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I- PRESENTATION GENERALE

1.1- La ressource: l'algue Euchema

Les algues sont parmi les membres les plus primitifs du règne végétal. Les espèces sont si variées du point de vue de leurs accessibilités et de la topographie de leur habitat, de leurs propriétés chimiques, de leur abondance et de leur utilisation.

Le genre Euchema fait partie des Rhodophycées appelés communément algues rouges. Ce genre est exclusivement marin et peuple naturellement les récifs coralliens. Ces algues rouges contiennent une teneur élevée en carraghénine. C'est une phycocolloïde formée de polysaccharide hydrosoluble, très demandée sur le marché extérieur. Les principaux exportateurs sont les pays de l'Afrique Orientale, l'Indonésie, les Philippines et la Malaisie. A Madagascar, deux espèces sont exploitées actuellement dans la région de Toliara:

1.2- Cadre géographique

Etant donné la biologie particulière du genre Euchema qui colonise le platier récifal, les villages situés en face du récif de Toliara peuvent exploiter l'algue (Fig.1). Mais actuellement, le rayon de collecte est limité aux villages d'accès relativement facile par voie terrestre, c'est à dire l'axe Nord de Toliara. La zone Sud est aussi intéressée mais la difficulté de communication par voie terrestre limite pour le moment la spéculation. Toutefois, quelques individus de Soalary et d'Anakao ramènent leur collecte directement à Toliara par voie maritime.

1.3- Cadre humain

L'exploitation algale s'adresse aux littoraux de Toliara. Trois points caractérisent leur communauté:

Fig 1

Fig 1: LOCALISATION DES SITES ET ZONES DE COLLECTE D'ALGUES
( Source VASSEUR et al. )

1.4- Le circuit monétaire

La ressource monétaire des pêcheurs provient en grande partie de la vente de leurs captures journalières,s' y ajoute quelquefois le gain obtenu par les autres produits marins comme le trépang, la poulpe…. Cet argent est dépensé presque en totalité pour la subsistance de la famille. L'investissement ou l'épargne n'est possible que lors des parties de bonne pêche occasionnelles où le gain perçu est substantiel et suffisant pour l'achat d'un filet ou d'une pirogue. C'est le cas par exemple de la capture de grande tortue de mer se vendant jusqu' à 50.000 Fmg pièce ou vers la période des anchois (Tove). L'épargne est thésaurisée sous forme de bétail: chèvre ou mieux zébu. Ces animaux seront abattus et marquent le prestige de la famille lors des grands événements familiaux et sociaux tels “savatse” (circoncision), les funérailles, le mariage… La mobilisation de l'épargne pour l' achat des biens de luxe comme vêtement en jean, radio-cassette, etc …est surprenant chez les Vezo car elle représente une somme importante.

Chaque village de pêcheurs comporte au moins deux petites épiceries ( dokany ), assurant le ravitaillement en produits d'utilisation courante: savon, riz, sucre, bougie… Généralement, ces épiciers jouent aussi le rôle d'intermédiaire de collecteurs indo-pakistanais qui s'intéressent aux produits marins non périssables: coquillages, trépangs, poisson salé-séché. Des échanges avec les denrées agricoles venant des villages de cultivateurs existent également.

1.5- Les principaux opérateurs qui interviennent dans le milieu littoral

En dehors du circuit de poissons frais et fumés qui sont l'apanage des femmes du village, les autres produits marins suivent le circuit faisant intervenir un ou plusieurs intermédiaire. Ils peuvent s'agir d'un petit privé, d'un indien ou même d'une société selon la nature des produits. On peut citer les collecteurs individuels qui travaillent sur les poissons salés-séchés en vue de l'expédition dans d'autres régions de l'Ile; les indopakistanais exportant les coquillages et les trépangs et la Propêche collectant la principalement la poulpe.

En ce qui concerne l'algue marine, le schéma suivant illustre les différents stades d' intervention des principaux acteurs.

Fig 2

Fig.2: Circuit de la collecte d'algue (exemple de Biomad)

(1) au niveau des pêcheurs

Les algues sont récoltées, soit manuellement pendant les basses mers des vives eaux, soit en plongée pendant les marées des mortes eaux. Ramenées à terre, elles sont séchées au soleil, étalées sur le sable pendant deux à trois jours, avant d'être stockées dans la case même d'habitation.

(2) au niveau des intermédiaire

Dans chaque village, des commerçants ou des petits collecteurs occasionnels viennent acheter les algues journalièrement. Le prix pratiqué varie de 100 à 250 Fmg selon la qualité du produit. En effet, deux qualités sont recherchées:

Selon leur nécessité, les pêcheurs cèdent toute ou une partie de leur récolte aux intermédiaire. Autrement, ils préfèrent attendre le collecteur de BIOMAD qui offre un prix garanti et fixe.

(3) au niveau du collecteur principal

Le prix des algues est fixé à 350 FMG le kilo pour la première qualité, et 250 FMG la seconde. La fréquence de son passage dans un village est d'environ 30 à 45 jours parfois 60 jours. Les algues obtenues sont stockées dans un magasin à Manombo en attendant le tonnage justifiant le transport par camion.

(4) au niveau du BIOMAD

Après un triage des impuretés et divers déchets, les algues sont emballées et stockées en vue de l'expédition vers le port de Toamasina à destination de la France.


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