La listériose dorigine alimentaire est une maladie relativement rare mais grave sur le plan clinique, avec des taux de létalité élevés (20-30%), qui affecte des segments spécifiques de la population avec une susceptibilité accrue. Le micro-organisme est largement répandu dans lenvironnement et dans les aliments. Une grande diversité daliments peuvent être contaminés par L. monocytogenes, mais les flambées et les cas sporadiques de listériose semblent être associés surtout avec les produits prêts à consommer. Ceux-ci constituent une catégorie vaste et hétérogène daliments qui peut être divisée de différentes manières. Selon la définition du Codex (CAC/GL 22-1997), il sagit de toute denrée alimentaire (y compris les boissons) qui est normalement consommée à létat cru, ou toute denrée alimentaire manipulée, transformée, mélangée, cuite ou soumise à toute autre préparation à la suite de laquelle elle est normalement consommée sans subir dautre transformation. Par ailleurs, les aliments prêts à consommer diffèrent selon les pays, les habitudes alimentaires locales, la disponibilité et lintégrité de la chaîne du froid et les règlements concernant par exemple la température maximale au niveau du détaillant.
La présente évaluation des risques a été réalisée en partie pour déterminer la manière dont les évaluations de risques élaborées précédemment à un niveau national pouvaient être adaptées ou étendues à L. monocytogenes dans les aliments prêts à consommer à un niveau international. En outre, après le démarrage de lévaluation du risque, le CCFH, à sa trente-troisième session, a demandé aux évaluateurs, par lintermédiaire de la FAO et de lOMS dexaminer trois questions spécifiques liées aux aliments prêts à consommer en général. Ces questions étaient les suivantes:
Evaluer le risque pour les consommateurs au sein des différents groupes de population susceptibles (personnes âgées, nourrissons, femmes enceintes et sujets immunodéprimés) par rapport au risque pour la population générale.
Evaluer le risque présenté par L. monocytogenes dans les aliments qui favorisent sa croissance et dans les aliments qui ne favorisent pas sa croissance, en fonction de conditions dentreposage et de durées de vie spécifiques.
Evaluer le risque présenté par L. monocytogenes dans les aliments lorsque le nombre de micro-organismes se situe entre labsence dans 25 g et 1000 UFC par gramme, ou lorsque le nombre de micro-organismes ne dépasse pas les limites établies au point de consommation.
Compte tenu des ressources disponibles et des délais impartis, les évaluateurs nont pas eu la possibilité dexaminer tous les aliments prêts à consommer pouvant être contaminés par L. monocytogenes. En conséquence, il a été décidé de limiter lévaluation du risque à une gamme précise daliments prêts à consommer choisis pour représenter différentes classes de caractéristiques de produits, afin de déterminer sil était possible destimer le risque présenté par ces portions daliments en tant que vecteur de la listériose dorigine alimentaire chez les humains. Ces aliments étaient choisis pour fournir des exemples sur la manière dont les techniques dévaluation du risque microbiologique peuvent être utilisées pour répondre aux questions de sécurité sanitaire des aliments à un niveau international[3]. Cet élément pédagogique fait partie des objectifs déclarés du programme dévaluation du risque microbiologique de la FAO/OMS.
Il a aussi été décidé de limiter la portée de lévaluation du risque aux aliments chez le détaillant et ensuite à leur incidence sur la santé publique au moment de la consommation. Cette décision a été prise pour deux raisons. Tout dabord, une telle portée était suffisante pour remplir la tâche confiée par le CCFH aux évaluateurs compte tenu des délais impartis et des ressources disponibles. Ensuite, la plupart des données disponibles actuellement pour L. monocytogenes concernent la fréquence et létendue de la contamination au niveau du détaillant. Pour examiner de manière plus approfondie les facteurs contribuant aux concentrations de L. monocytogenes observées au niveau du détaillant et résultant de paramètres de fabrication, il aurait fallu évaluer une gamme daliments beaucoup plus restreinte ou disposer de ressources et de données nettement plus conséquentes. De ce fait, les risques associés aux différents moyens de fabrication de ces produits nont pas été évalués. Cependant, lévaluation du risque prend en considération plusieurs facteurs intervenant après la vente au détail pouvant avoir une incidence sur le risque pour les consommateurs de contracter une listériose dorigine alimentaire, comme par exemple la température et la durée du stockage réfrigéré. Outre la listériose invasive, L. monocytogenes peut aussi provoquer de légères gastro-entérites fébriles chez des individus par ailleurs sains. Lincidence au plan de la santé publique de ce type de listériose est incertaine à lheure actuelle et nétait pas examiné dans la présente évaluation du risque.
Dans sa demande de conseils dexperts en matière dévaluation du risque présentée à la FAO et à lOMS en 1999 (ALINORM 01/13), le CCFH indiquait quune évaluation de la production à la consommation fournirait léventail le plus large doptions de gestion du risque. Le groupe de rédaction a toutefois examiné uniquement la partie consommateur de la chaîne alimentaire pour les raisons expliquées plus haut. La consultation dexperts est convenu quil faudra peut-être que le CCFH et les gestionnaires de risque nationaux fassent réaliser de nouvelles évaluations du risque pour des aliments ou catégories de produits spécifiques si des éléments précédant la vente au détail doivent être pris en considération.
Le groupe de rédaction sest divisé en deux groupes de travail chargés de traiter les composantes de la caractérisation des dangers et de lévaluation de lexposition. Le groupe de lévaluation de lexposition sest lui-même séparé en deux. Il semble que tout ceci se reflète dans la différence des styles de rédaction du document fourni à la consultation et dans les approches multiples utilisées pour lévaluation de lexposition.
Lévaluation de lexposition et la caractérisation des dangers ont été reconnues comme faisant partie dune évaluation complète du risque, mais la consultation dexperts a recommandé de rédiger ces sections de manière à pouvoir les utiliser dans des documents distincts. En particulier, il serait utile que la caractérisation des dangers soit rédigée de manière à servir de document de formation autonome. Le groupe dexperts de rédaction a été averti de cet aspect et modifiera le document en conséquence.
