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Bananes

Introduction

Les projections ont été calculées au moyen d'un modèle multipays d'équilibre partiel par produit. Les résultats sont fondés sur l'hypothèse qu'à partir de 2006, la CE appliquera aux importations un régime fondé sur un droit de douane unique de 75 euros la tonne pour toutes les origines sauf les pays ACP, dont les exportations de bananes auront accès aux marchés européens en franchise de droit. Si le niveau des droits de douane était différent, les résultats varieraient. Aussi plusieurs scénarios sont-ils étudiés ci-dessous. Il n'est pas tenu compte de l'élargissement éventuel de l'UE à quelques pays d'Europe centrale et orientale.

Exportations

Perspectives générales

Les exportations mondiales de bananes devraient atteindre près de 15 millions de tonnes en 2010, soit quelque 28 pour cent de plus que pendant la période de référence 1998-2000. L'augmentation annuelle moyenne devrait se situer entre 1 et 2 pour cent entre 2001 et 2005, après quoi l'ouverture du marché de l'UE, en 2006, devrait pousser le taux d'augmentation des exportations à quelque 5 pour cent. Les années suivantes, le rythme reviendrait à un chiffre plus modéré, c'est-à-dire 2 pour cent par an.

L'augmentation projetée des exportations pendant la période 2000-2010 est inférieure à celle enregistrée pendant la période précédente. Les exportations mondiales ont augmenté de 48 pour cent pour passer d'une moyenne annuelle de 7,8 millions de tonnes en 1988-90 à quelque 11,7 millions de tonnes en 1998-2000[16]. Le ralentissement de l'augmentation projetée pour 2000-2010 s'explique par des facteurs liés à la fois à l'offre et à la demande. Du côté de l'offre, les producteurs de bananes ont procédé à des ajustements structurels à la suite de la baisse des prix de la fin des années 90. Les superficies des plantations de bananes ont été réduites, bien que d'importantes différences existent d'un pays producteur à un autre. En outre, du fait de la précarité de la situation financière de certaines sociétés bananières, une réduction des investissements dans les plantations se traduira probablement par une décélération de l'amélioration de la productivité. La propagation continue de la Sigatoka noire dans certains pays d'Amérique latine et des Caraïbes devrait également freiner l'expansion de la production et des exportations. Enfin, les cyclones dans les Caraïbes et en Amérique centrale, bien qu'imprévisibles, devraient selon certains s'intensifier, ce qui causerait aux plantations des dommages semblables à ceux entraînés par le cyclone Iris au Belize en octobre 2001, et se multiplier. Toutefois, les plantations ont une excellente capacité de récupération.

Perspectives pour les pays exportateurs

Les pays qui enregistreront sans doute la croissance la plus forte sont l'Équateur et les Philippines, avec des taux annuels de croissance dépassant 3 pour cent. L'Équateur, premier exportateur mondial de bananes, devrait continuer de profiter de ses très faibles prix de revient et de la solide position de ses grandes sociétés de commercialisation, par exemple Noboa et ReyBanPac, sur les marchés mondiaux d'importations. Les exportations de ce pays pourraient s'accroître de 48 pour cent pour atteindre près de 5,8 millions de tonnes en 2010, soit environ 39 pour cent des exportations mondiales. Il se peut néanmoins que cette exportation soit moindre, selon la propagation de la Sigatoka noire.

De plus en plus, les exportations de bananes de l'Équateur devraient être tributaires des résultats des grandes plantations. Il ressort d'un recensement agricole qu'en 2000, l'Équateur avait quelque 28 600 exploitations, dont près de 80 pour cent ont moins de 50 ha et ne représentent que 35 pour cent de la superficie totale des bananeraies. Des études récentes ont fait apparaître que l'inflation a accru les prix de revient, de sorte que les petites exploitations à faible rendement qui travaillent pour l'exportation ne sont plus rentables. L'on estime qu'en Équateur, pour être rentable, une bananeraie doit avoir au moins quelque 60 ha et, à moyen terme, seules les exploitations de grandes dimensions et techniquement efficaces pourront sans doute continuer à produire. L'augmentation de la production et des exportations proviendra sans doute surtout de l'amélioration de la productivité due à l'accroissement de l'efficience technique et aux économies d'échelle.

