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16 La diversité biologique agricole en Mauritanie. Esquisse d'un plan d'action sur l'agro-biodiversité - MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE L'ENVIRONNEMENT


I. VUE D'ENSEMBLE DU PAYS

1.1 Superficie

Pays de transition entre le Sahara et le Sahel, la République Islamique de Mauritanie est limitée à l'ouest par l'Océan Atlantique (sur une côte de 900 km), au sud, à l'est et au nord par les pays du Sénégal, Mali et Algérie.

Avec une superficie globale de l'ordre de 1.030.000 km², la Mauritanie est située entre les latitudes 27°20 et 14°45 nord (plus grande distance nord-sud: 1.400 km environ) et entre les longitudes 5° et 17° ouest (plus grande distance est-ouest: 1.300 km environ).

1.2 Population Humaine

La population résidante totale s'établissait en novembre 2000 à 2.508.159 habitants, dont 2.379.996 résidaient en milieu sédentaire et 128.163 en milieu nomade. En 1988, la population était de 1.864.236 habitants dont 225.238 résidaient en milieu nomade. Le taux de croissance moyen annuel entre 1988 et 2000 est de 2,4 %.

1.3 Notre vision nationale de la diversité biologique

La nature très diversifiée dans laquelle nous vivons, représente une valeur inestimable tant au point de vue écologique, économique, social, esthétique et culturel. Il est donc impératif de la conserver en l'état pour une utilisation durable.

Principes directeurs:

Les valeurs de la biodiversité sont d'ordre intrinsèque, écologique, économique, social, culturel et spirituel.

Compte tenu de ses multiples valeurs bénéfiques, la biodiversité occupe une place prioritaire dans les préoccupations du gouvernement mauritanien en faveur d'un développement durable.

La conservation in situ de la biodiversité est le meilleur remède pour le maintien des écosystèmes.

Des mesures ex-situ peuvent être nécessaires pour appuyer la conservation de certaines espèces et de certaines populations et sont essentielles pour assurer l'utilisation durable des ressources agricoles, forestières et aquatiques.

La conservation et l'utilisation durable de la biodiversité relèvent de la responsabilité de tous les Mauritaniens, ils doivent être impliqués étroitement dans les prises de décisions à tous les niveaux.

Une gestion rationnelle et une approche écosystémique sont des conditions sine qua non pour une meilleure conservation de la biodiversité et une utilisation durable des ressources biologiques.

Une attention particulière doit être accordée à la préservation et au développement des connaissances, aux innovations, aux traditions et aux pratiques des collectivités autochtones et locales.

La conservation des gènes, des espèces et des écosystèmes exige une action concertée à tous les niveaux (communal, départemental, national, régional et mondial), ainsi que le partage des connaissances, des coûts et des avantages.

II. RESSOURCES VEGETALES

2.1 Ressources agricoles

Problématique

En Mauritanie, l'agriculture est fortement tributaire de la situation géographique du pays. Les terres arables (pluviales, décrues, oasis et irriguées) ne représentent que 502.000 ha. Le potentiel irrigable du pays est de 137.000 ha dont seulement 33.600 sont actuellement aménagés et consacrés à la production intensive du riz, le reste étant occupé par le maraîchage. Le potentiel en pluvial varie entre 5.000 ha, les années de faible pluviosité, et 220.000 ha.

En zone oasienne, la composante agricole repose essentiellement sur le palmier dattier. L'agriculture oasienne, traditionnellement irriguée, a joué, au cours de son évolution, un rôle social particulièrement important, ayant permis la sédentarisation des populations locales. Elle a récemment évolué vers une activité économique à grande valeur ajoutée.

Dans l'ensemble, les productions agricoles ne couvrent que 40 % des besoins alimentaires de la population. Le déficit est structurel et le pays est importateur net de produits alimentaires.

Le secteur rural tient une place importante dans l'économie, occupant environ 60 % de la population et contribuant pour plus de 22 % à la formation du PIB, soit environ 16 milliards d'Ouguiyas en 1997. L'agriculture proprement dite contribue à elle seule à 4,7 % du PIB.

Face au rétrécissement des superficies cultivables consécutif aux différentes sécheresses et à la mauvaise gestion des terres, bon nombre de ressources phytogénétiques essentielles à la sécurité alimentaire et au développement futur de l'agriculture sont aujourd'hui menacées. Parmi celles-ci figurent des espèces qui fournissent les cultures vivrières de base.

