Agroforesterie

Foire aux questions

© FAO

La planification intégrée intentionnelle des systèmes agroforestiers peut apporter toute une série d'avantages aux agriculteurs, à leurs communautés et à l'environnement.

Avantages socio-économiques

  • Réduit les besoins en intrants externes et augmente la productivité agricole
  • Améliore et diversifie la production agricole et les revenus des agriculteurs
  • Améliore l'accès à des aliments plus nutritifs et la sécurité alimentaire
  • Accroît la résilience aux chocs et aux stress

Avantages environnementaux

  • Améliore la santé des sols et la gestion de l'eau
  • Préserve les ressources naturelles et améliore la biodiversité des exploitations agricoles
  • Réduit l'érosion du sol et du vent et améliore les microclimats
  • Contribue à la restauration des terres dégradées

Bien que l'agroforesterie soit pratiquée depuis des millénaires et qu'elle soit présentée comme une solution dans les programmes de développement internationaux depuis les années 1970, elle a eu du mal à s'imposer à grande échelle. Avec un regain d'attention au niveau international et une littérature scientifique de plus en plus abondante démontrant ses avantages, le passage de la compréhension scientifique à une mise en œuvre réussie est un défi important à relever.

Nombre de ces obstacles sont liés à l'insuffisance des environnements favorables à l'agroforesterie, notamment la sécurité foncière, les politiques de soutien et les incitations, les services de vulgarisation disponibles et l'accès aux marchés et aux chaînes de valeur. La division historique entre l'agriculture et la foresterie, et le manque de coordination entre les secteurs, ont également eu un impact négatif sur la planification de l'utilisation des terres et les services de vulgarisation pour l'agroforesterie.

L'agroforesterie a généralement été promue comme une forme d'agriculture de subsistance, plutôt que comme un système de production économiquement viable. Par conséquent, il y a un manque de considération pour les facteurs économiques tels que les coûts de la main-d'œuvre, les rendements à court terme ou l'établissement de liens avec les chaînes d'approvisionnement, les chaînes de valeur et les marchés.

En outre, la recherche en agroforesterie s'est principalement concentrée sur des études biophysiques au niveau de l'exploitation agricole, avec des informations socio-économiques limitées et un manque d'analyses coûts-bénéfices. La compréhension limitée des coûts d'investissement et des rendements potentiels signifie également qu'il y a eu peu d'innovation dans l'agroforesterie.

Pour en savoir plus sur les défis et les obstacles associés à l'adoption et à l'expansion de l'agroforesterie, vous pouvez poursuivre votre lecture ci-dessous et lire la publication de la FAO : Faire progresser l'agroforesterie dans l'agenda politique : Un guide pour les décideurs (FAO 2013).

La perception des risques et la gestion des risques sont parmi les principaux obstacles à l'adoption de l'agroforesterie. En général, les agriculteurs considèrent que l'investissement à long terme que représente la plantation d'arbres est plus risqué, voire irréalisable, en comparaison aux cultures annuelles. En moyenne, l'agroforesterie est rentable après 3 à 8 ans, alors que les systèmes culturaux annuels sont généralement rentables après 1 ou 2 ans. 

L'agroforesterie requiert des connaissances et des compétences pluridisciplinaires en matière de gestion d'arbres, de cultures et/ou d'animaux. L'absence de services de vulgarisation et de conseils sur les interactions entre les arbres, les cultures et le bétail peut rendre la transition vers l'agroforesterie plus complexe pour les agriculteurs.

Les avantages environnementaux de l'agroforesterie, tels que la conservation des sols et de l'eau et l'augmentation de la résilience, sont importants mais ne sont pas nécessairement les facteurs de décision primordiaux pour les agriculteurs. Ils pourraient considérer que les coûts de transaction élevés associés au changement des méthodes de production et les retours sur investissement à plus long terme sont des facteurs plus importants.

Il est important de reconnaître que l'agroforesterie a connu un succès mitigé et qu'elle doit être promue d'une manière qui reconnaisse à la fois son potentiel et ses limites. L'agroforesterie a également des coûts de transaction, tels que des besoins en main-d'œuvre plus importants, un retour sur investissement plus tardif ou une réduction potentielle de la production à court terme.

Fournir un soutien technique pour surmonter les défis et améliorer l'adoption durable et l'expansion de l'agroforesterie est un des fondements du travail de la FAO sur l'agroforesterie.

