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Chapitre 4
CONDUITE GÉNÉRALE DE L'ÉLEVAGE


LOGEMENT ET PARCOURS

En conditions naturelles, la volaille pond dans des nids simples, perche dans les arbres et passe une grande partie de la journée à chercher sa nourriture. Les poulets dépensent beaucoup de temps à gratter le sol afin de déterrer les éléments enfouis. Dans les systèmes basse-cour et semi-intensif, la volaille est généralement enfermée la nuit pour la mettre à l'abri des prédateurs et voleurs, tandis qu'en système intensif, elle est totalement confinée jour et nuit. Certains aviculteurs ruraux gardent leurs volailles à l'intérieur de leurs maisons, éventuellement sous leur lit, pendant la nuit, afin de se prémunir contre le vol.

Si on lui laisse le choix pour pondre, la poule choisira comme litière une base douillette et elle préférera un nid sombre de taille adéquate, environ 30 cm cubes, qui lui ménage une certaine intimité. Avant de pondre, la poule explore un certain nombre d'endroits avant de pénétrer dans le nid. Elle extériorise alors un comportement nidificateur, dont un gloussement spécial protecteur; elle s'assied ensuite et finalement pond. Après la ponte, elle émet un nouveau cri pour, en quelque sorte, exprimer sa fierté. Ces cris peuvent également être perçus dans un poulailler batterie. Si des perchoirs sont présents, la poule perchera la majeure partie du temps plutôt que de rester sur des planchers grillagés; dans l'obscurité, la plupart des oiseaux sont juchés sur les perchoirs. Il s'agit probablement de la survivance d'une habitude permettant d'échapper aux prédateurs nocturnes.

Les besoins principaux pour le logement de la volaille sont:

Espace: Densité d'oiseaux par unité de surface

Il s'agit du principe de base essentiel pour le logement, car l'espace disponible détermine le nombre et le type d'oiseaux pouvant être entretenus. Par exemple, un poulailler à litière profonde de 6 x 11m peut accueillir 200 poules pondeuses à une densité de 3 oiseaux/m2.

L'espace linéaire des perchoirs se mesure en centimètres. Les densités au sol et longueurs de perchoir recommandées pour les trois principaux types de volailles sont reprises dans le tableau 4.1

Tableau 4.1 Densités au sol et longueurs de perchoir pour les volailles

Type

Densité (oiseaux/m2)

Longueur de perchoir (par oiseau en cm)

Pondeuse

3

25

Deux fins

4

20

Chair

4-5

15-20

Le confort des poules vivant en groupe est assuré à une densité de 3-4 oiseaux par mètre carré. Si davantage d'espace est accordé, des attitudes diversifiées peuvent s'extérioriser. Un espace plus réduit conduit à un comportement de stress, ouvrant la porte à une vulnérabilité supérieure aux maladies et au cannibalisme; les animaux les plus faibles sont également privés de nourriture et d'espace pour se percher. Pris individuellement, les oiseaux exigent plus de place pour un comportement normal et des possibilités d'exercice que la norme de 22 oiseaux/m2 couramment utilisée en cages de ponte de type commercial. Ces dernières décennies, les préoccupations concernant le bien-être animal ont encouragé la recherche sur les cages de ponte afin de produire des modèles mieux adaptés aux besoins des poules, tout en prenant en compte l'efficacité des coûts pour une production économique.

Ventilation: circulation de l'air

La ventilation représente un facteur important du logement. Un bâtiment à pans ouverts est idéal. Autrement, une ventilation croisée sera installée sous forme d'arrivées d'air au niveau du sol. Celles-ci seront aménagées de sorte que le vent dominant souffle dans le sens de la largeur du bâtiment. La masse d'air présente entre les murs d'un poulailler résiste au déplacement même si les murs sont largement ouverts. Plus large est le bâtiment, plus cette masse d'air est résistante. Les bâtiments de plus de huit mètres de large présentent des problèmes significativement plus importants dus aux propriétés inhérentes de l'air et à sa résistance au mouvement. Il est ainsi recommandé que la largeur des bâtiments dépendant d'une ventilation naturelle n'excède pas huit mètres,

Le stress thermique représente une contrainte significative pour une production réussie et peut conduire à la mort. Si les oiseaux peuvent résister à plusieurs degrés sous zéro, ils ne supportent pas de températures supérieures à 40°C, mais cette tolérance dépend de l'humidité relative prévalantes au temps considéré. La volaille ne possède pas de glandes sudoripares et doit assurer la thermorégulation par halètement afin d'augmenter l'évaporation pulmonaire. Si l'humidité est trop élevée, le mécanisme de refroidissement ne peut fonctionner correctement. Pour la majorité des poules, la température létale se situe à 46°C, avec un sévère stress apparaissant à partir de 40°C. Dans les régions tempérées, le poulailler peut être orienté vers le sud afin de récupérer de la chaleur. Sous les tropiques, une orientation Est - Ouest permettra plutôt de minimiser l'exposition au rayonnement solaire direct. Des matériaux de construction particulièrement absorbants comme certains métaux seront évités, et il faut se souvenir que la peinture blanche réfléchit jusqu'à 70 pour cent des radiations solaires. Les problèmes de ventilation liés à l'alignement des bâtiments peuvent prévaloir sur le contrôle de la chaleur, car la ventilation croisée suppose l'orientation du bâtiment face au vent dominant.

La couverture du sol peut également réduire la chaleur réfléchie. Un ombrage sera installé, surtout si le mouvement de l'air est réduit et l'humidité élevée. Sans ombre ou lorsqu'elle est confinée en températures élevées, la volaille est stressée par la chaleur; elle devient irritable et peut se livrer au picage. Lorsque le plumage s'installe, particulièrement chez les jeunes sujets, l'animal saigne facilement ce qui peut susciter du cannibalisme. Les effets de stress thermique sont:

Lumière: durée et intensité

Un bon éclairage est essentiel. Un poulailler sombre génère des oiseaux léthargiques, inactifs, non productifs. La lumière est importante pour l'alimentation car la volaille trouve sa nourriture grâce à la vision. Ceci est spécialement important pour les poussins d'un jour conduits en élevage intensif qui ont besoin d'une lumière brillante 24 heures par jour pendant leur première semaine.

La lumière représente également un facteur important pour la maturation sexuelle. Un accroissement de la lumière diurne - ainsi que cela apparaît naturellement dès la moitié de l'hiver jusqu'à à la moitié de l'été en pays tempérés - va accélérer la maturité sexuelle chez les poulettes en croissance et leur permettre de commencer la ponte plus précocement. Si les poules sont déjà en ponte, l'accroissement de luminosité va augmenter la production d'œufs. L'effet contraire se vérifie également: si la luminosité diurne diminue - comme cela se produit naturellement dès la moitié de l'été jusqu'à la moitié de l'hiver - alors la maturité sexuelle est retardée chez les poulettes et la production diminue chez les poules en ponte. Ces effets diminuent au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'équateur du fait de la contraction des différences nycthémérales.