L'agro-biodiversité en Mauritanie est menacée à plusieurs égards:

disparition progressive de plantes sauvages importantes pour l'alimentation et d'espèces sauvages endémiques apparentées à des plantes cultivées;

concentration de la production alimentaire autour d'un nombre réduit de céréales cultivées et d'espèces sauvages apparentées;

absence de mesures adéquates de protection des cultivars et des semences;

absence de programmes nationaux en matière de formation agricole;

pression démographique entraînant l'exploitation de sols pauvres;

salinisation des terres agricoles causée par la mauvaise gestion des niveaux d'eau des milieux humides;

mauvaise gestion des pesticides et engrais;

non valorisation des connaissances et des pratiques agricoles traditionnelles;

faible intégration de l'agriculture, du pastoralisme et de l'exploitation des ressources ligneuses.

Dans la région de Guidimakha, zone de très grand potentiel agricole, un tiers des sols sont affectés par l'érosion hydrique qui y est particulièrement sévère. La zone est affligée par un manque de main d'œuvre et une production agricole stagnante, de vastes superficies étant laissées en friche. La sous-exploitation de cette région est causée en grande partie par son enclavement qui rend difficile l'acheminement des productions vers les marchés urbains.

Objectifs

Intégrer aux programmes et politiques agricoles existants des considérations sur la protection et la mise en valeur de la biodiversité.

Élaborer et appliquer des méthodes et des techniques améliorées qui réduisent les effets néfastes de l'agriculture sur l'environnement et permettent de maintenir l'intégrité de l'écosystème du sol et de la biodiversité.

Assurer la sécurité alimentaire et promouvoir le développement et la diversification de la production agricole sans épuiser les ressources ni dégrader l'environnement.

Valoriser le potentiel agricole dans les zones sous-exploitées.

Promouvoir la domestication et la valorisation des espèces sauvages.

Assurer la protection de la diversité agrobiologique nationale.

Adopter une approche plus intégrée de la gestion du pastoralisme, de l'agriculture, de la pêche et des ressources forestières.

Options stratégiques

Diversifier la production par la combinaison de cultures irriguées, de cultures de décrue, de cultures pluviales, de l'élevage et de la pêche.

Suivre, améliorer et étendre les réformes en cours en vue d'encourager les investissements privés et l'intervention des opérateurs privés dans le secteur agricole.

Diversifier les activités rurales dans les zones de cultures pluviales. Par exemple, valoriser Nymphaea lotus et Oryza barthii comme plantes aquatiques alimentaires et Sporobolus robustus comme plante à valeur artisanale (fabrication des nattes).

Favoriser l'intégration des activités de production agricoles et d'élevage (zones humides, oasis et parcours pastoraux) par la mise en place de mesures de gestion participatives.

Promouvoir la recherche et le développement de technologies adaptées au besoin spécifique de chaque filière.

Promouvoir les cultures oasiennes (en particulier l'arboriculture fruitière).

Mener des campagnes de sensibilisation et de formation des populations locales sur l'application de normes d'aménagement et de mise en valeur agricole, la lutte contre les effets néfastes du vent, le suivi phytosanitaire, la protection des végétaux et la protection de l'environnement.

Dans la région de Guidimakha, appuyer une production agricole respectueuse de l'environnement (assurer la protection du couvert végétal et des zones boisées), protéger les sols contre l'érosion et favoriser l'accès aux marchés urbains.

Promouvoir les échanges d'informations agricoles au niveau local, national et international.

Assurer aux techniciens agricoles une formation sur les méthodes de collecte et de conservation des ressources phytogénétiques locales.

Actions en cours

Projet Oasis (financé par le FIDA et le FADES), dont la deuxième phase vient de débuter.

Programme de Développement Intégré de l'Agriculture Irriguée en Mauritanie (PDIAIM), dont le démarrage est imminent.

Projet de Vulgarisation des Semences Traditionnelles.

Projet de Gestion des Ressources Naturelles en Zones Pluviales (PGRNP) (Banque mondiale).

Gestion Intégrée des Ressources Naturelles de l'Est Mauritanien (GIRNEM).

Plan de Développement Intégré de la Vallée du Sénégal (OMVS).

