Page précédente Table des matières Page suivante


Agrumes

Introduction

Ces projections ont été calculées au moyen d'un modèle d'équilibre spatial du marché mondial des agrumes mis au point à l'Université de Floride, et ajusté sur la base de l'opinion d'experts et d'autres études prospectives sur les agrumes.

Depuis le milieu des années 80, la production et la consommation mondiales d'agrumes sont en nette augmentation. La production d'oranges, mandarines, de citrons et de limes s'est accrue rapidement, et les agrumes traités ont connu une expansion encore plus rapide, les progrès accomplis dans les domaines du transport et du conditionnement ayant réduit les coûts et amélioré la qualité.

L'expansion rapide de la production mais une progression plus lente de la demande d'oranges et de pamplemousses, toutefois, se sont traduites par une baisse des prix des oranges et des pamplemousses aussi bien frais que traités. Le rythme des nouvelles plantations s'est ralenti et les taux de croissance projetés en ce qui concerne aussi bien la production que la consommation pour les dix prochaines années devraient être plus faibles que pendant la décennie antérieure.

São Paulo (Brésil) et la Floride (États-Unis) continueront d'être les deux régions du monde qui produisent le plus d'oranges traitées. La consommation de clémentines devant continuer d'augmenter, l'Espagne devrait accroître sa production de mandarines (surtout de clémentines). La Chine devrait elle aussi accroître sa production et sa consommation d'oranges et de mandarines. Les autres pays producteurs d'Amérique latine, comme l'Argentine, le Mexique, Cuba, le Belize et le Costa Rica, devraient continuer d'accroître leur production, mais à un rythme plus lent.

En Asie, la production et la consommation d'agrumes devraient augmenter aussi, mais la consommation sera satisfaite principalement au moyen de la production nationale. En Afrique, la production ne devrait s'accroître que dans les pays riverains de la Méditerranée et en Afrique du Sud.

Oranges

Production

Les projections tiennent pour acquis que l'augmentation de la production d'oranges se ralentira, les principales raisons étant de sérieux problèmes phytosanitaires au Brésil et en Floride et un ralentissement des nouvelles plantations dans les autres pays de l'hémisphère occidental, par suite de l'effet décalé des prix peu élevés enregistrés par le passé.

Plus spécifiquement, la production d'oranges projetée pour 2010 est de 66,4 millions de tonnes, soit quelque 14 pour cent de plus que pendant la période 1997-99. Le taux annuel de croissance projeté, à savoir 1,12 pour cent, est nettement plus faible que celui de 3,46 pour cent enregistré entre 1987-89 et 1997-99. La production projetée devrait être utilisée à concurrence de 36,3 millions de tonnes sous forme d'oranges fraîches et de 30,1 millions de tonnes sous forme d'oranges traitées. La part de la production représentée par les produits traités devrait augmenter très légèrement.

Dans les pays développés, la production d'oranges devrait augmenter à un rythme annuel de 0,6 pour cent, la majeure partie de cette augmentation étant imputable aux États-Unis. En Europe, la production ne devrait guère changer, une légère augmentation en Espagne étant compensée par un recul en Italie et en Grèce. En Afrique du Sud, la production devrait continuer d'augmenter, ce pays continuant d'exploiter l'avantage qu'est pour lui la possibilité d'alimenter l'hémisphère nord en contre-saison. En Israël, la production continuera d'être affectée par l'accroissement démographique, qui réduira la terre et l'eau disponibles pour la culture d'agrumes et d'autres récoltes. Au Japon, le secteur des oranges devrait suivre sa tendance à la baisse, la disponibilité de fruits importés augmentant.

Dans les pays en développement, la production augmentera vraisemblablement à un rythme annuel de 1,23 pour cent. Au cours des dix prochaines années, il est probable que le Brésil enregistrera une nette contraction de la production lorsque les effets conjugués des maladies et de la faiblesse des prix à la production se feront sentir. En 2010, toutefois, la production brésilienne devrait reprendre et revenir aux niveaux de la fin des années 90, ce qui préservera le rôle prédominant que joue le pays sur le marché mondial des oranges traitées. Le Mexique est vulnérable au virus tristeza, que l'on a déjà trouvé dans la péninsule du Yucatan. Les producteurs mexicains, pour la plupart de petits exploitants, n'ont pas pu profiter de l'accès préférentiel au marché américain offert dans le cadre de l'Accord nord-américain de libre-échange (ANALE).

