Page précédente Table des matières Page suivante


6. LE TABAC EN TURQUIE


6.1 PRODUCTION, CONSOMMATION ET ÉCHANGES DE TABAC EN TURQUIE

6.1.1 Introduction

La production de tabac en Turquie représente 4 pour cent de la production mondiale qui s’élève à 7 millions de tonnes, faisant de ce pays le cinquième principal producteur mondial après la Chine, l’Inde, les États-Unis et le Brésil. Le marché mondial de la cigarette se fonde en général sur les cigarettes à base de mélanges qui comprennent une certaine quantité de tabac de type oriental. Environ 65 pour cent du tabac d’Orient est produit en Turquie, 25 pour cent en Grèce et 10 pour cent en Bulgarie et dans l’ex-Yougoslavie. La production de tabac de Virginie et de burley représente un peu plus de 3 pour cent (8 000 tonnes) de la production totale de la Turquie.

6.1.2 Production, superficie et rendements

En 1999, la production réalisée sur une superficie de 283 000 ha s’est élevée à 260 000 tonnes, soit une augmentation de 73 pour cent par rapport à 1970, grâce à des rendements deux fois plus hauts produits par une superficie qui avait diminué de 14 pour cent. Entre 1970 et 1980 la production s’est accrue pour fléchir en même temps que la superficie, à la suite de l’application de contingents pour cette dernière qui ont été supprimés au cours des années suivantes (tableau 6.1; figure 6.1).

Tableau 6.1 - Production, superficie et rendements, 1970-1999

Année

Superficie
(ha)

Production
(tonnes)

Rendements
(kg/ha)

1970

328 498

149 861

487

1975

241 508

199 935

924

1980

222 997

228 349

969

1985

176 848

170 491

946

1990

320 236

296 008

910

1995

209 919

204 440

923

1999

283 444

259 478

923

Note: Les rendements sont des moyennes de deux ans pour 1970 et 1999, et de trois ans pour le reste.

Source: Données pour 1970-89 fournies par le SIS et pour 1990-99 par la TEKEL.

Les rendements en tabac, qui ont atteint environ 500 kg/ha au début des années 1970, ont dépassé 800 kg/ha au milieu des années 1970 et, par la suite, se sont établis entre 800 et 1 000 kg/ha, soit une moyenne de plus de 900 kg/ha (figure 6.2).

Part du tabac dans les terres cultivées

Les céréales occupent 59 pour cent de l’ensemble des terres cultivées en Turquie, suivies des jachères (21 pour cent), des légumineuses (7 pour cent), des cultures industrielles (7 pour cent), des graines oléagineuses (6 pour cent) et des racines et tubercules (1 pour cent). Parmi les cultures industrielles, le coton s’adjuge la part la plus importante, soit 45 pour cent, suivi de la betterave à sucre (29 pour cent) et du tabac (20 pour cent). La superficie plantée en tabac couvre donc environ 1,5 pour cent de la superficie totale cultivée, et ce pourcentage est resté plutôt constant pendant de nombreuses années (figure 6.3).

6.1.3 Qualité de la production

En Turquie, la majorité du tabac produit est du type oriental; la production s’est élevée à 251 038 tonnes en 1999, avec 570 450 producteurs travaillant sur une superficie de 280 143 ha. Après la récolte, le tabac est traditionnellement séché en plein air (séchage au soleil). Plus récemment, on a utilisé de plus en plus souvent des tunnels en plastique pour le séchage. Le tabac de Virginie et le burley, cultures irriguées, sont séchés dans des fours spéciaux (séchage à l’air chaud) et dans des hangars de séchage (tabacs bruns séchés à l’air naturel). Le tabac non oriental est produit par moins de 1 pour cent des 575 000 producteurs de tabac, représente un peu plus de 3 pour cent de la production totale de tabac, et occupe un peu moins de 1 pour cent de la superficie totale consacrée au tabac.

Figure 6.1 - Superficie (milliers d’ha) et production (milliers de tonnes)

Figure 6.2 - Rendements (kg/ha)

Figure 6.3 - Parts des cultures industrielles et du tabac dans la superficie totale cultivée

6.1.4 Rôle du tabac dans la création de revenu

Étant l’une des activités de production agricole à plus fort coefficient de main-d’oeuvre, la production de tabac est une importante source d’emplois. La famille satisfait la plupart des besoins de main-d’oeuvre. Les planteurs en Turquie étant au nombre 600 000 planteurs et en estimant à 2,5 personnes la participation par famille, la production de tabac emploie quelque 1,5 million d’individus. D’autres sont employés dans des activités liées au tabac, comme le transport, l’emmagasinage, le commerce et la fabrication de cigarettes.