Actions envisagées

Programme de diversification des cultures

- Valorisation des espèces, variétés et cultivars adaptés aux conditions locales

- Identification de nouvelles variétés à fort potentiel agricole

- Promotion de l'agroforesterie et des systèmes de brise-vent

- Intégration de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche

- Formation technique et sensibilisation

Programme d'appui à la conservation des variétés cultivées.

2.2 Ressources ligneuses et non ligneuses

Problématique

On retrouve des formations arbustives ou arborées sur environ 4,25 % du territoire mauritanien dont moins de 3,5 % sont accessibles à l'exploitation. En matière de ressources forestières, la Mauritanie dispose de 30 forêts classées, d'une superficie globale de 48.000 ha environ. A ceci s'ajoutent les mangroves de la zone du bas delta et du parc national du banc d'Arguin.

Les zones humides qui jouent un rôle important pour la production agricole renferment diverses ressources ligneuses et non ligneuses qui sont exploitées par les populations locales: plantes médicinales, phragmites (utilisées dans la construction des cases), l'akriche (Sporobolus robustus, servant à la confection des nattes), l'Acacia nilotica (dont les gousses sont utilisées dans le tannage des peaux), graines et bulbes de Nymphea (comme apport alimentaire), henné (produit cosmétique), etc. Par l'importance de ses peuplements d'Acacia senegal, la Mauritanie était jadis classée comme deuxième producteur mondial de gomme arabique, avec une production annuelle moyenne de 5.700 tonnes entre 1968 et 1972. À l'heure actuelle, cette production est de moins de 500 tonnes par an, malgré un début de régénération favorisé par une amélioration récente de la pluviométrie.

La pérennité des ressources ligneuses et non ligneuses est affectée par les facteurs suivants:

la sécheresse chronique;

l'accroissement de la consommation du bois de feu et du charbon de bois;

l'usage du bois à des fins de construction et de fabrication des outils de ménage;

le défrichement à des fins de production agricole;

le surpâturage des animaux domestiques;

les feux de brousse;

la cueillette des produits non ligneux à des fins commerciales;

la mauvaise gestion des niveaux d'eau dans les zones aménagées;

un manque de concertation des utilisateurs de ces ressources.

Objectifs

Renforcer les connaissances actuelles sur l'état des ressources ligneuses et non ligneuses et leur niveau d'exploitation.

Définir les méthodes effectives de gestion des ressources forestières basées sur la détermination des taux annuels de régénération et de prélèvement.

Déterminer les mesures favorisant une exploitation rationnelle et durable des ressources ligneuses et non ligneuses.

Impliquer les communautés locales dans la gestion et l'exploitation des ressources forestières.

Adopter des mesures législatives et réglementaires définissant les rôles et devoirs de la population en vue d'enrayer les mauvaises pratiques d'exploitation des ressources ligneuses et non ligneuses.

Options stratégiques

Recenser les ressources forestières existantes, déterminer le taux de déboisement et de régénération et assurer le suivi de l'évolution des formations forestières.

Protéger et valoriser les ressources ligneuses par un aménagement intégré des forêts classées, basé sur la participation des populations locales.

Assurer la régénération des peuplements forestiers par une gestion durable contre le bétail, les feux de brousse et les actions anthropiques néfastes.

Favoriser la prise en charge progressive de la protection et de la gestion des forêts par les populations riveraines (Révision du code forestier afin de conférer aux communautés locales un contrôle accru sur les ressources forestières).

Consolider et renforcer les échanges d'informations, d'expériences et de savoir-faire dans le domaine de la gestion des ressources forestières.

Valoriser et encourager la production et la commercialisation des espèces ligneuses et non ligneuses d'intérêt économique, culturel, médicinal, artisanal pour les populations, dans un souci de développement durable.

Relancer la production de la gomme arabique en s'appuyant sur des projets visant l'intégration de la population pour augmenter ses revenus et améliorer son savoir-faire.

Valoriser les ressources des mangroves à travers une législation adaptée et ouverte à l'implication des populations locales.

Promouvoir les aménagements qui valorisent l'ensemble des ressources forestières.

Augmenter les capacités institutionnelles en gestion forestière.

Actions en cours

Programme de Gestion des Ressources Naturelles en Zones Pluviales (PGRNP).

Projet de Gestion Intégrée des Ressources Naturelles de l'Est Mauritanien (GIRNEM).

Expérience pilote de gestion des forêts classées de Gani (Trarza) et de Néré Walo (Gorgol) par des coopératives forestières.

