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Conclusion


Sur la base de l’analyse de contenu, les thèmes regroupés dans ces émissions ont fait l’objet d’une série de causerie-débat, magazine d’information, microprogramme, enquête radiophonique en rapport avec l’environnement social des personnes impliquées et ayant participé dans la production des émissions. Ces émissions ont soit contribué à la sensibilisation des auditeurs, à leur information, à les mobiliser autour des problèmes traités ou à leur transférer des connaissances et des techniques. Elles ont été produites en fonction de la réalité locale et de l’environnement culturel des communautés.

L’application de la technique de l’analyse de contenu a permis l’identification et la mise à plat des éléments suivants:

L’écoute et l’analyse de toutes les cassettes qui contenaient les 14 émissions a permis d’aboutir aux conclusions suivantes:

La vaccination fortifie le corps et met l’enfant à l’abri d’infirmités et d’une mort précoce.

En termes de conclusion méthodologique sur l’utilisation de la radio rurale comme outil d’enquête sociale, on peut affirmer que de nombreuses aspirations, attentes et potentialités de la radio rurale contrastent avec les pratiques de développement qui de plus en plus entravent la légitimité de ces aspirations. Beaucoup de communautés sont marginalisées. L’amélioration de leurs conditions de vie requiert qu’elles participent à la communication à travers les médias qui sont en principe les leurs. Une approche participative de la radio rurale qui prend en compte les méthodes découlant de la MARP (Méthodes Actives de Recherche Participative) devrait donc rassembler plusieurs secteurs de la vie sociale en incluant les riches en information et les pauvres en information, les agents de développement et ceux qu’ils voudraient être touchés par ces activités de développement, mais elle devra aussi englober les grandes idées et les moins grandes, relatives aux idéaux de la radio communautaire.

La radio rurale pourrait être utilisée dans un processus d’investigation en milieu rural pour des actions de développement. Le travail fait a révélé des éléments à prendre en compte dans l’élaboration d’une méthode participative en radio, comme indiqué ci-dessous.

1. Les équipes de radio rurale en charge d’une enquête sociale doivent eux-mêmes connaître les objectifs poursuivis pour parvenir à les expliquer aux populations concernées. C’est le travail préliminaire fait au sein de la radio même.

2. Des réunions communautaires avec la population, spécialement avec les leaders communautaires et religieux, sont impératives, avant même le début effectif de l’enquête pour connaître l’historique du village, les préoccupations des gens, les projets déjà en cours, la situation politique et sociale dans le village. C’est le moment de chercher des informations pour l’élaboration d’une carte du village, avec ses installations, ses activités, la taille de sa population, ses concessions, ses richesses, etc. C’est donc plus qu’un travail de repérage.

3. La troisième étape consiste à entrer véritablement au cœur de l’enquête, par une visite de terrain de plusieurs jours, en se familiarisant avec le terroir, ses problèmes et ses opportunités majeures grâce à des outils empruntés à la MARP, à la coupe transversale du village (transect) avec les informateurs-clés, aux interviews semi-structurées dans le terroir même. C’est également le moment de discuter avec les paysans de leurs problèmes, de les analyser avec eux, d’élaborer une carte réelle du terroir, de faire des interviews avec des personnes ressources.

4. La quatrième étape consiste à analyser véritablement les stratégies et les problèmes prioritaires, catégorie par catégorie, grâce à des interviews individuelles notamment, ce qui est plutôt une spécialité de la radio. C’est ici le moment de sortir les appareils d’enregistrement, les micros et les câbles. Des outils empruntés à la MARP comme le diagramme de Venn sont aussi d’un précieux secours pour connaître notamment les institutions du village et leurs interrelations.

5. Les équipes de radio rurale peuvent ensuite se retrouver entre elles pour les premières analyses des opportunités de recherche et d’action. Ces analyses participatives se focalisent sur les problèmes prioritaires évoqués par les paysans, leurs causes et leurs conséquences. Cette démarche peut être schématisée par l’arbre à problèmes.

6. L’étape précédente conduit tout naturellement à l’analyse et à la hiérarchisation des possibilités de solution. Toujours dans le souci participatif, il est important d’obtenir le consensus des populations concernées sur les activités à mener, précisément leur part à apporter dans la résolution de leurs problèmes et ce qu’elles demanderaient comme assistance extérieure. Dans la très pure tradition de la radio rurale, c’est dans une émission publique avec des prix à distribuer aux gagnants que se déroule cette étape.

7. La dernière étape semble la restitution synthétique, avec les notables ou interlocuteurs, de tout ce qu’on se serait fixé, puis la finalisation d’un rapport de terrain fait par les chercheurs, suivi d’une évaluation interne du travail fait par les équipes d’investigation. On conclura en responsabilisant chacun quant au suivi des actions décidées ensemble.

L’une des faiblesses des radios rurales en Afrique reste encore aujourd’hui la méconnaissance des habitudes et des heures d’écoute des auditrices et des auditeurs. Sans cette connaissance, systématique et régulière, la radio rurale ne saurait et ne peut jouer son rôle d’outil d’enquête sociale.

Un autre maillon faible de la radio rurale est l’évaluation de l’impact des émissions diffusées; on sait très peu ce que ces émissions ont apporté en termes d’information, de connaissances, de motivation, de mobilisation et de changement d’attitude et de comportement.


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