Les petits pays exportateurs de l'hémisphère occidental, comme l'Argentine, Cuba, le Belize et le Costa Rica, devraient trouver des débouchés nouveaux par suite des ajustements introduits dans les principales régions productrices. Cuba a accru ses capacités de traitement des oranges et sa production en dépit de l'embargo commercial imposé par les États-Unis. Le secteur du traitement au Belize et au Costa Rica a également connu un mouvement de regroupement qui devrait permettre de réduire les coûts.

Les pays d'Asie producteurs d'oranges continueront sans doute d'accroître leur production, dont la presque intégralité, toutefois, sera consommée sur les marchés intérieurs. La Chine dépassera sans doute le Mexique comme troisième producteur mondial d'oranges et l'Inde risque de supplanter l'Espagne comme cinquième producteur. Toutefois, l'énormité des marchés intérieurs dans ces deux pays signifie que presque toute la production sera consommée localement. La Turquie qui est compétitive sur les marchés européens par suite de son emplacement géographique et de son association à l'UE par le biais d'une union douanière, fait exception. Les pays méditerranéens que sont le Maroc et l'Égypte devraient également bénéficier de leur proximité de l'Europe.

Consommation et commerce

La consommation mondiale d'oranges a progressé à un taux composé de 3,5 pour cent pendant la période comprise entre 1987-89 et 1997-99. La consommation d'oranges fraîches a progressé à un rythme annuel de 2,8 pour cent et celle d'oranges traitées de 4,4 pour cent par an. L'accroissement de la consommation d'oranges traitées en Europe a été l'un des principaux éléments à l'origine de l'augmentation de la consommation mondiale. Alors même que la consommation par habitant d'oranges fraîches dans l'UE soit tombée de 12,6 à 9,5 kg, celle d'oranges traitées a plus que doublé pour atteindre 28 kg (en équivalent fruits frais). La consommation par habitant d'oranges traitées a avancé aussi au Canada et aux États-Unis, ce qui a compensé la diminution de la consommation d'oranges fraîches dans le premier de ces pays. Parmi les pays développés, les États-Unis sont l'un des seuls où la consommation d'oranges fraîches a modérément augmenté.

La consommation d'oranges traitées est concentrée dans les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe, qui représentent ensemble plus de 90 pour cent de la consommation mondiale. Les débouchés des oranges traitées paraissent se développer dans d'autres régions, particulièrement en Amérique latine. Au Mexique, la consommation d'oranges traitées s'est accrue de près de 70 pour cent et, au Brésil, de 54 pour cent pendant la période comprise entre 1987-1989 à 1997-1999.

Bien que la consommation d'oranges fraîches ait décliné dans nombre de pays développés, elle s'est accrue dans beaucoup de pays en développement, dont le Mexique, l'Inde, l'Argentine et le Brésil. Une forte progression de la consommation a été constatée également en Chine. La consommation d'oranges fraîches dans les pays développés a diminué pour deux raisons. Premièrement, elle est remplacée par la consommation de jus d'oranges et, deuxièmement, grâce aux progrès réalisés en matière de transport et d'entreposage, les agrumes frais doivent aujourd'hui soutenir une concurrence plus intense d'autres fruits comme les bananes, les raisins et les fraises.

L'augmentation projetée de la production, relativement modeste, se traduira par une légère progression de la consommation d'oranges aussi bien fraîches que traitées. La consommation par habitant tant en Amérique du Nord qu'en Europe ne devrait guère changer par rapport à ses niveaux actuels. Des taux de croissance relativement statiques de la consommation par habitant dans ces pays sont les résultats directs du ralentissement de l'augmentation de la production nationale ainsi que de la légère augmentation attendue de la consommation des oranges traitées provenant des principaux fournisseurs, à savoir le Brésil et les États-Unis. La majeure partie de l'augmentation de la consommation sera imputable à des pays en développement producteurs d'agrumes comme l'Inde, le Pakistan, la Chine, le Mexique et le Brésil.

