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2. TESTS D'EFFICACITE

2.1 Matériel

2.11 La rivière

Un secteur de la rivière Drweca, à proximité de la Pisciculture de Czarci Jar8, fut choisi comme emplacement où devaient se dérouler les tests (Figure 1). Les caractéristiques de ce secteur sont les suivantes:

-Longueur100m
-Largeur2 à 4 m
-Profondeur0 à 0,9 m
-Conductivité333 pS/cm
-Température7°C
-Vitesse du courant d'eau0,18 m/s
-Fondsableux et vaseux
-Végétation émergée:Acorus calamus, constituant les abris pour les poissons.

Le secteur expérimental fut fermé à ses deux extrémités par des nasses de capture (Figure 2), et préalablement aux tests, purgé à l'électricité de ses poissons résidents: truites arc-en-ciel échappées de la pisciculture, tanches, carpes, brochets, etc.

2.12 Poissons

Deux espèces ont été utilisées:

-   Truite arc-en-ciel (Salmo gairdneri Richardson)

-   Anguille commune (Anguilla anguilla L.)

Ces deux espèces, en nombre et en dimensions devaient refléter la composition d'une rivière à truites.

Ces poissons avaient été marqués avec des étiquettes de plastique, d'une dimension de 5 × 10 mm, fixées en avant des nageoires pectorales (Figure 3). Chaque étiquette portait un numéro de référence à un lot de poissons destiné à un test. Trois couleurs d'étiquettes furent utilisées pour différencier les classes de taille.

La composition de chaque lot de poissons est indiquée au Tableau I.

Les lots de poissons avaient été préparés et stockés préalablement au déroulement des tests à la Pisciculture de Czarci Jar8. Une réserve de poissons avait été prévue pour chaque lot en cas de maladie ou de mortalité survenues avant les tests. Toutes les précautions d'aération des bacs de transport, et de rapidité d'exécution des parcours avaient été prises pour que les poissons arrivent en excellent état jusqu'au secteur expérimental.

8 Polish Angling Association Czarci Jar, Pologne

2.13 Appareils de pêche

Les appareils destinés à être testés ainsi que l'appareil de nettoyage ont été respectivement désignés par les lettres suivantes: A, B, C, D, E. Leuns caractéristiques et performances figurent au Tableau II. Les résistances inter-électrodes ont été mesurées dans les conditions d'emploi au moyen du rapport U/R fourni par l'alternateur E.

Les diagrammes des courants des divers appareils ont été établis a posteriori, d'après des tracés oscilloscopiques fournis par chaque expert, leur appareil débitant sur la résistance inter-électrodes qui avait été mesurée dans le secteur expérimental (Figure 4).

Certains appareils possèdent quelques particularités qui valent d'être mentionnées:

Appareil B

La cathode comporte trois points de contact avec l'eau: deux de ces points sont constitués par des chaînes antidérapantee fixées sous les bottes du pêcheur, le troisième par un tissu de cuivre traîné derrière celui-ci, et dont la superficie peut être réduite en fonction de la conductivité de l'eau.

Appareil C

La cathode est formée par trois bambous servant de support à des fils électriques qui pendent dans l'eau. Elle est destinée à barrer la rivière derrière le pêcheur, et est traînée par deux opérateurs situés de part et d'autre du cours d'eau.

Appareil D

La cathode est formée d'une canne dont l'extrémité est emmanchée dans un tube de cuivre de 30 cm de longueur et de 4 cm de diamètre. Ce type de cathode est destiné à aider le pêcheur à maintenir son équilibre et sert à “guider” les poissons hors de leur abri.

Appareil E

Un dispositif électronique de sécurité permet d'abaisser automatiquement la tension d'utilisation 220–280 V à 12 V, tension de sécurité, lorsque l'anode est hors de l'eau; lorsque l'anode replonge, la tension d'utilisation est à nouveau rétablie. Cela permet d'éviter le danger d'un contact entre l'anode et un pêcheur.

2.14 Techniques de pêche

Elles sont schématisées dans la Figure 5.

Appareils A et E

Le générateur reste sur la berge, la cathode est mise à la masse dans la rivière, dans la proximité du générateur. L'anode lui est reliée par un fil de longueur adéquate. Dans cette technique, 4 opérateurs étaient necéssaires dont un pour manipuler le fil.

