, du travail et des revenus aux petits cultivateurs demeurés sur place ainsi que pour assurer la conservation des sols et des eaux et constituer des zones récréatives. A proximité des villes, l'augmentation du niveau de vie et les aspirations de la nouvelle génération incitent à constituer des «ceintures vertes» pour la détente et les loisirs. En matière d'utilisation des terres, toutes ces nouvelles tendances multiplient les occasions de coopération entre les forestiers et les agriculteurs.

Les résultats ont été étudiés dans une enquête de la FAO intitulée The Administration of Public and Common Grazing Lands in Europe, 1961. Dans un certain nombre de pays d'Europe, l'Administration forestière assume, seule ou en collaboration, la responsabilité des terrains publics ou autres soumis à la vaine pâture. En outre, en Europe, pas moins de 60 millions d'hectares de forêts, sur un total d'environ 150 millions, sont des propriétés publiques - forêts domaniales ou communales - et une importante partie de ces forêts sont périodiquement pâturées. Dans ces conditions, les forestiers doivent porter une attention toute particulière à cette question, mais la Commission a constaté qu'il était très difficile de tirer des conclusions générales valables pour l'ensemble de l'Europe. En fait. il y a peu de modes d'utilisation des terres qui soient aussi étroitement liés aux facteurs locaux. Il a été cependant décidé de participer à toutes les études régionales ou autres réalisations en la matière.

Questions administratives

La Commission a passé en revue les activités de ses organes subsidiaires et groupes de travail i et a donné ses directives de travail. On a proposé de réunir l'actuel Groupe de travail sur le boisement et le reboisement et le Groupe de travail sur les techniques de boisement de la Sous-commission méditerranéenne des forêts en un groupe qui prendrait le titre de Groupe de travail mixte des techniques d'extension et de restauration forestières. Ce groupe devrait constituer un sous-organisme mixte des Commissions des forêts pour l'Europe, le Proche-Orient et l'Afrique.

Il a été ensuite décidé de constituer un Groupe de travail du châtaignier, si la conférence plénière de la FAO concluait à l'intérêt de la suppression de l'actuelle Commission internationale du châtaignier.

La session a été déclarée close après l'examen par la Commission de l'orientation du programme de travail de la FAO et des activités de son assistance technique dans les pays d'Europe. Avant de se séparer les délégués ont élu à l'unanimité M. Wilhelm N. Plym Forshel, du Bureau national suédois de la forêt privée, président pour la durée de la douzième session de la Commission (1962). MM. Otto Eckmuller (Autriche), Nicholas Metaxas (Grèce) et Adrianus Stoffels (Pays-Bas) ont été élus à l'unanimité vice-présidents pour la même durée.

1 Sous-commission méditerranéenne des forêts
Comité mixte FAO/CEE des techniques de travail en forêt et de la formation des ouvriers forestiers
Groupe de travail de la correction des torrents et de la lutte contre les avalanches
Groupe de travail mixe FAO/CEE de la statistique des forêts et des produits forestiers
Voyages d'études de sylviculture.

Voyage d'étude en France et au Royaume-Uni

La réunion spéciale sur l'utilisation des bois de petites dimensions a été suivie, du 20 au 24 mars, d'un voyage d'étude en France et au Royaume-Uni, consacré surtout à divers aspects de la coupe et de l'utilisation industrielle des bois de petites dimensions.

En France, cinquante-cinq participants ont visité à Alizay (près de Rouen) une usine de pâte et de papier qui est gérée par la Société industrielle de cellulose Alizay (S.I.C.A.). Cette usine produit de la cellulose blanchie au sulfite composé dans la proportion de 100 % de bois feuillus, surtout de hêtre, mais aussi de charme. La plus grande partie de la pâte est destinée à l'industrie des textiles artificiels (fibrane et cellophane) et le reste sert à la fabrication de papiers spéciaux. Les participants ont également visité l'usine Beghin de pâte et de papier à Corbehem qui fabrique du papier-journal (environ 30 % de la production totale en France) et du carton à partir de résineux importés et indigènes. Cette société envisage également la possibilité d'utiliser les feuillus comme matière première pour la fabrication du papier-journal.

Des démonstrations ont été faites de nombreuses machines - sur prototype ou sur modèles fabriqués en série - utilisées pour la coupe et le transport du bois, y compris les taillis et autres bois de petites dimensions. Le Centre technique du bois a montré des prototypes de machines pour la coupe des taillis, le défrichage des broussailles et le dégagement du sol, ainsi que d'autres machines servant à la coupe, au transport et au premier façonnage des bois de dimensions insuffisantes. Une exposition de machines forestières a également été organisée.

Au Royaume-Uni, trente-quatre participants ont visité l'usine de Kemsley de la Bowater Company à Sittingborne, qui fabrique du papier-journal à partir d'un mélange de pâte mécanique importée et de résidus du bois broyés provenant de bois importés. L'usine fabrique également du carton ondulé dont la matière première provient en partie de bois feuillus du pays, traités par le procédé du sulfite de sodium neutre; on y fabrique également des panneaux de fibre par le procédé «Defibrator». Les participants ont également visité l'usine de cellulose Sudbrook qui produit la cellulose «Gatecel» à partir de bois feuillus du pays par le procédé du sulfite neutre.

La sylviculture des bois de ferme

Le troisième voyage d'étude de sylviculture, organisé pour les membres de la Commission européenne des forêts, s'est déroulé en Autriche du 5 au 15 juin. Il était axé sur les méthodes sylvicoles applicables aux bois de ferme. Quelque 20 forestiers appartenant à 10 pays ont visité les réalisations en cours de la Chambre d'agriculture et des forêts dans les bois de ferme de Styrie. Ils ont pu ainsi comparer à ce qu'ils voyaient les méthodes employées dans leur pays.

En Styrie, le concept de la ferme constituant un tout, avec ses champs et ses forêts, est bien admis; il existe ainsi un climat très favorable à une collaboration étroite entre le conseiller forestier, le conseiller agricole, le conseiller économique local et le fermier, sa femme et ses enfants. La réalisation des programmes d'ouverture de routes d'accès et d'installation d'écoles professionnelles, en partie grâce à l'apport financier de subventions, a permis de grands progrès dans l'élévation des rendements agricoles, l'amélioration de l'élevage et des pâturages et, parallèlement, dans la sylviculture rationnelle des bois de ferme. Les forestiers ont été vivement impressionnés, au cours de leurs visites, par les méthodes employées.

Un quatrième voyage d'études fera suite à celui-ci. Il aura lieu aux Pays-Bas en 1962 et aura pour thème les méthodes d'éclaircie dans les reboisements.


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