Il y a à Madagascar une réserve importante de ressources renouvelables qu'il est possible de pêcher chaque année. Ces ressources ne sont que peu ou pas exploitées (mises à part les crevettes et les espèces présentes dans les plans d'eau continentaux et les côtes proches des grands centres de consommation) alors qu'il y a en même temps une forte demande en protéines de meilleur marché et un besoin accru de devises.
Malgré ce potentiel et les possibilités de développement de ce secteur, plusieurs problmémes et contraintes restent encore à surmonter :
absence de données fiables sur l'état des stocks nécessaires au développement et à l'aménagement des différentes pêcheries ;
inadéquation entre les zones de production situées à l'Ouest du pays et les zones de consommation concentrées sur les Hauts Plateaux et à l'Est, ainsi que l'insuffisance d'infrastructure spécialisée pour le débarquement, le stockage et la commercialisation des produits halieutiques ;
conditions météorologiques difficiles sur la côte Est n'encourageant pas le développement de la petite pêche, ce qui nécessite la recherche d'autres types de pêche ;
saisonnalité dans les eaux malgaches de certaines ressources pélagiques exploitables par les bateaux industriels obligeant, pour rentabiliser cette activité, soit à les mettre en valeur avec d'autres ressources complémentaires, soit à les pêcher pendant certaines périodes en dehors de la Zone Economique Exclusive malgache ;
niveau d'instruction générale peu élevé chez les pêcheurs traditionnels qui font preuve par ailleurs d'individualisme très marqué et manque de progrès dans la technique traditionnelle de capture et de technologie de conservation ;
dispersion des villages de pêcheurs qui se trouvent, pour la plupart, loin des centres de consommation et de ravitaillement et mauvais état des voies de desserte des villages de pêcheurs, ce qui limite les débouchés des produits et en conséquence freine l'augmentation de la production ;
absence de tradition d'épargne et d'investissement chez les pêcheurs ;
surexploitation de certains stocks pêchés traditionnellement en zone côtière proche des grands centres de consommation et en eaux douces, ce qui demande l'amélioration du système de gestion des stocks ;
production locale de matériels et équipements de pêche quasi inexistante, importation quasi totale de ces matériels et équipements, qui plus est en quantité insuffisante et arrivent de façon irrégulière auprès des utilisateurs et absence de service après-vente pour les moteurs marins ;
montant des investissements nécessaires à la pêche artisanale trop élevé par rapport aux possibilités financières des pêcheurs locaux ;
rejet important des poissons d'accompagnement de la pêche industrielle pourtant nécessaire à la consommation locale ;
enclavement des zones propices à la crevetticulture qui sont par ailleurs inhabitées et dépourvues d'infrastructures et d'équipements d'appui (l'électricité, communications, etc) ;
inexistence de fabrique d'aliments performants pour les besoins de l'aquaculture des crevettes ;
absence d'un systéme approprié de financement des activités des petits opérateurs (pêcheurs, commerçants, collecteurs, vendeurs, conditionneurs-stockers) ;
absence d'une autonomie financière et de gestion des stations piscicoles qui influence la rentabilité de ces stations ;
obsolescence de certains textes juridiques sur la pêche et l'aquaculture et absence des décrets d'application dont essentiellement celui fixant les limites des zones maritimes ;
bien que la création d'une Direction chargée de la Pêche et de l'Aquaculture ait permis la mise en place d'une structure mieux adaptée aux besoins du secteur, des lacunes sont observées au niveau de la structure pour la collecte, le traitement et l'analyse des données statistiques, ainsi que pour la rationalisation de l'intervention des services de terrain ; les nombreuses subdivisions de ceux-ci semblent être superflues compte tenu de l'insuffisance des moyens disponibles (humain, financier et matériel) ;
pénurie de main d'oeuvre qualifiée pour les petites et moyennes entreprises de pêche ;
manque de cadres spécialisés en aquaculture tant au niveau de l'Administration centrale qu'au niveau du terrain pour l'encadrement technique des pisciculteurs ;
moyens humain et technique encore insuffisants pour assurer la vulgarisation, l'aménagement des ressources, ainsi que le contrôle et la surveillance des zones de pêche ;
grande disparité dans les niveaux de formation halieutique et grande dispersion géographique des institutions de formation qui sont dotées par ailleurs de moyens humain et matériel insuffisants ;
activités de recherches halieutiques non suffisantes, et orientées plutôt vers les études fondamentales au détriment des recherches appliquées ;
coordination institutionnelle entre la plupart des ministères impliquées dans la pêche s'effectuant seulement au niveau de la Commission interministérielle des pêches maritimes qui est une structure de concertation jugée insuffisante (pas de compétence sur la pêche continentale et l'aquaculture et non-participation des opérateurs privés …)
L'objectif de développement à long terme est d'optimiser les avantages économiques et sociaux retirés de l'exploitation des ressources halieutiques. Par là même, le Programme Cadre vise à augmenter la production, à élever le niveau des pêcheurs et des pisciculteurs, à améliorer la situation nutritionnelle des populations, à accroître les exportations et à améliorer la participation du secteur à l'effort général de développement du pays.