L'Équateur a traditionnellement été considéré comme un fournisseur «résiduel» des grandes sociétés bananières multinationales, car c'est principalement dans ces pays que les multinationales non équatoriennes achètent les bananes dont elles ont besoin lorsqu'elles ne peuvent pas satisfaire la demande de leur clientèle au moyen de leur production propre ou de leurs fournisseurs contractuels. Cependant, le statut de fournisseur «résiduel» risque de changer si le scénario projeté ici se matérialise: lorsque l'UE introduira en 2006 un régime fondé exclusivement sur les droits de douane, les prix des bananes à l'exportation en Équateur devraient augmenter d'environ 3 pour cent, ce qui conduira peut-être ce pays à porter sa part des exportations vers l'UE à un niveau plus élevé que les 30 pour cent actuels.

Comme l'Équateur, les Philippines devraient continuer de bénéficier de prix de revient peu élevés et deux de ses circuits de commercialisation bien établis en Asie, principalement par le biais de sociétés bananières multinationales. En outre, la demande de bananes sur deux de ses principaux marchés, l'est de l'Asie et le Moyen-Orient, devraient progresser régulièrement au cours des dix prochaines années par suite de l'accroissement démographique et de l'élévation des revenus. L'abolition d'une loi limitant la superficie des plantations aura sans doute pour effet aussi d'encourager la production. Ainsi, les exportations des Philippines devraient s'accroître de 44 pour cent pour se monter à près de 2 millions de tonnes en 2010. Cette augmentation ira de pair avec une réduction d'environ 1 pour cent par an des prix des bananes à l'exportation.

Les exportations des deuxième et troisième fournisseurs mondiaux, le Costa Rica et la Colombie, devraient augmenter plus lentement qu'en Équateur et aux Philippines, c'est-à-dire de 2 à 3 pour cent par an, et s'accroître ainsi de 23 et 33 pour cent pendant la décennie en cours. Cette augmentation devrait intervenir principalement à partir de 2006, lorsque l'ouverture du marché de l'UE aura pour effet de porter les prix à l'exportation à un niveau plus élevé que le scénario actuel.

Les exportations de bananes devraient, selon les prévisions du modèle, atteindre 2,5 millions de tonnes au Costa Rica en 2010. Cependant, l'augmentation qui sera effectivement enregistrée dépendra des performances des trois entreprises de production et de commercialisation des bananes, Chiquita Brands, Standard Fruit Company et Del Monte, qui détiennent ensemble près de 85 pour cent du total des exportations. Au Costa Rica, les coûts de production sont relativement plus élevés que pour ses concurrents latino-américains du fait que les salaires sont plus élevés et que les lois et normes en matière de travail et d'environnement sont plus rigoureuses. La productivité est aussi relativement plus élevée, tandis que les frais de transport sont moindres. La réputation dont jouit le pays en matière de protection de l'environnement et de protection sociale devrait être pour lui un avantage sur certains marchés très rémunérateurs, comme ceux d'Europe occidentale et des États-Unis. Les prix de l'exportation devraient demeurer inchangés jusqu'en 2006, période pendant laquelle, selon le scénario actuel, ils devraient s'accroître dans des proportions pouvant atteindre 4 pour cent. De ce fait, la part que le Costa Rica représentera dans les importations de l'UE entre 2005 et 2006 devrait augmenter de quelque 100 000 tonnes, c'est-à-dire de 13 pour cent.

La Colombie, troisième exportateur de bananes après l'Équateur et le Costa Rica, verra sans doute ses exportations de bananes se monter à quelque 2 millions de tonnes en 2010, l'augmentation effective dépendant cependant de l'évolution de la situation politique, sociale et sécuritaire dans les régions productrices de Magdalena et d'Urabá. La hausse de 6 pour cent des prix à l'exportation vers l'UE prévue pour 2006 devrait encourager la production et les exportations de bananes. La proportion et le volume des importations dans l'UE de bananes colombiennes devrait demeurer inchangée jusqu'en 2005, puis progresser de 1 pour cent, c'est-à-dire de 17 à 18 pour cent en 2006. Les prix et les exportations devraient demeurer stables entre 2007 et 2010.