Appareils B et D

Ces appareils sont portés sur le dos, et n'ont necéssité que 3 opérateurs.

Appareil C

Le générateur est porté par un opérateur qui tient en même temps l'une des extrémités de la cathode “râteau”, l'autre extrémité étant tenue par un autre opérateur situé sur l'autre berge. Cinq opérateurs ont été necéssaires.

2.2 Méthode

2.21 Organisation et déroulement des tests

Pour chaque test les opérations ont été les suivantes:

-   Déversement du lot de poissons, en les répartissant tout au long du secteur

-   Attente de 10 minutes, pour permettre aux poissons de se répartir dans les abris

-   Pêche par l'appareil à tester, qui dispossit de 20 minutes pour parcourir le secteur, de l'aval vers l'amont, afin que l'eau se maintienne claire pour le pêcheur

-   Relevé des nasses de capture aval et amont

-   Pêche de nettoyage par l'appareil E

La durée moyenne de ces opérations était de 1 h 30.

Les poissons capturés au cours de chaque test étaient aussitôt transportés à un chantier où une équipe spécialisée procédait à leur identification et à leur dénombrement.

Les tests se succédèrent dans l'ordre et aux heures et dates suivantes:

DateHeure du début
du test
Numéro d'ordre
du test
Appareil
1.10.6912,401A
14,032A
15,393B
2.10.698,504C
10,145D
11,406B
13,107A
14,358E

Le test 1, qualifié de “test blanc”, a servi à déterminer le temps de pêche.

Les tests 1, 2 et 7 d'une part, 3 et 6 d'autre part, réalisés avec le même appareil devaient permettre d'étudier la dispersion des résultats pour un même appareil.

Le test 8 enfin concernait l'appareil chargê d'éffectuer les nettoyages: il était intéressant de comparer ses résultats avec ceux des autres appareils.

Tous les tests furent exécutés par la même équipe de techniciens accoutumés de longue date à la pratique de la pêche électrique.

Plusieurs artefacts vinrent perturber le déroulement des opérations:

-   un déversement excédentaire de poissons provenant de la réserve au cours de l'un des trois premiers tests: il semble d'après l'analyse des résultats qu'il s'agisse du test 2;

-   une fuite de poissons hors du secteur, sous les nasses de capture qui avaient été minées par l'action du courant d'eau; d'après l'analyse des résultats, il semble que ces fuites aient été particulièrement importantes pour le test 7;

-   une panne consécutive à un mauvais contact pour l'appareil B lors du test 6 en fin de parcours, à un moment où des truites étaient concentrées entre la nasse amont et les pêcheurs;

-   la pluie intermittente et un éclairement variable qui pouvaient gêner plus ou moins les pêcheurs au cours des divers tests.

2.22 Efficacités mesurées

Il avait été primitivement prévu de ne mesurer l'efficacité de la pêche que sur des poissons “vierges” de tout contact électrique. Cependant comme les pêches de nettoyage ont été imparfaites les poissons provenant de tests précédents se sont accumulés dans la rivière et cela a permis de caractériser un appareil par deux types d'efficacité:

-   L'efficacité que nous appellerons “A” (“At” pour les truites, “Aa” pour les anguilles) qui porte sur les poissons qui viennent d'être déversés en rivière pour le test;

-   L'efficacité “B” (“Bt” et “Ba”) qui porte sur les poissons qui restent dans la rivière après avoir échappé à l'appareil testé et au nettoyage. Il a'agit donc d'une efficacité de la troisième pêche.

En faisant référence aux Tableaux III et IV qui rassemblent tous les résultats, ces efficacités se calculent ainsi:

Efficacité A9

Pour le test 1(Total colonne 6 du lot 1) × 100
      (Total colonne 4 du lot 1)
Pour le test 2(Total colonne 11 du lot 2) × 100
      (Total colonne 4 du lot 2)

et ainsi de suite pour les tests suivants.

