Thé

Introduction

Les projections de la production et du commerce présentées dans cette section sont dérivées d'un modèle dynamique du marché mondial fondé sur des séries chronologiques. Ce modèle quantifie les principales corrélations entre les forces qui interviennent sur les marchés sur la base d'une observation de l'évolution passée des volumes produits et échangés, des prix ainsi que de l'accroissement démographique et de l'élévation des revenus. Cette méthodologie est une variation de la méthode précédemment utilisée pour établir les projections destinées aux réunions du Groupe intergouvernemental de la FAO. En exploitant les informations supplémentaires disponibles concernant les répercussions économiques de la conjoncture sur les marchés, la méthodologie révisée devrait offrir une base plus solide pour les projections et permettre d'explorer une gamme plus large de scénarios.

Les projections présentées ici reflètent également un premier effort de fournir des chiffres séparés pour le thé noir et le thé vert. Si cette distinction est utile du fait des différences qui caractérisent les tendances de la demande et des prix, les limites qui caractérisent les données font que l'analyse des marchés du thé vert est moins détaillée.

Production de thé noir

La production mondiale de thé noir devrait se monter à 2,4 millions de tonnes en 2010, contre 2,15 millions de tonnes en 2000, soit un taux annuel moyen de croissance de 1,2 pour cent. Cette croissance sera due principalement à l'amélioration des rendements.

Dans la plupart des pays d'Afrique, la production devrait augmenter nettement à mesure que les théiers atteignent l'âge de production optimal et que les compétences des petits planteurs continuent de s'améliorer. Au Kenya, par exemple, la production devra augmenter de 2,3 pour cent par an pour passer de 236 300 tonnes en 2000 à 304 000 tonnes en 2010, tandis que les taux de croissance en Tanzanie et en Ouganda devraient être de 1,7 pour cent et 2,7 pour cent respectivement^[15].

La production devrait continuer d'augmenter régulièrement dans la plupart des pays producteurs d'Asie. Ainsi, l'Indonésie devrait enregistrer un taux annuel de croissance de 1,1 pour cent et sa production devrait passer de 130 600 tonnes en 2000 à 147 000 tonnes en 2010. Pendant la même période, la production de l'Inde, premier producteur mondial de thé noir, devrait progresser de 2,5 pour cent pour atteindre 1,07 million de tonnes, soit près de 44 pour cent de la production mondiale, contre 38 pour cent en 2000. La production de thé à Sri Lanka devrait se situer à 329 000 tonnes en 2010, soit un taux annuel moyen de croissance de 0,7 pour cent. En Chine, la production de thé noir devrait continuer de baisser pour tomber à 54 000 tonnes, la production étant réorientée vers d'autres types de thé dont les perspectives commerciales sont meilleures.

Les trois plus gros producteurs de thé noir, à savoir l'Inde, le Kenya et Sri Lanka, devraient représenter 70 pour cent de la production mondiale de thé en 2010, contre 63 pour cent en 2000.

Exportations de thé noir

En 2010, les exportations mondiales de thé noir devraient représenter 1,14 million de tonnes, contre 1 million de tonnes en 2000 et un taux annuel moyen de croissance de 1,1 pour cent.

Cette augmentation sera imputable surtout à l'Afrique, où la production continuera vraisemblablement d'augmenter tandis que la consommation intérieure demeurera réduite. Les exportations du Kenya devraient progresser de 2,6 pour cent par an pour passer de 208 200 tonnes en 2000 à 275 000 tonnes en 2010, soit 32 pour cent des exportations mondiales. Pendant la même période, la production exportable au Malawi demeurera inchangée (38 000 tonnes).

La plupart des principaux pays exportateurs d'Asie devraient voir leurs exportations reculer légèrement par suite de l'élévation prévue des revenus et de l'accroissement démographique, qui encourageront la consommation interne. C'est ainsi par exemple que les exportations de l'Inde et de l'Indonésie devraient diminuer de 2,4 pour cent et de 1,1 pour cent pour tomber à 150 890 tonnes et 87 000 tonnes respectivement. Inversement, les exportations de Sri Lanka devraient passer de 281 000 tonnes à 293 400 tonnes, soit une augmentation annuelle moyenne de 0,4 pour cent.

Consommation de thé noir

En 2010, les importations nettes mondiales de thé noir, que l'on peut considérer comme représentant l'équivalent de la consommation, devraient être de 1,15 million de tonnes, contre 1,08 million de tonnes en 2000, c'est-à-dire une augmentation annuelle moyenne de 0,6 pour cent. Les importations nettes des pays de l'ancienne Union soviétique passeront sans doute de 223 600 tonnes à 315 200 tonnes, soit une augmentation annuelle moyenne de 3 pour cent. Le Pakistan, quant à lui, devrait enregistrer une augmentation de ses importations nettes de 2,9 pour cent par an, lesquelles passeront sans doute de 109 400 tonnes à 150 000 tonnes. Aux États-Unis, les importations nettes devraient s'accroître de 1,4 pour cent par an pour atteindre 94 300 tonnes, tandis qu'au Japon, les importations nettes devraient passer de 18 000 à 22 000 tonnes, soit une augmentation annuelle moyenne de 1,8 pour cent. Au contraire, les importations nettes du Royaume-Uni devraient reculer de 0,6 pour cent par an pour tomber à 125 500 tonnes. Ces principaux importateurs, considérés ensemble, représenteront environ 60 pour cent des importations mondiales nettes.

