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6. CIFA/85/Symp.5
AMENAGEMENT DE PECHERIES SUR HUIT LACS AFRICAINS

fondé sur les travaux de T.W. Maembe
Division des Pêches
Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Tourisme
Dar-es-Salaam, Tanzanie

Résumé
Le présent document est une version abrégée du rapport de consultation établi pour le compte de la FAO par M. T.W. Maembe, de Tanzanie. Il examine les problèmes les plus urgents de l'aménagement et du développement des pêcheries des huit lacs africains suivants: Tanganyika, Malawi/Nyasa, Kariba, Victoria, Albert, Edward, Cahora Bassa et Kivu. Il contient des recommandations sur les mesures à prendre pour chacun de ces lacs.

1. INTRODUCTION

Le présent document est fondé sur les conclusions d'une consultation de la FAO menée en mai et juin 1985 dans le but d'établir un rapport à jour sur huit grands lacs situés en Afrique centrale et en Afrique australe:

le lac Edward
le lac Albert
le lac Victoria
le lac Malawi/Nyasa
le lac Tanganyika
le lac Kariba
le lac Kivu
le lac de Cahora Bassa

Cette consultation a également débouché sur des recommandations concernant la mise en valeur et l'aménagement futurs de ces lacs. Pour les besoins du Symposium CPCA, le présent résumé reprend essentiellement les observations et recommandations relatives au développement des pêches et laisse de côté une grande partie des données statistiques et de l'historique contenus également dans le rapport du consultant.

Les pays se partageant les eaux de ces lacs et profitant directement de ceux-ci, représentent une superficie totale de plus de 6 millions de km2et une population de plus de 100 millions d'habitants, dont seulement 2 pour cent environ travaillent comme pêcheurs à plein temps ou occupent des emplois apparentés. Les lacs ont une surface totale de 150 000 km2, ce qui représente environ 2,6 pour cent de la superficie du territoire, mais dans certains pays le pourcentage de la surface occupée par le lac sur l'ensemble du territoire est nettement plus élevé.

Les pêcheries des lacs en question sont principalement exploitées de façon traditionnelle artisanale bien que les méthodes à forte intensité de capitaux occupent une place importante au Burundi, au Zimbabwe, en Zambie - où l'on utilise des senneurs - et au Malawi, où l'on pratique le chalutage à boeufs à l'extrémité sud du lac. En général, le poisson est vendu frais au bord du lac, ou bien séché, fumé ou salé pour la distribution antérieure, mais dans quelques cas il est aussi transporté sous glace par la route vers les centres urbains sur des distances pouvant atteindre 200 km.

2. AMENAGEMENT DES PECHES - OBSERVATIONS GENERALES

A l'exception du lac de Cahora Bassa, tous les lacs considérés sont soumis à une législation visant à protéger les pêcheries au moyen de mesures concernant entre autres l'enregistrement des bateaux, les permis de pêche, les restrictions concernant le maillage, les périodes de fermeture de la pêche, les alevinières et les licences pour le commerce du poisson. Cependant, d'une manière générale, il est difficile d'appliquer correctement les réglementations en raison du manque de personnel et du non-respect de ces réglementations par les pêcheurs eux-mêmes, principalement à cause des pressions économiques. Parmi les conditions préalables nécessaires à une gestion efficace et rationnelle des pêcheries on peut citer:

Il reste encore à satisfaire à ces conditions préalables, comme en témoignent les problèmes suivants:

3. LAC VICTORIA

C'est le plus grand lac d'Afrique et une importante source alimentaire pour les populations environnantes. La perche du Nil est devenue la principale espèce, aux dépens essentiellement des haplochromis et des tilapia dont il était l'habitat naturel. En Ouganda, la perche du Nil représente à l'heure actuelle plus de 50 pour cent des prises et, compte tenu du manque de mobilité des haplocromis, la prédation perpétuelle par la perche du Nil et la surpêche compromettent désormais la survie de cette espèce.

Les politiques d'aménagement et de développement des pêches poursuivies par les pays se partageant les eaux du lac ont pour but d'exploiter rationnellement les ressources ichtyologiques afin de fournir des protéines animales et favoriser l'emploi.

En 1947, le Haut Commissariat pour l'Afrique orientale a adopté une approche unifiée en matière de recherche, développement et de réglementation de la pêche dans le lac et créé l'Organisation de recherche sur la pêche en eau douce dans l'Est africain qui a son siège à Jinja (Ouganda) pour pourvoir aux besoins des grands lacs et autres eaux intérieures de l'Est de l'Afrique (Kenya, Ouganda, Tanganyika) en matière de recherche halieutique. Le Lake Victoria Fisheries Service (LVFS) a été créé pour administrer et réglementer la pêche au filet maillant sur le lac Victoria.

