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CHOISIR UN INSECTICIDE

Caractéristiques des principaux types d’insecticide

  • Insecticides conventionnels (organo-chlorés, organo-phosphorés, carbamates, pyréthrinoïdes): rapides, fiables mais nécessitant généralement une application en couverture totale. Certains sont dangereux pour les opérateurs et l’environnement.
  • Inhibiteurs de croissance: action plus lente, pulvérisation en barrières possible et relativement sans danger pour les opérateurs et l’environnement.
  • Nouveaux produits conventionnels tels que le fipronil: action plus lente, pulvérisation en barrières possible et relativement sans danger pour les opérateurs à cause de la faible concentration des formulations.
  • Substances végétales (extraits de plantes): action lente et mortalité incomplète.
  • Agents semiochimiques: les phéromones peuvent entraîner des changements de comportement ou de développement utile mais pas de mortalité directe. Ils continuent à faire l’objet de recherches.
  • Agents biologiques tel que Metarhizium spp.: pour l’instant, action encore plus lente que celle des insecticides précédemment présentés mais très faible risque pour les opérateurs et l’environnement.

Toxicité des pesticides pour les mammifères

La toxicité des pesticides pour les mammifères correspond à la dose qui éliminerait 50% d’une population test de mammifères, par exemple, des rats de laboratoire. On estime que cette mesure donne une indication de la toxicité pour les humains. Cette mesure est appelée la DL 50 et la toxicité est exprimée sous forme de la quantité de produit par kg de poids corporel des animaux testés. Les tests sont effectués à la fois pour une dose administrée par voie orale, c’est-à-dire ingérée par les animaux testés, et une dose administrée par voie cutanée, c’est-à-dire appliquée sur la peau des animaux testés. Par exemple, le fénitrothion a une DL 50 par voie orale de 503 mg/kg, ce qui signifie que des rats pesant chacun 1 kg en ingèrent 503 mg, la moitié de la population testée mourra.

Un pesticide tel que le bendiocarb a une DL 50 par voie orale plus faible, de 55 mg/kg, ce qui signifie qu’une quantité de produit plus faible éliminera la moitié de la population testée – le bendiocarb est donc plus toxique.

La toxicité réelle d’une pulvérisation dépend également de la concentration de la formulation utilisée – par exemple, la matière active de certains pyréthrinoïdes a une DL 50 relativement faible et ils sont donc très toxiques mais ils sont fournis à des concentrations tellement diluées que la formulation n’est pas très toxique. S’ils sont formulés sous forme solide, leur toxicité est généralement beaucoup plus faible.

Le risque pour les opérateurs utilisant des pesticides dépend de ces deux facteurs – toxicité inhérente à la matière active et concentration de la formulation – mais également de la durée d’exposition à la formulation.

La plupart des opérations antiacridiennes réalisées au cours des quarante dernières années ont été effectuées à l’aide d’insecticides chimiques conventionnels (organo-chlorés, organo-phosphorés, carbamates et pyréthrinoïdes). Ces insecticides agissent par contact direct (les gouttelettes tombant sur les criquets), par contact secondaire (les criquets entrant en contact avec les gouttelettes déposées sur la végétation) ou par ingestion (les criquets ingérant la végétation traitée). Les insecticides sont généralement neurotoxiques, c’est-à-dire qu’ils tuent les criquets en agissant sur son système nerveux.

Il existe cependant de nouveaux produits chimiques et biologiques présentant des avantages tels qu’un impact plus faible sur l’environnement, un risque moins important pour les opérateurs et une plus grande efficacité logistique, c’est-à-dire que de grandes superficies peuvent être traitées en peu de temps.

Certaines des caractéristiques à prendre en considération lors du choix d’un insecticide pour la lutte antiacridienne sont:

Conseil: se rappeler que plus la DL50 est faible, plus le pesticide est toxique (voir page 26).

Avantages et inconvénients des principaux types d’insecticides conventionnels utilisés en lutte antiacridienne

Avantages

Inconvénients


Organo-chlorés

 
  • rémanents
  • dangereux pour les humains et pour l’environnement - non recommandés


Organo-phosphorés et carbamates

  • toxicité moyenne pour les mammifères
  • certains dangereux pour les mammifères
  • action très rapide (2 à 8 h)
  • certains mortels pour les oiseaux et les poissons
  • certains peu onéreux
  • spectre large


Pyréthrinoïdes

  • effet de choc rapide
  • récupération possible par les acridiens après l’effet de choc
  • faible toxicité pour les mammifères
  • spectre large


Mélanges ou cocktails

  • combinaison des caractéristiques
  • calcul de la dose et réglage plus positives de deux insecticides compliqués
  • impact plus large sur l’environnement

Conseil: pour évaluer la toxicité d’un pesticide pour les mammifères, vérifier le niveau de risque attribué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les matières actives des pesticides ont été classées comme extrêmement dangereuses, très dangereuses, modérément dangereuses ou légèrement dangereuses selon leur DL50. Les autres produits sont classés comme peu probables de causer un risque aigu dans des conditions normales d’utilisation. Un tableau récapitulatif des valeurs de DL50 pour ces classifications est fourni en Annexe 3.3.