Les exportations globales des autres pays producteurs d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud devraient rester inchangées pendant toute la décennie. Elles se contracteront sans doute un peu pendant la période 2000-2005 avant d'augmenter à partir de 2006 pour se chiffrer à quelque 2 millions de tonnes en 2010. La situation varie cependant d'un pays à l'autre. La tendance à la baisse devrait persister au Panama et au Mexique. Au Panama, les exportations de bananes diminuent depuis 2000: des exploitations ont fermé leurs portes et la production a été perturbée par des grèves. La productivité a été sur le déclin elle aussi par suite d'une réduction des investissements dans les plantations. En 2002, les recettes provenant des exportations de bananes ont été de 109 millions de dollars, soit à peu près 10 pour cent de moins que l'année précédente. La chute de la production et des recettes devrait se poursuivre. Au Guatemala, inversement, les exportations de bananes devraient augmenter pendant la décennie. En 2002, la production a été plus élevée qu'avant le cyclone Mitch (octobre 1998), ce qui est une autre preuve de l'excellente capacité des bananeraies de se remettre lorsque des investissements adéquats sont faits dans l'infrastructure des plantations. En 2001, les exportations ont été supérieures d'environ 14 pour cent à l'année précédente (980 000 tonnes), l'intégralité allant vers les États-Unis. Sur la base de ce scénario, les exportations devraient augmenter au Guatemala aussi d'environ 10 pour cent en 2006 par suite de l'expansion des marchés mondiaux. Les exportations du Honduras sont déjà revenues à ce qu'elles étaient avant le cyclone Mitch, en 1998, mais il est peu probable qu'elles augmentent davantage. En 2001, la production a été affectée par une incidence supérieure à la normale de la Sigatoka noire et des problèmes de qualité ont freiné une partie des exportations vers l'UE et les États-Unis. Même si ces problèmes persistent, la poursuite des investissements des sociétés multinationales au Honduras devrait se traduire par une légère augmentation des exportations. En 2002, ces dernières avaient déjà atteint 515 000 tonnes

Il ressort des projections que les exportations des pays ACP des Caraïbes (Îles du Vent, Suriname, Belize, Jamaïque et République dominicaine) devraient décliner de quelque 30 pour cent pour tomber à approximativement 260 000 tonnes en 2010. Cette diminution sera sans doute imputable à l'accroissement des coûts de production et de commercialisation, à l'absence persistante de l'économie d'échelle et à l'élévation des dépenses salariales et du prix de la terre entraînés par la concurrence provenant d'autres activités économiques. En outre, l'accès préférentiel des pays ACP aux marchés de l'UE se trouverait érodé si cette dernière commence effectivement à appliquer en 2006 un régime fondé exclusivement sur des droits de douane. L'étendue de cette érosion dépendra du niveau des préférences tarifaires accordées aux pays ACP. Les prix à l'exportation des bananes plus classiques devraient demeurer inchangés jusqu'en 2006, année pendant laquelle ils devraient chuter d'environ un quart.

Le fléchissement escompté des importations ne sera pas également réparti entre tous les pays ACP des Caraïbes. Il se peut par exemple que la République dominicaine voit ses exportations de bananes augmenter du fait du nouveau statut de la version de 2002 du système applicable aux importations de bananes dans l'UE. Environ la moitié des exportations de la République dominicaine sont des bananes de culture biologique. Les bananes biologiques et les bananes classiques ont des marchés très différents, et les prix des premières sont plus élevés. Le modèle ne tient pas compte des bananes biologiques, étant donné qu'elles ne représentent qu'une fraction des exportations mondiales. Dans le cas de la République dominicaine, toutefois, ces produits pourraient amortir la diminution prévue des recettes d'exportation entraînée par la baisse des exportations de bananes classiques. Le Belize, à la différence des autres pays ACP des Caraïbes exportateurs de bananes, en produit actuellement beaucoup plus que ne le permettent les actuelles procédures de licences pour les exportations vers l'UE. De ce fait, dans le contexte d'un régime fondé exclusivement sur des droits de douane, il se peut même que le Belize accroisse ses exportations vers l'UE.

Les exportations des pays ACP d'Afrique devraient demeurer relativement stables (450 000 tonnes) pendant toute la décennie. Ces exportations devraient provenir presque intégralement de deux pays seulement (Côte d’Ivoire et Cameroun), outre quelques quantités marginales en provenance du Ghana et d'autres pays. Les exportations de la Somalie sont difficiles à prédire étant donné la persistance de l'instabilité politique. Il n'est pas certain que les exportations africaines de bananes demeurent compétitives à long terme étant donné que les coûts de production y demeurent plus élevés que la moyenne mondiale. Les exportations ont bénéficié d'un accès préférentiel aux marchés de l'UE en application de la Convention de Lomé mais, étant donné les modifications qu'il est envisagé d'apporter à ce régime en 2006, les prix des exportations devraient diminuer d'environ un quart. Les pays africains exportateurs de bananes sont confrontés à des problèmes structurels semblables à ceux qui se posent dans les pays des Caraïbes, mais l'écart entre leur compétitivité et celle des pays d'Amérique latine n'est pas aussi marqué que dans le cas des pays des Caraïbes. Il se peut par conséquent que leurs exportations vers l'UE se stabilisent après une baisse initiale en 2006, mais ils trouveront peut-être certains débouchés limités dans d'autres pays d'Afrique. Au Cameroun, le secteur des bananes vient au cinquième rang pour ce qui est des recettes d'exportations et emploie quelque 46 000 travailleurs. L'UE appuie les efforts entrepris par le Cameroun pour accroître les exportations de bananes jusqu'à 400 000 tonnes par an en 2006, contre environ 180 000 tonnes en 1998-2000. L'objectif est de réduire les coûts de production, de transport et de commercialisation pour permettre aux producteurs locaux de soutenir la concurrence avec les bananes «dollar» en provenance d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud une fois que l'accord préférentiel aura été modifié, en 2006.