Le LVFS ayant été dissous en 1960, la charge d'administrer et de réglementer les pêches dans les eaux territoriales de chaque pays a été reprise par les départements nationaux compétents. La recherche s'est poursuivie sous l'égide de l'Organisation de recherche sur la pêche en eau douce dans l'Est africain (EAFFRO) jusqu'à l'effondrement de la Communauté de l'Afrique orientale en 1977. Cette organisation avait les moyens financiers et les experts nécessaires pour assurer une surveillance continue des stocks ichthyques grâce au bateau de recherche perfectionné Ibis et à l'appui de la FAO/PNUD.

Depuis 1977, les sous-stations EAFFRO installées à Kisumu, Jinja et Mwanza ont été converties en centres nationaux de recherche. Mais leurs activités de recherche ont été très limitées et menées sans coordination, d'où la difficulté de déterminer l'importance et la composition des ressources ichtyologiques en un moment où la composition des stocks a subi de profondes mutations.

Les départements nationaux des pêches ont promulgué, chacun de leur côté, des réglementations régissant l'exploitation des ressources dans leurs eaux territoriales, sans guère se préoccuper du fait que les poissons ne reconnaissent pas les frontières fixées par l'homme.

La pêche au chalut d'Haplochromis a été introduite à Mwanza, et une réglementation a été adoptée lumitant les opérations de chalutage à des profondeurs de plus de 20 m.

Reconnaissant toute l'importance de la coordination et de la coopération pour l'aménagement et le développement des pêcheries du lac Victoria, le Comité des pêches continentales pour l'Afrique a créé en 1980 un sous-comité spécial du CPCA pour le lac Victoria. Le sous-comité a pour principal objectif de développer la coopération régionale par le biais d'un projet régional; il a également pour but d'offrir une orientation technique aux gouvernements partageant les eaux du lac afin de pourvoir aux besoins sociaux, économiques et nutritionnels de la population. Le sous-comité a participé à l'élaboration d'un projet régional qui attend d'être financé, mais à ce jour aucune mesure n'a été prise par les Communautés européennes, les pays riverains ayant omis d'adresser une demande commune officielle.

La première phase du projet viserait à réorganiser et à harmoniser l'actuel système de collecte et d'analyser des données statistiques concernant les pêches, les captures et l'effort de pêche sur le lac. Ces données seraient ensuite utilisées pour évaluer les stocks de poisson.

Ce qui affecte le plus l'aménagement des pêches sur le lac Victoria à l'heure actuelle, c'est la grande incertitude concernant l'avenir de cette ressource. Tout progrès dans ce domaine passe nécessairement par la coopération et la coordination internationales. En attendant, l'ensemble de la pêche souffre de la pénurie de devises, d'engins de pêche et de pièces de rechange ainsi que de la détérioration des services de vulgarisation, conséquence des difficultés économiques des Etats riverains.

Parmi les recommandations du consultant, celles qui concernent l'aménagement des pêches sont les suivantes:

  1. le stock sous-jacent devrait faire l'objet d'une nouvelle estimation (de préférence en prenant pour référence l'estimation initiale établie par la FAO/UNAP/EAFFRO pour la période 1964–67), pour tenir compte de diverses mutations;

  2. il faudrait reconstituer un comité de coordination comprenant les directeurs des centres de pêche et des centres de recherche halieutique du lac Victoria, qui superviserait et assurerait la coopération entre les Etats concernés pour les questions relatives à l'estimation des ressources et à l'aménagement des pêches;

  3. il faudrait harmoniser la législation régissant les techniques de pêche, les zones de pêche et les restrictions imposées au chalutage commercial;

  4. il conviendrait d'adopter une législation pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution;

  5. les activités de recherche devraient être coordonnées et exemptées des restrictions imposées par les frontières nationales.

4. LAC TANGANYIKA

Les espèces prédominantes sont les espèces pélagiques, en particulier la sardine du lac Tanganyika, localement appelée Kapenta. La pêche est essentiellement artisanale. Selon les estimations, les petits pêcheurs débarquent 70 000 t de poisson, 10 000 t étant à mettre à l'actif des senneurs industriels. La pêche se pratique à moins de 5 km du rivage en raison des caractéristiques des embarcations et engins de pêche. Les eaux libres du lac peuvent être considérées comme encore sous-exploitées en raison du rayon d'action limité des pirogues. Les dernières estimations des ressources potentielles, qui datent du milieu des années soixante-dix, sont si variables (de 22 kg/ha à 100 kg/ha) que l'on peut s'interroger sur leur utilité aux fores d'aménagement. Les ressources ichtyologiques sont certainement sujettes à de fortes fluctuations dues à l'évolution des conditions limnologiques.