Projet de Réhabilitation des Terres Dégradées de la Chamama.

Actions envisagées

Projet d'inventaire et de cartographie des formations forestières par zone écologique.

Programme d'aménagement intégré des ressources forestières (axé sur la prise en charge de la gestion par les populations et les ONG locales).

Programme de valorisation des productions ligneuses et non ligneuses:

- inventaire des produits exploités;

- identification des productions potentielles par espèce et par hectare;

- recherche sur la biologie des espèces locales pour améliorer leur capacité;

- développement des pratiques d'exploitation durables.

III. ÉLEVAGE ET RESSOURCES PASTORALES

3.1 Problématique

L'élevage est très important dans l'économie nationale puisqu'il représente 80 % du PIB du secteur agricole. La Mauritanie compte un cheptel considérable composé de 1.320.000 bovins, 1.140.000 chameaux, 10.332.000 moutons et chèvres, 225.000 ânes et 63.000 chevaux. Ce cheptel est réparti dans trois zones d'élevage dont la plus importante est le Sud - Est (les deux Hodhs et l'Assaba) avec 64 % du cheptel bovin, 49 % des ovins et caprins et 40 % du cheptel camelin. La deuxième zone est le Sud - Ouest (Guidimakha, Gorgol, Brakna et Trarza) avec 37 % du cheptel bovin, 44 % du cheptel ovin et caprin et 22 % du cheptel camelin. Le Nord du pays (Tagant, Adrar, Inchiri et Tiris Zemmour) constitue la zone d'élevage la moins importante avec 3 % des bovins, 7 % des ovins et caprins et 38 % du cheptel camelin.

Cet élevage est aujourd'hui confronté à de nombreuses contraintes:

il est fortement dépendant des aléas climatiques;

l'environnement est gravement menacé par le surpâturage notamment autour des points d'eau dans les zones de concentration du cheptel;

l'intégration insuffisante de l'agriculture et de l'élevage avec pour conséquence la perte de fumier naturel et l'utilisation incomplète des sous-produits dans l'alimentation du bétail;

la faible productivité des animaux levés;

la production de fourrage en irrigué est pratiquement inexistante;

la faible industrialisation malgré l'existence récente de quelques unités de transformation de lait et aliments concentrés pour bétail;

l'enclavement des zones de production;

l'insuffisance opérationnelle des services de recherche, de formation et de vulgarisation (la recherche en matière de zootechnie a été particulièrement négligée dans le passé);

le manque de financement des activités liées à l'élevage (absence de crédit pour l'élevage);

le fonctionnement du secteur de l'élevage en dehors du circuit économique (non réglementé);

la faible capacité organisationnelle des éleveurs propriétaires et des pasteurs (bergers).

La croissance future de ce secteur passera par un renouvellement du mode de gestion des ressources renouvelables et une intégration totale de l'élevage aux autres activités agricoles tenant compte des considérations environnementales.

3.2 Contribution de l'élevage

L'élevage mauritanien est de type extensif mais on assiste depuis quelques années à une évolution vers d'autres formes tel l'élevage péri-urbain. Les estimations du cheptel, pour l'année 2000, sont de plus d'un million de têtes pour les bovins, de même que pour les camelins et plus de douze millions en ce qui concerne l'effectif des petits ruminants. La répartition entre ovins et caprins a été faite en considérant un rapport de 40 % de caprins pour 60 % d'ovins.

Le rapport entre Unité de Bétail Tropical et la population, qui est de 1,55 est le plus élevé de la sous-région. La répartition spatio-temporelle de ce cheptel est conditionnée par l'évolution des isohyètes et les types d'élevage. La part du secteur de l'élevage dans l'économie du secteur rural est prépondérante. Elle représente environ 75 % du Produit Intérieur Brut agricole soit 15 % du PIB national.

L'Etat, dans sa stratégie, tire les leçons du passé en constatant un niveau d'investissement public relativement faible (6 % des investissements publics totaux) au regard de l'importance de ce secteur dans l'économie.

Ainsi que le démontrent les chiffres officiels de la comptabilité nationale, la contribution du secteur de l'élevage à la croissance de l'économie nationale est importante. Sa contribution à la formation du PIB national est ainsi évaluée à 15 %. L'élevage génère en outre 68 % de la valeur ajoutée du secteur rural..