Entre 1990 et 1999, tant la taille des exploitations que la production par agriculteur se sont réduites, cette dernière en raison partiellement de la baisse des rendements. La réduction de presque 50 pour cent de la taille de l’exploitation et des rendements a eu lieu principalement dans l’est et le sud-est du pays. La seule région qui ait enregistré une augmentation à cet égard a été la Thrace.

6.1.5 Étude de cas au niveau du village

Une enquête a été menée auprès de 33 producteurs de tabac appartenant à six villages du district d’Akhisar, dans la province de Manisa, le district et la province représentant la principale sous-région productrice de tabac du pays. À la province de Manisa sont imputables 23 cent de la production de tabac et de sa valeur en Turquie.

De 67 à 86 pour cent du revenu annuel moyen du ménage dans les six villages échantillons proviennent du tabac.

Cinq cultures occupaient quelque 92 ha de terres cultivées: tabac, coton, blé, olives et raisin. Le tabac représentait 44 pour cent de la superficie, suivi du coton (26 pour cent), des olives, (15 pour cent) et du blé (12 pour cent). Les olives étaient produites en plus du tabac par un tiers des producteurs, 24 pour cent des agriculteurs cultivaient le coton en même temps que le tabac, alors que le même pourcentage d’agriculteurs plantaient du tabac et du blé (tableau 6.2).

Tableau 6.2 - Modèles de production dans le district d’Akhisar


Superficie

Production

Agriculteurs

Ha

%

tonnes

%

Nombre

%

Tabac

40

43,7

41

20,6

33

100,0

Coton

24

26,1

72

36,2

8

24,2

Blé

11

11,7

51

25,6

8

24,2

Olives

14

15,3

23

11,6

11

33,3

Raisin

3

3,3

12

6,0

1

.0

Total

92

100,0

199

100,0

33

100,0

Source: Données de l’enquête.

Le tabac représentait 80 pour cent des revenus nets dégagés des ressources propres alors qu’aux quatre autres cultures, même si elles occupaient plus de la moitié de la superficie plantée, n’étaient imputables que 20 pour cent du revenu total net. Parmi les cultures annuelles, le tabac procurait le revenu le plus important par hectare, et n’était comparable qu’à la culture pérenne de raisin. La main-d’oeuvre employée étant essentiellement familiale, son coût n’avait aucun effet sur les coûts variables.

D’après les agriculteurs, les produits autres que le tabac lui étaient déjà associés: le blé et les olives avaient les coûts de production les plus faibles dans les zones non irriguées, alors que le coton, le raisin et les légumes étaient cultivées dans des zones irriguées. Les olives produisaient le revenu le plus élevé par hectare, suivi du coton. Les seules cultures de remplacement compétitives paraissent être actuellement le blé, le coton ou les olives, dans la mesure où les agriculteurs peuvent disposer de crédit et d’un soutien technique.

6.1.6 Commerce du tabac

Introduction

La Turquie est le principal négociant de tabac sur les marchés mondiaux, exportant près de 150 000 tonnes (55 pour cent de sa production) et important environ 50 000 tonnes (la moitié de sa consommation) de tabac transformé et non transformé. Elle est le quatrième principal exportateur de tabac, sa part des exportations mondiales totales s’élevant à 6-8 pour cent, et le douzième principal importateur, s’adjugeant 2 pour cent des importations mondiales.

En 1999, les exportations totales de tabac s’élevaient à 561 millions de $EU, alors que les importations totalisaient 293 millions de dollars, produisant un excédent commercial de 268 millions de $EU. Pour cette année-là, le tabac a représenté 23 pour cent de la valeur totale des exportations agricoles et 2 pour cent des exportations totales, alors que les importations représentaient 18 et 0,7 pour cent des importations agricoles et totales, respectivement.

Tendances du commerce du tabac

Le tableau 6.3 présente les tendances des exportations et importations de tabac pour la période 1970-1999. Entre 1970 et 1999, la quantité exportée a presque doublé. Les importations de tabac n’ont commencé à démarrer qu’en 1984, et la quantité importée en 1999 représentait presque dix fois celle de 1985. Cependant, la quantité totale exportée a fait l’objet d’une fluctuation considérable pendant cette période, alors que la quantité importée augmentait. Le volume exporté a été le plus faible en 1978 et a atteint son point culminant en 1996-98. Les volumes importés se sont accrus tous les ans à l’exception de 1989, 1990, 1993 et 1998. Le volume commercial net a accusé un fléchissement en 1984, avec l’apparition des importations, mais a maintenu un modèle régulier depuis lors (figure 6.4).