Les principaux problèmes affectant l'aménagement des pêches dans le lac Tanganyika sont les suivants:

  1. le manque de données fiables relatives aux ressources ichtyologiques. La mise en oeuvre d'un projet régional de la pêche pour le lac Tanganyika a subi de nombreux retards, dus essentiellement au manque de capitaux;

  2. il n'existe pas d'instance à proprement parler, où il serait facile d'échanger des informations sur les questions techniques et scientifiques liées à l'aménagement des pêches. Le Sous-comité du CPCA pour le lac Tanganyika se réunit trop peu souvent. S'il se réunissait plus fréquemment, il pourrait s'acquitter de cette mission;

  3. la collecte de données statistiques régulières sur les pêches est gravement entravée par l'absence de moyens de transport et autres équipements de base;

  4. les intérêts de la pêche n'ont pas été pris en considération lors de la planification d'autres activités économiques sur le lac telles que les réparations navales, le transport, l'agriculture, les prospections pétrolières et l'évacuation des déchets.

Le consultant a fait un certain nombre de recommandations concernant l'aménagement des pêcheries du lac Tanganyika, notamment les suivantes:

  1. il conviendrait d'appliquer les recommandations émanant des sessions d'étude sur les statistiques de la pêche dans les eaux intérieures, organisées au Burundi par le Bureau régional de la FAO pour l'Afrique;

  2. la FAO est instamment invitée à chercher tous les appuis possibles pour la mise en oeuvre d'un projet régional pour le lac Tanganyika;

  3. les centres de recherche halieutiques au Burundi et au Tanganyika devraient être revalorisés. D'autres centres sont nécessaires, à Kalemie (Zaïre) et à Mpulungu (Zambie), et il convient de coordonner les travaux des quatre centres;

  4. il faudrait adopter une approche intégrée de l'aménagement du lac dans tous les secteurs: transports, communications, agriculture, etc.;

  5. il conviendrait d'harmoniser la législation régissant l'exploitation des ressources halieutiques et la conservation de l'environnement;

  6. un dispositif devrait être mis en place pour assurer une coopération et des consultations régulières entre les quatre pays concernés.

5. LAC MALAWI/NYASA

Avec un rendement de 30 000 à 40 000 t par an, le lac Malawi/Nyasa est, malgré sa taille moins productif que le lac Tanganyika, et encore sa productivité accuse-t-elle de très fortes fluctuations. Des opérations commerciales de chalutage à boeufs sont conduites dans le sud du lac, qui est nettement plus productif que le nord.

Chaque Etat riverain a défini sa propre politique d'aménagement et de développement des pêches. Mais avec l'institution de la Conférence pour la coordination du développement de l'Afrique australe (SADCC), de nouvelles possibilités de coopération vont s'ouvrir.

Le Mozambique et la Tanzanie avaient limité leurs activités de pêche sur le lac aux petits pêcheurs. Grâce au projet FAO/PNUD le Malawi a pu développer la pêche au chalut-boeuf à partir de Monkey Bay. Ce projet comportait également une étude des moyens appropriés pour le traitement, la distribution et la commercialisation des prises au Malawi.

Au début des années soixante-dix, la Tanzanie a créé une station de recherche à Kyela mais faute de personnel et en raison des fréquentes avaries du navire de recherche MVUVI, actuellement hors service, celle-ci n'a pas été en mesure de se livrer à des recherches importantes. La station constitue à l'heure actuelle une branche de l'organe national responsable de la recherche halieutique en Tanzanie, “The Tanzanian Fisheries Research Institute”.

La Conférence pour la coordination du développement de l'Afrique australe (SADCC) a reconnu l'importance des ressources ichtyologiques du lac Malawi/Nyasa en tant que source de protéines et pourvoyeur d'emplois et a proposé un projet qu'elle financerait elle-même, visant à étudier les ressources pélagiques du lac Malawi/Nyasa.

Là encore, l'aménagement des pêches sur le lac Malawi/Nyasa se heurte principalement à une mauvaise connaissance d'une ressource partagée, là au manque de données sur les captures et l'effort de pêche, à quoi s'ajoute l'insouffisance des communications entre les Etats riverains.