Efficacité B9

Pour le test 1absence d'efficacité B
Pour le test 2                 (Total colonne 11 du lot 1) × 100
(Total colonne 4 du lot 1) - (Total colonne 10 du lot 1)
Pour le test 3                 (Total colonne 16 du lot 2) × 100
(Total colonne 4 du lot 2) - (Total colonne 15 du lot 2)

etc.

9 Les efficacités ainsi calculées se réfèrent à la totalité d'un lot de poissons; pour calculer les efficacités par classe de taille, il est nécessaire de faire référence aux colonnes correspondantes

2.3 Résultats

2.31 Situation des captures

Elle est récapitulée sur les Tableaux III pour les truites et IV pour les anguilles.

2.32 Situation des efficacités

2.321 Truites, toutes tailles incluses

Le Tableau V récapitule les efficacités At et Bt par test et par appareil. Les tests y ont été rangés par ordre d'efficacité At décroissante.

Dans la colonne 7 ont été inscrits les nombres de truites recapturées au cours de tous les tests, des nettoyages, des captures par les nasses, par lot déversé.

2.322 Truites par classes de taille

Le Tableau VI récapitule les efficacités At par test et par appareil. Les efficacités Bt par classes de taille, en raison du trop faible nombre d'individus, n'avaient pas une grande signification: elles n'ont pas été figurées sur le Tableau VI.

2.323 Anguilles, toutes tailles incluses

Le Tableau VII récapitule les efficacités Aa et Ba par appareil. L'ordre de classement des tests Aa est très voisin de celui des truites.

2.324 Anguilles par classes de taille

Le Tableau VIII récapitule les efficacités Aa par test et par appareil. Comme pour les truites en raison du trop faible nombre d'individus les efficacités Ba n'ont pas été figurées sur le Tableau VIII.

2.33 Discussion des résultats

Pour interpréter correctement les différences d'efficacité entre les divers appareils, il aurait fallu pouvoir comparer statistiquement la dispersion des résultats, d'une part pour un même appareil, et d'autre part entre appareils.

Malheureusement les artefacts mentionnés au paragraphe 2.21 introduisent dans les données expérimentales des incertitudes rendant illusoire une interprétation statistique.

Nous nous contenterons donc de commenter les résultats, en ne leur accordant qu'une valeur de vraisemblance.

2.331 Truites: efficacités At et Bt

L'examen des Tableaux V et VI fait ressortir d'importantes différences d'efficacité entre les appareils. Ces différences peuvent-elles résulter d'une simple dispersion des mesures due aux aléas de la pêche, d'artefacts, ou bien nous paraissent-elles logiquement distribuées?

Considérons d'abord le Tableau V. L'ordre de classement des tests a été choisi de telle scrte que des efficacités At se lisent par valeurs décroissantes. Le classement des efficacités par appareil (colonne 4) demeure le même que celui des efficacités par test, ce qui tend à montrer que la dispersion des résultats entre les tests d'un même appareil n'a pas été suffisante pour boulevereer le classement par appareil.

Il n'en est pas rigoureusement de même avec les efficacités Bt: on aurait pu s'attendre à un classement analogue, car un appareil qui se serait révélé meilleur en efficacité At a de fortes chances de se montrer également le meilleur en efficacité Bt.

Or certaines de ces efficacités Bt nous paraissent douteuses: elles ont été soulignées sur le Tableau V. Nous pensons pouvoir expliquer pourquoi.

La valeur 11,72 (colonne 5) nous paraît sous-estimée pour l'appareil E, choisi pour effectuer les nettoyages en raison de la constance d'une relativement forte efficacité, ainsi d'ailleurs qu'en témoigne l'efficacité des opérations de nettoyage (32,16 pourcent en moyenne, valeur calculée d'après le Tableau III). Or, il a'agit d'une efficacité Bt qui porte sur les poissons demeurés en rivière du test précédent, c'est-à-dire du test 7. Si l'on se reporte à la colonne 7, l'on voit que pour ce lot de truites, 67 truites seulement ont été recapturées par tous les moyens (2 tests, 2 nettoyages, nasses) sur 160 truites déversées10. C'est la proportion de beaucoup la plus faible. Comme il a été signalé que des truites avaient réussi à passer sous les nasses de capture, on peut se demander si pour ce lot de poissons le pourcentage de fuites n'a pas été exceptionnellement fort. Il en résulterait donc pour le test 8 une efficacité nettement sous-estimée, puisque calculée sur un nombre théorique de poissons, plus grand que dans la réalité. Si cette hypothèse était juste, l'efficacité At du test 7 serait également soue-estimée, ce qui diminuerait les dispersions des résultats de l'appareil A.

