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COMPTE RENDU DES SESSIONS (Conti.)

SESSION 4: INTRODUCTIONS ET TRANSPLANTATIONS - RESULTATS OBTENUS AVEC CERTAINES ESPECES

(a) Gaspareau et salmonidés (J. Holcik) (Documents No. 26, 27, 28, 29, 30)

Introduction

Les documents présentés rendaient compte des résultats de l'introduction d'un clupéidé - le gaspareau (Alosa pseudoharengus) (26) et de quatre salmonidés: l'omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) (2), la truite de lac (Salvelinus namaycush) (30), le saumon argenté (Oncorhynchus kisutch) (27) et le saumon du Danube (Hucho hucho) (28). Mis à part ce dernier, originaire d'Europe, toutes les autres espèces viennent d'Amérique du Nord.

Objet des introductions

Les espèces en question ont été transplantées ou introduites pour différentes raisons. Le gaspareau a été transplanté dans plusieurs réservoirs du sud-est des Etats-Unis (Virginie et Tennessee) pour servir de proie aux poissons pélagiques piscivores destinés à la pêche sportive et, notamment, aux grands prédateurs que sont le bar d'Amérique (Morone saxitilis), le bar blanc (Morone chrysops) et le doré jaune (Stizostedion vitreum vitreum). L'omble de fontaine est l'une des toutes premières espèces exotiques à avoir été transportées en Europe. Il a été introduit en Angleterre, en Suède, en Norvège, en Tchécoslovaquie et en Suisse entre 1876 et 1890 et, par la suite, dans d'autre pays. A l'origine, il était destiné à la pêche à la ligne et à l'aquaculture. L'introduction de la truite en Finlande et en Suède visait avant tout à repeupler les lacs, à compenser la diminution des populations indigènes de salmonidés, à relancer la pêche dans les lacs où elle était en déclin par suite d'aménagements hydroélectriques et à remplir une niche trophique vacante. Les deux dernières espèces de salmonidés sont parmi les moins bien connues. Le saumon du Danube a été transplanté et introduit dans plusieurs pays européens pour la pêche à la ligne, pour compenser la diminution des stocks de salmonidés diadromes indigènes, pour réduire la densité des populations de poissons communs et pour éviter l'extinction de cette précieuse espèce. Quant au saumon argenté il a été introduit en France essentiellement pour répondre à l'augmentation de la demande de saumon qu'il était impossible de satisfaire vu la diminution des stocks de truites de mer (Salmo trutta m. trutta) et de saumons de l'Atlantique (Salmo salar).

Résultats obtenus

Les gaspareaux ont formé une population reproductrice dans le lac Claytor, réservoir hydroélectrique de la New River en Virginie, deux ans après leur introduction et sont devenus une composante importante de la population de ces eaux. On estime que leur biomasse représente de 25 à 50 pour cent de celle de la population totale de poissons. On a constaté qu'ils étaient l'une des proies préférées de poissons pélagiques tels que le bar d'Amérique, le bar blanc et le doré jaune; en revanche, Micropterus salmoides, M. dolomieui et M. punctulatus ont tendance à les éviter car ces espèces préférent les habitats du littoral. On n'a pas trouvé de résidus de gaspareaux dans l'estomac des crapets (Pomoxis nigromaculatus et P. annularis). Les gaspareaux se développent plus vite dans ce réservoir que dans n'importe quel autre plan d'eau fermé; une partie seulement de la population est donc vulnérable aux prédateurs. La croissance du bar blanc et du doré jaune s'est nettement accélérée depuis l'introduction du gaspareau alors que celle des autres bars, du crapet et du poisson-lune (Lepomis sp.) s'est ralentie. La taille des Lepomis a diminué parce que les prédateurs pélagiques se sont tournés vers les gaspareaux. On observe dans le lac Claytor comme dans les Grands Lacs des prédations très importantes, mais la population récupère rapidement car elle a un taux de reproduction très élevé. Le gaspareau a une prédilection pour le gros plancton de sorte qu'il ne reste plus que du petit plancton pour les autres espèces planctivores, ce qui n'est pas sans danger pour celles-ci. Par ailleurs, le gaspareau peut être considéré comme un véritable prédateur puisqu'il se nourrit de jeunes poissons appartenant à au moins cinq autres espèces. La migration vers l'aval des gaspareaux du lac Claytor a permis à cette espèce de s'établir dans le lac Bluestone, à plus de 100 km de là, de sorte que ces poissons ont désormais accès à pratiquement la moitié de la partie continentale des Etats-Unis.

Les résultats de l'introduction de l'omble de fontaine en Norvège confirment que cette espèce est rarement à même de former des populations autoreproductrices et que, dans des conditions normales, elle est en général détruite par la truite de mer indigène. Toutefois, des observations à plus long terme et les nombreuses expériences qui ont été faites, notamment en matière de repeuplement, montrent que l'omble de fontaine peut survivre et se développer dans des eaux acides, même si le pH n'est pas supérieur à 4,5. Il supporte mieux les eaux gravement altérées par des précipitations acides que le saumon de l'Atlantique, la truite de mer ou la truite arc-en-ciel (Salmo gairdnerii). Dans ces eaux sa croissance est d'ordinaire plus rapide que celle des autres salmonidés qui ont été essayés et son état et sa qualité sont en général meilleurs. En fait, dans certaines eaux acides, c'est la seule espèce de poisson.

Au cours des 25 dernières années, les Finlandais ont fait des expériences de repeuplement avec des truites de lac dans des lacs de différentes tailles et de divers types ainsi que dans la mer. Cette espèce est aussi utilisée en pisciculture. On a constaté que, pour le repeuplement, il fallait employer des truites de 20 à 25 cm de longueur, les mettre à l'eau au printemps ou à l'automne et choisir des lacs vastes et profonds à eau claire. De bons résultats (en ce qui concerne les captures) ont également été obtenus dans de petits lacs lorsque ceux-ci étaient profonds et clairs. En revanche, les résultats ont été médiocres dans les lacs artificiels, les lacs dystrophiques ainsi que dans la mer et dans les eaux saumâtres. L'exemple des lacs Pallasjarvi et Inari, où les captures de truites de lac sont respectivement de 237 et 100 kg pour 1 000 truites de repeuplement, montre que l'on n'obtient de bons résultats que si le repeuplement est massif et se répète chaque année. L'acclimatation a été parfaite dans le lac Pallasjarvi et probablement aussi dans le lac Inari. La truite de lac se nourrit essentiellement de vendaces (Coregonus albula) et de poissons blancs (Coregonus lavaretus). La pisciculture de géniteurs et de juvéniles est plus facile avec cette espèce qu'avec le saumon de l'Atlantique ou la truite de mer.

En Suède, les introductions ont la plupart du temps échoué et la reproduction naturelle de la truite de lac ne reste qu'une supposition. Le taux de croissance de cette espèce varie dans de fortes proportions selon le type de poissons existant dans le lac étudié. Dans les lacs où les populations sont complexes, la croissance de la truite était bonne; en revanche, elle était médiocre dans les lacs à ichtyocénose simple. On a observé que la truite de lac pouvait facilement changer de proies en fonction de la densité et de la disponibilité des différentes espèces. On n'a noté aucun effet néfaste sur les poissons indigènes ni en Finlande, ni en Suède. Toutefois, les truites de lac introduites dans ces deux pays se nourrissent de certains poissons dont la valeur est appréciable tels que les corégones et l'omble chevalier, ce qui n'est sans doute pas sans effet sur la densité de ces espèces.