Traditionnellement, au Brésil et au Mexique, le consommateur achète des oranges fraîches puis les presse à la maison. Cependant, l'élévation des revenus dans ces pays a encouragé l'achat de jus d'oranges prêts à la consommation.

L'accord commercial récemment conclu entre la Chine et les États-Unis a ouvert le marché chinois aux importations d'agrumes frais et traités. Toutefois, des problèmes d'infrastructure freinent l'importation à grande échelle d'oranges fraîches et traitées. Il est probable néanmoins que les consommateurs, spécialement les nouvelles classes moyennes des grandes villes auront de plus en plus largement accès aux agrumes importés.

La baisse de la production nationale et des barrières commerciales élevées qui renchérissent ces produits pour les consommateurs freinent l'augmentation de la consommation d'oranges fraîches et traitées dans les autres pays de l'est de l'Asie. Beaucoup de pays d'Asie imposent des droits élevés sur les importations d'agrumes. Le marché japonais des oranges traitées n'a pas répondu à l'attente suscitée par la signature en 1986 de l'Accord États-Unis-Japon sur le boeuf et les agrumes. L'éloignement considérable entre les principaux pays producteurs d'oranges et d'agrumes en général de l'hémisphère occidental limite également la consommation d'agrumes dans l'est de l'Asie[18]. Nonobstant ces observations, la consommation par habitant d'oranges dans presque tous les pays d'Extrême-Orient ne devrait augmenter que modérément, dans le meilleur des cas. Cette augmentation de la consommation sera presque intégralement imputable à l'accroissement de la production nationale.

Prix

Il est presque impossible de prédire les prix des agrumes frais jusqu'en 2010 étant donné que tant dépend des variations des récoltes annuelles dans les principaux pays producteurs. Il y aura vraisemblablement une certaine réorientation de la consommation vers le jus d'orange vers quelques pays en développement mais, dans la plupart des régions de production, c'est surtout à l'état frais que les oranges continueront d'être consommées. Étant donné l'accroissement démographique prévu dans quelques pays producteurs, les prix pourraient demeurer stables en termes réels ou augmenter légèrement. Dans les pays développés, l'on constate une nette tendance du consommateur à privilégier les fruits qui se pèlent facilement, ce qui devrait faire baisser les prix des oranges devant être consommées à l'état frais. Dans l'ensemble, toutefois, il est peu probable que les prix changent beaucoup en termes réels d'ici à 2010.

Sur la base de la conjugaison la plus vraisemblable des effets résultant des problèmes phytosanitaires et des incitations à la production au Brésil, l'on peut s'attendre qu'en 2010, les prix de concentrés de jus d'oranges de 65 Brix devraient être proches de 1 200 dollars f.a.b. Rotterdam, soit environ 3 dollars le cageot livré aux installations de traitement de São Paulo.

Dans le cas du jus d'oranges de Floride, beaucoup dépend de la question de savoir si les barrières commerciales existantes demeureront en place. À supposer qu'elles ne changent pas et que les jus d'oranges autres que ceux à base de concentrés voient leur part de marché augmenter, les prix à l'exploitation pourraient être en moyenne de 4,25 dollars par cageot de 90 livres en 2010, soit environ 1 500 dollars la tonne à 65 Brix aux États-Unis.

Mandarines

Production

La production de mandarines est presque intégralement destinée au marché de fruits frais. Les principaux producteurs sont la Chine, l'Espagne et le Japon, suivis par le Brésil, l'Italie, l'Égypte, les États-Unis, le Maroc, l'Argentine, la Turquie, la République de Corée et le Pakistan. L'Espagne a obtenu d'excellents résultats avec ses variétés de clémentines sans pépin en Europe et, plus récemment, aux États-Unis.

La production mondiale de mandarines devrait atteindre 17 millions de tonnes en 2010, contre 15 millions de tonnes en 1997-1999. Le taux annuel de croissance projeté, de 1,07 pour cent, est bien inférieur à celui de 4,31 pour cent enregistré entre 1987-1989 et 1997-1999. La production de mandarines devrait s'accroître en Espagne, en Chine, au Maroc, au Brésil et en Argentine. Elle continuera sans doute de se contracter au Japon, tandis qu'aux États-Unis, la production devrait décliner par suite de la concurrence provenant des importations et des autres fruits frais.