La valeur 17,31 de la colonne 5 nous paraît surestimée. Il s'agit encore d'une efficacité Bt, calculée sur les poissons du lot 2. Or la colonne 7 montre que pour ce test 140 poissons sur 160 ont été recapturés, ce qui est une proportion très importante, relativement aux autres10. Dans les conditions de l'expérience (paragraphe 2.21), il a été signalé l'introduction par erreur d'un lot excédentaire de truites au cours de l'un des 3 premiers tests. Il est probable qu'il a'agit du test 2. L'efficacité Bt du test 3 aurait donc été sur-estimée.

10 On pourrait penser que la faible proportion de truites recapturées du lot 7 et la forte proportion du lot 2 résultent du nombre de pêches auxquelles ces lots ont été respectivement soumis: 4 pêches pour le lot 7 et 12 pêches pour le lot 2 (incluant les pêches de nettoyage). Il n'en est rien, l'un de nous ayant calculé que 95 pourcent des poissons déversés se faisaient reprendre au cours des 6 premières pêches, la capturabilité diminuant considérablement d'une pêche à la suivante.

Une introduction excédentaire de poissons lors du test 2 aurait eu pour conséquence une sur-estimation de l'efficacité At de ce test, et par conséquent une diminution des écarts entre les efficacités At de l'appareil A.

L'on peut enfin être surpris de l'écart important entre les efficacités At des tests 3 et 6 effectués à l'aide d'un même appareil (B): 45 et 30 pourcent. Il a été signale dans les descriptions des déroulements des tests que cet appareil est tombé en panne pendant quelques minutes, alors que l'électrode se trouvait à proximité de la nasse amont, et une importante quantité de grosses truites rassemblées entre la nasse et l'électrode. Le temps de la réparation, ces truites ont pu s'enfuir vers l'aval, ce que expliquerait que l'efficacité sur les grosses truites ait été particulièrement faible (colonnes 5 et 7 du Tableau VI).

Ainsi les anomalies recontrées dans les Tableaux V et VI nous paraissent davantage résulter d'artefacts connus que de variations dues au système expérimental lui-même.

Il existe d'autres arguments pouvant conférer une certaine crédibilité aux résultats.

On peut considérer comme des lots indépendants chaque catégorie de taille, ce qui équivaut dans une certaine mesure à tripler chaque test. Pour les efficacités At, on constate (Tableau VI) que les classements des appareils par catégorie de longueur demeurent les mêmes que le classement toutes tailles incluses.

On constate d'autre part que pour chaque appareil les efficacités At sont croissantes avec la taille, ce qui est un phénomène depuis longtemps observé.

Quant aux efficacités Bt par classe de taille, le trop petit nombre d'individus ôte toute significativité aux résultats.

2.332 Anguilles: efficacitéc Aa et Ba

L'ordre de classement des tests est resté celui des truites: celui des efficacités At décroissantes.

Le classement des appareils demeure le même pour les anguilles et les truites, pour les efficacités Aa.

Mais si l'on pénètre dans le détail les résultats, ceux-ci paraissent beaucoup moins homogènes que ceux des truites. En particulier, le classement des efficacités Aa par classes de taille n'est plus que même que pour les truites.

Pour chaque test les efficacités ne croissent pas en fonction de la taille, à la différence des truites. Ceci peut s'expliquer par l'étendue des classes de taille: 5–30 cm pour les truites, 20–50 cm seulement pour les anguilles. Mais il se peut qu'il y ait d'autres raisons tenant à la physiologie des animaux en cause.

La plus grande hétérogénéité des résultats pour les anguilles nous paraît tenir, plus que d'autres facteurs, davantage au nombre relativement faible d'anguilles dans chaque test: 60 pour les anguilles contre 160 pour les truites.