Le saumon argenté a été introduit en France par plusieurs organismes publics et privés pour la thalassoculture en nasses mais, en outre, quelque 60 000 saumons argentés d'un an ont été lâchés dans la Varenne (Haute-Normandie) en 1974 et 1975. On a commencé à en capturer en 1975 dans la Varenne et dans certains cours d'eau voisins. Les recherches qui ont été menées à ce sujet ont montré que la migration vers l'amont de cette espèce dans la Varenne s'était poursuivie jusou'à 1977 seulement, après quoi l'espèce avait complètement disparu. Toutefois, certaines indications permettent de penser qu'il y a eu frai naturel. En moyenne, la longueur des poissons capturés était de 543 mm et leur poids de 1,6 kg. Le coefficient de condition était égal à celui du saumon de l'Atlantique, espèce indigène, mais était inférieur à celui de la truite de mer dans la même région. Le saumon argenté a conservé son cycle biologique naturel dans la Varenne: les tacons ont migré vers la mer l'année même du repeuplement et sont revenus dans la Varenne au bout de 18 mois environ. Compte tenu des médiocres résultats de l'élevage de cette espèce en nasses ainsi que des conditions écologiques au large des côtes françaises et dans les cours d'eau avoisinants, les auteurs concluent que les possibilités d'établissement du saumon argenté ou d'autres Oncorhynchus en France sont très limitées. Il faudrait donc accorder davantage d'attention aux risques que peut présenter l'introduction d'espèces exotiques ainsi qu'à la conservation et au développement du saumon de l'Atlantique indigène.

Le saumon du Danube a été transplanté en Tchécoslovaquie, en Pologne, en Angleterre, en Suisse, en Belgique, en France, en Suède, en Espagne et aussi au Maroc et au Canada. Seuls huit des 38 essais enregistrés ont été couronnés de succès; autrement dit, il n'y a eu acclimatation que dans 28 pour cent des cas. L'espèce est encore présente dans quatre cours d'eau qui ne font pas partie de son aire naturelle de répartition - deux entre la Tchécoslovaquie et la Pologne, un en France et un en Espagne - et reste en amont sur des distances assez courtes. L'ignorance de l'écologie de cette espèce, l'utilisation pour le repeuplement de poissons trop jeunes en trop petit nombre et la courte durée des essais d'introduction sont les principales raisons des échecs. Bien que l'on manque d'informations à ce sujet, on sait que cette espèce peut réduire dans de fortes proportions la densité des populations de poissons vivant dans les mêmes eaux et, dans certains cas, il a fallu limiter la densité de saumons du Danube pour éviter la diminution des stocks d'autres espèces ayant plus de valeur telles que la truite de mer ou l'ombre commun (Thymallus thymallus). En tant que premier prédateur de l'écosystème préféré, le saumon du Danube peut être utile pour limiter la croissance des populations de poissons proies; toutefois, il est incapable de former des populations denses et de remplacer les salmonidés diadromes.

Comme cette espèce de grande valeur est maintenant menacée d'extinction en Europe, il faudrait repeupler les cours d'eau de son habitat original. Par ailleurs, il faudra prendre un maximum de précautions pour éviter que l'introduction du saumon du Danube hors de son aire géographique naturelle n'ait des effets néfastes.

Conclusions

On peut tirer un certain nombre de conclusions générales des documents présentés au Symposium, même si le nombre des espèces qui y sont étudiées est limité:

  1. Dans la plupart des cas, l'introduction ou la transplantation de ces espèces a eu des résultats moins bons que prévus.

  2. Lorsque l'on introduit des espèces exotiques dans un environnement nouveau, on risque presque toujours de nuire aux espèces indigènes, car il est rare qu'il y ait une séparation écologique entre les unes et les autres. Il faut donc s'attendre à ce qu'il y ait compétition et prédation, même avec les poissons proies.

  3. Il est urgent d'étudier plus à fond l'écologie des poissons, leur comportement et leur physiologie.

  4. Les responsables devraient, sur la base d'études écologiques, analyser risques et avantages avant de repeupler les eaux avec des poissons exotiques.

  5. Le transfert d'espèces exotiques dans des écosystèmes naturels, même s'il s'est en général soldé par des échecs ou a eu des conséquences fâcheuses, n'est cependant pas à proscrire car, dans certaines pièces d'eau où l'environnement a été altéré artificiellement, ces espèces exotiques peuvent avoir une résistance et une vitalité plus grandes que les espèces indigènes comme le montre l'exemple de l'omble de fontaine dans les cours d'eau et lacs acides de Norvège.

DEBATS

Aux Etats-Unis, le transfert du gaspareau, loin d'avoir les avantages escomptés, a eu des conséquences désastreuses. L'habitude qu'a cette espèce de manger d'autres poissons ainsi que le gros zooplancton pourraient entraîner de profondes modifications de l'écosystème et, maintenant que cette espèces a accès au bassin du Mississippi, ces modifications pourraient avoir des conséquences incalculables.

En Suède, la truite de lac, même si elle se nourrit de poissons blancs, n'a pas apparemment d'effet néfaste. Les pêcheurs n'aiment pas le poisson blanc et la truite de lac peut donc être considérée comme un bon moyen de convertir des espèces de rebut en poissons recherchés. En revanche, en Pologne, le poisson blanc est parfaitement acceptable et a même les préférences du consommateur. Cela montre que le jugement que l'on porte sur le succès ou l'échec d'une introduction peut dépendre des habitudes locales. En Suède, on repeuple les eaux à la fois avec des truites de lac et avec des ombles chevaliers; les premières réduisent la densité des ombles juvéniles, ce qui favorise la croissance de ceux qui restent.

(b) CYPRINIDES ET SANDRES (J. Dahl) (Documents No. 32, 33, 34, 35, 36, 37)

Deux documents concernent l'introduction de poissons herbivores. L'un décrit les expériences faites pour repeupler un lac de la République démocratique allemande avec de grosses quantités de carpes argentées (32), l'autre les premiers essais de repeuplement avec des carpes de roseau au Danemark (33). Le document 34 décrit les expériences faites au Royaume-Uni pour transférer le barbeau dans un réseau hydrographique d'où il était jusque-là absent.

Le dernier groupe de documents concerne les sandres. L'un traite des effets négatifs d'une introduction involontaire de sandres dans les eaux de l'East Anglia (36), l'autre rend compte de l'acclimatation des sandres dans les eaux danoises (35).

On a repeuplé un lac hypertrophe avec de grosses quantités (10 000 unités) de carpes argentées de deux ans et on a constaté que le zooplancton notamment diminuait dans le limnion, mais cette diminution était en partie compensée par le zooplancton littoral qui restait inchangé (32).

Carpes?

Les sandres et perches indigènes ont gravement pâti de l'introduction des carpes car ils fraient dans le sous-littoral et leurs alevins dépendent du zooplancton dans le limnion. En revanche, la brème blanche et le gardon qui fraient dans le littoral et dont les alevins se nourrissent dans la même zone, n'ont pas été affectés. Il en va de même des brèmes en général dont la croissance a même été supérieure à la moyenne; toutefois, dans ce cas, cela tient sans doute surtout au fait que les stocks originaux avaiant fortement diminué quelques années avant l'expérience de sorte que les spécimens restant avaient une croissance supérieure à la normale.