Récemment, le Gouvernement du Royaume-Uni s'est déclaré intéressé à financer le projet de la SADCC et a proposée à une société-conseil indépendante d'étudier les ressources en poisson du lac Malawi/Nyasa et d'établir le devis complet et détaillé d'une étude des ressources pélagiques du lac Malawi/Nyasa qui durerait trois ans et serait menée conjointement par les Gouvernements du Malawi, du Mozambique et de la Tanzanie.

Parmi les recommandations faites par le consultant de la FAO figurent les suivantes:

  1. apporter un soutien total aux consultants indépendants nommés pour collaborer à l'étude conjointe des ressources pélagiques ainsi qu'aux activités déployées dans le cadre du projet pour acquérir une connaissance plus approfondie de ces ressources;

  2. le projet devrait être un moyen d'harmoniser la législation régissant l'aménagement des stocks de poissons et la protection de l'environnement. Il offrirait également une possibilité de coordonner la recherche et de normaliser la collecte des données;

  3. faire du CPCA, qui collaborera avec la SADCC le principal comité coordonnateur des activités liées au lac Malawi/Nyasa.

6. LAC ALBERT

Comme pour les lacs Tanganyika, Victoria et Malawi, la connaissance insuffisante des ressources ichtyologiques du lac entrave l'aménagement des pêches. D'autre part, les problèmes économiques de la région et les troubles sociaux en Ouganda ont gravement perturbé le secteur de la pêche. On dispose d'éléments attestant de manière irréfutable une surpêche (qui peut avoir été aggravée par le fait que des donateurs ont fourni des engins de pêche subventionnés aux petits pêcheurs).

Le consultant a recommandé:

  1. que le Comité Zaïre-Ouganda, qui s'occupe essentiellement de problèmes tels que le braconnage du poisson, et dont le but est avant tout de promouvoir les relations de bon voisinage le long de la frontière, devrait étendre ses activités à la coordination en matière d'aménagement des pêches;

  2. la législation des pêches devrait être harmonisée et appliquée correctement;

  3. il faudrait trouver les moyens de financer des recherches portant sur les eaux territoriales des deux Etats (Zaïre et Ouganda).

7. LAC EDWARD

Comme le lac Albert, le lac Edward est partagé par l'Ouganda et le Zaïre. A l'heure actuelle, il n'existe aucune instance au sein de laquelle les problèmes de l'aménagement des pêches pourraient être examinés par les deux nations concernées. La réglementation des pêches ne semble pas être appliquée correctement, et il est probable que ce secteur est affecté (bien qu'on ne sache pas très bien dans quelle mesure) par la pollution provenant des mines de cuivre.

D'après les recommandations du consultant, il faudrait entre autres:

  1. créer un organisme chargé de coordonner l'aménagement des pêches, la législation et la recherche halieutiques entre l'Ouganda et le Zaïre;

  2. étudier les effets à long terme des ions de cuivre déchargés dans le lac;

  3. atténuer les effets négatifs sur les pêches du lac de certaines pratiques agricoles telles que l'emploi des pesticides.

8. LAC KIVU

Ce lac avait la réputation d'être particulièrement peu productif jusqu'au moment où l'on a introduit deux espèces du lac Tanganyika, qui se nourrissent de plancton: Stolothinosa tanganikae et Limnothrisa miodon. Limnothrisa miodon a réussi à s'implanter et fournir maintenant l'essentiel de captures. Cependant, la pêche dans le lac Kivu n'est pas une activité populaire, et les populations avoisinantes ne semblent pas être grandes consommatrices de poisson.

Le consultant a recommandé, outre la mise sur pied d'un programme conjoint de recherche, une coopération plus étroite entre le Rwanda et le Zaïre dans le domaine de l'aménagement des pêches.

9. LAC KARIBA

Les lacs Kariba et Cahora Bassa sont les deux lacs aménagés par l'homme parmi les huit lacs considérés. On a constaté la présence de certaines espèces de poisson dans le lac Kariba, mais les plus importantes sont Limnothrisa miodon (Kapenta), espèce exotique originaire du lac Tanganyika, et son prédateur, le poisson tigre Hydrocynus vittatus.

L'aménagement et le développement des pêches au Zimbabwe relèvent du Département chargé des parcs nationaux et de la faune, tandis que la Zambie dispose d'un Département des pêches attitré, installé à Chilanga. Au Zimbabwe, l'aménagement des pêches est régi par le règlement des parcs et de la faune, qui prescrit que les bateaux soient enregistrés et que chaque pêcheur ait un permis de pêche. Il existe une législation similaire en Zambie. La pêche fait l'objet d'inspections périodiques visant à assurer l'utilisation de filets de pêche à grand maillage.