Importations

Perspectives générales

Les importations mondiales de bananes devraient se monter à quelque 14,3 millions de tonnes en 2010, soit 4 pour cent de moins que les exportations mondiales par suite des pertes en transit[17].

La progression des importations sera imputable à une augmentation de la demande entraînée par l'accroissement démographique et l'élévation des revenus ainsi que par un léger recul des prix. Le taux de croissance projeté est inférieur à celui de la décennie antérieure (60 pour cent entre 1988-90 et 1998-2000) du fait, notamment, du ralentissement de l'accroissement démographique et du fait que les niveaux de consommation par habitant dans les pays développés sont proches du point de saturation. Inversement, les importations de bananes devraient augmenter plus rapidement dans les pays en développement et les pays en transition. Ces pays ne représentent actuellement qu'un quart des importations mondiales mais ils devraient être à l'origine de près de la moitié des importations. Certains d'entre eux devraient devenir d'importants acteurs sur les marchés internationaux de la banane en 2010.

Perspectives par régions ou pays importateurs

Pays développés

Dans les pays développés, les importations globales de bananes devraient augmenter à un rythme compris entre 1 et 2 pour cent par an, chiffre relativement réduit si l'on considère que la population devrait s'accroître d'environ 0,3 pour cent par an et les revenus annuels de 2,3 pour cent tandis que les prix devraient baisser d'environ 1,3 pour cent. La lenteur de cette augmentation s'explique par le fait que ces marchés sont proches de leur niveau de saturation, de sorte que l'élasticité de la demande par rapport aux revenus et aux prix est faible. Il ressort du modèle que les États-Unis et le Canada devraient être à l'origine de près de 80 pour cent de l'augmentation des importations des pays développés jusqu'en 2005. Entre 2006 et 2010, toutefois, l'UE devrait être le principal moteur de l'augmentation des importations.

Les États-Unis et le Canada devraient importer plus de 4,6 millions de tonnes de bananes en 2010, contre 4,3 millions de tonnes en 2002, tandis que leur part du commerce mondial devrait tomber de 39 pour cent en 2002 à 32 pour cent en 2010. Ces deux pays sont ceux où sont attendus les taux d'accroissement démographique les plus élevés (0,7 pour cent) ainsi que les taux d'expansion économique les plus rapides du monde développé (2,4 pour cent). Les importations par habitant devraient progresser de 0,5 pour cent par an pour passer de 13,3 kg en 1998-2000 à 14 kg en 2010.

Au Japon, les importations devraient progresser d'environ 0,7 pour cent par an, soit au taux de quelque 8 pour cent d'ici la fin de la décennie, pour se situer à près de 1,1 million de tonnes en 2010. Le rythme effectif de cette augmentation dépendra dans une large mesure de l'évolution de la production aux Philippines. En 2001 et 2002, elle a été affectée par des problèmes phytosanitaires et des conditions météorologiques peu favorables, et les tensions sur le marché de l'offre se sont reflétées par une augmentation des prix à l'importation et une baisse des importations japonaises. L'augmentation prévue pour 2010 s'entend sous réserve que la production de bananes aux Philippines évolue comme pendant les années 90, décennie pendant laquelle il a été enregistré des taux soutenus d'augmentation des exportations de quelque 4,6 pour cent par an. Le Japon applique non pas des restrictions quantitatives, mais un droit saisonnier. Par conséquent, il faudrait que les prix des bananes importées des Philippines baissent de 2 pour cent par an pour équilibrer l'offre et la demande projetées. La population devrait stagner d'ici à la fin de la décennie et les importations par habitant devraient passer de 7,7 kg en 1998-2000 à 8,2 kg en 2010.

