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PRÉPARATION DE LA CAMPAGNE

Facteurs influençant le choix de la stratégie de lutte antiacridienne - résumé:

  • localisation des zones infestées
  • situation de résurgence, de recrudescence ou d’invasion
  • moyens logistiques et capacité de lutte disponibles
  • présence de zones écologiquement sensibles
  • potentiel des dégâts sur les cultures
  • risques pour l’environnement et la santé humaine

Figure 6. La décision concernant le choix de stratégie de lutte dépend de nombreux facteurs dont les préoccupations environnementales et de santé.

Conseil: une préparation minutieuse représente la moitié du travail nécessaire pour assurer la réussite de la lutte antiacridienne; il en est de même pour garantir la protection de l’environnement et des hommes. Il faut commencer suffisamment tôt la planification et impliquer toutes les compétences concernées dans la préparation des plans d’action prévisionnels (ex. professionnels de l’environnement, médecins, chimistes spécialistes des résidus, experts en communication).

Comme pour la surveillance et la lutte, la phase de planification de la réduction des risques liés à la lutte antiacridienne est très importante. Sans une bonne préparation, la probabilité d’accidents est bien plus grande et le suivi de l’environnement et de la santé sera moins performant. Les mesures de sécurité, les précautions pour l’environnement et le suivi doivent donc toujours constituer une partie standard des plans d’action prévisionnels pour les campagnes de lutte antiacridienne (voir Fascicule n° 5 «Organisation et exécution d’une campagne»).

Les professionnels de l’environnement et de la sécurité d’emploi des pesticides, aussi bien que le personnel médical expérimenté, doivent être impliqués dès le début de la planification et de l’organisation de la campagne. Cela permettra de les tenir informés des problèmes spécifiques et des exigences liés à une campagne de lutte contre le Criquet pèlerin. Ils peuvent aussi être capables d’intégrer relativement tôt des éléments de préoccupations environnementales et de santé dans le plan de campagne. Cela évitera des surprises ultérieures lorsqu’il est difficile ou impossible de changer le plan parce que les insecticides et les équipements ont déjà été commandés et le personnel formé.

Choix de la stratégie et des méthodes de lutte

Les stratégies et les méthodes de lutte contre le Criquet pèlerin sont traitées en détail dans le fascicule n° 5 «Organisation et exécution d’une campagne». Dans toute situation, le choix final de la stratégie et des méthodes dépend de plusieurs facteurs, tels que les localisations probables des infestations de Criquet pèlerin; le stade de la résurgence ou de la recrudescence; les moyens logistiques et la capacité de lutte disponibles; la présence de zones écologiquement sensibles; le niveau de risque pour l’environnement et l’agriculture qu’un pays est prêt à prendre; la volonté des bailleurs de fonds à financer la campagne (voir Fig. 6). Les préoccupations environnementales et de santé humaine constituent juste un facteur dans cette évaluation mais sont aussi importantes que n’importe quel autre facteur pris en compte. Au final, les bénéfices (économiques) escomptés d’une stratégie de lutte donnée doivent être évalués à l’aune des coûts environnementaux et de santé. Cela varie d’un pays à l’autre et d’une situation acridienne à une autre. Quelques exemples de problèmes environnementaux et de santé à évaluer lors du choix de la stratégie de lutte sont traités ci-dessous.

Lutte antiacridienne en période de rémission et de résurgence

Idéalement, la prévention des recrudescences se fait à travers la lutte contre les populations grégarisantes des périodes de rémission et de début de résurgence. Cela est tout à fait avantageux d’un point de vue environnemental puisqu’en principe il faut moins d’insecticides que dans le cas d’une invasion généralisée.

Toutefois, cela ne signifie pas que la lutte antiacridienne en période de rémission soit sans danger pour l’environnement. La lutte contre les premières populations grégarisantes a souvent lieu dans des écosystèmes relativement isolés, temporairement verts tels que des oueds. Il n’y a pas que le Criquet pèlerin à profiter de ces biotopes verts mais aussi beaucoup d’autres organismes. De tels milieux ont tendance à connaître une intense activité biologique dans un désert par ailleurs sec et nettement moins biologiquement actif. La lutte antiacridienne en période de rémission peut donc avoir un impact environnemental plus important qu‘escompté sur la seule base de la zone traitée limitée.

Figure 7. Les populations de Criquet pèlerin se développent dans les zones vertes des déserts, qui sont aussi importantes pour la survie de nombreux autres organismes.

Parce que ces îlots de végétation verte ont tendance à être dispersés dans le désert, la récupération écologique après l’impact insecticide peut aussi être plus lent. La lutte en période de rémission requiert donc des précautions environnementales et un suivi adaptés, comme lors des recrudescences et des invasions (voir Fig. 7).

Une autre raison pour laquelle les interventions précoces ne sont pas toujours recommandées d’un point de vue environnemental est que la grégarité des populations acridiennes se renforce au fur et à mesure des générations lors du développement d’une résurgence. En conséquence, les effectifs acridiens peuvent fortement augmenter mais la superficie réellement infestée diminue. En pareil cas, la lutte peut être plus efficace et moins polluante si elle est entreprise plus tardivement dans le décours de la résurgence.

