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Chapitre 3
RESSOURCES ALIMENTAIRES


INTRODUCTION

Un apport régulier de nourriture peu coûteuse, supérieur aux simples besoins d'entretien, est essentiel pour améliorer la productivité au sein des trois systèmes utilisés en aviculture familiale:

Lorsque les ressources alimentaires sont inadaptées, il vaut mieux ne posséder que quelques oiseaux productifs plutôt qu'un effectif plus nombreux, maintenu à l'entretien, mais n'ayant pas assez d'aliment à sa disposition pour être rentable.

Systèmes extensifs

Les fermiers essayent d'équilibrer leurs effectifs en rapport avec les ressources résiduelles saisonnières disponibles. Dans les systèmes en liberté et en basse-cour, les apports alimentaires sont généralement insuffisants en saison sèche pour une quelconque production au-delà des simples besoins d'entretien du troupeau. Quand la végétation est sèche et fibreuse, les ressources résiduelles picorables devront être complémentées par des apports minéraux, vitaminiques, protéiniques et énergétiques. Dans la plupart des systèmes traditionnels villageois, un supplément de grain est distribué à raison de 35 g par poule et par jour.

Il existe différentes approches destinées à utiliser une base plus large de ressources alimentaires par le troupeau. L'une d'entre elles est l'utilisation d'autres volailles que les poules. Les palmipèdes, spécialement les canards, peuvent être diffusés dans les régions humides, où ils peuvent se nourrir d'aliments tels que les escargots et les plantes aquatiques présentes dans les étangs et les lagunes. Un autre système consiste à intégrer la volaille avec d'autres productions, telles le riz, les légumes, le poisson ou un autre bétail. Un exemple est la combinaison de poulet avec le gros bétail, telle que pratiquée par les Peuls au Nigéria, où la volaille se nourrit des asticots dans le fumier et des tiques sur les animaux. Dans de telles conditions, les poulets élevés à l'intérieur du corral pèsent en moyenne 500g de plus que ceux élevés à l'extérieur (Atteb, 1993).

Système semi-intensif

Dans celui-ci, toutes les substances nutritives nécessaires aux oiseaux doivent être procurées par les aliments, généralement sous forme de composés équilibrés, fournis par une provenderie. Comme ceux-ci sont coûteux et difficiles à obtenir, les petits exploitants utilisent des aliments non conventionnels ou «diluent» les aliments commerciaux en y ajoutant des sous-produits de grains qui les supplémentent en énergie et partiellement en protéines Un aliment bien équilibré est cependant difficile à réaliser du fait que les grains et les sources protéiques d'origine végétale, à savoir les sous-produits de quelques graines oléagineuses, sont de moins en moins disponibles pour le bétail, et que les prémélanges d'oligo-éléments et de vitamines sont généralement trop onéreux. Phosphore et calcium peuvent provenir d'os calcinés (brûlés et broyés); le calcium de coquilles d'escargot, de coquillages marins ou de dépôts calcaires. L'apport en sodium à travers le sel, peut provenir de l'évaporation d'eau de mer ou de roches salines. Ces sources minérales sont rarement utilisées. De sorte que la nourriture fournie à la volaille dans ce système est de bien moindre qualité que dans les systèmes purement extensifs ou totalement intensifs.

RESSOURCES ALIMENTAIRES DISPONIBLES

La taille et la productivité du troupeau villageois dépendent en fin de compte de la population humaine et de ses résidus ménagers et culturaux, ainsi que de la disponibilité en autres ressources alimentaires picorables. Il y a une relation évidente entre la production d'œufs et la consommation alimentaire. Ceci est vérifiable au Bangladesh où la production d'œufs, faible pendant les pluies d'août et septembre, s'accroît significativement en janvier et février lorsqu'une quantité importante d'escargots devient accessible (Horst, 1986). Une liste des ressources alimentaires disponibles pour les petits exploitants a été dressée à partir d'enquêtes effectuées au Nigéria (Sonaiya, 1995). Ces ingrédients étaient majoritairement des résidus de cuisine ou agro-industriels et semblables aux autres aliments de ce type recensés en pays tropicaux.

La Base des Aliments Résiduels Picorables (BARP) comprend:

Ces ressources seront décrites plus en détail ci-après.