L'évolution des importations dans l'UE dépendra du système adopté en 2006, année qui doit marquer le passage à un système d'importations fondé sur des contingents tarifaires à un système fondé exclusivement sur des droits de douane. L'ampleur de l'augmentation dépendra ensuite du niveau des droits prélevés sur les bananes provenant de pays autres que les pays ACP. Les résultats présentés ici présupposent que le droit serait identique à celui actuellement appliqué aux bananes non ACP des contingents A et B, c'est-à-dire 75 euros la tonne. Selon cette hypothèse, les importations de bananes de l'UE augmenteraient de quelque 350 000 tonnes en 2006 par rapport à 2005 et atteindraient quelque 3,9 millions de tonnes en 2010, c'est-à-dire une progression de 25 pour cent sur dix ans. L'entrée dans l'UE de dix nouveaux membres n'a pas été prise en compte dans les projections.

La baisse des prix à l'importation dans l'UE réduirait la valeur unitaire mondiale des importations de quelque 10 pour cent en 2006, tandis que les quantités entrant dans le commerce international augmenteraient approximativement de 5 pour cent. D'autres scénarios, fondés sur des droits différents, sont étudiés plus loin.

Pays en développement

C'est dans ce groupe de pays que les importations devraient augmenter le plus. Les pays en développement de l'est de l'Asie devraient enregistrer l'augmentation la plus nette, avec un taux annuel de 5,8 pour cent. Tel sera particulièrement le cas en Chine, où l'accroissement démographique et l'élévation des revenus, joints à l'entrée de la Chine à l'OMC, devraient soutenir les importations de bananes. D'une manière générale, les importations des pays de l'est de l'Asie devraient atteindre près de 1,3 million de tonnes en 2010, soit une augmentation de 75 pour cent pendant la décennie, tandis que les prix devraient augmenter dans des proportions comprises entre 1 et 2 pour cent par an.

Au Moyen-Orient, les importations de bananes augmenteront probablement de 50 pour cent environ pour dépasser 900 000 tonnes en 2010 par suite, principalement, d'un accroissement démographique et de la baisse des prix. Bien que les marchés du Moyen-Orient soient approvisionnés par les fruits cultivés dans d'importants pays exportateurs comme les Philippines, l'Équateur et le Costa Rica, ils sont également alimentés par d'autres pays, à une moindre échelle, comme le Yémen, le Pakistan et l'Inde. Comme ces pays sont des fournisseurs relativement mineurs, il n'en est pas tenu compte dans le modèle, faute de données exactes. En Amérique latine, la progression des importations devrait être modérée du fait de la crise économique en Argentine, premier pays importateur et de ses effets sur les pays voisins. Les importations devraient diminuer à court terme et commencer à augmenter, bien qu'à un rythme modéré, à partir de 2004. L'augmentation totale devrait être d'approximativement 7 pour cent sur l'ensemble de la décennie. Les prix à l'importation devraient d'abord baisser puis se raffermir très lentement parallèlement à la reprise de l'économie de la région.

Pays en transition

Les importations des pays d'Europe centrale et orientale devraient s'accroître de 20 pour cent environ pour dépasser 900 000 tonnes en 2010. Comme certains de ces pays doivent adhérer à l'UE avant 2006, tant que l'actuel système de contingents tarifaires subsistera, le niveau des importations assuré par le biais de licences supplémentaires pourrait influencer l'expansion, dynamique jusqu'à présent, de leurs importations et de leur consommation de bananes.

Des résultats semblables sont projetés pour les pays de l'ancienne Union soviétique, où les importations devraient progresser un peu plus rapidement pour dépasser 700 000 tonnes en 2010. Dans les deux cas, la population devrait demeurer presque constante. L'augmentation des importations s'explique par l'élévation des revenus et la légère baisse des prix des bananes. Dans certaines régions de l'ancienne Union soviétique, les bananes demeurent un aliment relativement nouveau, de sorte que des prix plus bas pourraient porter l'augmentation de la demande au-delà des chiffres projetés. Cependant, il sera probablement essentiel, si l'on veut qu'une augmentation de la consommation soit possible, d'améliorer l'infrastructure de distribution des bananes.

Prix

Les variations projetées des prix des exportations et des importations ont déjà été abordées dans le contexte de chaque pays. Cette section résume les principales tendances et prix jusqu'en 2010.