Lutte antiacridienne en période de recrudescence et d’invasion

En situation de recrudescence ou d’invasion, les stratégies de lutte ont tendance à se concentrer autant que faire se peut sur la réduction des effectifs acridiens, de préférence sur les sites où la dynamique de l’invasion a le plus de chance d’être cassée. La protection directe des cultures est un autre objectif majeur. Les méthodes de lutte changent: les traitements terrestres sont principalement utilisés en situation de résurgence, les traitements aériens deviennent dominants en période de recrudescence et d’invasion. Cela ne signifie pas pour autant que d’autres choix stratégiques ne puissent être faits. Les méthodes de lutte choisies pour une campagne (traitements aériens ou terrestres, traitement des ailés ou larvaire, traitement individuel ou par bloc des bandes larvaires, traitements en couverture totale ou en barrières) peuvent fortement influencer l’impact environnemental. Ces choix ont des incidences sur les quantités de pesticides nécessaires pour traiter une population acridienne donnée, la superficie traitée et la fréquence des traitements dans une même zone (voir Fascicule n° 5 «Organisation et exécution d’une campagne»).

Dans certaines situations, des cibles acridiennes peuvent ne pas nécessiter de traitement, même en période de recrudescence et d’invasion. Ce cas peut se présenter s’il est peu probable que cette population acridienne contribue au développement d’une nouvelle génération et si aucune culture n’est directement menacée. Les essaims dits du «circuit sud» en Afrique occidentale sont un bon exemple puisqu’ils peuvent infester le Sahel à la fin de la saison des pluies. Ils migrent souvent vers le sud, en direction des zones les plus tropicales de l’Afrique occidentale où ils ont tendance à se disperser et ne posent pas de problèmes. Leur capacité à produire de nouvelles populations la saison suivante est aussi limitée. Parce que ces essaims ont peu de chances de faire des dégâts, leur traitement peut ne pas être justifié. Il existe d’autres situations où l’on peut s’abstenir de traiter, réduisant ainsi l’exposition des hommes et de l’environnement aux insecticides.

Conseil: des tableaux disponibles à la FAO peuvent être utilisés pour estimer les besoins en insecticides et les superficies à traiter en fonction de plusieurs stratégies et méthodes de lutte. Ils peuvent être utilisés dans le processus d’évaluation environnemental précédant la campagne.

Figure 8. N’utiliser que des insecticides homologués pour la lutte contre le Criquet pèlerin (quand cela est possible). Utiliser le schéma décisionnel ci-dessous afin de vérifier les actions requises pour l’homologation des produits utilisés pendant la campagne.

Conseil: comme les autorités d’homologation des pesticides reçoivent rarement les rapports d’évaluation du Groupe consultatif sur les pesticides (GCP) de la FAO, l’Unité antiacridienne doit leur transmettre une copie afin qu’ils soient utilisés dans le processus d’homologation des nouveaux pesticides utilisés en lutte antiacridienne.

Choix des insecticides

Le choix d’un insecticide pour la lutte contre le Criquet pèlerin dépend de nombreux critères (voir Fascicule n° 4 «Lutte antiacridienne»), l’efficacité étant le principal facteur. Le Groupe consultatif sur les pesticides (GCP) conseille la FAO sur les insecticides ayant démontré leur efficacité contre le Criquet pèlerin, sur les doses d’application correctes à utiliser et sur les risques environnementaux des pesticides énumérés (voir Annexe 3.1). La sécurité d’emploi des insecticides pour la santé humaine et l’environnement est un autre facteur très important à ne pas négliger lors du choix des produits pour une campagne de lutte. Les sections ci-dessous présentent plusieurs méthodes simples, utiles pour déterminer quel insecticide pose le moins de risque dans une situation de lutte antiacridienne spécifique.

Homologation des pesticides

De nombreux pays affectés par le Criquet pèlerin disposent d’un système réglementaire autorisant l’utilisation des pesticides. Une Agence ou un Comité national évalue l’information sur l’efficacité, la toxicité et l’impact environnemental d’un pesticide, et décide si l’utilisation du produit est autorisée pour une culture donnée (ou pour une utilisation en santé publique). C’est ce qu’on appelle l’homologation des pesticides. Les pesticides qui ne sont pas homologués ne peuvent normalement pas être utilisés dans le pays (voir Fig. 8).

Lors de la planification d’une campagne, il faut établir un contact avec l’Autorité d’homologation des Pesticides pour vérifier quels sont les insecticides qui ont été homologués pour leur utilisation en lutte antiacridienne. Il faut aussi obtenir de cette même Autorité des informations complémentaires sur la sécurité d’emploi, telles que les délais de carence pré-récoltes et pour le bétail, les équipements de protection personnelle nécessaires et les restrictions spécifiques d’usage.

Beaucoup de pays procèdent à l’homologation de produits commerciaux et non des matières actives des pesticides. Cela signifie par exemple qu’un ou plusieurs produits commerciaux contenant du fénitrothion peuvent être autorisés pour leur usage en lutte antiacridienne, mais pas le fénitrothion en général.

Si un système d’homologation des pesticides existe dans un pays, les Unités de lutte antiacridienne mais aussi les organisations bilatérales ou multilatérales et les organisations non-gouvernementales (ONG) sont légalement tenues d’acheter, donner ou utiliser exclusivement les insecticides homologués pour leur usage en lutte antiacridienne. Des insecticides non homologués peuvent parfois être utilisés en situation d’urgence (une invasion acridienne, par exemple) mais cela est souvent limité dans le temps et l’espace.