Approche stochastique
Lapproche stochastique, par opposition à lapproche déterministe, était utilisée pour lévaluation du risque. Stochastique signifie que les données pour un modèle sont obtenues par échantillonnage à partir de distributions de probabilités. Lincertitude (qui peut être réduite si davantage de données sont collectées) et la variabilité (un élément généralisés des données biologiques) peuvent ainsi être reproduites par le modèle et reflétées dans le produit du modèle. Dautres approches, telles que les estimations ponctuelles, la modélisation des intervalles, etc. ont leur valeur propre mais sont moins polyvalentes et souvent moins adéquates pour démontrer limpact de lincertitude et de la variabilité. Les estimations ponctuelles sont utiles lorsquil sagit de fournir une estimation rapide de lampleur du risque.
La consultation dexperts a approuvé cette approche mais a préconisé linsertion dune référence générale appropriée aux autres méthodologies potentielles dans le rapport final de lévaluation du risque.
L. monocytogenes est largement répandue dans lenvironnement et a été isolée à partir dun grand nombre de sources, y compris le sol, la végétation, lensilage, les matières fécales, les égouts et leau. Les observations font état de sa présence transitoire dans l'intestin de l'homme, 2 à 10% de la population sont porteurs de cet organisme sans apparemment de conséquence nuisible pour la santé. La bactérie peut se développer à des températures de réfrigérateur et résiste à diverses conditions environnementales, ce qui lui permet de survivre dans un milieu adverse plus longtemps que la plupart des autres bactéries non productrices de spores. La plupart des cas de listériose chez l'homme sont sporadiques et la source et la voie de l'infection sont normalement inconnues; toutefois, les aliments contaminés sont considérés comme son vecteur principal. Les aliments le plus souvent associés à la listériose humaine sont les produits prêts à consommer qui favorisent la croissance de L. monocytogenes, ont une durée prolongée de conservation au réfrigérateur et sont consommés sans autre traitement listéricide par exemple, la cuisson).
La listériose invasive (graves infections dues à L. monocytogenes) est relativement rare mais on trouve souvent des pathologies graves ayant des taux d'incidence de 4 à 8 cas par million d'individus et des taux de létalité de 20 à 30% parmi les patients hospitalisés.
Toutes les souches de L. monocytogenes paraissent être pathogènes mais leur virulence, définie dans des études sur les animaux, présente de fortes variations. La listériose est une infection opportuniste qui affecte le plus souvent les personnes atteintes de pathologies sous-jacentes (traitement immunosuppresseur, SIDA et conditions chroniques telles que la cirrhose qui inhibent le système immunitaire), les femmes enceintes, les ftus, les nouveau-nés et les personnes âgées. La bactérie affecte normalement le système sanguin, le système nerveux central ou l'utérus fécondé. Les manifestations de la listériose comprennent, entre autres, les pathologies suivantes: bactériémie/septicémie, méningite, méningo-encéphalite, encéphalite, avortement, mortinatalité, accouchement précoce, maladies néonatales et maladies prodromiques chez les femmes enceintes. La période d'incubation avant l'apparition des symptômes peut s'étendre de quelques jours à trois mois.
Lobjectif de cette phase de lexposition du risque était de déterminer la fréquence et létendue de lingestion de L. monocytogenes dans les repas comportant des aliments prêts à consommer à laide dexemples de types daliments et de groupes de population. Au départ, les évaluations existantes de lexposition étaient étudiées au titre de référence pour élaborer une approche de modélisation.
Sept exemples à modéliser pour évaluation de lexposition ont été sélectionnés afin de pouvoir prendre en considération les éléments suivants: différentes denrées alimentaires, aliments prêts à consommer ayant fait lobjet dune transformation légère ou profonde, potentiel de croissance ou non pendant une longue période de stockage, intégrité de la chaîne du froid, potentiel dinactivation (par ex. pasteurisation), contamination après la transformation, charge de contamination élevée des produits finis prêts à consommer, taux élevés de consommation, et utilisation dans le commerce international. La modélisation a été faite du détaillant au point de consommation.
Les étapes suivantes ont été adoptées:
estimation de la prévalence et du nombre de cellules de L. monocytogenes au niveau de la vente au détail pour chaque aliment prêt à consommer retenu;
identification des conditions permettant ou empêchant la croissance de L. monocytogenes entre le détaillant et la consommation, en particulier la durée et la température du stockage du produit;
estimation de la fréquence et de la taille des portions par repas des aliments prêts à consommer retenus pour les populations les moins susceptibles et pour celles les plus susceptibles;
détermination du nombre de cellules de L. monocytogenes dans les portions contaminées consommées par les populations les moins susceptibles et les plus susceptibles.
Linfluence du climat ou des saisons dans différentes régions du monde na pu être déterminée et na pas été prise en considération.
Un diagramme dinfluence visant à comparer la fréquence et la quantité de la consommation en fonction du sexe, de lâge et de la population susceptible était intégré dans lévaluation de lexposition.
Les aliments prêts à consommer suivants ont été choisis: lait cru et pasteurisé, glaces, fromages à pâte molle à croûte fleurie (les informations relatives aux fromages faits à partir de lait cru et de lait pasteurisés étaient réunies), légumes ayant fait lobjet dune transformation minimale, saumon fumé à froid et viandes semi-fermentées. Lobjectif de ces exemples est dillustrer limpact sur le risque de certains facteurs:
a) catégories de produit;
b) faibles niveaux de contamination dans les produits qui ne permettent pas la croissance de L. monocytogenes;
c) effets du stockage à long terme sur la concentration de L. monocytogenes;
d) modèles de consommation et la dose ingérée.
Compte tenu des délais impartis, lévaluation de lexposition sur le saumon fumé à froid na pas été présentée et la consultation dexpert a recommandé dachever cet exemple. Il a été en particulier signalé quil existait des différences dans la transformation du poisson fumé à chaud ou à froid, et que celles-ci devraient, si possible, être prises en considération dans lévaluation de lexposition.
Comme convenu par les experts, la listériose grave, cest-à-dire les individus souffrant dinfections systémiques pouvant être mortelles, telles la listériose périnatale, la méningite ou la septicémie, était utilisée comme le résultat biologique.