LA BASE DES ALIMENTS RÉSIDUELS PICORABLES

Roberts (1992, 1994 et 1999), Gunaratne. Chandrasiri, Hemelatha et Roberts (1993) ainsi que Gunaratne, Chandrasiri, Wickramaratne et Roberts (1994) ont recherché et classifié les disponibilités alimentaires accessibles pour les volailles en divagation en Asie du Sud-Est et les ont regroupées dans une liste appelée la Base d'aliments résiduels picorables (BARP). Celle-ci se définit comme l'ensemble des produits alimentaires accessibles à tous les animaux divaguant dans une zone déterminée. Elle dépend du nombre de ménages, des types usuels de cultures vivrières, de leurs méthodes de récolte et de transformation ainsi que des conditions climatiques pouvant interférer sur le degré de décomposition des résidus alimentaires. Des fluctuations saisonnières de la BARP sont liées aux périodes de jachère, d'inondation, de culture, de récolte, et de transformation. La BARP inclut les termites, les escargots, les vers de terre, les insectes, les grains des semailles, les résidus de récolte, les semences, l'herbe, les feuilles fourragères, les plantes aquatiques et les matériaux alimentaires non conventionnels. Les composants de la BARP ne peuvent être récoltés que par les animaux picoreurs, parmi lesquels la volaille se caractérise par sa grande adaptabilité à ce type de collecte, variable selon les espèces. De plus, différents types de volailles picorant simultanément utilisent plus efficacement ce type d'aliment.

Elever des volailles en liberté ou en basse-cour dépend dans une large mesure de la qualité des aliments picorés. Il est, dès lors, indispensable de savoir quelles sont les ressources alimentaires disponibles. Par exemple une bande de 12 poulets en croissance et de cinq poules productrices a accès à une BARP de 450g (matière sèche) d'aliment contenant neuf pour cent de protéines et 2300 kcal d'énergie métabolisable.

Ceci pourra soutenir une ponte journalière de 22 pour cent avec trois œufs/ couvée en supposant que 80 pour cent de la BARP soient utilisés.

Méthodes d'estimation de la BARP

La valeur de la BARP peut être estimée comme suit. La quantité d'aliments disponibles à partir des résidus ménagers produits par chaque famille, est pesée et définie comme paramètre «H ». Elle est alors divisée par la proportion de ce type d'aliment récolté dans le jabot de l'oiseau en train de picorer, définie comme paramètre «p» (Roberts, 1992). Le quotient H/p est alors multiplié par le pourcentage de ménages propriétaires de volailles (paramètre «c»):

BARP = H/p ©

Par exemple, une BARP mesurée suivant la méthode ci-dessus en Asie du Sud-Est s'étale entre 300 à 600g. de matière sèche (M.S.). contenant huit à dix pour cent de protéine végétale et de 8.8 à 10.4 megajoules (M.J.) d'énergie métabolisable (E.M.) par kg. (2100 - 2500 kilocalories (Kcal) E.M. par Kg) (Prawirokosomo, 1988; Gunaratne et al, 1993 et * 1994c). Le contenu en protéines et en E.M. de la BRAP fut déterminée par analyse du contenu du jabot: au Sri Lanka, la BRAP annuelle disponible pour chaque famille a été estimée à 23kg de protéine brute (MPB) et 1959 MJ de EM (468 Kcal de EM) (Gunaratne et al. 1993).

Dans le cas de l'étude conduite au Sri Lanka, la collecte de résidus alimentaires quotidiens fut effectuée dans 34 ménages à 14 reprises (Gunaratne et al., 1993). Ces échantillons furent pesés, examinés et analysés. Quinze oiseaux picoreurs furent rassemblés et abattus en fin de matinée; le contenu de leurs jabots et gésiers fut pesé et examiné.

Les résultats indiquent un poids frais moyen de 460 +/- 210 g/jour de résidus par ménage, consistant en:

Le contenu des jabots est repris sous le tableau 3.1

Tableau 3.1 Valeurs de BARP calculées pour des troupeaux familiaux dans différents pays sud-asiatiques

Pays

BARP en kg M.S. / an

Source

Indonésie

475

Kingston et Creswell, 1982

Thaïlande

390

Janviriyasopak et al., 1989

Sri Lanka

195

Gunaratne et al., 1993

Sri Lanka

197

Gunaratne et al., 1994.

Source: Etudes de Cas: Détermination de la Base d'Aliments Rèsiduels Picorables dans quelques villages Sri lankai

Les contenus de jabot comprenaient:

La composition des contenus de jabot et des produits alimentaires/ déchets ménagers sont détaillés dans le tableau 3.2.