Insecticides chimiques conventionnels

Il existe trois types de matière active (m.a.), la partie toxique des insecticides, fréquemment utilisés:

Organo-chlorés

Le HCH, le DDT, la dieldrine et l’endrine en sont des exemples. Ils ont généralement un spectre large (mortels pour de nombreuses espèces d’arthropodes), présentent une persistance d’action dans l’environnement (plusieurs semaines pour la dieldrine épandue sur la végétation des déserts) et peuvent s’accumuler dans le corps des animaux. Cela les rend très dangereux pour l’environnement et les mammifères tels que les humains et le bétail (la dieldrine est classée dans la catégorie Ib selon l’OMS, comme produit très dangereux), et l’utilisation de la plupart des pesticides organo-chlorés n’est pas recommandée en lutte antiacridienne ou contre d’autres ravageurs. Voir classifications de l’OMS en Annexe 3.3.

Organo-phosphorés et carbamates

Ce sont actuellement les insecticides les plus utilisés contre les acridiens; il s’agit par exemple du fénitrothion, du malathion, du chlorpyrifos et de bendiocarb. Ces insecticides ont une action relativement rapide (2 à 8 heures), sont relativement peu rémanents mais sont des composés à spectre très large. La plupart des composés utilisés en lutte antiacridienne sont modérément dangereux pour les mammifères (catégorie II de l’OMS) mais le malathion est classé dans la catégorie III de l’OMS, comme produit légèrement dangereux.

Pyréthrinoïdes

La deltaméthrine, la lambdacyhalothrine et l’esfenvalerate en sont des exemples. Ce sont des produits à action rapide (effet de choc au bout de quelques minutes), présentant des niveaux de rémanence variés et ayant un spectre large. Une récupération des acridiens après l’effet de choc a été signalée mais cela peut être le résultat de l’utilisation d’une dose inférieure à celle recommandée ou d’un épandage médiocre. Les formulations ont une toxicité relativement faible pour les mammifères – la plupart de ces insecticides sont classés dans la catégorie III de l’OMS, produit légèrement dangereux.

Mélanges, aussi appelés cocktails

Certaines formulations d’acridicides contiennent un mélange de deux des types d’insecticides mentionnés ci-dessus (chacun à une dose plus faible) pour exploiter les caractéristiques utiles de chacun d’eux. Par exemple, l’association du fénitrothion et de l’esfenvalerate, qui combine l’effet de choc du pyréthrinoïde à l’efficacité plus lente de l’organo-phosphoré.

Conseil: dans ces directives, les insecticides chimiques sont présentés en utilisant le nom commun de leur matière active, toujours écrite sans majuscule, par exemple, le fénitrothion. Le nom de la formulation produite par un fabricant donné commence toujours par une majuscule, par exemple, le Sumithion et c’est ce nom de marque, également appelé nom commercial, qui est homologué par les autorités nationales procédant à l’homologation.

Avantages et inconvénients des nouveaux produits et autres substances alternatives pour la lutte antiacridienne

 

Avantages

Inconvénients


Inhibiteurs de croissance, ex: diflubenzuron, teflubenzuron

   
 
  • rémanents
  • action lente (> 3 jours)
 
  • très faible toxicité pour les mammifères
  • peu d’effet sur les acridiens ailés
 
  • impact relativement faible sur
  • effets sur les arthropodes d’eau douce l’environnement
 
  • sélectifs à cause de leur action par ingestion


Phénylpyrazoles, ex: fipronil

   
 
  • rémanents
  • action lente à faible dose (1 à 2 jours)
 
  • relativement faible toxicité des formulations pour les mammifères
  • spectre large, beaucoup d‘arthropodes non cibles affectés
 
  • action par ingestion et par contact


Chloronicotinyles, ex: imidaclopride

   
  • relativement faible toxicité des formulations pour les mammifères
  • pour l’instant, peu de données disponibles concernant la lutte contre le Criquet
  • action par ingestion et par contact pèlerin


Substances végétales, ex: neem

   
 