Aucun modèle dose-réponse élaboré précédemment ne permettait de répondre pleinement aux besoins de la présente évaluation des risques sur le plan des paramètres examinés et de la simplicité des calculs. Dautre approches ont donc été élaborées et évaluées pour la présente évaluation. Lapproche générale consistait à tirer parti des données épidémiologiques et de lévaluation détaillée de lexposition disponible dans lévaluation des risques FDA/USDA-FSIS, mais à simplifier la modélisation en décrivant les relations dose-réponse à laide dun modèle dose-réponse exponentiel reposant sur des données épidémiologiques avec la meilleure estimation des concentrations de L. monocytogenes dans les aliments.
Le modèle dose-réponse exponentiel a été choisi en raison de son applicabilité reconnue pour la modélisation de la listériose grave, de sa simplicité en tant que modèle à un paramètre et de sa nature log-linéaire aux fourchettes de dose concernées. Léquation est:
P = 1 - e-RN
où P est la probabilité de maladie grave, N est le nombre de L. monocytogenes consommées, et R est le paramètre qui définit la relation dose-réponse pour la population considérée. Le modèle exponentiel est un modèle sans seuil, ce qui implique quil ny a pas de dose infectieuse minimale. Par contre le modèle a pris comme hypothèse quune seule cellule de L. monocytogenes a une probabilité faible mais finie de causer une pathologie. Lutilisation du modèle exponentiel est conforme aux recommandations des Directives de lOMS/FAO sur la caractérisation des dangers pour les pathogènes présents dans les aliments et dans leau pour la sélection des modèles dose-réponse en ce qui concerne les micro-organismes infectieux. Lune des principales caractéristiques du modèle est sa linéarité logarithmique (relation entre dose logarithmique et probabilité logarithmique de maladie) à faibles doses, ce qui signifie que si la dose est divisée par dix, la probabilité de maladie est également divisée par dix. Ceci implique en outre quà de faibles doses, une seule portion avec un niveau donné de contamination a le même impact sur le plan de la santé publique que dix portions avec dix fois moins dorganismes.
Des valeurs spécifiques de R étaient calculées dans la présente évaluation des risques pour les populations moins susceptibles et celles qui sont plus susceptibles. On a utilisé à cet effet la distribution consolidée de la contamination des aliments du modèle FDA/USDA-FSIS conjointement avec leur nombre annuel estimé de cas de listériose exprimé en pourcentage de la population totale des groupes plus ou moins susceptibles au sein de la population des Etats-Unis. On a ainsi obtenu les valeurs P et N, de sorte que la valeur R pouvait être calculée à partir de léquation ci-dessus.
La précision de la valeur R est tributaire de la taille et de la définition de la population considérée, de la précision des statistiques annuelles concernant la maladie et de la fiabilité des données sur la fréquence et lampleur de la contamination des aliments par L. monocytogenes. Lincertitude fondée sur ces paramètres était estimée et intégrée dans les valeurs R calculées. Limpact des concentrations maximales de L. monocytogenes dans les aliments sur le calcul de la valeur R était évalué en détail étant donné le degré dincertitude et/ou de variabilité lié aux concentrations maximales de L. monocytogenes observées dans les aliments. Différentes méthodes de calcul des valeurs R ont été étudiées afin de déterminer limpact des calculs fondés sur des doses multiples ou uniquement sur le niveau de contamination. On a constaté que cet impact était minimal. Les valeurs R retenues pour utilisation ultérieure dans lévaluation des risques étaient R = 1.06 x 10-12 avec une fourchette de 5% à 95% de 2.47 x 10-13 à 9.32 x 10-12 pour la population la plus susceptible et R = 2.37 X 10-14 avec une fourchette de 5% à 95% de 3.55 x 10-15 à 2.70 x 10-13 pour la population la moins susceptible.
Lexamen de la variabilité de la virulence parmi des isolats de L. monocytogenes et son impact sur les relations dose-réponse pour ce micro-organisme ont été traités en détail dans la section relative à la caractérisation des risques de lévaluation des risques. Celle-ci comporte notamment un examen des différentes manières dont cette question a été prise en compte dans les évaluations des risques réalisées auparavant dans lhypothèse de la présence de la souche la plus virulente. En sélectionnant lapproche utilisée dans le modèle dose-réponse de la présente évaluation des risques, la virulence est implicitement prise en considération. Le groupe de rédaction, dans sa réponses aux questions des consultations dexperts liées à la prise en compte de la virulence des souches, a inclus un tableau provenant de lévaluation des risques FDA/USDA-FSIS et dautres textes décrivant la manière dont la variabilité de la virulence est traitée dans différents évaluations des risques, notamment dans la présente évaluation (tableau 6.1).
Il existe des susceptibilité différentes parmi les divers groupes de sous-populations avec une susceptibilité accrue à L. monocytogenes. Il a été décidé de considérer toutes les personnes présentant une susceptibilité accrue comme un seul groupe aux fins des caractérisations de risques ultérieures. La caractérisation des dangers a cependant étudié comment les relations dose-réponse pour différentes sous-populations avec une susceptibilité accrue pouvaient être modélisées individuellement en utilisant des données de susceptibilité relative dorigine épidémiologique. On trouvera une explication détaillée et des exemples de cette autre approche à la section 6.7 où il est répondu à la question du CCFH concernant les risques pour les consommateurs appartenant à différents groupes de population susceptible.
A sa trente-troisième session, le CCFH a demandé destimer le risque présenté pour les consommateurs appartenant à différents groupes de population susceptible (personnes âgées, nourrissons, femmes enceintes et sujets immunodéprimés) par rapport à la population générale. A cet effet, le risque relatif des différentes sous-populations susceptibles a été estimé sur la base de données épidémiologiques dans lhypothèse où les modèles de consommation sont analogues au sein de ces groupes. Les estimations de la susceptibilité relative étaient alors utilisées pour estimer les relations dose-réponse pour différentes sous-populations susceptibles à laide du modèle exponentiel.