Les systèmes agrosylvicoles 
Jachères amélioréesEspèces ligneuses plantées et qui poursuivent leur croissance pendant la jachère
TaungyaPeuplements combinés d'espèces ligneuses et agricoles au cours des premières étapes d'établissement des plantations
Cultures en couloirs (culture intercalaire de haies)Espèces ligneuses dans les haies; espèces agricoles dans les allées entre les haies; disposition en microzones ou en bandes
Jardins d'arbres multicouchesAssociations végétales denses, multi  espèces, multicouches, sans organisation de la plantation
Arbres polyvalents sur les terres agricolesArbres dispersés au hasard ou selon des schémas systématiques sur les diguettes, les terrasses ou les limites des parcelles et des terrains
Combinaison de cultures de plantationsMélanges intégrés de cultures de plantations pluriétagées; cultures de plantations en alternance; arbres d'ombrage dispersés; cultures intercalaires
Potagers familiauxCombinaisons pluritétagées de différents arbres et cultures autour des domaines familiaux
Arbres dans la conservation et la remise en culture des solsArbres pour des diguettes, terrasses, etc., avec ou sans bordures vertes; arbres pour la remise en culture des sols
Rideaux-abris et brise-vents, haies vivesArbres autour des terres agricoles ou des parcelles
Production de bois de feuPlantation intercalaire d'essences à bois de feu sur ou autour des terrains agricoles

Les systèmes sylvopastoraux
Arbres sur les terres de parcours ou les pâturagesArbres dispersés de manière irrégulière ou disposés selon un schéma systématique
Banques de protéinesProduction d'arbres fourragers riches en protéines sur les exploitations agricoles/terres de parcours pour la production de fourrage prêt à couper
Cultures de plantation avec des pâturages et des animauxPar exemple, des vaches sous les cocotiers en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique du Sud.

Les systèmes agrosylvopastoraux 
Potagers familiaux utilisant des animauxCombinaisons étroites, multiétagées de différents arbres et cultures, avec des animaux autour des exploitations
Haies vives ligneuses polyvalentesHaies ligneuses pour les broutilles, le paillis, le fumier vert, la conservation des sols, etc.

Autres systèmes
Apiculture avec des arbresArbres pour la production de miel
AquaforesterieArbres le long des étangs de poissons, feuilles d'arbres utilisées pour nourrir les poissons

 

Il n'existe pas de chiffres précis ou actuels concernant l'étendue mondiale de l'agroforesterie. Comme l'agroforesterie englobe une multitude de pratiques de gestion des terres, il est difficile d'en estimer l'étendue. L'une des estimations mondiales les plus citées suggère que 43 % de toutes les terres agricoles comportent de l'agroforesterie, ce qui représente plus d'un milliard d'hectares de terres et plus de 900 millions de personnes (Zomer et al. 2016). Cette estimation définit l'agroforesterie comme un minimum de 10 % de couverture arborée sur les terres agricoles. Selon cette définition, l'agroforesterie est particulièrement répandue en Asie du Sud-Est, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où plus de 50 % des terres agricoles ont un couvert arboré d'au moins 10 %.

Bien que les arbres sur les terres agricoles soient un indicateur, il exclut les systèmes agroforestiers qui se trouvent dans les terres forestières ou les pâturages et surestime la quantité d'agroforesterie dans l'agriculture, car toutes les fermes avec des arbres ne sont pas des systèmes agroforestiers.

Compte tenu de sa nature multidimensionnelle et de la diversité des systèmes agroforestiers, il n'est pas facile de définir, de suivre et d'estimer l'étendue de l'agroforesterie. Pourtant, le suivi et l'amélioration des données sont nécessaires pour comprendre le statut et la progression de l'agroforesterie, ainsi que pour améliorer les décisions sur les endroits où l'agroforesterie pourrait être développée.

Les évaluations des ressources forestières mondiales (FRA) de la FAO mesurent l'agroforesterie dans la catégorie "Autres terres avec couverture arborée". Depuis près de 20 ans, la FAO sensibilise à l'importance des arbres hors forêts, y compris l'agroforesterie, et soutient des évaluations à plus grande échelle des arbres hors forêts, y compris une étude thématique sur les arbres hors forêts dans le cadre de FRA 2010.

Les améliorations récentes de la télédétection et de l'imagerie satellitaire à plus haute résolution justifient de nouvelles évaluations de l'agroforesterie à grande échelle. La FAO dirige une étude mondiale sur le suivi de l'étendue de l'agroforesterie afin d'améliorer les données et d'établir une base de référence mondiale de l'agroforesterie.