Consommation et commerce

Les meilleures perspectives, en ce qui concerne la consommation de mandarines fraîches, sont celles des variétés de clémentines sans pépin actuellement cultivées en Espagne et au Maroc. La consommation de ce produit aux États-Unis a augmenté dans des proportions spectaculaires au cours des cinq dernières années. Le fruit étant petit, facile à peler et sans pépin, il est particulièrement prisé par les enfants.

L'Espagne continuera sans doute d'occuper la première place dans l'exportation de mandarines et de clémentines. Les excellents résultats donnés par ses exportations de clémentines consolideront sa position de premier exportateur mondial de mandarines fraîches, suivie par le Maroc. Des problèmes phytosanitaires ont limité la possibilité aussi bien pour le Mexique que pour le Brésil de se lancer dans l'exportation de mandarines fraîches. La principale zone de culture des agrumes de l'est du Mexique demeure infectée par la mouche mexicaine du fruit. Au Brésil, l'apparition du chancre des agrumes empêchera probablement les producteurs d'accroître beaucoup leurs exportations de mandarines et d'autres agrumes frais.

La répartition de la consommation entre fruits frais et fruits traités demeurera sans doute inchangée, plus de 90 pour cent de la production totale étant destinés au marché des fruits frais. Les mandarines ne se prêtent pas à la production de jus car il s'agit de fruits relativement secs dont la récolte coûte cher, outre que le jus a tendance à perdre de sa saveur. Ainsi, la consommation de mandarines traitées proviendra de fruits ne répondant pas à la qualité requise par les marchés ou par les conserveries de quartiers de mandarines.

La consommation de mandarines traitées est éparpillée et difficile à suivre. La majeure partie du jus de mandarine est mélangée avec du jus d'orange. L'Espagne, le Japon et la Chine ont des conserveries de quartiers de mandarines et il a été signalé lors du Colloque Chine-FAO sur les agrumes de 2001 que ce pays en fabrique 250 000 tonnes par an. La Chine est le principal producteur mondial de ce produit. Les quartiers de mandarines en conserve de la Chine, du Japon et de l'Espagne sont exportés vers l'Amérique du Nord et l'Europe.

Prix

L'augmentation de la production en Espagne et en Chine devrait se ralentir considérablement d'ici à 2010 mais la popularité des variétés de mandarines et de clémentines continuera sans doute d'augmenter, spécialement dans les pays d'Europe orientale et aux États-Unis. L'augmentation de l'offre compensera vraisemblablement celle de la demande, de sorte qu'il est peu probable que les prix changent beaucoup en termes réels.

Citrons et limes

Production

Les citrons et limes sont des agrumes qui se distinguent des autres variétés en ce sens qu'ils sont habituellement consommés avec d'autres aliments. Ils sont cultivés surtout en vue d'une consommation à l'état frais, le jus de citron et de lime étant utilisé principalement comme agent saporisant dans les boissons. Les citrons sont généralement cultivés dans des climats tempérés comme dans l'ouest des États-Unis, en Espagne, en Italie et en Argentine. Ils se prêtent également à une culture dans des climats plus secs, comme en Égypte et en Iran. Les limes, en revanche, sont très sensibles au froid et sont cultivés seulement dans les climats tropicaux. Les principaux producteurs sont le Mexique et le Brésil.

En 1997-1999, la production de citrons et de limes a été de 9,04 millions de tonnes, dont 7,0 millions de tonnes pour le marché des fruits frais et 2,04 millions de tonnes aux industries de traitement.

La production mondiale de citrons et de limes devrait atteindre 10,34 millions de tonnes en 2010, soit 14 pour cent de plus que pendant la période 1997-1999. Le taux annuel de croissance projeté est de 1,12 pour cent, soit nettement moins que les 3,6 pour cent enregistrés pendant la période qui s'est écoulée entre 1987-1989 et 1997-1999, la cause en étant la baisse des prix.

Consommation et commerce

Les principaux exportateurs sont l'Espagne, l'Argentine et le Mexique. L'Espagne et l'Argentine dominent le marché mondial des exportations de citrons frais, tandis que le Mexique est, de loin, le premier exportateur de limes. Environ 20 pour cent de la production d'agrumes frais est exportée, et tel est également le cas de plus de la moitié de la production traitée. L'Argentine et l'Italie sont les principaux exportateurs de jus de citrons sur les marchés mondiaux.