La caractérisation des risques était faite en associant les modèles dose-réponse pour lensemble de la population et pour la population plus susceptible et lexposition estimée pour six aliments prêts à consommer.
TABLEAU 6.1 Comparaison des caractéristiques des modèles dose-réponse retenus pour la présente évaluation des risques avec les modèles dose-réponse élaborés dans dautres études.
Etude |
Base empirique |
Résultat |
Modèles examinés |
Modèle utilisé |
Susceptibilité de lhôte |
Virulence de la souche |
Farber et al. (1996) |
Subjective |
Maladie (incluant létalité) |
Weibull-Gamma |
Weibull-Gamma |
Explicite |
Inconnue |
Buchanan et al. (1997) |
Epidémiologie |
Maladie grave (incluant létalité) |
Exponentiel |
Exponentiel |
Implicite |
Implicite |
Haas et al. (1999) |
Souris |
Infection |
Bêta-Poisson, exponentiel |
Bêta-Poisson |
Souris supposée prédire réponses chez les humains |
Non traitée |
Lindquist and Westöo (2000) |
Epidémiologie |
Maladie |
Exponentiel et Weibull-Gamma |
Exponentiel |
Implicite |
Implicite |
FDA/FSIS (2001) |
Souris, Epidémiologie |
Létalité et infection |
Multiple |
Multiple |
Explicite, sur la base de épidémiologie |
Explicite sur la base de données animales |
FAO/WHO (2001) |
Epidémiologie |
Listériose grave (incluant létalité) |
Multiple |
Exponentiel |
Explicite, examen de population saine et de sous-population avec susceptibilité accrue |
Implicite |
Le document sur lévaluation des risques a:
démontré que les questions relevant de la sécurité sanitaire des aliments au plan international peuvent être traitées en élargissant et/ou en adaptant les composantes des évaluations des risques réalisées à un niveau national.
montré que les modèles et données préexistants peuvent servir de point de départ pour des évaluations quantitatives des risques ultérieures. Ce résultat met en évidence la nécessité de mettre en place des archives ou des systèmes permettant daccéder aux modèles et données et de les utiliser.
identifié un certain nombre de domaines où lon a noté un manque de données et démontré clairement la nécessité daméliorer lacquisition de données relatives à la prévalence et à la croissance de L. monocytogenes dans les aliments et à lincidence de la listériose dorigine alimentaire dans le monde.
Reconnu que lutilisation de données acquises dans le monde entier repose sur lhypothèse sous-jacente quil nexiste pas de différences régionales, à moins que ces différences ne soient explicitement prises en considération.
Les évaluations de lexposition étaient élaborées pour six des aliments prêts à consommer de la prévalence et concentration initiales au niveau du détaillant jusquà la concentration finale dans les portions contaminées.
La modélisation choisie devait déterminer la concentration finale de L. monocytogenes dans les portions contaminées sur la base dune distribution temps-température ou en ajoutant dautres facteurs importants aux taux de croissance du modèle.
Quatre distributions des températures de réfrigérateur à la maison ont été sélectionnées sur la base détudes réalisées dans trois pays pour inclusion dans lévaluation de lexposition. Celles-ci avaient une incidence sur la prédiction du taux de croissance de L. monocytogenes dans les aliments stockés pour de longues périodes dans les réfrigérateurs domestiques. Elles étaient choisies pour démontrer le rôle de la distribution de la durée et des températures du stockage dans des régions différentes dans le monde.
La composante dévaluation de lexposition dans lévaluation du risque était très importante, ayant évalué lexposition à L. monocytogenes à partir de six aliments prêts à consommer. Cependant, la consultation dexperts ayant constaté une erreur dans le modèle de simulation, a décidé de ne pas faire état des résultats tant que les modèles utilisés nauront pas été examinés en détail et révisés si nécessaire.
Le document fait un examen minutieux des sources de données et des modèles mathématiques utilisés pour élaborer les relations dose-réponse microbiennes, fournir des conseils pratiques sur leurs forces et leurs faiblesses.
Les modèles dose-réponse disponibles pour L. monocytogenes ont été analysés avec soin pour leur efficacité et leur conformité aux critères établis dans les Directives de lOMS/FAO sur la caractérisation des dangers liés aux pathogènes dans les aliments et dans leau. Les forces et limites de chaque modèle ont été évaluées. Il sagit notamment de modèles dose-réponse élaborés sur les bases suivantes: (a) avis dexperts, (b) données danimaux de substitution, (c) données épidémiologiques (statistiques annuelles de morbidité) plus données denquêtes alimentaires, et (d) modèles mixtes.
La présente évaluation des risques élaborait pour la première fois des modèles dose-réponse reposant sur lutilisation de données denquêtes épidémiologiques en association avec le modèle exponentiel. Les modèles dose-réponse concernaient la listériose grave et les gastro-entérites dorigine listérienne.
Aux fins de la présente évaluation des risques, deux modèles simplifiés fondés sur le modèle exponentiel et les données épidémiologiques sur la listériose grave ont été élaborés, lun pour la population moins susceptible et lautre pour la population à susceptibilité accrue (Figure 6.1). Ces modèles ont ensuite été utilisés pour la phase de caractérisation des risques de lévaluation des risques. Par ailleurs, des données de susceptibilité relative provenant de la France et des États-Unis étaient utilisés pour élaborer des courbes dose-réponse pour certaines sous-populations susceptibles, notamment: patients transplantés, malades du SIDA, individus en dialyse, patients atteints de cancer pulmonaire ou apparenté, de cancer de la vessie ou apparenté, de cancers gynécologiques, individus souffrant de diabète, dhépatite ou dalcoolisme, personnes âgées (France et Etats-Unis), et cas prénatals et néonatals. Lautre approche dose-réponse possible est examinée plus en détail à la section 6.7.1 sur le risque lié à L. monocytogenes pour les groupes de population susceptible par rapport à lensemble de la population.
Les caractérisations de risques fondées sur le profil dexposition de L. monocytogenes à la consommation et les modèles dose-réponse étaient utilisés pour essayer de calculer les cas prédits de listériose par portion pour les six aliments. Toutefois, une erreur constatée dans le modèle de simulation na pas permis deffectuer les derniers calculs du risque et un travail ultérieur sera nécessaire.