Tableau 6.3 - Exportations et importations de tabac

Année

Exportations
Quantité
(milliers de tonnes)

Importations.
Quantité
(milliers de tonnes)

NT

T

Total

NT

T

Total

1970



74.0

0

0

0

1975



65.6

0

0

0

1980

83.7

0

83.7

0

0

0

1985

102.7

0.1

102.8

0

6.0

6.0

1990

94.8

47.2

142.0

3.3

14.0

17.3

1995

82.6

59.5

142.1

21.6

4.7

26.3

1998

155.3

7.5

162.8

42.2

14.9

57.1

1999

129.1

11.5

140.5

48.8

16.3

65.3

Note: NT = Non transformé; T = Transformé.
Source: SIS Trade Statistics, various issues.

Les valeurs des exportations et des importations ont été relativement plus stables (figure 6.5). La valeur des exportations a touché son maximum en 1997, reculant par la suite mais sans jamais tomber au-dessous du niveau de 1970. La valeur des importations a culminé en 1981 et 1997. La valeur commerciale nette a baissé entre 1984 et 1992 s’établissant à presque zéro. Depuis lors elle a recommencé à avoisiner les niveaux des années 1980

Figure 6.4 - Quantités de tabac exportées et importées (tonnes)

Figure 6.5 - Exportations et importations de tabac par valeur (milliers de $EU)

Composition du commerce du tabac

Ce n’est que vers la première moitié des années 1980 que la Turquie a commencé à exporter de petites quantités de tabac transformé. Ces exportations sont restées inférieures à 20 pour cent de la valeur totale des exportations, à l’exception de 1995, lorsqu’elles ont atteint un maximum de plus de 35 pour cent (figure 6.6). La composition des importations est donnée à la figure 6.7.

Figure 6.6 - Composition de la valeur des exportations

Figure 6.7 - Composition de la valeur des importations

Origine des importations et destination des exportations

Au début des années 1990, les États-Unis avaient à leur actif la majorité des exportations turques (plus de 55 pour cent), suivis des pays de l’UE (environ 25 pour cent). Au fil du temps, la part des États-Unis est tombée à environ 30 pour cent et celle des pays de l’UE a crû pour atteindre près de 40 pour cent. Les principaux importateurs de tabac turc sont maintenant les États-Unis, le Canada, la France, la Suisse, le Zimbabwe, le Malawi, l’Afrique du Sud et l’Allemagne. En 1990, la Turquie importait presque tout son tabac des États-Unis (tableau 6.4). La Turquie est un importateur net de tabac des États-Unis, de Suisse, de France, du Canada, du Zimbabwe, du Malawi et d’Afrique du Sud et un exportateur net à destination d’autres pays.

Tableau 6.4 - Principaux partenaires de la Turquie pour le commerce du tabac (1997)

Pays

Exportations
(millions de $EU)

Importations
(millions de $EU)

États-Unis d’Amérique

260,4

269,2

Allemagne

67,0

6,5

Belgique

54,6

0,1

Liban

30,6

0

Pays-Bas

24,0

0,3

Russie

24,0

0,3

Japon

16,6

0

Émirats arabes unis

13,3

0

République de Corée

11,8

0

Suisse

11,6

21,2

France

10,7

16,8

Canada

0.8

24,9

Zimbabwe

0

14,6

Malawi

0

10,3

Afrique du Sud

0

8,3

Total

682,7

383,0

Source: SIS Foreign Trade Statistics, 1997.

6.1.7 Stocks et consommation de tabac en feuilles

Les grands stocks de tabac sont très répandus en Turquie. Les stocks de fin d’année en 1999 étaient estimés à plus de 500 000 tonnes, soit 12 pour cent de plus que l’année précédente et 32 pour cent de plus qu’en 1990.

Cependant, en raison de leur mauvaise qualité, ils ne peuvent être utilisés pour la production de cigarettes. Le gouvernement a tenté de réduire les stocks de tabac d’Orient, grâce au contrôle de la production, à la stimulation des exportations par la réduction des prix, et à leur élimination par le feu. Près de 125 000 tonnes de tabac d’une valeur nominale de 177 millions de $EU ont été détruites ces 10 dernières années.

D’après l’évaluation de l’utilisation des disponibilités de tabac en équivalents de tabac séché non manufacturé, au cours de la dernière décennie la consommation de tabac en Turquie a baissé de plus de 20 pour cent.

