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Chapitre 8. Analyse comparative


8.1 Importance relative du coût et de la valeur des subventions

Les estimations établies ci-dessus concernant les subventions aux pêches constituent de précieuses indications; toutefois, une meilleure appréciation de la signification des valeurs ainsi obtenues exige un élément de comparaison. La valeur pour l'industrie d'une subvention pourrait par exemple être mise en rapport avec le chiffre d'affaires total du sous-secteur concerné, ou encore les dépenses totales des pouvoirs publics pour les subventions aux pêches pourraient être exprimées en pourcentage de la valeur ajoutée totale créée par le secteur des pêches[18] et comparées avec les ratios analogues établis pour d'autres secteurs.

Le choix des ratios à calculer dépend évidemment de l'objectif de l'analyse: par exemple, les subventions aux pêches doivent-elles être comparées par rapport à d'autres secteurs de l'économie ou aux pêches d'autres pays, ou encore faut-il mesurer l'évolution - accroissements ou diminutions de divers types de subventions aux pêches - dans le temps? On trouvera ci-dessous plusieurs exemples de ratios susceptibles d'être calculés. Les ratios peuvent être calculés soit pour l'ensemble du secteur des pêches, soit pour différents sous-secteurs ou groupes d'entreprises, selon le champ et l'objectif de l'étude.

Pour pouvoir effectuer des analyses au niveau international, il convient de veiller à la pertinence des ratios calculés pour établir des comparaisons transfrontières ainsi qu'à la compatibilité des données utilisées. Les conditions variées - naturelles, économiques et sociales - dans lesquelles opère l'industrie de la pêche des différents pays déterminent les valeurs relatives des subventions aux pêches, lesquelles ne sont pas nécessairement directement comparables. Il ne faut pas non plus oublier que les arrangements institutionnels et les ressources dont dispose le secteur public sont très variables d'un pays à l'autre, aspect dont la prise en compte est impérative dans le cadre des comparaisons internationales.

ENCADRÉ 23
Exemple d'analyse des coûts et des revenus

Dans le cadre de l'étude des subventions aux pêches au Seidisbus, le secteur des pêches à la crevette fait l'objet d'une analyse des coûts et des revenus. En 2000, six entreprises opéraient dans cette pêcherie au moyen de huit navires au total. Quatre de ces entreprises ont communiqué des comptes de résultats concernant six des navires. Il a été supposé que les deux autres entreprises opéraient dans des conditions voisines de celles qui ont été interrogées; l'extrapolation des données obtenues a donc permis d'établir un compte de profits et pertes pour la pêcherie à la crevette considérée dans son ensemble. Les huit navires étaient tous du même type et de la même taille, bien que d'âges très différents; le plus récent venait juste d'être mis en service, tandis que le plus ancien était utilisé depuis près de 25 ans. L'âge moyen de la flotte a été estimé à 8 ans. Le coût du navire neuf a été évalué à environ 10 000 000 de dollars EU, d'après les données de la capitainerie nationale. Toutefois, il existe en outre un important marché de l'occasion dans la région et la valeur moyenne des navires de la flottille a été estimée à 6 000 000 de dollars EU à raison d'une durée de vie de 15 ans. La valeur actuelle totale de la flotte s'élève donc à 48 millions de dollars EU. Le taux d'intérêt commercial facturé actuellement pour ce type d'investissement étant de 15%, la durée d'emprunt est généralement du même ordre que la durée de vie économique de l'investissement, soit 15 ans en l'occurrence, avec des remboursements dus à la fin de chaque année.

Au sujet des subventions, nombre des exemples de subventions mentionnés à la section 6 (récapitulés à la figure 9) se rapportaient à la pêcherie à la crevette du Seidisbus. Faisaient exception à cette règle le programme d'aide à l'investissement (encadré 6) et la restructuration du sous-secteur des écloseries de crevettes (encadré 8) qui concernaient exclusivement le sous-secteur de l'aquaculture, la subvention liée à l'intégration au secteur public des installations d'accostage (encadré 8), la création de débarcadères le long du littoral pour les pêcheurs artisanaux (encadré 15), le paiement de la cotisation au comité régional des pêches chargé de la gestion des stocks de petits pélagiques (encadré 19) et les coûts supplémentaires liés à l'acquisition des nouveaux dispositifs d'exclusion des tortues déjà utilisés par les pêcheurs (encadré 18).