Chaque troupeau familial avait accès aux déchets de deux ménages voisins, de sorte que le total de M.S. disponible par troupeau était de 550g par jour. La production d'œufs moyenne s'étalait entre 11 et 57 pour cent, avec une moyenne de 30 pour cent. Ceci n'a pas varié significativement durant les 12 mois de l'étude. Le poids du poulet à 20 jours variait de 41 à 100 grammes, et à 70 jours de 142 à 492 grammes. La mortalité à 70 jours était de 65 pour cent. Les pertes étaient attribuées aux prédateurs, particulièrement les chiens, chats, mangoustes, corneilles et autres oiseaux de proie. Plus de 90 pour cent du temps journalier de la poule était consacré à fouiller à la recherche de nourriture dans un rayon de 110 à 175 m. Les endroits privilégiés à cet effet étaient les enclos à bovins et à chèvres.

Tableau 3.2 Composition moyenne des aliments principaux et du contenu des jabots des poules picoreuses au Sri Lanka

Composant

Matière sèche

M.P.B.

M.G.

F.B.

Cendres

Ca

P


Pour cent

mg/g

Aliment / Déchets ménagers

43.2

10.3

7.2

2.2

1.4

0.8

4.0

Résidu

24.1

6.9

38.1

8.9

1.1

1.1

6.0

Brisures riz

89.9

9.0

1.3

1.5

3.2

0.5

1.4

Contenu jabot

34.4

9.4

9.2

5.4

16.0

0.8

0.9

Source: Gunaratne et al, 1993 et 1994.

Facteurs affectant la BARP

Parmi les facteurs déterminant l'apport en BARP, on citera: le climat, le nombre de ménages, les effectifs et les types de bétail présents, les cultures, la religion du ménage. Ceci a été clairement mis en évidence dans une étude srilankaise (*Gunaratne et al, 1994 a, b, et c.) dans laquelle il a été démontré que la biomasse totale de la population picoreuse était proportionnelle à la BARP. Si la BARP disponible est dépassée, la production chute (les oiseaux meurent et les poules pondent moins d'œufs). S'il y a un excédent de BARP (du à une bonne moisson ou une diminution des effectifs d'oiseaux par maladie ou vente), la production augmente (avec une survivance plus importante des poussins et des animaux en croissance et une ponte plus élevée). Par conséquent, la BARP disponible au sein d'une communauté détermine le potentiel productif de la volaille. Si cette BARP est connue, d'autres facteurs affectant la production pourront être identifiés et les bénéfices provenant de la fourniture d'intrants supplémentaires pourront être évalués.

Tableau 3.3 Quantités de déchets ménagers, calcul de la BARP et biomasse moyenne du troupeau

Location (nom village)

Mois

Déchets ménages en matière sèche (g)

BARP M.P.B.

Biomasse




(g)

(g)

M.P.B.(g)

Galgamuwa I

mars

143

260

20

91

Galgamuwa I

sept.

267

834

78

75

Galgamuwa II

mars

543

639

63

83

Galgamuwa II

sept.

549

603

49

36

Ibbagamuwa

juin

414

575

56

57

Ibbagamuwa

août

307

365

43

48

Source: * Gunaratne et al, 1994c.

La taille maximale productive du troupeau dépend de la BARP. Afin de garder la taille du troupeau en équilibre avec la BARP disponible, il est nécessaire d'incuber moins d'œufs, de réformer les oiseaux improductifs et de vendre les animaux des qu'ils ont atteint le poids ou l'âge de vente. La capacité productive doit également être ajustée en fonction des variations saisonnières de la BARP. Par exemple, à l'époque des moissons, lorsque la BARP augmente, il est possible d'élever des poussins et des poulets en surnombre, tandis qu'en fin de saison sèche, des oiseaux doivent être réformés, vendus ou consommés. Supplémenter la BARP avec d'autres ressources alimentaires permet d'améliorer la situation nutritionnelle générale du troupeau et réduire la mortalité des poussins. Ceci peut alors se concrétiser en poulets plus nombreux et plus gros; le troupeau en expansion peut alors excéder la BARP. Si ceci arrive, la production va de nouveau chuter jusqu'à ce que l'équilibre soit rétabli. La supplémentation alimentaire n'est bénéficiaire que si elle résulte en une augmentation des prélèvements d'animaux et non des effectifs.