  • production possible en petites quantités au niveau villageois
  • action lente et mortalité généralement incomplète
 
  • faible impact sur l’environnement
  • disponibilité limitée sur le marché
 
  • assurance de la qualité difficile


Agents semiochimiques

   
 
  • les phéromones peuvent être des produits hautement spécifiques et sûrs
  • pas de mortalité directe ou d’évidence d’autre efficacité opérationnelle
 
  • pas de disponibilité commerciale


Pesticides biologiques, ex: Metarhizium anisopliae var. acridum

   
  • faible toxicité pour les mammifères
  • action très lente et mortalité acridienne variable
  • très spécifiques – plus sûrs pour l’environnement
  • parfois courte durée de conservation ou difficultés à formuler
  • possibilité de production au niveau local
  • difficiles à produire rapidement en grandes quantités et à un coût intéressant

Conseil: on devrait choisir les produits plus sûrs pour un épandage par des pulvérisateurs portables en raison du plus grand risque de contamination de l’opérateur.

Nouveaux types d’acridicides et autres insecticides chimiques

Certains autres types de produits chimiques présentant de nouvelles caractéristiques sont récemment apparus ou font l’objet de tests pour une utilisation en lutte antiacridienne.

Inhibiteurs de croissance (IGR)

Les inhibiteurs de croissance tels que le diflubenzuron, le teflubenzuron et le triflumuron, interfèrent avec le processus d’élaboration de la chitine, la substance dure de la cuticule de l’insecte. En conséquence, l’insecte meurt car il ne peut pas fabriquer de nouvelle cuticule au moment de sa mue. Les inhibiteurs de croissance ne présentent pas de danger pour les mammifères (l’OMS les classe dans la catégorie «Risque aigu improbable dans des conditions normales d’utilisation») et ont peu d’effet sur d’autres organismes vivants tel que les oiseaux et les poissons. Ils sont également très sélectifs puisque leur action se fait principalement par ingestion; les insectes herbivores reçoivent donc une dose plus élevée que les insectes utiles comme les guêpes ou les abeilles prédatrices. Les inhibiteurs de croissance sont rémanents et restent actifs sur la végétation pendant plusieurs semaines; ce sont donc des produits efficaces pour les traitements en barrières. Cependant, leur action est lente, ils tuent certaines espèces d’arthropodes d’eau douce et ils ne sont pas efficaces contre les ailés puisque leur mue est achevée.

Phénypyrazoles

Le fipronil est l’un de ces nouveaux insecticides faisant actuellement l’objet de tests approfondis. Il interfère avec le fonctionnement normal du système nerveux central de l’insecte. Le fipronil est rémanent et efficace pour les traitements en barrières contre les larves. Il est également efficace contre les ailés mais son action est relativement lente à faible dose. Il a un spectre large et affecte de nombreuses autres espèces d’arthropodes. Il est cependant relativement sans danger pour les mammifères, étant utilisé à de faibles concentrations. Sa toxicité pour les poissons et les oiseaux est faible.

Chloronicotinyles

Le nouvel insecticide imidaclopride, s’est avéré efficace contre Locusta migratoria capito mais on ne dispose jusqu’à présent que de données incomplètes quant à son action sur le Criquet pèlerin. Il agit sur le système nerveux de l’insecte de façon différente des autres produits.

Substances végétales

Des produits existant à l’état naturel tel que l’extrait de neem, Azadirachta indica, sont potentiellement utiles en tant qu’insecticides et/ou répulsifs. La mortalité est plus lente et généralement plus faible qu’avec des insecticides conventionnels. Le mélange de matières actives dans un extrait produit localement est très complexe et varie d’un lot à l’autre. Il serait difficile de produire ce mélange en quantités suffisantes et dans de courts délais pour combattre une infestation acridienne de grande ampleur.

Produits semiochimiques

Les acridiens produisent des phéromones qui provoquent des réactions chez les individus de la même espèce. Certaines de ces phéromones influent sur les interactions entre les insectes. Il peut donc être possible de les utiliser pour inverser le processus de grégarisation ou pour disperser les bandes et les essaims. Différents autres effets ont été observés lors de traitements expérimentaux tels qu’un ralentissement de l’alimentation et de la mobilité, une prédation et un cannibalisme accrus et une plus grande sensibilité aux insecticides et aux pathogènes. L’efficacité d’un traitement de ce type n’a cependant pas été démontrée et aucun produit n’est disponible sur le marché.