Si les pesticides sont achetés avec un financement extérieur, les bailleurs de fonds bilatéraux ou multilatéraux peuvent exiger un choix particulier de pesticide et le respect de procédures d’appel d’offre spécifiques.

Figure 9. Schéma décisionnel indicatif pour le choix de pesticides destinés à la lutte antiacridienne sur la base du critère de santé humaine.

Conseil: pour les insecticides ou formulations ne figurant pas en Annexe 3.2, la classification OMS des risques peut être déterminée en utilisant l’Annexe 3.3. Si la DL50 de la formulation commerciale est connue, utiliser directement la table. Si ce n’est pas le cas, regarder la DL50 de la matière active et calculer ensuite celle de la formulation commerciale en utilisant la formule fournie. Les valeurs de DL50 des matières actives figurent dans la version la plus récente de la classification OMS qui peut être télédéchargée à partir du site Internet de l’OMS.

Choix de pesticides selon le critère de santé humaine

Risques pour les agents antiacridiens et pour les personnes passivement présentes dans les zones de traitement. Les insecticides utilisés pour la lutte contre le Criquet pèlerin ont des niveaux de toxicité différents et ne posent donc pas le même risque pour les agents de terrain et pour la population locale. La FAO utilise la Classification OMS des pesticides selon le risque comme directive sur les risques encourus par les agents antiacridiens et par les personnes passivement présentes dans les zones de traitement. Les catégories de pesticides vont de «extrêmement dangereux» (classe Ia) pour les produits les plus toxiques, à «risque aigu improbable en cas d’utilisation normale» (classe U) pour les moins toxiques. La classification OMS est expliquée en détail en Annexe 3.3.

La FAO recommande de ne pas utiliser les produits des classes Ia et Ib («extrêmement» et «très dangereux») en lutte antiacridienne. En conséquence, les insecticides validés par le GCP appartiennent principalement à la classe II, «modérément dangereux» (voir Annexe 3.2 pour la liste complète). À noter que les classes de risque énumérées en Annexe 3.2 sont basées sur la formulation la plus concentrée de chaque produit utilisé dans la lutte contre le Criquet pèlerin.

La classification des risques détermine qui devrait être autorisé à utiliser l’insecticide. Plus l’insecticide est dangereux, plus l’agent de terrain doit être formé et supervisé. Pendant la préparation de la campagne, l’organisation de lutte antiacridienne doit évaluer si tous les agents de terrain sont suffisamment formés pour utiliser les insecticides choisis avec le minimum de risque. Si ce n’est pas le cas, il faut les former avant le démarrage de la campagne. Évidemment, en cas de manque de temps ou de formateurs pour organiser la formation, il faut choisir des insecticides moins nocifs (voir Fig. 9).

Restrictions recommandées par l’OMS sur la disponibilité et l’usage des pesticides

Classes de risque OMS

Disponibilité et restrictions d’usage

Code d’opérateur 1

Ia

Extrêmement dangereux

Uniquement les opérateurs individuellement autorisés

--2

Ib

Très dangereux

Opérateurs bien formés, instruits et rigoureusement encadrés

--2

II

Modérément dangereux

Opérateurs formés et encadrés connus pour appliquer avec rigueur les mesures de précaution recommandées

A

III

Légèrement dangereux

Opérateurs formés respectant les mesures de précaution de routine

B

U

Risque aigu improbable en utilisation normale

Ensemble du public observant les exigences élémentaires d’hygiène et lesinstructions d’usage mentionnées sur l’étiquette du produit

C

1 Code de l’opérateur en lutte antiacridienne utilisé en Fig. 9.
2 Non recommandé en lutte antiacridienne.

Figure 10. Schéma décisionnel simplifié pour le choix de pesticides destinés à la lutte antiacridienne sur la base du critère environnemental. La classification des insecticides basée sur le risque écologique induit (F, faible; M, moyen; E, élevé) figure en Annexe 3.2.

Conseil: après chaque réunion du GCP, les tableaux des insecticides destinés à la lutte antiacridienne sont mis à jour. Par conséquent, les Annexes 3.1 et 3.2 du fascicule de directives sur le Criquet pèlerin n° 7 peuvent ne pas être les versions les plus récentes. Celles-ci peuvent être télédéchargées à partir du site Internet de la FAO.

Comme expliqué précédemment, les traitements terrestres ont tendance à exposer davantage aux pesticides les agents antiacridiens que les traitements aériens. Il est aussi plus probable que les agents impliqués dans la lutte terrestre soient moins expérimentés. Par conséquent, et toutes les fois que cela est possible, il faut utiliser les insecticides de classe III et U pour les pulvérisations terrestres. Si les opérations de traitement doivent être effectuées par des agriculteurs ou des brigades villageoises, il faut seulement utiliser des insecticides de classe U. La Figure 9 propose un schéma décisionnel indicatif pour le choix d’insecticides sur la base des risques pour la santé humaine.

En situation de recrudescence et d’invasion, il peut être nécessaire de réaliser des traitements contre le Criquet pèlerin à proximité de zones habitées. En pareil cas, le risque d’exposition accidentelle de la population locale (ex. personnes passivement présentes dans la zone traitée et agriculteurs entrant dans des champs traités) est relativement élevé. Lors de l’achat et du pré-positionnement des insecticides, cela doit être pris en compte, par exemple en favorisant les produits de classe U pour ces zones.