Le Programme proposé se présente comme une expérience permettant une meilleure coordination et une meilleure gestion des différents thèmes visant à l'aménagement et au développement d'un secteur bien particulier (dominé plutôt par les techniques de capture/chasse que par l'élevage). Par ailleurs, le Programme couvre tant le territoire national et est caractérisé par une grande diversité de ses activités qui embrassent plusieurs aspects (techniques, économiques, sociaux, culturels, etc.). C'est pourquoi les résultats attendus sont difficiles à quantifier.
Conscient, d'une part de ces difficultés et des risques liées à la quantification des objectifs et d'autre part de la nécessité de présenter des chiffres significatifs, pour les 5 prochaines années, on retiendra uniquement les chiffres concernant la production dont celles destinées à la consommation locale et celles destinées à l'exportation. La production totale devrait passer de 104.000 tonnes en 1990 à 144.000 tonnes en 1996 soit une augmentation de 38,5%. Celle destinée pour le marché local augmentera de 28%, ce qui permettra d'accroître la consommation moyenne de poisson par habitant de 7,4 kg en 1990 jusqu'à 8 kg par habitant en 1996. La production nationale pour l'exportation devrait augmenter de deux fois, c'est à dire de 11.500 tonnes en 1990 jusqu'à 24.000 tonnes en 1996. Pendant la même période, la pêche étrangère effectuée dans la Zone Economique Exclusive malagache devrait augmenter de 50%, jusqu'à 15.000 tonnes en 1996.
Il faudrait également s'attendre à une amélioration de la rentabilité de certaines pêcheries, ainsi qu'à l'amélioration des conditions socio-économiques des pêcheries et d'autres opérateurs. Les activités prévues dans le cadre du Programme porteront leurs fruits à l'échelle nationale et locale et se traduiront par :
des stratégies pratiques axées sur l'équilibre nutritionnelle et économique du pays grâce à un meilleur approvisionnement en poisson, qui permettra de satisfaire la demande intérieure et obtenir davantage de devises par l'exportation d'espèces prisées;
une hausse des revenus, augmentation des possibilités d'emploi et amélioration des infrastructures et des avantages sociaux pour les pêcheurs locaux, initialement dans les communautés visées par le Programme et à moyen terme dans d'autres communautés à mesure que les résultats obtenus pourront être appliqués ou adaptés avec succès ailleurs ;
une utilisation plus rationnelle des ressources halieutiques grâce à une meilleure gestion des stocks et conservation de l'environnement.
En outre, les effets indirects ci-après sont également escomptés :
meilleure intégration des femmes dans le développement de la pêche et de l'aquaculture, étant donné que le Programme prévoit un appui important aux secteurs du traitement et de la commercialisation, auxquels les femmes participent activement;
existence d'un réseau statistique performant et complet permettant de mieux planifier et suivre le développement du secteur et de gérer de manière plus efficace certaines pêcheries ;
mise en place d'instruments et procédures permettant à l'administration de la pêche et de l'aquaculture et aux collectivités locales d'appliquer la nouvelle politique de développement du secteur au niveau locale, par une meilleure adaptation de leurs interventions.
protection des ressources et du milieu naturel grâce au meilleur aménagement de certaines pêcheries et grâce à la protection des mangroves et de la forêt par la limitation de l'utilisation des bois pour la construction des pirogues.
Les bénéficiaires du Programme seront les pêcheurs et les aquaculteurs et leurs communautés. Ceux-ci bénéficieront du savoir faire et des nouvelles technologies, ce qui favorisera la production et augmentera les gains. Le deuxième groupe de bénéficiaires sera les entreprises soutenues par le Programme. Le troisième groupe de bénéficiaires sera les mareyeurs et les commerçants et toutes les personnes s'occupant d'activités connexes à la pêche. L'amélioration des systèmes de production et de distribution des produits halieutiques aura de multiples effects positifs sur les populations du pays.
Par ailleurs, les résultats du Programme intéressent l'ensemble de l'Administration malgache, essentiellement celle responsable direct du développement du secteur de la pêche et de l'aquaculture ainsi que les organismes d'assistance pour la formulation future, le suivi et l'évaluation des programmes d'aide à Madagascar pour ce secteur.