La nouvelle stratégie de développement du secteur de la pêche et de l'aquaculture a permis d'indentifier des thèmes considérés comme nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. Le nombre élevé de ces thèmes et leur diversité posent le problème de la coordination. Une approche en terme de programme sectoriel permettrait sans doute de les réaliser avec efficacité et cohérence. Grâce à ce Programme sectoriel on peut :
éviter une duplication des mêmes actions dans le secteur et, de ce fait, le gaspillage de ressources;
orienter le financement extérieur uniquement pour les actions déjà identifiées;
assurer une meilleure concertation, complémentarité et coordination des interventions de développement réalisées par les différents bailleurs de fonds et agences d'exécution ;
planifier la réalisation des différents thèmes dans le temps, en prenant en compte les relations entre ces actions ;
utiliser les moyens financier, technique et humain de façon plus rationnelle et plus efficace ;
réguler et ajuster certaines actions en fonction des résultats obtenus et des nouvelles priorités.
Tous les thèmes qui figurent dans le tableau 2 ont été identifiés comme actions prioritaires nécessaires pour réaliser les grands axes stratégiques du développement du secteur, définis au cours du séminaire national sur les politiques et la planification du développement des pêches à Madagascar (octobre 1990) et retenus pour le prochain plan quinquennal. Ces 39 thèmes couvrent toutes les filières du secteur allant de l'exploration des ressources jusqu'à la consommation, en passant par l'aménagement et le développement de la pêche et de l'aquaculture, le traitement et la commercialisation des produits, sans oublier l'amélioration du fonctionnement de l'Administration des pêches, la formation et la recherche.
Tous ces thèmes sont interdépendants et se complètent pour un développement harmonieux du secteur. Mis à part l'augmentation de la production et la meilleure gestion des ressources, ces thèmes permettront également d'améliorer les conditions et le niveau de vie des pêcheurs et des autres opérateurs tout en créant de nouveaux emplois. Par exemple, pour atteindre les objectifs de l'accroissement de la production et de l'amélioration du niveau de vie des pêcheurs traditionnels, plusieurs thèmes sont nécessaires à réaliser : amélioration des techniques et technologies de la pêche, construction des pirogues améliorées, fabrication locale des filets, meilleure organisation de la collecte, traitement, stockage et commercialisation de poissons. D'autres thèmes conditionnent également la réussite de ce sous programme, à savoir : la formation des pêcheurs, des vulgarisateurs, des opérateurs et des cadres administratifs, la disponibilité des moyens financiers (crédit-épargne), la mise en place de petites infrastructures rurales.
Un des aspects importants de ce Programme est la nécessité d'organiser et de planifier dans le temps la réalisation de différents thèmes. Si l'on considère toujours l'exemple de la pêche traditionnelle, on constate que, par exemple, la formation des jeunes pêcheurs professionnels doit être précédée des activitiés qui servent à identifier les nouvelles techniques de pêches et de fabrication des embarcations eméliorées.
Il est entendu que les aspects environnementaux (protection des ressources et du milieu naturel) ont été pris en compte dans la formulation des différents thèmes. Certains thèmes sont directement orientés vers la conservation des stocks (meilleur aménagement de la pêche crevettière et langoustière et de certains lacs). Dans d'autres thèmes de développement de la production, ces aspects de protection de l'environnement sont aussi considérées; par exemples, la protection des mangroves dans le thème “Promotion de l'aquaculture des crevettes” et la protection de la forêt par la limitation de l'utilisation des bois pour la construction des pirogues (voir thème “Amélioration de la construction et de la conservation des pirogues”).