Lorsque la pêche a réduit le nombre des carpes argentées en 1981, la survie du frai des sandres s'est nettement améliorée.

Du point de vue de l'aménagement, il est préférable de choisir un taux de repeuplement à l'hectare de 1 000 carpes argentées de deux ans, voire moins, si l'on ne veut pas mettre en danger certaines des espèces indigènes.

Au Danemark, les premières expériences de repeuplement de petites pièces d'eau avec des carpes de roseau ont donné des résultats très variables et il est encore trop tôt pour évaluer les possibilités de cette espèce dans ce pays (33). Les carpes semblent avoir souffert des effets de la couche de glace qui recouvre l'eau pendant de longues périodes dans certains cas, ce qui n'a rien d'étonnant étant donné que les eaux en question contiennent beaucoup de végétation, sont peu profondes et stagnantes. Les augmentations de poids observées dans différentes pièces d'eau expérimentales variaient dans de très fortes proportions: de 23 à 46 pour cent durant la première saison de croissance. L'effet de l'introduction de la carpe sur la végétation a également été variable; dans certains cas, il a été pratiquement nul, dans d'autres, très marqué. Dans un ou deux cas, l'activité de la carpe de roseau a entraîné une réduction de la visibilité par suite d'une multiplication soudaine du plancton; dans un de ces cas, on a essayé d'y porter remède en utilisant aussi des carpes argentées pour le repeuplement.

Barbeaux?

En 1956, au Royaume-Uni, on a introduit dans la Severn 509 barbeaux, espèce jusque-là absente de ces eaux. Cent-deux barbeaux y ont été ajoutés en 1964 (34).

Avant l'introduction du barbeau, on pêchait surtout le chevaine et la vandoise et la rivière était très renommée sur ce plan. L'introduction du barbeau n'en a pas moins été un grand succès (34). L'importance relative des différents types de poissons capturés par les pêcheurs à la ligne, telle que relevée en trois points de la Severn, en est la preuve. Le barbeau a remplacé le chevaine dans les captures de deux de ces trois sites. Dans le troisième site, le chevaine (et la brème) restent les espèces les plus importantes dans les captures mais la part des barbeaux semble s'accroître L'introduction de ce poisson dans la Severn ne semble pas avoir entraîné de compétition avec le chevaine; le barbeau ne se subsitue pas à d'autres espèces mais s'y ajoute. Le succès du barbeau dans la Severn n'était pas prévu et il est heureux que son introduction n'ait pas eu d'effet préjudiciable.

Sandres?

De bons stocks de sandres ont été créés dans environ 70 lacs du Danemark, soit par repeuplement direct, soit par propagation au sein d'un même réseau hydrographique (35). On estime que la plupart des lacs danois sont bien adaptés à cette espèce. Le sandre est une espèce supplémentaire qui est appréciée non seulement pour la pêche commerciale, mais aussi pour la pêche sportive. Dans les lacs turbides du Danemark, où la faune est dominée par des espèces considérées sans valeur, le sandre a monté qu'il était un prédateur plus efficace que le brochet car il a un mode de vie pélagique.

La réussite du Danemark contraste avec les conséquences catastrophiques de l'introduction accidentelle du sandre dans le réseau moyen de drainage de la région de l'Anglia au Royaume-Uni (36).

Le sandre - espèce qui n'est pas indigène en Angleterre - avait été déjà introduit plus ou moins intentionnellement dans d'autres parties du pays sans y causer trop de dommages; en revanche, son introduction en 1963 dans le canal de déchargement de l'Ouse (Norfolk) et sa propagation rapide dans le réseau moyen de drainage semblent avoir eu des conséquences catastrophiques pour la faune indigène.

Dans certains parties du réseau, on a noté une diminution spectaculaire des stocks de cyprinidés et il semble bien qu'il y ait une étroite relation entre cette diminution et l'apparition du sandre. L'Anglian Water Authority a donc décidé il y a quelques années de lancer un programme visant à réduire au maximum les populations de sandres. Ce programme suppose une étroite coopération avec les pêcheurs, par l'intermédiaire de leurs clubs, et vise à rétablir l'équilibre qui existait autrefois entre prédateurs et proies. Il prévoit un certain nombre de mesures qui devraient permettre d'obtenir un rapport de 9 à l entre la biomasse des cyprinidés et celle des prédateurs -brochets et sandres - et d'assurer l'expansion naturelle des populations de cyprinidés. On attend des pêcheurs qu'ils réduisent les populations de prédateurs, l'Anglian Water Authority se chargeant quant à elle de repeupler les eaux en cyprinidés, notamment en gardons et en brèmes. Les opérations de réduction des populations de prédateurs ont débuté en 1980 et on a lancé un projet de recherche d'une durée de trois ans pour mieux comprendre les relations existant entre prédateurs et proies. D'après les résultats préliminaires de 1982, la pêche a permis de fortement réduire la biomasse des sandres. Toutefois, il existe encore de nombreux jeunes brochets et sandres qui proviennent du frai de 1980 et 1981, ce qui montre que les opérations doivent s'intensifier et s'accompagner d'un effort massif de repeuplement en cyprinidés.

Si ce programme échoue, les aménagistes britanniques continueront à être en lutte à un assez gros problème et la popularité du sandre au Royaume Uni restera limitée.

Apparemment, l'amélioration des stocks est essentiellement affaire de préférence et d'attitude, voire d'habitude. Au Danemark, les cyprinidés sont considérés comme des poissons sans valeur aussi bien pour la pêche commerciale -car ils sont invendables - que pour les pêcheurs à la ligne - car ceux-ci ne les mangent pas. En Angleterre et dans beaucoup d'autres parties de l'Europe, la pêche aux cyprinidés est un sport très apprécié. Les Danois s'étonnent de voir chaque été des touristes britanniques venir pêcher les cyprinidés dans leurs eaux pour finalement relâcher leurs prises à la fin de la journée. D'où la question: pour qui aménageons-nous nos stocks de poissons?

DEBATS

Le sandre introduit dans la région de l'East Anglia (Angleterre) est aujourd'hui considéré comme un problème. Il était bien accepté dans les eaux fermées où il se reproduisait avec plus ou moins de bonheur et ne formait que des populations limitées. Une fois transféré dans des eaux libres (cours d'eau) où il lui est beaucoup plus facile de se reproduire, le sandre s'est multiplié à une vitesse folle, ce qui a été extrêmement préjudiciable aux cyprinidés qui ont la préférence des pêcheurs à la ligne. Des mesures ont été prises pour essayer de rétablir un rapport de 9 à l en faveur des cyprinidés et on espère maintenir cet équilibre en persuadant les pêcheurs que le sandre est bon à manger. Ce poisson, dont l'introduction a jusqu'ici eu un effet nocif, deviendrait ainsi une utile ressource supplémentaire.

En Hongrie, les stocks de sandres du lac Balaton diminuent sous l'effet de l'eutrophisation. Questionné à ce sujet, J. Dahl a indiqué qu'il n'était pas possible de savoir s'il en allait de même au Danemark, même si les populations de certains lacs eutrophisés semblent être en diminution.