2.333 Truites et anguilles: captures dans les nasses

Les nasses avaient pour but, non seulement d'empêcher les poissons de s'enfuir hors du parcours de pêche, mais encore de déceler les effets de fuite provoqués par tel ou tel appareil. Elles n'ont qu'imparfaitement rempli leur office, puisque les truites ont réussi à passer par dessous.

On voit d'après le Tableau IX que la proportion de poissons capturés par les nasses est faible: les résultats n'ont pas grande signification.

On peut noter toutefois que la proportion de poissons capturés par la nasse aval est beaucoup plus importante que par la nasse amont: il est possible que les captures aval résultent d'un entraînement passif par le courant d'eau de poissons choqués lors de la pêche.

2.4 Conclusions

La méthode expérimentée a montré que la comparaison des efficacités d'appareils de pêche pouvait être réalisée et fournir des résultats paraissant cohérents. Cependant, une certaine dispersion des résultats pour un même appareil probablement due à des artefacts expérimentaux mentionnés nous empêche de nous montrer affirmatifs dans nos conclusions.

Les tests nous ont montré que les poissons devenaient de moins en moins capturables d'une pêche à la suivante: les moyennes des efficacités A sont de:

At = 27,50 pourcent

Aa = 25,04 pourcent

tandis que les moyennes des efficacités B (3ème pêche) sont beaucoup plus faibles:

Bt = 8,11 pourcent

Ba = 11,36 pourcent

Pour l'appareil E, l'on dispose de 2 pêches successives: le test proprement dit, et son “nettoyage” qui constitue une seconde pêche. Les résultats ont été les suivants:

-   1ère pêche 65,63 pourcent

-   2ème pêche 32,73 pourcent.

Cette diminution de l'efficacité au cours des pêches successives est un phénomème important à prendre en considération pour caractériser l'efficacité d'un appareil ou d'un courant. Il est en effet probable que cette diminution d'efficacité est plus ou moins importante suivant les types de courant ou les méthodes de pêche. Or, dans la pratique des inventaires de populations, principale raison d'être de la pêche électrique, il est important de maintenir au cours de plusieurs pêches une efficacité élevée; d'autre part, la méthode “De Lury” est basée sur la constance des efficacités au cours des pêche successives.

Les tests, enfin, nous ont montré que l'efficacité diminuait lorsque la taille des truites diminuait. C'était un ŕésultat attendu. Il paraît donc inutile de compliquer l'échantillonnage en multipliant les catégories de longueur. Il ne semble cependant pas qu'il en soit de même avec l'anguille qui, se tétanisant plus facilement que la truite, a du mal à parvenir jusqu'à l'anode: ce phénomème est d'autant plus marqué que l'anguille est plus grosse et il peut s'ensuivre que l'efficacité soit meilleure pour les petites anguilles. Il faudra prendre ceci en considération, à l'avenir, pour choisir à bon escient la dimension adéquate des anguilles devant composer le lot à tester.

Une autre critique que l'on peut faire sur la méthode pratiquée a été la faible efficacité des opérations de nettoyage (32,86 pourcent en moyenne), relativement à ce qui avait été escompté. Le courant fourni par l'appareil de nettoyage, insuffisamment filtré, en est probablement la cause. Cela a abouti à laisser en rivière un nombre de poissons croissant au fur et à mesure que se déroulaient les tests, ce qui créait des circonstances de plus en plus défavorables pour les appareils qui se succédaient.

Mais, même à supposer que l'appareil de nettoyage ait fourni un pur courant continu, son efficacité n'eut pas été suffisante puisque les opérations de nettoyage constituaient des secondes pêches à efficacité plus faible. Pour que cette méthode soit rigoureuse, il apparaît donc nécessaire que le canal expérimental puisse être vidangé et nettoyé de ses poissons après chaque test.

Nous reprendrons ces divers points dans le paragraphe suivant.

2.41 Améliorations à apporter pour de futurs tests d'efficacité

2.411 Dispositif expérimental

Nous venons de voir que le canal devait être vidangeable. Il doit en outre présenter des difficultés de parcours moyennes: abris, rochers, végétation, vitesse du courant d'eau, etc. Si le canal est trop facile à pêcher, les différences ne seront pas suffisamment marquées entre les tests.