INGRÉDIENTS ALIMENTAIRES

La base de données FAO sur «Les aliments du bétail», disponible en ligne et en CD-ROM fournissent une information complète sur ce thème pour toutes les espèces de bétail, y compris la volaille. Les descriptions ci-dessous fournissent quelques renseignements complémentaires.

Céréales et leurs sous-produits

Les grains communément utilisés pour la supplémentation de la volaille incluent le mil, le sorgho, le maïs et le riz sous forme entière ou de brisures.

Les quantités distribuées sont inadéquates si l'on prend en compte les 35g/oiseau/jour comptabilisé dans l'enquête de Obi et Sonaiya de 1995. Cette observation, de même que le contenu important en tannins du sorgho ont conduit à rechercher des types alternatifs de céréales et à évaluer l'usage des sous-produits agro- industriels.

Riz décortiqué

Peut être employé en association avec des sources protéiques végétales et animales pour tous les types de volaille. Le riz paddy ou cargo ainsi que les brisures de riz ont été utilisés jusqu'à 20 - 30 pour cent des rations. Le son de riz est modérément riche en protéines (10 - 14 pour cent); il titre environ 10,4 M.J. de E.M./kg (2500Kcal.) et 11 pour cent de fibre brute. Il est riche en phosphore et en vitamines du complexe B. Du à son taux élevé en graisses (14 - 18 pour cent), il a tendance à rancir facilement. Pour cette raison on ne l'inclut pas à plus de 25 pour cent de la ration. Cela s'applique également aux polissures ou farines basses de cônes qui d'ailleurs sont souvent présentes dan le son. Le son est souvent adultéré par les balles de riz, très riches en fibre et silice et pauvres sur le plan nutritif. Le son de riz reste néanmoins une importante ressource alimentaire.

Résidus d'amidon de maïs

Il s'agit d'un sous-produit de l'extraction d'amidon à partir de maïs humide moulu et fermenté, utilisé comme petit déjeuner en Afrique de l'Ouest. Il contient plus de 16% de M.P.B., quoique ce taux varie en fonction de la variété de maïs et de la méthode de préparation.

Sous-produits de brasserie

Drèches et levures sont devenus des ingrédients communs des rations pour volailles, mais le processus de séchage du produit humide peut s'avérer très onéreux.

Les légumineuses et leurs sous-produits

Certaines légumineuses traditionnelles, telles le haricot ou pois sabre (Canavalia ensiformés et gladitra) peuvent, bouillis, être distribuées aux poules pondeuses à un taux maximum de 10 pour cent car la valeur nutritive en est faible (Udedibie, 1991). Le haricot ailé ou pois carré (Phosphocarpus tetragonolobus L.) contient environ 40 pour cent M.P.B. et 14 pour cent M.G. et sa valeur nutritive est très similaire à celle des tourteaux d'arachide et de soja pour la production de poulet de chair. Son fourrage est également accepté par la poule pondeuse. A moins que la plante ne soit tuteurisée, la production est faible ce qui en fait une culture peu économique à grande échelle. Elle est toutefois intéressante comme aliment et comme fourrage pour le petit producteur avicole.

Soja (Glycine max)

Cette plante est de plus en plus répandue pour la consommation humaine, Si les graines sont utilisées avant maturité pour l'alimentation humaine, les cosses sont distribuées à la volaille. Le soja cru, traité à l'eau bouillante pendant trente minutes avec d'être distribué aux oiseaux jusqu'à 35 pour cent de la ration, donne des performances satisfaisantes tant chez les poulets de chair que chez les poules pondeuses. S'il n'est pas traité préalablement par la chaleur il en résulte une dépression significative dans le poids des poulets à 20 semaines ainsi qu'un retard de quatre jours dans l'apparition de la maturité sexuelle (mesurée par l'âge ou la poule atteint 50 pour cent de sa production d'œufs). Cela est du à la présence d'une antitrypsine dans la graine crue, détruite par la chaleur.

Niébé (Vigna unguiculata L.)