L'expérience roumaine montre qu'il est nécessaire de repeupler les eaux en sandres si l'on veut maintenir le niveau de la population dans des environnements eutrophiques. D'ordinaire, on ensemence les étangs et les lacs avec des oeufs fécondés. Dans les étangs, on obtient de très bons résultats avec de faibles quantités; si celles-ci sont trop fortes, l'effet risque d'être contre-productif. Dans les lacs de plus grandes dimensions où les populations sont plus complexes, le repeuplement peut se faire à plus forte dose.

En France, on a tout d'abord pensé que l'introduction du sandre avait un effet sur les stocks de poissons blancs mais on estime aujourd'hui que ce prédatisme est sans importance et l'on considère que l'introduction du sandre a été un succès.

(c) ECREVISSES (K. Westman) (Documents No. 38, 39, 40, 42)

Introduction

Depuis 1860, une épizootie due à une moisissure (Aphanomyces astaci) cause de grosses pertes dans les populations indigènes d'écrevisses en Europe. On a souvent essaye, mais toujours sans succès, de lutter contre ce fléau; aucune race résistante ne s'est créée et les écrevisses européennes semblent incapables de se reconstituer dans les cours d'eau infectés de façon chronique. C'est essentiellement à cause de cette épizootie que la pêche à l'écrevisse et l'aménagement des stocks ont enregistré un net recul en Europe durante la première moitié de ce siècle.

On a vu renaitre l'intérêt pour la pêche à l'écrevisse au cours des années soixante-dix grâce à la possibilité d'utiliser des espèces nord-américaines résistantes à la maladie, notamment Pacifastacus leniusculus.

La résistance des écrevisses américaines à la moisissure tient très vraisemblablement au fait que cette maladie est elle-même originaire d'Amérique du Nord et que les espèces présentes aux Etats-Unis et au Canada ont peu à peu acquis une grande résistance à la maladie. Il est presque certain que la moisissure a été introduite en Europe en même temps que les écrevisses américaines du Delta du Mississippi.

Espèces exotiques introduites en Europe

Orconectes limosus, espèce originaire d'Amérique du Nord, a été introduite en Allemagne en 1890 et s'est propagée dans une partie de l'Europe du nord-ouest sans être affectée par la maladie. On en a donc conclu, à juste titre, que d'autres espèces américaines pourraient également être résistantes à la moisissure.

Pour relancer la production et redonner vie aux pêcheries d'écrevisses, autrefois importantes, on a introduit au total quatre espèces nord-américaines dans les eaux intérieures européennes. Il existe donc actuellement en Europe quatre espèces indigènes et quatre espèces exotiques, autoreproductrices. Les espèces endémiques sont: Astacus astacus, A. leptodactylus, Austropotamobius pallipes et A. torrentium. Les espèces exotiques sont Orconectes limosus, Pacifastacus leniusculus, Procambarus clarkii et P. acutus.

O. limosus s'est répandu dans toute l'Europe centrale; on le trouve en République fédérale d'Allemagne, en République démocratique allemande, aux Pays-Bas, en Belgique, en France et en Pologne.

P. leniusculus a été introduit dans presque tous les pays européens. Procambarus clarkii a été transplanté en France et en Espagne, P. acutus seulement en Espagne. Ces deux nouvelles espèces ont formé des populations auto-reproductrices, du moins en Espagne.

Résultats de l'introduction de P. leniusculus en Suède, en Finlande et en France

De toutes les espèces exotiques d'écrevisses introduites en Europe, P. leniusculus est de loin la plus intéressante et la plus prometteuse; c'est celle que l'on utilise le plus pour le repeuplement et c'est celle qui se propage le plus.

Les documents soumis au Symposium ne concernent que trois pays européens mais les renseignements qu'ils contiennent présentent un intérêt particulier car il s'agit des trois premiers pays où P. leniusculus a été introduit, à savoir la Suède, la Finlande et la France.

P. leniusculus a été introduit en Suède il y a plus de 20 ans et a déjà été utilisé pour repeupler 260 lacs et cours d'eau. Il a été introduit en Finlande il y a 15 ans et a permis de repeupler 52 petits lacs. Son introduction en France remonte à 1973; depuis lors, une dizaine de pièces d'eau ont été repeuplées. Dans ces trois pays, on a utilisé pour le repeuplement des adultes transplantés directement des Etats-Unis et du Canada et des juvéniles nouvellement éclos provenant de géniteurs issus d'un système d'élevage dans des conditions contrôlées en Suède.

Les rapports (37, 38, 40) permettent de tirer les conclusions suivantes en ce qui concerne l'introductions de P. leniusculus en Suède, en France et en Finlande:

-    P. leniusculus ressemble beaucoup en apparence aux espèces indigènes. Son rapport poids/longueur est nettement plus élevé que celui d'Astacus par exemple, car ses pinces sont beaucoup plus développées.

-    Le goût de Pacifastacus, préparé selon des recettes traditionnelles, est aussi bon que celui d'Astacus, espéce très appréciée.

-    P. leniusculus semble capable de former des populations reproductrices dans une très grande diversité de conditions, jusque dans le nord de la Suède ou de la Finlande.

-    Selon des études faites dans des lacs, P. leniusculus semble croître plus vite et atteindre plus tôt la maturité sexuelle que l'espèce indigène A. astacus.

-    Pacifastacus produit davantage d'oeufs qu'Astacus.

-    Bien que leur potentiel de reproduction soit élevé, les populations de P. leniusculus se sont développées très lentement en Suède et en Finlande mais beaucoup plus vite en France où les conditions sont plus favorables. Il est probable qu'aucune population n'a encore atteint sa taille maximale dans l'ensemble d'un lac ou d'un cours d'eau mais on a observé en Suède que les populations locales semblaient être plus denses que les anciennes populations d'Astacus.

-    Selon les observations faites en Suède, en Finlande et en France, les populations de P. leniusculus ne semblent pas être trop affectées par la pêche. Le prélèvement annuel de Pacifastacus de taille légale (9 cm en Suède et 10 cm en Finlande) ou de taille supérieure (France) dans les lacs expérimentaux ne semble pas avoir été préjudiciable aux populations ni à leur renouvellement.

-    P. leniusculus semble plus actif et plus agressif que, par exemple, A. astacus; il est facile à attraper avec des méthodes traditionnelles et des pièges. En Suède, on obtient un rendement de 55 kg/ha et un seul piège permet d'attraper en une seule prise jusqu'à 60 P. leniusculus.

-    P. leniusculus fait déjà l'objet d'une exploitation commerciale dans certains lacs suédois; les pêcheurs le vendent au même prix qu'Astacus, c'est-à-dire environ 50 couronnes suédoises le kg.

-    Ces observations, ainsi que d'autres, montrent que P. leniusculus est capable de former des populations permettant une pêche rentable et soutenue.

-    La résistance de P. leniusculus à la moisissure est élevée mais n'est pas totale. Le stress peut la réduire et entraîner la mort des sujets infectés.

-    Les écrevisses porteures d'hyphes de la moisissure Aphanomycus astaci risquent de propager la maladie si elles sont utilisées pour le repeuplement ou si elles migrent, ce qui sera préjudiciable aux espèces indigènes très vulnérables. Toutefois, les juvéniles d'élevage peuvent être exempts de moisissure.