Risque pour les consommateurs. Dans certaines situations, la lutte contre le Criquet pèlerin peut avoir lieu dans des zones cultivées, où les cultures seront traitées. Pour garantir que les cultures traitées ne constituent pas un risque inacceptable pour les consommateurs, il faut respecter des délais de carence pré-récoltes. Des informations complémentaires concernant ces délais de carence pré-récoltes sont fournies dans la section relative à l’exécution d’une campagne de ce fascicule.

Choix de pesticides sur la base du critère environnemental

Évaluer le risque environnemental des insecticides utilisés en lutte antiacridienne n’est pas facile. En effet, l’environnement est constitué de nombreux organismes différents qui ne présentent pas tous nécessairement la même susceptibilité à un insecticide donné. Par exemple, un produit peut être à haut risque pour les crevettes mais être relativement sans danger pour les oiseaux et les mammifères, ou alors il peut être très toxique pour les abeilles et les ennemis naturels des ravageurs et être à faible risque pour les reptiles.

Par conséquent, déterminer quel insecticide est acceptable d’un point de vue environnemental pour la lutte antiacridienne dépend énormément du type d’environnement à traiter et des organismes à y protéger. Il n’existe aucune classification environnementale globale, applicable à toutes les situations rencontrées en lutte antiacridienne; le risque environnemental doit donc être évalué au cas par cas.

Le Groupe consultatif sur les pesticides de la FAO évalue l’impact environnement potentiel des insecticides dont l’efficacité est reconnue. Les insecticides sont classés comme constituant un risque faible (F), moyen (M) ou élevé (E) pour les principaux groupes d’organismes pouvant être exposés aux opérations de lutte antiacridienne. Les résultats de cette évaluation figurent en Annexe 3.2.

L’Unité nationale de lutte antiacridienne et les autorités nationales responsables de l’environnement peuvent utiliser l’Annexe 3.2 lors du choix des insecticides. La Figure 10 propose un schéma simplifié d’aide à la décision.

Figure 11. D’importants stocks nationaux d’insecticides destinés à la lutte contre le Criquet pèlerin peuvent devenir périmés.

Figure 12. Normes standard de conditionnement, d’étiquetage et de contrôle de qualité à observer lors de la commande d’insecticides (pour plus d’information, consulter les directives de la FAO sur les procédures d’appel d’offre pour l’achat de pesticides).

Conseil: demander au producteur de l’insecticide de fournir un montant raisonnable de notices techniques/étiquettes de réserve et des données sur le matériel de sécurité. Celles-ci peuvent être distribuées aux équipes de traitement et aux autorités médicales dans les zones de traitement. De plus, si les insecticides doivent être reconditionnés pour une raison quelconque, les étiquettes de réserve peuvent être fixées sur les nouveaux conteneurs.

Commande d’insecticides

Quelles quantités commander?

Un pays pouvant être confronté à une résurgence du Criquet pèlerin désire souvent avoir suffisamment d’insecticides en stock. Cependant, comme l’importance et la durée d’une résurgence sont difficiles à prévoir, il en est de même pour la quantité d’insecticides nécessaire à son contrôle. Différentes options existent pour l’approvisionnement en insecticides, allant d’un stock national important à un système de banque de pesticides plus flexible. Le fascicule de directives sur le Criquet pèlerin n° 5 «Organisation et exécution d’une campagne» fournit plus de détails sur ces systèmes ainsi que des conseils sur la manière d’estimer les besoins en insecticides.

D’un point de vue environnemental, il est préférable de stocker le moins de pesticides possible dans un pays (voir Fig. 11). La plupart des stocks de pesticides périmés existant actuellement en Afrique et au Moyen Orient résultent d’un sur-stockage de produits qu’on pensait nécessaires pour la lutte antiacridienne et qui ne le furent pas. Mettre en place un système flexible d’approvisionnement en insecticides, tel qu’une banque de pesticides financièrement soutenue par des bailleurs de fonds, est par conséquent hautement préférable.

Conditionnement

Les insecticides destinés à la lutte antiacridienne doivent souvent être transportés sur des terrains très accidentés et entreposés dans des conditions environnementales difficiles. Par conséquent, les exigences en terme de conditionnement doivent observer les normes standard les plus strictes. Pour éviter tout dégât et toute contamination consécutive de l’environnement, les conteneurs doivent être solides et très robustes. Des standards internationaux de conditionnement des pesticides ont été élaborés par les Nations Unies (voir Fig. 12).

La capacité des conteneurs d’insecticides peut aussi affecter la sécurité de leur utilisation. Des fûts de capacité importante sont lourds et difficiles à manipuler. Cela peut ne pas être contraignant pour les traitements aériens puisque l’insecticide est transvasé dans le réservoir de l’aéronef à l’aide d’une pompe. Par contre, l’utilisation de fûts de grande capacité est inappropriée si les traitements sont effectués à petite échelle avec des pulvérisateurs manuels ou montés sur véhicule. Transvaser des pesticides à partir de fûts de grande capacité dans de telles circonstances est une pratique très risquée. Par conséquent, la capacité des conteneurs doit dépendre des techniques de lutte prévues.