Une approche déterministe était utilisée à titre temporaire pour caractériser le risque sur la base des relations/courbe dose-réponse de la présente évaluation des risques et les données dexposition du modèle FDA/USDA-FSIS. Selon cette approche, lélimination des niveaux élevés de contamination de L. monocytogenes dans les aliments au point de consommation aurait un impact positif sur le plan de la santé publique.
FIGURE 6.1 Fonctions dose-réponse simulées pour les populations susceptibles et non susceptibles pour Pr {maladie|dose L.monocytogenes}. |
Les résultats de la caractérisation des risques sont soumis à lincertitude associée à une représentation modélisée de la réalité comportant une simplification des relations entre la prévalence, le nombre de cellules, la croissance, les caractéristiques de consommation et les réponses indésirables à la consommation de certains nombres de cellules L. monocytogenes. La modélisation est cependant appropriée quand il sagit de décrire de manière quantitative lincertitude et la variabilité liées à toutes sortes de facteurs.
Les caractérisations des risques essaient de fournir des estimations de lincertitude et de la variabilité associées à chacun des niveaux prédits de risque. Cest là lune des forces de ce type (stochastique) de modélisation, mais cest aussi une source de confusion dans linterprétation des données. Par ailleurs, ces estimations de lincertitude sont elles-mêmes incertaines et sont tributaires des méthodes et hypothèses utilisées pour les calculs. Cet aspect est souvent aggravé par linsuffisance des séries de données disponibles décrivant les concentrations de L. monocytogenes et peut entraîner une surestimation de létendue maximale de la contamination et donc le risque associé à un aliment particulier.
Il a été souligné que les données quantitatives disponibles sur la contamination de L. monocytogenes étaient insuffisantes et concernaient principalement les aliments européens.
La prévalence était déterminée en associant les résultats disponibles dans les publications, les rapports de surveillance des pouvoirs publics et les rapports du secteur industriel. Les estimations de la prévalence étaient soumis à la variabilité et à lincertitude associées aux résultats publiés et aux méthodes utilisées ici pour combiner ces résultats dans une distribution unique.
Les distributions du nombre de cellules étaient aussi tirées darticles publiés. Les distributions estimées sont soumises à lincertitude et à la variabilité associées à la petite taille des échantillons cités dans une grande partie de ces articles et à lhypothèse selon laquelle ces ensembles de données distinctes peuvent être regroupés dans une seule distribution. De plus, des hypothèses relatives à la redistribution des pathogènes dans les produits lorsquils sont remballés contribuent à lincertitude dans la distribution du nombre de cellules.
Les données utilisées pour la prévalence et le nombre de cellules peuvent ne pas refléter les modifications de certains produits survenues dans lapprovisionnement alimentaire ces dix dernières années.
Les caractéristiques de consommation utilisées dans lévaluation des risques sont principalement celles du Canada ou des Etats-Unis.
Les valeurs R et leurs distributions étaient calculées à laide de données épidémiologiques sur la fréquence actuelle des souches diverses de L. monocytogenes observées avec les virulences qui leur sont associées. Si la distribution de la virulence devait changer (compte tenu de nouvelles données épidémiologiques), les valeurs R devraient être calculées à nouveau. Une incertitude est associée à la forme de la fonction dose-réponse utilisée et au paramétrage.
Il faut bien préciser aussi que la section dose-réponse de la caractérisation des dangers est entièrement fonction de la forme de la distribution des doses consommées prédites dans lévaluation de lexposition FDA/USDA-FSIS. Par ailleurs, le phénomène sous-jacent des doses consommées nétant guère mesurable, la validité du modèle dose-réponse est tributaire de la validité de lévaluation de lexposition FDA/USDA-FSIS, quil serait très difficile de valider de lextérieur. Il faut noter que la dépendance ne se limite pas au paramètre R, mais inclut aussi le choix de la meilleure forme fonctionnelle (cest-à-dire, exponentielle, bêta-Poisson). Des changements apportés à lévaluation de lexposition FDA/USDA-FSIS entraîneraient directement des changements dans le paramètre R. Il peut être impossible de valider lévolution de lexposition et le modèle dose-réponse en tant quentités distinctes.
Des modèles prédictifs étaient utilisés pour décrire la croissance de L. monocytogenes dans les aliments prêts à consommer, entre le point de vente au détail et la consommation. Lévaluation de lexposition était fondée sur les distributions du nombre de bactéries calculées daprès ces modèles. On sait que les modèles peuvent surestimer la croissance dans les aliments; il existe en effet des exemples daliments dans lesquels les concentrations maximales sont très inférieures à celles prédites par les modèles. Le recours à ces modèles résultera en une surestimation du risque. On peut citer lexemple du poisson fumé à froid ou encore de la saucisse de Francfort où la survenue et létendue de la croissance à la surface et au cur du produit sont différentes. Il a néanmoins été observé que, même dans ces aliments, il y avait des exemples de très fortes concentrations, pouvant atteindre 1011 par portion (par ex. Lait chocolate). Lapproche adoptée était donc volontairement prudente et lon trouvera tous les détails dans le document complet de lévaluation des risques, qui sera publié sur les pages Web de la FAO et de lOMS. Il y a incertitude dans les distributions supposées des taux de croissance (calculés à partir des ensembles de données disponibles dans les publications), des températures de stockage (sources publiées), et des durées de stockage.
Cette section identifie les lacunes pour la présente et les futures évaluations des risques.
Prévalence de L. monocytogenes dans des environnements potentiels comprenant i) les milieux agricoles, tels que leau souterraine et de puits, le sol travaillé utilisé pour différentes cultures ou le sol inculte destiné au pâturage à différentes époques de lannée, lensilage, le fumier frais et composté, le matériel agricole et les agriculteurs; ii) les milieux aquatiques, leau de mer et leau douce où sont pêchés les poissons et les fruits de mer, y compris les effets de lécoulement des égouts ou du ruissellement sur les terres cultivées dans leau, le matériel de pêche et les pêcheurs commerciaux ou ceux qui pratiquent la pêche récréative.