6.2 POLITIQUES AGRICOLES RELATIVES AU TABAC

6.2.1 Mesures intérieures de soutien des prix

Jusqu’en 1994, un programme de soutien des prix semblable à celui en vigueur pour les autres cultures opérait pour le tabac. Les prix se différenciaient en fonction de la catégorie (Catégorie A, Catégorie B et «Kapa» pour la qualité inférieure) et de la région. Des prix garantis plus faibles étaient parfois offerts avant la récolte si les agriculteurs le demandaient. La Direction générale des entreprises de tabac, produits dérivés, sel et alcool (TEKEL) était légalement obligée d’acheter tout le tabac non vendu aux acheteurs privés et de stocker les volumes invendus. Ce stock est allé en s’accroissant et, en novembre 1993, il avait atteint environ 500 000 tonnes, consistant essentiellement en tabac de faible qualité produit dans le pays.

Un nouveau système de soutien du tabac a été établi à partir de la campagne agricole de 1994, liant les paiements compensatoires à la réduction de la superficie plantée en tabac. Les producteurs ont reçu ces paiements pour atténuer leurs pertes. Les achats de «soutien» de la TEKEL ont baissé considérablement, passant de 231 000 tonnes en 1993 à 44 000 tonnes en 1995, marquant l’application de contingents de production. Après la suppression des contingents, la production et les achats de «soutien» ont commencé à augmenter pour atteindre 137 000 tonnes en 1999.

Depuis 1983, la superficie plantée en tabac a été réglementée. À partir de la campagne agricole de 1994, de nouvelles mesures quantitatives liées aux paiements compensatoires ont été introduites pour contrôler la production, et ont visé les zones où des cultures de remplacement rentables existaient. Le contingent national de production est fixé par un Office interministériel du tabac.

Certains des intrants, notamment les engrais, les pesticides et l’eau d’irrigation, ainsi que l’application de nouvelles technologies, sont subventionnés par l’État afin de promouvoir leur utilisation en vue d’accroître les rendements. Sur un besoin de 50 000 tonnes/an, le Ministère de l’agriculture et des affaires rurales (MARA) et la TEKEL produisent et fournissent 10 000 tonnes, le reste étant tiré par les agriculteurs de leur propre production. Il n’existe pas de subvention en soi pour les semences et les plants, et la subvention aux engrais a été progressivement réduite en termes réels.

6.2.2 Mesures à la frontière

Depuis 1984, les sociétés engagées dans la production de produits à base de tabac ont été autorisées à importer du tabac brut, soumis initialement à des droits de douane de 50 pour cent. En septembre 1989, les droits ont été réduits à 40 pour cent et abolis en mai 1991. Cependant, un droit de 2000 $EU/tonne a été imposé. En 1993, ce chiffre a été accru par l’imposition d’un droit de douane de 25 pour cent qui était encore en vigueur en 2000. Les produits à base de tabac transformés provenant de l’UE et de l’AELE ne sont frappés d’aucun droit d’importation, mais ceux venant d’autres pays doivent payer un droit compris entre 18,2 et 81,9 pour cent, en fonction du produit.

6.2.3 Soutien institutionnel par le biais de la TEKEL

La TEKEL détient 70 pour cent du marché intérieur des cigarettes turques et elle est le principal exportateur turc de tabac. Elle contrôle, entre autres, la fabrication, l’importation et le vente de tabac tout en effectuant des recherches pour en améliorer la qualité, la productivité et l’efficacité. Les deux produits les plus importants produits et vendus sur le marché intérieur sont les cigarettes à filtre et le raki turc (une boisson alcoolisée aromatique).

D’après Schmitz et al. (1999), la politique relative au tabac a exercé un impact favorable sur l’augmentation de la valeur: elle a amélioré le bien-être social et favorisé les producteurs de tabac de faible qualité (cultivé sur des terrains de montagne et difficile à vendre), le gouvernement payant la différence entre le prix annoncé et le prix du marché grâce à des paiements compensatoires. Les prix à la consommation sont inférieurs en raison du subventionnement de la transformation du tabac par la TEKEL. Cependant, les producteurs ne dégagent normalement que des bénéfices négligeables.

En raison de la grande part du marché revenant à la TEKEL et de ses liens avec le gouvernement, elle agit comme agent fixateur des prix de l’industrie. Les producteurs peuvent, en dernier ressort, vendre leur tabac à la TEKEL.

6.3 L’INDUSTRIE DU TABAC

6.3.1 La fabrication de tabac

Alors que les entreprises privées ont toujours opéré aux côtés des entreprises publiques dans la transformation du tabac, la production et la vente des cigarettes étaient régies par un monopole d’État jusqu’en 1991, lorsque deux fabriques privées de cigarettes ont été établies comme coentreprises avec RJ Reynolds et Phillip Morris. La production a commencé en 1993.