Le principe des nasses de capture amont et aval nous paraît devoir être maintenu: vers l'aval elles récupereront les poissons choqués entraînés par le courant d'eau; vers l'amont elles éviteront que les poissons concentrés près d'une simple grille, ayant fui devant l'anode, ne soient à ce moment trop facilement capturables.

2.412 Espèces, dimensions et nombre de poissons

La composition en espèces et en dimensions dépend de l'objectif que l'on se propose d'atteindre. Par exemple si l'on désire étudier l'efficacité d'un courant pour capturer des truitelles, il sera inutile de déverser dans le parcours des truites de dimensions supérieures.

Mieux vaut, nous semble-t-il, simplifier l'échantillonnage en utilisant des poissons de même dimension, et en compensant cette diminution dans l'information par un plus grand nombre de poissons. Au point de vue dimension, il faut éviter d'utiliser des poissons trop facilement capturables, éviter par conséquent des grands poissons. Au point de vue nombre, 200 poissons par test nous paraît un nombre convenable. Les tests conduits avec les anguilles n'ont pas été significatifs parce que leur nombre était insuffisant (60), et aussi parce que la technique de capture des anguilles est différente de celle de truites.

2.413 Types d'efficacité à utiliser

L'étude de l'efficacité A est évidemment à conserver. Elle peut permettre la comparaison d'appareils dont l'utilisation serait limitée à une seule pêche, par exemple pour des opérations de sauvetage, des pêches à caractère industriel. Mais elle est insuffisante pour caractériser un appareil destiné à faire des inventaires de population. Comme nous l'avons déjà signalé, la capturabilité diminue considérablement d'une pêche à la suivante et cette diminution peut être plus ou moins importante suivant les appareils. D'une manière générale elle paraît nettement plus importante pour les courants interrompus que pour le courant continu constant. Il paraît donc important de mesurer l'efficacité B d'une seconde pêche: dans les tests effectués à Czarci Jar l'efficacité B concernait une 3ème pêche (après la pêche de nettoyage).

On pourra procéder à la mesure de l'efficacité B de la manière suivante: les poissons capturés au cours du premier passage ne seront pas remis à l'eau; dans ce cas l'efficacité B se calculera de la façon suivante:

Cela présente l'avantage de rapprocher le test de la méthode “De Lury”, mais réduit beaucoup le nombre de poissons sur lequel doit être estimée l'efficacité B.

2.414 Nombre de tests par appareil

Les incidents de parcours tels qu'un trouble de fonctionnement d'un appareil, les incidences météorologiques, etc., rendent necéssaire qu'un appareil soit testé plusieurs fois. C'est également souhaitable au point de vue de l'interprétation statistique des résultats. Il semble que 3 tests par appareil constituent un nombre suffisant, en raison des limites de durée qu'impose ce genre d'opération.

2.415 Opérations de contrôle

Nous avons vu que la vidange s'avérait une opération nécessaire entre chaque test. Mais avant d'entreprendre un nouveau test il paraît nécessaire de faire le bilan des captures:

-   poissons déversés = poissons capturés par l'appareil + poissons ramassés lors de la vidange.

Si en dépit des précautions prises, il reste des poissons dans le canal après la vidange, et ceci se produira probablement avec les anguilles, il faudra en tenir compte pour le test suivant. Pour cette raison il vaut mieux marquer par ablation d'une nageoire, les poissons destinés à chaque test.

2.42 Avantages et inconvénients de la méthode proposée

Cette méthode, rationnelle, nécessite un dispositif expérimental parfaitement rodé. Si les tests effectués à Czarci Jar n'ont pas fourni de résultats certains, c'est parce que, précisément, le dispositif expérimental n'avait pas été testé auparavant.

D'autre part, elle ne peut guère être employée que sur une station de pisciculture, où l'on puisse disposer d'une rivière artificielle vidangeable et d'un nombre suffisant de poissons. Ses possibilités d'emploi sont donc restreintes.

Nous rappellerons donc pour conclure qu'en absence de station de pisciculture, il est toujours possible d'employer sur une rivière, et dans des conditions naturelles, la méthode proposée par P. Lamarque. Il est toutefois important dans ce cas de s'assurer que la rivière contient un nombre suffisant de poissons pour que les résultats puissent être significatifs.


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