Les prix mondiaux des bananes, calculés sous forme de valeur unitaire annuelle des importations mondiales, devraient fléchir de quelque 1,3 pour cent par an entre 2000 et 2010. Le taux prédit est inférieur à la diminution de 3,5 pour cent par an constatée pendant les années 90. Les prix des importations devraient continuer de converger d'une région à l'autre, comme cela a été le cas au cours des 25 dernières années.

La baisse moyenne des prix des bananes prévue par le modèle dissimule d'importantes différences des prix des importations par région. Premièrement, les prix des importations sur les marchés très rémunérateurs comme ceux du Japon et des pays d'Europe occidentale non membres de l'UE devraient baisser plus rapidement que la moyenne par suite d'une augmentation des importations sur des marchés proches du point de saturation. Les prix aux États-Unis, en Europe orientale, dans les pays de l'ancienne Union soviétique et au Moyen-Orient devraient demeurer à peu près constants tandis que dans l'UE et en Amérique latine, il faut s'attendre à des périodes d'augmentation et de baisse, pour les raisons déjà expliquées ci-dessus.

Impact du niveau des droits de douane appliqués après 2006 dans l'Union européenne sur les quantités et les prix

En 2006 au plus tard, l'UE devrait remplacer son système de contingents par un système fondé exclusivement sur des droits de douane. Cette section examine l'incidence du niveau des droits qui sera adopté en 2006 sur le commerce international de bananes et sur les prix. Il est tenu pour acquis que les bananes exportées par les ACP continueront d'avoir accès aux marchés de l'UE en franchise de droit.

Scénario 1: Droit UE sur les bananes importées de 75 euros la tonne

Selon le modèle, si le droit imposé aux importations de bananes en provenance de pays non ACP après 2006 est de 75 euros la tonne, les importations dans l'UE augmenteraient de plus de 400 000 tonnes pour dépasser 3,7 millions de tonnes en 2006 (soit une progression de 13 pour cent). Les prix dans l'UE diminueraient de 20 pour cent pour tomber à 580 dollars E.-U. la tonne. Le fait que le pourcentage de variation des prix soit plus élevé que celui des importations est dû à la faible élasticité de la demande par rapport aux prix dans l'UE. Après cette poussée initiale, les importations augmenteraient à un rythme plus modéré à partir de 2007. Simultanément, les prix demeureraient relativement stables après leur chute soudaine en 2006. En 2010, les importations de l'UE se monteraient à quelque 3,9 millions de tonnes tandis que les prix seraient légèrement inférieurs à 600 dollars la tonne.

Le modèle projette que les importations mondiales devraient augmenter pour se chiffrer à quelque 13 millions de tonnes en 2006, soit 5 pour cent de plus qu'en 2005, avant d'atteindre quelque 14,3 millions de tonnes en 2010.

Scénario 2: Droit UE sur les bananes importées de 200 euros la tonne

Avec un droit de douane de 200 euros la tonne, les importations de bananes dans l'UE augmenteraient de 3 pour cent environ pour atteindre un chiffre de l'ordre de 3,5 à 3,6 millions de tonnes en 2006. Les prix dans l'UE baisseraient de 10 pour cent pour tomber à 660 dollars la tonne. À partir de 2007, les importations de l'UE augmenteraient à un rythme modéré pour atteindre 3,7 millions de tonnes en 2010. Les prix à l'importation demeureraient relativement stables - un peu plus de 680 dollars la tonne à ce moment-là. En 2006, les importations mondiales augmenteraient de 2 à 3 pour cent par rapport à l'année précédente pour se monter à 13,8 millions de tonnes en 2010.

Scénario 3: Droit UE sur les bananes importées de 300 euros la tonne

Avec un droit de douane de 300 euros la tonne, les importations de bananes dans l'UE resteraient virtuellement inchangées en 2006. Les années suivantes, elles augmenteraient légèrement parallèlement à l'accroissement de la population et à l'élévation des revenus pour se chiffrer à près de 3,6 millions de tonnes en 2010.

Les prix dans l'UE diminueraient très légèrement (de 1 pour cent) pour tomber à 730 dollars la tonne en 2006 et, par la suite, resteraient presque constants pour se situer à 730 dollars la tonne en moyenne à la fin de la décennie.

Les importations mondiales augmenteraient légèrement (d'environ 2 pour cent) en 2006 et, par la suite, progresseraient modérément pour atteindre environ 13,6 millions de tonnes en 2010.