Le programme de garantie de revenu (subvention de catégorie 1) a bénéficié aux pêcheurs travaillant à bord des chalutiers crevettiers. Toutefois, on ne dispose pas de données quant aux montants payés individuellement aux pêcheurs; il a donc été supposé que le programme avait permis également aux pêcheurs de la flotte semi-industrielle et des crevettiers d'en bénéficier: 120 (effectif des employés de la flotte de crevettiers): 370 (effectif total des employés de la flottille de pêche semi-industrielle et des crevettiers) x 450 000 (valeur de la subvention pour le secteur = 145 900.

Les six entreprises visaient toutes le marché à l'exportation et étaient dotées de leur propre structure de commercialisation et de distribution. Les exportations de crevettes représentaient 90% de la valeur totale des exportations de poisson en 2000. Quatre entreprises avaient participé à la foire commerciale de 2000/2001 organisée par le Conseil de l'exportation (subvention de catégorie 2).

90% des 75 000 $EU (proportion des pêcheries dans le budget du Conseil de l'exportation) plus 4/30 (proportion des participants de l'industrie crevettière à la Foire internationale) de 12 000 $EU (fraction des coûts de la Foire commerciale afférente aux pêches) = 69 100.

Pour la réduction de la taxe sur le carburant (catégorie 2) on disposait de relevés des remboursements perçus par les bénéficiaires. Les flottes de crevettiers avaient reçu au total 550 000 $EU dans le cadre de ce programme.

La FAO et en particulier le projet de gestion des pêches maritimes (catégorie 2) ont joué un rôle important pour les pêches crevettières, sans doute plus que pour beaucoup d'autres composantes du secteur. Il a donc été jugé approprié d'attribuer à la flotte crevettière 75% de la valeur pour le secteur soit: 75% de 201 750 = 151 300.

Le même pourcentage de la subvention de gestion de pêches (catégorie 3) a été attribué à la pêche crevettière: 75% de 2 000 000 = 1 500 000. La subvention sous forme de liberté d'accès (catégorie 4) a concerné la pêche crevettière proportionnellement à la valeur des débarquements, c'est-à-dire 4% de 35 millions = 1 400 000.

COMPTE GÉNÉRAL DE PROFITS ET PERTES - FLOTTE CREVETTIÈRE ($EU) 2000

Poste

Montant réel: corrigé des coûts d'amortissement et des frais financiers

Subvention

Montant de la subvention

Montant subventions déduites

REVENUS

REVENUS DES VENTES

38 000 000

FAO Conseil de l'exportation
Gestion

151 300
69 100
1 500 000

36 279 600

FRAIS DE FONCTIONNEMENT

FRAIS D'EXPLOITATION (VARIABLES)

17 000 000

Réduction sur le carburant

550 000

17 550 000

FRAIS DE MAIN-D'ŒUVRE

5 000 000

Garantie de revenu

145 900

5 145 900

FRAIS FIXES

3 000 000

Libre accès

1 400 000

4 400 000

MARGE BRUTE D'AUTOFINANCEMENT

13 000 000



9 183 700

DÉPENSES EN CAPITAL ET CHARGES FINANCIÈRES

AMORTISSEMENT

3 200 000



3 200 000

FRAIS FINANCIERS

500 000



500 000

PROFIT OU PERTE AVANT IMPÔT/TOTAL SUBVENTIONS

9 300 000


3 816 300

5 483 700

IMPÔT

IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS (15%)

1 395 000



822 555

PROFIT OU PERTE APRÈS IMPÔT

7 905 000



4 661 145

8.2 Ratios financiers

Outre les ratios plus généraux passés en revue ci-dessus, il se peut que nous cherchions également à exploiter davantage les résultats de l'analyse des coûts et des revenus. Les calculs effectués d'après les comptes de résultats - examinés au chapitre 7 ci-dessus permettent de calculer différents ratios financiers et d'évaluer ainsi les résultats économiques avec et sans subventions. Selon la taille de notre échantillon et le nombre de sous-secteurs pris en compte dans l'analyse des coûts et des revenus, des ratios moyens pour différentes branches de l'industrie peuvent être estimés et analysés. Les ratios suivants pourraient par exemple être calculés:

ENCADRÉ 24
Ratios - Exemple

Au Seidisbus, les ratios suivants sont calculés dans le cadre de l'étude sur les subventions aux pêches:

1. Coût pour les pouvoirs publics (ensemble des subventions) divisé par le nombre total d'employés dans le secteur des pêches: 7 473 750 (d'après la figure 9)/16 580 (d'après l'encadré 22) = 451 $EU par employé.

