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FORUM FAO SUR LA BIOTECHNOLOGIE DANS LE DOMAINE DE L'ALIMENTATION ET DE L'AGRICULTURE: RÉSUMÉ DE LA CONFÉRENCE SUR LA FORESTERIE 1

par

Alvin Yanchuk2
Chercheur principal, Division de la recherche
Ministère des forêts de la Colombie britannique, Victoria, Canada


Les biotechnologies en agriculture ont soulevé maintes questions au sujet du rôle de l'homme dans la modification de la structure de base des organismes en fonction des disponibilités alimentaires et de leurs effets sur les écosystèmes des terres agricoles et incultes. Les progrès de la biotechnologie en foresterie sont un peu plus lents qu'en agriculture mais sont loin d'être négligeables. Toutefois, la communauté forestière doit répondre à de nombreuses questions concernant l'adéquation des biotechnologies en agriculture.

Dans le cadre d'une série de conférences électroniques d'une durée de deux mois sur les biotechnologies dans l'alimentation et l'agriculture, y compris les secteurs des cultures, de la pêche, de la foresterie et de l'élevage, la FAO a organisé récemment un forum électronique sur la biotechnologie en foresterie, en particulier dans les pays en développement. Ces forums ont été conçus pour permettre à un large éventail de parties, dont des organisations gouvernementales et non gouvernementales, des décideurs et le grand public, d'examiner et d'échanger des vues et des expériences sur des questions spécifiques concernant les biotechnologies dans l'alimentation et l'agriculture. La conférence sur la foresterie « Les biotechnologies actuellement disponibles pour le secteur forestier dans les pays en développement sont-elles appropriées? » s'est tenue du 25 avril au 29 juin 2000.

Près de 170 personnes s'étaient inscrites pour cette deuxième conférence, qui s'est déroulée peu après la conférence sur la biotechnologie en agriculture. Trente-deux messages ont été envoyés et la majorité (88%) des participants étaient des ressortissants de pays développés. Les 32 textes ont été rédigés par 15 personnes (9% de toutes les personnes inscrites) de 10 pays. La modification génétique des arbres a été de loin la biotechnologie qui a suscité le plus d'intérêt dans les débats mais la génétique moléculaire et les cultures tissulaires ont également été traitées de nombreuses fois. Les progrès dans la culture des tissus et la génétique moléculaire ont été en grande partie considérés comme des extensions des pratiques actuellement acceptables et répandues.

Les principales questions soulevées durant la conférence ont été les suivantes:

a) On a fait observer à plusieurs reprises que la biotechnologie moderne ne devrait être développée de façon pratique que pour les espèces auxquelles ont déjà été appliquées des techniques de plantation de base (par exemple, dans des collections de semences, des techniques de pépinière, la sylviculture, et dans l'amélioration des arbres et la recherche connexe) et qu'elle devrait donc améliorer les méthodes classiques de sélection et non les remplacer.

b) La longue durée du développement de la plupart des arbres forestiers constituera probablement une différence importante dans la mise au point et l'application à grande échelle des techniques de modification génétique aux arbres par rapport aux espèces agricoles cultivées. Par exemple, les brevets ne peuvent fournir une protection que pour un laps de temps limité (par exemple 20 ans), mais les brevets relatifs aux biotechnologies appliquées aux arbres pourraient expirer avant que les arbres ne soient récoltés. Par contre, si des paiements pour l'emploi de biotechnologies sont faits au stade de développement, des avantages économiques substantiels doivent exister afin de couvrir les coûts des investissements. Les longues rotations économiques de la plupart des arbres soulèvent aussi des inquiétudes du fait que les agents pathogènes risquent de devenir résistants aux arbres génétiquement modifiés. Toutefois, on a fait également remarquer que, à cause des longs laps de temps nécessaires pour développer et utiliser des arbres génétiquement modifiés, le secteur forestier devrait avoir plus de temps pour surveiller et redresser les tendances et les politiques concernant les arbres génétiquement modifiés que le secteur agricole avec les plantes cultivées génétiquement modifiées.

Des participants ont affirmé que l'utilisation des arbres génétiquement modifiés dans les pays en développement serait largement limitée aux arbres qui sont récoltés dans un laps de temps relativement court (par exemple, au bout de 10 ans), tels que ceux qui poussent en foresterie intensive (par exemple, Eucalyptus en Amérique du Sud ou en Afrique, Populus à courte rotation). On a prévu que les investissements dans les biotechnologies pourraient être rentables uniquement pour les essences ayant des périodes de rotation relativement brèves. De même, les essais devraient être fiables avec les essences à courte rotation, car l'expression du caractère génétiquement modifié peut être testée et suivie pendant la période de rotation prévue.

c) Chacun s'est accordé à reconnaître que de nombreux facteurs doivent être pris en compte au moment de décider si une biotechnologie est appropriée ou non en foresterie (c'est-à-dire les contraintes et les possibilités biologiques, économiques et politiques). Il est donc difficile de dire si une biotechnologie moderne est appropriée ou non pour des pays en développement.

d) Nombre des messages avaient trait au fait que le grand public a conscience et se préoccupe des risques et des avantages de la biotechnologie. On a dit à plusieurs reprises que le public devrait être mieux informé sur ces technologies et sur la manière dont elles pourraient être appliquées à des situations particulières en foresterie, avant de les utiliser.

e) Plusieurs des questions qu'on aurait pu s'attendre à être débattues (par exemple, la propriété/le contrôle des biotechnologies, la capacité des pays en développement à réglementer et surveiller l'emploi de produits issus des biotechnologies ou l'impact potentiel des toxines de Bacillus thuriengensis sur d'autres organismes), soit n'ont pas été examinées, soit l'ont été mais dans une mesure moindre que durant la conférence sur les espèces agricoles cultivées. Cela était dû probablement au fait que les techniques de modification génétique sont aujourd'hui davantage appliquées dans le secteur agricole que dans la foresterie, où aucun arbre génétiquement modifié n'a encore été mis dans le commerce.

D'autres thèmes ont été examinés durant la conférence qui peuvent être suivis en consultant les messages affichés sur la page d'accueil de la FAO, ou en lisant la version intégrale du compte rendu qui sera bientôt sur le site Internet. Des copies papier de ces documents sont disponibles pour les lecteurs de Ressources génétiques forestières qui n'ont pas facilement accès à Internet, sur demande adressée à la FAO.

1Reçu en août 2000. Original: anglais.
2Cet article a été préparé dans le cadre du Programme de coopération entre la FAO et des instituts scientifiques et de recherche.

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