Étiquetage

Tous les conteneurs d’insecticide doivent être correctement étiquetés. L’étiquette doit être conforme aux normes nationales ou régionales. Si de telles normes n’existent pas, il faut se référer aux directives de la FAO sur l’étiquetage des pesticides.

Contrôle de qualité

La qualité de tout insecticide destiné à la lutte antiacridienne importé ou formulé localement doit être contrôlée par un laboratoire indépendant. Cette condition doit faire partie de la procédure d’appel d’offre. Si aucune spécification de qualité n’existe au niveau national, les spécifications de la FAO concernant les pesticides peuvent être suivies. En dehors de la vérification de la concentration en matière(s) active(s), le contrôle de qualité doit aussi, en cas de présence de métabolites toxiques, évaluer leurs niveaux.

Figure 13. Les cartes (informatisées ou sur papier) sont des outils performants pour identifier les zones écologiquement sensibles et pour définir des options adaptées à la gestion du problème acridien.

Zones écologiquement sensibles

Pendant la planification de la campagne, il faut identifier toutes les zones du pays importantes sur le plan écologique et agricole ou particulièrement sensibles aux insecticides. Dans certaines zones, la lutte chimique peut aussi être interdite par la loi (comme dans le cas des parcs nationaux).

Pour chaque zone sensible, il faut évaluer les options de lutte antiacridienne en fonction du type d’organismes à risque et des cibles acridiennes probables qui peuvent apparaître dans la zone. Il faut ensuite identifier des techniques de lutte antiacridienne appropriées à chaque zone; cela inclut la décision d’autoriser ou non un traitement chimique, le choix d’insecticides acceptables, les périodes pendant lesquelles autoriser ou non les traitements, les méthodes de lutte appropriées...

Il est important d’impliquer dans cette évaluation toutes les compétences nationales concernées, telles que les agences nationales s’occupant de l’environnement, de la lutte biologique contre les ravageurs, de la pêche continentale, de l’apiculture, des parcs nationaux... L’expérience a montré qu’il est souvent plus efficace de cartographier les différentes zones sensibles et de les comparer aux zones précédemment infestées ou à celles susceptibles de l’être. Cela peut être réalisé en utilisant des systèmes d’information géographique informatisés ou directement sur papier (voir Fig. 13). Dans de nombreux pays concernés par le problème acridien, des cartes numériques des zones écologiques importantes sont maintenant disponibles, et l’Unité nationale de lutte antiacridienne doit demander l’assistance de l’agence nationale appropriée pour les exploiter.

Figure 14. Équipement de protection personnelle (EPP) pour les applications d’insecticide contre le Criquet pèlerin. Le nombre minimum d’unités de chaque article nécessaire pour une mission de lutte de 2 semaines est indiqué entre parenthèses.


Conseil: toujours vérifier avant la campagne la qualité des équipements de protection personnelle (EPP) entreposés dans le magasin de l’Unité de lutte antiacridienne depuis la dernière campagne. Par exemple, les gants peuvent devenir perméables après une période de stockage prolongée et les cartouches des masques peuvent être périmées.

Équipement de protection personnelle (EPP)

Lors de la planification de la campagne, il faut choisir et commander à temps les équipements de protection personnelle nécessaires pour qu’ils soient disponibles dès le début des opérations de lutte. Le type d’EPP nécessaire dépend de la toxicité des insecticides utilisés. Le tableau ci-dessous présente les EPPs recommandés pour la lutte antiacridienne en supposant que toutes les formulations d’insecticide sont de classe II, III ou U selon la classification OMS. En plus des EPPs, d’autres équipements de protection doivent être mis à disposition des équipes d’intervention. Cela inclut des kits de nettoyage des yeux, de l’eau et du savon et, dans certains cas, des antidotes.

Lors de la commande des EPPs, il ne faut pas oublier que tous les articles ont une durée de vie opérationnelle limitée. Par exemple, les gants peuvent se déchirer ou s’imprégner d’insecticide et les combinaisons ou les chaussures de toile seront au bout d’un certain temps trop contaminées pour être encore utilisables, même après un nettoyage correct. Les EPPs doivent être commandés et distribués en quantité suffisante pour permettre une utilisation normale et parer à toute détérioration accidentelle. Cela est particulièrement important puisque les équipes de traitement peuvent intervenir loin de toute zone de remplacement des EPPs. La Figure 14 donne une indication du nombre d’unités d’EPPs nécessaires pour une mission de courte durée. Une évaluation plus complète est fournie page suivante.

Des informations complémentaires sur l’utilisation et l’entretien des EPPs sont fournies dans la section de ce fascicule relative à l’exécution de la campagne (voir page 51).



Parmi tous les EPPs, les gants sont probablement les plus exposés aux insecticides. Cependant, même des gants de bonne qualité ne sont pas totalement imperméables aux insecticides. En particulier, les formulations insecticides UBV pénètrent lentement dans les gants, même quand ceux-ci ne sont pas portés. Il faut donc remplacer régulièrement les gants, pour s’assurer que la personne qui les porte ne soit pas exposée en permanence au produit.