En 1971, 27 pour cent des entreprises de fabrication en Turquie travaillaient dans le secteur de l’alimentation, des boissons et de la transformation du tabac. Sur l’ensemble des entreprises de fabrication, 11 pour cent appartenaient au secteur public dont 4,5 s’occupaient de la transformation du tabac et de la production de cigarettes. Plus de la moitié des entreprises de transformation du tabac étaient privées, alors que toutes celles produisant des cigarettes relevaient du secteur public.

En 1997, le nombre d’entreprises de transformation du tabac avait baissé, mais la part de celles du secteur public s’était accrue de 62 pour cent. Le nombre total de fabriques de cigarettes est resté inchangé, mais l’établissement de deux fabriques privées a réduit la part publique à 78 pour cent (tableau 6.5).

Tableau 6.5 - Établissements de fabrication de tabac et d’autres produits

Année

Établissements de fabrication

Fabrication d’aliments, boissons et tabac

Fabrication de tabac

Fabrication de cigarettes

Total

Part des établissements publics

Total

Part des établissements publics

Total

Part des établissements publics

Total

Part des établissements publics

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

1971

4 931

6,7

1 329

11,3

60

48,3

Nd

100,0

1975

6 068

6,5

1 482

11,9

55

52,7

Nd

100,0

1980

8 710

4,7

1 851

11,9

47

59,6

9

100,0

1985

19 647

3,7

2 277

9,0

50

54,0

8

100,0

1990

8 871

4,6

1 894

11,4

50

50,0

8

100,0

1995

10 230

3,5

1 792

9,9

38

63,2

9

77,8

1997

11 373

2,8

1 863

8,8

37

62,2

9

77,8

1999

nd

nd

nd

nd

nd

Nd

9

77,8

Notes: (1) nd = non disponible. (2) Un établissement est défini comme une structure employant 10+ personnes. Le terme s’applique aux entreprises privées aussi bien que publiques.

Source: Registres du SIS et de la TEKEL

6.3.2 Emploi dans les établissements de fabrication de tabac

En 1997, près de 2 pour cent de tous les individus travaillant dans des établissements manufacturiers employant 10 ouvriers ou davantage étaient engagés dans la fabrication du tabac.

Le nombre d’employés dans ce secteur s’est accru entre 1971 et 1980, atteignant un maximum de près de 53 000 en 1980, chiffre qui est tombé à 22 600 en 1997. Ces fluctuations étaient dues aux politiques de l’emploi du secteur public. La part dans l’emploi revenant au secteur public dans la fabrication de tabac s’est accrue, passant de 80 pour cent en 1971 à 95 pour cent 1980, pour tomber à 71 pour cent en 1997 (tableau 6.6).

Tableau 6.6 - Emploi dans la fabrication de tabac

Année

Établissements de fabrication

Fabrication d’aliments, boissons et tabac

Fabrication de tabac

Fabrication de cigarettes

Total des employés

Part des employés du secteur public

Total des employés

Part des employés du secteur public

Total des employés

Part des employés du secteur public

Total des employés

Part des employés du secteur public

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

1971

519 233

38,2

125 371

55,1

32 296

80,4

Nd

100,0

1975

678 580

35,3

150 263

55,6

38 480

87,3

Nd

100,0

1980

786 995

36,5

188 160

60,1

52 807

95,0

Nd

100,0

1985

928 128

29,8

193 432

49,2

43 289

89,7

Nd

100,0

1990

1 023 669

24,4

188 373

42,7

32 143

84,1

10 574

100,0

1995

970 718

17,5

168 827

35,6

24 131

79,0

Nd

Nd

1997

1 140 648

12,9

177 380

30,7

22 605

70,9

nd

Nd

Notes: (1) nd = non disponible. (2) Le nombre d’employés concerne les établissements du secteur privé employant 10+ personnes, toutes employées dans des sociétés publiques.

Source: Registres du SIS et de la TEKEL

Traitements et salaires dans la fabrication du tabac

En 1997, les traitements payés par l’industrie de la transformation du tabac représentaient 2,5 pour cent de tous ceux payés par le secteur manufacturier. Les paiements effectués par l’industrie du tabac se sont accrus sensiblement, passant de 34 millions de $EU dans les années 1970 à 214 millions de $EU en 1980, pour tomber ensuite à 167 millions de $EU en 1997.

Les paiements par habitant versés par l’industrie du tabac aux employés en 1997 étaient supérieurs d’environ 25 pour cent à ceux des autres industries manufacturières et atteignaient le double (après déduction des impôts) du revenu par habitant qui prévaut en Turquie (environ 3 000 $EU en 1997).

