La rentabilité des repeuplements peut être calculée si les coûts et bénéfices sont connus ou faciles à obtenir. Les coûts devraient inclure la récolte du frai en milieu naturel ou de la production d'oeufs en pisciculture, l'incubation des oeufs, l'élevage des larves et juvéniles, le transport et le repeuplement. Les coûts financiers devraient également être considérés dans leur intégralité.
La valeur des prises est obtenue en multipliant les captures provenant des repeuplements par le prix moyen du poisson. Dans les pêcheries commerciales, il est conseillé de tenir compte des coûts liés à la pêche; en Finlande et en Pologne, ces coûts sont estimés à environ 30 % de la valeur des captures. Pour la pêche de subsistance et récréative, les coûts liés à la pêche peuvent être ignorés. Il est évident que si la probabilité de capture d'un poisson de repeuplement augmente, la demande de licences augmente également. Pour cette raison, il faut au moins évaluer les captures provenant de poissons de repeuplement dans le cas où les bénéfices sont mesurés en terme d'accroissement de revenus provenant de la perception de droits de pêche.
L'indice le plus simple de rentabilité pour le repeuplement est le ratio économique coût/bénéfice. Ce ratio peut être plus faible si la rentabilité n'est pas le seul objectif des repeuplements. Il faut aussi se rappeler que certains des profits de repeuplements sont difficiles voire impossibles à déterminer en termes financiers. Cela est valable pour tous les cas où les conséquences des repeuplements sont des profits d'ordres social et écologique qui, a priori, ne peuvent être exprimés en terme d'argent.
La rentabilité des repeuplements est affectée par la taille (stade de développement) des corégones déversés. On sait que les captures issues de juvéniles sont plus importantes que celles issues de larves vésiculées (Fig. 2a) et que, dans les groupes de juvéniles, la taille n'a en revanche qu'un faible effet sur les résultats. Les captures provenant de repeuplements à partir de larves vésiculées sont plus difficiles à prévoir et très variables (à cause des facteurs environnementaux aléatoires) alors qu'au départ de juvéniles, elles peuvent être ajustées de façon précise (survie et croissance dépendantes de la densité).
Les coûts de production des corégones de repeuplement augmentent en fonction de la taille des poissons (Fig. 2b), mais les coûts de repeuplements augmentent moins rapidement et de façon non linéaire. Ceci est dû au fait qu'il faut moins de poissons pour obtenir la même quantité de captures supplémentaires à partir des poissons de repeuplement lorsque la taille de ceux-ci est plus importante. L'incertitude des captures provenant des repeuplements et l'incertitude économique qui en résulte décroît également en fonction de la taille du poisson (Fig. 2c). Lorsque l'on dépasse une certaine taille de transition, les captures issues du repeuplement deviennent plus faciles à prévoir.
L'objectif est donc d'utiliser du matériel de repeuplement d'une taille optimale pour le ratio entre les captures et les coûts des repeuplements et ce, tout en minimisant les incertitudes économiques et sociales. En aucun cas, la taille qui donne la plus grande rentabilité n'a pu être arrêtée définitivement, mais logiquement cette taille doit se situer quelque part dans le stade larvaire ou dans le début du stade post larvaire (Fig. 2d).
Figure 2. Modèle conceptuel indiquant la taille optimale du corégone d'un point de vue économique. La zone
hachurée montre la taille optimale. A) Amplitude des captures provenant des repeuplements en corégones pour une
gestion contrôlée ou non contrôlée. B) Coûts de production (production), fonction de la taille du poisson.
Coûts de repeuplement par unité supplémentaire de capture (Repeuplement = Nb. relâché × (coûts de production + le
transport et autres coûts de repeuplement)). C) Rentabilité de repeuplement en fonction de la taille des corégones
relâchés.