-    On n'a observé dans aucune des pièces d'eau repeuplées avec P. leniusculus de signes de reproduction et de propagation vigoureuses.

-    Exception faite de la propagation de la maladie, P. leniusculus ne semble avoir eu jusqu'à présent aucun effet nocif sur les populations indigènes ou sur l'écosystème aquatique en Suède, en France ni en Finlande. Toutefois, les niches de Pacifastacus et d'au moins une espèce indigène A. astacus, semblent se recouvrir à ce point qu'il y aura vraisemblablement compétition entre ces deux espèces.

-    Aucune maladie transmissible aux poissons ou aux écrevisses n'a été importée en même temps que P. leniusculus d'Amérique du Nord mais deux parasites jusque-là inconnus (branchiobdellidés) ont été découverts sur la carapace de Pacifastacus importé en Suède et en Finlande.

-    On n'a observé aucun signe d'hybridation de Pacifastacus et d'A. astacus

-    Il est facile d'élever P. leniusculus pour produire des juvéniles destinés au repeuplement.

Le document 42 dresse la liste des caractéristiques que devraient réunir les espèces de poissons et d'écrevisses que l'on envisage d'introduire. P. leniusculus semble remplir la plupart de ces conditions mais il reste encore beaucoup de questions à élucider: accumulation de métaux lourds et de pesticides, effets à long terme de P. leniusculus sur l'écosystème, etc. Tant que l'on n'aura pas davantage de renseignements à ce sujet ainsi que sur d'autres points, il sera impossible de porter un jugement définitif sur l'introduction de P. leniusculus.

On a constaté que P. leniusculus était une espèce très prometteuse et qu'elle pourrait fort bien remplacer les espèces indigènes dans un certain nombre de pièces d'eau désertées par les écrevisses sous l'effet de la maladie mais il existe aussi d'autres écrevisses nord-américaines. Orconectes virilis est largement répandu en Europe; il se reproduit rapidement mais est peu apprécié et a peu de valeur du point de vue économique (38). Aucun renseignement n'a été donné en ce qui concerne les deux autres espèces d'écrevisses nord-américaines introduites en Europe, à savoir Procambarus clarkii et P. acutus.

Risques présentés par l'introduction d'espèces exotiques d'écrevisses

Il y a à peu près 300 espèces d'écrevisses en Amérique du Nord et en Amérique centrale mais la plupart d'entre elles présentent plusieurs caractéristiques qui leur ôtent beaucoup de leur valeur. Par exemple, elles sont mobiles, agressives, s'adaptent à une très grande diversité d'habitats et sont donc capables de se propager rapidement dans des conditions de vie très diverses; elles sont omnivores et leur spectre trophique est donc très large; elles accumulent souvent facilement métaux lourds et pesticides; elles sont l'hôte d'une grande diversité de commensaux et de parasites; elles sont combattives, cannibales et se nourrissent de poissons de sorte qu'elles risquent de propager des spores et virus de maladies des poissons et des écrevisses. Il faut donc prendre beaucoup de précautions en cas d'introduction ou de transplantation.

En Finlande, on a réussi à reconstituer des populations indigènes d'Astacus mises en danger par des travaux de construction en repeuplant les eaux avec des écrevisses matures (39); cela prouve qu'il ne faut pas oublier ni sous-estimer les possibilités offertes par les espèces indigènes pour l'aménagement des eaux autrefois peuplées d'écrevisses.

DEBATS

En Espagne, on a utilisé des espèces exotiques pour le repeuplement de deux régions climatiques distinctes. Dans le nord, où le climat est plus froid, l'introduction de Pacifastacus a eu des résultats très positifs et cette espèce finira par remplacer les espèces indigènes éliminées par la moisissure. Dans le sud, plus chaud, l'introduction de Procambus clarkii et P. acutus a été une grande réussite; ces deux espèces se vendent très cher; et leur pêche (près de 2 500 t/an) fait vivre quelque 700 familles. En 1981, ces espèces se sont propagées dans les régions rizicoles où l'on note une augmentation du nombre des oiseaux prédateurs se nourrissant d'écrevisses, une réduction de la superficie couverte par la végétation utilisée par le frai de carpe et une compétition avec les rats et taupes aquatiques.

On a souligné que l'écrevisse devrait être incluse dans tout code d'usage concernant l'introduction d'espèces l'introduction d'espèces exotiques et que, compte tenu de ses caractéristiques particulières, elle devrait peut-être faire l'objet de dispositions spéciales, soit dans le code lui-même, soit dans une annexe.

SESSION 5: INTRODUCTIONS - EXAMEN PAYS PAR PAYS ET CAS DU LAC KINNERET

(W.R. Courtenay) (Documents No. 41, 42, 43, 44, 45, 53)

Avant d'examiner les documents soumis à cette session, il n'est pas inutile de revenir sur certains de ceux présentés à la session précédente à propos de l'introduction de poissons exotiques. Dans la plupart des cas, l'introduction de ces espèces avait des raisons bien précises. En général, il s'agissait d'améliorer la pêche. L'omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) a été introduit dans les eaux norvégiennes dont l'acidité avait entraîné une diminution des populations indigènes de truites de mer (Salmo trutta) et des populations exotiques de truites arc-en-ciel (Salmo gairdneri). La truite de lac (Salvelinus namaycush) a été introduite en Finlande pour relancer la pêche lacustre qui avait souffert des aménagements hydro-électriques et pour remplir une niche vacante dans de grands lacs, froids et profonds; toutefois, les meilleurs résultats ont été obtenus dans de petits lacs, profonds et clairs; on ne signale aucun effet néfaste pour les poissons indigènes. La carpe (Cyprinus carpio) a été introduite en Finlande pour développer la pêche sportive; les meilleurs résultats ont été obtenus dans le sud du pays. La carpe argentée (Hypophthalmichthys molitrix) a été utilisée en grandes quantités pour repeupler les eaux de la République démocratique allemande, ce qui a ramené à zéro le taux de survie du frai de perche (Perca fluviatilis) et du frai utilisé pour le repeuplement en sandres (Stizostedion lucioperca). Le barbeau (Barbus barbus) introduit en Grande-Bretagne est devenu une espèce très populaire pour la pêche sportive, augmentant apparemment la biomasse des poissons sans effet sur les autres espèces. Le sandre, introduit au Danemark il y a plus d'un siècle, contribue au développement de la pêche commerciale et sportive sans effet nuisible sur les poissons indigènes; en revanche, le même poisson, introduit en Grande-Bretagne, a provoqué une très forte diminution des espèces proies.

En France, on a observé une diminution de certaines populations indigènes d'écrevisses à la suite de l'expansion d'une écrevisse américaine, introduite 70–80 ans plus tôt. Par ailleurs, les écrevisses américaines récemment importées peuvent s'échapper des installations d'élevage, d'où des risques supplémentaires pour les stocks indigènes; tel a été le cas en Espagne. La France a essayé d'introduire le saumon argenté (Oncorhynchus kisutch) mais ses efforts ont échoué pour plusieurs raisons; de toute façon, on s'est rendu compte que cette espèce exotique avait plus d'inconvénients que d'avantages et qu'elle présentait des risques pour les salmonidés indigènes. On a examiné la situation du saumon du Danube (Hucho hucho), espèce en danger, y compris l'histoire de son introduction à la fois pour la pêche et pour la survie de l'espèce; il faudrait lancer un programme de récupération pour assurer l'avenir de ce poisson.