Le tableau page opposée fournit une liste indicative des EPPs et autres équipements de prévention des risques nécessaires pour une campagne de lutte de 8 semaines. Ces données peuvent être utilisées pour estimer les besoins réels en fonction du nombre de personnes engagées dans la lutte, de la durée de la campagne et des expériences locales concernant la solidité des EPPs. La plupart des EPPs peuvent être stockés plusieurs années; il est donc préférable d’en commander trop que pas assez. La quantité exacte de matériel nécessaire dépend du type d’insecticide utilisé (par ex. sa capacité de corrosion), du type de traitement réalisé et de l’intensité globale de la campagne. Il est par conséquent indispensable que l’agent principal de terrain suive de près l’utilisation des EPPs et qu’il commande à temps tout nouvel équipement. L’obtention de statistiques locales fiables sur l’utilisation d’EPPs dans le cadre des opérations de lutte antiacridienne est aussi utile pour planifier la prochaine campagne.

Il est important de ne pas faire d’économies sur la quantité et la qualité des EPPs à acheter. Le coût des EPPs est vraiment très faible par rapport à celui des insecticides et de leur application.

Figure 15. Les différent types de suivi ont des résultats différents.

Suivi

En quoi consiste le suivi?

Le terme suivi concerne ici la collecte, l’analyse, l’interprétation et la diffusion des données sur les effets (à la fois intentionnels et non intentionnels) de la lutte antiacridienne opérationnelle. Cela comprend l’efficacité des traitements, les effets sur la santé humaine, l’impact sur les organismes non-cibles et la présence de résidus d’insecticides. L’objectif du suivi est d’identifier ce qui fonctionne correctement et ce qui peut être amélioré en lutte opérationnelle. Le suivi est par conséquent un élément essentiel d’une campagne de lutte antiacridienne. Il a pour but d’optimiser la lutte, d’améliorer le rapport coût/efficacité et de minimiser les effets indésirables sur la santé humaine et l’environnement.

Dans ce fascicule, on distingue trois types de suivi: les évaluations rapides (réalisées par les équipes de traitement), le suivi opérationnel (réalisé par des équipes spéciales de suivi) et le suivi approfondi (exécuté par des équipes de recherche spécialisées). Ces trois types de suivi varient selon les activités effectuées, les délais de réalisation du travail et les liens fonctionnels avec l’organisation de la campagne de lutte antiacridienne. Les évaluations rapides se concentrent sur la qualité de l’application des insecticides, l’efficacité des traitements et les éventuels incidents. Les deux autres types de suivi s’attardent davantage sur l’efficacité des traitements, l’impact environnemental, la santé des opérateurs, et les résidus d’insecticides. La principale différence est que le suivi opérationnel cherche à prendre en compte plusieurs actions de lutte avec une précision relativement limitée tandis que le suivi approfondi concerne seulement quelques actions de lutte mais avec davantage de détails. On pourrait dire que la valeur ajoutée du premier réside dans la quantité et celle du deuxième dans la qualité (voir Fig. 15).

Les deux premiers types de suivi seront traités plus en détail dans ce fascicule. Quant au suivi approfondi, étant assez spécialisé et donc pas toujours réalisé lors d’une campagne de lutte antiacridienne normale, il ne sera que brièvement abordé.


Figure 16. Une équipe de suivi opérationnel doit être bien équipée et capable de travailler de façon indépendante pour être efficace.

La planification des évaluations rapides

Les évaluations rapides sont directement réalisées par les équipes de traitement. Pendant une recrudescence ou une invasion, les agents antiacridiens sont, en principe, très occupés par la recherche de cibles, la préparation des équipements, les traitements, le nettoyage et les convoyages vers les autres sites à traiter. Par conséquent, tout suivi pouvant être effectué par les équipes de traitement doit être rapide et précis. Cependant, le fait qu’ils soient très occupés n’exempte pas les agents antiacridiens de faire des évaluations minimales, par exemple de vérifier les paramètres d’application et l’efficacité des traitements. Les équipes de traitement doivent aussi signaler les incidents d’empoisonnement d’agents antiacridiens ou d’impact sur l’environnement parce que les équipes de suivi opérationnel ne sont pas toujours présentes sur le site.

Lors de la planification de la campagne, il faut décider quelles tâches de suivi attribuer aux équipes de traitement. Il faut ensuite commander le matériel approprié. Le plus important est d’informer les équipes de traitement et de les former aux tâches de suivi exigées d’elles afin qu’elles puissent les réaliser rapidement et correctement.

Davantage de détails sur les différentes activités d’évaluation rapide sont fournis dansla section de ce fascicule relative à l’exécution de la campagne.

La planification du suivi opérationnel

La majeure partie du suivi des opérations de traitement doit être réalisée par des équipes de suivi constituées de personnel spécialisé. L’avantage de disposer d’une ou plusieurs équipes de suivi indépendantes est de permettre aux agents antiacridiens de se concentrer sur la recherche et le traitement des criquets tandis que les agents responsables du suivi peuvent rester plus longtemps dans les zones traitées pour évaluer l’impact. De plus, la qualité des traitements devant être évaluée, le recours à des agents de suivi indépendants évite d’être à la fois juge et partie.