2. Coût pour les pouvoirs publics (uniquement les subventions des catégories 1 et 2) divisé par le nombre total d'employés dans le secteur des pêches: 2 418 750 (d'après la Figure 9: 7 473 750 - 35 000 - 2 000 000 - 2 900 000)/16 580 = 153 $EU par employé.

3. Coût pour les pouvoirs publics (à l'exception des subventions à l'aquaculture) divisé par la valeur des captures au débarquement: 4 583 750 (d'après la figure 9: 7 473 750 - 770 000 - 120 000)/75 000 000 (d'après l'encadré 22) = 9%.

4. Valeur pour l'industrie (ensemble des subventions) divisée par la valeur débarquée des captures et par la valeur de la production aquacole: 9 648 750 (d'après la figure 9)/103 000 000 (75 000 000 + 28 000 000 d'après l'encadré 22) = 9%.

5. Valeur pour l'industrie (subventions destinées uniquement aux pêches à la crevette) divisée par les profits avant impôt de la flotte crevettière: 3 816 300 (d'après l'encadré 23)/9 300 000 (d'après l'encadré 23) = 41%.


ENCADRÉ 25
Ratios financiers - Exemple

Au moyen des informations concernant la pêcherie aux crevettes du Seidisbus (encadré 23) les ratios financiers suivants peuvent être calculés:

1. Rentabilité des ventes

  • Chiffre d'affaires réel: 9 800 000 (revenu net avant charges financières: 9 300 000 + 500 000 divisé par 38 00 000 (chiffre d'affaires) = 26%.

  • Montant - subventions: 5 983 700 (revenu net avant charges financières: 5 483 700 + 500 000)/37 779 600 (chiffre d'affaires) = 16%.

2. Rentabilité des investissements

  • Résultats réels: 9 800 000 (revenu net avant charges financières: 9 300 000 + 500 000) divisé par 48 000 000 (valeur comptable de l'ensemble des actifs supposée égale à la valeur de remplacement des navires) = 20%.

  • Montant moins subventions: 5 983 700 (revenu net avant charges financières: 5 483 700 + 500 000)/48 000 000 (valeur comptable de l'ensemble des actifs supposée égale à la valeur de remplacement actuelle des navires)= 12%.

Il serait par ailleurs intéressant d'examiner la variation de la capacité financière et des taux de solvabilité; la fiabilité de tels calculs serait néanmoins sujette à caution, puisque l'incidence à long terme des subventions sur l'entreprise n'est pas connue. La capacité financière et les ratios de solvabilité sont établis à partir d'informations tirées du bilan; ce dernier document doit être ajusté en fonction des subventions, de même que le compte de profits et pertes, de façon à pouvoir calculer des ratios significatifs. Le compte reflète à court terme l'activité de l'entreprise et s'avère plus facile à ajuster avec un niveau de fiabilité acceptable. Le bilan constitue la comptabilisation à long terme des transactions de l'entreprise. Aussi, l'ajustement du bilan en fonction des subventions impliquerait, outre l'analyse historique des effets directs des subventions, des hypothèses quant à l'ensemble des décisions d'investissement et des choix économiques déclenchés par les effets indirects des subventions au cours du passé. En fait, la fiabilité du dernier ratio de rentabilité évoqué ci-dessus, c'est-à-dire le taux de rentabilité des investissements, pourrait être mise en cause, puisqu'il utilise un poste du bilan (les actifs totaux) au dénominateur.


[18] La valeur ajoutée créée par le secteur des pêches est souvent désignée par l'expression PIB du secteur des pêches.

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