Cette légumineuse n'est cultivée en Afrique que pour la consommation humaine. Ses sous- produits, spécialement les cosses, sont utilisés comme fourrage pour les petits ruminants et sont également distribués à la volaille (Sonaiya, 1995). Elles représentent environ six pour cent du poids total de la plante mais sont généralement jetées après que les graines soient transformées en purée destinées à fabriquer un gâteau frit très apprécié. Avec un taux de MPB de 17 pour cent, une énergie métabolisable apparente (ENA) de 4,2M.J./Kg (1005kcal. EMA/kg) et son contenu minéral (44g cendres/kg, 9,0 mg Ca/g, 0,9mg P/g) les cosses de niébé pourraient représenter une bonne ressource alimentaire mais la présence de tannins (53mg/g) et d'une antitrypsine (12,4 unités/mg) limite son utilisation. De ce fait, les cosses de niébé ne devraient pas représenter plus de dix pour cent du total d'une ration pour volaille.

RACINES ET TUBERCULES

Manioc (Manihot esculenta)

Cette plante racine est cultivée en grande quantités en Afrique, Asie, Amérique latine, à la fois pour l'alimentation humaine et comme aliment du bétail. Le manioc et ses sous- produits (feuilles, cossettes, épluchures, tapioca, «chikwangue», fécule, grésillons, farine sèche, ensilage) sont utilisés à cet effet. Les cossettes sont riches en énergie et en fibre brute mais pauvres en protéines. Dans les régions où le manioc est employé pour l'alimentation humaine, les épluchures représentent la part la plus commune de la plante pour la nourriture du bétail. Des taux d'incorporation de farine d épluchures de 20 à 45 pour cent ont été utilisées dans l'alimentation du poulet; toutefois cette pratique est limitée du fait de la quantité importante d'acide cyanhydrique (HCN), de fibre brute et de poussière, et du faible contenu en protéines. Il existe des variations considérables dans le taux d'HCN en relation avec les variétés de manioc. Si on remplace complètement les graines d'une ration par du manioc, il en résulte une réduction sérieuse du poids de l'œuf et un changement de couleur du jaune. L'impact sur la fertilité et l'éclosabilitè de l'œuf ne sont pas connus. La farine de manioc donne de bons résultats chez le poulet de chair, sous condition d'équilibrer soigneusement la teneur en protéines et autres composants. La mélasse ou le sucre peuvent être utilisés pour atténuer l'amertume du cyanure et augmenter l'appétibilité. Des graines oléagineuses, telles le soja entier, peuvent compenser la haute teneur en fibre brute, le faible taux en protéine et rabattre la poussière. Pour dénaturer le cyanure, sont utilisés différents procédés de détoxification, tels l'ensilage, le séchage au soleil, le séchage à l'air, la cuisson, l'ébullition ou le rouissage,. Pour les petits exploitants, le séchage à l'air représente la méthode la plus commode (Sonaiya et Omole, 1977). L'huile de palme peut également atténuer les effets du cyanure chez la volaille. Certaines variétés «douces» de manioc, ne contenant pas d'acide cyanhydrique, sont utilisées dans l'alimentation humaine. Elles sont souvent distribuées à la volaille, particulièrement au canard.

Patate douce (Ipomoea batatas)

La patate douce séchée a été incorporée avec succès jusqu'à 35 pour cent de la ration des poulets de chair et des pondeuses. Les tubercules ont été bouillis avant usage, afin d'éliminer les problèmes de poussière et de contamination fongique dus au stockage.

GRAINES OLÉAGINEUSES

Ces produits à l'état brut ou partiellement déshuilés représentent une source à la fois énergique et protéique tant dans les systèmes avicoles extensifs qu'intensifs.

Coton (Gossypium spp.)

Le tourteau de graines de coton est fortement recherché pour l'alimentation des ruminants. S'il existe une disponibilité, il peut être distribué dans l'alimentation des poules pondeuses ou des poulets de chair jusqu'à 25 pour cent de la ration sans effets défavorables sur la ponte ou la croissance (Branckaert, 1968). La chaleur utilisée pour l'extraction de l'huile de coton dénature en effet le gossypol, principe toxique présent dans les graines. Il semble en outre que la volaille soit relativement tolérante au gossypol. Toutefois, il peut provoquer une coloration olive du jaune d'œuf. L'addition de 0,25 pour cent de sulfate de fer à des rations pour poules pondeuses contenant plus de dix pour cent de tourteau de coton est recommandée pour atténuer cet effet.