No | Axes de stratégie et thèmes | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | Budget | |
local 106FMG | Extérieur(US$) | |||||||
ACCROISSEMENT DE L'APPROVISIONNEMENT DU MARCHE LOCAL EN POISSONS | ![]() | |||||||
Promotion de la pêche traditionnelle maritime, amélioration des moyens de travail et du niveau de vie des pêcheurs | ||||||||
1. | Intensification du mareyage des poissons de la pêche traditionnelle | 100 000 | ||||||
2. | Développement communautaire integré de la pêche traditionnelle sur la côte Sud | 720 | 672 500 | |||||
3. | Promotion de la pêche traditionnelle maritime dans le Nord-Quest de Madagascar | 2 060 000 | ||||||
4. | Formation pratique de jeunes professionnels pour la pêche traditionnelle | 414 000 | ||||||
5. | Atelier sur les technologies des pêche traditionnelle et artisanale | 80 000 | ||||||
6. | Amélioration de la construction et de la conservation de pirogues | 99 500 | ||||||
7. | Fabrication de filets de pêche par les villageois(es) | 87 500 | ||||||
8. | Elaboration d'un catalogue des engins de pêche traditionnelle à Madagascar | 39 500 | ||||||
Participation plus importante de la pêche artisanale et industrielle dans le ravitaillement du marché intérieur | ||||||||
9. | Démonstration de faisabilité technico-économique de développement de la pêche artisanale sur la côte Est | 211 000 | ||||||
10. | Démonstration des possibilités techniques et économiques de développement d'une pêche semi-industrielle aux poissons sur la côte Est | 959 000 | ||||||
11. | Démonstration de faisabilité technico-économique de la récupération des poissons d'accompagnement de la pêche crevettière industrielle | 252 000 | ||||||
12. | Etude sur la récupération des poissons de rebut du transbordement thonier à Antsiranana | 39 000 | ||||||
Promotion de la commercialisation | ||||||||
13. | Etude sur les problèmes et perspectives des chaînes de froid à Madagascar | 48 000 | ||||||
14. | Etude sur la construction des marchés ouverts standards aux poissons | 49 000 | ||||||
15. | Etude technico-économique de la création d'un complexe de stockage et de distribution de poissons frais et congelés à Antananarivo | 22 500 | ||||||
DIVERSIFICATION ET DEVELOPPEMENT DES PRODUITS MARINS D'EXPORTATION | ||||||||
16. | Etude des marchés internationaux pour les espèces potentiellement exportables | 9 000 | ||||||
17. | Soutien technico-économique aux entrepreneurs artisanaux et industriels pour le développement de la pêche spécialisée | 99 500 | ||||||
18. | Elargissement des zones de pêche à la langouste et amélioration des techniques de leur capture, traitement et conservation | 690 000 | ||||||
19. | Exploitation des thonidés et crustacés d'eaux profondes | 115 | 83 000 | |||||
20. | Optimalisation de l'exploitation du trépang | 95 000 | ||||||
21. | Promotion de l'aquaculture de crevettes | 472 000 | ||||||
RENFORCEMENT ET AMELIORATION DE LA GESTION DU SECTEUR | ||||||||
Amélioration de l'intervention de l'administration et suivi du plan sectoriel | ||||||||
22. | Suivi et adaptation du plan sectoriel au niveau central et provincial | 70 000 | ||||||
23. | Intensification de la vulgarisation auprès des pisciculteurs privés et privatisation de la production d'alevins | 1 651 000 | ||||||
24. | Analyse et adaptation du régime fiscal et juridique aux besoins du secteur des pêches | 52 000 | ||||||
25. | Poursuite de la préparation et de la mise en place d'un système statistique complet et permanent | 88 000 | ||||||
26. | Evaluation des besoins et des coûts en matière de contrôle et de surveillance de la zone économique exclusive malgache | 20 000 | ||||||
27. | Adaptation du rôle et renforcement matériel de la Direction des Ressources Halieutiques | 38 000 | ||||||
28. | Unités de contrôle de qualité des produits halieutiques | 307 000 | ||||||
29. | Poissons toxiques et leurs utilisations | 137 000 | ||||||
Aménagement des pêcheries et conservation des stocks | ||||||||
30. | Plan d'aménagement pour la pêche crevettière | 96 500 | ||||||
31. | Plan d'aménagement pour l'exploitation des langoustes du Sud | 119 500 | ||||||
32. | Plan d'aménagement de la pêche thonière | 170 | 123 000 | |||||
33. | Plan d'aménagement pour les lacs montrant des signes de surexploitation | 125 | 119 000 | |||||
34. | Maîtrise de la prolifération du fibata (Ophicephalus striatus) | 119 000 | ||||||
35. | Maîtrise de la prolifération des plantes aquatiques | 103 400 | ||||||
Support aux institutions concernées par la pêche et l'aquaculture | ||||||||
36. | Elaboration d'un plan de recherches appliquées pour la pêche et l'aquaculture | 57 000 | ||||||
37. | Adaptation de la formation halieutique aux besoins du secteur des pêches | 30 000 | ||||||
38. | Formation des ingénieurs et techniciens supérieurs halieutes | 170 | 320 000 | |||||
39. | Aménagement des zones portuaires reservées à la pêche | 53 500 | ||||||
Budget annuel (US$) | 1300 | 10 085 900 |
L'analyse du tableau 2 permet également de faire les remarques suivantes concernant la répartition budgétaire du programme :
Le montant total du programme est de 10.085.900 US $ et 1.300 millions de FMG pour une période de 5 ans (sans financement de la deuxième phase du thème “Promotion de l'aquaculture de crevettes”). La plupart des thèmes sera réalisée pendant les trois premières années à cause de la poursuite de certains projets jugés nécessaires et par la logique de l'exécution des thèmes dans le temps;
51% du montant total sont destinés au financement du premier grand axe stratégique du secteur, c'est-à-dire l'accroissement de l'approvisionnement du marché local en poissons de mer et de l'aquaculture ;
14% du budget permettent de financer les thèmes liés à la diversification et au développement des produits marins d'exportation ;
23% du montant sont prévus pour le financement des thèmes servants à l'amélioration de l'intervention de l'administration et au suivi du plan sectoriel dont presque 16,5% pour la vulgarisation et la privatisation de la production d'alevins ;
7% du budget sont destinés au financement du sous-programme d'aménagement des pêcheries et de conservation des stocks ;
5% au support des institutions concernées par la pêche et l'aquaculture ;
Parmi les 39 thèmes, 13 sont des projets pilotes et consomment 81% du budget total, soit 8.195.500 US $.