Par ailleurs, selon les estimations effectuées au cours de l'étude «IEPC», la contribution officielle du secteur de l'élevage à la valeur ajoutée nationale apparaît sous-estimée. Selon la modélisation établie par l'étude, elle pourrait ainsi être estimée, pour l'année 2000, aux alentours de 68 milliards d'Ouguiyas, chiffre nettement supérieur aux 27 milliards estimés par la comptabilité nationale pour 1998.

Tableau 1: Estimation des Effectifs

Espèce

Effectif

Bovins

1.476.600

Camelins

1.230.700

Ovins

7.535.340

Caprins

5.023.560

Volailles



Aviculture traditionnelle

2.000.000

Aviculture intensive

1.400.000

Asins

630.000

Equins

250.000

Source: DEA

3.3. Systèmes de production

Critères de typologie des systèmes de production:

La typologie des systèmes de production proposée ne porte pas sur l'ensemble des systèmes de production pratiqués en Mauritanie mais se limite aux systèmes comportant une activité d'élevage. Par ailleurs, cette typologie se veut opérationnelle, c'est à dire appliquée à une analyse du secteur de l'élevage. Elle privilégie donc volontairement les critères de différenciation liés à l'activité d'élevage.

La typologie utilise:

les critères ayant permis de distinguer les principaux groupes de systèmes d'élevage (mobilité du cheptel; niveau d'intensification; caractère rural, périurbain ou urbain). Lorsqu'un système allie des activités d'élevage relevant de plusieurs groupes de systèmes d'élevage, l'activité d'élevage principale a été prise en compte. Ainsi, un système de production sera considéré comme ayant un élevage transhumant dès lors que l'une des espèces élevées par le ménage fait l'objet d'un élevage transhumant;

la mobilité de la famille avec son troupeau (ce qui permet de distinguer les systèmes nomades dans lesquels toute la famille se déplace avec les troupeaux des systèmes transhumants). Cette différence est importante dans la mesure où elle détermine à la fois la durée pendant laquelle la famille dans son ensemble peut exploiter les produits de l'élevage et les autres activités qui peuvent être pratiquées par l'exploitation.

Ces premiers critères permettent de dégager les principaux groupes de systèmes de production:

les systèmes pastoraux nomades;

les systèmes pastoraux (et agro-pastoraux) transhumants;

les systèmes agro-pastoraux sédentaires associés à l'agriculture;

les systèmes extensifs urbains;

les systèmes semi-intensifs;

les systèmes intensifs.

Evolution/Changement des systèmes de production

Au cours des vingt dernières années, les systèmes de production ont été marqués par des évolutions profondes liées aux tendances pluviométriques, aux mouvements des populations et aux appuis qui ont été apportés (ou ont manqué) au secteur de l'élevage. Ces évolutions ont eu pour conséquence un accroissement urbain (exode rural), et elles ont notamment induit à une modification importante des systèmes de production. Ceci a conduit à:

une régression des systèmes nomades et une transition vers les systèmes transhumants;

la fixation des animaux autour des grandes agglomérations avec le développement d'élevages laitiers péri-urbains.

Principaux produits d'origine animale

Le potentiel de développement du secteur se situe principalement au niveau de la production de viande rouge, pour laquelle un avantage comparatif et un excédent se dégagent ainsi que pour la production laitière dont l'essor est rendu possible par la forte demande en milieu urbain et la naissance d'une agriculture irriguée capable de produire des fourrages et des sous-produits pour l'alimentation du bétail.

a) Viande rouge

Le pays qui est déjà excédentaire et exportateur d'animaux sur pied (9 milliards d'ouguiyas) dispose d'opportunités pour une intégration de cette filière dans le marché de la sous-région.

Tableau 2: Production nationale de viandes rouges

Espèce

Production
(t)

Auto consommation
(t)

Exportations
sur pied (t)

Consommations
nationales

Bovins

17,900

1,400

7,100

10,700

Camelins

16,800

800

5,100

11,800

Ovins

28,900

2,200

11,600

17,300

Caprins

11,000

5,500

0

11,000

Total

74,600

9,900

23,800

50,800

Consommation annuelle viande rouge (kg/habitant)

19.2

Initiative «Elevage, pauvreté et croissance (IEPC)» - Document National 2002.

b) Le lait

Bien que l'essentiel de la production laitière soit destiné à l'autoconsommation ou à la redistribution à travers des systèmes de solidarité, le développement récent de la commercialisation du lait constitue un atout réel pour l'économie. Les importations étaient de 14.000 tonnes en 1992 contre 7.000 en 2000.