Problèmes et incertitudes

Du point de vue des politiques générales, la principale incertitude qui entoure le commerce de bananes pendant la période couverte par les projections tient au niveau du droit de douane que l'UE doit imposer à partir du 1er janvier 2006. Le nouveau régime applicable aux importations pourra avoir un impact tout au long de la chaîne de production (producteurs, négociants, consommateurs et recettes douanières de l'UE), selon le niveau du nouveau droit de douane et l'avenir de l'accès en franchise des bananes des pays ACP aux marchés de l'UE. Il existe la possibilité que le passage à un système fondé exclusivement sur des droits de douane se traduise pour l'UE par la transformation en recettes douanières des rentes de contingents générées par les licences et contingents tarifaires si le nouveau droit dépasse pour les bananes de pays autres que de pays ACP le niveau actuel de 75 euros la tonne.

Il a été simulé au moyen du modèle trois scénarios différents, selon le niveau des droits. Beaucoup de pays ACP, pour qui les bananes sont un important produit d'exportation, ont des coûts de production supérieurs à leurs concurrents non ACP, de sorte que le niveau auquel le droit de douane sera fixé affectera sans doute leur viabilité à plus longue échéance comme exportateur. Certains pays ACP producteurs pourront sans doute ajuster leurs coûts de production en investissant dans des technologies améliorées, l'efficience technique et les économies d'échelle. Dans tous les cas, un ajustement s'imposera, et un appui aux producteurs au moyen d'une aide directe des donateurs sera peut-être l'option privilégiée car elle minimise les distorsions du commerce mondial et permet de cibler l'assistance sur une diversification de l'économie des pays ACP.

L'autre élément important est le niveau du soutien nécessaire pour soutenir une production politiquement significative dans des régions périphériques de l'UE, en particulier la Guadeloupe, la Martinique et les îles Canaries. La baisse des prix à la consommation attendue dans l'UE par suite du passage à un système fondé exclusivement sur des droits de douane pourrait rendre nécessaire un soutien budgétaire accru à ces producteurs étant donné que leurs prix de revient sont encore plus élevés que ceux des pays ACP. À un moment où l'UE s'efforce de réduire ses dépenses dans tous les secteurs agricoles, cela pourrait devenir un problème politique plus épineux pendant la période couverte par les projections.

Un autre élément de l'équation est l'accès potentiel des PMA aux marchés dans le cadre de l'initiative «Tout sauf les armes» après 2006/2008. Comme les PMA n'accéderont aux marchés, le cas échéant, qu'à une date tardive de la période couverte par les prévisions, cela n'affectera sans doute pas les résultats, mais l'arrivée en franchise de nouveaux exportateurs, sur le même pied que les pays ACP et les producteurs internes de l'UE, pourrait avoir un impact sur les fournisseurs et sur les prix. Toutefois, il est trop tôt pour prédire ce que seront les volumes, les prix ou les approvisionnements.

L'adhésion à l'UE de dix nouveaux membres soulève d'autres questions qui n'ont pas été prises en compte dans le modèle. Le niveau des contingents tarifaires dont jouiront les nouveaux membres doit être décidé d'ici au 1er janvier 2006. Du fait de leurs moindres revenus par habitant, des hausses de prix pourraient avoir pour effet de déprimer la consommation de bananes et en particulier de freiner la croissance dynamique de la consommation enregistrée dans certains de ces dix pays. Leurs vues quant au droit à appliquer après 2006, dont il sera tenu compte lorsqu'ils seront membres de l'UE à part entière, compliquent encore la question.

Un autre élément tient aux négociations du Cycle de Doha, qui peuvent déboucher sur une réduction des droits de douane parmi d'importants pays importateurs de bananes comme le Japon ou la Corée. En outre, d'autres importants pays en développement importateurs appliquent divers types de restrictions aux importations de bananes. Une réduction de ces barrières commerciales pourrait affecter quelque peu les projections.