Prévalence de L. monocytogenes et nombre de cellules dans la production, y compris i) la production primaire: animaux, poissons et cultures; ii) la production secondaire: préparation initiale, carcasses nettoyées, poissons éviscérés et stockés, fruits de mer écaillés, produit lavé.
Prévalence et nombre de cellules de L. monocytogenes dans des emballages finis daliments prêts à consommer venant du monde entier pour lesquels une évaluation des risques est en cours ou aura lieu.
Informations sur la fréquence de très fortes contaminations survenant naturellement.
Information sur la formulation du produit: pH, activité de leau, humectants et conservateurs (nitrite et acides organiques, bactéries productrices dacide lactique) et leurs distributions pour permettre des estimations optimales de la croissance, de la survie et de la mort des microbes.
Meilleure connaissance de la croissance de L. monocytogenes dans les aliments contaminés naturellement.
Données servant à lévaluation de la validité des modèles prédictifs pour L. monocytogenes dans des produits spécifiques, en tenant compte de lincidence de lorigine de la culture et de différences éventuelles entre les produits contaminés naturellement et ceux qui sont inoculés délibérément au cours dessais de provocation.
Identification de marqueurs de virulence pour L. monocytogenes afin dévaluer spécifiquement lexposition à des souches.
Identification de sources et niveaux de contamination et de recontamination, au point de la transformation, de la vente au détail et du consommateur, avec des informations sur la fréquence et la charge microbienne transférée.
Impact de lécologie microbienne, y compris les organismes putréfiants sur la croissance et la survie de L. monocytogenes dans les aliments prêts à consommer ou leurs ingrédients, et sur la durée de conservation des produits.
Pratiques de manipulation des détaillants et des consommateurs, notamment la durée et la température de stockage, y compris des descriptions plus exactes des conditions de stockage à la maison et lindication des températures de réfrigération par pays ou région.
Des données spécifiques sur lingestion de produits prêts à consommer, notamment sur les portions et la fréquence des repas consommés par des populations ou individus spécifiques, y compris dans les pays en développement, et en particulier par des individus immunodéprimés ou autrement susceptibles.
Données épidémiologiques qui font la distinction entre les maladies graves ou potentiellement mortelles (normalement systémiques) et les pathologies plus légères.
Données sur le respect des réglementations établies pour contrôler le nombre de cellules de L. monocytogenes dans les aliments et leur impact sur la prévalence et le nombre de cellules. Ces informations auront une incidence sur lestimation de lefficacité des programmes de contrôle.
Données sur la capacité de lindustrie à contrôler la prévalence et le nombre de L. monocytogenes dans les aliments et à se conformer à différents niveaux de tolérance (négatif dans 25 g, 0,1 g, 0,01g).
Cette question a été traitée par lanalyse de données épidémiologiques sur le nombre de cas dans les sous-groupes plus susceptibles. Il a toutefois été supposé, en adoptant cette approche, que les modèles de consommation sont analogues dans ces différents sous-groupes.
Si le risque de listériose est le même pour les consommateurs davantage susceptibles que pour la population en général, ou saine, le pourcentage de cas dans un sous-groupe donné devrait correspondre à son pourcentage de la population totale. Réciproquement, si le risque pour un sous-groupe est supérieur, le nombre réel de cas dans un sous-groupe correspond au risque accru. Ce risque peut être exprimé comme un risque relatif[4] en fonction de la population saine ou, en utilisant le modèle exponentiel calculé dans la section sur la caractérisation des dangers, comme une valeur R pour un sous-groupe spécifique, par exemple. Râgé.
Dans la présente analyse, on a utilisé des données épidémiologiques provenant de la France (qui ne comportent pas de cas périnataux) et des Etats-Unis.
Dans lhypothèse où le modèle dose-réponse exponentiel est un modèle qui permet de décrire avec exactitude la relation entre la dose et la probabilité de maladie, les risques relatifs (RR) présentés pour différents sous-groupes peuvent être utilisés pour calculer les modèles dose-réponse pour des sous-groupes susceptibles spécifiques. Le modèle dose-réponse exponentiel est décrit par:
P = 1 - e-R*N
où P est la probabilité de maladie et N est la dose ingérée. La valeur R représente la probabilité dinteraction hôte/micro-organisme, et indique la probabilité que les organismes ingérés puissent individuellement causer une infection chez un consommateur spécifique. Le risque relatif décrit le rapport des probabilités de maladies entre le sous-groupe et la population saine, doù;
RRsousgroupe =
Psousgroupe/Psaine = 1 -
e(-Rsousgroupe*N)/1 -
e(-Rsaine*N)
Rsousgroupe = [- ln(1-RR +
RR*e(-Rsaine*N))]/N
À partir de cette relation, on peut estimer Rsousgroupe, la valeur R pour la population saine (calculée dans la section de la caractérisation des dangers) et les risques relatifs étant connus. Etant donné que P, la probabilité de maladie et R sont liés par une fonction exponentielle, la valeur de Rsousgroupe dépend dans une certaine mesure à la fois de la dose et de lampleur du risque relatif. Linfluence de la dose sur les valeurs R estimatives pour les différents sous-groupes était analysée en calculant R pour une dose faible (1 UFC) et pour une dose élevée (les doses supposées maximales). Linfluence de la dose était plus nette pour les doses élevées, proches de la dose supposée maximale, et lorsque les probabilités de maladie dépassaient 0,01. Compte tenu de lincertitude générale, la variation avec dose était considérée comme insignifiante et on trouvera au tableau 6.2 la moyenne des valeurs R estimatives pour les deux doses dans les différents sous-groupes.
Il ne faut pas oublier que les valeurs R calculées à partir de létalonnage du modèle exponentiel en fonction des résultats de lévaluation de lexposition et des données épidémiologiques prennent en compte implicitement la virulence des souches de L. monocytogenes, la vulnérabilité des sous-groupes, la consommation et les expositions etc..