Cette caractéristique physiologique est importante pour maintenir la production d'œufs dans les troupeaux commerciaux et implique l'existence de programmes d'éclairement artificiel. A cet effet, il est nécessaire d'avoir accès à des sources fiables en approvisionnement électrique, autrement les coupures de courant peuvent entraîner des conséquences extrêmement dommageables. Un programme d'accroissement lent et progressif de la luminosité maximise le taux de production. Cependant, des programmes d'éclairement supérieur à 17 heures par jour peuvent avoir un effet négatif. Un programme de sécurité procurant 24 heures d'éclairement a un effet similaire sur la production d'œufs.

Les oiseaux sont les plus performants lorsque l'éclairement est maximal sans que la température du poulailler soit trop élevée. La lumière naturelle est préférable à moins que soit disponible une source de lumière artificielle régulière, fiable et uniformément distribuée. Il est recommandé que l'intérieur du poulailler soit blanchi afin de réfléchir la lumière. L'intensité ou brillance de la lumière est également importante. La production d'œufs diminue lorsque l'intensité lumineuse est inférieure à cinq lux (le «lux» est l'unité métrique de luminosité pouvant être calculée par une cellule semblable à celle installée dans les appareils de photos); par contre, le poulet de chair poursuit une croissance optimale à une intensité lumineuse aussi basse que deux lux (intensité insuffisante pour lire un journal). Les intensités sont enregistrées au niveau de l'œil de l'oiseau, et non à côté de la source lumineuse. A moins que le supplément de lumière soit uniformément réparti, il peut y avoir des endroits insuffisamment éclairés à travers le bâtiment qui ne permette ni production d'œufs ni croissance optimale. Les schémas d'agencement supposent que les ampoules ou les tubes d'éclairage soient maintenus propres, car la poussière réduit l'éclairement.

Protection: Abri, Hangars, Bâtiments

Beaucoup de facteurs influencent le type et le choix du logement pour protéger la volaille des effets du climat et des prédateurs. Ils comprennent les conditions météorologiques locales, l'espace disponible, la taille du troupeau et le système de gestion. En système extensif, les oiseaux doivent être protégés des maladies et des prédateurs mais doivent également avoir la possibilité de picorer. Les clôtures traditionnelles de plantes vivaces pour grands animaux ne procurent pas une protection suffisante contre les prédateurs, tels serpents, oiseaux de proie, rats et autres animaux nuisibles.

Un moyen simple et efficace pour décourager les oiseaux de proie est de tirer à travers la surface principale de picorage des lignes de corde parallèles, dont les intervalles sont inférieurs à l'envergure des prédateurs; alternativement, un filet de pêche peut être déployé sur des poteaux afin de couvrir les parcours vers lesquels s'abattent les prédateurs sur les poussins en train de picorer.

Des pièges et collets peuvent être installés pour les grands prédateurs. Il n'est pas nécessaire d'en installer autour de tous les enclos, car ces animaux ont tendance à revenir sur le lieu de leur attaque. Les pièges en acier peuvent être enduits de brou de noix ou d'une décoction de cabosses de cacao, à la fois pour les camoufler et les préserver de la rouille. Les pièges seront plus efficaces s'ils ne sont pas touchés à main nue car la plupart des prédateurs ont un odorat très fin. Ils seront manipulés avec des bâtons, des gants de caoutchouc ou des pinces,

Les rats, mangoustes et serpents ne représentent un problème que pour les oiseaux de petite taille. Les rats pénètrent souvent à travers les sols en terre. Les premiers signes d'une attaque de rats est le regroupement inusuel de poussins apeurés blottis en dessous de l'éleveuse ou dans un coin ou la présence de cadavres de poussins portant des griffures sanguinolentes dans le cou. Les serpents tueront les poussins s'ils peuvent pénétrer dans le local d'élevage. Un hameçon à trois crochets installé dans le cadavre d'un poussin peut servir d'appât; le serpent en ingurgitant l'oiseau va avaler l'hameçon et succomber. Les ouvertures dans et autour des portes et fenêtres, au travers desquelles les rats et serpents pourraient pénétrer seront obturées.

Des cages ou des paniers peuvent être utilisés pour abriter les mères poules et leurs poussins et ainsi réduire la mortalité due aux prédateurs, aux voleurs et à la pluie. Ces dispositifs permettent également de fournir séparément des compléments d'eau et d'aliments quoique les aliments habituellement déséquilibrés ainsi fournis supposent le maintien nécessaire du picorage.

Tableau 4.2 Modes d'attaque et méthodes de contrôle des prédateurs

Prédateurs

Modes d'attaque

Méthodes de contrôle

Faucon

Enlève les oiseaux égarés et faibles. Des traces de bec et de doigts sont visibles sur le dos. Déplume souvent ses proies

Chasse; mettre les poussins à l'écart des surfaces propices à la descente des oiseaux.

Rat, mangouste

habituellement prélèvent plus que pour leurs besoins et enfouissent les poussins pour les consommer ultérieurement

Poison pour rats, si autorisé

Serpent

Avale œufs et poussins

Hameçons

Chien, chat

Destruction générale

Essayer de les attraper. Les chats peuvent contrôler les rats. Chiens et chats sauvages représentent un problème.

Renard, chacal

Arrachent les plumes du dos et entre les ailes, consomment les entrailles et le bréchet, emportent les cadavres dans leur tanière.

Vagabondent au petit matin, chassent pour leur progéniture. Piégeage recommandé.

Raton laveur

Arrache la tête et mange les crêtes. Emporte les oiseaux.

Protégé dans certains pays: Un permis de destruction doit être demandé.

LOGEMENT DANS LES SYSTÈMES EN LIBERTÉ

Dans ce type de systèmes, sera procuré un abri pour la nuit, vaste, propre et ventilé. Le refuge pourra être fixe ou mobile. Si l'espace le permet, préférence sera donnée à un modèle mobile, et afin d'augmenter la production d'œufs, des unités transportables seront aménagées pour les poules pondeuses. Ces unités pourront être déplacées à l'intérieur des parcours. Quoique ce type de logement soit moins coûteux et requiert moins d'aliment équilibré, il laisse les animaux exposés au soleil et aux infestations parasitaires.