Tableau 2.36 - Bananes: exportations effectives et projetées


EFFECTIVES

PROJETÉES

TAUX DE CROISSANCE

Moyenne
1988-1990

Moyenne*
1998-2000

2005

2010

1988-90 à
1998-2000

1998-2000
à 2010









en milliers de tonnes

en pourcentage par an








MONDE

7 849

11 654

13 093

14 930

4,0

2,5








AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES

6 648

9 695

10 931

12 528

3,8

2,6

Équateur

1 791

3 911

4 888

5 770

8,1

4,0

Costa Rica

1 326

2 032

2 248

2 512

4,4

2,1

Colombie

975

1 536

1 843

2 072

4,6

3,0

AUTRES PAYS D'AMÉRIQUE LATINE

2 242

1 964

1 919

1 996

-1,3

0,2

Belize

29

65

50

83

8,5

2,6

Suriname

31

34

24

14

1,1

-8,5

Guatemala

327

739

1 082

1 126

8,5

4,3

Honduras

868

299

400

400

-10,1

3,0

Mexique

114

98

42

42

-1,6

-8,1

Nicaragua

68

55

51

47

-2,0

-1,6

Panama

720

532

200

214

-3,0

-8,7

Brésil

71

74

70

69

0,4

-0,6

Venezuela

14

61



15,7

-33,0

CARAÏBES

314

252

262

175

-2,2

-3,6

Jamaïque

45

52

50

21

1,6

-8,7

Rép. dominicaine

4

68

84

101

33,3

4,1

Anciennes Îles du Vent

266

133

128

54

-6,7

-8,7

Dominique

59

28

27

11

-7,3

-8,5

Grenade

8

1

1


-24,6

-9,1

Sainte Lucie

129

64

60

25

-6,8

-8,9

St.Vincent-et-les Grenadines

69

41

40

17

-5,1

-8,5








EXTRÊME-ORIENT

974

1 525

1 679

1 953

4,6

2,5

Philippines

853

1 356

1 679

1 953

4,8

3,7








AFRIQUE

226

433

484

449

6,7

0,4

Cameroun

56

178

220

196

12,3

0,9

Côte d'Ivoire

90

210

230

215

8,9

0,3

(*) Les chiffres sont légèrement sous-estimés, certaines exportations n'ayant pas été déclarées.

Tableau 2.37 - Bananes: importations


IMPORTATIONS TOTALES

IMPORTATIONS PAR HABITANT












Effectives

Projetées

Taux de croissance

Effectives

Projetées












Moyenne
1988-1990

Moyenne
1998-2000

2005

2010

1990 à
2000

2000
à 2010

Moyenne
1988-1990

Moyenne
1998-2000

2005

2010













en milliers de tonnes

en pourcentage par an

en kg par habitant et par an












MONDE

7 410

11 728

12 587

14 239

4,7

2,0

2,9

4,3

4,4

4,8












Pays en développement

610

1 945

2 224

2 791

12,3

3,7

0,5

1,3

1,4

1,6












Amérique latine

221

547

505

586

9,5

0,7

4,6

10,0

8,6

9,4

Proche-Orient

277

624

748

924

8,4

4,0

1,2

2,2

2,4

2,7

Arabie saoudite

154

170

257

350

1,0

7,5

10,0

8,2

10,2

12,2

Extrême-Orient

98

741

971

1 281

22,5

5,6

0,1

0,6

0,7

0,9

Chine

16

521

618

819

42,0

4,6

0,0

0,4

0,5

0,6












Pays développés

6 800

9 783

10 363

11 448

3,7

1,6

5,8

8,0

8,4

9,2












CE (15)

2 581

3 150

3 403

3 955

2,0

2,3

7,1

8,4

9,0

10,5

Autres pays européens

319

918

1 000

1 105

11,2

1,9

2,4

6,9

7,5

8,3

Hongrie

34

76

99

115

8,3

4,2

3,3

7,6

10,1

12,0

Pologne

13

298

300

305

36,6

0,2

0,3

7,7

7,7

7,8

Rép. tchèque

-

116

122

131

-

1,2

-

11,3

12,0

13,0

Ex-Yougoslavie

90

150

155

160

5,3

0,6

8,9

7,2

7,2

7,4

Ancienne Union soviétique

59

588

627

693

25,8

1,7

0,2

2,1

2,3

2,5

Féd. de Russie

-

451

450

458

-

0,2

-

3,1

3,1

3,2












Amérique du Nord

3 037

4 079

4 303

4 609

3,0

1,2

10,9

13,3

13,4

13,9

Canada

298

411

435

470

3,3

1,4

10,9

13,4

13,4

13,7

États-Unis

2 740

3 668

3 852

4 157

3,0

1,3

10,9

13,2

13,4

13,9












Autres pays développés

805

1 048

1 030

1 086

2,7

0,4

6,4

8,0

7,8

8,3

Japon

764

976

994

1 048

2,5

0,7

6,2

7,7

7,8

8,2













[16] Comme certaines exportations n'ont pas été déclarées en 2000, les exportations mondiales effectives étaient sans doute plus importantes et ont probablement dépassé 12,4 millions de tonnes pendant la période 1998 - 2000.
[17] Cela vaut aussi pour les autres années étant donné que le modèle équilibre le marché chacune des années sur lesquelles portent les projections

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