Tableau 3: Production nationale de lait (t)


[t]

Production totale (hors refus, lait non trait, et pertes)

422

Bovins

187

Camelins

131

Ovins

14

Caprins

91

Importations totales

49

Lait concentré

5

Lait poudre

37

Lait frais (UHT)

7

Consommation totale (millions de tonnes équivalent lait)

471

Consommation journalière en kg / habitant

0,49

Initiative «Elevage, pauvreté et croissance (IEPC)» - Document National 2002.

c) La viande blanche

L'aviculture familiale est financièrement rentable, elle est intéressante surtout en raison de son rôle dans la sécurité alimentaire des ménages mais aussi pour ses potentiels d'amélioration.

d) Les cuirs et peaux

La filière Cuirs et Peaux dispose d'un potentiel important de l'équivalent de 2.583.000 unités de peaux et cuirs. Il s'agit d'une filière favorisant surtout des revenus féminins en milieu rural, notamment pour les couches les plus vulnérables.

Le marché local est consommateur de peaux pour servir à la fabrication des outres, cordes, harnachement, divers outils domestiques et des essais d'exportation ont concerné l'Espagne, l'Italie, l'Algérie, le Mali et le Ghana.

Mais la commercialisation extérieure se heurte à des difficultés relatives à la qualité des peaux et cuirs peu compétitive par rapport aux normes extérieures. Les exportations des cuirs et peaux sont marginales, de l'ordre de 25.000 dollars US en 2000. L'activité reste essentiellement artisanale et parcellaire.

Principaux facteurs de production

Toutefois, le taux de croissance annuel reste limité par un système traditionnel de conduite des troupeaux, l'insécurité de la production fourragère pluviale et une couverture sanitaire insuffisante. L'élevage demeure aujourd'hui le système de «capitalisation traditionnelle» du pays, et assure pour la majeure partie de la population rurale, le rôle de «sécurité alimentaire» en fournissant les apports protéiques (viandes) et énergétiques (lait) essentiels.

Tableau 4: Taux de croissance et d'exploitation

Espèce

Taux brut de
croissance (%)

Taux brut
d'exploitation (%)

Taux net de
croissance (%)

Bovins

11,4

10

1,4

Camelins

8,8

8,1

0,7

Ovins

30,5

25,5

5,0

Caprins

35,8

30,7

5,1

Initiative «Elevage, pauvreté et croissance (IEPC)» - Document National 2002.

3.4 Etat de la diversité génétique

Races adaptées localement

Les principales espèces et races élevées en Mauritanie sont reparties dans le tableau 5:

Espèce

Race

Localisation principale

Aptitudes prédominantes

Camelins

Dromadaire de l'Aftout

Centre

Lait, viande, transport

Dromadaire du Sahel

Nord et Nord Est

Lait, viande, transport

Bovins

Zébu maure

Centre et Est

Lait (viande)

Zébu peul (Gobra)

Sud et Sud Est

Viande (lait)

Ovins

Mouton maure à poils ras

Sud et Sud Est

Viande

Mouton maure à poils longs

Sud et Sud Est

Viande et poils

Mouton peul

Sud et Sud Est

Viande

Caprins

Chèvre du Sahel

Tout le pays

Lait et viande

Chèvre naine de l'Est

Sud et Sud Est

Lait (viande)

Gouéra

Agglomérations

Lait

Asins

Âne commun d'Afrique

Tout le pays

Travail

Equins

Cheval Arabe

Centre et Sud Est

Transport

Cheval Barbe

Sud

Transport

Volailles

Poule locale

Tout le pays

Viande (œufs)

Races d'introduction récente

Holstein

Zébu pakistanais

Montbéliarde

Races constamment importées

L'introduction de races exotiques est relativement récente en Mauritanie et relève jusqu'à présent d'initiatives individuelles privées.

Races/espèces sous-utilisées

Faute de connaissance exacte des potentialités génétiques des races et espèces en Mauritanie, il est vraisemblable que ces dernières soient sous-utilisées dans le contexte actuel.

3.5 Etat de l'utilisation des RGA

Conservation in situ

a) Exploitations privées

Des tentatives privées ont abouti à un semblant de programme de sélection génétique à noyau ouvert et elles se poursuivent avec des tests de croisement des races exotiques avec la race locale (Zébu maure).

b) Stations de recherche

Elle n'existe pas.