Sésame (Sesamum indicum)

La consommation alimentaire et le taux de conversion d'oiseaux nourris de graines de sésame non traitées et non décortiquées ont été reconnus meilleurs que pour les oiseaux nourris de graines entières décortiquées. Cela confirme la pratique des petits exploitants qui utilisent les graines entières de sésame comme supplémentation à leurs volailles en liberté. Ces graines doivent être utilisées entre 20 et 35 pour cent de la ration.

Arachide (Arachis hypogaea)

Utilisé sous forme de tourteau après extraction de l'huile à raison de 8 à 24 pour cent de la ration. Les arachides moisies peuvent contenir des principes toxiques, le plus dangereux étant l'aflatoxine.

Coprah (Cocos nucifera)

La farine de coprah peut être utilisée à raison de 50 pour cent de la ration, spécialement lorsqu'on la combine à une source riche en énergie, comme la farine de manioc. Elle est pauvre en lysine, leucine, isoleucine et methionine.

Tournesol (Helianthus Annuus)

Les graines de tournesol peuvent être distribuées entières; la farine de graines décortiquées peut être utilisée pour remplacer le tourteau d'arachide et la farine de soja et jusqu'à deux tiers de la farine de poisson. De toutes les graines oléagineuses, c'est celle qui possède le taux le plus élevé d'acides aminés sulfurés.

Fruits de palme (Elaeis guineensis)

Les fruits de palme sont, dans leur majorité, transformés localement. Les sous- produits sont les amandes palmistes et une solution aqueuse d'huile, de fibres et de matières solides. Cette solution peut alors être filtrée pour en retirer la fibre utilisée comme combustible. Le résidu aqueux appelé boue d'huile de palme est riche en énergie et acides gras, La boue provenant de l'extraction par solvants chimiques ne doit pas être utilisée comme aliment, du fait de sa toxicité pour les oiseaux. Le produit artisanal peut être fermenté et utilisé en aviculture rurale ou séché et incorporé jusqu'à 40 pour cent dans les aliments composés commerciaux (Hutagalang, 1981). Les amandes palmistes sont traitées localement par la chaleur. Ou par extraction à l'eau froide afin de produire l'huile de palmiste. Le résidu par le traitement à la chaleur n'est plus que de la cendre et n'a pas d'usage pour la volaille, alors que le résidu par le traitement à l'eau est très nutritif et appétible; son utilisation est comparable à celle du tourteau d'arachide. Il peut être incorporé à raison de 30 pour cent de la ration. Toutefois, ce produit est pauvre en acide aminé soufré.

Soja - voir légumineuses

Autres graines oléagineuses

Parmi ces dernières qui ont été utilisées en conditions de recherche, citons l'Hévéa, l'Amaranthe, le Niger ou Nueg (Guizotia oleifera), le fruit de l'arbre à pain (Artocarpus Altilis), la caroube (Ceratonia siliqua), le karité, le melon, la mangue et le ricin. Le gombo ou okra (Hibiscus esculentus) n'a pas encore été évalué comme source protéinique pour la volaille et quoique sa richesse en cet élément soit moindre que celle du soja, il peut cependant y être favorablement comparé pour ce qui concerne les autres nutriments. Comme le gombo est largement cultivé par les petits exploitants et ses graines stockées pour la mise en culture, il pourrait représenter une source potentielle en protéines pour l'aviculture familiale.

Pois bambara ou Voandzou (Voandzeia subterranea L.)

Représente une excellente source protéinique avec un contenu élevé en lysine. La noix n'étant par largement consommée, la plante est surtout cultivée comme paillage et son feuillage consommé par la volaille en liberté.

Arbres, arbustes et fruits

Feuilles de Neem (Azadirichta indica)

Une étude a été menée sur l'utilisation de feuilles de Neem par trois groupes de pondeuses. Le premier groupe a reçu une ration contenant dix pour cent de feuilles fraîches, le second dix pour cent de feuilles séchées, le troisième a servi de témoin et n'a pas reçu de feuilles. Le groupe nourri aux feuilles fraîches a extériorisé une consommation alimentaire, une production d'œufs et un poids de l'œuf plus élevés, comparés aux deux autres. Il semble que les feuilles de Neem fraîches contiennent un principe lipidique favorisant la production et le poids des œufs. (Siddiqui, 1986)

Pulpe de café

Riche en fibre, elle présente un contenu en acides aminés semblable à celui du soja. De ce fait elle peut être utilisée en quantités limitées.

Pulpe de citron

A ne pas inclure à plus de deux pour cent afin d'éviter un ralentissement de croissance et une altération de la couleur du jaune de l'œuf.

