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Transformation et
commercialisation
du rotin en
Afrique

A. Oteng-Amoako
et B. Obiri-Darko

A. Oteng-Amoako et B. Obiri-Darko
sont fonctionnaires principaux
auprès de l'Institut ghanéen
de recherche forestière, Kumasi (Ghana).

Des progrès doivent être accomplis dans les domaines du traitement, de la transformation et de la promotion si l'on veut accroître la part de l'Afrique dans le commerce international de matière première ou de produits dérivés du rotin.

Dans la plupart des pays producteurs d'Afrique, l'exploitation du rotin, de la production à la consommation, est une activité à faible consommation d'intrants et à forte intensité de main-d'œuvre. Après la récolte en forêt naturelle, le rotin est transformé en différents produits dans les villages et les centres urbains, à l'aide d'outils simples. Les produits sont ensuite vendus sur les marchés intérieurs urbains et ruraux, généralement en plein air, sur le bord des routes.

Les meubles, les paniers à provisions et à linge et les plateaux de service sont les principaux produits fabriqués en zone urbaine, alors qu'en zone rurale les plus importants sont les paniers de transport et d'entreposage. La qualité des produits finis est variable. En général, les produits de meilleure qualité sont manufacturés au Ghana, au Nigéria, au Cameroun et en République-Unie de Tanzanie, l'industrie étant très rudimentaire dans les autres pays africains.

La qualité d'un produit en rotin dépend essentiellement de la qualité de la matière première, de l'habileté du vannier, de l'efficacité des outils et de l'équipement utilisés et des autres intrants employés (par exemple apprêts et vernis).

Matière première. Pour un produit fini de qualité, les vanniers préfèrent les tiges matures à longs entre-nœuds, exemptes de décoloration, de champignons, de dégâts d'insectes et de défauts de dessévage, tels que retrait, fissures et fentes. Les autres caractéristiques exigées pour la qualité sont le diamètre uniforme (absence de décroissance) et la couleur brillante ou nette.

Transformation primaire. En Afrique, le rotin brut est traité à la main: on retire la pellicule (épiderme), à l'aide de simples couteaux ménagers, puis on le fait sécher en plein air, sans traitement de protection ou presque. Les matières premières ainsi traitées sont souvent abîmées et infestées de champignons et d'insectes foreurs. Il faut donc, avant tout, des outils de raclage simples mais efficaces et de bonnes méthodes pour protéger le rotin brut contre les risques biologiques. La méthode en vigueur en l'Asie du Sud-Est, qui consiste à faire bouillir le rotin vert dans du gazole ou de l'huile de coco pour le renforcer, mériterait d'être étudiée pour, éventuellement, l'adopter en Afrique.

Tiges de Laccosperma secundiflorum séchant à l'air à Bata (Guinée équatoriale)

- T. SUNDERLAND

Transformation en produits finis. Il est indispensable d'effectuer des recherches sur les traitements et les propriétés physiques souhaitées - flexibilité, ponçage, jointure de colle, séchage et blanchiment - pour obtenir des produits finis de qualité. En ce qui concerne les espèces indigènes africaines, les techniques qui méritent un examen approfondi sont l'utilisation de la vapeur pour assouplir le rotin (plutôt que de chalumeaux qui laissent des marques rousses), l'utilisation de crampons et de chevilles plutôt que de clous, et l'application généreuse de vernis sur les produits finis. Il pourrait être nécessaire de transférer des technologies de l'Asie du Sud-Est pour la conception des produits et l'utilisation de machines de transformation modernes.

Le secteur du rotin se caractérise par des opérations de traitement et de transformation aux techniques simples

- T. SUNDERLAND

Promotion. Un système approprié de classement et de normalisation des matières premières de rotin et de leurs dérivés devrait être introduit pour développer le marché des produits de qualité. Il est indispensable de mieux emballer les produits classifiés car les marchandises sont transportées en vrac pour réduire les coûts.

Des centres d'exposition et de promotion où mettre en évidence les produits finis et vendre le rotin brut pourraient être établis dans l'intérêt de ceux qui produisent et travaillent le rotin. Des foires et des campagnes publicitaires - organisées par des associations nationales sur le rotin, en collaboration avec des cabinets de promotion des exportations et des industries artisanales de pays producteurs- pourraient être efficaces pour sensibiliser le public.

Meubles en rotin vendus à Bata (Guinée équatoriale)

- T. SUNDERLAND

L'assouplissement des restrictions au commerce et la réduction des prélèvements à l'exportation pourraient encourager les principales parties prenantes et relancer l'offre sur les marchés. Les entreprises devraient être incitées, à travers des parrainages, à participer à des foires internationales pour exposer leurs produits. Des études de marché devraient être réalisées périodiquement pour garantir des prix justes et équitables sur le marché international du rotin.


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