Conservation ex situ

Il y a absence de programme soutenu et réel d'amélioration génétique initié par l'Etat actuellement.

3.6 Structures impliquées en amélioration génétique

L'Etat, représenté par la Direction de l'Elevage (DE) responsable de la politique d'élevage, compte associer en temps opportun la recherche, les organisations d'éleveurs et les professionnels du privé dans le futur programme d'amélioration génétique qui sera mis en place.

Le Cadre Technique de Concertation (CCN) avait émis le souhait et ce conformément aux orientations du département, de la création d'une structure au sein de la DE qui serait responsable du programme national d'amélioration des ressources zoo-génétiques.

3.7 Les difficultés rencontrées pour la conservation et l'amélioration génétique

A ce jour, aucune action d'amélioration génétique n'a été conduite par l'Etat hormis quelques privés à qui on doit l'importation de ces races exotiques. La contrainte principale rencontrée dans les fermes laitières élevant du bétail exotique, est la disponibilité et le coût des aliments (souvent importés) ou provenant de zones relativement éloignées.

3.8 Analyses des demandes futures et des tendances

Considérant les exportations anarchiques d'animaux sur pied (absence de tout contrôle des services vétérinaires);

Considérant l'impact négatif de ces exportations sur le renouvellement des effectifs;

Considérant que la demande totale en viande se fera au cours des prochaines années sur la base d'un taux de croissance annuel se situant aux alentours de 5-6 %;

Considérant que la demande en 2015 en viande rouge atteindra un taux de 5 %, et qu'elle se situera alors aux alentours de 156.000 tonnes, ceci dans le cas d'une évolution de la situation actuelle sans amélioration;

Considérant le déficit probable de 54.000 tonnes en 2015;

Considérant que la forte croissance urbaine a entraîné l'apparition de nouveaux marchés pour les produits d'élevage et en particulier le développement de la filière viande rouge et l'avènement du système semi-intensif (péri-urbain autour des grandes agglomérations) mais que des pratiques d'élevages sont susceptibles à terme de se traduire par une dégénérescence du cheptel (sélection consanguine);

Considérant que l'accroissement des productions résulte plus de l'augmentation progressive du cheptel que d'une réelle amélioration des performances des animaux.

Il est impératif face à cette situation que la Mauritanie réagisse par:

La réduction des exportations des animaux sur pied;

L'élaboration d'un programme efficient d'amélioration génétique;

La vulgarisation et sensibilisation sur les bonnes pratiques d'élevage;

L'appui du secteur;

La suppression de la concurrence déloyale;

Le développement de la recherche-développement.

Races et espèces qui vont jouer un rôle important dans l'avenir et les systèmes de production qui seraient dominants

Espèces

Bovins;

Camelins;

Ovins et caprins.

Systèmes de production

Système transhumant;

Système sédentaire;

Systèmes semi-intensifs laitiers.

Objectifs concernant les RGA:

Améliorer et affiner les connaissances du cheptel et de ses performances.

Prendre en compte la diversité et les potentialités respectives des grandes zones agro-écologiques dans la gestion des troupeaux.

Promouvoir l'adoption des pratiques axées sur le développement durable de l'élevage au moyen de la recherche vétérinaire, de la formation et du transfert de technologies.

Encourager les éleveurs à mieux utiliser les nouvelles pratiques vétérinaires.

Trouver un équilibre entre les intérêts des pasteurs traditionnels et des propriétaires modernes de cheptel.

Introduire des techniques améliorées de gestion des parcours.

Adopter une approche plus intégrée de la gestion du pastoralisme, de l'agriculture et des ressources forestières.

Options stratégiques:

Promouvoir des systèmes d'exploitation écologiquement sains et moins prédateurs sur l'environnement à travers une meilleure responsabilisation des éleveurs.

Favoriser la conservation et l'enrichissement des pâturages.

Assurer une meilleure surveillance zoo-sanitaire prenant en compte aussi bien les animaux domestiques que la faune, de façon à mieux conserver la biodiversité animale.

Identifier les animaux standards de chaque race.

Identifier et encadrer les éleveurs des différentes races dans leurs berceaux d'origine.

Étudier le potentiel et les caractéristiques génétiques des différentes races d'animaux élevés en Mauritanie.