La valeur R estimative au sein dune sous-population susceptible particulière dépend de la dose maximale supposée. Ainsi, pour le groupe le plus susceptible (patients transplantés), les valeurs R estimatives se situaient entre 5.8x10-10 (logarithme de la dose 7.5) et 2.3x10-11 (logarithme de la dose 10.5). En comparaison, les valeurs R estimatives analogues allaient de 2.23x10-13 à 7.45x10-15 dans la population saine.
Les susceptibilités relatives pour les individus ont été estimées à partir des données épidémiologiques françaises en utilisant la taille de ces groupes et le nombre de cas. Un calcul analogue a té effectué pour les populations périnatales et âgées à laide des données des États-Unis. Les valeurs R étaient alors calculées en prenant la population saine comme référence (moins de 65 ans et sans pathologie déclarée).
On peut répondre à cette question de différentes manières, plus ou moins complexes, et à laide dhypothèses concernant par exemple lampleur de la déviation par rapport à un critère qui pourrait être anticipé. Il est toutefois intéressant de répondre à cette question de la manière la plus simple qui est le scénario dans le meilleur des cas, cest-à-dire ce que lon pourrait attendre si les différents critères étaient appliqués avec succès. Ce scénario dans le meilleur des cas peut être facilement estimé en utilisant la relation dose-réponse calculée dans la caractérisation des dangers en corrélation avec une distribution globale de la contamination . On peut citer lexemple suivant de ce type danalyse: la distribution du nombre total de portions daliments contaminés de lévaluation des risques FDA/USDA-FSIS a été utilisée en association avec la valeur R (5.85 x 10-12) de la présente évaluation des risques dans lhypothèse dune dose maximale de 107.5 UFC/portion pour la population susceptible. Il sagissait de la courbe dose-réponse la plus prudente utilisée dans la présente évaluation des risques. Le nombre total de cas ainsi prédits par an était 2130 (individus susceptibles).
TABLEAU 6.2 Susceptibilités relatives, valeur R, et logarithme estimatif de la dose pour les populations immunodéprimées et les populations non-immunodéprimées
Population |
Susceptibilités relatives |
Valeur Ra |
Logarithme estimatif de la dose |
|
France |
|
|
|
|
|
Greffe d'organes[5] |
2584 |
1.4 x 10-10 |
7.5 |
SIDA |
865 |
4.6 x 10-11 |
- |
|
Dialyse |
476 |
2.5 x 10-11 |
- |
|
Cancer de la vessie |
112 |
6.0 x 10-12 |
- |
|
Cancer gynécologique |
66 |
3.5 x 10-12 |
- |
|
Personnes âgées - plus de 65 ans |
7.5 |
4.0 x 10-13 |
10.5 |
|
Non-immunodéprimés |
1 |
- |
- |
|
Etats-Unis |
|
|
|
|
|
Personnes âgées - plus de 6o ans |
1.6 |
8.4 x 10-12 |
- |
Périnatals |
839 |
4.5 x 10-11 |
- |
|
Non-immunodéprimés |
1 |
- |
- |
a Valeur R 5.33 x 10-11 de la dose maximale à 108.5 utilisée pour la population de référence
TABLEAU 6.3 Nombre de référence de cas prédits par le modèle dose-réponse.
Logarithme de la dose au point de consommation (Log UFC/portion) |
Nombre de portions à la dose déterminée |
Nombre de cas* attribués à un niveau de dose déterminé |
-1.5 |
5.93 x 1010 |
0.01 |
-.5 |
2.50 x 109 |
0.005 |
.5 |
1.22 x 109 |
0.02 |
1.5 |
5.84 x 108 |
0.1 |
2.5 |
2.78 x 108 |
0.5 |
3.5 |
1.32 x 108 |
2.4 |
4.5 |
6.23 x 107 |
11.5 |
5.5 |
2.94 x 107 |
54.4 |
6.5 |
1.39 x 107 |
25.7 |
7 |
3.88 x 106 |
228 |
7.5 |
2.67 x 106 |
1580 |
Total |
6.41 x 1010 |
2130 |
* le nombre de cas est prédit sur la base de la dose et du nombre de portion contenant cette dose
En utilisant les nombres de portions énumérés ci-dessus, la fourchette supérieure du nombre de cellules était limitée aux valeurs de dose égales ou inférieures aux valeurs se situant entre 1,5 log et 4,5 log UFC par portion. En supposant alors que ces limites étaient réalisées à 100%, le nombre de cas pouvant être anticipé était calculé pour sept scénarios (tableau 6.4). Dans les calculs des scénarios, le nombre de portions à valeurs de dose dépassant celles du critère examiné était ajouté au niveau de dose le plus élevé. Ainsi, lorsquune limite de dose de 4,5 log était étudiée, le nombre de portions des données de référence (tableau 6.3) pour 5,5, 6,5, et 7,5 log étaient ajoutés au nombre de portion pour 4,5 log. Il importe de noter que ces valeurs sont exprimées en UFC par portion. Pour obtenir des valeurs exprimées en UFC par gramme daliments, il suffit de diviser les valeurs figurant au tableau ci-après par la taille des portions exprimées en grammes.
TABLEAU 6.4 Nombre de cas prédits si les différents critères de UFC/portion pouvaient être réalisés avec une efficacité de 100%
Logarithme maximale de la dose au point de consommation (log UFC/portion) |
Nombre de cas prédits |
Distribution de référence ci-dessus a |
2130 |
4.5 |
24.9 |
3.5 |
5.3 |
2.5 |
1.1 |
1.5 |
0.2 |
0.5 |
0.06 |
-0.5 |
0.02 |
-1.5 |
0.01 |
a. Représente le nombre actuel de cas prédits sur la base de la distribution observée de L. monocytogenes au tableau 6.3.