6.3.3 Valeur ajoutée provenant de la fabrication de tabac

Le tableau 6.7 montre que la valeur ajoutée dans la fabrication de tabac en 1997 s’élevait à 555 millions de $EU, dont 40 pour cent provenaient des sept fabriques de cigarettes de la TEKEL. Ce chiffre représentait 1,3 pour cent de la valeur ajoutée totale générée dans le secteur manufacturier, soit une baisse sensible par rapport aux 14 pour cent de 1971. Néanmoins, le tabac garde une place importante dans le secteur manufacturier.

Tableau 6.7 - Valeur ajoutée dans la fabrication de tabac

Année

Fabrication

ABT
(1)

Tabac

Cigarettes
(2)

Taux de change

Fabrication

ABT
(1)

Tabac

Cigarettes
(2)

Milliards de LT

$/LT

Millions de $EU

1971

38

12

5,41

nd

15

2 513

773

361

Nd

1975

87

24

7,1

Nd

14

6 236

1 736

507

Nd

1980

719

151

35,6

Nd

76

9 462

1 988

468

Nd

1985

5 454

1 182

458

Nd

518

10 529

2 281

884

Nd

1990

75 301

12 412

3 048

2 261

2 608

28 873

4 759

1 169

867

1995

1 755 020

279 623

43 383

13 588

45 705

38 399

6 118

949

297

1997

6 265 368

764 836

83 937

33 413

151 239

41 427

5 057

555

221

1998

nd

nd

nd

87 482

259 860

nd

Nd

nd

337

Note: (1) ABT = Secteur manufacturier des aliments, boissons et tabacs. (2) La valeur ajoutée dans la production de cigarettes ne s’applique qu’au secteur public. (3) nd = non disponible

Source: SIS Statistical Yearbooks et SIS Records, diverses années.

6.3.4 Exportations et importations de cigarettes

La Turquie n’exportait ni n’importait des cigarettes jusqu’en 1981 quand les premières cigarettes ont été exportées, les premières importations suivant en 1984. Elle est devenue un importateur net de cigarettes, avec un déficit commercial de 56 millions de dollars EU en 1985, les importations atteignant un maximum de 289 millions de dollars en 1990. Elles ont accusé un recul à partir de 1991, tombant à un niveau négligeable en 1999. En revanche, les exportations de cigarettes ont commencé à augmenter à partir de 1990, touchant un maximum de 100 millions de dollars en 1997. De ce fait, en 1995, le déficit commercial a inversé sa tendance pour devenir un excédent commercial, le pays devenant un exportateur net de cigarettes en 1999. Les recettes en devises provenant du commerce de cigarettes se sont élevées à 68 millions de dollars en 1999 (tableau 6.8; figure 6.8).

Tableau 6.8 - Exportations et importations de cigarettes

Année

Importations

Exportations

Exportations nettes

Quantité Milliers de tonnes

Valeur Milliers de $EU

Quantité Milliers de tonnes

Valeur Milliers de dollars EU

Valeur Milliers de dollars EU

1980

0.0

0

0,0

0

0

1985

6,0

55 742

0,03

176

-55 566

1990

15,8

312 810

5,7

23 600

-289 210

1995

0,13

2 414

8,5

37 474

35 060

1999

0,001

11

9,6

68 039

68 028

Note: Les quantités exportées en 1990 et 1992 ont été corrigées à cause de la possibilité d’erreurs unitaires dans les statistiques. Elles sont converties en poids en supposant 20g/paquet.

Source: SIS Trade Statistics.

Figure 6.8: Le commerce des cigarettes en Turquie

6.4 PRIX DU TABAC ET DES CIGARETTES

6.4.1 Prix du tabac à la production

Presque tout le tabac produit est vendu non transformé soit à des négociants privés soit à la TEKEL. Les achats du secteur privé sont généralement destinés à l’exportation, en fonction d’ordres venant de l’étranger. Les achats de la TEKEL servent à la production intérieure de cigarettes et à l’exportation de tabac en feuilles. C’est pourquoi les prix reçus par les agriculteurs sont une moyenne pondérée des prix payés par la TEKEL et le secteur privé. Au cours de la décennie écoulée, la part revenant à la TEKEL dans l’achat de tabac non transformé a fluctué entre 48 et 83 pour cent.

Chaque année, les prix de soutien sont annoncés pour le tabac d’un certain niveau (80 pour cent de rendement). Cependant, les prix effectivement payés aux agriculteurs sont inférieurs aux prix annoncés puisque, en moyenne, la qualité n’est pas conforme aux normes. Comme le secteur privé achète du tabac de meilleure qualité, son prix d’achat moyen est supérieur à celui de la TEKEL. La figure 6.9 présente les tendances des prix de soutien moyens pour le tabac au cours des deux dernières décennies, ainsi que pour le blé et le coton qui sont cultivés dans les mêmes régions et sont les principales cultures pouvant remplacer le tabac. Les tendances sont exprimées en prix en dollars EU des cultures (indice 1970 = 100).