Améliorer le potentiel de production par la technique de sélection à noyau ouvert.

Conserver selon les moyens disponibles (par in-situ ou ex-situ ou les deux à la fois) les races considérées en voie de disparition, comme c'est le cas du mouton maure à poils longs.

Procéder à un inventaire et à la mise en place d'un système de suivi des pâturages et des ressources sylvo-pastorales.

Sensibiliser les populations à une meilleure gestion du pastoralisme (prévention des feux de brousse, utilisation des parcours, gestion des points d'eau, etc.).

Valoriser l'utilisation et la commercialisation des sous-produits de l'élevage (cuir, peaux, poils, onglons, cornes, sang, etc.).

Actions en cours:

Programme d'Appui aux Associations Pastorales (Coopération française);

Projet de Gestion des Ressources Naturelles en Zones Pluviales (Banque mondiale);

Projet des Services Agricoles (Banque mondiale);

Projet PARC (Lutte contre la peste bovine et péri - pneumonie contagieuse bovine) (CEE);

Projet pour le développement intégré de l'agriculture irriguée en Mauritanie (Banque mondiale, en cours de négociation).

Actions envisagées

Programme de promotion pour un élevage durable:

- Organisation de foires d'élevage (présentation des différentes races);

- Diffusion d'information sur les bonnes pratiques d'élevage (tenue des parcours, méthodes de sélection des animaux);

- Transactions de géniteurs;

- Cueillette d'informations sur les éleveurs de races performantes.

IV. CONCLUSION

Compte tenu des expériences de certains pays (Mali, Sénégal, Mauritanie, Burkina Faso, ....), une coopération dans le domaine des RGA et RGV est bénéfique et souhaitable pour la Mauritanie.

Il est également souhaitable que des programmes soient exécutés en partenariat avec des projets de développement régionaux ou internationaux intervenant dans le domaine.

Un réseau entre les différents concernés dans le domaine favoriserait une bonne intégration au niveau régional sur les questions pertinentes.

Résultats des discussions:

Les succès et contraintes spécifiques en Mauritanie analysés par les participants pendant l'atelier ont été les suivants:

SUCCES

  • Le cadre politique et institutionnel

- Présentation détaillée de la politique nationale en matière de diversité biologique agricole;

- Nécessité de la coopération sous-régionale en matière de biodiversité;

- Clarté des objectifs à atteindre;

  • Gestion de l'agro-biodiversité

- Les foires d'élevage représentent des actions de promotion de la conservation des ressources animales;

- L'élevage sert de modèle pour la sensibilisation sur la nécessité de préserver la biodiversité;

- Est-ce que la baisse de rendement est compensée par l'augmentation du prix?

- Elaboration de nombreuses stratégies;

- Action concertée pour la conservation de la biodiversité à différentes échelles du pays;

- Bonne intégration et définition des politiques agricoles;

- Breveter les connaissances traditionnelles reconnues efficaces dans la GRPG;

CONTRAINTES

  • Problèmes du cadre politique et institutionnel

- Mécanisme de coordination au plan national?

- Autosuffisance alimentaire et CDB dans un pays désertique;

- Importation de 60 % des besoins alimentaires;

- Quelles sont les mesures de conservation de la diversité biologique qu'envisage la Mauritanie?

- Absence des politiques de gestion des ressources génétiques;

- Pourquoi la Mauritanie donne-t-elle l'impression d'un pays enclavé;

- Absence de limites claires entres objectifs de développement agricole et les objectifs liés à la biodiversité;

- Structures et mécanismes de conservation? Recherche? Banque de semences etc.?

  • Problèmes de gestion de l'agro-biodiversité

- Absences d'organisation des acteurs impliqués dans la gestion des ressources génétiques;

- Il existe des plantes en protoculture qui méritent d'être domestiquées et cultivées;

- Quel est l'impact sur la diversité biologique de l'utilisation des pesticides;

- Impact de la domestication sur la diversité naturelle?

- Les aléas climatiques constituent une entrave majeure dans la gestion de l'agro-biodiversité en Mauritanie;

- Absence de recherche sur les ressources animales;

- Coordination des actions de recherche en matière d'agro-biodiversité pour la domestication des espèces sauvages?

- Statut actuel de la biodiversité en Mauritanie?

- Déplacement du bétail au delà des frontières nationales quelles solutions?


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