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INTRODUCTION


26. Au cours des quarante dernières années, l'Afrique a été fortement marginalisée sur les marchés internationaux. Ce continent regroupe aujourd'hui le plus grand nombre de pays pauvres très endettés dans lesquels les populations souffrent de faibles revenus et de pénuries alimentaires. Pour une grande partie du secteur agricole africain, la croissance de la productivité et du commerce a été lente, et souvent négative. Les principaux produits (cacao, café et huile de palme) ont perdu une part de marché substantielle au profit de l'Asie et de l'Amérique latine, ce qui a aggravé la situation. La balance commerciale annuelle de l'Afrique a fléchi, passant, en moyenne, de 2,6 milliards de dollars E.U. dans les années 60 à moins 5,3 milliards de dollars E.U. dans les années 90.

27. Si l'on n'effectue pas des changements profonds et immédiats, l'Afrique aura encore plus de difficultés à couvrir le nombre croissant de ses besoins de base. D'après les prévisions, la malnutrition infantile devrait progresser de 20 pour cent, ce qui porterait le nombre d'enfants sous-alimentés à 39 millions d'ici 2020, voire plus, si l'on tient compte de troubles politiques ou d'autres conflits éventuels. À défaut d'une intervention majeure, plus de 200 millions d'Africains risquent de souffrir de la faim en 2015 et le volume nécessaire des importations alimentaires atteindra un niveau conséquent d'ici 2020. La dégradation des ressources naturelles se poursuivra et la productivité des terres continuera de diminuer dans de nombreuses zones. Les crises et les conflits se multiplieront, ce qui accroîtra les demandes d'aide et le coût des secours.

28. Dans ce contexte, les dirigeants africains ont élaboré et adopté un nouveau cadre de développement - le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) - dont l'objectif est de relancer l'économie africaine en moins d'une génération. D'après le NEPAD il faudra maintenir un taux de croissance économique de plus de 7 pour cent par an au cours des 15 prochaines années pour permettre au continent d'atteindre les objectifs de développement du Millénaire d'ici 2015, dont celui de réduire de moitié le nombre de personnes victimes de la faim et la pauvreté. Dans le cadre du NEPAD, les dirigeants africains s'engagent à établir des conditions propices à un développement durable, à savoir: (a) adhérer aux principes de bonne gouvernance, de loi et de démocratie; (b) encourager les initiatives privées parallèlement aux efforts publics; (c) exploiter les ressources de l'Afrique avec plus d'efficacité; (d) bien cibler et sélectionner les domaines d'action et d'investissement.

29. Les débats d'orientation de politiques dans les tribunes régionales et nationales mentionnent souvent les problèmes qui limitent la compétitivité des produits, en particulier les coûts de transaction élevés. Ces coûts résultent de politiques qui ont été défavorables à l'agriculture pendant de nombreuses années et de la faiblesse des institutions publiques nationales et intermédiaires qui ne sont pas en mesure de fournir aux producteurs les biens et les services publics dont ils ont besoin. Les dirigeants africains sont de plus en plus conscients de l'importance de créer un environnement propice à la croissance d'un secteur agricole privé et dynamique. Cela devient de plus en plus évident au niveau de l'amélioration des infrastructures de marché et des services de commercialisation, tant pour les intrants que pour les produits agricoles.

30. Le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) du NEPAD vise, en accélérant la croissance du secteur agricole, à remédier rapidement à la crise de ce secteur. Pour accroître les revenus agricoles de manière globale, les ressources limitées dont dispose le NEPAD devront être allouées de manière à renforcer l'avantage comparatif de la production et du commerce qui est conditionné par les écarts de prix à la production. Ces écarts sont essentiellement déterminés par les prix des intrants, la qualité de la technologie et les économies d'échelle dans la production.

31. Le PDDAA définit trois domaines d'actions prioritaires pour relancer l'agriculture: (1) accroître les superficies cultivées de manière durable desservies par des systèmes fiables de gestion de l'eau; (2) développer les infrastructures rurales et les capacités commerciales indispensables pour renforcer la compétitivité des produits locaux sur les marchés tant nationaux qu'internationaux; (3) augmenter les approvisionnements alimentaires et faire reculer la faim grâce à des politiques et des investissements ciblés sur la croissance de la productivité.


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