La densité de stockage sur parcours sera calculée en fonction du type de sol et de la gestion du pâturage. Un abri pour 20 oiseaux conduits en liberté peut être établi à partir de toute structure déjà existante, telle une dépendance, une cuisine ou une habitation. Avec une litière profonde, la densité maximale sera 3 - 4 oiseaux au mètre carré. Dans les régions à fortes pluies, le plancher sera surélevé avec un important surplomb particulièrement à l'entrée. Ce parquet pourra être en terre ou se présenter sous forme d'une plate-forme en bambou qui présente l'avantage de fournir une ventilation sous la volaille. Ceci maintient la fraîcheur en période chaude et met les animaux à l'abri des eaux en période de mousson. Les murs de l'abri peuvent être en boue séchée ou en bambou, les portes et fenêtres en lamelles de bambou. Ce type de logement, qui peut être constitué de murs auto - portants, pourra également être utilisé dans des systèmes semi-intensifs ou intensifs.

LOGEMENT EN SYSTÈMES SEMI-INTENSIFS ET INTENSIFS

Planification

La claustration complète est recommandée si:

La justification du confinement est:

Dans tous les systèmes en claustration, l'emplacement et la conception du bâtiment doivent être soigneusement considérés. Les abords du logement seront fauchés ou pâturés. Un bon emplacement suppose les critères suivants:

La conversion de bâtiments existants peut fournir le logement sous condition d'obtenir les autorisations préalables nécessaires. A titre d'exemple, une cuisine extérieure abandonnée peut être transformée en poulailler. En cas de conversion, un usage rationnel maximal de l'espace disponible sera soigneusement prévu:

Construction

Le plancher et extrêmement important. Pour une litière profonde, le plancher sera bien drainé et construit en dur, sur une couche de gravier épais ou de treillis afin d'éviter l'accès aux rats. Ce type de sol est généralement coûteux. Le bois, le bambou, des briques ou de larges pierres plates, suivant les disponibilités, peuvent être employés mais sont difficiles à nettoyer. Les sols d'argile sont meilleur marché mais requièrent d'être renouvelés entre chaque bande d'oiseaux ou, au moins, annuellement. Dans les régions où les matériaux de construction sont moins coûteux qu'une litière profonde et particulièrement dans les régions humides où les matériaux pour litière ne sont pas disponibles, des planchers surélevés peuvent être installés. Ceux-ci peuvent être fabriqués en grillage, métal expansé, lamelles de bois ou bambou fendu, afin de permettre la collecte des déjections par dessous; ils seront installés un mètre au-dessus du niveau du sol afin de faciliter nettoyage et ventilation. Ce type de plancher peut conduire à l'instabilité du bâtiment. Il faut le renforcer par des piliers qui seront soit faits de matériaux résistants à la pourriture soit constitués par des soubassements en dur. Ils seront fabriqués en bois, bambous, fûts à huile, et blocs de ciment. Les bâtiments avec des planchers surélevés posés sur pilotis peuvent être protégés des rats par des déflecteurs Ceux-ci sont fabriqués à partir d'un collier de métal, d'une boîte de conserve enroulée en forme d'entonnoir renversé ou une bande de métal fixée étroitement autour du pilier afin d'éviter la montée des rongeurs de petite taille.

Toits et murs peuvent être construits à partir de tous matériaux locaux bon marché, tels que lamelles de bambou, tiges de sorgho, boue séchée, lamelles de bois, feuilles de palmiers, pour autant que la structure soit résistante à la dent des rats. Dans les régions plus froides, les murs seront plus épais ou isolants; dans les régions chaudes, le chaume peut être utilisé quoiqu'il faille le remplacer fréquemment pour éviter infections et infestations. L'intérieur des murs sera aussi lisse que possible afin d'éviter l'infestation par les tiques et autres acariens et pour faciliter le nettoyage. L'installation de cloisons intérieures n'est pas conseillée car elle réduit la ventilation croisée.

Le toit sera imperméable et débordera les murs d'un bon mètre si les fenêtres ne sont pas pourvues de volets. Le toit pourra être fait en chaume, en feuilles métalliques ou en tuiles. Le chaume est généralement l'option la meilleure et procure la meilleure isolation. Il devra probablement être remplacé tous les trois ans ou immédiatement après que les tiques s'y soient installées. Il sera entrelacé avec du bambou ou des lamelles de bois afin d'empêcher l'accès aux prédateurs. Les feuilles de métal sont d'habitude trop coûteuses et, dans les climats chauds, doivent être peintes en blanc ou revêtues d'aluminium afin de réfléchir la chaleur solaire. Elles sont cependant aisément nettoyées ce qui représente un important avantage lorsque le problème de tiques se pose. L'installation d'une feuille de plastic entre les lamelles de bambou protège efficacement contre la pluie et la vermine. Des fûts d'huile déployés et aplatis peuvent être utilisés à moindre coût. Quoique généralement plus coûteuses que le chaume, les tuiles séchées au soleil ou au four durent plus longtemps. Du fait du poids, la charpente d'un toit en tuiles doit être plus solide que pour les autres options.

La structure des fenêtres dépend du climat local. Les poulets ont besoin de plus de ventilation que les humains et doivent être protégés du vent, de la poussière et de la pluie. Pendant les orages, des volets de bambou ou de bois montés sur charnières ou des rideaux fait de sacs d'aliment peuvent couvrir les ouvertures situées sur les côtés du bâtiment exposés au vent. Dans les climats humides, la conformation des fenêtres tiendra compte autant que possible de la direction du vent, afin de réduire le taux d'humidité. L'ouverture des fenêtres sera couverte de préférence par du grillage ou du métal déployé. Des lamelles de bois ou de bambou peuvent également être utilisées en fonction des disponibilités. Toutefois, plus le matériau est épais, plus la ventilation sera contrariée. Les portes seront faites de métal, bois ou bambou. La moitié supérieure de la porte peut être en grillage. Les portes seront suffisamment résistantes pour pouvoir être ouvertes et refermées à de multiples reprises tout au long de l'année.

Les toits à pignons diminuent la chaleur solaire par rapport aux toits plats ou aux toits avec combles. L'angle d'inclinaison d'un pignon est important pour plusieurs raisons. Les toits villageois traditionnels de chaume à pignon sont généralement construits avec du bois de brousse et présentent une inclinaison très importante de plus de 42°, ce qui permet au toit de résister à des vents tempétueux. Des toits à pignon moins inclinés sont plus sujets à être soufflés par vents forts, particulièrement si l'angle se situe entre 15 et 20°. Les toits à pignon aplati présentent moins de surface, ce qui réduit le coût des matériaux mais comme ils sont plus sensibles aux vents, ils nécessitent une infrastructure plus solide ce qui, en définitive, rend leur prix plus élevé. Un angle de 42° représente le meilleur compromis entre le prix des matériaux de couverture et les matériaux de support.