Tout cela montre que l'utilisation d'espèces exotiques pour l'aménagement des pêches ou pour l'aquaculture peut aussi bien être couronnée de succès que se heurter à des difficultés imprévues. Les résultats ne sont pas toujours prévisibles. Il faut donc être prudent lorsque l'on envisage d'utiliser des espèces exotiques dans des eaux libres ou que ces espèces risquent d'y pénétrer en s'échappant des installations de pisciculture. Ces espèces sont prélevées sur des stocks sauvages ou d'élevage, d'ordinaire dans le pays d'origine, et lâchées dans des eaux souvent très différentes. Provenant d'eaux libres où il existe des mécanismes de contrôle et des équilibres bien précis elles sont relâchées dans des eaux où ces mécanismes sont différents, partiels ou inexistants. En tout état de cause, que nous prélevions des stocks dans les eaux libres ou dans des installations d'élevage à des fins d'introduction ou de repeuplement, nous n'introduisons ou ne repeuplons qu'un petit échantillion du spectre génétique de l'espèce en cause.

La session 5 a été l'occasion de faire l'historique d'autres introductions d'espèces exotiques et, dans la plupart des cas, d'indiquer les résultats de ces introductions.

La France a onze espèces de poissons exotiques, dont cinq ont été introduites au siècle dernier (41): saumon du Danube, truite arc-en-ciel, omble de fontaine, truite de lac, sandre, gambusie (Gambusia affinis), poisson-chat noir (Ictalurus melas), crafet de roche (Ambloplites rupestris) perche soleil (Lepomis gibbosus), black bass à petite bouche (Micropterus dolomieui) et black bass à grande bouche (M. salmoides). Le poisson-chat noir et la perche soleil sont considérés comme des espèces nuisibles alors que l'on ne sait pas encore comment classer le black bass à petite bouche. L'introduction du sandre s'est accompagnée d'une grave épizootie, un trématode digénétique causant de graves dommages aux espèces indigènes dans plusieurs rivières. Des pressions de plus en plus fortes s'exercent pour que l'on introduise des espèces telles que le saumon argenté, le saumon royal (Oncorhynchus tshawytasha) et plusieurs carpes chinoises.

Au cours des 130 dernières années, on a introduit en Finlande au moins 15 poissons exotiques et une espèce d'écrevisse (42): sterlet (Acipenser ruthenus), poisson blanc sibérien (Coregonus peled), saumon rose (Oncorhynchus gorbuscha) saumon keta (O. nerka), saumon royal, truite arc-en-ciel, omble de fontaine, truite de lac, l'hybride Salvelinus fontinalis × S. namaycush, carpe, tanche (Tinca tinca), poisson-chat brun (Ictalurus nebolusus) black bass à petite bouche, black bass à grande bouche et Pacifasticus leniusculus. Le poisson blanc sibérien, la truite de lac, la tanche, le poisson-chat brun et P. leniusculus ont formé des populations reproductrices; l'établissement de l'omble de fontaine dans les eaux libres n'est pas sûr. Ceux de ces poissons exotiques dont on a démontré ou dont on pense qu'ils ont une importance pour l'aménagement des pêches sont le poisson blanc sibérien, l'omble de fontaine, la truite de lac, l'hybride Salvelinus fontinalis × S. namaycush, la carpe, la tanche et Pacifasticus leniusculus. Il semble que P. leniusculus soit la seule de ces espèces exotiques qui peut avoir des effets néfastes car ses niches sont en partie les mêmes que celles d'Astacus astacus, espèce indigène à laquelle il risque en outre de transmettre la maladie causée par Aphanomyces astaci.

L'Irlande avait huit espèces de poissons indigènes à la fin de l'ère glaciaire; on y trouve aujourd'hui au moins 20 espèces de poissons d'eau douce (43). Les introductions documentées sont celles de l'omble chevalier, de la truite arc-en-ciel, de la carpe, de la vandoise (Leuciscus leuciscus), du gardon (Rutilus rutilus) et de la tanche; celles qui ne sont pas documentées sont le brochet nordique (Esox lucius) et le poisson-chat noir; l'introduction des brèmes (Abramis brama) et des rotengles (Scardinius erythrophthalmus) est probable, celle des vairons (Phoxinus phoxinus), des loches franches (Neomacheilus barbatulus) et des perches est possible. En ce qui concerne les introductions documentées et non documentées, la truite arc-en-ciel, le brochet nordique, la carpe, la vandoise, le gardon et la tanche ont des populations établies, la truite arc-en-ciel et la carpe ayant des populations reproductrices restreintes. Ces introductions sont en général considérées comme positives; néanmoins, le brochet nordique a été préjudiciable à la vandoise et le gardon ont entraîné une diminution de la production de salmonidés dans un endroit et les gardons ont contribué à un déplacement des truites de mer et des rotengles.

La Roumanie a importé 15 poissons exotiques depuis le siècle dernier (44); corégone blanc (Coregonus albula), lavaret (C. lavaretus), truite arc-en-ciel, omble de fontaine, carpe de roseau (Ctenopharyngodon idella), carpe argentée, carpe noire (Mylopharyngodon piceus), cebuchek (Pseudorasbora parva), Ictiobus bubalus, I. cyprinellus, I. niger, poisson-chat noir, gambusie et perche soleil. Le cebuchek, les trois Ictiobus, la gambusie et la perche soleil sont établis. Les poissons exotiques jugés importants pour les pêches sont la truite arc-en-ciel et les carpes chinoises (la carpe de roseau en particulier pour laquelle la Roumanie a fourni beaucoup d'informations biologiques). Quatre parasites exotiques ont été introduits en même temps que la carpe de roseau: un protozoaire (Trichophyra sinensis), un trématode monogénétique (Dactylogyrus lamellatus) et deux parasites intestinaux (Bothriocephalus et Khawia). Le cebuchek, la gambusie et la perche soleil sont considérées comme des espèces nuisibles.

Au moins 96 espèces de poissons exotiques ont été introduites dans les 48 Etats contigus des Etats-Unis, toutes, sauf neuf, depuis la deuxième guerre mondiale (45). Trente-neuf espèces sont en train de s'établir 14 l'étaient déjà et 9 autres ont été lâchées intentionnellement mais n'ont pas réussi à s'établir. Des sept espèces introduites pour leurs qualités alimentaires et sportives, seuls la truite de mer, la bairdiella (Bairdiella icistia) et le corvina à bouche orange (Cynoscion xanthulus) sont en général considérés comme bénéfiques; les carpes sont le plus souvent considérées comme des poissons sans valeur; l'ide ménalote (Leuciscus idus), le rotengle et la tanche, qui n'ont jamais été populaires, voient leur aire diminuer pour des raisons inconnues. La carpe de roseau et quatre tilapias (Tilapia aurea, T. hornorum, T. mossambica et T. zilli) ont été employés pour freiner le développement de la végétation; toutes ces espèces et notamment les tilapias sont controversées. Seul le wakasagi (Hypomesus nipponensis) a été introduit en tant que poisson proie. les autres poissons exotiques établis sont des poissons d'aquarium. Un premier examen de la documentation existante montre que 168 poissons indigènes ont été transplantés en dehors de leur aire naturelle, essentiellement pour la pêche sportive et en tant qu'appât.