Le tableau ci-dessus montre bien que lélimination des niveaux de dose les plus élevés au moment de la consommation a une forte incidence sur le nombre de cas prédits, cest-à-dire quil serait possible dobtenir une réduction approximative de 99% des cas même en appliquant le critère le plus élevé. Il importe toutefois de noter quil sagit du nombre de cellules au moment de la consommation. En ce qui concerne le nombre de cellules chez le détaillant, il devrait être corrigé pour tenir compte des augmentations potentielles de L. monocytogenes survenant du fait de la croissance dans les aliments qui favorisent la réplication de L monocytogenes. De même, il nest pas tenu compte de la réalité car des incidences sont probables si les critères analysés ci-dessus nétaient pas réalisés. Lexamen de ces facteurs nécessite une évaluation plus rigoureuse du risque posé, en utilisant des techniques de modélisation plus complexes. Cette modélisation perfectionnée nétait pas achevée au moment de la présente consultation dexperts, mais devrait être disponible rapidement.
La question concernant le risque relatif associé aux aliments qui favorisent ou non la croissance peut, en gros, être étudiée à laide de lexemple ci-dessus. Le principal élément à prendre en compte est de savoir sil faut ou non appliquer un facteur de correction lorsque lon compare les concentrations au niveau du détaillant et au niveau de la consommation. En ce qui concerne les aliments qui favorisent la croissance, les augmentations du nombre de cellules de L. monocytogenes entre le point de vente au détail et la consommation devraient être supposées et il est très vraisemblable que le critère hypothétique analysé plus haut serait dépassé, ce qui ne serait toutefois pas le cas des aliments qui ne favorisent pas la croissance. Aussi, pour ce type daliments, le nombre prédit de cas par rapport au niveau de dose maximal chez le détaillant serait le même que ceux décrits pour les doses au moment de la consommation. Des modélisations plus rigoureuses des autres facteurs pouvant influencer lécart des risques de listériose grave parmi les aliments qui favorisent ou non la croissance de L. monocytogenes sont en train dêtre mises au point et les résultats de cette activité devraient être connus rapidement. Celles-ci ne devraient cependant pas modifier la grande différence de risque existant parmi les aliments qui favorisent ou non la croissance de L. monocytogenes à de fortes concentrations qui est suggérée par lanalyse du meilleur cas.
Lévaluation des risques liés à L. monocytogenes constitue un résultat remarquable et présente de nouvelles approches pour résoudre les problèmes concernant la modélisation dose-réponse et lévaluation de lexposition pour L. monocytogenes. La consultation dexperts a reconnu que la présente évaluation des risques fournira une contribution très appréciable non seulement au processus au sein du CCFH, mais aussi sur un plan général comme document de référence pour les Etats membres de la FAO et de lOMS, luniversité et les autres parties intéressées.
La consultation dexperts a pris note de lénorme travail effectué mais a suggéré de réorganiser le document sur lévaluation des risques et den revoir la rédaction afin den faciliter la lecture. Elle a aussi suggéré que lévaluation de lexposition fournissent des explications complémentaires sur les différentes approches utilisées. Par ailleurs, la consultation dexperts a vivement recommandé que lévaluation du risque, une fois achevée et éditée par le groupe de rédaction, fasse lobjet dun examen par les pairs au niveau international.
La consultation a identifié les problèmes liés aux données statistiques appliquées dans lévaluation de lexposition de L. monocytogenes, notamment en ce qui concerne la représentation des événements avec une très faible probabilité pouvant avoir un impact très important sur la santé humaine. Ces problèmes peuvent limiter la capacité des modèles à produire des estimations numériques absolues de listériose qui soient exactes, ce qui a une incidence générale sur la modélisation dans lévaluation des risques microbiologiques. Il a été aussi conclu quil existe toute une série de techniques probabilistes dans dautres disciplines pour traiter cette question. A cet égard, la consultation a proposé à la FAO et à lOMS dentreprendre de manière urgente de nouveaux travaux afin de saccorder sur lapproche de modélisation à adopter pour mener à bonne fin lévaluation de lexposition et la caractérisation des risques pour L. monocytogenes.
La caractérisation des risques a été réalisée en associant les modèles dose-réponse pour lensemble de la population et pour la population plus susceptible et lexposition estimative de lexposition pour six aliments prêts à consommer. La consultation dexperts a demandé au groupe de rédaction détoffer la section consacrée à la caractérisation des risques dans le document sur lévaluation des risques. Le groupe de rédaction a proposé détablir la caractérisation des risques pour chacun des six aliments. Il conviendrait aussi dinsérer une nouvelle section traitant des questions posées par le CCFH sur les risques liés à L. monocytogenes dans les aliments qui favorisent ou non sa croissance et dans les aliments lorsque le nombre dorganismes ne dépasse pas un nombre donné au point de consommation.
Il faudrait obtenir des données quantitatives sur les niveaux de contamination des aliments par L. monocytogenes et sur la prévalence de la listériose dans différentes régions du monde. De même, il faudrait déterminer sil existe des différences de caractère saisonnier et/ou régional et quel rôle jouent le climat et les saisons dans différentes régions du monde.
Le résultat de toute évaluation de risque est fortement tributaire des queues de distribution[6], et notamment pour ce qui concerne le nombre de cellules bactériennes au moment de la consommation. Toute option de gestion réduisant lincertitude associée aux queues de distribution serait utile.
La consultation dexperts a fait sienne lopinion du CCFH (ALINORM 01/13A) selon laquelle lune des importantes activités du Programme mixte FAO/OMS en matière dévaluation des risques microbiologiques sera destimer la variation du risque de listériose dorigine alimentaire suite à des interventions spécifiques. A cette occasion, il importerait dinclure dans la modélisation des données sur la partie de la chaîne alimentaire remontant jusquà la transformation inclue et dans certains cas jusquaux étapes précédant la transformation.
[3] La consultation d'experts a
reconnu que l'évaluation des risques microbiologiques au plan
international avait des limites qui sont examinées à la section
7.3. [4] Le niveau de risque de listériose pour la population avec une affection sous-jacente par rapport à celui de la population de référence (moins de 65 ans et sans pathologie déclarée). [5] Un patient transplanté (avec listériose) est un individu qui a subi une greffe d'organe au cours de l'année précédente et suivi une thérapie immunosuppressive [6] Les queues de distribution sont les valeurs supérieures et inférieures qui sont les moins fréquentes, mais ont une influence majeure sur le résultat dun calcul. |