La largeur maximale pour un poulailler à pans ouverts, dans des conditions de brise légères, est de 8 mètres pour permettre le mouvement de l'air à travers le bâtiment à la hauteur de l'oiseau. Pour maximiser le volume et la vitesse de circulation de l'air à travers la largeur du bâtiment, les murs terminaux seront aveugles. Ainsi, l'air sera forcé de circuler latéralement même si le vent ne vient pas de côté. Une ventilation centrale n'est pas recommandée car elle ne favorise pas un courant d'air transversal. L'air pénètre du côté du vent dominant, est poussé vers le centre et sort par le faîte, en négligeant l'autre moitié du bâtiment.

Nids

Pour éviter une concurrence excessive et réduire le nombre d'œufs pondus sur le sol, il faut prévoir un nid pour cinq poules. Si l'on utilise des nids communautaires plus spacieux, un minimum d'un mètre carré sera nécessaire pour 50 oiseaux. Des paniers, pots ou boîtes en carton peuvent être utilisés comme nids. Les dimensions nécessaires pour un panier ou pot sont 25 cm de diamètre à la base, 18 cm de hauteur, et 40 cm de diamètre d'ouverture au sommet. Les nids seront placés dans un endroit abrité, à l'ombre, garnis de litière fraîche et maintenue propres. Les nids individuels seront construits sous forme de groupes multiples pour de plus grands effectifs de poules. Ils seront construits habituellement en bois et mesureront 30cms dans toutes les dimensions, avec une surface au sol d'environ 0,1 m2.

Perchoirs

Pendant la nuit la volaille préfère se jucher sur des perchoirs, réf. Ketelaars, E.H.(Editor) 1990, CTA Agridok 4, p.17 Fig 10. Small Scale poultry production in the tropics). Une longueur de perchoir de 15 - 20cm sera prévue pour chaque oiseau. Les oiseaux classés inférieurement dans la hiérarchie sociale pourront également utiliser les perchoirs pendant la journée. Chaque perchoir aura une section de 2-3cm. La longueur totale dépendra du nombre d'oiseaux présents. Les perches seront installées dans un quadrilatère et alignées horizontalement et parallèlement au mur, avec un plateau a déjection amovible situé 20cm en dessous. La première ligne de perchoirs sera placée à 20 - 25cm du mur, les suivantes à intervalle de 30 à 40cm. Le plateau à déjections jouxtera le mur du fond et s'étendra 30cms au-delà de la partie frontale des perchoirs, ce qui permettra aux oiseaux d'effectuer une pause lorsqu'ils voudront s'élever du sol pour se percher. Les plateaux à déjection seront situés à une hauteur maximale de 75cm au- dessus du sol et les perchoirs 20cm au-dessus des plateaux, afin de faciliter leur nettoyage. Les volailles déposent plus de la moitié de leurs déjections pendant la nuit et l'usage des plateaux à déjection facilite ainsi la propreté du sol. Le fumier peut être facilement collecté, séché et emballé dans des sacs à aliments vides avant d'être utilisé comme un excellent fertilisant azoté organique pour les végétaux. La surface située sous les plateaux peut, par la suite, être idéalement transformée en un nid communautaire.

Distribution d'aliment

Dans les systèmes intensifs et semi-intensifs, les poules pondeuses doivent avoir accès en permanence à l'eau et à la nourriture, et les mangeoires doivent être réparties uniformément à travers le poulailler. Dans le système semi-intensif, les volailles vagabondent pendant la journée à la recherche de leur nourriture, principalement à la recherche de protéines (avec comme sources les insectes, les vers et les larves), minéraux (pierres, gravillons et coquillages) et vitamines (feuilles vertes, fruits de palme, noix) tandis que les compléments énergétiques, tels maïs, sorgho et mil sont importants pour une productivité plus élevée et doivent être distribués. Au chapitre 3 traitant des Ressources Alimentaires, les composants et systèmes de nutrition sont passés en revue.

Mangeoires-nourrisseurs

Un bon nourrisseur devra être:

La hauteur de la nourriture à l'intérieur du nourrisseur qui, jamais, ne sera rempli plus qu'aux deux tiers, sera au niveau du garrot des oiseaux afin que ces derniers ne puissent souiller les mangeoires avec de la litière contaminée et afin de limiter le gaspillage de nourriture. Ceci est réalisé en ajustant la hauteur du nourrisseur. Afin d'éviter le gaspillage et les problèmes de moisissure, l'aliment sera distribué au lever du jour et aux environs de 14 heures (ou plus fréquemment dès que les mangeoires sont vides). Toute la nourriture doit être consommée au coucher du soleil. Les mangeoires peuvent être fabriquées en bois, feuille de métal ou bambou. Il est meilleur de les suspendre au toit afin d'écarter les rats. La hauteur du nourrisseur sera ajustable. Un complément de verdure sera fourni à hauteur du bec, soit en le suspendant au plafond soit en le déposant dans un filet ou une trémie disposée sur le sol dont les côtés sont en grillage ou en lamelles. Il ne sera pas jeté sur le sol.

L'espace de mangeoire se définit comme la distance linéaire de rebord disponible par oiseau. Ceci est représenté soit par la circonférence du plateau circulaire d'un nourrisseur tubulaire, soit par deux fois la longueur d'une mangeoire linéaire à double accès. Si cette dernière est utilisée, un espace de 10cms sera accessible à chaque oiseau. Pour les nourrisseurs circulaires, 4cms sont requis au minimum.

Tableau 4.3 Besoins en nourriture et en espace mangeoire pour 100 poulets

Age (semaines)

Consommation journalière (kg)

Profondeur de mangeoire suggérée (cm)

Espace mangeoire (m)

1 - 4

1.4 - 5.0

5

2.5

4 - 6

3.2 - 7.3

8

3.8

6 - 9

5.0 - 9.5

9

6.1

10 -14

7.3 - 15.9

12.5

9.6

15 et plus

9.1 - 11.4

15

12.7

«Creep feeders»

Ce type de nourrisseur permet aux poussins d'avoir accès (en rampant [creeping] par un petit orifice) à un aliment de haute qualité (énergie et protéines) alors que les oiseaux de plus grande taille, spécialement les mères, ne peuvent y accéder. Ce dispositif en forme de cône tronqué (ouvert au sommet et à la base) peut être fabriqué en tiges de bambou de 0,5 à 1 cm de large, attachées par du fil de fer ou de la corde. Le nourrisseur a un diamètre de 75 cm à la base, et une hauteur de 70 cm. Il a une ouverture d'accès de 20 cm au sommet, qui est renforcée de façon à former une anse pour le transport. Les espaces entre les lamelles sont de 2-3 cm à la base et d'environ 1 cm. au sommet. La flexibilité des tiges de bambou permet d'élargir les espaces d'entrée au fur et à mesure de la croissance des poussins. Si les poussins rechignent à quitter leur mère, une tresse plus épaisse les empêche de sortir dès qu'on les introduit dans le dispositif par l'ouverture supérieure. Le bambou peut être protégé des insectes par un enduit ou de l'huile de vidange usagée.