La pêche à la sardine a contribué au développement rapide de la ville de Kariba. La Zambie tire également parti de l'exploitation du Kapenta, notamment depuis la guerre de libération du Zimbabwe. D'autres activités subsidiaires utilisent l'eau du lac, par exemple les élevages de crocodiles et de crevettes.

Parmi les propositions de projets de la Conférence pour la coordination du développement de l'Afrique australe figure un projet régional de recherche et de développement halieutique sur le lac Kariba. La mise en oeuvre du projet se heurte au problème du financement, mais une mission mixte de l'Agence norvégienne pour le développement international (NORAD) et de l'Agence danoise pour le développement international (DANIDA) s'est rendue en 1983 en Zambie et au Zimbabwe pour:

Les principaux obstacles auxquels se heurtent actuellement les autorités sont les suivants:

  1. l'absence de moyens permettant de conduire des recherches continues sur l'état, la distribution et l'abondance des stocks de poisson et de fixer la limite des quantités pouvant être capturées;

  2. il n'existe pas d'institution chargée spécialement de coordonner les activités d'aménagement et de développement des pêches intéressant le lac, notamment lorsqu'une décision conjointe de la Zambie et du Zimbabwe est requise;

  3. l'Institut de recherche de Kariba se charge de collecter des données limnologiques et statistiques de la pêche du côté zimbabwéen mais les questions concernant les pêcheries du lac Kariba doivent être traitées à partir de Chilanga;

  4. le manque de capitaux pour financer les apports nécessaires à la recherche, au développement et à l'aménagement du secteur;

  5. la législation régissant l'exploitation du lac n'étant pas harmonisée, il n'est pas possible de gérer correctement les stocks de poisson.

Etant donné la coopération extrêmement limitée dont font l'objet les diverses activités de pêche sur le lac, le consultant a recommandé aux gouvernements de la Zambie et du Zimbabwe:

  1. d'instituer un mécanisme de coordination et de consultation sur l'aménagement et le développement des pêches;

  2. de renforcer l'Institut de recherche halieutique du lac Kariba (Zimbabwe) et de créer un institut de recherche correspondant sur la rive zambienne pour promouvoir ce type de recherche;

  3. d'effectuer des recherches sur l'écologie du réseau hydrographique du Zambèze, que l'on connaît relativement mal comparé aux données détaillées actuellement disponibles pour le lac Kariba.

10. CAHORA BASSA

Le lac qui s'est constitué derrière le barrage de Cahora Bassa a commencé à se remplir début décembre 1974. Les pêches n'ont toujours occupé qu'une place secondaire dans ce projet, et le lac n'est guère utilisé pour la pêche. Les troubles qui agitent en permanence le Mozambique expliquent en partie le faible développement de la pêche.

En vue de l'aménagement et du développement des pêches, le consultant a recommandé ce qui suit:

  1. mettre en place un système permanent de collecte de données pour faciliter la surveillance des stocks de poissons;

  2. allouer les fonds nécessaires à l'estimation des stocks de poissons du lac;

  3. trouver les fonds et les ressources nécessaires pour acquérir des engins de pêche, perfectionner les méthodes de distribution et de commercialisation, soutenir le crédit, la construction navale et améliorer les voies d'accès.

11. CONCLUSIONS

Le consultant est parvenu à la conclusion générale qu'il serait possible d'accroître la production des huit lacs en coordonnant la planification, en acquérant une meilleure connaissance des ressources partagées et en encourageant l'esprit de coopération entre voisins.

L'aménagement des lacs doit être conçu en considérant chacun d'eux comme une unité écologique et en tenant compte de toutes les activités faisant usage des eaux ou produits des lacs et de celles qui en affectent les conditions écologiques.

Les études portant sur les ressources pélagiques ne seront guère utiles sans la coopération de tous les pays riverains de chaque lac et sans un accès à toutes les eaux et à toutes les berges. Il est également indispensable que la législation et les mesures d'aménagement des ressources des lacs soient conçues avec la pleine coopération de toutes les autorités concernées aux niveaux départemental, national et international.

Le consultant a également conclu que l'aménagement des pêches serait plus efficace si, à côté de la recherche biologique, des études socio-économiques pouvaient être consacrées aux problèmes de la pêche artisanale. Pour tous les lacs considérés, des programmes intégrés et bien conçus de collecte systématique de données statistiques font défaut ou doivent être revivifiés.

Enfin, il importe en particulier que des mécanismes soient mis en place pour favoriser une collaboration régulière au niveau international, qui permettra d'harmoniser les politiques d'aménagement des ressources et de conduire des recherches constructives. C'est là que la FAO, par l'intermédiaire du CPCA et de ses sous-comités, peut jouer un rôle utile et déterminant.


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