Bananes et Plantains matures

Beaucoup plus appétibles pour la volaille que les fruits verts qui contiennent des tannins libres ou actifs.

Cannes à sucre défibrées et mélasses

Le jus de canne peut représenter jusqu'à 25 pour cent de la ration, et les mélasses jusqu'à 30%, mais, au delà de dix pour cent, on note une liquéfaction des matières fécales. Toutefois, le sucre brut peut être utilisé jusqu'à 50 pour cent sans liquéfaction des fèces. En combinant un quart de mélasses avec trois quarts de sucre, on obtient une bonne production sans problèmes digestifs. La mélasse est souvent ajoutée aux rations en faible proportion afin d'en améliorer l'appétibilité quoiqu'il puisse en résulter des difficultés de mélange ainsi que des contaminations fongiques toxiques, favorisées par la teneur en sucre, pendant le stockage.

Tableau 3.4 Taux d'incorporation optimale de certains ingrédients dans les rations pour volailles

Aliment

Taux optimum en %

Farine banane

5 - 10

Mélasse citron

5 - 10

Pulpe citron

1 - 2

Résidu fève cacao

2 - 7

Coques cacao

6 - 15

Cabosse cacao

5 - 15

Farine/tourteau coprah

5 - 15

Parche café

3 - 5

Pulpe café

3 - 5

Tourteau graine kapokier

5 - 10

Farine feuilles leucoena

2 - 5

Boue fruit de palme, séchée

10 - 30

Boue fruit de palme, fermentée

20 - 40

Farine amande palmiste

10 - 40

Huile de palme

2 - 8

Farine graine hevéa

10 - 30

Mélasse canne à sucre

10 - 30

Sucre brut

40 - 50

Jus de canne à sucre

10 - 25

Source (Hutagalung, 1981)

PROTÉINES ANIMALES

Farine de sang

Il s'agit d'une ressource riche en protéine brute mais relativement déséquilibrée en acides aminés. La manipulation et le traitement du sang sont difficile en situation de technologie limitée. Pour transformer de petites quantités, il faut préalablement absorber le sang sur un support végétal, tels la pulpe de citron, les drèches de brasserie, la farine de palmiste, le maïs moulu, la paille de riz ou le son de blé. Le matériel est ensuite étalé sur des plateaux chauffés par-dessous ou placés au soleil (Sonaiya, 1989). A la ferme, le sang peut provenir de l'abattage de bétail. Les abattoirs et les tueries procurent de grandes quantités de sang pouvant servir à la fabrication d'aliments commerciaux.

Termites

Farina, et al (1991) ont décrit une technique pour élever des termites à l'intention des volailles rurales. On rassemble dans un pot d'argile ou une calebasse de la paille hachée de sorgho, de mil ou de maïs, qu'on humidifie ensuite. L'ouverture du récipient est placée sur le trou d'une termitière en construction. Le récipient est alors couvert d'un sac de jute pour maintenir l'humidité et il est bloqué avec une lourde pierre. Au bout de trois à quatre semaines, une nouvelle colonie de termites s'est établie à l'intérieur du récipient. Les œufs et les larves sont particulièrement appréciés des poussins, pintadeaux et canetons, tandis que les insectes sont consommés par les oiseaux adultes. Du fumier de bovin peut être utilisé pour remplacer la paille.

Asticots

Alao et Sonaiya (1991, non publié) ont élevé des asticots sur des cosses de niébé et en ont contrôlé la composition chimique pendant dix jours. Les cosses de niébé ont été entassées dans un panier à proximité d'une fosse latrines afin d'attirer les mouches pour y effectuer leur ponte. Tous les deux jours, un échantillon a été placé dans l'eau bouillante afin de tuer les asticots. Ils ont ensuite été séchés au soleil et moulus avant d'être analysés. Les résultats ont démontré que le contenu en fibre brute du produit doublait dès le deuxième jour. Soukossi (1992) a produit des asticots en les élevant sur un support à base de matériel végétal fibreux et de déjections de volaille. La méthode fut mise au point pour la pisciculture mais peut facilement s'adapter pour l'aviculture familiale. Un réservoir d'une capacité d'un mètre cube est rempli d'eau jusqu'à 15cms de sa partie supérieure. Des tiges et chaumes séchés de maïs, amarante, arachide, soja et autres légumineuses sont trempés dans l'eau et des déjections de volailles sont ajoutées. Les mouches et d'autres insectes sont attirés par ce support humide et y pondent leurs œufs. Après cinq à sept jours, les œufs ont éclos et produit des larves suffisamment développées pour nourrir le poisson. Au-delà de cette période, les asticots se développent en insectes adultes. Il a été observé que 50 pour-cent des larves mouraient si elles étaient exposées au soleil pendant plusieurs heures. D'où la nécessité d'une couverture, du moins pendant les heures les plus chaudes de la journée. Des essais similaires ont été poursuivis avec succès au Burkina-Faso.