Une meilleure nutrition des jeunes renforce leur réponse immunitaire face aux maladies ou après la vaccination en développant une résistance intégrale. Gunaratne et al (1994b) ont noté que les taux de mortalité des poussins étaient réduits par l'emploi de ce type de nourrisseur mais que leur croissance n'était pas améliorée. Toutefois, si les déchets ménagers habituellement distribués étaient supplémentés en protéines, on constatait à la fois une amélioration de la croissance et du taux de survie des poussins (Roberts, 1994).

Le tableau 4.4 démontre que la ponte annuelle peut être doublée du fait de l'augmentation de temps disponible pour les poules pondeuses lorsque les poussins sont disposés dans un «creep feeder» après l'éclosion (Pratseyo, Subiharta and Sabrani, 1985). Si les espaces dans le nourrisseur sont ajustés, il peut également être utilisé par les sujets en croissance au-delà de huit semaines. S'ils ne reçoivent pas une ration complète, ils vont apprendre à rivaliser pour la nourriture avec leurs congénères.

Tableau 4.4 Effets du «creep feeding» sur la production en œufs du troupeau

Système utilisé

Période


juin

juillet

août

sept.

oct.

nov.

Seulement creep

31.5

28.7

27.3

21.8

21.4

33.0

Creep + Supplément pauvre

21.2

18.8

22.9

26.9

30.7

31.1

Creep + Supplément riche

24.3

24.5

32.5

34.1

27.4

31.1

Source: Gunaratne et al, 1993.

Distribution d'eau

La fourniture d'eau propre représente une priorité souvent négligée. La quantité d'eau, le type adéquat d'équipement et son emplacement sont d'importants facteurs. Le tableau 4.5 indique les taux de consommation d'eau en conditions chaudes et sèches. Les quantités peuvent être divisées par moitié en régions tempérées.

Tableau 4.5 Quantités d'eau minimales et espace d'abreuvement pour 100 oiseaux en conditions chaudes et sèches.

Age (semaines)

Consommation journalière (litre)

Espace d'abreuvement (m)

0 - 1

3

0.7

2 - 4

10

1.0

4 - 9

20

1.5

9 et plus

25

2.0

Pondeuse

50

2.5

Dans les pays où les ressources en eau sont importantes, comme le Bangladesh, le Vietnam, l'Indonésie, la Gambie, la Sierra Leone, le Congo ou l'Ouganda, le facteur prioritaire est la propreté de celle-ci. Dans d'autres régions, spécialement au Sahel et d'autres pays secs, récolter et transporter l'eau représente une tâche cruciale, généralement dévolue aux femmes et aux enfants. En saison des pluies, l'eau propre et la nourriture doivent être distribuées à l'intérieur du bâtiment, car les poules couveuses sont confinées afin d'éviter une faible éclosabilité résultant de la contamination par la boue et la saleté.

L'équipement le plus simple consiste en une boîte de conserve renversée sur une assiette à soupe ou sur le fond d'une boîte à conserve plus large. Un trou est percé à environ 2 cm au-dessus de fond ouvert de la boîte. Celle-ci est remplie d'eau, recouverte par l'assiette et rapidement retournée. La position du trou et le vide produit dans la boîte vont régulariser le niveau de l'eau dans l'assiette. Cet abreuvoir rustique fonctionne bien mais se rouille assez vite, surtout en régions tropicales humides. Un canari d'argile ou une gourde percés de trous sur les côtés et enfoncés dans le sol à fin de stabilité peuvent être utilisés comme abreuvoirs pour oiseaux adultes. Des pots d'argile de toutes dimensions peuvent être commandés auprès des potiers locaux. Du fait de leur perméabilité, ils refroidissent l'eau d'un demi degré Celsius par rapport aux autres abreuvoirs, du fait de la chaleur perdue par évaporation. Ceci suppose également une perte appréciable d'eau au cours du temps, spécialement dans les régions chaudes et sèches. De sorte qu'il est conseillé de vernir les pots pour les imperméabiliser. Si des abreuvoirs permanents sont utilisés, il faut prévoir 5 cm d'espace par oiseau. Alternativement, en cas d'utilisation d'abreuvoirs sucette ou coupelles, il faut prévoir une unité par 10 oiseaux.

CONDUITE DES POUSSINS 1er ÂGE

Les jeunes poussins doivent être gardés au chaud et au sec. Le nid qu'ils partagent la nuit avec leur mère doit rester propre. Dans les climats froids (moins de 20°C. pendant la nuit), le nid doit rester tiède; on le remplira de paille et on le maintiendra prés d'une source de chaleur. Les poussins resteront près de leur mère pendant neuf à dix semaines afin d'apprendre à rechercher leur nourriture et à se mettre à l'abri des prédateurs et autres dangers potentiels. Une eau de boisson claire et un aliment frais distribué dans un récipient propre seront fournis en supplément du picorage. Voir chapitre 3 «Ressources alimentaires» pour plus de détails. Il existe une relation étroite entre le poids du poussin et les taux de croissance et de mortalité. Dans un essai conduit sur l'utilisation du «creep feeder » pour supplémenter les jeunes poussins (Roberts et al, 1994), il a été démontré qu'un complément protéique avait un effet significatif sur les taux de croissance et de mortalité. Les poussins séparés de leur mère pendant la journée entre trois et dix semaines et complémentés avec un aliment démarrage poussin ad libitum, présentaient un taux de mortalité de 20 pour cent et un poids vif de 319 g à dix semaines, comparés à 30 pour cent et à 242 g pour les sujets du groupe de contrôle qui demeuraient avec leurs mères en permanence. Voir plus de détails ci-dessus dans la section consacrée à la technique du «creep feeding». En conséquence, une stratégie appropriée d'élevage des poussins pourrait se définir comme suit:

La composition du complément alimentaire dépendra des ressources picorables disponibles. Cependant un système cafétéria de libre choix fournissant protéines, énergie et calcium dans trois récipients différents peut représenter la solution de choix.