Les importations de citrons et de limes représentent environ 27 pour cent de la consommation mondiale. Outre les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe, sont également consommateurs les pays d'Europe orientale ainsi que des pays en développement producteurs comme l'Inde, l'Iran, le Mexique, le Brésil, l'Argentine, la Bolivie, le Pérou et la Jamaïque. Les pays du Proche-Orient, dont la Jordanie, Chypre, le Liban et l'Égypte, sont également, par habitant, d'assez gros consommateurs.

De légères augmentations de la consommation par habitant sont prévues sur tous les principaux marchés. Les principaux pays exportateurs de citrons frais resteront l'Espagne, l'Argentine et le Mexique. La production de limes étant en baisse en Floride et la production de citrons statique en Californie et dans l'Arizona, les États-Unis devraient devenir le plus gros importateur de limes et de citrons frais. Comme ces agrumes ne sont pas consommés de la même façon, les citrons et les limes ne sont pas exposés à la même concurrence provenant d'autres fruits frais que doivent soutenir les autres variétés d'agrumes.

L'utilisation de citrons et de limes sous forme fraîche ou traitée devrait rester proche des niveaux maximums observés jusqu'à présent.

Prix

Les grandes quantités de citrons pouvant être exportées sous forme de fruits frais ou traités, principalement en provenance de l'Argentine, de l'Espagne et de la Turquie, devraient entraver toute hausse des prix pour une large part de la période couverte par les projections. La faiblesse relative des prix des citrons au début de la période considérée pourrait encourager le remplacement d'autres produits par du jus de citron dans les boissons et autres aliments préparés. À la fin de la période couverte par les projections, les prix des oranges devraient se raffermir et revenir, en termes réels, essentiellement à ce qu'ils étaient pendant la période de référence.

Pour les limes, la tendance pourrait être similaire étant donné les plantations considérables des dix dernières années au Mexique et ailleurs, mais les prix ont plus de chance de demeurer stables que de diminuer car la popularité des limes se maintiendra vraisemblablement aux yeux des consommateurs.

Pamplemousses

Production

L'augmentation de la production mondiale de pamplemousses s'est ralentie, passant de 4,55 millions de tonnes en 1987-89 à 5,45 millions de tonnes en 1997-99, soit un taux annuel de croissance de 1,8 pour cent. Les périodes de gel du début des années 80 ont considérablement réduit la production de pamplemousses aux États-Unis, période pendant laquelle Cuba est devenu un important fournisseur des marchés traditionnellement alimentés par les agrumes d'origine américaine. Au milieu des années 90, la production mondiale était revenue à des niveaux comparables à ceux des années 70. Les exploitants des trois plus gros producteurs, les États-Unis, Israël et Cuba, cependant, doivent s'attendre à une période difficile marquée par une stagnation de la demande de pamplemousses aussi bien frais que traités. Les superficies en Floride (États-Unis) se rétrécissent actuellement, les producteurs s'orientant vers d'autres cultures. Le virus tristeza tuera sans doute des millions d'arbres en Floride. En ce moment, les prix des pamplemousses sont trop bas pour encourager le remplacement à grande échelle des arbres tués par le virus.

La production mondiale de pamplemousses en 2010 devrait s'établir à 6,23 millions de tonnes, soit 14 pour cent de plus que la moyenne de 1997-1999. Les augmentations projetées seront imputables presque intégralement aux pays en développement. La production aux États-Unis et en Israël devrait demeurer statique et des augmentations modestes sont projetées pour Cuba, le Mexique, l'Argentine et l'Afrique du Sud. L'intensification récente des plantations en Turquie se traduira par une augmentation de la production, de sorte qu'Israël et les États-Unis seront exposés à une concurrence accrue sur les marchés européens.

Consommation et commerce

Dans les pays développés, la consommation de pamplemousses frais se heurtera vraisemblablement aux mêmes difficultés que celle d'oranges et de mandarines. La concurrence accrue provenant d'autres fruits frais se traduira par une légère diminution de la consommation par habitant. L'ouverture des marchés chinois, cependant, devrait permettre une augmentation de la consommation par habitant dans ce pays.

