La FAO en Amérique latine et aux Caraïbes

Ricardo Frugoli


«C'est magnifique de voir que des personnes qui ont vécu dans la rue se sont remises sur pied grâce à une formation professionnelle en boulangerie.»

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16/10/2024
Brésil 

Pendant les années qu'il a passées à São Paulo, au Brésil, Ricardo Frugoli a sorti les poubelles des centaines de fois. Mais ce n'est que lorsque la pandémie de covid l'a amené à passer plus de temps chez lui qu'il a remarqué ce qu'il advenait de ses déchets une fois qu'il les avait jetés.  

Avec plus de temps pour observer son environnement, il a vu comment des êtres désespérés fouillaient furtivement dans les sacs à la recherche de restes de nourriture. C'est ainsi que Ricardo, chercheur en alimentation et professeur titulaire d'une maîtrise et d'un doctorat en gastronomie, en hôtellerie et en cuisine brésilienne, a décidé de lancer un projet visant à aider les sans-abris de São Paulo. 

Le même mois, avec l'aide de son mari, Wesley, et d'un groupe de bénévoles, il a commencé à préparer des repas dans son appartement et à les distribuer aux sans-abris de son quartier. Le projet Marmita Solidária – tel est son nom – a été mené pendant sept mois en 2020 et a fourni plus de 20 000 repas aux personnes qui dormaient dans la rue durant le pic de la pandémie. 

«Nous devons prêter attention à ceux qui nous sont proches et agir avant tout dans notre quartier», déclare-t-il. «Réduire la faim grâce à la dignité alimentaire.» 

Alors que le projet Marmita avait encore cours, Ricardo avait appris qu'une boulangerie artisanale fermait ses portes et souhaitait faire don de son matériel. C'est ainsi qu'il a donné naissance à Pão do Povo da Rua à une nouvelle initiative qui pouvait toucher encore plus de monde.  

À l'époque, São Paulo traversait la plus forte crise de sans-abris jamais connue et près de 50 000 personnes vivaient dans la rue. Le projet, qui est actif aujourd'hui encore, touchait près de 1 800 personnes chaque jour, leur fournissant deux tranches de pain, une pâtisserie sucrée et un verre de lait chaud. 

Afin de disposer d'un nombre suffisant de personnes pour préparer les repas, le professeur a invité certains bénéficiaires du projet à travailler dans la boulangerie. Mais ces nouveaux employés avaient besoin de soutien car beaucoup étaient des sans-abris et certains luttaient contre la toxicomanie. C’est ainsi que Pão do Povo da Rua est devenu un lieu où l’on pouvait obtenir une aide supplémentaire pour trouver un logement, une assistance en matière de santé physique et mentale, une aide juridique, une éducation et une culture.  

Aujourd'hui, environ 80 personnes sont impliquées dans la production alimentaire, la formation et l'organisation et, en avril 2024, le projet a atteint le record de 2 millions de repas distribués. Parallèlement, des dizaines de personnes ont cessé de se droguer et se sont réinsérées dans la société. 

«C'est magnifique de voir que des personnes qui ont vécu dans la rue se sont remises sur pied grâce à une formation professionnelle en boulangerie», déclare le professeur «et qu'aujourd'hui, les gens mangent du pain qui est fait par d’anciens sans-abris».