Le taux de mortalité des poussins couvés naturellement dont la seule source de nourriture est représentée par le picorage en divagation est très élevé et dépasse souvent plus de 50 pour cent jusqu'à l'âge de huit semaines. Wickramenratne et al (1994) notent que les prédateurs interviennent pour 88 pour cent de la mortalité avec un taux de survivance plus élevé pour les sujets colorés. Le taux de mortalité élevé et le grand nombre d'œufs requis pour l'incubation représentent les causes principales du faible taux de prélèvement observé dans les effectifs de volailles en système de divagation. Smith (1990) rapporte un taux de prélèvement (vente et consommation) de seulement 0,3 poulet (te) par poule/an dans une enquête effectuée au Nigéria. Ce faible taux a également été constaté en Inde et au Bangladesh.

Un moyen efficace de réduire ce taux de mortalité est d'enfermer et de vacciner les poussins pendant la période d'élevage. Cependant, ceci représente également une méthode coûteuse car le coût de l'aliment augmente fortement les coûts de production. Une méthode utilisée pendant les dix dernières années dans plusieurs projets de développement avicole au Bangladesh comporte le confinement des poussins pendant les huit premières semaines de vie. Il leur est distribué environ 2kg d'aliment équilibré pendant cette période. Ils sont ensuite élevés en conditions de semi-liberté. A huit semaines, ils sont moins susceptibles aux attaques des prédateurs et plus résistants aux maladies, du fait de leur poids corporel plus important et de leur immunisation vaccinale plus efficace, liée à leur meilleure conversion alimentaire.

HYGIÈNE

Traitement du fumier

Quel que soit le type de confinement, une attention correcte sera apportée au traitement du fumier. Une volaille adulte produit 500g de fumier frais - à 70% d'humidité - par an et par Kg de poids vif. Pour préserver son pouvoir fertilisant, le fumier sera séché avant stockage afin de réduire son taux d'humidité à 10-12 pour cent. Ceci permettra de préserver le maximum d'azote car celui-ci -sous forme d'urée - est le composé le plus volatil du fumier et s'échappe sous forme d'ammoniaque si l'humidité des déjections est trop élevée. Dans ce cas de figure, le fumier laisse échapper de l'ammoniaque, du dioxyde de carbone, de l'hydrogène sulfuré et du méthane, tous produits pouvant affecter la santé humaine. Certains de ces composants interviennent également dans l'effet de serre et contribuent ainsi au réchauffement du climat ambiant. Le fumier de volaille se révèle un excellent fertilisant organique, un bon aliment pour l'élevage et la pisciculture et un combustible de choix pour la production ménagère de biogaz.

Autres mesures d'hygiène

Une bonne ventilation empêche la dissémination des maladies et infections. Dans les abris de nuit, la fourniture de perches ou de nattes de bambou lâchement tressées - telles celles utilisées comme tamis - permettent de garder le sol sec.

Si les oiseaux sont gardés à l'intérieur, le sol sera nettoyé quotidiennement. Un abri pour volailles devra être nettoyé chaque semaine afin de rompre le cycle de reproduction de la mouche domestique. Celui-ci demande sept jours depuis la ponte jusqu'à la métamorphose adulte. De la cendre de bois ou du sable versé sur le sol empêche la multiplication des poux. Les boules de naphtaline mélangées à de la cendre peuvent également être déposées sur les plumes ou les ailes des oiseaux ou incorporées dans les bains de poussière. Si les oiseaux sont déjà infestés, il convient d'enfumer le logement (après avoir sorti les animaux) au moyen d'un chiffon porté à combustion dans du pétrole. Les poux survivent sur les oiseaux, et les bains de poussière avec de la naphtaline mélangée à de la cendre sont ainsi plus efficaces que la poussière seule.

Elever ensemble poulets et canards n'est pas recommandé. Cela entraîne l'humidification des sols, qui peut développer certaines maladies comme le choléra aviaire. Les canards sont également beaucoup plus tolérants à la maladie de Newcastle que les poulets, et, de ce fait, souvent porteurs du virus. Adultes et jeunes de toutes espèces seront logés séparément afin d'éviter des infections croisées ainsi que les blessures par agression.

CONDUITE DE L'ÉLEVAGE EN LIBERTÉ

La conduite de la volaille en système de liberté représente souvent un problème. Elle divague souvent dans les terrains et les jardins voisins, et est constamment en danger face aux prédateurs. La claustration n'est souvent pas pratique, vu le prix de la nourriture et des clôtures, tandis que la surveillance n'est possible que si des membres de la famille très âgés ou très jeunes disposent de temps libre à cet effet. Clôturer les potagers représente dans beaucoup de cas la meilleure option. Introduire plus de coqs au niveau du village peut réduire les mouvements de volailles, car les poules et coqs d'une même bande sont plus attachés à leur propre territoire. Les coqs bougent dans une zone de dix à douze maisons, les poules entre deux ou trois habitations.

Dans le système en liberté, la différence enregistrée entre la quantité de nourriture récoltée par picorage et celle nécessaire à une production maximale sera rééquilibrée par un aliment complémentaire. Pour préparer celui-ci, il convient de connaître en préalable la B.A.R.P. et la composition du contenu des jabots. (voir Chapitre.3). Si cette dernière n'est pas quantifiée, il est recommandé que la volaille ait accès par un système cafétéria de libre choix à trois récipients (ou trois compartiments d'un nourrisseur en bambou) contenant un concentré protéique, une source d'hydrates de carbone (énergie) et une source minérale (principalement pour le carbonate de calcium nécessaire à la coquille de l'œuf). La volaille aura libre accès à ce dispositif pendant deux ou trois heures durant la soirée afin de compléter le picorage diurne.

Du point de vue des ressources alimentaires, cette recommandation n'est seulement économiquement rentable que si la consommation d'aliment complémentaire n'excède pas 180 g par œuf produit. Une consommation dépassant 150 g ne se justifie que si cet aliment est moins cher que celui trouvé dans le commerce utilisé en aviculture intensive. En général, les compléments de ce type sont utilisés à raison de 50 à 80g par jour et par oiseau, ce qui les rend rentables. Les variations saisonnières de la BARP. ont un effet substantiel sur la production. Pendant la saison sèche, la nourriture picorée dans les jardins, les cultures céréalières et les terrains vagues s'amenuise alors que la qualité et la quantité de déchets ménagers se réduisent. Le complément alimentaire devrait ainsi être ajusté selon la saison afin de maintenir une production optimale ou, alternativement, la population de volailles devra être ajustée au montant de la BARP et au complément alimentaire.

Les poules en claustration nourries avec un aliment équilibré ont un taux de conversion habituel de 2,8 soit 2,8 grammes par gramme d'œuf produit.