Pour travailler correctement, une équipe de suivi doit pouvoir opérer en toute indépendance, disposer de ses propres moyens de transport et être bien équipée (voir Fig. 16). Une équipe standard utilise deux véhicules (ex. 1 pick-up et 1 station wagon) pour permettre le transport de suffisamment de matériel et de personnes mais aussi pour des raisons de sécurité dans des zones éloignées. La composition exacte de l’équipe dépend des tâches de suivi qu’elle doit accomplir mais comprend généralement au moins le personnel suivant: un expert en application de pesticide, un chimiste/expert en résidus d’insecticides, un écologiste ou un écotoxicologue, un médecin ou un infirmier expérimenté et, si possible, un assistant pour une ou plusieurs des compétences précitées. Les deux véhicules mentionnés ci-dessus ne peuvent accueillir que quatre agents de suivi et deux chauffeurs; il faut donc faire des choix sur la composition de chaque équipe (à noter qu’il faut parfois prévoir une place supplémentaire pour un guide dans certaines zones de l’aire de distribution du Criquet pèlerin).

Les besoins exacts en matériel dépendent énormément du type de suivi à réaliser. Par conséquent, il faut déterminer la composition des équipes et les sujets à suivre bien avant le début de la campagne antiacridienne pour permettre de commander le matériel à temps.

Même si les responsables du suivi peuvent être des experts dans leurs domaines respectifs, on ne donnera jamais trop d’importance à la planification minutieuse et à la formation précédant une campagne. Les membres de l’équipe doivent pouvoir maîtriser en toute confiance l’utilisation du matériel et l’application des méthodes de prélèvement. Ils doivent aussi connaître le minimum nécessaire sur les procédures de suivi appliquées par les autres partenaires de l’équipe pour s’aider mutuellement si besoin (ce qui est souvent le cas). Les équipes doivent recueillir avant chaque campagne des données sur l’écologie des zones susceptibles d’être traitées pour identifier les écosystèmes concernés et leurs espèces ou processus sensibles. Les plans d’action prévisionnels doivent être préparés et testés en cas de problème majeur (ex. mortalités importantes d’organismes non-cibles, intoxications humaines à l’insecticide et pulvérisation accidentelle de puits). De plus, si plusieurs équipes de suivi agissent dans le pays, il faut adopter un protocole de suivi standard.

Les équipes de suivi doivent souvent recourir à des compétences externes pour réaliser certaines de leurs tâches. Les résidus d’insecticides doivent être transmis à un laboratoire spécialisé pour analyse; des prélèvements biologiques peuvent devoir être envoyés à des taxonomistes; le personnel du centre national anti-poison peut être appelé en cas d’empoisonnement... De tels liens fonctionnels doivent être discutés et mis en place avant le début de la campagne. Cela est particulièrement important pour les actions devant être menées rapidement ou dans un bref délai.

Il faut aussi établir, avant la campagne, la chaîne de responsabilité pour le suivi. De qui les équipes de suivi reçoivent-elles des ordres et à qui doivent-elles rendre des comptes? Dans certains pays, il peut s’agir du chef de l’unité antiacridienne, dans d’autres, les équipes de suivi peuvent dépendre d’un autre ministère (par ex. celui de l’environnement ou de la santé publique). Lier les équipes de suivi directement à l’unité antiacridienne présente l’avantage d’une bonne intégration de leurs activités dans l’exécution de la campagne; les rendre responsables devant une agence différente peut permettre des opérations plus indépendantes. De telles décisions dépendent du niveau d’autorité obtenu par les équipes de suivi. Sont-elles autorisées à contrôler toutes les fiches de pulvérisation d’une équipe de traitement, ordonner l’arrêt des traitements en cas de constat de problèmes, suspendre des agents de leurs fonctions pour des raisons de santé…? Ou doivent-elles seulement rendre compte de ce qu’elles observent? Cela varie d’un pays à un autre et dépend énormément de l’organisation administrative et de celle de la campagne de lutte antiacridienne.

La planification du suivi approfondi

Le suivi approfondi diffère du suivi opérationnel à deux niveaux: le détail et la durée du travail. Il est réalisé par des équipes spécialisées et ayant souvent une assez vaste compétence dans le domaine de la recherche. Le suivi approfondi évalue aussi l’impact réel des traitements antiacridiens. Toutefois, après l’(es) épandage(s) insecticide(s), l’équipe de recherche n’a généralement plus de contact avec les agents antiacridiens car elle continue à travailler dans les zones traitées pendant plusieurs semaines ou mois. Le suivi approfondi n’a donc pas les mêmes exigences organisationnelles que celles du suivi opérationnel.

Il faut évaluer le besoin en suivi approfondi dès le début de la planification de la campagne. Se demander si des insecticides, des méthodes de lutte et des organismes non-cibles nécessitent d’être étudiés en détail? Si tel est le cas, il faut identifier et recruter une équipe de recherche pour réaliser le travail. Une telle équipe doit avoir le temps de préparer l’étude, d’établir des liens avec les institutions nationales et internationales concernées, disposer de préférence de son propre matériel de travail, organiser ses hébergements temporaires. Ce processus entier prend souvent plusieurs mois.

Préparations médicales - résumé:

  • établir des liens avec le centre national anti-poison et d’autres instituts médicaux
  • contacter les hôpitaux et les centres de santé locaux
  • fournir aux hôpitaux et aux centres de santé des fiches sur l’empoisonnement aux pesticides
  • faire subir un examen médical aux agents antiacridiens avant la campagne
  • mesurer les taux de cholinestérase (en cas de traitement aux organo-phosphorés et aux carbamates)

Figure 17. L’examen médical pré-campagne est obligatoire pour tous les agents antiacridiens.