Au cours des vingt dernières années, on a introduit dans le lac Kinneret (Israël) les poissons suivants: anguille européenne (Anguilla anguilla), truite arc-en-ciel, carpe à grosse tête, carpe, carpe argentée, Ictiobus cyprinellus, tanche, bar européen (Dicentrarchus labrax), Tilapia galilaea (= Sarotherodon galilaeus), mulet porc (Liza ramada) et cabot (Mugil cephalus). La truite arc-en-ciel, la tanche et le bar européen n'ont pas survécu et on connaît mal la situation d'Ictiobus cyprinellus. La carpe et Tilapia galilaea ont réussi à s'établir mais leurs populations doivent être complétées par repeuplement. On repeuple également les eaux avec des alevins de mulets. Seule la carpe n'apporte pas de contribution importante à la pêche dans le lac Kinneret. L'anguille européenne, introduite accidentellement dans le lac en même temps que le mulet, reste rare. Pour bien aménager les pêches dans le lac Kinneret, il faut repeupler les eaux et y introduire de nouveaux poissons, politique qui, apparemment, n'a pas d'effet préjudiciable pour le tilapia bleu indigène (Tilapia aurea = Sarotherodon aureus).

Références supplémentaires

Ben-Tuvia, A., 1981 Man-induced changes in the freshwater fish fauna of Israel. Fish.Manage., (12)4:139–48

SESSION 6: ASPECTS ECOLOGIQUES ET PRATIQUES (DEBATS)

(N.-A. Nilsson) (Documents No. 47, 48)

Les deux parties de cette session n'ont examiné qu'un ou deux documents chacune; nous présentons ici un résumé des débats (47, 48). Pour plus de détails, on se reportera au texte même des documents.

Théorie des niches

L'introduction d'espèces exotiques dans des communautés indigènes a constitué une méthode populaire d'aménagement des lac oligotrophes au cours du dernier siècle. Le haut danger qu'elle comporte a cependant milité contre cette méthode qui est probablement aussi nocive que bénéfique. Trois cas historiques d'introductions, considerés avec du recul, suggèrent que dans certains cas au moins, le résultat d'une introduction peut être prévisible. Pour les eaux septentrionales tempérées et oligotrophes, la plus grande chance de succès se présente avec les espèces qui ont évolué un commun dans des refuges glaciaires mais qui ont pu devenir allopatriques à la suite des hasards des redistributions qui ont suivi la récession glaciaire. Ces risques encourus lors de l'implantation de nouvelles espèces peuvent être largement diminués si l'on tient compte a priori de certains principes écologiques tels que la théorie des niches, la ségrégation interactive, la prédominance-subordination et la répartition des ressources. Chacun de ces principes associé hiérarchiquement est compatible avec le concept fondamental et appliqué des niches, et la dimension des niches exigée par des espèces envisagées pour l'introduction devrait être calculée chaque fois que ceci est possible, et comparée à celle requise par la communauté ichtyologique indigène. Il en résultera un haut niveau de complémentarité des niches des espèces candidates avec celles des diverses composantes des espèces indigènes, ce qui accroîtra les chances de succès d'une introduction.

Le concept de niche lui-même a créé quelques confusions depuis son introduction. Il est vite devenu évident que le concept qui semblait à l'origine inflexible que “deux espèces ou plus ne peuvent pas vivre dans la même niche” ne pouvait être accepté, en particulier parceque très souvent les niches se superposent ou apparaissent parfois temporairement identiques. La définition de Hutchinson de niches “fondamentales” opposées à des niches “réalisées”, de même que celle de “l'hypervolume à N dimensions” qui devait constituer un outil convenable d'étude mathématique des niches a permis le développement continu de publications sur la “superposition des niches”, “l'ampleur des niches”, etc. Parallèlement se sont fait jour les concepts de “ségrégation interactive” et de “dominance des espèces”. Des découvertes récentes montrant qu'une compétition trophique entre les espèces les oblige à s'isoler dans leurs “niches réalisées” ont donné des indications sur la surveillance des introductions d'espèce exotiques, y compris les sous-espèces, les stocks, etc.

Nous suggérons ci-dessous que l'introduction d'espèces “exotiques” conduit à l'un des résultats suivants. Le stock introduit:

  1. est rejeté, parce qu'il n'y a pas de niche disponible ou que des prédateurs éliminent les stades juvéniles de la population;

  2. s'hybride avec des stocks très voisins, déjà adaptés à l'écosystème;

  3. élimine un stock qui est soit un “homologue écologique”, soit une proie facile;

  4. trouve une niche disponible dans la communauté, ce qui signifie qu'il s'adapte à des ressources qui ne sont pas complètement exploitées pas d'autres espèces, et qu'il survit finalement en tant que membre de la communauté.

Dans l'ensemble, le Symposium a estimé que la théorie des niches est pratique des points de vue spatial et alimentaire et que des introductions sont fréquemment justifiées par le fait qu'une partie de l'écosystème n'est pas exploitée par les communautés existantes, d'où le concept de niche vacante ou potentielle. On a aussi pensé que le poisson qui vit dans une communauté donnée possède les caractéristiques génétiques propres à cette communauté. En cas de transfert, ces caractéristiques peuvent ne pas correspondre avec celles de la communauté réceptrice qui peut ne pas être adaptée à recevoir des individus provenant d'un autre écosystème. Ceci est particulièrement vrai des communautés simples où existent en particulier de fortes relations inter-spécifiques qui peuvent être plus facilement rompues par des espèces exotiques.

Le succès des espèces introduites en Roumanie peut être interprété en grande partie sous l'angle de la théorie des niches, et il est prévu que des changements similaires dans la composition et l'abondance des espèces se produiront dans le Danube dont le régime se trouve modifié par le prélèvement de 30 pour cent des eaux pour l'irrigation. Les positions relatives de certaines espèces de cyprinidés et de salmonidés introduites dans des cours d'eau ont changé en fonction des modifications de la végétation provoquée par le débordement. En outre la carpe de roseau a conquis son vaste habitat actuel parce qu'elle est la seule espèce herbivore, mis à part le rotengle indigène. L'introduction de poissons exotiques dans le lac Balkhash (URSS) a montré que la productivité d'un écosystème dépend entièrement de la quantité d'énergie disponible; l'introduction d'une nouvelle espèce dans une communauté déjà structurée et développée ne peut donc accroître la production, bien que des disparitions de formes indigènes puissent parfaitement se produire (28).

Code d'usage

Christopher Kohler, de la Section poissons exotiques de l'American Fisheries Society, a expliqué pour quelles raisons on avait proposé un code d'usage pour l'introduction de poissons exotiques dans les eaux intérieures des Etats-Unis (51). Les débats ont surtout été axés sur les difficultés d'application de ces codes. En général, la plupart des pays européens ont une législation appropriée pour exclure complétement ou étudier rationnellement l'introduction de poissons exotiques mais il n'existe encore aucun mécanisme pour s'occuper des aspects internationaux du problème. Il y a aussi certaines lacunes dans la législation actuelle, notamment en ce qui concerne les poissons importés à des fins scientifiques, pour l'aquaculture expérimentale ou pour le commerce des poissons d'aquarium.