Des changements uniquement dans le mode d'élevage peuvent accroître la productivité des volailles villageoises picoreuses, sans nécessité d'intrants supplémentaires. Dans un verger, une densité de 120 à 180 oiseaux/ha va à la fois nettoyer les fruits tombés par le vent et fertiliser les arbres. Dans cet exemple, la quantité de fertilisant produite à l'hectare par 150 poules de 2 kg se calcule sur la base de 500 g de fumier frais à 70 pour cent d'humidité produit annuellement par kg de poids vif. Ceci correspond à 330 g de fumier sec à 10 pour cent d'humidité par poule et par an. Les 150 poules produiront ainsi 49,5 kg de fumier sec annuellement. La valeur fertilisante équivaut à un engrais à 13 pour cent de nitrate d'ammonium, 8,6 pour cent de superphosphate et 2,9 pour cent de potasse. Les 150 poules produiront donc l'équivalent de 6,4kg de nitrate d'ammonium, de 4,3 kg de superphosphate et de 1,4 kg de potasse par hectare et par an.

Planification de la production et de la taille du troupeau

Les productions avicoles sont représentées par la viande et les œufs. Pour chacune d'entre elles, le nombre de sujets représente le facteur le plus important. La configuration du troupeau change constamment en fonction de l'éclosion des œufs et de la vente ou de la consommation de poules. La cause la plus importante de la réduction du troupeau est la mortalité, particulièrement chez les poussins. La maladie représente le facteur de mortalité le plus courant, spécialement pendant la saison des pluies ainsi qu'aux périodes de forte humidité caractérisant les changements de saison. Durant l'été, tout comme en saison des pluies, les prédateurs contribuent également à réduire la taille des troupeaux dans les terrains cultivés. Les races locales produisent en moyenne 3 ou 4 couvées de 12 à 15 œufs par an, dont la majorité en période de récoltes du fait d'une plus grande disponibilité en nourriture. Dans la plupart des systèmes fermiers traditionnels, il est nécessaire pour maintenir un effectif constant de garder 8 à 10 œufs pour la reproduction ce qui laisse en moyenne 35 à 40 œufs pour la vente ou la consommation. Du fait qu'avec une meilleure conduite de l'élevage, le nombre d'œufs nécessaire au remplacement va diminuer, il en résultera un surcroît d'œufs pouvant être vendu ou mangé.

La majorité des œufs sont pondus pendant la première moitié de la matinée. Pendant les mois de ponte, la situation du nid ne sera pas modifiée, car cela pourrait perturber les habitudes de ponte.

Dans les troupeaux villageois, le revenu provient de la vente d'œufs et d'oiseaux vivants. A titre d'exemple, un troupeau d'un coq et de 15 poules pondant chacune 30 œufs par an, produisent 450 œufs. 120 de ceux-ci seront incubés en 10 couvées de 12 œufs. 100 poussins peuvent éclore et 30 œufs fêlés peuvent être consommés, ce qui laisse 300 œufs pour la vente. Parmi les 100 poussins d'un jour, 30 peuvent atteindre la maturité (70 pour cent de pertes) dont 15 poulettes et 15 coquelets. Les 15 poulettes remplaceront les vieilles poules, dont 10 seront réformées et vendues de même que le coq qui sera remplacé par un coquelet. Le revenu annuel sera donc:

300 œufs + 10 poules de réformes + un coq de réforme + 14 coquelets.

Pour améliorer la productivité, une réforme rationnelle est importante et les oiseaux les plus productifs seront soigneusement sélectionnés. Pour raison de simplicité, l'exemple ci-dessus ne prévoit pas de mortalité adulte.

ÉTUDES DE CAS DE CONDUITE D'AVICULTURE FAMILIALE

Système en liberté au Ghana

Dans ce système en liberté traditionnel pratiqué par la tribu Mamprusi au nord du Ghana (van Veluw, 1987), le fermier relâche chaque matin ses 19 poules et six pintades de l'espace aménagé sous le grenier à grains. Des grains sont jetés au sol pour nourrir les oiseaux. Pendant la journée, un jeune garçon prend soin de ceux-ci et protège les cultures de leur divagation. Eventuellement, le garçon distribuera un morceau de termitière et le soir, après avoir ramené le troupeau, il l'enfermera sous le grenier.

Les poules pondent tout au long de l'année, les pintades seulement en saison des pluies. Les poules produisent 20 à 40 œufs par an et les pintades 50. La plupart des œufs sont destinés à l'incubation. Comme les pintades ne sont pas bonnes mères, ce sont les poules qui couvent leurs œufs. La couvaison se poursuit tout au long de l'année quoique la majorité des poules couvent plutôt en saison pluvieuse. Un cycle de reproduction (ponte, couvaison, éclosion, soin des poussins et repos) dure environ 20 semaines. La mortalité des jeunes poussins est élevée et avoisine les 75 pour cent. Elle est due principalement aux maladies, prédateurs et accidents de la route. Deux poussins seulement sur dix atteignent l'âge adulte. La maladie de Newcastle décime une grande partie des volailles en saison sèche. Les vers, parasites internes, représentent un grave problème car ils affaiblissent les oiseaux. Les prédateurs comprennent les serpents, les oiseaux de proie, les chats et les chiens. La mortalité jusqu'à deux mois est de 50 pour cent, avec 25 pour cent supplémentaires avant la maturité sexuelle.

L'éclosabilité des œufs de pintades est très faible (45 pour cent) comparée à celle des poules (72 pour cent). Les fermiers gardent leurs pintades jusqu'à deux ans. La productivité décroît ensuite considérablement et les animaux sont réformés.

Tableau 4.6 Production totale annuelle d'un troupeau avicole Mamprusi


Poules

Pintades

Production totale


Troupeau

Production

Troupeau

Production


Coqs

3

1

2

1

2

Poules

9

3

4

2

5

Coquelets

2

22

-

-

35

Poulettes

5

19

-

13

30

Œufs /femelles

-

45(20)

-

65(50)

110(380)

Poules pondeuses hybrides commerciales en divagation au Sri-Lanka

Dans une étude menée par Roberts et Senarathe (1992), les villageois srilankais ont élevé des poules pondeuses de souche hybride dans un système de semi-divagation. Les poussins d'un jour étaient élevés à la chaleur d'une petite lampe au kérosène. Les poussins étaient livrés avec un peu d'aliment composé à base de sous-produits locaux, comprenant 40 pour cent de polissures de riz, 50 pour cent de farine de tourteau de coprah, et 10 pour cent de brisures de riz. L'analyse chimique de ce complément révélait 16 pour cent de protéine brute, 8 pour cent de matière grasse, 7 pour cent de fibre brute et 7 pour cent de cendres.