Question fréquemment posée no 3 (voir réponse page 88)

Il est souvent déjà difficile d’obtenir des fonds pour une campagne de lutte antiacridienne. Donner trois bonnes raisons pour allouer une partie ce budget limité à une ou plusieurs équipes de suivi; ces arguments devraient de préférence convaincre aussi le Ministère.

En raison de sa complexité et de son coût élevé, le suivi approfondi des opérations de lutte antiacridienne est relativement rare. Aucun détail supplémentaire n’est fourni dans ce fascicule sur l’organisation et l’exécution d’un tel suivi. Plusieurs contacts et sources utiles sont cependant proposés dans la section des références de ce fascicule et en Annexe 5.7.

Examens médicaux pré-campagne

Lors de la planification de la campagne, il faut établir des liens formels avec le centre national anti-poison (s’il en existe un) ou avec d’autres institutions médicales nationales concernées. Dans les régions où des traitements sont probables, il faut aussi contacter les hôpitaux et les centres de santé locaux. Il faut développer un système pratique de diagnostic et de traitement des empoisonnements aux pesticides et fournir aux hôpitaux, pour tous les insecticides pouvant être utilisés pendant la campagne, des fiches d’information sur les symptômes d’empoisonnement, les remèdes et les traitements.

Tous les agents antiacridiens et toutes les autres personnes pouvant être en contact avec des insecticides doivent subir un examen médical avant le début de la campagne (voir Fig. 17). Cela doit être réalisé par un médecin ayant des connaissances en toxicologie des insecticides et conscient des risques du métier d’agent antiacridien. Il faut prêter une attention toute particulière à des problèmes de santé pouvant augmenter la sensibilité aux pesticides (lésions de la peau, maladie du foie, alcoolisme chronique, anémie hémolytique, malnutrition…). L’examen pré-campagne sert aussi de référence pour le futur suivi de la santé.

Si des insecticides organo-phosphorés (OP) ou carbamates (CA) doivent être utilisés, il faut mesurer le taux de cholinestérase (ChE) dans le sang de chaque agent. Ces données peuvent servir de référence pour suivre le taux de ChE pendant et après la campagne. Le taux de ChE de référence doit être mesuré quand la personne n’a pas été exposée depuis au moins 30 jours à des OPs ou des CAs. Comme il peut exister des différences entre les laboratoires ou les méthodes d’analyse, il faut utiliser le même type de kit de test de la cholinestérase ou le même laboratoire d’analyse de sang pendant toute la campagne.

Figure 18. Plusieurs approches peuvent être utilisées pour informer la population locale des mesures de sécurité.

Formation

Maîtriser la manipulation et l’application des insecticides est l’un des moyens les plus importants pour réduire les risques pour la santé et l’environnement. Par conséquent, les agents antiacridiens doivent être bien formés sur ces sujets avant le début de la campagne. La formation ne doit pas être destinée aux seuls applicateurs d’insecticides, mais aussi concerner tout le personnel responsable du transport et de l’entreposage, les porte-fanion, les équipes de suivi et le personnel médical.

Il est recommandé que les agents antiacridiens soient officiellement autorisés à/titulaires d’un certificat pour manipuler et épandre des insecticides, après avoir suivi avec succès la formation. Seuls les agents habilités peuvent alors réaliser des traitements. Cela encourage les agents à suivre la formation et augmente la probabilité pour que soit respecté un minimum de standards techniques. De bonnes pratiques de traitement sont particulièrement importantes puisque la lutte antiacridienne est une responsabilité gouvernementale; les agents antiacridiens sont donc un exemple pour l’ensemble du public.

Sensibilisation et information du public

Il est important de tenir le public informé des effets possibles des insecticides sur la santé et l’environnement, avant, pendant et après les opérations de lutte antiacridienne (voir Fig. 18). Cela garantit la prise de précautions de sécurité dès que cela est nécessaire mais évite aussi des malentendus concernant les risques liés à la lutte antiacridienne. Il est conseillé d’affecter à cette tâche un responsable en communication et en information, surtout si la campagne s’annonce de grande envergure.

Lors de la planification de la campagne, il faut préparer une stratégie de communication traitant des sujets suivants:

  • Quel doit être le contenu (technique) de l’information? (ex. localisation des zones de traitement, information générale sur les risques liés à l’utilisation des pesticides, mesures de précaution, délais de ré-entrée et de carence pré-récolte pour les zones traitées)
  • Doit-il y avoir des réponses standard à certaines questions fréquemment posées sur des sujets relatifs à l’environnement et à la santé? (ex. par le public, les politiciens, la presse)
  • Quelle est la méthode de communication adaptée pour atteindre efficacement les groupes cibles? (radio, télévision, journaux, service de vulgarisation, équipes de suivi/traitement)
  • Comment informer le public en cas d’urgence? (ex. insecticide renversé accidentellement, mortalité piscicole, intoxications humaines)
  • Comment garantir que toutes les équipes de traitement fournissent la même information à la population locale? (par ex. éviter qu’une équipe demande aux villageois de fermer un puits avant un traitement alors qu’une deuxième équipe intervenant dans le même district donne un avis contraire dans un autre village)
  • Quelles autres sources d’information prendre en compte ou garder en réserve? (ex. sources d’information médicale en cas d’intoxications)

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