Figure 6.9: Prix de soutien du tabac par rapport au blé et au coton

Au cours des trois dernières décennies le prix moyen du tabac non transformé a plus que triplé, de même que les prix du blé et du coton. À l’exception de quelques années, les prix des trois produits ont tendu à évoluer dans la même direction. Ils ont reflété la tendance des prix totaux reçus par les agriculteurs au cours de cette période. Tous les prix se sont accrus au début des années 1970, ont baissé à la fin des années 1970 et au début des années 1980 et se sont redressés dans l’ensemble depuis lors.

6.4.2 Valeur du tabac non transformé

La valeur de la production de tabac non transformé en 1999 (récolte de 1998) s’est élevée à 100 milliards de dollars EU, soit plus de neuf fois la valeur de 1970, une augmentation attribuable seulement partiellement à l’accroissement de la production (tableau 6.9).

Tableau 6.9 - Valeur de la production de tabac

Année

Production
(‘000 tonnes)

Valeur
(millions de EU$)

1970

150

119

1975

200

547

1980

228

415

1985

170

254

1990

296

1 234

1995

204

846

1998

259

1 104

Note: Les valeurs se rapportent à la campagne agricole (à savoir, (t-1)*Prix(t))

Source: SIS Statistical Indicators, divers numéros.

6.4.3 Coefficient de protection nominale

Si l’on compare les prix intérieurs aux prix internationaux à l’aide du coefficient de protection nominale, on obtient une estimation de l’ampleur de la distorsion des prix du marché déterminée par les politiques agricoles. Au cours des années 1970, les tendances des prix intérieurs et internationaux pour le tabac non transformé étaient très similaires du point de vue de la direction et de l’importance. Cependant, au cours de la première moitié des années 1980, les prix intérieurs ont diminué alors que les prix internationaux haussaient légèrement, et les producteurs de tabac étaient taxés plutôt que soutenus. En revanche, dans les années 1990, les prix intérieurs ont commencé à se redresser plus rapidement que les prix internationaux, indiquant un renforcement de la protection des producteurs.

6.5 CONSOMMATION DE CIGARETTES

6.5.1 Consommation totale et par habitant

En Turquie, trois types de cigarettes de base sont commercialisées: le mélange oriental, le mélange américain et le mélange anglais. La TEKEL produit les trois types, alors que les deux sociétés privées ne produisent que le mélange américain.

Un enquête nationale menée en 1988 a signalé que la prédominance de l’usage du tabac parmi les adultes (15 ans et au-dessus) était de 43 pour cent, celle parmi les hommes étant beaucoup plus élevée que parmi les femmes, et l’âge moyen auquel les jeunes commencent à fumer allant en diminuant.

A l’heure actuelle, 5 milliards de paquets (équivalent de 100 000 tonnes) de cigarettes sont consommés en Turquie annuellement. Au cours des 30 dernières années, la population adulte a presque doublé, la consommation s’accroissant d’environ 250 pour cent. Le taux de consommation par habitant actuel est de 2,55 kg/an, soit plus d’un tiers de paquet par jour par personne (figure 6.10). Il est estimé que de 70 000 à 100 000 personnes succombent à des maladies liées au tabac tous les ans.

Figure 6.10 - Consommation annuelle de cigarettes en Turquie

6.5.2 Dépenses affectées aux cigarettes

Les ménages dépensent environ le tiers de leur revenu en aliments. Les dépenses relatives aux cigarettes représentaient 2,4 pour cent des dépenses totales en 1987 et 1994, cette part étant plus élevée en zone rurale que dans les centres urbains en raison du niveau inférieur des revenus ruraux (tableau 6.10).

Les dépenses relatives aux cigarettes sont presque égales aux dépenses totales destinées aux soins de santé et plus du double de celles pour le thé et le café, près de 7 fois celles pour le poisson et plus de la moitié de celles pour le lait et les produits laitiers.

Le pourcentage des dépenses des consommateurs allant aux cigarettes est plus élevé pour les personnes à haut revenu.

Tableau 6.10 - Changements dans les dépenses du ménage pour différents articles, 1987 et 1994


Turquie

Centres urbains

Zones rurales


1987

1994

1987

1994

1987

1994


Index, 1987 = 100

Dépenses totales

100

105

100

107

100

102

Vivres

100

117

100

121

100

112

Pain et céréales

100

129

100

145

100

115

Cigarettes

100

107

100

119

100

89

Santé

100

107

100

119

100

87


Part du total (%)

Vivres

32,02

35,62

27,22

30,70

40,97

45,28

Pain et céréales

5,89

7,24

4,50

6,07

8,47

9,54

Cigarettes

2,42

2,45

2,15

2,39

2,93

2,57

Santé

2,57

2,60

2,38

2,65

2,91

2,50

Source: SIS, 1987 et 1994 Household Consumption Expenditures Surveys.