La quantité de complément distribué s'est élevé de 8 à 60 g/oiseau/jour de 0 à 12 semaines pour s'établir ensuite à 60 grammes journaliers. Le gain de croît quotidien moyen était de 38g jusqu'à 20 semaines et le taux de mortalité seulement de 4 pour cent, comparé à 68 pour cent jusqu'à 6 semaines en Indonésie (Kingston et Kreswell, 1982) et 25 pour cent jusqu'à 8 semaines en Thaïlande (Thitisak et al, 1989) chez des poussins couvés et élevés par des poules villageoises. L'avantage comparatif du système srilankais a été attribué à la complémentation alimentaire et à la protection contre les prédateurs, fournies dans le système semi-intensif. Il est probable que les poussins ont également profité d'un système simple de creepfeeding pour la distribution des restes de cuisine. Dans l'exemple srilankais, le taux de mortalité s'est accru après le huitième mois et a atteint prés de 60 pour cent de pertes cumulées à 12 mois. Ceci est peut-être du au fait d'une plus grande propension des animaux à vagabonder à la recherche de leur nourriture. Parmi les 142 pertes enregistrées à 13 mois, des données ont été récoltées pour 92 sujets. Les causes de mortalité furent:

Les poules pondent leurs premiers œufs à l'âge de 21 semaines (146 jours), quoique 40 pour cent de la production (sur la base poule/jour) ne soient pas atteints avant 30 semaines. Le pic de production a dépassé de peu les 60 pour cent. Une chute sévère de la production, qui a débuté au moment où les poules atteignaient huit mois, a coïncidé avec un épisode de maladie de Newcastle sur les volailles locales villageoises et le début de la longue période d'inter- mousson. La production a chuté jusqu'à moins de 30 pour cent alors que les poules avaient 10 mois et a progressivement remonté jusqu'à plus de 60 pour cent à 13 mois. La récupération de la production a débuté en saison sèche et s'est maintenue jusqu'à la saison suivante. La production d'œufs s'est révélée comparable à celle de pondeuses de souches hybrides, introduites sous forme de poulettes, avec fourniture d'un supplément alimentaire et autorisées à picorer.

La production était nettement meilleure que les 12 à 21 pour cent enregistrés dans les volailles villageoises indonésiennes (Kingston and Creswell, 1982) et thaïlandaises (Janviriyasopaki et al, 1989) and (Creswell and Gunawane, 1982). Le poids des œufs enregistré par Roberts et Senaratne (1992) était de 60 g, comparé aux 40 g des volailles villageoises. (Kinston et Crerswell, 1982)

Système en liberté au Sénégal

Dans une étude menée en milieu fermier au Sénégal (Sall,1990), la taille des troupeaux a varié de 5 à plus de 15 oiseaux, avec une moyenne de 10 sujets. 7 pour cent des effectifs étaient inférieurs à 10 oiseaux, 41 pour cent entre 10 à 15 et 14 pour cent, plus de 15 animaux,

Les troupeaux de moins de 5 sujets avaient récemment enregistré des pertes ou comprenaient des poules qui n'avaient pas fini de couver leurs œufs. La taille a varié considérablement au long de l'année soit positivement (éclosions, achats et dons) soit par ventes ou pertes de poussins par maladie ou prédateurs. Les oiseaux étaient autorisés à divaguer pendant la journée et, pendant la nuit, étaient enfermés dans des cages de bois (ngounou) à l'abri des prédateurs. Ces cages étaient fabriquées à la ferme à partir de matériaux disponibles (briques, feuilles de fer galvanisé et bois). Les portes du local étaient étroites pour empêcher l'accès aux voleurs et prédateurs. La densité des cages était de 25 oiseaux /m2. Nourriture et eau étaient distribués dans de vieilles casseroles, des calebasses ébréchées, des plats et des pots, afin de supplémenter déchets de cuisine et picorage.

La proportion du troupeau en jeunes poussins et en sujets en croissance était de 60 pour cent, les adultes représentant 40 pour cent. La mortalité au cours du premier mois était de 40 pour cent. Quatre à cinq couvées étaient produites annuellement avec une moyenne de 8 à 15 œufs par couvée. Le poids des œufs se rangeait entre 38 et 43 grammes avec une moyenne de 40 g. Tous les œufs étaient mis à l'incubation, avec une éclosabilité de 80 pour cent. Ce cycle de production s'étalait sur huit à dix semaines (10 - 15 jours pour la ponte, 21 jours pour l'incubation, et seulement 34 jours pour l'élevage des jeunes). Les poussins restaient prés de leur mère pendant les deux premières semaines avec un taux de mortalité relativement faible de 14 pour cent. Dès qu'ils quittaient la protection rapprochée de leur mère, la mortalité s'accroissait critiquement jusqu'à 40 pour cent entre trois et quatre semaines et jusqu'à 66 pour cent à trois mois. De même, le gain quotidien moyen enregistré dans ce système extensif diminuait de 10 g à huit semaines à 6 g à 12 semaines.

Tableau 4.7 Structure du troupeau villageois dans le cas du Sénégal (Sall, 1990)

Age (mois)

Nombre

Males

Nombre

Femelles

Total %

0 - 1

-

-

-

-

320

50.5

1 - 3

-

-

-

-

99

15.6

3 - 6

34

5.4

84

13.3

118

18.6

6 - 8

2

0.3

21

3.3

23

3.6

8 - 10

1

0.2

19

2.9

20

3.2

10 +

15

2.4

39

6.2

54

8.5

Total

52

8.3

163

25.6

634

100

Tableau 4.8 Mortalité liée à l'âge chez les volailles locales au Sénégal

Age (Semaines)

% Mortalité (cumulative)


13 +/- 5


15 +/- 9


39 +/-20


42 +/-20


49 +/-20


66 +/-17

Source: Sall, 1990. p.37

Tableau 4.9 Poids corporel des volailles locales au Sénégal

Age

Nombre

Mâles

Nombre

Femelles

Nombre Mâles

Femelles

1 semaine

-

-

-

-

81

34+/- 5

2 semaines

-

-

-

-

75

58+/- 10

3 semaines

-

-

-

-

66

101+/- 43

1 mois

-

-

-

-

98

171+/- 70

2 mois

-

-

-

-

41

464+/-242

3 mois

-

-

-

-

58

631+/-211

4 mois

29

975+/- 20

63

746+/-170

92

860

6 mois

5

1380+/-150

21

1229+/-165

26

1305

8 mois

2

1826+/- 75

21

1264+/-183

23

1544

10 mois

1

1500

19

1245+/-150

20

1372

+1 an

15

1803+/- 4

39

1350+/-223

54

1577

Source: Sall, 1990.


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