Parmi les principales variétés d'agrumes, seuls les pamplemousses connaissent un degré de traitement semblable à celui des oranges. Pendant la période 1997-1999, la consommation moyenne de pamplemousses frais a été de 3,5 millions de tonnes, tandis que les quantités traitées ont atteint 1,9 million de tonnes, soit 36 pour cent de l'utilisation totale. À Cuba, la proportion de la production qui est traitée a augmenté dans des proportions spectaculaires, 90 pour cent de la récolte ayant été traitée en 1999.

Le premier producteur mondial de pamplemousses est les États-Unis, qui est également le plus gros exportateur de pamplemousses frais, représentant près de 40 pour cent des exportations totales. Viennent ensuite l'Afrique du Sud et Israël. Un nouvel acteur sur le marché des pamplemousses frais est la Turquie. Ayant perdu son accès préférentiel aux marchés des pays du bloc socialiste, Cuba exporte beaucoup moins de pamplemousses frais. Cependant, la majeure partie de la production est consommée sur les marchés intérieurs, le total des exportations de pamplemousses frais représentant moins de 40 pour cent de la production mondiale. Les États-Unis, Israël et Cuba sont les principaux fournisseurs de jus de pamplemousses, et leurs exportations représentent approximativement la moitié de la production mondiale de pamplemousses traités.

La consommation par habitant de pamplemousses traités devrait elle aussi reculer. Le jus de pamplemousse fait une concurrence direct au jus d'orange, et les consommateurs des pays développés continuant de consommer plus de jus d'orange et moins de jus de pamplemousse, les producteurs devront trouver de nouveaux débouchés et/ou de nouveaux produits.

Prix

Dans l'ensemble, il est peu probable que les prix changent beaucoup en termes réels d'ici à 2010. La consommation de pamplemousses, aussi bien frais que traités, est en baisse. La production de la Floride continuera de se contracter et la production cubaine ne comblera sans doute pas le vide ainsi laissé. Dans la région méditerranéenne, la production turque compensera peut-être la baisse de la production en Israël et à Chypre.

Problèmes et incertitudes

Après une période d'augmentation rapide de la production, il est n'est pas surprenant que les producteurs d'agrumes, partout dans le monde, soient confrontés à des prix en baisse. Presque tous les produits agricoles sont affectés par le caractère cyclique de la production et des prix. Pour des cultures pérennes comme les agrumes, les cycles des prix sont longs et s'étendent sur plusieurs années du fait du long décalage entre les signaux donnés par les prix et leur impact sur la production. Des événements occasionnels comme gels, sécheresses, infestations de ravageurs et maladies, ont également eu tendance à perturber la production en causant de sérieuses contractions involontaires de l'offre.

Dans l'analyse présentée dans cette section, la principale hypothèse qui sous-tend la projection d'un ralentissement de l'accroissement de la production d'agrumes est que les prix déprimés auxquels sont actuellement confrontés les producteurs d'agrumes ralentiront le rythme des nouvelles plantations et ainsi l'augmentation de la production. La production d'agrumes étant géographiquement concentrée, il se peut que quelques événements imprévus entraînent une réduction majeure de la production et débouchent sur une nouvelle période d'expansion. En l'absence de tels événements, toutefois, la première décennie du XXIème siècle sera marquée par un mouvement de recul et de regroupement qui, à terme, débouchera sur le retour de prix plus rémunérateurs. Des prix plus élevés seront l'élément qui encouragera de nouvelles plantations.

Les agrumes sont un produit très prisé par les consommateurs qui sont soucieux de leur santé, qui exigent un produit de consommation facile et qui attachent de l'importance à la sécurité des produits alimentaires. L'amélioration continue des services de transport permettra aux exportateurs de livrer toute l'année des agrumes de haute qualité et aux producteurs d'agrumes traités d'offrir des produits commodes d'un prix raisonnable aux consommateurs du monde entier. Cela étant, la demande mondiale d'agrumes et de produits dérivés continuera de s'accroître, de sorte que les perspectives à long terme pour les producteurs d'agrumes demeurera positive.


[18] L'Australie a récemment réussi à pénétrer les marchés des agrumes frais et traités dans l'est de l'Asie.

Page précédente Début de page Page suivante