Appui fourni par la FAO pour le développement de produits destinés à la lutte contre le Criquet pèlerin

  • La FAO diffuse une brochure concernant le protocole d’essais de terrain pour la lutte contre le Criquet pèlerin. Y sont présentés sous forme résumée les méthodes et l’équipement nécessaires pour réaliser de manière rigoureuse, contre le Criquet pèlerin, des tests insecticides qui soient conformes aux normes scientifiques; des conseils pour rédiger un rapport sur les essais de terrain sont également fournis.
  • La FAO publie également une brochure concernant les essais pour la lutte contre les sauteriaux. Les essais sont de même type mais la brochure décrit des techniques plus appropriées pour des insectes moins mobiles. L’intérêt des essais sur les sauteriaux est qu’ils peuvent être réalisés durant les périodes où il a peu de Criquets pèlerins et les résultats peuvent être utilisés pour corroborer la preuve de l’efficacité du pesticide contre le Criquet pèlerin.
  • La FAO accueille un groupe de spécialistes indépendants, appelé Groupe consultatif sur les pesticides, qui examine les rapports et les données relatifs aux essais de terrain contre les locustes et les sauteriaux. Le Groupe consultatif prépare un rapport accompagné d’une liste des acridicides et de leur efficacité en termes de doses d’application confirmées, indique leurs effets sur l’environnement et présente d’autres données. La liste la plus récente est présentée en Annexe 3.1. Des rapports sur de nouveaux essais de terrain et toute autre information pertinente devraient être envoyés au Groupe consultatif sur les pesticides, qui se réunit normalement une fois par an, de manière à ce que les connaissances sur les acridicides puissent être mises à jour.
  • La FAO a géré au Sénégal un vaste projet, financé par les Pays-Bas, en vue d’étudier les effets secondaires sur l’environnement – ou l’écotoxicologie – de certains des insecticides les plus fréquemment utilisés en lutte antiacridienne. Certains des résultats obtenus par ce projet sont présentés en Annexe 3.1 et certaines des techniques écotoxicologiques mises au point au cours du projet sont décrites dans le fascicule de directives intitulé «Précautions d’usage pour la santé humaine et l’environnement». Davantage d’informations peuvent être obtenues sur Internet à http://www.fao.org/news/global/locusts/locustox/ltoxhome.htm
  • La FAO a organisé au Caire un séminaire au cours duquel des spécialistes de la lutte antiacridienne originaires de 12 pays ont évalué les performances de pulvérisateurs utilisés en lutte antiacridienne sur le terrain. Les résultats de cette évaluation sont présentés en Annexe 5.4.

Conseil: la FAO ne recommande, n’approuve ni n’homologue aucun pesticide pour la lutte contre le Criquet pèlerin. Les pesticides énumérés en Annexe 3.1 se sont avérés efficaces aux doses spécifiées lors d’essais de terrain bien exécutés ou suite à une longue expérience de terrain. Dans les présentes directives, on se réfère à cette dose en tant que dose recommandée. Il existe un grand nombre d’autres produits qui sont efficaces contre le Criquet pèlerin mais leur efficacité à une dose spécifique dans des essais de terrain bien exécutés n’a pas encore été démontrée. La FAO ne participera pas à et n’appuiera en aucune façon l’utilisation de pesticides qui ont été retirés de la circulation, tels que la dieldrine.

Biopesticides

Divers micro-organismes naturels infectent les acridiens sur le terrain et il est possible d’utiliser l’un de ceux-ci ou un quelconque agent d’une autre provenance pour infecter et tuer les criquets. L’éventualité séduisante serait de provoquer dans une population acridienne une épidémie qui se propagerait d’un criquet à l’autre si les conditions étaient propices. Ce type d’infection pourrait signifier qu’il ne serait pas nécessaire de traiter tous les criquets présents pour éliminer la population tout entière. Même si cette infection «déroulante» ne se produit pas, les pesticides biologiques restent attrayants puisqu’il est probable qu’ils restent spécifiques aux criquets et aient peu d’impact sur l’homme, le bétail ou l’environnement.

Les biopesticides possibles incluent:

Information de la FAO sur les acridicides

Voir le récapitulatif encadré sur la page paire pour les détails relatifs à l’appui fourni par la FAO pour la mise au point de nouveaux produits destinés à la lutte contre le Criquet pèlerin. La FAO enverra sur demande la version la plus récente de l’information fournie en Annexe 3.1. Pour les mises à jour, il est aussi possible de consulter le site Internet de la FAO: http://www.fao.org/newsglobal/locusts/locuhome.htm

 

Question fréquemment posée no 5 (voir réponse page 83)

Quels sont les critères retenus par le Groupe consultatif sur les pesticides pour évaluer les rapports sur les essais insecticides?

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