Page précédente Table des matières Page suivante


5. CONCLUSIONS

Les producteurs privés d'alevins constituent le fer de lance de la vulgarisation piscicole effectuée dans les régions pilotes du Vakinankaratra et de Fianarantsoa par le projet PNUD/FAO-MAG/88/005 dénommé “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins” en collaboration avec les Circonscriptions des Ressources Halieutiques de ces régions. La présente étude s'est efforcée de contribuer à la stabilisation de ce système par l'analyse de l'environnement social de ces producteurs ainsi que celle de la place de l'aquaculture dans leurs systèmes de production.

Sur le plan social d'une part, les producteurs privés d'alevins de l'actuel réseau n'ont aucun problème d'intégration lié à leurs origines. Par leurs qualités individuelles, ils ont, au contraire, l'estime et la confiance des habitants qui leur confient de nombreuses fonctions délicates. Cet ascendant associé aux diverses expériences qu'ils ont acquises au cours de leurs pérégrinations (car avant de se fixer au terroir natal, ils ont voyagé et pratiqué divers métiers) font de ces producteurs privés d'alevins des leaders au sein de la paysannerie. Ils peuvent servir d'intermédiaires dans la transmission des messages techniques ou des pratiques nouvelles aux paysans ; c'est en l'occurence le cas des techniques rizipiscicoles et piscicoles lancées par la CIRRH/projet.

Ces producteurs ont certes quelques désagréments inséparables de la vie en société, comme la mésentente avec quelques habitants ou l'isolement (désolidarisation de la société rurale) ; mais ils sont suffisamment conscients de l'importance décisive du social dans la production d'alevins pour circonscrire autant que possible ces maux.

De l'étude économique, d'autre part, plusieurs conclusions ont été tirées. Il est rare que le terrain exploité soit la propriété légale du producteur d'alevins, mais celui-ci reste toujours confiant quant à l'avenir, même si les rizières sont assez rares dans les patrimoines ; il espère qu'en cas de révision du partage au niveau familial (alternative à ne pas écarter), les rizières ou bas-fonds incluant les étangs piscicoles lui reviendraient.

A propos du temps de travail, l'aquaculture, peu contraignante, est largement dépassée par les cultures de tanety et la riziculture ; certes, il y a encore sous-application des normes piscicoles, mais tous les enquêtés s'accordent à dire que l'activité n'exige guère de temps même en appliquant correctement les normes et même durant les périodes de pointe de travaux agricoles (octobre à décembre, puis avril). Ceci reste vrai même si au stade actuel, l'essentiel du travail piscicole est assuré par le chef d'exploitation, les autres membres du ménage étant encore inexpérimentés. Les producteurs d'alevins ont même suffisamment de temps pour faire de la vulgarisation-marketing, mais c'est leur motivation qui fait défaut puisqu'ils trouvent, à tort, que cette action est encore superflue au stade actuel où la demande en alevins est bien supérieure à ce qu'ils peuvent offrir.

Etant encore en phase de démarrage, la production d'alevins nécessite par ailleurs beaucoup d'investissements financiers : dans le budget de trésorerie des ménages, elle culmine toujours au premier ou au deuxième rang en ce qui concerne les décaissements. Son financement provient, comme pour la plupart des autres investissements paysans, de l'activité extra-agricole d'appoint ou, pour ceux qui n'ont pas cet avantage, de la vente de paddy.

Le solde en caisse fourni par la production d'alevins est également élevé ; sur ce point, l'activité occupe également le premier ou le second rang. Ainsi, comme source agricole d'épargne, elle vient en premier, loin devant l'élevage porcin et les cultures de contre-saison.

Comme pour les autres soldes en caisse paysans, celui de l'aquaculture est, outre les déboursés de consommation familiale, en grande partie réinvesti dans l'agriculture ; il est rarement réinjecté dans l'aquaculture.

Enfin, l'aquaculture subit des problèmes dont certains sont partagés avec les autres activités de l'exploitation : l'insécurité, le manque d'eau en début de saison, l'insuffisance de ressources financières.


Page précédente Début de page Page suivante