Les systèmes agroforestiers sont des pratiques de gestion des terres qui intègrent intentionnellement des arbres, des cultures, et/ou des animaux. L'agroécologie, quant à elle, concerne la transformation des systèmes agroalimentaires pour qu'ils soient équitables et en harmonie avec la nature. 

L'agroécologie est à la fois une science, un ensemble de pratiques et un mouvement social. Au cours des dernières décennies, elle à évoluée en tant que concept pour s'étendre à l'ensemble de l'agriculture et des systèmes agroalimentaires. Elle a pour objectif d'optimiser les interactions entre les plantes, les animaux, les humains et l'environnement tout en répondant également à la nécessité de systèmes alimentaires socialement équitables. Il n'existe pas de méthode unique pour appliquer les approches agroécologiques – cela dépend des contextes locaux, des contraintes et des opportunités –, mais il existe des principes communs qui ont été formulés dans le cadre des 10 éléments de l'agroécologie.  

L'agroforesterie peut être considérée comme une des principales familles de pratiques agroécologiques et elle présente de nombreux éléments de l'agroécologie. Par exemple, la composition inhérente des systèmes agroforestiers, qui associent des arbres à des cultures et/ou à des animaux, est un excellent exemple de l'élément de diversité de l'agroécologie. Cependant, l'agroforesterie ne suit pas toujours les principes de l'agroécologie; cela dépend de la manière dont le système agroforestier est conçu et géré. L'application des éléments de l'agroécologie à l'agroforesterie nécessite une planification intentionnelle et une gestion active.

Les systèmes agroforestiers qui intègrent avec succès l'agroécologie peuvent améliorer les résultats à court et à long terme des agriculteurs, optimiser les avantages écologiques potentiels de l'agroforesterie, et sont généralement plus durables.

La FAO vise à renforcer les liens entre l'agroforesterie et l'agroécologie dans son travail, notamment en mettant l'accent sur les interactions entre les systèmes et en aidant les agriculteurs à mieux gérer les compromis lors de la transition vers l'agroécologie et l'agroforesterie. 

Pour avoir plus de détails sur l'agroécologie, consultez la Plateforme des connaissances sur l'agroécologie

L'agroforesterie peut être considérée comme une stratégie d'adaptation au changement climatique et d'atténuation de ses effets. L'intégration des arbres dans les systèmes agricoles peut aider à réduire l'impact du changement climatique sur l'agriculture et, inversement, à réduire la contribution de l'agriculture à ce phénomène mondial. Voici des exemples qui illustrent de quelle manière l'agroforesterie peut contribuer à l'adaptation du changement climatique et à l'atténuation de ses effets: 

Atténuation 

  • Les arbres plantés dans les systèmes agroforestiers contribuent à l'atténuation des effets du changement climatique en fixant le carbone. D'après des données issues de la télédétection figurant dans une analyse mondiale, le couvert forestier a contribué pour au moins 75 pour cent aux 45,3 GtC que comptaient les terres agricoles en 2010 (SOFO 2022). 
  • L'approvisionnement de produits ligneux provenant des exploitations réduit la nécessité de couper les arbres des forêts,  ce qui réduit le taux de déforestation, qui est un des principaux facteurs du changement climatique. 
  • Une meilleure gestion des éléments nutritifs du sol réduit la nécessité de recourir aux engrais, une autre source importante d'émissions de GES. 

Adaptation

  • Les systèmes agroforestiers offrent des solutions diversifiées et sont donc plus résilients que les systèmes agricoles conventionnels aux chocs climatiques ou aux effets du changement climatique, tels que les tempêtes violentes, la sécheresse et les inondations, grâce en grande partie à la diversité des avantages qu'ils fournissent.
  • Ils accroissent la sécurité alimentaire et la nutrition en offrant un filet de sécurité pendant ces chocs, particulièrement lorsqu'ils touchent des communautés entières plutôt que des ménages isolés.  
  • En offrant un environnement plus frais et ombragé aux cultures ou aux animaux sensibles, l'agroforesterie peut aider à maintenir ou à augmenter les rendements face au changement climatique, ce qui renforce également la résilience de l'agriculture.  
  • Les fonctions de conservation de l'eau offertes par les arbres et les forêts aident à combattre la désertification, de même que ses conséquences sociales et environnementales.  
  • L'agroforesterie améliore la santé des sols et peut restaurer les terres dégradées, favorisant ainsi une utilisation durable des terres à plus long terme.
© FAO / Elaine Springgay © FAO / Orlando Sierra