6.5.3 Taxes sur les cigarettes

Les cigarettes fabriquées en Turquie et celles importées sont frappées de taxes. Le tabac produit à l’intérieur est soumis à une taxe de plus de 200 pour cent, et le tabac est une importante source de recettes fiscales indirectes. Les taxes tirées du tabac s’élevaient à 2 milliards 300 millions de dollars EU en 1998, soit plus du huitième des recettes fiscales indirectes totales.

6.5.4 Restrictions sur la consommation de tabac

Le 26 novembre 1995, le Gouvernement de Turquie a approuvé la Loi N° 4207 réglementant l’usage du tabac, sa vente et la publicité relative aux produits à base de tabac. La loi interdit de fumer dans les institutions fournissant des services de santé, éducatifs ou culturels, les établissements sportifs fermés, et dans les systèmes de transport public. Les entreprises publiques ayant cinq employés ou davantage doivent réserver des lieux destinés aux non-fumeurs.

En outre, la loi;

1. interdit la vente des produits à base de tabac à des individus de moins de 18 ans;

2. exige que les mots «avertissement légal: nuisible à la santé» soient imprimés sur tous les emballages de produits à base de tabac préparés en Turquie ou importés;

3. demande aux établissements où il est défendu de fumer d’afficher des avertissements ainsi que des notifications sur les conséquences entraînées par la violation de l’interdiction;

4. exigent que la radio et la télévision d’État et privées consacrent au moins 90 minutes à des messages mettant en garde le public contre les effets nocifs du tabac.

En outre, la loi interdit la publicité et la promotion du tabac et des produits à base de tabac en citant leur nom, marque ou nom commercial.

Bien que l’interdiction frappant la publicité s’applique également à l’entreprise publique productrice de tabac, la TEKEL, qui contrôle 70 pour cent du marché, et aux sociétés privées, les producteurs privés estiment qu’ils sont injustement pénalisés car, n’étant entrés que récemment dans le marché, la publicité leur est indispensable.

Protection des non-fumeurs

Des décrets ministériels interdisent de fumer dans les écoles et les hôpitaux, mais leur application laisse à désirer. Depuis 1988, il est défendu de fumer sur les vols intérieurs. Il est également interdit de fumer dans 70 pour cent environ de la capacité disponible de certains trains et autobus interurbains.

Education sanitaire

La première grande campagne visant à décourager l’usage du tabac a été lancée en 1988 par le Ministère de la santé. L’Association médicale turque a donné un appui résolu à des activités de dissuasion. Une série de spots publicitaires ont été produits et diffusés par le biais de différentes chaînes télévisuelles nationales et privées. La Turquie célèbre chaque année la Journée mondiale sans tabac qui prévoit la distribution de matériel imprimé et la participation des médias.

6.6 CONCLUSIONS

La production annuelle de tabac en Turquie représente environ 4 pour cent de la production mondiale, mais 65 pour cent de la production mondiale de tabac d’Orient. Le tabac est produit sur 1,5 pour cent de l’ensemble des terres cultivées. Étant une activité à fort coefficient de main-d’oeuvre, la production de tabac fournit des emplois à quelque 1,5 million de personnes, outre du travail dans les industries auxiliaires, comme l’emmagasinage, le transport et la fabrication de cigarettes.

La valeur ajoutée dans la transformation du tabac représente 1,3 pour cent de la valeur ajoutée totale du secteur manufacturier, et le tabac est une importante source de recettes fiscales indirectes.

Le tabac occupe une place de premier plan dans le commerce extérieur. La Turquie exporte 150 000 tonnes et importe 50 000 tonnes de tabac transformé et non transformé. Le pays est le quatrième principal exportateur du monde, une part de 6 à 8 pour cent des exportations mondiales totales lui revenant.

Dans les conditions actuelles du marché, la production de tabac dans des zones de plantation établies paraît économique. Les cultures de remplacement ou les autres activités sont moins rentables, notamment dans les zones produisant du tabac de qualité inférieure.

6.7 RÉFÉRENCES

Schmitz, A., Çakmak, Schmitz et Gray. 1999. Policy, State Trading and Cooperatives in Turkish Agriculture. AERI Project Report, No. 1999-1.


Page précédente Début de page Page suivante