Bien que les règlements soient très stricts, des accidents se produisent. Ainsi, la Finlande a étudié très en détail l'introduction de Pacifastacus avant de l'autoriser mais, avant ces études, les écrevisses importées en Suède s'étaient déjà répandues rapidement en Finlande. De même, le rotengle et le vairon sont apparus brusquement dans les eaux du Jutland central. La question n'est donc pas de savoir si les pays ont une législation appropriée mais s'ils sont en mesure de la faire appliquer. Compte tenu des echecs enregistrés et en vue de remplacer ou de compléter les procédures actuelles, il faudrait éduquer les utilisateurs des eaux intérieures afin de leur montrer les risques que présente l'introduction d'espèces exotiques.

SESSION 7: CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

(a) REPEUPLEMENT

Les pratiques d'aménagement changent de temps, non seulement d'un pays à l'autre mais aussi au sein d'un même pays, notamment lorsque des modifications écologiques indépendantes des pêches, telles que la pollution, l'eutrophication ou les mouvements de protection des animaux imposent de changer la nature de la collectivité halieutique. Par exemple, l'aménagement actuel au Royaume-Uni s'adresse à des pêcheurs qui rejettent leurs captures; pratique courante depuis que, par suite de l'industrialisation, beaucoup d'eaux sont peuplées de poissons ordinaires. Les mouvements de protection font maintenant pression pour interdire cette pratique et il est possible qu'elle soit abondonnée. Au Danemark, on s'efforçait d'aménager les stocks de poissons alimentaires jugés au départ les plus préciaux mais l'arrivée de pêcheurs à la ligne britanniques au cours des vingt dernières années a incité le pays à changer de politique pour encourager le tourisme. Paradoxalement, certains Danois se mettent maintenant à la pêche sportive.

Le pêcheur à la ligne, principal prédateur du système, semble se satisfaire du repeuplement, quelle qu'en soit la raison d'être. Cela est vrai au Royaume-Uni où les pêcheurs à la ligne ont toujours vu dans le repeuplement une solution à la médiocrité des captures et demandent fréquemment que l'on agisse dans ce sens. Toutefois, plus récemment, on s'est rendu compte que le repeuplement ne résolvait pas tous les problèmes d'aménagement, notamment en raison de la baisse de la qualité de l'eau. On se rend compte aujourd'hui que les poissons que l'on utilise pour repeupler des réseaux ouverts parcourent de grandes distances ou ont un taux de mortalité élevée lorsque les conditions ne leur sont pas favorables. Aux Pays-Bas, on a tellement repeuplé qu'il y a aujourd'hui trop de poissons et les pêcheurs à la ligne demandent maintenant d'autres types d'aménagement. L'éradication des stocks trop denses, l'exploitation partielle et l'abandon de la pratique du rejet des captures sont des pratiques de plus en plus courantes et, dans les endroits où le repeuplement a cessé, il est clair que les stocks restent stables et s'améliorent même parfois.

Bien que l'on manque en général d'informations sur les effets des méthodes actuelles de repeuplement pour la plupart des espèces, on peut tirer un certain nombre de conclusions générales des documents présentés au Symposium et des débats qui ont suivi.

Les populations de brochets sont limitées en fonction de la disponibilité d'habitats appropriés. Le repeuplement n'a pas d'effet appréciable sur les populations et peut donc être considéré comme du gaspillage.

On estime que le peuplement avec des cyprinidés présente une importance décroissante aux Pays-Bas pour le maintien des stocks, à l'exception de certaines masses d'eau de faible dimension et fortement pêchées, bien que l'on sache peu de chose sur l'efficacité de cette pratique. Il semble possible d'améliorer la survie en capturant et transportant le matériel de repeuplement avec davantage de précautions et en réduisant la durée de ces opérations.

Le repeuplement des eaux de l'Europe du Nord en anguilles est une pratique très répandue et est une réussite du point de vue écologique et financier. On dispose d'un certain nombre de données sur les taux de repeuplement et de recapture mais il faudrait des évaluations plus précises.

Le repeuplement, notamment des eaux finlandaises en corégones, est important pour la survie de la pêche dans certains lacs où les investissements consacrés au repeuplement ont dégagé un bénéfice net. Les chercheurs finlandais étudient de très près le repeuplement des eaux avec différentes espèces.

On s'est beaucoup intéressé au repeuplement en truites de mer et on a décrit un grand nombre des principaux facteurs qui influent sur le succès ou l'échec de l'opération. En général, plus les poissons de repeuplement sont grands et plus le taux de recapture est élevé. Le taux de survie est supérieur si le repeuplement se fait au printemps et non en automne. Les truites sauvages sont préférables aux truites d'élevage; il faudrait accroître la résistance des truites d'élevage qui sont utilisées pour le repeuplement. De toutes les espèces européennes utilisées pour le repeuplement, c'est sans doute pour le saumon que la documentation et les connaissances sont les plus complètes. Il existe déjà une bibliographie très importante où l'on trouve des directives concernant les méthodes, l'époque et la densité du repeuplement.

(b) INTRODUCTIONS

Les rapports montrent que l'introduction de poissons exotiques en Europe et en Amérique du Nord a en général eu peu d'effet parce que les espèces n'ont pas réussi à s'établir ou a même eu un effet néfaste sur la faune existante. Dans certains cas, ces introduction ont néanmoins été couronnées de succès. On citera, par exemple, l'introduction des salmonidés exotiques dans certains eaux auxquelles ils étaient mieux adaptés que les espèces indigènes (eaux acides) ou l'introduction du barbeau dans la Severn au Royaume-Uni. Les expériences faites avec d'autres espèces, dont la carpe de roseau et le sandre, montrent que le succès ou l'échec des introductions est très subjectif et est essentiellement fonction des attitudes locales. De ce fait, il est souhaitable que les pays discutent entre eux lorsque l'introduction de telle ou telle espèce risque d'avoir des conséquences au-delà des frontières.

On peut dire que l'introduction d'écrevisses en Europe a en général été bénéfique, notamment en ce qui concerne Pacifastacus leniusculus. Les autres écrevisses susceptibles d'être introduites présentent des risques plus importants et il faudrait étudier très soigneusement tout projet d'introduction dans les eaux européennes.

A la lumière des conclusions ci-dessus, on a estimé que la CECPI devait poursuivre ses travaux sur les deux questions examinées par le Symposium. A cette fin, le Symposium a recommandé à la CECPI d'adopter un code d'usage pour réduire les risques présentés par l'introduction ou le transfert de différentes espèces de poissons d'eau douce.

Il a en outre recommandé à la CECPI de créer un groupe de travail sur l'amélioration des stocks avec pour mandat:

  1. d'examiner et de recommander à la CECPI un code d'usage visant à réglementer l'introduction des espèces exotiques ainsi que des procédures pour l'application de ce code.

  2. d'examiner la situation actuelle de repeuplement et d'élaborer des directives pour le repeuplement avec différents groupes d'espèces dans le cadre des pratiques existantes d'aménagement des pêches.

Le Symposium a également recommandé qu'un certain nombre de documents présentés à la réunion soient publiés en annexe du compte rendu.

Enfin, le Symposium a exprimé sa gratitude au coordonnateur, M. T. Backiel, qui a su si efficacement organiser et présider la réunion.


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