Le Programme Cadre global de développement de la pêche et de l'aquaculture permet de concrétiser la politique et les stratégies retenues dans ce secteur. De fait, il relève directement de la responsabilité du Ministère de l'Elevage et des Ressources Halieutiques. Sa mise en oeuvre nécessite toutefois une étroite collaboration avec les Ministères de l'Economie, des Finances et de l'Agriculture. La réalisation de certains thèmes nécessite évidemment l'intervention des autres ministères concernés.
Le Directeur des Ressources Halieutiques, chargé de la mise en oeuvre de la politique dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture, appuyé par un (1) Coordonnateur National, par un Conseiller-Assistant et par les différents experts, consultants nationaux et internationaux, est le responsable d'exécution du Programme.
La structure d'exécution placée sous la responsabilité du Directeur des Ressources Halieutiques et conduite par le Coordonnateur National qui gère le Programme:
prépare le planning de réalisation du Programme ;
élabore les plans de travail détaillés pour la réalisation de chaque thème ;
propose le choix des candidats aux différents postes prévus dans chaque thème ;
rend compte au Ministère de l'Elevage et des Ressources Halieutiques ainsi qu'aux bailleurs de fonds de l'état d'avancement de la réalisation du Programme.
Etant donné que le Programme sera financé par plusieurs bailleurs de fonds et compte tenu du fait que sa conception et son exécution ont été définies selon une approche nouvelle tant pour l'administration que pour ses partenaires, un Comité Consultatif est à mettre en place.
Les membres de ce Comité Consultatif sont:
le Directeur des Ressources Halieutiques, le Coordonnateur National du Programme et un (1) Conseiller-Assistant International ;
les représentants du Ministère chargé de l'Economie, du Plan, des Finances, de l'Agriculture (un représentant par Ministére) ;
un représentant de chaque Ministère directement engagé dans les activités du Programme ;
un représentant de chaque bailleur de fonds.
Le Directeur des Ressources Halieutiques assure la présidence du Comité Consultatif.
La structure d'exécution se refère au Comité Consultatif pour les différents problèmes qui bloquent ou génent la réalisation du Programme ainsi que pour la modification éventuelle de certaines activités.
Le Comité Consultatif, après approbation du planning établi, aura pour tâche de :
suivre la réalisation des différents thèmes du Programme ;
trouver des solutions aux probèmes qui pourraient se présenter dans la mise en oeuvre du Programme ;
évaluer les progrès réalisés dans l'exécution des activités programmées et faire des suggestions à la structure d'exécution pour donner, si nécessaire, de nouvelles orientations aux actions en cours ;
veiller à ce que la coordination soit effective pour éviter le cloisonnement surtout entre les thèmes financés par des bailleurs de fonds différents ;
avancer toute proposition utile pour le bon déroulement du Programme.
Il est indispensable que l'exécution des thèmes soit démarrée au moment prévu initialement par le Programme, mais les différents thèmes pourront être mis en oeuvre au fur et à mesure du déblocage de leur financement. Toutefois, tout retard dans l'attribution des fonds boulverserait le Programme.
Les experts et consultants devront, autant que faire se peut, intervenir dans la réalisation de tous les thèmes qui font appel à leur compétence.
Les équipements, compte tenu de leur disponibilité, pourront être affectés temporairement d'un thème à un autre selon un calendrier établi conjointement par les responsables concernés au niveau de la structure d'exécution.
Chaque thème ou groupe de thèmes aura une gestion financière autonome, toutefois l'on pourrait, sur avis du Comité Consultatif, opérer à des transferts de fonds, si c'est nécessaire et sous réserve de l'accord des bailleurs de fonds concernés.
La réussite de la réalisation du Programme repose principalement d'une part sur une compréhension mutuelle et une collaboration effective non seulement entre l'administration et les bailleurs de fonds, mais surtout entre ces derniers et, d'autre part, sur l'efficacité de la coordination au niveau de la structure d'exécution.