Vers de terre

Vorster, Adjovi et Demey (Intervertebrates Farming CTA/IMT/IFS Philippines, Nov.1992) ont élevé des vers de terre comme source de protéine pour l'alimentation de poulets. Ils ont ainsi produit un Kg de vers frais quotidiennement sur une surface de 25m2. Cette quantité de biomasse suffit à supplémenter un minimum de 50 poulets en protéine de haute qualité. Il faut toutefois prendre en compte le rôle de vecteur joué par le ver de terre dans la transmission de certains cestodes comme Davainea et Raillietina (il en est de même pour la transmission de trématodes par certains escargots). De plus à l'état frais, le ver de terre contient un principe inhibiteur de croissance qui peut être dénaturé par séchage au soleil.

Autres produits animaux

Plusieurs produits aquatiques représentent de bonnes sources minérales. On y inclut les coquilles d'huîtres et les bigorneaux de mangrove (Ostrea tulipa et Tympanostomus fuscatus), ainsi que les praires. Les coquillages sont abondants et disponibles dans les régions côtières. Dans les zones forestières, peuvent se récolter les escargots dont les coquilles représentent également une bonne source de calcium. Les escargots peuvent également se développer en captivité. Une escargotière d'un mètre cube peut produire quarante escargots par an. D'autre part, certains escargots, tels le «Golden Snail » peut représenter une peste pour les rizières (Philippines, Bangla- Desh, Vietnam) et les canards qui, en sont friands, peuvent représenter un excellent moyen de contrôle biologique. D'autres sous-produits marins telles les farines de têtes de crevettes roses et grises représentent un supplément à la fois minérales et protéique.

CONCLUSIONS

Des ressources alimentaires disponibles pour la volaille existent à tous les niveaux de production. Les petits producteurs utilisant un système semi-intensif en fabriquant eux mêmes leur aliment doivent baser leurs rations sur les ressources produites sur l'exploitation ou se procurer localement les ingrédients nécessaires. En système de basse-cour, les ressources disponibles seront supplémentées avec les ingrédients appropriés, selon le besoin. Les déchets alimentaires ménagers distribués aux oiseaux divaguant en liberté seront également complémentés. Des substituts potentiels aux coûteux aliments du commerce sont le manioc, la patate douce, la colocase, l'amarante, les résidus et l'huile de coprah, l'huile de palme et d'autres sources énergétiques non traditionnelles. Pour remplacer les farines de poisson, de soja et d'arachide, peuvent être utilisés des aliments non conventionnels tels les farines de vers de terre ou d'asticot, les haricots ailé et sabre, le pois cajan, les différentes espèces d'Azolla (A. pinnata, A.caroliniana, A. microphylla), les farines et les concentrés de feuilles.

Selon les régions, l'importance de ces ressources alimentaires pour l'aviculture familiale dépend de leur disponibilité en quantités suffisantes à l'échelle de la ferme pour une préparation et une transformation commodes, ainsi que de la connaissance de leur valeur nutritive potentielle, par comparaison à celle des aliments commerciaux conventionnels et au prix et à la disponibilité de ceux-ci.

En situation d'un troupeau familial en divagation, le système cafeteria peut procurer la solution pour rééquilibrer les rations alimentaires des différentes classes d'âges. Il consiste à fournir en libre choix trois concentrés différents dans des mangeoires séparées, l'un riche en protéines, le second en énergie, le troisième fournissant les minéraux et vitamines. La volaille possède en effet un instinct très sûr pour sélectionner les éléments déficients et ne consommera pas en excès les différents types de concentré mis ainsi à sa disposition. Les jeunes oiseaux de moins de deux mois auront accès à leur nourriture dans un enclos séparé des adultes afin qu'il ne puisse avoir concurrence entre les classes d'âge. (creep système)


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