Comme le modèle ne tient pas compte du niveau des stocks, la différence entre la production et les exportations est considérée comme une variable de remplacement pour la consommation interne dans les pays producteurs. En 2010, la quantité de la production de thé noir consommée dans ces pays devrait atteindre 1,27 million de tonnes, soit 52 pour cent de la production totale mondiale, contre 1,14 million de tonnes en 2000. La consommation intérieure de thé noir en Inde devrait progresser à un rythme annuel moyen de 3,7 pour cent pour atteindre 919 300 tonnes en 2010, soit 86 pour cent du thé noir produit dans le pays. Pendant la même période, la consommation intérieure en Indonésie devrait augmenter à un rythme annuel moyen de 4,0 pour cent pour passer de 33 100 tonnes à 51 000 tonnes. La consommation intérieure au Bangladesh et à Sri Lanka devrait augmenter de 2,0 pour cent et 3,8 pour cent pour se situer à 45 000 tonnes et 36 000 tonnes respectivement.

Tendances du marché du thé vert

Les données disponibles étant limitées, il n'est donné de projections que pour la production et les exportations de thé vert. La production mondiale de thé vert devrait passer de 680 700 tonnes en 2000 à 900 000 tonnes en 2010, soit à un rythme annuel moyen d'augmentation de 2,6 pour cent. Pendant cette période, la production en Chine augmentera sans doute de 2,7 pour cent par an pour passer de 500 000 tonnes à 671 000 tonnes, c'est-à-dire 75 pour cent de la production mondiale de thé vert en 2010, contre 73,5 pour cent en 2000. Au Japon, la production devrait progresser à un rythme moyen de 0,1 pour cent pour se situer à 90 800 tonnes, tandis qu'au Viet Nam, elle devrait s'accroître en moyenne de 2,5 pour cent par an pour se monter à 50 000 tonnes. En Indonésie, il est vraisemblable que la production augmentera de 2,3 pour cent par an pour se chiffrer à 49 000 tonnes.

Les exportations de thé vert devraient faire apparaître une nette tendance à la hausse, suivant en cela la production. Les exportations totales devraient augmenter de 2,8 pour cent par an pour passer de 186 800 tonnes en 2000 à 254 000 tonnes en 2010. La Chine devrait rester le premier exportateur mondial de thé vert, avec des expéditions de 210 000 tonnes en 2010, soit un taux annuel moyen d'augmentation de 2,7 pour cent. Pendant la même période, les exportations de l'Indonésie devraient s'accroître de 3,8 pour cent par an pour atteindre 12 000 tonnes et celles du Viet Nam de 2,5 pour cent par an pour représenter 25 000 tonnes. Au Japon, la production intérieure sera presque intégralement consommée localement.

Le Maroc, premier importateur mondial de thé vert, devrait voir ses importations passer de 35 200 tonnes en 2000 à 57 100 tonnes en 2010, soit une augmentation annuelle moyenne de 4,5 pour cent.

Problèmes et incertitudes

Il ressort des projections qu'au cours des dix prochaines années, les exportations de thé noir devraient augmenter à un rythme annuel d'un peu plus de 1 pour cent, soit une augmentation semblable à celle de la production. Toutefois, le marché mondial devrait, pour l'essentiel, rester en équilibre, de sorte que les prix devraient demeurer inchangés.

En revanche, la consommation dépassant la production de thé vert, la tendance à la hausse des prix devrait persister à moyen terme.

La rentabilité de la production de thé noir pourrait être améliorée de différentes façons. Du côté de l'offre, une réduction des coûts unitaires grâce à une meilleure productivité, au renforcement des capacités des petits planteurs, la rationalisation des circuits de distribution et l'amélioration de l'infrastructure pourraient se traduire pour les cultivateurs par une rentabilité accrue.

Du côté de la demande, la consommation pourrait être accrue au moyen d'une commercialisation efficace. Les différences qui caractérisent la demande d'un pays à un autre portent à conclure que les activités de commercialisation doivent être adaptées à la situation de chaque marché spécifique. Pour cela, il faut bien connaître et comprendre le marché visé, ainsi que les préférences des consommateurs et les structures du marché. En outre, les efforts de commercialisation entrepris au plan mondial, comme la promotion générique du thé au moyen du label «Tea Mark», pourraient avoir un impact significatif s'ils sont planifiés et exécutés comme il convient.

Il importe, si l'on veut améliorer les perspectives des prix à plus longue échéance, d'envisager toute intervention dans une approche globale. Pour élaborer une telle stratégie, il importe de mieux comprendre les marchés. À cet égard, des échanges d'informations et de vues entre producteurs et consommateurs ainsi qu'entre les secteurs public et privé pourraient se traduire par une plus grande transparence des marchés.

Tableau 2.32 - Thé noir: production effective et projetée

Tableau 2.33 - Thé noir: exportations effectives et projetées

Tableau 2.34 - Thé noir: consommation effective et projetée

1/ Importations nettes plus consommation intérieure.
2/ Production moins exportations.

Tableau 2.35 - Thé vert: production et exportations effectives et projetées